Arrivés en vue des larges portes du Palais, de celles qui entouraient le domaine en général, le pas se ralenti pour devenir plus naturel. Yuduar croisa le regard de Hel et la rassura une fois de plus d'un signe de tête affirmatif. Il comptait passer devant et s'occuper de "forcer l'entrée" façon Al Rakija. Sans pressions aucunes, il savais pertinemment que même en tombant sur un râleur de feignant, les gens allaient vite fait lâcher l'affaire pour le voir circuler. Puis quand bien même peu de gens lui accordaient du crédit il restait malgré tout Capitaine, ce n'est pas le genre de personne qu'on a envie de se mettre à dos quand tout ce qui nous intéresse est notre petit travail tranquille.
Approchant du poste de contrôle qui était cerné par les hautes grilles surmontées de piques dorés, il épousseta vaguement ses habits en tâchant de masquer les faux-plis histoire de faire comme si il était tout beau et tout présentable. Puis s'armant de son plus beau sourire, il traça une fière ligne droite vers la personne en charge du dit contrôle.
"Bonjour mon brave! Sale temps pour bosser sous le cagnard hein?"
"Bonj... euh, Capitaine Al Rakija, quelle honneur vous amène?" répondit la femme rondelette en se retournant vers le dit Capitaine avec un air tout étonné.
"J'aurais besoin de passer avec une Aventurière qui m'accompagne, on doit consulter les Archives."
"Vous avez le laisser passer A38 signé par un membre de la Commission pour la présence d'étranger à l'intérieur du domaine Royal?" repris t-elle en fronçant les sourcils, surprise par la demande.
"A votre avis? J'ai l'air d'avoir un papier sous le bras?" toujours tout sourire, il s'accouda d'un air détendu sur le petit rebord qui le séparait de la cerbère du moment. "Tout a été signalé à la Commission en accord avec la procédure, mais j'ai pas trois jours devant moi avant qu'y'en ai un qui se décide à griffonner un papelard pour faire joli, m'voyez?"
"C'est que... je sais pas si je peux autoriser une aventurière dans les archives royales sans un signalement officiel."
"La parole d'un Capitaine qui se porte garant de l'affaire n'est pas assez officiel peut-être?" enchaina t-il en fronçant les sourcils avec un air rieur "On doit battre le fer pendant qu'il est encore chaud ma ptite demoiselle. Vous voyez, ça concerne la Tour qui est apparue y'a pas longtemps, secret d'état tout ça tout ça donc je peux pas vous en dire plus. Mais je pense que la sécurité du Royaume se passera d'un formulaire à remplir pour éviter qu'une invasion se produise au sein même de notre Cité, n'est-ce pas?" terminant sa phrase en faisant ronronner sa voix à la manière d'un charmeur de taverne, il s'était rapproché de la femme en souriant toujours plus. Alors qu'elle allait répondre, il enfonça le clou un peu plus "Après c'est vous qui voyez hein, c'est vous la chef là. Mais je pense que votre coeur et votre intégrité de citoyenne comprendrons l'urgence de la situation. Vous avez ma confiance, osez en faire de même pour moi et je vous promet qu'en repassant à la Caserne je récupère le formulaire signé pour vous le ramener." puis se rapprochant encore plus "Ni vu ni connu. En main propre. Vous en dites quoi?"
Pleinement accoudé de toute sa hauteur, ses yeux noisettes rivés dans le marron commun des mirettes de son interlocutrice, Yuduar forçait à peine la main d'une pauvre âme en place à son poste qui ne voulait qu'exécuter son devoir. Au diable le protocole, il n'avais pas le temps de faire les choses dans l'ordre aujourd'hui. La femme semblait toute désarmée face au sourire enchanteur du Capitaine, soudainement le rouge gagna ses joues et elle s'empressa de signer une autorisation qu'elle tendit vivement à un Yuduar qui s'épancha en remerciement de toute noblesse. Elle s'excusa en roucoulant, la voix basse comme si il s'agissait d'un des plus hauts secrets du Royaume tout entier, le regard virant de gauche a droite comme si un Espion d'un royaume imaginaire se trouvait à seulement quelques pas d'eux. Ecourtant l'échange en apposant une main amicale sur l'épaule de sa nommée "sauveuse du Royaume", Yuduar se retourna pour faire un signe de tête à Hel pour lui indiquer de rentrer dans le domaine royal.
Quelques minutes après, le Capitaine rejoignit l'aventurière qui attendait à une poignée de mètres plus loin. Il lui tendit l'autorisation officielle de sa présence dans l'enceinte des Rois, un air de gamin fier de lui dansant sur son visage aux traits du Sud.
"Et l'affaire est dans le sac, à l'aise. Prochain arrêt les Archives!"
Autour d'eux, les bâtiments à l'architecture noble se défiaient les uns les autres en s'harmonisant dans un tout riche et fournit. Puis trônant au milieu des ailes des ministres, de la tour d'observation, du haut toit des archives, le Palais s'étendait de toute sa verticalité, de sa hauteur conquérante au sein de la Capitale. Ils pouvaient voir par moment des pages à la mise bleue indigo passer presque en courant en portant d'importants dossiers d'un bureau à l'autre. Des ministres et autres conseillers avec un air faussement grave et importants sur le visage. Des hauts dignitaires qui marchaient lentement avec l'assurance que la vie n'était que synonyme de richesse. Bref, un tout autre monde que les rues bondés qu'ils venaient de traverser en partant de la Caserne. Mais la finalité était bel et bien là: les voila dans le Palais, prêt à continuer leurs étranges recherches pour voir ce qu'il se cachait derrière l'existence rocambolesque de l'énigmatique Hel.
L’attente me parut interminable, j’attendais sous le soleil, anxieuse, me demandant si il allait parvenir à récupérer ce qu’il voulait. Me faire passer les portes du palais, à moi, une aventurière sans logement. Heureusement que j’avais pris le temps de me laver avant de venir le voir. Sinon, ça aurais été la catastrophe. Mais cela ne prit que quelques minutes. Un temps interminable, pour moi, mais il revint en souriant. Tout était bon. Je souris.
- C’passé comme papa dans maman hein ?
Je ris doucement en le suivant. Le palais, enfin, ce lieu inaccessible par des moyens normaux. Du moins pour quelqu’un de ma stature. Un lieu ou des personnes importantes étaient présentes. Peut-être même la noble qui m’avait confectionné ma robe. Sans vraiment le vouloir d’ailleurs. Qu’est-ce qu’elle avait picolé ce soir-là. Je souris rien qu’en y pensant. Sauf que là, je rentrais dans la demeure de la royauté, l’endroit où toutes les personnes importantes du royaume étaient présentes. Ou presque. D’un seul coup je m’arrêtais. Je n’avais pas le droit à l’erreur, pas le droit de commettre de gaffe. Sinon, ce serait la catastrophe. Sauf que je ne connaissais rien aux façons de faire des nobles, rien à l’éducation. J’étais une fille de la rue, du moins d’aussi loin que je m’en souvienne. À une époque, j’avais eu des manières de commerçante.
