Il y avait des tas et des tas d’avantages à la saison froide : les épisodes neigeux, les repas chauds, l’alcool… Mais il y avait malheureusement quelques points négatifs, et notre chère ministre était actuellement victime de l’un d’entre eux : en hiver, les maladies sont plus que jamais prêtes à attaquer. Et sur ce point, rare étaient les humains à être épargnés. Bien entendu, la ministre était une humaine comme les autres, et aujourd’hui elle s’était réveillée avec ce mal des plus romantiques. Il était impensable pour elle de travailler correctement dans ces conditions. Entre les maux de ventre réguliers et les allers-retour beaucoup trop fréquents, elle ne pouvait juste pas laisser la nature faire les choses et attendre que ça passe.
L’autre problème qui se posa fut celui de sa dignité. Il était hors de question d’aller voir un médecin en plein milieu de la capitale. Les rumeurs se répandaient beaucoup trop vite et, même si un médecin était supposé être plutôt discret à ce sujet, elle ne se faisait aucune illusion sur la capacité du peuple à inventer n’importe quelle histoire à la simple vue d’une ministre allant consulter. Pourtant elle était plutôt du genre proche du peuple, mais là tout de même il y avait des limites. C’est alors que lui vint la brillante idée de se rendre à la caserne. Les gardes avaient des médecins spécialisés, le genre qui avait vu les pires atrocités du monde. Et si on la voyait entrer à la caserne, ça n’aurait rien de bien inhabituel.
C’est alors assez rapidement, du moins le plus rapidement possible, qu’elle s’y rendit, chaudement habillée pour ne pas aggraver la maladie ou attraper autre chose sur le chemin, ce qui serait tout de même ironique. Une fois sur place, elle fut tout de même forcée de demander le chemin à un garde qui passait. Cela dit, si une rumeur se répandait, elle gardait son visage en mémoire et elle ne le raterait pas, il avait plutôt intérêt à bien se tenir. Elle frappa alors à la porte du médecin, s’annonçant naturellement.
"Nyx Anger, ministre de la justice."
Bon, elle n’avait pas prévenu de sa visite donc difficile de connaître l’objet de sa présence, surtout que ce n’était pas habituel d’un ministre autre que celui des armes de venir ici. Mais au moins, cela lui permettrait d’avoir une priorité sur d’autres gardes qui seraient aussi en mauvais état, même si une simple maladie, aussi disgracieuse soit-elle, n’avait pas le même degré de priorité qu’un blessé. Mais bon, il fallait bien user de ses privilèges parfois.
Pourtant, Wendy était une habituée des nuits difficiles … Mais elle reste humaine. Elle aussi est sensible aux effets de la période froide et bien qu’elle ne tombe pas malade facilement, cela lui prenait un peu d’énergie. Alors qu’elle se concentrait dans la lecture de dossier, confortablement assise dans son bureau, on toqua. Ce “on” n’était pas n’importe qui … La ministre de la justice, Nyx Anger.
La rousse se leva, passant une main sur son visage avant de se tapoter la joue. Du nerf ma fille ! Il faut se motiver ! Espérons juste que l'aristocrate ne sois pas présente pour lui faire des reproches, sans connaître la réalité de son travail. Car sinon, elle serait reçue d’une manière … Disons quelque peu brutale. Il faut dire que la fatigue ne la rendait pas patiente pour encaisser des remarques non fondées. Heureusement, sa fatigue n'impactait pas son travail qui était devenu un automatisme dans sa manière de penser et ce, grâce aux années. En attendant de savoir les raisons de sa venue, elle la traiterait comme n’importe quel patient. Avec le sourire et toute la douceur du monde.
En quelques pas, elle rejoint la porte et l’ouvre, souriant gentiment à celle qui serait sa patiente, lui laissant la possibilité de rentrer dans la salle d’auscultation. Wendy remarqua bien rapidement le teint pâle de sa peau. Tiens … C’est sans doute la maladie qui a amené la belle femme aux cheveux blond-roses jusqu’ici.
- Je suis le docteur Wendy Waltz ! Entrez, je vous en prie !
