Elle soupira tandis que son thé refroidissait. La matinée serait éprouvante. Elle lui avait organisé un petit moment pour qu'elle puisse refaire le monde, parler de tout et de rien et qu'un sujet comme elle en avait l'intention de faire puisse s'exprimer le plus doucement possible. Son thé était réellement froid. Elle le laissa de côté pour observer la capitale depuis sa fenêtre. La rivière luisante paraissait toujours si calme. Elle aimait se trouver de ce côté du palais. La vue était particulièrement agréable lorsque le soleil frappait ses rayons sur la surface de l'eau, pourtant... elle ne se sentait pas détendue le moins du monde. Alyss se leva en laissant sa tasse sur la table pour partir observer les tableaux se trouvant dans ce petit salon. Elle avait insisté pour en avoir dans cette pièce qui était si agréable à vivre, son petit havre de paix pour observer le lever de soleil. Le tableau représentait sa petite famille il y a des années avec ses enfants encore jeunes... Le temps avait filé si rapidement, Grimvor était toujours resté aussi séduisant... La reine regarda le visage d'Aeron avant d'y déposer sa main comme si elle cherchait un contact si mince soit-il..... Elle ne voulait vraiment pas qu'il arrive malheur à un autre de ses enfants, c'était hors de question. Atheas n'allait sans doute pas apprécier, mais c'était pour son bien.
Allys extirpa d'un placard une boite en bois. Rien de tel pour démarrer tranquillement la journée que de jouer à un jeu de société avec sa fille, pour se rendre ensuite aux jardins pour parler tranquillement. Elle demanda à ravoir du thé au jasmin ainsi que ces petits gâteaux qui allaient sûrement disparaître... Elle se remit à table, elle avait hâte que la chaise en face d'elle soit prise, que les choses se fassent naturellement et posément. Elle ouvrit la boit en plaçant les points à chaque extrémité. Le but était de réussir à les déplacer à travers un labyrinthe en esquivant les mouvements de l'adversaire pouvant soit bloquer soit prendre votre pion. Rien de très sophistiqué, mais elle lui avait proposé ce jeu depuis si longtemps, il lui rappelait des souvenirs. C'était le meilleur moyen d'enclencher une démarche bienveillante vers elle. Après avoir fixé la chaise qui n'allait pas se remplir en un claquement de doigt, elle se risqua à commencer la lecture d'un rapport concernant les activités du port et des régions avoisinantes. Elle lisait attentivement en parcourant également d'autres papiers qu'elle devait lire. Alyss voulait libérer le plus de temps possible pour sa fille. Dès qu'elle entendit des pas dans le couloir, elle redressa la tête en disant :
" Entre Athéas, je t'en prie, le thé vient juste d'arriver, je suis là"
Elle avait reconnu son pas dynamique et était convaincue que c'était elle. Elle repoussa ses rapports plus loin sur la table pour se consacrer entièrement à cette venue tant attendue.
Le calme avant la tempête Allys Renmyrth • Atheas Renmyrth Atheas était une princesse capricieuse qui ne tenait jamais en place. Depuis combien de temps n'avait-elle pas vu ses parents ? Très longtemps, bien sur elle les croisait parfois dans les couloirs ou lors de réunions officielles mais cela faisait belle lurette qu'elle n'avait pas eu une discussion personnelle et privée avec eux. Elle ne s'en plaignait pas et n'était pas malheureuse pour autant, au contraire, elle avait atteint un age où elle aimait cette liberté de ne pas avoir d'adultes sur le dos. Ils y avait bien les domestiques mais aucuns d'eux n'osaient la réprimander, à part Owain mais c'était encore particulier. Aussi, Atheas fut d'abord étonnée puis ravie lorsqu'elle reçu l'invitation de sa mère à boire le thé. A vrai dire, elle était déjà en train de piquer des pâtisseries dans les cuisines. C'était une domestique qui lui avait apporté le message pour lui dire que