- Cap’tain, avant qu’on rentre. Y’a des truc part’culier qu’j’dois savoir ? Genre des trucs à pas faire. D’gestes ?
Oui, c’était ça qui me tracassais, je ne savais pas comment réagir ici. Autant dans la rue, j’étais chez moi, je savais comment agir, comment fuir. Si les gens n’aimaient pas, j’avais juste à partir. Mais ici, le moindre de mes gestes pouvait se retourner définitivement contre moi. Et en ça, le capitaine pouvait encore m’aider, du moins je l’espérais. Lui qui avait l’air tranquille, sans aucun stress présent dans sa démarche ou sa façon de parler. Il devait avoir l’habitude des hautes sphères. Du moins plus que moi.
Répondant d'un petit sourire en coin accompagné d'un clin d'oeil complice, Capitaine et Aventurière partirent donc à l'exploration de l'immensité du Palais. Une fois la surprise passée de l'étendue de richesse qui se tenait devant eux, l'étrange duo se dirigea naturellement en direction des Archives. Sous la férule du Capitaine Al Rakija, qui était déjà venu en ces lieux à quelques rares occasion, l'ambiance était habituellement détendue et dénuée de doutes. En même temps ils venaient juste pour consulter de vieux bouquins et autres parchemins abimés par le temps, pas de quoi se mettre martel en tête et rester sur le qui-vive pour dégainer son épée au moindre virage. Malgré cela Hel demanda un arrêt pour poser quelques questions qui semblaient lui peser lourd sur la conscience. Pendant quelques secondes Yuduar la regarda, main sur les hanches, les yeux comme deux ronds de flanc, ne sachant quoi répondre à une pareille question.
"Hein? Quoi? Je... Attend, j'ai l'impression de pas comprendre là." tic habituel, il se gratta la barbe "Des trucs à pas faire, des gestes machin-chose... Ma foi... Nan pas besoin de t'emmerder avec l'étiquette et tout le merdier, soit juste toi-même et t'occupes pas du protocole." il désamorça sa précédente surprise en riant de bon coeur "Au pire ça les bousculeras dans leurs petites habitudes de nobliaux, un peu de contact franc et citoyens ça leur fera pas de mal à ces culs-blancs!"
Ils se remirent en marche, le Capitaine cherchant encore le foyer de ces étranges inquiétudes de la part de l'Aventurière. En soit elle ne s'était jamais montrée malpolie ou trop familière voir même désagréable. Après Yuduar n'était pas un modèle de respect de l'étiquette non plus et la plupart du temps tout ce charabia de riche lui en touchait une sans même faire bouger l'autre. L'une des principales raisons du pourquoi il avait tant de mal avec ses confrères de la Garde Royale, toujours tirés à quatre épingles avec un tas de manières à deux cristaux qui servaient pas à grand chose vu de chez lui. Mais là n'était pas le sujet. Se retournant vers Hel il rajouta:
"Et au pire si tu tombes sur un cas difficile tu m'appelle, je viendrais bomber le torse pour le faire redescendre d'un étage. Déjà qu'on vas devoir passer des heures le nez dans des bouquins, si c'est pour qu'on se fasse emmerder en chemin en prime, j'vais pas leur donner ce loisir j'te l'dit!"
Tout cela ne sonnait pas très "Capitaine" mais bon, autant la mettre à l'aise la gamine si elle se sentait pas rassurée. Détendant l'atmosphère à sa manière bien à lui, ils continuèrent l'avancée. Ils arrivaient justement en vu des Archives, imposant bâtiment carré avec des colonnades encadrant l'entrée en ogive. Peut-être que le jeune Cassiel allait être présent, le nez dans ses notes comme d'habitude ou entrain de rendre des comptes à qui-diable devait être son supérieur direct. Ils aviserons en chemin. Devant la porte, sans surprise, se tenait un Garde Royal qui avait pour importante mission sacrée de vérifier l'identité de quiconque désirait consulter les Grandes Archives Royales du Royaume d'Aryon. Si ça c'est pas pompeux comme appellation. Ne lui laissant pas le temps de héler ses invités du moment, Yuduar pris la parole en premier tout en se dirigeant vers lui.
"Capitaine Al Rakija de la Garde Civile, accompagné par une envoyée officielle de la Guilde des Aventuriers. Nécessité de consulter des dossiers pour des informations sur la Tour qui nous est tombés dans les pattes y'a pas longtemps. On est pressés, quelque chose à rajouter?"
Le garde, qui avait surement déjà préparé son petit laïus habituel pour encadrer les arrivants, se retrouva l'herbe coupée sous le pied. Il balbutia en tâtonnant sa lance d'un air gauche tout en avisant l'insigne dorée de Yuduar. En même temps avec sa gueule d'arnaqueur du Sud, il fallait vivre sous un rocher pour appartenir à la Garde et ignorer qui était ce grand dadet avec son bandeau dans les cheveux.
"Respire mon grand, y'a rien de grave. On peut rentrer c'est bon?"
"Euh, oui, bien sûr, euh, Capitaine, pas de problème allez-y!"
"Parfait! Bon service soldat, le soleil s'annonce rude aujourd'hui!"
Yuduar rigola en lui tapant l'épaule, encore une de ses sales habitudes de personne un peu trop tactile sur les bords, le Royal le regarda en souriant et soupira pour commenter l'annonce de son supérieur de la Civile. Le pauvre gaillard semblait totalement paumé, ils auraient pus le réveiller de sa sieste qu'il aurait eu la même sensation. Décidément le manque de supérieur dans les rangs laissait la part belle aux traines-savates, la Royale avait perdu de sa superbe de nos jours. Mais, une fois de plus, là n'était pas la question en cette journée d'investigation.
Franchissant le seuil de l'épaisse porte d'un élan commun, le duo était arrivé à bon port.
"Les Archives. Maintenant je laisse le relais à ta truffe d'aventurière." faisant mine de s'étendre pour dénouer ses épaules, Yuduar grimaça et bailla dans la continuité "Et si jamais t'as besoin de quelque chose en chemin, hésites pas à demander. Tu me tend un bouquin, tu me dis quoi chercher et je potasserais si besoin."
- T’laisse l’tout à mon flaire ?
Je fermais les yeux et me mis à renifler bruyamment.
- J’sens rien cap’taine.
Je ris avant de reprendre mon sérieux.
- J’vais voir, j’pense qu’j’ai gardé l’même principe d’mettre mon nom sur le d’vant.
Lentement, je m’avançais vers les multiples livres, examinant les couvertures afin de comprendre la façon dont ils étaient rangés. Je passais sans faire attention devant un traité consignant des informations sur les différentes plantes du royaume, un autre sur la façon d’utiliser de la meilleure façon les différentes plantes médicinales. Des livres véritablement utiles. Du moins pour ce côté-là. Un peu plus loin j’atteignis une série de livres sur les comptes et légendes du royaume. Un peu plus attentive, je vérifiais les titres, au cas où. Mon histoire personnelle en soit été étranges, qui sait dans quelle catégorie les personnes de cet endroit l’avait rangé. Si jamais il était bien là.
