Ce projet aura ma peau… Autant mes nouvelles roues enchantées pour un meilleur broyage des baies de Lucols ont bien augmenté le rendements d'extraction, autant un nouveau problème se profile… Elles sont trop efficaces ! Récupérer le jus, c'est bien mais le polluer en extrayant de l'huile des graines de la baie, c'est un problème. Et même si c'est une réussite, hors de question de me donner ma prime de réussite tant que je n'aurais pas réglé ce fichu problème. La solution est simple et toute trouvée, séparer les grains de la pulpe !
Broyer des choses, c'est simple finalement, séparer deux constituants solides sans les abîmer, c'est une autre histoire… J'ai une idée assez simple qui pourrait faire du deux en un en broyant la pulpe et séparer les graines. En changeant la forme de la dormante, j'espère que cela pourra se faire. Seul hic, la fabrication de la roue elle-même… Je suis enchanteresse, pas sculpteur et je n'ai aucune envie d'apprendre ce métier. Après m'être fait boulé par les trois plus gros tailleur de pierre de la Capitale, je change de stratégie. Si les gros ne veulent pas de ma roue unique en son genre, autant aller voir des tailleurs et sculpteurs plus petits. Faire le tour des potentiels artisans me prend du temps, beaucoup trop de temps à mon goût pour un résultat décevant. Trop complexe, trop peu intéressant, pas assez de pièces à fabriquer… Des excuses qui me laissent toutes un goût amer dans la bouche. Dernier de ma liste, un sculpteur peu connu mais qui fait de jolie pièce selon mes contacts. Du bois, de la pierre et du métal, il touche à tout mais sur ce de relativement petite pièce par rapport à ma pierre de un mètre de diamètre… c'est un peu dubitative que je rentre dans la boutique.
Bonjour, j'aimerai discuter avec votre sculpteur.
Une entrée en matière peu engageante mais avec la journée démoralisante que je viens de vivre, je n'ai pas la foi de faire mieux.
Leyo préparait sa matinée en commençant par remplir les réserves d'eau et de nourriture de sa jument. Cette dernière avait bien travaillé dernièrement et avait mérité son repos. S'il en avait l'occasion, Leyo devait l'emmener faire une petite promenade pour profiter de la nature. En y repensant, il n'avait pas encore nommé l'animal. Il s'agissait de sa première monture personnelle et il l'avait depuis déjà deux ans, il fallait qu'il y réfléchisse une bonne fois pour toutes. Caressant gentiment l'animal, Leyo se tournait vers son Logis pour faire sa toilette avant de devoir ouvrir boutique.
Un peu plus tard, Leyo était propre et habiller de son habituel costume. Il saisissait son chapeau et le plaçait à sa place désignée avant de se tourner vers ses sculptures. Il stockait dans un sac celle qu'il avait choisi la veille et protégé dans des peaux de bêtes. Il n'oubliait pas de remplir un second sac avec quelques morceaux de bois de bonnes tailles pour les sculpter en attendant ses clients. Une fois équipé de ses deux sacs, Leyo prenait la direction de la place marchante où l'attendait son stand.
Une fois arrivé à son stand, Leyo laissait l'entrée ouverte et commençait à déballer ses créations pour les exposer. Posant soigneusement chaque sculpture sur les étagères, Leyo terminait par sortir deux boîtes à musiques qu'il déposait sur le comptoir. Après un rapide test de leur bon fonctionnement, Leyo s'installait dans sa chaise et récupérait un outil à ses ceintures et un morceau de bois et commençait une nouvelle sculpture.
Environ une heure plus tard, Leyo terminait la création d'une petite toupie ornée de fleurs. Il commençait alors à la faire tourner sur son comptoir tout en remontant la première boite à musique. L'air était assez enfantin mais Leyo se laissait aller au rythme de celui-ci tout en observant sa toupie se promener sur le comptoir. Après quelques répétitions, Leyo se penchait en arrière et venait couvrir son visage avec son chapeau. Il ne semblait pas y avoir de client aujourd'hui, il décidait d'en profiter pour reposer ses yeux quelques minutes. Sans s'en rendre compte, il se laissait emporter dans le royaume des rêves.
Son rêve fut rapidement interrompu par l'arrivée d'une cliente. La position en équilibre et son sommeil léger le propulsaient en arrière ou il se retrouvait tête ou sol et pieds en l'air sur le comptoir. Se relevant difficilement, Leyo observait dans un premier temps la cliente tout en tapotant son chapeau pour retirer les petits copeaux qui s'y était logé pendant sa chûte.
"Un réveil plutôt efficace, aie aie aie."
Il venait replacer son chapeau sur sa tête avant de contourner son comptoir pour s'adresser à la jeune femme qui venait d'entrer. Affichant un grand sourire commercial et une pose bien droite, Leyo lançait son habituel discours.
"Bienvenue dans mon humble boutique ! sculpture en bois, en acier, en pierre ou encore en verre, petit accessoire pour mettre en valeur vos beaux vêtements ou encore petit outil ou couvert pour décorer vos repas, tout est là !"
Il reprenait ensuite son souffle et faisait une petite révérence avant de reprendre la parole.
"Ici le client est roi et la cliente est reine, puis je vous aider ?"
Mon entrée ne me laisse pas forcément une bonne appréciation du commerçant… Visiblement dérangé dans sa sieste, celui-ci s'étale lamentablement derrière son comptoir. Je soupire hésitant à prendre dès maintenant la poudre d’escampette plutôt que de perdre mon temps avec un artisan peu soucieux de son image auprès de ses clients. Avec un soupire, je reste tout de même dans la boutique, je n’ai pas vraiment le choix que de tenter le coup sinon, il faudra que je me rabatte sur mes fournisseurs habituels de la Ville Aquatique, ce qui signifie devoir rentrer sans nouvelle pistes… Laissant le temps à l’homme de se relever, je fais un petit tour de la boutique pour me faire une idée de ses compétences. De l'extérieur, on dirait certainement que je contrôle la boutique dans son entièreté mais je me concentre uniquement sur les pièces en pierres. Je veux une roue en pierre la plus dure possible lorsque mon idée aura été validée. Une roche plus douce fera l’affaire dans un premier temps. Les sculpture que je vois me laisse cette fois une bonne appréciation même si sculpter un petit bout de roche et une roue n’est pas le même exercice.
Enfin sur pied, l’homme se décide à m’accueillir comme la cliente que je suis. Sa tirade me fait sourire, au moins, l’accueil est agréable. Et puisque la cliente est reine, autant en profiter. Je tend ma main à l’artisan pour le saluer comme il se doit et me présente.