la reine l'attendait dans ses appartements. Cela faisait longtemps qu'elles n'avaient pas eu de moment mère-fille aussi, la jeune princesse laissa tomber ce qu'elle avait en plan -à savoir une belle tarte au citron à moitié croquée- pour se diriger vers les appartements de ses parents. Une fois sur place, elle toqua doucement et ouvrit la porte pour jeter un coup d'oeil. Sa mère l'attendait bel et bien là, seule devant une tasse de thé et un mist, un jeu de société qu'elle lui avait fait découvrir des années de cela. Et c'était connu, Atheas adorait jouer, que se soit en plein air ou au calme dans un salon : tant qu'elle s'amusait elle était satisfaite. - Bonjour mère ! Comment vas-tu ? Si elle devait suivre le protocole, Atheas aurait attendu que la reine l'invite à s'assoir pour le faire, mais elles étaient en privé et c'était sa mère avant d'être une souveraine à cet instant. La jeune fille alla s'installer dans le fauteuil en face de sa mère et lui sourit. - Comment va père aussi ? Cela fait longtemps que je ne l'ai pas croisé plus de trente seconde. Elle savait que ses parents étaient occupés par les affaires politiques et ne leurs en a jamais voulu. Au contraire, lorsqu'elle voyait la quantité de travail et de temps que cela demandait, elle était bien heureuse d'être née cadette. Mais avec les récentes aventures de son frère ainé, elle avait l'impression que l'on la surveillait de beaucoup plus près en ce moment... |
" Je vais très bien, tu vois quel beau paysage nous avons, je crois que la journée promet d'être belle. Cela me fait plaisir de te voir, ces couloirs sont décidément trop nombreux, nous ne nous croisons pas assez. Assieds toi vite, chaque seconde compte"
Elle ne parlait pas si bien, elle savait bien que la journée s'enchainerait bien vite sitôt leur moment passé. Allys avait un regret sur ce point, elle avait l'impression de passer à côté de certains moments, elle aurait dû se montrer plus près d'eux, mais sur ce point ce n'était pas évident.
" Ton père se porte bien, bien fatigué, bien plus que moi je pense. Je suis heureuse tout comme toi qu'il soit de retour."
Pour ce qui est de la charge de travail, rien n'était changé de son côté ni trop plus ni moins, s'ajoutait simplement cette inquiétude de cette disparition, mais sinon ses journées se ressemblaient plus ou moins. Ces temps, elle avait demandé aux gardes de tenter de la suivre discrètement, mais c'était peine perdue. Allys savait déjà qu'il vallait mieux qu'elle finisse par lui demander.
" Tu te sens prête à rivaliser avec ta mère en début de journée ? J'avoue avoir fait une très bonne nuit, je pense remporter une belle victoire. Mais .... tout pourrait changer en ta faveur. Les tours sont si changeants. J'ai une nouvelle question souhaites-tu commencer ...? " fit-elle en désignant de la main le plateau. La position centrale était la meilleure du plateau mais requérait une vigilance constante pour ne pas se faire encerclé et renvoyé au départ. Dans un sens, il correspondait si bien à sa position où il lui fallait avancer avec précaution.
" Que deviens-tu ? Je t'ai aperçue une fois vous reveniez avec quelque chose sous le bras. Je mourais d'envie de savoir ce que tu avais trouvé" commenta t-elle en manifestant une certaine curiosité. Dès qu'elle avancerait son pion, elle en ferait de même. " De tous mes enfants, tu es la plus surprenante, bien de ton père c'est souvent ce que nous nous disons. Dans un sens, tu vas découvrir bien plus de choses que ta mère, il faudra m'en faire part ; j'aime beaucoup les petites histoires... "
Rien qu'en pensant à Haru elle eut un petit sourire amusé, elle n'avait jamais eu de conteuse attitrée, mais elle pouvait bien porter ce titre au regard de tout ce qu'elle lui avait raconté. Elle aurait pu demander une visite guidée que le résultat aurait été exactement le même.