- Cap’tain à ton avis, dans quel genre d’livre t’classe les miens ?
Oui, peut-être qu’il saurait me diriger. Peut-être du côté historique, peut-être dans les légendes. Ou dans une poubelle dans un recoin. Mélangé à d’autres livres inclassables. Peut-être même y avait-il une catégorie « journal » dans un coin. Mais ça, je ne savais pas du tout où ça pouvait bien être.
Mais face à l’évidence de ces non-signes et la légère peur qu’une idée malhonnête puisse avoir pris vie dans l’esprit de la jeune princesse. D’un long soupir qui en disait long, le garde Moorhell éleva ses yeux d’un tournant avant de s’engager dans l’un des couloirs du palais. Il n’avait pas la démarche très rapide, celle qui indiquait en tant normal qu’il devait se dépêcher. Après tout, parfois, il pouvait lui donner un peu plus de liberté. Du moins, Owain était assez sympathique pour lui tendre une telle fleur si Atheas promettait de ne rien faire de dangereux ou répréhensible. Puisse-t-il encore la croire sur parole. Alors d’une démarche toutefois assurée, à chaque rencontre, personne n’aurait pu s’imaginer qu’il était à la recherche de la demoiselle. Du moins, au premier abord. Car ses habitudes, très vite rattrapées à chaque croisement. Le regard lourd et observateur, essayant de faire comprendre qu’il savait alors que de toute évidence, non. Il ne savait pas. Parce qu’il ne s’agissait pas d’Atheas. Chose qu’il lui était simple de confirmer par le biais d’un simple échange. Ainsi, sa route continuait, encore et encore.
Les divers escaliers du palais, les différentes salles. Certaines fois, presque certains d’y être arrivé, mais finalement, Owain n’arrivait jamais sur la suite de ses pas. Vint finalement un passage rapide à l’abord de la porte qui menait aux archives royales. Etrangement, le garde ne s’imaginait même pas que la demoiselle ait tenté d’y mettre les pieds. Parce qu’il n’y avait rien de très intéressant, du moins, pour elle. Pourtant, le collègue qui s’occupait de filtrer l’entrée avait interpellé le garde rapproché. Questionnant simplement, d’âme discrète, si Owain était à la recherche de la princesse Renmyrth. Parce que cela était tellement une habitude, que les fuites de la demoiselle n’étaient plus un secret pour personne. Même si le jeune Moorhell arrivait à contenir et à garder secret une grande partie d’entre elle.
L’homme acquiesça tout de même, ne sachant pas pourquoi il lui avait posé une telle question. Avant qu’il lui explique que le capitaine Al Rakija venait d’entrer, depuis quelques minutes avec une demoiselle qu’il n’avait jamais vue. D’un haussement de sourcil, interpellé, Owain avait passé la porte. Une voix de demoiselle qui s’était élevée, les oreilles frétillantes. Alors, dans un premier temps. Au-devant de la porte, non loin du dos qui semblait appartenir au capitaine de la garde civile, Owain avait comme raclé le fond de sa gorge.
Il ignorait totalement si la princesse avait déjà été en contact avec cet homme, après tout. Il était certes au placé, mais il ignorait si en tant que capitaine de la garde civil, il avait déjà eu un quelconque entretien ou échange avec la cadette du couple royale. Aucune piste ne pouvait être éloignée.
« Capitaine Al Rakija ? »
Lâcha-t-il plein de soupçons tandis qu’il s’en rapprochait. Puis un peu plus loin, au milieu des étagères le regard d’Owain fut attirer. Une petite demoiselle à la longue chevelure violette, celle dont la voix devait appartenir. Au vu de ses propos, elle semblait rechercher un livre qui pourrait la concerner. Interrogateur, il s’était finalement imaginé qu’Atheas avait revêtu l’apparence de quelqu’un pour trouver des informations sur elle. Mais à quoi bon ? Surtout, comment pouvait-elle être ainsi épaulé par un capitaine de la garde civil. Le plus étrange dans toute cette histoire ? Ce n’était même pas ça.
« Hum… »
L'air pensif. Les traits, cette apparence lui était étrangement familiers. Des lointains souvenirs, comme replongés dans le passé. Du moins, il avait cette étrange impression de déjà-vu, même si sur le moment, Owain était bien incapable de se souvenir du contexte.
« On ne se serait pas déjà croisé? »
D’un air faussement dragueur, car cette impression lui donnait mauvais goût. Peut-être qu’au fond, Atheas avait déjà montré une telle apparence et c’était de là que cela venait.
Ainsi ils entamèrent leurs recherches. Hel révéla qu'elle avait l'habitude de laisser son nom trainer sur la devanture du livre, un indice qui pourrait surement leur servir. Bien que si tel avait été le cas, il est fort probable que les archivistes aient pus essayer par le passé de retrouver la personne à qui devait appartenir le dit livre. A moins qu'il soit trop vieux a cause de l'âge magiquement élevé de la fillette. Trop de facteurs, trop de questions, pas assez de concret pour le Capitaine.
D'un air vaguement impliqué, il survola les ouvrages en face de lui tout en gardant un oeil alerte autour d'eux. Aucun archiviste à l'horizon pour le moment, aucun bureau où se renseigner, l'endroit semblait désert à première vue et pourtant des bruits de pas résonnaient en échos autour d'eux de temps à autre. Toujours aussi distrait, il releva un traité militaire et d'autres s'en suivirent après, surement pas une étagère qui allait le mener quelque part pour son cas du jour même si il se promis d'y revenir pour consulter ça ultérieurement. Soudainement, Hel le questionna.
"Excellente question... Tout dépend de "quand" tu l'as laissé là à vrai dire. Et de ce qu'il raconte à l'intérieur. On pourrait mettre ça dans une sorte de... "Lecture Diverse" ou un nom pompeux dans le genre, ou une catégorie "Histoire" si le bouquin date pas mal. J'espère juste qu'il est pas planqué dans un coin plus privé des archives, là ce serais coton à récupérer." a la fois réponse et monologue intérieur exprimé à voix haute, le Capitaine continuait à scruter sa partie de bibliothèque qui semblait s'axer autour de divers faits d'armes "Faudrait qu'on mettes la main sur un vieux rat de bibliothèque pour essayer de tirer des informations, ça nous ferait gagner du temps je pense. T'as pas un autre indice qui pourrait nous aiguiller?"