Bonjour cher confrère artisan. Je me presente Lin Gher, je ne suis malheureusement pas venue pour acheter l’une de vos créations ici présente bien qu’elles soient fort jolie.
Peut-être me laisserais-je tenter par un ou deux articles mais tout d’abord, j’ai un sujet autrement plus important à aborder avec le sculpteur.
Je suis enchanteresse à la Ville Aquatique en voyage à la Capitale. Pour un de mes projets, je cherche un sculpteur qui pourrait s’attaquer à une pièce de grande dimensions. Potentiellement, deux à trois pièces dans les semaines à venir si tout se déroule correctement.
Je lui souris sachant très bien que ce simple discours a fait fuir nombre de ses concurrents.
"Hmm... Un travail de grande envergure ne me dérange pas. Cependant, votre délai peut me poser problème si votre demande se montre compliquer. Une sculpture à l'échelle humaine demande environ deux à trois jours de travail. Plus si celle-ci possède une apparence complexe et ambiguë. Une sculpture plus grande va progressivement allonger le travail nécessaire. Je travaille seul et je n'ai pas d'employé, si la sculpture est haute de plusieurs mètres, il faudra patienter une semaine ou plus. Il y'a la question des matériaux qui vient se poser. Comme vous pouvez le remarquer en observant mes étagères, je m'occupe surtout de petites pièces et je ne possède que quelques ressources à mon domicile suffisant pour de grandes sculptures. De plus, il ne s'agit que de matériaux communs."
Leyo posait son index sur son menton pour s'aider à réfléchir. Une fois qu'il était sur d'avoir annoncé ses conditions, il s'adressait une seconde fois à son interlocutrice pour confirmer sa demande.
"Si vous pensez que votre demande est réalisable, nous pouvons commencer à en discuter. Si celle-ci est intéressante, je propose même des frais réduits !"
L'artiste tendait ensuite sa main vers son interlocutrice pour voir si cette dernière allait accepter ses termes.
Je souris lorsqu'il commence à évoquer ses conditions de travail et surtout quand il évoque des sculptures de bien plus grande dimensions que ma roue de broyage. Cela veut donc dire que ma demande sera certainement possible à condition que je fournisse la Roche nécessaire. Tout ce qu'il me décrit ne fait finalement que me conforter dans l'idée que cela sera possible. Laissant finir le sculpteur, je prend sa main en lui expliquant plus en détail les choses.
La sculpture que je souhaite est bien différente de ce que vous réalisez en général, il s'agit d'une roue de broyage d'environ un mètre de diamètre.
Je sors de ma cape un bout de papier sur lequel j'ai griffonné un schéma de ce que je veux. L'une des faces va rester plane tandis que la seconde va être sculptée avec un motif similaire à celui de vaguelettes. L'essai que j'ai fait sur un bout de bois m'a paru bon, les grains allant se coincer dans les creux et la pulpe étant broyées entre le haut de la vague et la seconde roue.
Voilà ce que je voudrais. Pensez-vous que cela soit possible ? Dans un premier temps, cela sera fait sur une roche plutôt tendre pour des essais de performances une fois enchantée. Puis si tout se passe bien, une roue en roche dure.
Je laisse le temps à l'artisan d'étudier mon schéma qu'il lui faudra certainement adapter.
"La fabrication ne devrait pas poser de problèmes, le poids risque d'être un facteur important pour l'équilibre de la construction. Cependant, je ne comprends pas trop l'objectif des gravures sur la seconde surface. Je ne l'ai pas vu en action donc je ne peux pas vraiment prévoir le résultat mais selon moi, ce type de roue va broyer d'un côté et laisser des morceaux de l'autre, le résultat ne sera pas très homogène. Si vous souhaitez séparer la partie liquide et la partie solide, un type de séchoir comme pour la salade sera bien plus pratique. En adaptant la partie centrale, il sera simple de filtrer ce que vous voulez filtrer. Un dégrillage plus ou moins compliqué en premier qui peut être suivi de décantation et de centrifugation si nécessaire permet une bonne séparation des extractions. Un broyage imprécis suffira et une série de filtrages fera l'affaire. À l'inverse, si vous voulez tout écraser, plusieurs roues à la suite avec des paternes différents peuvent réduire la plupart des matières en fine poudre."
Après son petit dialogue, Leyo venait de nouveau observer le schéma. À quoi était destiné ce plan ? Leyo n'arrivait pas à analyser son objectif, il ne pouvait que demander.
"Si ce n'est pas trop indiscret, quel est l'objectif de cet outil . Broyer, séparer ou mélanger . Si vous le désirez, je peux tout de même suivre votre dessin. Cela ne devrait pas prendre énormément de temps pour un prototype, une journée tout au plus si je ne m'attarde pas trop sur les détails."
Leyo continuait de se creuser la tête en réfléchissant à l'utilisation de l'outil en question à petite échelle. Les gros outils de création ne faisaient pas partie de son catalogue mais il était calé dans le domaine de la cuisine et de la préparation des ingrédients. Même s'il avait tort, Leyo ne pouvait pas ne pas donner son poids de vue. La transparence était importante pour que la création soit la plus adaptée possible à l'attente de sa cliente.
Leyo étudie un instant mon schéma en silence. Je n’en attend pas moins d’un artisan à qui l’on confie un document plus ou moins détaillé, il marque de bons points par rapport à ses concurrents. J’accueille avec plaisir son analyse quant à la charge de travail que va demander ma sculpture et avec encore plus de joie l’analyse qu’il porte sur l’équilibre de la structure. Allant plus loin, il essaye de deviner à quoi va servir cette roue. J’aime qu’il essaye de comprendre et de proposer des solutions alternatives, cela montre une certaine curiosité que j’aime retrouver chez les artisans avec qui je travaille. A la Ville Aquatique, mes comparses artisans savent ce que j’attend d’eux quand je viens les voir. Qualité et ouverture d’esprit, c’est ainsi que l’on peut tous avancer de front et faire de vrais découvertes. Un grands sourire étire mes lèvres lorsqu'il m'interroge enfin sur la finalite de cette roue sculptée.
Cette roue est destinée au broyage et à la séparation des baies de Lucoles. Elle fait partie d’une paire de roue dont la seconde ne sera pas sculptée. Cette roue, la dormante, ne bougera pas et sera orientée face sculptée vers le haut. La seconde viendra tourner au-dessus en laissant un espace très faible. Généralement, il est utilisé la méthode que vous venez de décrire mais ne pouvant pas tourner assez vite, il y a de grande perte de jus. Une méthode plus douce semble plus propice à l’extraction du maximum de jus.
Tout en expliquant, je mime les actions des différentes pièces avec mes mains.