"Cela fait si longtemps... nous ne devrions pas prendre autant de temps pour tout nous raconter... j'ai moi même aussi tant de choses à te dire"
Le calme avant la tempête Allys Renmyrth • Atheas Renmyrth Cela faisait bien longtemps que la jeune princesse n'avait pas pu se poser tranquillement avec sa mère. Ni même avoir de discussion personnelle. Atheas ne s'en plaignait pas, elle y était habituée, mais à cet instant, elle était tout de même ravie qu'Allys montre de l'intérêt pour elle. - Tu te sens prête à rivaliser avec ta mère en début de journée ? J'avoue avoir fait une très bonne nuit, je pense remporter une belle victoire. Mais .... tout pourrait changer en ta faveur. Les tours sont si changeants. J'ai une nouvelle question souhaites-tu commencer ...? Même si c'était elle qui lui avait montré ce jeu lorsqu'elle était jeune, Atheas ne comptait pas se faire marcher sur les pieds comme cela. En sept ans de jeu, elle avait réussi à gagner sa mère quelques rares fois et elle était motivée à faire en sorte que ce jour face parti de ses quelques victoires. - Ne crois pas que je vais te laisser gagner ! Tu as beau être la reine, je n'aurais pas de pitié pour tes pions ! Sans hésitations, Atheas déplaça son premier pion sur le plateau. Et attendit que sa mère ai joué son tour pour en déplacer un nouveau. Selon le déroulement de la partie, elle pouvait être très courte ou très longue. Dans les deux cas, Atheas était heureuse de passer ce temps avec sa mère et d'avoir une adversaire qui ne s'incline pas devant elle. Elle a déjà eu l'occasion de jouer avec des domestiques ou jeunes nobles, mais souvent ses derniers la laissaient gagner pensant pouvoir s'attirer de bonnes grâces en flattant la princesse mais ils ne se rendaient pas compte que c'était terriblement ennuyant de jouer lorsqu'on ne peut pas perdre. Quant aux quelques parties qu'elle avait faîtes avec son frère... Il était tout simplement implacables et écrasait sa sœur sans aucun remord et remuait le couteau dans la plaie en lui disant de s'entrainer ensuite... Sa mère était décidément la meilleure adversaire possible : elle savait qu'elle ne devrait sa victoire qu'à elle même et que même en cas de défaite, la partie serait intéressante. - Que deviens-tu ? Je t'ai aperçue une fois vous reveniez avec quelque chose sous le bras. Je mourais d'envie de savoir ce que tu avais trouvé [...] Cela fait si longtemps... nous ne devrions pas prendre autant de temps pour tout nous raconter... j'ai moi même aussi tant de choses à te dire Elle faisait sans doute référence à sa dernière virée shopping en ville. Devait-elle en parler à sa mère ? Maintenant que la bêtise était faîte, elle ne pourrait pas lui confisquer le dit objet mais elle n'était pas à l’abri de réprimandes pour avoir quitté le palais. Même si elle se doutait que sa mère était au courant de ses moindres faits et gestes, Atheas n'allait pas avouer directement s'être échappé de la surveillance de ses gardes, c'est Owain qui risquait d'être sanctionner après. Malgré toutes les petites évasions de la princesse, elle se fichait bien d'être enfermée dans ses quartiers mais elle ne voulait pas que ses ennuis retombent sur son garde personnel, qui a toujours été adorable avec la princesse et qui lui a souvent sauvé la mise. - Oh rien de bien intéressant ! J'avais envoyé une domestique chercher quelques fruits aux marchés. Même si ceux de la cuisines sont très bons, ils sont pas aussi frais que lorsqu'on les achète au paysan. Et sinon, que souhaitais-tu me dire ? Atheas avançait son pion et la partie de Myst continuait doucement, au rythme de la discussion. Pour le moment les deux femmes étaient au même point, mais dans ce jeu un simple petit déplacement peut reverser le cours de la partie. |
" Voilà ce que j'aime entendre", murmura t-elle en croisant les mains au dessus de la table. Elle était prête à se concentrer au maximum.
Elle aimait le style fonceur modéré que la princesse pouvait avoir dans le jeu. Comme elle savait qu'elle devait déployer toute sa force, elle semblait attendre la bonne opportunité pour foncer. La reine préparait sa défense en laissant un pion solitaire qu'elle protégeait de son mieux tandis qu'il traversait la majeure partie du terrain. Sa technique était plus visible que d'habitude, elle qui savait monter des plans d'attaque plus poussés. Elle savait qu'elle devait aussi se saisir de cette occasion pour lui parler. Certains sujets ne peuvent être dits ente deux deux portes. Allys voulait que son message soit entendu et qu'elle en tienne compte. Sa fille avait donc envoyé un domestique faire quelques courses pour les paysans... Ce mensonge aurait pu tenir la route... si la reine n'avait pas senti des frissons discrets la parcourir. Elle mordit légèrement les lèvres en se concentrant sur ses mouvements.