Alors qu'il venait de regarder vers l'aventurière pour accuser sa réponse ou une nouvelle idée, un raclement de gorge significatif se fit entendre derrière eux. Yuduar commença à se retourner alors qu'il se faisait interpeller sous le ton de la surprise. Il s'agissait du Garde Moorhell, un visage qui commençait à devenir familier dut au fait que son cas était vivement débattu avec le Commandant Joestar lors de leurs dernière réunions. Le jeune loup qu'il avait devant lui était pressenti pour être nommé Capitaine de la Garde Royale pour prendre la succession d'Adeline de l'Epée, un excellent choix selon les observation du Capitaine Al Rakija. Il s'était même tâté à l'idée de le faire appeler pour qu'il fasse une formation avancée à la lance pour quelques gars de son régiment, une arme avec laquelle le jeune Moorhell était connu pour être naturellement doué.
Ayant à peine le temps de répondre, il fut surpris de l'accroche étrangement familière qu'il dirigea a l'attention de la petite aventurière. Il était certes connus comme étant un assez grand coureur de jupons mais tout de même, elle n'était qu'une fillette de seize ans.
"Ah, Moorhell! Une surprise de vous croiser là dites donc!" Yuduar s'avança pour asséner une tape de gaillard sur le bras gauche du garde royale "Je suis avec une envoyée de la Guilde pour fouiner des bouquins qui pourraient nous faire avancer sur le cas de la Tour, on a eu du nouveau donc on essaye de chercher si y'a eu des antécédents, la paperasse du moment en gros." puis se plaçant en triangle entre l'aventurière et le garde, il enchaina "Donc peut-être que vous vous êtes croisés en affectation en dehors du Palais hein, le monde est petit après tout, ahah!"
Intérieurement il espérait que ce soit le cas. C'est pas qu'il voulait juger qui que ce soit mais si il venait a apprendre que Owain était du genre à faire du rentre-dedans à des gamines de seize ans, ça allait être le genre de détail qui allait faire tâche pour sa future nomination. Il préférait se convaincre du contraire, ça avait dut juste être une mauvaise impression étrange, surement dût au ton naturellement suave et pincé du Garde Royale en charge de la Princesse voila tout.
- J’pense qu’c’est l’plus vieux, donc j’dirais qu’il a au moins 350 ans. Mini. P’tête que dans histoire y’a moyen ouais.
Un raclement de gorge se fit entendre et je me retournais pour voir un homme bien plus grand que moi. Comme toujours, et apparemment, il semblait me connaître. Je détestais ce genre de moment. Des moments de gêne intense. Oui, des gens qui me connaissais alors que je n’avais aucun souvenir d’eux. Réfléchissant encore quelques secondes alors que le capitaine parlé d’une possible rencontre en affectation. Oui, sur quarante ans c’était largement possible. À force, ça pouvait être n’importe quoi et je finis par répondre.
- Désolé, si c’est y’a plus d’cinq ans. J’me souviens pas.
Je regardais le capitaine, ce qui m’importer la maintenant, c’était l’objet de notre recherche. J’étais impatiente, très impatiente, cela faisait un moment que je voulais mettre la main sur ce livre, et dans ma tête, je voulais aussi en récupérer le plus possible pour les regrouper au même endroit. Oui, éviter de recommencer à chercher comme je le faisais actuellement.
- Cap’tain, j’pense que trouver un rat ça va nous aider. Mais j’suis pas un chat moi, vous avez une idée pour l’choper ?
« Mouais. »
D’un simple murmure, par très convaincu. Ses souvenirs étaient un peu flous, sans doute parce que l’impression lui était étrange. Peut-être lui faudrait-il un peu plus de temps pour comprendre, pour se rappeler l’exactitude. Mais une chose était certaine, quelques choses étaient dénués de logique.
« Cinq ans ? »
Avait-il alors répété comme pour assimiler l’information. La demoiselle qui avait lâché ça avec la plus grande logique du monde avant de retourner à ces affaires. Ce n’était pas dans les habitudes de la princesse de tenter l’ignorance lorsqu’Owain était si proche du but, mais. Sa main qui s’élève jusqu’à son menton, toujours silencieux dans ses mots. Avant de retomber, mimant de sa main placée horizontalement au sol, s’arrêtant au niveau de son ventre comme un écho à la taille de cette chevelure violette. Restant pensif, finalement ça main monte légèrement, n’atteignant à peine le haut de son abdomen reflétant la taille qu’il devait faire alors qu’il n’était à peine âgé de la quinzaine
« Bien plus que cinq ans, mais c’est bizarre. »
Bizarre était le mot oui, sans aucun doute. Car dans ses vagues souvenirs, elle paraissait bien plus grande. Un peu comme s’ils s’étaient rencontrés alors qu’Owain n’était même pas encore en service. Car oui, c’était bien là qu’était l’étrangeté de la chose. Elle n’avait pour ainsi dire, absolument pas changé dans ses souvenirs, d’où l’impression de déjà vue. Elle était là, comme une copie conforme. Si l’idée le lui permettrait, sans doute que le garde soit capable de se souvenir, du moins en partie, le pourquoi du comment. Mais à l’heure actuelle, son cerveau n’était pas en état de marche assez conforme pour arriver à une telle compréhension.
« Ça me semble lointain, mais vous semblez si identique. »
Comme si le temps ne l’avait pas rattrapé, à moins que son esprit lui jouait un tour. Un léger brin d’inquiétude, peut-être qu’il s’agissait finalement bien de la princesse. Owain ignorait le principe même de sa métamorphose, mais peut-être que face à une rencontre du passée, son pouvoir restait bloquer avec le temps et donc, ne grandissait pas. Alors, le garde se retourna d’un air grave vers le capitaine.
« Vous m’assurez qu’il s’agit bien d’une envoyée de la Guilde ? »
Owain s’imaginait mal Atheas réussir à avoir le capitane Al Rakija dans sa poche – du moins, d’une telle façon. Mais peut-être était-il lui aussi trompé.
« Que vous êtes entrés ensemble dans le palais n’est-ce pas ? Et vous ne l’avez pas perdu du regard plus de trois minutes ? »
Le garde aurait pu donner l’impression d’être inquiet d’autre chose, comme si un quelconque danger avait réussi à passer les portes du palais. Bien qu’il n’en était aucunement le cas, ni de fait, ni dans ses idées.
« Puis-je savoir dans les grandes lignes ce que vous espérez trouver dans les archives ? Où est-ce trop compliqué ? »
Et non pas indiscret, car la discrétion ne faisait pas partie de ses idées.
Yuduar ne pus s'empêcher de sourire face au comportement de l'avnturière. Il regarda Owain entrain de soliloquer dans sa barbe -inexistante, soit dit-en passant- leva un sourcil interrogateur face au compotement presque irrationnel du Garde puis se décida à se pencher vers la petite violette pour glisser discrètement:
"Continu de chercher, je m'occupe de la discussion."
Le tout en faisant mine de replacer un bouquin faussement décalé sur une étagère basse. Pris dans ses pensées comme il l'était, il y avait de fortes chances que Moorhell n'y ai vu que du feu. Le Capitaine fit un pas en direction du garde, se rapprochant pour créer une distance fictive avec l'aventurière. Il comptait entamer quelques aveux d'usage quant au cas d'amnésie de la nommée "Envoyée de la Guilde" afin de rassurer l'étrangeté qui semblait habitée le soldat en face de lui. Mais avant qu'il ne puisse démarrer la discussion, Owain reparti au quart de tour pour l'enchainer de questions.