C’est le même principe qu’un moulin à blé adapté à l’extraction de jus. J’ai enchantée deux roues standards pour produire le maximum de jus, ce qui est une réussite. Une telle réussite que même les grains sont broyés polluant ainsi le jus… Ce motif particulier avec un enchantement adapté doit permettre de bloquer les grains au fond des vaguelettes et repoussé la pulpe vers la pointe où elle sera broyée entre les deux roues. En fin de procédé, on récupérera ainsi les grains et la pulpe asséchée d’un côté et, de l’autre, le jus pur.
Charge à moi de réussir ensuite l’enchantement sectoriel de la roue… Un enchantement d’accrétion au creux des vaguelettes et un enchantement de broyage au pic. Un type d’enchantement que je n’ai jamais fait jusqu’à présent… Le risque de casser la roue n’est pas négligeable mais on a rien sans rien…
L’enchantement n’étant pas forcément une magie exacte et aisée à mettre en oeuvre, il est possible que je vous passe commande de plusieurs prototypes, en fournissant la matière bien entendu.
Au frais de ce cher gouverneur D’thoi…
Si le travail vous intéresse, je peux vous faire livrer une roue a sculptée dès demain. Il va sans dire que comptes tenu du travail particulier que je vous demande, votre prix sera le mien.
Enfin, celui du gouverneur plus exactement.
Elle ne se faisait pas tarder, la jeune femme venait lui expliquer le fonctionnement et l'objectif de cette roue. Même s'il ne restait persuadé par le fonctionnement de l'appareil, Leyo décidait d'attendre de la voir en marche plutôt que de l'annoncer. La cliente semblait sûr d'elle, la jeune femme avait surement fait quelques tests avant d'avancer son idée. Ce qui intriguait le plus Leyo était le nom de l'ingrédient qui allait être broyé. Des baies de Lucoles ? Cette enchanteresse de la ville aquatique chercherait elle a produire de l'alcool . Le vin fait à partir de celle-ci se vendait relativement cher et se faisait assez rare, une nouvelle méthode de création pouvait rapidement rapporter gros. Leyo avait lui-même pu gouter ce fameux vin lors d'un diné avec un noble et en gardait un bon souvenir même s'il ne s'agissait pas de son alcool préféré. L'artisan se tournait rapidement vers sa cliente pour observer les mimiques de celle-ci. Elle continuait d'expliquer tout en accompagnant ses paroles de geste mimer approximatif pour rendre l'explication plus simple. Leyo utilisait sa main pour masquer son sourire quand celle-ci lui parlait de son précédent échec. Il se reconcentrait rapidement sur la suite de la conversation. L'enchantement était un domaine inconnu pour le sculpteur et il n'y portait que peu d'intérêt. Cependant, l'idée de fabriquer un outil qui allait à la suite être enchanté lui apparaissait comme un bon petit défi personnel. Il écoutait avec patience la suite qui concernait le dit enchantement et la question concernant son intéressement pour la fabrication et le prix.
"Hmm... Premièrement, bien que le travail ne soit pas forcément le plus passionnant, l'idée de travailler sur une pièce qui va être enchantée m'intrigue. Donc je suis positif pour accepter votre demande. Deuxièmement, je n'y connais absolument rien en enchantement. Y a-t-il des consignes particulières à suivre pour que les matériaux restent conformes pour l'enchantement ?"
Il accompagnait son dialogue de geste montrant son intérêt pour la fabrication et son manque de connaissances sur le domaine de l'enchantement. Il venait retirer son chapeau le temps de passer la main dans ses cheveux avant de le replacer. Il abordait ensuite la question du prix.
"Pour le prix... Si vous fournissez la roue de base et que le travail ne concerne que la gravure et la mise en forme ... Le prix ne devrait pas être trop élevé. Je n'ai pas de chiffre précis à vous indiquer comme il s'agit d'un travail différent de l'ordinaire mais j'accepte aussi un différent type de paiement. Quelques ressources rares font aussi l'affaire. S'il faut vraiment mettre un prix dessus... disons que le prix d'un bon repas suffira pour le prototype. On verra la suite en fonction de votre avis sur mon travail."
Partager mes connaissances est une activité que j’aime particulièrement. Après tout, c’est ainsi qu’on avance le plus vite. Le plus intéressant, c’est le plus souvent de discuter des échecs même si cela n’est pas forcément valorisant. Ce n’est peut-être pas dans les habitudes du métier mais, pour un enchanteur, mon échec est plus une réussite au final vu que mon objet n’a pas fini en poussière ou pire en un slime gluant et immonde… Toutefois, il accepte le travail même s’il ne lui semble pas vraiment intéressant mais plus par curiosité de l’enchantement.
Si possible limiter au maximum les défauts de fabrications, rayures involontaires etc. Cela a tendance à réduire la résistance à l’enchantement de l’objet.
Je souris à sa mimique de jouer avec son chapeau et ses cheveux plus long que chez la plupart des hommes que je connais. La question épineuse du prix arrive enfin sur la table. Je hausse un sourcil quand il parle de paiements alternatifs avant de soupirer quand il évoque des matériaux ou une simple invitation pour manger. J’ai bien cru être tombé sur un pervers comme il y en a beaucoup dans le royaume. C’est le gouverneur D’Thoi qui va être content que cela ne lui coûte rien. Réfléchissant un instant à sa proposition, je me permet de lui offrir les mêmes services que j’effectue pour mes artisans habituels à la Ville Aquatique.
Va pour un repas. Je peux également vous proposer un échange de service, je réalise de nombreux enchantements, je pourrais enchanter vos outils avec des magies augmentant la résistance du tranchant et leur efficacité. Moins de coups de marteau, moins d’aiguisage, plus de temps pour travailler en finesse. Qu’en dites-vous ?
Un simple échange de bon procédés avec ceux que je fais travailler régulièrement en échange d’une ristourne. Le sujet de la roue de broyage étant acté maintenant, je me permet d’attaquer des achats plus “personnel”.
Je cherche également une boîte à bijoux. Auriez-vous cela dans vos créations ?
Un peu de coquetterie ne fait pas de mal à ce qu’il parait et pour ranger des bijoux, il faut une jolie boite.
Les réponses concernant l'enchantement n'étaient pas vraiment inattendues. Ni défaut de fabrications, ni rayures sur le produit final. Il s'agissait de critère de rejet de base lors de ses créations, Leyo n'avait pas à s'en faire sur cet aspect. Une pièce rayée ou défectueuse n'aurait jamais été vendu par ses soins. Si par erreur il endommageait une de ses sculptures, Leyo faisait son possible pour réparer ou même retravailler entièrement son travail même s'il devait passer d'une cuillère à un couteau. Et si rien n'était possible, il détruisait lui-même sa création.