" Tu as toujours été un peu gourmande, je crois d'ailleurs que tu as des petites miettes sur toi. Tu as acheté à quel paysan cette fois ci ? Il y en a tant qui produisent de bons fruits. Je connais de bons vergers qui n'ont pas une grande ampleur, mais dont les fruits sont sucrés, sucrés... Je suis sûre que cela te plairait certainement. "
Allys ne savait plus comment procéder. Elle l'obligeait à être si sévère. Comme elle se fiait beaucoup à son pouvoir, comme il faisait partie d'elle, elle ne pouvait fuir le mensonge.
" Tu sais ... nous ne sommes que toutes les deux. Personne ne risque d'être blâmé dans cette pièce."
La reine ne comprenait pas pourquoi elle en venait à lui mentir, mais c'était sans doute pour préserver ses secrets. Les secrets peuvent mener très loin, elle aurait préféré que tout soit transparent. Elle avança son pion solitaire vers un endroit difficile où il était en danger. Son esprit s'était endormi, il était bien de trop focalisé sur ce qu'elle venait de ressentir. Elle le reprit bien vite en changeant sa direction, mais elle avait, par son erreur, montré une stratégie à adopter pour la coincer. Il y avait un chemin qui éviter son peloton et qui coincer son éclaireur. Il suivait ensuite de barre un accès pur que sa défense soit amoindrie. Tant pis elle avait bien saisi qu'elle venait de souligner sa faille, mais elle n'allait pas laisser son pion sans défense.
Le calme avant la tempête Allys Renmyrth • Atheas Renmyrth Sur le plateau, le jeu avançait tranquillement. Quant à la discussion, elle continuait également. A moitié concentrée sur le Myst et à moitié sur ce que sa mère lui disait, Atheas avait du mal à réfléchir sur deux tableaux en même temps : il fallait qu'elle choisisse prudemment ses positions pour ne pas se faire prendre en tenaille par la reine et il fallait qu'elle choisisse prudemment ces mots pour ne pas se faire griller. Si elle n'avait pas été sa fille, elle en aurait sans doute oublié le pouvoir de sa mère, mais elle en a été trop victime jeune pour l'oublier : imaginez son enfance. Tous les enfants mentent à leurs parents pour voir s'accorder des privilèges, exceptions... pour ne pas recevoir de punitions... Mais Allys n'a jamais cru aux mensonges de sa fille, même si par moment elle jouait le jeu, Atheas savait très bien qu'il était difficile de berner sa mère. - Tu as acheté à quel paysan cette fois ci ? [...] Tu sais ... nous ne sommes que toutes les deux. Personne ne risque d'être blâmé dans cette pièce. Tous en avançant un pion dans, ce qu'elle espérait, n'être pas une feinte de sa mère, Atheas réfléchis à ce qu'elle allait lui répondre. C'était bien une domestique qui était allée au marché : Atheas sous l’apparence d'une domestique, elle avait bien mangé des fruits : elle s'était arrêté au marchand de Groyave pour siroter un jus de fruit sur le chemin du retour. Mais effectivement elle avait fait quelques bêtises entre temps. Des choses qu'elles ne souhaitait pas dire à sa mère, pas sous peine de se faire gronder, les punitions n'étaient jamais insurmontables mais pour avoir son jardin secret. Si elle aimait tant la vadrouille, c'est parce qu'elle était seule et indépendante, elle n'avait personne sur le dos, personne pour lui dire quoi faire et où aller et personne pour la surveiller. - Tu sais mère, j'ai dix sept ans maintenant, j'ai le droit d'avoir mes secrets ! Sans vouloir te vexer, je pense que je suis en age de me débrouiller seule et de ne pas avoir à faire un rapport de tous mes faits et gestes. Elle ajouta alors une petite pique. Tu n'as qu'a questionner tes espions si tu veux savoir. Elle savait que les gestes de la princesse étaient surveillés. Non pas pour la surveiller Elle, mais pour veiller à sa sécurité soi disant. Si Atheas aimait son statut qui lui donnait droit quasiment à tous, parfois elle le maudissait de ne pas lui laisser autant de liberté qu'elle voudrait. Elle avait hâte que l'on retrouve son frère : au moins ils se concentreraient plus sur le fils héritier que sur elle. Atheas était passablement agacé par le fait que sa mère veuille lui tirer les vers du nez, et avança imprudemment un de ses pions sur le plateau, au centre de celui-ci. |
" Je ne souhaitais que discuter. Ton frère a disparu, je te vois peu ... J'aime avoir des renseignements en ce moment sans doute plus que d'habitude", s'excusa t-elle en soupirant. " Il n'en reste pas moins qu'il nous faut faire preuve de vigilance. "
Tout de même ... était-elle à ce point un loup ? A l'entendre, on aurait cru qu'elle l'empêchait de vivre sa vie. Elle retournait ses propos dans sa tête comme pour en chercher un sens qu'elle n'aurait pas saisi. Elle se redressa en adressant un regard dans lequel brûlait un certain agacement. Allys se demandait ce qu'elle lui avait fait pour qu'elle réagisse aussi rapidement à une simple remarque.