Une envoyée de la Guilde?
Yuduar acquiesça , sourire aux lèvres.
Il ne l'a pas quittée des yeux plus de trois minutes?
Yuduar acquiesça, un rictus dubitatif sur les lèvres.
Savoir ce qu'ils venaient faire ici?
Yuduar pris une inspiration, posa les mains sur hanches, ferma la bouche, respira par les naseaux et chercha ses mots quelques instants. Sa nouvelle vocation d'enquêteur improvisé ne l'arrangeait pas sur le moment.
"Alors, pour faire court... On chercher des documents qui pourraient avoir un lien logique avec l'apparition de la Tour. Rien n'as été trouvé avant mais notre amie ici présente, envoyée par la Guilde, nous a fait part de nouvelles observations jusque là inconnue. Qui pourraient possiblement nous aiguiller vers de nouvelles pistes pour trouver un sens à tout ce barda. Parceque je t'avoue que juste conclure l'affaire sur "un dysfonctionnement de magie ancienne, temporelle et spatiale", ça laisse un petit arrière goût d'affaire classée pour ignorance de faits." une fois son exposé de fait, volontairement sommaire, Yuduar s'approcha encore un peu plus de Owain pour faire une nouvelle messe basse mais à l'intention du Garde cette fois "Quant à notre amie de la Guilde là, elle est amnésique et ne se souvient que de quelques dernières années, évite de trop la bousculer là-dessus, tu sais que c'est pas le genre de chose facile à vivre."
Avec une moue de compassion, il rajouta un petit clin d'oeil complice et compréhensif à l'attention d'un Owain qui ne semblait pas savoir sur quel pied danser. Il avais à la foi l'air inquiet de la présence de Hel, ce qui pouvait se comprendre, semblait être assailli de milles et unes questions sur le pourquoi du comment des choses, ce qui ça aussi pouvait se comprendre, le tout en étant un peu paumé au milieu de tout ça. Sommes toutes, y'avais de quoi être déboussolé.
Toujours est-il que pour avancer dans leur recherche il leur faudrait un archiviste. Mais demander où trouver un bouquin vieux de possiblement plus de trois cents ans n'allait pas s'avérer chose aisée. Et si Moorhell continuait à tailler la bavette à côté, il n'allait pas se manquer de le faire remarquer. D'un autre côté, avec la présence d'un garde royale, la légitimité de mander l'accès à une bibliothèque spéciale n'en était que plus belle. Il y avait surement quelques chose à jouer là, l'esprit roublard de Yuduar se remis naturellement en marche pour réfléchir à son prochain coup, tandis qu'il essayait de détendre l'atmosphère en apportant des pseudo-éclaircissement sur la situation.
Lentement, je m’éloignais des deux hommes, cherchant une catégorie de livre plus intéressante que les plantes ou les monstres du coin. Quelques registres militaires étaient présents aussi. Même beaucoup, classés avec des affaires judiciaires. Aucun de ces livres ne m’intéressait. Lentement, je finis par disparaître de la vue des deux hommes. Absorbé par ma recherche, je ne faisais même plus attention aux deux autres. Et après quelques minutes, je finis par trouver une catégorie histoire. Je m’arrêtais, elle était immense. Lentement, je parcourais les bouquins.
Histoire du métal, histoire du commandant Edmond, histoire des différents premiers ministres. Je continuais à parcourir les livres sans trouver ce que je cherchais. Reculant, j’essayais de discerner les titres des autres livres posés plus en hauteur. Bien trop haut pour moi. Mais de ce que je voyais, c’était pas fameux fameux. Rien qui me concernait, pas un livre ressemblant à ce que j’avais déjà trouvé. Pas un mot ressemblant à mon prénom. Je soupirais en me mettant sur la pointe des pieds. Franchement, c’était qui le con qui avait mis les livres aussi haut pour privilégier les grandes personnes… D’un pas rapide, je me décidais à retourner vers le capitaine. Toujours en discussion avec l’inconnu. Enfin l’inconnu pour moi, eux semblaient se connaître un minimum.
- Cap’taine ! J’trouvé l’côté histoire. Mais j’peux pas choper l’bouquins en haut. J’peux prendre une échelle ou c’réservé aux rats des bibli ?
Oui, les fameuses échelles positionnées un peu partout, servant sans aucun doute à récupérer les livres les plus en hauteur. Mais, je n’avais pas osé les utiliser. Autant éviter de mettre le capitaine dans l’embarras, surtout pour un truc pareil.
Pourtant, Owain n’avait fait aucune remarque sur ce point lorsque le capitaine susurra quelques mots à l’oreille de la chevelure violette, avant que celle-ci ne s’éloigne des deux gardes. Le regard du jeune Moorhell, toujours plongé sur la gamine, il comprit assez rapidement qu'Al Rakija l’avait sommé de continuer les recherches. Puis il y avait eu cette esquisse, ce sourire bien trop évident. Et pourtant, Owain écouta les explications avec une grande attention, oubliant ainsi durant quelques instants la véritable raison de sa présence en ces lieux. Et plus encore, perdant son intérêt sur cette impression de déjà vue. Il ne faisait aucun doute que le capitaine était bon pour la prise de parole, du peu qu’il avait entendu de lui. L’homme savait si prendre pour, dirait-on, embobiner les pensées pour que ses histoires en fassent perdre le fils.
« Ah ! »
Répondit-il tout simplement à toute cette explication, ce qui pouvait se traduire par un « je comprends, mais en fait, non. » Puis, acquiesçant au murmure qui concernait la demoiselle, Owain avait enchaîné.
« Vous pouvez me dire son nom quand même ? »
Par pur intérêt, histoire de. L’amnésie, Owain en connaissait. Non pas d’extrême à ce point, d’une perte totale de toute une vie, qui ne pouvait jamais être rattrapé en cinq années vécues. Mais, à la suite du dernier souhait de sa mère, certaines personnes -bien que rare- avait fini par l’oublier. Sans doute, un contre-coup dès plus étrange, effaçant non pas son appellation, mais bien son existence de quelques esprits plus faible. Des moments passés et partagés qui n’existaient finalement, que de l’esprit d’un seul être.
« Vous avez un laissez-passer pour faire entrer une civile dans la bibliothèque royale ? Et pas de Taranir ou n’importe qui pouvant vous aider dans les recherches ? »
Simple demande administrative, qui n’était pas du fort d’Owain. Et d’ailleurs, il s’en moquait.
« Aucune identité de type royale de dissimulée ? »
Question pour le moins pleine de sens. Même si toute cette histoire pouvait paraître étrange et problématique pour n’importe quel autre garde. L’importance à ses yeux était ailleurs, tant qu’il n’y avait rien de trop illégale ou problématique. Et surtout, tant que cela ne pouvait pas endommager la bonne quiétude de la princesse, Owain n’était pas du genre très problématique. Juste énervant, et ce, pour un rien. Puis un silence sec lorsque la demoiselle revient, demandant si elle pouvait utiliser l'une des échelles mise à disposition. Le regard plissé sur sa personne, il tentait encore de se remémorer.