La question du prix ne prenait pas non plus longtemps avant d'être répondu. En plus d'accepter un repas, la cliente venait proposer un échange de services. Une enchanteresse qui proposait d'enchanter ses outils ? Quand l'annonce d'augmentation de la résistance ou du tranchant de ses outils venait se faire entendre, Leyo haussait un sourcil. Bien que la proposition était intéressante, que venait-il de l'entretien de ces derniers. Même si la résistance ou le tranchant étaient augmentés, cela ne changeait pas le risque de casse ou d'usure. En y réfléchissant de l'autre côté, il pouvait toujours fabriquer des outils classiques une fois ceux enchantés usés. Leyo rayait d'une grande croix cette question, dans le pire des cas, il s'agissait tout de même d'un service attrayant et sans véritable contrainte.
Alors qu'il réfléchissait, la cliente venait lui poser une nouvelle question. Cette fois-ci, il s'agissait d'une demande bien différente et plus cohérente avec l'activité de Leyo. Elle parlait de boîte à bijoux, un type d'objet que Leyo fabriquait assez régulièrement sur demande ou simplement quand il testait des visuels pour des potentielles boîtes à musique. Leyo jetait un rapide coup d'oeil autour de lui avant de se rappeler qu'il n'avait rien apporter en dehors des quelques sculptures et des boîtes à musiques qu'il avait décidé de vendre.
"L'enchantement me tente bien, je n'ai jamais utilisé d'outils enchantés, ça pourrait être un bon changement."
Il saisissait ensuite les deux boîtes à musique présente sur le comptoir et se retournait pour les montrer à sa cliente. La première était en bois foncé et fonctionnait avec une simple manivelle. Pour la décoration, il s'agissait de gravure suivant le paterne de différentes fleurs remplies avec une fine couche d'argent pour les faire ressortir. La seconde était faite d'un alliage de différents métaux dans l'optique d'obtenir une matière solide et légère. La décoration montrait une petite fresque d'être humain dansant autour du feu. Contrairement à la première, la seconde utilisait deux clefs différentes pour jouer deux morceaux distincts. Bien que petite, Leyo s'en servait d'exemple pour montrer qu'il n'avait pas de soucis à faire des conteneurs.
"Je n'ai pas de boîte à bijoux sous la main mais j'ai deux boîtes à musique. Bois, métal ou pierre, je travaille n'importe quelle matière. Ce genre d'objet est plus sur commande vu qu'il demande certains critères particuliers. Taille, poids, matière, contenance, paterne ou couleur, du moment que vous avez une idée je peux le réaliser. Sinon, j'ai quelques boîtes à mon atelier qui peuvent convenir."
Il tendait les boîtes à musique à sa cliente pour que celle-ci puisse observer son travail. Il essayait ensuite de réfléchir à ce qu'il avait à disposition chez lui comme boite à bijoux en attendant la réponse de Lin.
Contente qu'il accepte ma proposition de lui enchanter quelques outils en plus de lui offrir un repas pour son travail sur mon prototype, j'ai moins l'impression de l'arnaque. C'est un gros travail et à moins qu'il mange pour dix, je doute que cela soit équitable. Partant sur un achat plus personnel, je le questionne sur la possibilité de voir une boîte à bijoux. Le laissant aller jusqu'à son comptoir sûrement pour prendre une boite à me montrer. Je le regarde circonspecte revenir avec deux boîtes munies de clefs et manivelle jusqu'à ce qu'il m'annonce ne pas avoir de boite à bijou dans la boutique. Je l'écoute avec attention m'expliquer que les boîtes à bijoux sont généralement plutôt faite à façon ainsi que les informations nécessaires. Je prend en main la boite à musique en métal curieuse de voir son travail de plus près tout en lui répondant.
Il me faudrait un boitier plus grand, assez pour ranger quelques écoliers, bagues et bracelets comme celui-ci.
Je lui montre rapidement mon bracelet en argent enchanté qui quitte rarement mon poignet.
J'aime beaucoup ce style métallique. Vous pouvez faire un décor animalier ? Une maman et ses petits par exemple ?
Une maman qui s'occupe de ses enfants, pas comme la mienne… Curieuse je tourne l'une des clefs de la boîte à musique me laissant ensuite portée par la musique. Les yeux fermés, je dodeline la tête de droite à gauche en rythme. A la fin de la musique, je rouvre les yeux un grand sourire aux lèvres.
C'est possible d'ajouter une boîte à musique à la boîte à bijoux ? Vous pouvez faire une berceuse ?
Pur caprice de ma part, je n'ai pas besoin de cela pour m'endormir mais la petite fille sans famille au fond de moi en a envie...
Dans un premier temps, l'enchanteresse venait survoler certains critères pour la boîte à bijoux. Un volume plus important et permettant de ranger une certaine quantité de bijoux comme le bracelet qu'elle montrait comme exemple. Elle précisait ensuite que le côté métallique lui était appréciable et qu'un décor animalier lui plaisait. Une mère et ses petits pour le motif ? Leyo trouvait ce choix classique mais intéressant et n'avait pas de problème sur ce point. Le sculpteur s'abstenait de préciser un petit détail important concernant son problème avec les félins. Avec de la chance, il n'allait pas choisir les sales bêtes vicieuses et sournoises qui le mettaient mal à l'aise. Dans le pire des cas, il allait se contenter d'observer de très très loin pour chercher un ou deux modèles. L'idée que sa cliente fasse ce choix le faisait frissonner.
Après avoir utilisé la boîte à musique à l'aide d'une des clefs et profiter rapidement de son air, elle venait lui faire part d'une seconde demande. La fusion d'une boîte à musique et d'une boîte à bijoux. Le mélange n'était pas particulièrement compliqué mais venait poser quelques limites dans la conception. Leyo prenait un bout de papier et trempait une plume dans l'encre avant de commencer à noter les critères de sa cliente, tout en s'adressant à elle.
"Pour les dimensions, il me faudrait un peu plus de précision. Une taille approximative ou une quantité à stocker feront aussi l'affaire. Pour le motif... Pas de problème sur ce niveau-là. Des préférences en matière d’espèces d'animaux, de couleur, de position ? Pour le style métallique, le prix sera plus variable en utilisant ce genre de matériaux. Il me faut aussi quelques critères concernant l'intérieur. Un intérieur capitonné ou rembourré permet de protéger les bijoux mais fait perdre un peu d'espace. Il y a aussi le choix de la soie ou autres tissu qui reste viable."
