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Aeron ravala le soupir qui lui venait aux lèvres, y plaqua à la place un sourire de circonstance, joyeux, sympathique et ouvert. C’était à des kilomètres de ce qu’il éprouvait réellement, mais cela avait-il la moindre importance ? L’objectif principal était que cette occasion mondaine soit réussie, et pour cela, les hôtes, à savoir la famille royale, et leur représentant principal, le Prince, se devaient de véhiculer une impression de bonheur, afin de la transmettre à leurs sujets.
Et puis, comme avait dit un des nombreux psychologues qu’il avait dû consulter à son corps défendant, paraître heureux, c’était déjà la moitié de l’être.
Etrangement, il n’était pas convaincu, dans la mesure où le paraître représentait déjà la majeure partie de sa journée, sans que le résultat ne soit au rendez-vous. Mais il ne doutait pas qu’une journée de plus, deux peut-être, et ce serait une affaire entendue. Il se reprit alors qu’il commençait à nouveau à broyer du noir, se redressa dans la tenue sur-mesure faite par la couturière royale, et passa les portes après qu’un serviteur les aient ouvertes devant lui.
La salle était brillamment éclairée de cristaux qui renvoyaient un éclat blanc, identique à celui de la neige, et des flocons qui tombaient dehors. Le temps était froid, donc un feu brûlait vivement dans l’imposante cheminée. Au vu de la taille de la salle de réception, cependant, d’autres âtres plus petits étaient également alimentés, et constituaient des petites poches d’activité et de rassemblement.
Aeron écouta d’une oreille distraite le héraut qui annonça son entrée, et jaugea les nobles qui s’étaient immédiatement tourné dans sa direction. Il cligna des yeux, remonta la monture de ses lunettes, se passa la main dans les cheveux et regarda autour de lui s’il disposait à portée d’un moyen d’échapper à quelqu’un qui lui tiendrait la jambe pendant des heures pour lui parler de sujets qui n’intéressaient que lui.
Généralement, cela se résumait en lois à modifier, supprimer, ou faire passer, rencontres à faire avec la fille, la nièce, la petite-fille, bref, une enfant charmante d’une grande beauté qui n’avait d’égale que son intelligence, mais qui s’avérait généralement insipide, et d’autres occasions de se parler en tête à tête, car il y avait des choses à se dire.
Il avisa sa cible, et se dirigea directement vers elle, en regardant fixement devant lui.
Et si la salle était parée d'or, de broderies et de pourpres, l'officier se sentait plus en phase avec un des riboux jouant dans les jardins.
Il aurait presque préféré être la dehors, sur les murs ou sous les portes pour contrôler que rien ne venait troubler la quiétude des lieux.
Le brouaha constant usait sa patience et son gout pour le calme, surtout quand ce dernier, prit par petites bribes, n'était au final qu'un flot de parole incohérent.
Et si l'habitude pouvait vous faire plier à n'importe quelle contrainte... cette dernière se montrait encore tenace, et le blond du se faire violence pour ne pas ordonner à la basse-cours d'observer un mutisme aussi complet que salvateur.
Protéger, mais pas commander... Beaucoup fantasmaient sur sa place, sans en connaitre vraiment les enjeux.
On lui avait présenté des gens, puis d'autres auxquels il avait répondu aimablement sans vraiment s'y attarder… Le Maitre du guet intriguait, de par son physique, sa tenue ou sa position. Mais dans cette assemblée de vipère, il n'y voyait rien à gagner.
Un héraut annonça un nouveau convive, et seul le nom de Renmyrth lui fit bouger la tête, observant le premier né de la famille royale rentrer dans la pièce avec un air visiblement las.
Ce dernier jeta quelques coup d'œil, aux alentours avant de venir directement jusqu'à lui.
Les bras croisés, Arthorias avisa du jeune homme avec un sourire forcé par les circonstances.
-Oh Prince Aeron, déjà arrivé au bal à ce que je vois...
Il ne savait pas s'il devait le plaindre pour son rôle d'objet de convoitise, ou pour celui d'élément de décoration. Dans tout les cas... il ne l'enviait pas réellement...
Bien entendu, il restait toujours possible de le lancer sur d’autres thématiques, intimement liées à la Garde, son entraînement, son efficacité et ses équipements, si nécessaire, pour voir le jeune capitaine s’animer instantanément davantage.
Du coin de l’œil, le Prince vit que les nobles qui avaient tant tenu à lui mettre le grappin dessus venaient tous d’effectuer des virages serrés pour se tourner vers leurs voisins les plus proches, et ce afin de ne pas donner l’impression qu’ils venaient d’échouer dans leur tentative d’alpaguer l’héritier du Royaume. Son expression resta neutre, mais il ne s’empêcha pas de se féliciter mentalement pour sa célérité, ainsi que l’aubaine d’avoir le maître du guet si proche de la porte d’entrée.
« Capitaine Hekmatyar, un plaisir de vous voir ici. Je présume que la sécurité des lieux est à votre convenance ? »
Le Capitaine, de fait, était généralement le premier présent à chaque occasion afin de s’assurer qu’aucun traquenard n’attendait ceux qu’ils devaient protéger, aussi bien la famille royale que les ministres.
« Que pensez-vous des recrues de cette année, au fait ? »
Son père, le roi Grimvor, avait évoqué le sujet brièvement à table, et il semblait au Prince que c’était un excellent moyen d’avoir un autre avis, meilleur sans aucun doute, sur le sang frais qui n’allait pas tarder à rejoindre la prestigieuse Garde Royale.