"Mais pas de soucis! Elle se prénomme Hel D. Gher, aventurière en herbe, spécialisée en tant qu'éclaireuse. De mémoire hein."
Continuant sur son tempo, Owain enchaina aussitôt.
"J'ai le papier machin-chose qu'on m'as donné quand on a passé les portes, le laissé-passer officiel est à la Commission, j'ai oublié de faire le détour avant de décoller. Ma faute, j'avais hâte de voir si on allait trouver quelque chose et j'ai possiblement fait les choses dans le désordre." continua le Capitaine en rigolant, puis d'un petit coup de coude souligné par un regard de roublard il rajouta "Mais bon, l'administration hein..." laissant sa phrase en suspend, son attitude parlait d'elle même quant au fond de sa pensée. Il rigola dans sa barbe une fois de plus, soupira puis enchaina "Et ouais non, pas de Taranir ou d'archiviste, je t'avoue que je suis aussi surpris que toi pour le coup! Je pensais qu'on allais se faire accoster en entrant mais y'a pas un rat là-dedans, hormis le garde en poste devant. Mais ça nous rendrait bien service d'avoir un archiviste pour nous aider à faire le tri pour gagner du temps. Je comptais faire un tour vers les grands bureaux au centre juste avant que t’arrive, tu veux venir faire un bout de chemin avec moi?"
Owain posa une dernière question mais avant que Yuduar ne puisse continuer sur le ton de la conversation, Hel pointa le bout de son nez pour demander si elle pouvait utiliser les échelles qui reposait le long des grandes bibliothèques. Un étrange silence plana suite à sa demande pourtant innocente, les deux gardes ayant le regard figé sur elle avec un air presque interdit sur le visage. Sur le coup, Yuduar n'eut d'autre réactions que de lever les épaules en pinçant les lèvres pour signaler son manque de renseignement d'une onomatopée digne d'une belle flatulence. Totalement l'attitude attendue d'un capitaine, ou presque.
"J'en sais rien du tout, j'imagine que oui ça doit être là pour ça en même temps... Ecoute, fait toi plaisir, je vais allé voir si y'a un archiviste dans le coin pour nous rencarder, évite de te perdre au milieu des allées d'ici là."
Puis il revint à la mystérieuse dernière question de Owain, qui tournait encore en boucle dans sa tête sans vraiment en saisir le sens. D'un air sceptique, Yuduar repris la parole.
"Aucune, identité, de type royale, dissimulée..." reformula t-il en séparant chaque élément de la phrase avec le visage plein d'interrogation "Là par contre je m'excuse mais celle-là je l'ai pas, c'est quoi la question au juste? Enfin, on en parle en marchant ou t'as peut-être d'autres choses à faire plutôt que de trainer avec nous dans les archives?"
D'un naturel toujours aussi déconcertant, le Capitaine invita le garde à lui emboiter le pas si le coeur lui en disait. Même si l'opération avait été menée cahin-cahat jusque là, il ne se sentait pas criminel pour deux cristaux, hormis peut-être le formulaire de la Commission mais bon... on vas pas se formaliser pour un simple bout de papier non plus. Tout du moins, c'était bien sa façon de pensée, fidèle à lui-même au fort de sa responsabilité.
- Bien cap’tain vous inquiétez pas !
Sans attendre, je fis volte-face pour retourner là où j’étais auparavant. Et je me perdis. Normal hein. J’étais habitué à la ville, la forêt, les montagnes. À dormir dehors, pas à chercher une section précise d’une bibliothèque. Prenant le temps de réfléchir, je repris ma route un peu plus lentement, changeant plusieurs fois de direction jusqu’à retrouver la section que je voulais.
Lentement, je fis coulisser une échelle le long de la bibliothèque et grimper dessus pour parcourir les livres. Des livres en tout genre. Racontant l’histoire du royaume, les actions entreprises. Des bouquins énormes pour des choses qui ne me disait rien. Je passais rapidement les titres en revue jusqu’à stopper sur un ouvrage. Je m’étais figé, sur place, le bras tendu devant la chronologie de la famille royale. Dans ma tête tourner un souvenir, celui avec Arya, le moment où elle me révélait, que dans la famille royale, une personne avec le même prénom que moi avait des soucis de mémoire. Il était temps de vérifier les informations qu’elle m’avait donné. Lentement, je redescendis l’échelle, m’assis sur le sol et ouvris le livre.
Lentement, je tournais les pages, regardant les noms de chacun des membres de la royauté, Edward et Merina suivis de Albus et Ewen, des gens exceptionnelles, le livre était précis racontant une partie de leurs exploits. Lentement, je lisais, m’intéressant aux détails. Puis, je changeais à nouveau passant sur Swan et Sam. La lecture était longue. Ensuite il y avait Luna et Thorn. Et à nouveau je me figeais, ici, une sœur était nommée, une certaine Hel Diane Renmyrth disparus à l’âge de 38 ans, sans réelle explication. À haute voix, je relisais les phrases.
- Le règne de la reine Luna Remyrth fut entaché par la disparition soudaine de sa sœur Hel Diane Renmyrth alors que cette dernière avait 38 ans.
Je levais les yeux du livre en répétant ce nom. Un nom qui était commun au mien. Le prénom, et l’initial du D, ce qu’Arya m’avait dit était donc vrai. Sauf qu’il ne s’agissait pas de mon livre. Lentement, je me levais, gardant précieusement la page en mains et retournant vers là ou devais se trouver le capitaine.
- Cap’taine ! Cap’taine j’ai un truc !
Avait-il lâché sans la moindre pression, rigolant alors à sa propre blague. Un rire profond et fort, presque entraînant, tâtant d’un léger écho au travers de cette grande bibliothèque. L’avantage était qu’Owain était plutôt bon publique, surtout face à ses propres bides humoristiques. C’était d’ailleurs pour cela qu’il s’entendait parfaitement avec certaines personnes, et bien moins avec d’autres. Parce que son humour était délicatement nul, mais cela ne l’empêchait pas d’en rire pour autant. Alors, bien trop idiot et incompréhensible pour une forte majorité.
« Bref –»
Comme si rien ne s’était passé, le rire stoppé dans son élan. D’une seconde à l’autre sans même qu’on est pu s’en rendre compte ou bien même tenter de l’accompagner part pure bonté d’âme. Toujours un brin pensif, Owain avait acquiescé avec un semblant de sincérité aux explications du capitaine. Le garde n’était de toute façon, pas du genre à pousser les choses plus loin, d’autant plus qu’il avait énormément chose à faire. Bien que le discours semblait tenir la route. Pour ce qui était de la demande de cette Hel, dont étrangement le prénom sonnait encore et encore comme un écho. Ses souvenirs donc bien confirmés, bien qu’il n’arrivât pas à mettre la main dessus.