Leyo venait soulever son chapeau légèrement pour se gratter rapidement la tête et vérifier qu'il avait bien abordé chaque sujet concernant la boîte à bijoux. Il tapotait ensuite rapidement la plume sur la feuille de papier avant d'aborder le sujet du mécanisme de boîte à musique.
"Concernant l'intégration d'une boîte à musique, cela est tout à fait possible. Le mécanisme est compliqué et nécessite beaucoup de pièce mais reste petit. S'il n'y a pas besoin de figure mouvante dans le mécanisme, l'espace requis n'est pas immense. Bien sur, la taille varie en fonction de la complexité de celle-ci."
Leyo posait ce qu'il avait dans les mains et reprenait la boîte à musique en bois pour faire une démonstration.
"Une boîte à musique à manivelle reste le plus simple. Elle reste limitée à une musique et nécessite la présence d'une manivelle qui peut se faire amovible pour fonctionner. Ce type la reste le plus petit en matière d'espace requis."
Il déposait la boîte à musique sur le côté avant de récupérer sa feuille et sa plume et pointait du doigt celle présente dans les mains de la cliente.
"Les clefs prennent plus de place mais permettent d'ajouter plusieurs mélodies. Voilà pour les choix de fonctionnement. S'il y a une berceuse en particulier qui vous plaît ou plusieurs si vous vous tourner vers les clefs, je peux créer le ou les cylindres au besoin du moment que j'entends l'air une fois ou deux."
Mon petit caprice ne semble pas décontenancé l’artisan qui se dirige vers son comptoir pour prendre des notes. Je le regarde un moment griffonné réfléchissant à ce que je souhaite pour cette boîte. Quelque chose de pas trop encombrant pour pouvoir l’emmener avec moi quand je retournerai chez moi mais assez grand pour ranger les quelques rares bijoux que je m'achète… Lorsqu’il me demande des dimensions plus précise, j’évalue les dimensions de la boîte que j’ai en main pour estimer la taille dont j’ai besoin. Je mesure plusieurs fois la boîte en prenant ma main en référence.
dirais une bonne trentaine de centimètre de large, vingt de profondeur et une dizaine de hauteur en dimensions de rangement.
Cela me paraît suffisant, je ne suis pas vraiment une grande collectionneuse de bijoux et je ne vois pas qui viendrait m’en offrir de toute façon. Je me creuse ensuite la tête pour le motif en particulier l’animal que je voudrais voir apparaître dessus… J’aime bien les renards, ça me rappelle une personne que j’ai connue pendant mon séjour à la Capitale plus jeune. Ses oreilles étaient toutes douces, qu’est-ce que c’était agréable de les caresser… Mais non, pas de renard pour cela.
Je vais opter pour une maman ours et ses petits oursons tout mignon, je vous laisse le loisir de trouver une scène calme et reposante. Si cela est possible, j’aimerai des couleurs argentée avec des pointes de doré par-ci par-là.
J’adore voir les oursons, on dirait de grosses peluches pleines de poils. Et leur maman veille sur eux et les protège contre les prédateurs… Une vraie maman quoi. Son commentaire sur le prix lié aux matériaux que j’ai choisi me fait sourire, le métal est toujours plus cher que le bois, plus compliqué aussi à sculpter je présume. Je me contente d’un “pas de soucis pour moi”.
L’intérieur capitonné me semble la meilleure option pour protéger les bijoux. On va partir la-dessus.
L’important dans une boîte à bijoux, c’est de protéger ces derniers contre les outrages du temps et des chocs quand même. Il aborde ensuite le sujet plus ou moins délicat de la boîte à musique, caprice de la petite Lin cachée bien au fond de moi, celle qui aimerait retrouver sa maman avant tout et aime les jolies choses. J’écoute attentivement ses explications concernant les mécanismes et leurs particularités. Je n’ai envie que d’une seule mélodie, un air qui a bercé toute ma jeunesse, une ode à Lucy douce et calme. Un air que je fredonne encore quand je travaille toute seule. Peut-être que je pourrait enchanter le mécanisme pour qu’il fonctionne sans la manivelle…
La première me semble la meilleure solution, avec une manivelle amovible, c’est plus pratique quand on voyage. Connaissez-vous l’L’Altavia Forte qui est souvent chantée dans les temples de Lucy ? J’aimerai cet air pour la boîte à musique. J’ai grandie avec cette musique, j’aimerai la retrouver chez moi.
J’espère qu’il la connaît, cela fait maintenant presque dix ans que je ne l’ai pas vraiment chantée. Fredonnée, oui mais pas chantée comme quand j’était inclue dans le choeur du temple de la ville. J’aimais bien chanter avec les autres à cette époque… Mais maintenant, c’est presque si on ne me ferme pas les portes au nez. La complicité que j’avais avec Daniela me manque mais depuis mon procès, je ne suis qu’une étrangère au temple. Un soupire triste m’échappe avant que je ne reprenne.
Je suis encore à la Capitale pour quelques semaines, ce n’est donc pas vraiment pressé comme commande. La roue est prioritaire pour moi.
Mon travail est toujours prioritaire sur mes envies personnelles. Cela évite de risquer de s’attacher, personne ne s’attache à une personne qui fait passer son travail avant toute relation.
Leyo reprenait ensuite de l'encre sur sa plume et poursuivait en écrivant la demande concernant le motif. Une maman ours et ses petits oursons laissaient une grande liberté concernant la décoration. Il pouvait illustrer la famille d'ours sur le dessus de la boîte qui allait être assez grand et créer une fresque pour le contour avec les ours et leur mère en train de jouer, ajouter quelques gravures pour représenter une forêt était aussi faisable. Les couleurs devaient tourner autour de l'argent avec des pointes d'or. Leyo notait qu'utiliser des matériaux foncés ou à l'inverse très clair pour faire ressortir l'or et l'argent pouvait être une bonne idée. Pour l'intérieur, comme il s'y attendait, la cliente optait pour du capitonné. Bien qu'un peu plus long à préparer, cela pouvait rajouter un côté sophistiqué qui mettait en valeur les bijoux placés dessus.
La suite concernait l'incrustation de la boîte à musique, Leyo notait avec intérêt les demandes de l'enchanteresse. Mécanisme à manivelle et utilisation de l'Altavia Forte, un chant souvent joué par les adorateurs de Lucy. Même s'il ne s'y intéressait pas trop, Leyo connaissait tout de même ce morceau et avait déjà préparé quelques boîtes à musique l'utilisant. La préparation du cylindre n'allait pas être compliquée.
Leyo dessinait rapidement quelques croquis à coté de ses notes pendant que sa cliente terminait son dialogue. Une fois les délais de sa cliente annoncée, le sculpteur relevait rapidement son chapeau avec son index et se frotait doucement les yeux avant de lui répondre tout en gardant le sourire.