" Tu sembles bien agacée par mes questions... " souligna t-elle comme pour montrer sa motivation à comprendre et à envisager un autre point d'approche. Son but était de la mettre en sécurité non de la braquer, même si elel sentait que ce serait finalement,t l'issue de cette matinée. Le soleil s'invitait de plus en plus dans cette pièce mettant en avant ses coloris chaud et ses ornements travaillés. Elle était si agréable au lever du soleil, mais actuellement un certain embrasement se faisait sentir. La reine se sentait assise sur un appui instable pouvant se dérober à tout instant.
" J'ai eu peu de temps en ce moment, je m'en excuse, je souhaitais me rattraper comme je te l'ai dit. Tu sais bien que j'aime vous accorder de la place dans ma vie, tu es ma fille donc je suis curieuse.... dis moi ce qui me vaut une telle remarque... Que je demande à mes espions... ? Parle moi simplement Atheas, je ne cherche que cela... " dit-elle doucement.
Allys voulait le faire le plus doucement possible... si elle pouvait garder toutes deux leurs calmes respectifs tout se passerait bien.
Le calme avant la tempête Allys Renmyrth • Atheas Renmyrth Son frère. La question de son frère revenait encore sur le tableau. Atheas l'aimait bien son ainé, même s'ils s'entendaient comme chien et chat, mais il était ce qui la protégeait du fardeau de la couronne. Depuis sa disparition, elle avait été encore plus surveillait. Elle ne devait pas sortir du chateau, elle devait prévenir Owain de ses moindres déplacements... Rien de bien nouveau mais encore plus pesant pour elle. Elle aimait être la petite princesse oublié : elle pouvait bénéficier de son statut sans avoir les restrictions du couple royale. Elle aimait sa mère mais celle ci était encore plus protectrice depuis qu'Aeron avait disparu et cela l'étouffait. Compréhensible pour une maman mais injuste pour une enfant. - J'ai eu peu de temps en ce moment, je m'en excuse, je souhaitais me rattraper comme je te l'ai dit. Tu sais bien que j'aime vous accorder de la place dans ma vie, tu es ma fille donc je suis curieuse.... dis moi ce qui me vaut une telle remarque... Que je demande à mes espions... ? Parle moi simplement Atheas, je ne cherche que cela.. Atheas afficha une moue hésitante. Depuis toujours, il y avait la couronne dans leurs affaires de familles et les moments seule avec sa mère étaient rares et elle les appréciait. Mais comment cette dernière réagira-t-elle si elle a vent de toutes les escapades de sa fille ? Bien sur, elle devait se douter des fugues d'Atheas mais elle était en réalité bien loin du compte. Depuis quelques minutes, Atheas avait un mal fou à se concentrer sur la partie de Mist. Un nombre incalculable d'idées ou de phrases défilaient dans sa tête. Et l'énervement commençait à monter. Après tout, ce n'était encore qu'une jeune fille de dix sept ans, restée dans sa crise d'adolescense. - J'en ai mare de pas pouvoir sortir, de toujours être accompagnée, de pas pouvoir aller où je veux, jouer avec qui je veux. J'en ai mare d'être une princesse ! Tu veux que je te dise ? Oui je suis sortie en ville, oui je sors tout les jours en villes, même si tu me confines dans mes quartiers ça ne m'empêchera pas de partir ! Et comme on ne peut rien te cacher je vais encore finir enfermée dans ma chambre ! Au moins Aeron a de la chance d'avoir disparu, il n'est plus là ! Alors qu'elle avait commencé sa tirade d'un ton énervé, elle l'avait fini presque en criant. Mais regretta rapidement ses paroles. La disparition de son frère était un sujet délicat et la jeune fille ne savait rien de ce qu'elle pouvait endurer. Mais la colère avait vite pris place dans sa tête et elle n'avait qu'une envie, claquer la porte et s'enfuir dans la capitale. Loin de tout : loin du palais, loin de sa mère, loin de son père... |
" Si tu penses qu'il a de la chance... tu n'es pas obligée de rester. S'il y a bien une chose que je ne t'impose pas c'est ma présence. " répondit Allyss très sèchement comme si elle venait de prononcer une sentence. Elle lui prit la main comme si elle craignait qu'elle s'échappe avant qu'elle puisse finir en renversant les pièces. Elle venait de perdre la partie la plus importante de la journée. " Je me moque d'être la méchante, tu es une princesse, nous sommes dans un temps trouble. Tu ne t'éloignes pas de la Capitale, c'est mon seul ordre. Essaye de le suivre."