« Par contre, replace là exactement où tu l’as prise. »
Avait enchaîné Owain à la supposition d’Al Rakija. D’une part, parce que certains archivistes n’aimaient pas le désordre, et retrouver une échelle dans un endroit qui n’était pas le sien pouvait, à leurs yeux, être considéré comme tel. De plus, si leur présence ici n’était pas totalement autorisé, mieux valait pour eux de se tenir à carreau, sans laisser de potentielles traces. Puis d’un haussement d’épaule.
« Pas trop grave, ça me donne la réponse que je souhaitais. »
Ou peut-être pas. Possiblement, que le capitaine feintait l’ignorance, après tout, sa parole était si glissante que simplement chercher à la remettre en doute, pouvait s’avérer des plus compliqués. Si Owain ne l’avait pas questionné de façon plus directe, s’était simplement parce que le capitaine n’appartenait pas à la garde royale. Ainsi, il n’était peut-être pas au courant des légers laisser-allers, va et vient ou simple disparition de la princesse qui était devenue un léger gage parmi les gardes du palais. Et le garde secoua finalement la tête de manière négativement.
« Ça me ferait faire un détour. »
Parce qu’il avait déjà mis les pieds vers les grands bureaux avant de venir. Et que, tout comme la bibliothèque, ce n’était finalement pas des lieux d’intérêts pour la princesse Atheas. Autrement, Owain se voyait très mal les aider dans leur recherche. Parce qu’autrement, il aurait candidaté au poste d’archiviste, qui était dans un sens, beaucoup moins galère que celui de garde.
« J’vais vous laisser vous débrouiller alors. En espérant que les découvertes feront plaisir au couple royal. »
Du moins, si les découvertes étaient réellement en lien avec cette étrange tour et suffisante pour être considérée comme une réelle découverte. Puis emboîtant le pas du capitaine, il le dépassa afin de partir avant lui. Passant la porte de la bibliothèque dans le sens de la sortie, l’homme avait encore beaucoup de lieu à vérifier.
hrp: j'vous abandonne là pour pas vous gêner plus longtemps si mon opé est bien maintenue
Owain commençait à s'éloigner lorsque soudainement Hel retrouva Yuduar en agitant un lourd manuscrit qui semblait presque faire le poids de la mince fillette. Une avancée sur leurs recherches? Toute fière d'elle, elle tendit l'ouvrage au garde en pointant du doigt sa trouvaille qui justifiait autant d'excitation dans ses prunelles d'enfant. Le garde récupéra le livre dans ses grandes mains d'adulte pour lire le fruit de cette nouvelle découverte. Il s'agissait pourtant d'un simple ouvrage historique sur les lignées royales du Royaume, pas de quoi se taper le cul par terre à première vue. A voix haute il récita:
"Ouais... règne de Luna Renmyrth... Negociatrice de machin-chose en 473 -c'est pas tout jeune tout ça-, hmhm... disparition de sa soeur... Hel Diane Renmyrth." il marqua un silence sur cette dernière lecture oralisée. "Hel Diane Renmyrth." il décala le bouquin de devant ses yeux pour regarder l'aventurière qui acquiesçait en silence avec une tronche d'imbécile heureuse "Disparue il y a cinq siècles et des brouettes. T'es entrain de me dire que, enfin, que tu serais genre, euh, tu penses vraiment que-" il se racla la gorge bruyamment comme pour avaler une pillule imaginaire qui lui coinçait la glotte "Tu serais un membre de la famille royale parti en balade depuis cinq siècles qui erre complètement paumée à travers le pays depuis tout ce temps et qui aurait malgré tout réussit à survivre si longtemps? C'est ça le plan là en fait?"
Après tout, il avait découvert plus tôt qu'elle était possiblement âgée de quasiment quatre siècles voir peut-être même plus, que son esprit faisait des cycles de cinq ans sans aucune trace de mémoire passée, qu'elle cachait des bouquins partout pour faire de sa vie une immense chasse au trésor. Donc au final on est plus à ça prêt une fois arrivé à ce stade. La voix du Capitaine s'accéléra au fur et à mesure que les informations se cumulaient dans son esprit.
"Ok, ok, admettons que ce soit vraiment le cas et pas juste une heureuse coïncidence qui fait que vous avez un prénom super ressemblant. Non parceque ça peut aussi arriver ça, comme dit ma grand-mère "Y'a pas qu'un âne qui s'appelle Martin". Quelle seraient les possibilités que le le livre que tu aurais planqué ici soit pas sous ton nom à toi mais sous CE nom là?" Yuduar parlait vite, peut-être même un peu trop vite, mâchant la moitié de ses mots et terminant en pointant le dit nom du doigt le tout en haussant les sourcils à des hauteurs encore jamais atteintes. Sans lui laisser le temps d'en placer une, il enchaina en lui tendant le livre pour qu'elle le récupère "Attends, oh, j'ai une idée."
Jusque alors penché vers l'aventurière pour se courber à sa hauteur, comme si le fait de se mettre à son niveau allait rendre leur discussion ô combien plus privée, Yuduar se releva bien droit et ajusta sa tenue, se raclant la gorge au passage pour ensuite avancer dans l'allée qu'empruntait Owain pour se diriger vers la sortie. Le garde était encore en vue.
"Moorhell?!" alpagua le Capitaine avec une voix qui résonna plus que prévue, ce qui eu pour principal effet de déclencher une série de "shhh" importuné d'on ne sais qui dans les étages. Il toussa dans sa barbe avec un air faussement grave sur le visage "On a une piste et j'aurais une petite question pour toi, t'aurais encore quelques minutes à m'accorder dans ta journée?"
Et il appela l’homme qui venait de partir, c’était donc ça son idée, je grimaçais il faudrait sans doute lui expliquer pourquoi, ce qu’il se passait, qui j’étais, ce qu’on était venu faire ça. Mais, je ne connaissais pas le plan du capitaine et restais donc silencieuse. Ici, je n’étais pas dans mon élément et je préférais le laisser faire, lui qui semblait si sûr de lui et s’amuser de la situation. Légèrement en retrait, j’attendis donc de voir ce qui allait se passer. Peut-être que l’objet de notre recherche n’était plus très loin, ou peut-être pas.
Un pas de dance, presque sublime. Ses pieds qui s’emmêlent pour n’exécuter qu’un simple demi-tour. On en viendrait presque à douter de la professionnalisation de l’homme tant il semblait gracieux. Et ennuyé. Un sourcil relevé lorsqu’il se rend compte qu’il ne s’agit que du capitaine, celui qu’il venait de quitter. L’homme l’avait rattrapé, expliquant simplement qu’il aurait besoin de quelques minutes du garde royal qu’il était. Gardant alors l’arcade surélevée, l’air interrogateur. Dans le fond, Owain n’avait pas vraiment de problème à offrir un peu plus de temps, du moins tant que la princesse restait dans le bâtiment. Chose qu’il ne pouvait alors que supposer, vue qu’il s’agissait d’une véritable partie de cache-cache cinq étoiles.