"Pour la boîte à musique, j'ai noté comme ci. Si quelques choses ne va pas, n'hésitez pas à me le faire savoir. Les dimensions sont, largeur de trente centimètres, hauteur de dix et profondeur de vingt. Pour le motif, une mère ours et ses petits. Comme les dimensions font que la boîte est relativement vaste sur le dessus, je propose que le motif principal si trouve. Le contour peut être sous la forme de fresque en relief. Pour la couleur, il faut me confirmer si vous préférez une boîte en argent avec les motifs et décoration en or ou alors un corps d'une couleur particulière et les motifs et décorations en or et argent. Si le corps doit être d'une autre couleur, je vous conseille une couleur claire ou à l'inverse foncé pour faire ressortir l'argent et l'or. Ensuite, pour l'intérieur, du capitonné. Un excellent choix et l'épaisseur du capitonné peuvent permettre de dissimuler la boîte à musique sous celui-ci au besoin. Pour la mélodie, L'Altavia Forte ne pose pas de problème et ne demandera pas trop de temps."
Il posait ensuite sa plume sur le côté de sa feuille posait son regard sur sa cliente avant de reprendre la parole.
"Si cela vous va pour la boîte à musique, je peux démarrer dès aujourd'hui. Pour la roue, je commencerais une fois celle-ci reçue. Vous pouvez me faire livrer la première à cette adresse, mon atelier se trouve le bas."
Leyo prenait une petite plaque en métal et en bois ou était inscrit son adresse et son métier. Il s'agissait de sa carte de visite personnelle qu'il fabriquait pour les prises de commandes. Le contour était dans un métal noir et formait un serpent faisant le tour et se mordant la queue. L'intérieur était une fine lamelle de bois graver de ses coordonnées, de son nom et de sa profession avec un chiffre dans le bas de celle-ci. Cette plaque portait le chiffre onze, il s'agissait de la onzième commande qu'il avait en cours et à identifier la commande au moment du retrait. La plaque était très travaillée et précise pour la rendre difficile à répliquer. Leyo avait aussi caché une petite gravure discrète lui permettant d'identifier les faux potentiels.
"Cette plaque sert aussi à récupérer votre commande, il suffit de me l'échanger avec le paiement au moment de la récupération. Si jamais une autre personne passe en votre nom, vous pouvez lui confier la plaque pour faciliter l'échange."
Pendant toute la durée où je décris ce que je souhaite pour ma boîte à bijoux, le sculpteur griffonne des notes sur son bout de papier. Une chose est sûre, j’aurai ce que j’ai demandé pour la boite vu la minutie qu’il met à reporter mes demandes. Je note tout de même qu’il se frotte les yeux lorsqu’il a fini de prendre des notes. Je fais pareil quand je suis fatiguée et il est vrai que je l’ai réveillé en entrant. Il passe sûrement beaucoup de temps le soir et la nuit à sculpter vu qu’il ne semble pas vraiment avoir l’outillage et la place nécessaire pour faire des pièces plus grandes qu’un petit animal. J’écoute attentivement le résumé qu’il fait de ma demande vérifiant que tout y est.
Plutôt une couleur foncée pour le fond si cela est possible, les sculptures en argents avec des détails dorés. Ce sera parfait ainsi.
Je suis satisfaite de tout les petits détails qu’il ne laisse pas au hasard ce qui me conforte dans mon choix d’artisan pour ma roue de broyage. Il me tend ensuite un coupon de bois et métal sculpté où est inscrit plusieurs informations et un grand onze. Je prend la “carte” et l’inspecte plus en détail intriguée par cette idée. L’idée est intéressante, cela fait une jolie publicité. Je trouve juste dommage qu’il faille lui rendre à la fin, cela fait presque un joli bibelot. Le fait de pouvoir donner la plaque à quelqu’un pour venir récupérer ma commande est une bonne chose, je pourrais envoyer un transporteur pour l’envoyer directement à mon laboratoire à la Ville Aquatique où elle attendra patiemment que je rentre quelques jours.
Pour moi, c’est tout bon. Je vous fait porter la roue par le tailleur de pierre dès demain. Combien vous dois-je pour le coffret à bijoux ?
Je n’ai pas vraiment réfléchie au prix que j’était prête à mettre pour ce coffret, c’est plus un achat compulsif qu’autre chose… Ce n’est pas comme si je ne pouvais pas me le permettre, la vie à la Capitale à un avantage, les clients ne manquent pas pour un enchanteresse comme moi.
Quand voulez-vous que nous fassions ce fameux repas que je vous doit ?
Peut-être pas ce soir, il a l’air fatigué mais son jour sera le mien.
"La boîte vient se greffer sur la première commande concernant la roue. En partant de ce principe, le prix sera moins élevé qu'une commande unique. On va dire... Le prix des composants et une petite somme ajoutée de... vingt pourcents si je me procure moi-même les matériaux et cinq pourcents si vous me les rapporté. Comme pour la commande précédente, j'accepte aussi l'échange de matériaux et autres services comme paiement."
Leyo s'appuyait ensuite sur son comptoir pour réfléchir quelques secondes. Fabriquer une pancarte avec ses tarifs et ses conditions était surement une bonne idée pour les prochains clients. La question de la tarification n'était pas évidente pour ce genre de création qui n'a pas de valeur directe en dehors de leur rareté. Certains profitaient de la rareté pour vendre à très haut prix, d'autres comme Leyo vendait à prix bas et variable en fonction des conditions et de la demande. Le sculpteur ne voulait pas redevenir une mine d'or surexploité comme il l'avait déjà été. Recruter un ou deux apprentis et acheter un atelier digne de ce nom allait surement bientôt se faire, il ne lui restait qu'à trouver ce qu'il voulait vraiment faire. Revenir sur la scène ou rester tranquille, un choix difficile pour Leyo qui ne connaissait pas vraiment la direction qu'il prenait. Il secouait ensuite rapidement la tête pour se reconcentrer sur la discussion en cours.
"Hmm... Quand vous le souhaitez, je n'ai pas d'impératif dans les jours à venir et je dois attendre la réception de la roue pour commencer à travailler dessus. Quant à la boîte à bijoux... Il faut que je prépare les plans avant de commencer et j'ai quelques commandes à terminer avant. Je vais commencer les schémas aujourd'hui et la création attendra surement un ou deux jours le temps de récupérer les matériaux nécessaires."