Ses mots sortaient de sa bouche comme mille épines, elle ne savait plus comment se comporter... Elle s'était levée comme si elle ne pouvait supporter d'être assise dans cette situation. Que tentait-elle de faire ? La faire sortir de ses gonds ? C'était chose faite. Elle la regardait droit dans les yeux dans l'attente de ce qu'elle lui dirait. Atheas n 'allait pas le suivre au vu des circonstances... Alllys ne pouvait tolérer qu'elle puisse proférer de telles horreurs. Elle sentait que son pouvoir s'était manifesté alors qu'elle parlait. C'était une chose de savoir la vérité, une autre de pouvoir accueillir des mots. Les mots pouvaient tuer et là elle se sentait agressée. Allyss lui avait montré une source d'inquiétude que sa fille n'était pas sans ignorer.... Et pourtant elle la cherchait là précisément comme si dans l'histoire tout ne tournait autour que d'elle. Seule dans l'histoire et détachée de sa famille.
" Tu ne veux plus être considérée comme une enfant, essaye de suivre mon seul ordre. Nous en rediscuterons par la suite. Tu ne facilites pas les choses Atheas... vraiment.", se désola t-elle.
Très clairement ? Elle avait l'impression que sa fille n'avait pas changé, au lieu de comprendre, elle attaquait. C’était bien beau de crier, mais ce n'était pas digne de son rôle ou de l'éducation qu'elle avait tenté de lui transmettre. Elle parlait à une adolescente cherchant à avoir raison. Elle était dépitée. Elle avait l'impression de ne rien contrôler ces jours-ci. Quelle idée de vouloir un tant soit peu discuter à ce sujet ? Sa fille lui criait dessus... elle qui tentait de le faire en douceur. Autant qu'elle se calme et qu'elles en discutent plus tard de cette réaction exagérée.
Le calme avant la tempête Allys Renmyrth • Atheas Renmyrth Toujours aussi énervée, Atheas resta abasourdie devant les paroles de sa mère. - Si tu penses qu'il a de la chance... tu n'es pas obligée de rester. S'il y a bien une chose que je ne t'impose pas c'est ma présence. Elle pensait qu'en la cherchant un peu, la reine finirait pas se ranger du côté de sa fille, de la rassurer et d'essayer de comprendre pourquoi elle détestait tant le palais. Mais au lieu de cela, Allys fit l'opposé de ce qu'attendait Atheas. Visiblement, cette dernière était allée trop loin, elle le savait mais maintenant impossible de retourner en arrière, sa fierté lui interdisait. Et comme visiblement sa mère ne semblait pas vouloir d'elle, elle comptait lui donner raison et partir. Elle se leva précipitamment mais Allys la retint et l'empêcha de sortir, renversant le plateau de jeu qui n'avait maintenant, plus aucun intérêt. - Je me moque d'être la méchante, tu es une princesse, nous sommes dans un temps trouble. Tu ne t'éloignes pas de la Capitale, c'est mon seul ordre. Essaye de le suivre. Atheas afficha un air faussement indigné et lui lança un regard glacial. - Ton seul ordre ? Tu ne sais faire que ça ! Donner des ordres ! Oh pardonnez moi votre altesse royale de ne pas rampez à vos pieds comme tous les sujets de ce palais ! Si je ne t'écoutes pas, qu'est ce que tu vas faire ? Me bannir comme une fugitive ? Tu peux rien faire ! Tu ne peux pas m'enfermer, tu ne peux pas m'empêcher de faire ce que je veux ! Alors arrête de te fatiguer et de me donner des ordres ! T'as beau être la reine tu peux rien faire ! Tout en criant sa tirade, Atheas avait activé son pouvoir et faisait défiler de nombreux visage sous les yeux de sa mère. Elle prenait l'apparence d'une domestique, d'une enfant, d'un