Elle ferme la porte derrière elle et lui indique une chaise où elle pourrait s’asseoir. Qu’elle se mette à son aise. Ici, tout reste secret. Puis la jeune et jolie rousse prit place à ce bureau, presque trop grand pour elle. Elle sortit une feuille, un stylo et se montra un peu plus sérieuse, bien que souriante et apaisante. Certains patients ont besoin d'être en confiance et détendu pour parler.
- En quoi suis-je vous aider ?
La question était simple mais ouvrait une choix de réponse large. Une inspection surprise ? Un rapport négatif ? Une maladie ? Les possibilités étaient multiples.
"Eh bien depuis ce matin j’ai de nombreux maux de ventre et je dois régulièrement m’absenter de mon bureau pour… vous voyez. Nul besoin de préciser que tout ça est très gênant pour travailler."
Nul besoin de rentrer dans les détails. Après tout, elle était médecin et même si elle semblait plutôt jeune, elle ne devait pas en être à son coup d’essai, surtout en cette saison.
"Je suis venue vers vous afin de compter sur votre efficacité et votre discrétion, j’espère que vous répondrez à mes attentes."
Il fallait la brosser dans le sens du poil. A vrai dire, elle ne connaissait rien du caractère de la dame, et dans sa position actuelle, elle avait tout à y perdre à vouloir jouer sur la branche autoritaire. Mais bon, si elle avait choisi d’être médecin, à la garde de surcroît, c’est qu’elle devait avoir un minimum l’envie d’aider son prochain. On pouvait également imaginer un caractère bien trempé qui l’aiderait à tenir tête à tous ces soldats entraînés au combat.
Dans l’immédiat, Nyx n’espérait qu’une chose. Une potion, une herbe, un onguent… N’importe quoi pourvu que ça puisse la soigner vite et bien. Cela dit, Wendy voudra sûrement l'ausculter avant afin de ne pas lui refiler n’importe quoi, à moins qu’elle ait un pouvoir de soin, ce qui pourrait être très utile. Mais malheureusement personne ne choisissait son pouvoir, et toute personne naissant avec un pouvoir de soin n’avait pas forcément vocation à en faire son métier. Mais si la nature était bien faite en même temps, il n’y aurait pas de maladies.
- Bien sûr, je comprend. Vous pouvez vous allonger sur la table d’auscultation et enlever votre haut ? Je vais jeter un oeil, histoire d’être sûre que ce n’est pas quelque chose d’autre.
La jeune médecin se leva de son bureau et chercha dans un tiroir quelques trucs, histoire de vérifier son stock de médicament. Puis, elle prit la direction de la ministre qui avait eu le temps de s’allonger là où elle l’avait demandé. Elle remonta alors ses manches et déposa ses mains froides sur le ventre de Nyx. La rouquine exerca une palpation, analysant les réactions du ventre de sa patiente ou bien même ses grimaces. Elle faisait attention de ne pas appuyer trop fort pour ne pas faire souffrir la ministre. Un petit gargouilli disgracieux s’échappe du dit ventre et rapidement, Wendy put poser le diagnostic sans aucun doute. Elle retira donc ses mains de la jeune femme et fit demi-tour, attrapant un sachet dans l’armoire qu’elle avait fouillé un peu plus tôt.
- Bon, c’est bien une gastro donc rien de grave … Je vais vous prescrire une poudre médicinale à mélanger avec votre nourriture. Une cuillère à café à chaque repas et dès demain, ce ne sera qu’un mauvais souvenir. Je vous conseille d’éviter de manger des oeufs et de consommer des produits laitiers pendant quelques jours aussi. Histoire de laisser votre ventre en paix pour qu’il s’en remette.
La rousse se tourna vers la politicienne et lui fit un grand sourire. Celle-ci avait dû avoir le temps de se rhabiller. Elle pourrait alors récupérer le sachet sur le bureau avec une note résumant les recommandations. Mais avant tout, Wendy devait poser quelques questions à sa patiente.
- Est-ce que vous dormez bien madame ? En plus de cette gastro, vous semblez particulièrement fatiguée. Vous pouvez parler, le secret médical ne me permet pas de parler de votre santé hors d'ici
Les iris vertes de la jolie jeune femme étaient plongées dans celles de la malade avec le plus grand des sérieux. Elle ne rigolait pas sur ce sujet et cela se voyait.
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