La journée n'étant pas terminée, Leyo avait encore le temps de gribouiller en l'absence de client. Il avait aussi quelques commandes à examiner pour certains clients mais cela n'allait pas lui prendre beaucoup de temps. Le sculpteur devait aussi lire les deux trois dossiers concernant des potentiels apprentis qu'il avait récupéré grâce à un collègue de beuverie. Finir la journée sur un bon repas n'était pas forcément une mauvaise idée en soi il décidait de proposer le soir même en complément.
"Ce soir pourrait être agréable, il me reste encore un peu de travail mais une fois la journée terminée, un bon repas serait parfait."
Je souris lorsqu’il ne m’annonce à nouveau aucun prix mais juste qu’il accepte les échanges de matériaux et éventuellement les petits services en échange de son travail. Néanmoins, il me détail tout de même la façon dont il fait sa tarification habituelle. Je n’ai pas l’habitude de me procurer des métaux ni d’autres matière, généralement, les objets que j’enchante sont déjà fabriqué ou l’on me fournit la matière que je dois enchanter. Donc je pense que je vais opter pour sa tarification usuelle compte tenu que je lui ai déjà offert de lui enchanter quelques outils.
Allons pour la tarification usuelle à moins que vous ayez un besoin particulier auquel l’enchantement puisse répondre. Et je vous laisse vous procurer les matériaux, je ne suis pas assez familière de ces choses pour vous apporter de bon matériaux à coup sûr. Prenez votre temps, je ne repars pas de la Capitale avant au minimum deux semaines.
Je ne suis pas spécialement pressée de rentrer bredouille. Ma venue à la Capitale n’est pas pour faire du commerce à la base mais pour chercher une piste concernant ma mère… Ce qui pour le moment est un échec complet. Mais je ne désespère pas… Je dois encore explorer la piste de la Caserne, sait-on jamais… Et pour cela, il va certainement falloir que je passe par mon tuteur, une plaie en prévision… Questionné sur le fameux repas négocier, il me propose que l’on fasse cela ce soir. Pourquoi pas, s’il se sent d’attaque pour cela, cela ne me dérange pas le moins du monde.
Eh bien, pourquoi pas. Un lieu en particulier qui vous plairez, je ne connais pas vraiment les restaurants du coin.
Ce sera une occasion de découvrir une adresse et de passer un bon moment. Réfléchissant à ce qu’il me reste à faire moi-aussi plus un peu de temps pour m’appréter un minimum, je calcul un horaire acceptable pour se retrouver.
Huit heure ici, cela vous conviendrait-il ? On peut se retrouver ailleurs bien entendu tant que le lieu est facile à trouver pour une touriste.
Je ris de ma petite blague. Notre rendez-vous programmé, je prend congé de l’artisan pour aller finir les quelques emplettes qu’il me reste à faire.
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Je ne reviens à la boutique du sculpteur qu'après une bonne semaine, débordée par la boutique, je n'ai pas pu me libérer avant pour cela ou pour mes recherches. J'ai passé un bon moment en sa compagnie lors de notre repas. La discussion a été intéressante, tournant beaucoup autour de nos métiers respectifs et des raisons de ma présence à la Capitale. Je profite d'une accalmie entre deux averses pour rejoindre la boutique à vive allure.
J'entre juste à temps dans la boutique pour éviter d'être trempée. Je m'avance rapidement pour saluer le sculpteur.
Bonjour Leyo ! Comment allez-vous aujourd'hui ?
Je fouille dans ma cape à la recherche de sa carte sculptée et la pose sur le comptoir.
Je viens voir si vous avez fini mes deux commandes.
Quelques heures plus tard, le sculpteur fermait son stand et rangeait ses invendues et ses outils soigneusement avant de repartir chez lui. Prenant le temps de faire deux trois emplettes sur la route pour remplir ses placards, Leyo arrivait à son domicile. Prenant le temps de ranger ses quelques vivres et ses invendu, il se tournait vers son atelier pour y ranger ses outils. Une fois tout en ordre, le sculpteur vérifiait ses stocks de matières pour calculer ce qui lui manquait. À première vu, il avait ce dont il avait besoin pour ses commandes. Cependant, il allait devoir commencer à prévoir un plan de secours pour les prochaines. Il était peut-être temps de fermer boutique quelques jours pour aller chercher des ressources à travailler. Bien que les matières communes ne manquaient pas, la majorité des clients ne lui fournissait pas les matières les plus rares et nécessaires à leur commande. Il était donc de son devoir de se fournir régulièrement et en bonne quantité.
Il séparait ensuite les ressources qu'il allait utiliser pour ses commandes afin de les avoir sous la main et s'assurer qu'il n'en manquait pas une. Une fois terminé, il se tournait vers ses économies. Son livre de comptes était à jour et la moindre transaction y était notée. Bien que l'argent était loin de lui manquer, Leyo avait gardé cette habitude de faire ses comptes régulièrement et de la façon la plus détaillée possible comme sa mère lui avait appris.
Il se tournait ensuite vers l'enclos de sa jument et s'assurait qu'elle ne manque de rien. Le manque de place était flagrant pour la bête, Leyo devait s'assurer de l'accompagner régulièrement pour ne pas qu'elle s’ennuie dans ce petit espace. Une fois la nourriture, l'eau remplis et l'enclos nettoyer, Leyo prenait la direction de la salle de bain pour se préparer. Un petit bain pour soulager la fatigue de la journée et le sculpteur était prêt à partir. Prenant un set de vêtement propre, Leyo s'habillait doucement sans trop se presser. Sa tenue ne changeait pas beaucoup de d'habitude mais il prenait soin de choisir une autre paire de chaussures. Ses chaussures en cuir renforcé par de l'acier n'étaient pas convenables pour un repas. Il n'avait pas besoin de ses outils non plus, il ne mettait donc pas sa seconde ceinture. Il prenait ensuite la direction du point de rendez-vous pour rejoindre sa cliente et profiter d'un bon repas en bonne compagnie.
...
Le lendemain, Leyo se levait doucement et en profitait pour terminer les commandes les plus rapides. La journée passait tranquillement et le sculpteur avançait rapidement dans son emploi du temps. Il profitait d'une petite balade à cheval pour poster quelques demandes de matériaux à la guilde des aventuriers. La roue pour le prototype lui était livrée en fin de journée, Leyo l'entreposait dans son atelier avant de relire les plans. Il allait ensuite se ressourcer dans un bar qu'il fréquentait souvent quand il voulait changer d'ambiance.