mendiant, d'un marchand... Tous les visages qu'elle avait vu en ville. Elle lui montrait ainsi que si elle voulait disparaître, elle le pouvait aisément. Comme pour provoquer sa mère, elle fit même passer quelques secondes le visage de son frère : elle pouvait aussi prendre son apparence. Mais hors de question qu'elle le remplace et prenne son rôle. Elle fini par retrouver ses traits de princesse, suante après avoir activés tant de fois à la suite son pouvoir. - Tu ne veux plus être considérée comme une enfant, essaye de suivre mon seul ordre. Nous en rediscuterons par la suite. Tu ne facilites pas les choses Atheas... vraiment. Atheas tira d'un coup sec sa main pour faire lâcher sa mère et lui répondit d'une voix neutre et cassante : - Tu ne m'as jamais considérée comme une enfant ni même comme ta fille, je suis juste une princesse potentiellement héritière si Aeron ne revient pas. Les deux femmes se disputaient de temps à autre, mais avec l'atmosphère tendu de la disparition du prince, elles n'étaient jamais allée aussi loin et elles avaient certainement cassé quelque choses en elles, chacune de leurs côtés. Même si c'est sur le coup de la colère et de l'impulsivité, Atheas pensait chacun des mots qu'elle avait crié. Déçue du déroulement de ce qui devait être une après midi agréable entre une mère et sa fille, Atheas fit moqueusement une fausse révérence avant de tourner les talons. - Si vous voulez bien m'excusez votre altesse royale, je vais me retirer dans mes quartiers. Sur ses mots, elle n'attendit pas de réponse de sa mère et sorti de sa chambre en claquant la porte. Elle ne savait pas encore où aller et que faire mais une chose était sure, si elle retournait dans sa chambre dès maintenant, elle aurait un mal fou à y ressortir... Au détour d'un couloir, après avoir vérifier qu'aucun garde ne la suivait, elle se changea une dernière fois pour prendre l'apparence d'une domestique et faire disparaître Atheas... |
" Mais fais comme il te plaît Atheas... j'attendrai."
Allyss allait attendre un meilleur jour, une meilleure occasion où les paroles ne seraient pas des cris pour parler. Crier n'était pas la meilleure manière de s'entendre. Si sa fille voulait s'exprimer ainsi, elle serait une reine endurcie avec une voix glaciale. Elle donnerait des ordres et se réfugiait derrière son rôle sans fléchir. Elle la trouva ignoble... même si elle devait l'être tout autant. Elle n'écoutait plus rien, son pouvoir rien. Tous ces mots la mettaient hors d'elle.
" A bientôt Atheas. "
Jamais elle ne disait d'au revoir après une dispute, c'était sa manière de faire. Elle n'appréciait vraiment pas se quitter en ces termes, mais elles auraient le temps d'échanger plus tard. Sa fille partit en claquant la porte. La reine mit sa main droite sur son bras gauche, la serra fortement en baissant la tête... Le visage d'une mère s'exprimait enfin... Une mère qui cherchait sur la surface étincelante de cette rivière à s'y recueillir. Alors qu'elle se rapprochait de la fenêtre... elle jeta un regard au jeu foutu en l'air. Elle ramasserait tout .... mais elle allait attendre un peu. Le reflet de la vitre montrait une femme éclatante dans une robe d'apparat, le visage légèrement poudré. Son désarrois ne se voyait pas.. elle aurait voulu pourtant au moins ne pas se mentir à elle-même. Quelque chose restait bloqué dans sa gorge...
"Atheas... " murmura t-elle en s'asseyant sans chercher à faire quoi que ce soit.
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