« Oui ? »
Presque incertain. Les questions pouvaient parfois être source de problème et bien qu’Owain adorait répondre aux questions les plus indiscrètes sur sa personne, parce que parler de soit était parfois fort amusant. Le sujet n’était pas en rapport avec ses espérances. La tour, il y avait fait un tour. Une vilaine cicatrice qui lui restait en travers de la gorge, parce qu’il n’avait pas eu le temps de passer voir un médecin digne de ce nom. Fort heureusement que grâce au premier soin de Carciphona, la blessure ne s’était pas infecté et que cela lui donnait un certain air d’aventurier contrant les risques de la vie.
« Je ne suis pas très bon en histoire ou en quoi que ce soit, si c’est en rapport avec la tour ou bien les archives, je ne pense pas être la bonne personne. »
Non pas qu’il était con. Mais il l’était. Du moins, d’un point de vue culturel, ses connaissances s’avéraient être assez limité, car ce n’était pas vraiment quelque chose qui l’intéressait. Owain pouvait être le genre de personne qui oubliait en trente secondes une information capitale si celle-ci n’était vraiment pas à son goût de savoir.
« Mais si tu penses que je peux aider, j’ai sans doute encore un peu de temps. »
Même lui n’en était pas certain.
"Notre petite archiviste improvisée qui m'accompagne a peut-être mis le doigt sur quelque chose d'intéressant. Tu ne saurais pas, par le plus grand des hasards, si il existe un endroit dédié aux mémoires de la famille royale? Je veux dire, du genre les anciens textes des anciennes générations, les carnets de règnes de monsieur blablabla Renmyrth qui était sur le trône y'a disons... quatre cinq siècles, des choses dans le genre."
Yuduar laissa un temps pour que Owain digère l'information, puis il se retourna vers Hel pour l'inviter à les rejoindre afin de montrer le plus patte blanche possible.
"Vois tu, il y aurais possiblement un lien entre la tour et une membre de la famille royale qui a disparue il y a plusieurs siècles. Si on peut mettre la main sur ses carnets de l'époque ou sur un écrit dans le genre, on trouvera peut-être des allusions qui pourront nous éclairer sur son origine ou, tout du moins, peut-être mettre en avant un détail qui nous avait échappé depuis le début. Tu vois le plan?"
En soit ce n'était pas complètement mentir que de présenter les choses sous cet angle, c'était même d'ailleurs assez proche de la vérité. Le seul détail qu'il omettait dans son petit exposé était simplement que la dite personne de la famille royale disparue était sûrement la fillette qui se tenait juste à côté d'eux. Ce qui pouvait avoir des implications assez costaudes en l'occurrence, de celles qu'on vas éviter de crier haut et fort face à un Garde Royal. Même si Moorhell était un chic type, Yuduar n'irais pas jusqu'à dire qu'il le connait personnellement avec une confiance absolue. Et l'expérience l'invitait à avancer à pas de loup, surtout dans un panier de crabe grand comme le Palais.
Un dernier regard vers Hel, il espérait que la petite violette n'allait pas lâcher un commentaire mal placé propre à attiser la curiosité du garde. Si Owain avait le renseignement et si, en plus, ils pouvaient faire de lui leur héraut pour accéder à une telle partie de l'archive, le pas de géant ne ferait pas long feu derrière.
Oui, tel était le problème de ma vie, coincer dans un corps sans avoir le choix. Et en oubliant régulièrement de ne pas avoir le choix. Je ne savais pas sur quel pied danser, tout ce qui se passer ici était de mon fait, de ma faute, et si les recherches venaient à échoué, je ne pourrais m’en prendre qu’à moi-même. Et cet homme devant nous pouvait nous aider à faire en sorte que les recherche n’échoue pas. Enfin celons le capitaine. Il me regarda et je souris légèrement. Non, je n’allais pas parler. Promis, pas tout de suite, mais je commencer à en avoir réellement envie. Parler, encore et toujours plus. Avec une bonne lumineers bière dans les mains. De quoi passer une bonne soirée et se détendre comme il fallait. Peut-être même que j’inviterais le capitaine, j’avais de quoi payer, normalement, il faudrait d’ailleurs que je repense à faire des missions histoire de pouvoir boire encore un moment. Enfin bon, pour ça, il faudrait que tout se termine bien.
Et bien qu'Owain possédait la clé qui était destinée à la princesse, et cela, par pure protection. Parce qu’elle était parfois capable de pire, parce qu’il était tout aussi possible qu’elle décide de s’y enfermer rendant ainsi les recherches du garde impossible. Cela permettait aussi à Atheas d’envoyer sa protection lorsqu’elle avait besoin de quelque chose dans cette salle -c’est à dire, jamais. Mais cet échange, n’était aucunement autorisé. Simple secret parmi tant d’autres entre la princesse et Owain.
« Je vois, oui. »
Avait-il finalement acquiescé.
« Pour entrer dans les archives personnelles de la famille royale, il faut être accompagné en personne par l’archiviste Taranir ou d’un membre direct de la famille. »
Quand bien même l’accord était donné, parfois assez facilement, c’était du temps de perdu inutilement. D’autant plus qu’il pouvait s’avérer délicat d’y faire entrer une parfaite inconnue, qui plus est une civile qui n’avait pas le moindre lien avec une quelconque personne en ces lieux.
« Ah ! »
Une prise de conscience qui en aura prit du temps. Un poing qui vient frapper férocement dans l’autre de ses paumes pour faire raisonner sa découverte.
« Gher ! Je me disais bien, tu es la petite sœur de Lin ? »
Une légère tristesse ressentie face aux manques de nouvelles évidents. Une blessure au cœur qui le rendrait dramatique. Puis bien fier d’avoir mis un point sur son déjà vu, bien qu’il ne s’agissait aucunement de Lin au vu de l’apparence de la gamine, mais bien d’un souvenir plus profond et plus lointain. D’une grande fierté, Owain retrouve son sérieux aussi rapidement que celui-ci était partie avant de retourner sur le capitaine.
« Qu’elle ancienne Renmyrth aurait un lien avec la tour ? Qu’à trouvé cette demoiselle pour que vous ailliez ce besoin d’accéder à ses informations ? »
Parce que ni vue ni connue, certains ouvrages pouvaient sans doute être considérés comme des secrets d’état. Et bien que Capitaine, cela ne lui donnait aucunement le droit de prétendre à cette salle, du moins, tant que les informations possédées soient d’un véritable niveau. Son rang ne lui permettrait pas non plus, un laisser passer immédiat bien que le temps de traitement de sa demande pouvait être un peu accéléré s'il le demandait.
« Dans tous les cas, je peux vous faciliter l’entrée si ça me semble raisonnable. »
Sans avouer qu’il y avait accès, et que ce n’était pas vraiment réglementaire.
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