Pendant la semaine, Leyo terminait les commandes en cours. La boîte à bijoux était terminée et Leyo avait profité des récits d'un de ses clients pour l'orner. Une maman ours se reposant avec ses petits, les protégeant et les observants de son regard maternel. Pour les soucis du détail, Leyo avait rajouté quelques pierres de jade d'un vert très clair et pur pour renforcer les regards de la mère ours. Bien que l'argent semblait un peu monotone, il avait joué avec quelques ajouts d'or pour raffiner le détail de la boîte. Pour le contour, Leyo s'était occupé de sculpter et de mouler en relief une forêt. Dans celle-ci, les oursons jouaient accompagnés de papillons et de fleurs. Comme la commande le demandait, LEyo s'était attardé un bon moment sur le capitonnage de l'intérieur, séparant plusieurs petits compartiments et masquant le mécanisme de la boîte à musique. Pour s'assurer que le son ne soit pas mauvais et que la tonalité soit bonne, Leyo s'était fait aider d'une connaissance musicienne pour perfectionner le cylindre. Pour finir, Leyo avait forgé une manivelle raffiner en argent avec une poignée confortable et gravée de fleur.
Pour la roue, Leyo avait respecté à la lettre la commande de sa cliente. Il s'était cependant attardé plus longtemps que prévu sur la gravure, histoire de ne pas laisser la moindre imperfection. La demande n'était pas très compliquée à la base, Leyo avait passé plus de temps sur la boîte à bijoux que sur la roue en elle-même.
Exactement une semaine plus tard, Leyo voyait le retour de l'enchanteresse. Alors qu'il sculptait délicatement un morceau de bois pour lui donner la forme d'une cuillère, le sculpteur entendait l'arrivée et les salutations de la jeune femme. Déposant sa carte sur le comptoir, l'enchanteresse lui demandait l'avancement de ses requêtes. Par chance, ou par anticipation, Leyo avait chargé un petit chariot de ses commandes et l'avait garé derrière son stand. Il n'y avait pas que les commandes de la jeune femme mais les deux demandés étaient belles et bien là. Se levant de sa chaise pour saluer l'enchanteresse, Leyo déposait ce qu'il avait dans les mains avant de l'accueillir.
"Bienvenue, heureux de vous revoir. Je vais parfaitement bien et vous ?"
Récupérant la carte qui avait été déposé sur le comptoir, Leyo pointait le chariot en y invitant sa cliente.
"Les deux sont prêtes, elles sont chargées dans mon chariot juste ici."
En à peine quelques pas, Leyo était devant le chariot. Il tirait le rideau et sortait dans un premier temps la boîte à Bijou protéger dans un tissu. Il la déposait sur le comptoir et retournait vers le chariot tout en parlant à sa cliente.
"La boîte est là ! mais commençons par la roue, gardons le plaisir pour la fin !"
Le poids de la roue étant un peu trop pour qu'il la décharge tout seul, Leyo la tirait sur le bord du chariot avant de retirer le drap qui servait à la protéger de la poussière.
"Et voilà ! je vous laisse examiner les produits. La roue est exactement comme vous me l'avez décrite, pour la boîte à Bijou, je me suis permis quelques libertés pour l'esthétique."
Pressée de découvrir le travail du sculpteur sur la roue de broyage mais surtout sur la boîte à bijoux commandée sur un coup de tête. Même après avoir dormi, c'est toujours avec la même envie de petite fille que j'attendais impatiemment. Une impatience grandissante jours après jours. Revenue à grand pas à la boutique en échappant de peu à une pluie diluvienne, je salue Leyo avec un grand sourire. Trop impatiente, je ne laisse même pas la place à la causette et dépose rapidement la carte sur le comptoir en m'enquérant de l'état d'avancement de la commande. Heureuse d'entendre que tout est prêt et qu'il a tout amené avec lui, je le suis jusqu'à son chariot où attend la roue de broyage. Ramenant la boite à bijoux sur le comptoir, il propose de garder la surprise pour la fin et d'inspecter la roue en premier lieu.
Faisons cela, je suis curieuse de voir le résultat sur une roue à taille réelle.
Dévoilant la roue, Leyo me précise qu'il a suivi mon plan à la lettre. Lorsqu'il me laisse observer, je me hisse dans le chariot pour avoir une meilleur vue. Le résultat est vraiment beau. Chaque arête est bien marquée, la pierre bien taillée et homogène. Même sous le doigt, je ne sent aucune aspérité. Un vrai travail d'orfèvre. Je descend du chariot en donnant mes impressions à l'artisan.
C'est un très beau travail de sculpture. Elle est parfaite pour tenter un enchantement !
Je me rapproche du comptoir tout excitée de découvrir la boîte à bijoux qui a fait vibrer la petite fille en moi. Je déballe la boîte avec délicatesse de peur de l'abîmer. Je reste un instant à contempler le décor du couvercle. Une magnifique maman Ours et ses bébés. Mon cœur se serre face à cette vision me rappelant cruellement l'absence d'une mère à mes côtés quand j'étais petite. Qu'est-ce qui m'a prit de demander ce genre de décor. Je passe la main sur le métal soulignant les formes de la mère alors qu'une larme coule le long de ma joue. Je renifle bruyamment en changeant de point d'intérêt et regarder les bordures où seuls les oursons sont représentés. La gorge nouée, je questionne Leyo concernant la boîte à musique.
Comment active t-on la musique ?
Revenant sur la situation actuelle, le sculpteur observait sa cliente étudier la roue. Après une rapide inspection de son travail, elle venait complimenter son travail avant de se tourner vers sa seconde commande. Dans le plus grand des silences, Leyo se rapprochait du comptoir avec sa cliente en attendant avec patience la réaction de celle-ci.
Alors qu'il s'attendait à apercevoir de la satisfaction ou même encore du mécontentement concernant la commande, Leyo était surpris de voir sa cliente verser une larme pendant qu'elle observait la boîte. Avec une voix différente d'auparavant, plus lourde et sentimentale, elle lui demandait comment faire fonctionner la musique. En prenant une grande inspiration pour garder son calme et conserver son attitude professionnelle, Leyo saisissait la manivelle ranger dans un petit espace dédié à l'intérieur de la boîte avant de la placer sur la partie droite de la boîte à bijoux. Relavant le petit cache qui masquait l'encoche, Leyo venait placer la manivelle avant de retourner son regard sur sa cliente.
"Une fois la manivelle placée, il ne reste qu'à tourner un peu pour entrainer le ressort et le reste du mécanisme. Quand vous commencer à tourner, la musique va commencer. Une fois remonter au maximum, le mécanisme est suffisant pour l'entièreté de la mélodie. Je vous laisse expérimenter de vous-même, s'il faut changer quelques choses, n'hésitez pas à me le faire remarquer."
La manivelle en place, Leyo refermait la boîte et la positionnait face à sa cliente. Il faisait ensuite un petit signe de la main pour inviter l'enchanteresse à tester sa création tout en gardant son sourire aux lèvres.
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