A côté de lui, un serviteur se présenta avec une coupe de champagne ainsi qu’une petite assiette sur laquelle se trouvait de la salade assaisonnée au vinaigre de phume, ainsi qu’un potage au potimarron.
« Vous devriez goûter, le chef fait des ravages avec ce vinaigre et ce velouté. »
Malgré son pouvoir, l'homme n'avait jamais songé à faire avancer la cause de qui que ce soit, à par peut être celle de Luz qui avait attiré toute son attention.
Vouloir aider son prochain différait largement du programme de bien d'autres.
Observant la salade assaisonnée au vinaigre de phume, ainsi qu’un potage au potimarron l'officier finit par écouter le jeune prince, tachant au moins de savourer les mets de la soirée.
Peut être l'une des seule chose qui ne risquait pas de lui demander un appui.
-Les recrues de cette années ? Difficile à dire, ils sont à peine sortis du moule de l'académie, il va falloir reprendre depuis la base, mais j'ai bon espoir.
A vrai dire, il était difficile de jauger une recrue à peine arrivée, parfois des soldats mettait bien un an avant de dévoiler leur potentiel. Et l'officier tenait à laisser une chance à chacun. Contrairement à ce qu'on disait, chaque personne talentueuse avait sa place dans la garde royale. Il ne s'agissait pas que de rester campé sur un mur ou devant une porte.
-Disons que j'ai vu pire, un peu trop ancrés dans leurs idées d'être les premiers de leurs promotions, mais d'ici une lune ou deux, ils auront gagnés en modestie, comptez la dessus.
Si un garde royale se voulait au dessus des autres gardes, de par ses attributions et sa fonction, encore devait il le mériter. Et pour le moment, il ne les considérait pas encore comme de vrais gardes royaux.
Goutant le plat présenté, il ne put que constater les talents du chef
-Effectivement, j'ignorais que vous accordiez une grande importance aux plats, même si dans ce genre de soirée, c'est souvent la meilleure partie
Ainsi, fort de son emploi temporaire de serveur pour les festivités de la Couronne, le jeune homme déambulait entre les convives, participant au balai des flûtes de champagne et des plateaux de mignardises, un sourire ancré sur le visage, les yeux balayant avec avidité tout ce beau monde. Avidité et curiosité. Et peut-être faudrait-il préciser là qu’il n’était réellement pas tant jeune homme que jeune femme pour l’occasion. Ayant troqué ses formes usuelles pour celles féminines de Psolie - pour l'occasion travaillées de manière traditionnelle comme la magie du SAPIC ne fonctionnait guère dans l'enceinte du Palais - iel avait revêtu l’uniforme sévère mais propret des serveuses employées par la Couronne. Sa courte chevelure blonde avait gagné en centimètres à la faveur de rallonges d'une teinte similaire pour s’enfermer dans un chignon austère mais pratique ; ne restait que l’ambre de ses yeux pour trahir sa personnalité sous-jacente. Comme, probablement, sa maladresse et sa malchance.
Esquivant le potage au potimarron joliment présenté dans des verrines réhaussées de dorures, iel regarda le bol de cacahuètes qu’iel portait éjecter ses occupantes droit dans la salade luisant de vinaigre de phume – reconnaissable à son agréable parfum épicé – et retint une grimace fautive. Posant sagement la coupelle à distance du plat qu’iel venait de redécorer, iel récupéra l’un des plateaux garnis de petits fours et entreprit d’imiter ses collègues arpentant la pièce. Se faufilant entre les corps endimanchés, l’espion-ne se fondit au contact de ceux-ci pour proposer les gourmands canapés préparés par les cuisines. Et profiter des discussions en cours.
Rapidement aiguillés par les langues dépitées voire jalouses, ses yeux effleurèrent bientôt la blonde chevelure du Capitaine de la Garde Royale, et celle encore plus convoitée du Prince héritier. Distraitement, prenant garde à ne pas emmêler ses escarpins dans les cascades de tulle du groupe de jeunes femmes qu’iel avait approché armé-e de son plateau et de sa curiosité, Calixte se demanda si ces festivités reverraient Arthorias Hekmatyar au bras d’une nouvelle ministre.
- Parfaitement Mademoiselle Prêth, et nous avons prit un jour d’avance sur le temps annoncé. Voyez cette invitation comme un remerciement… Tout sourire il se saisit du bras de la demi chiraki, l’entoura autour du sien et la pria de faire son entrée à sa suite. - De toute façon ma cavalière s’était désistée, aucune chance que je me rende à un bal de la noblesse seul. Vous êtes roturière mais jolie. Ne vous inquiétez pas, vous ferez l’affaire.
Solveig prit une grande inspiration exaspérée tout en lançant un regard en coin au petit nobliau.
Si elle s’était attendu à ce qu’une simple escorte se finisse dans un tel endroit, nul doute qu’elle aurait indique à Yuduar dans quel tortueux et sombre endroit il pouvait se flanquer son contrat. Malheureusement elle n’avait pas vu le coup venir. Il y avait toutefois une chose qu’elle ne pouvait pas retirer à Alton, qui lui prenait toujours le bras, se pavanant comme un paon ; il avait du goût. Toute coquette qu’elle était, jamais de tels bijoux, ni tissu ne lui avait été prêté. Loin d’être noble et encore moins d’en adopter les manières, Solveig en avait tout l’air. Néanmoins il suffisait de lui adresser quelques mots pour qu’elle ne trahisse ses origines modestes. Qu’à cela ne tienne, il lui suffirait de ne piper mot et tout se passerait bien. Si tant est qu’elle fut capable de tenir sa langue au moins une fois dans sa vie.
Maintenant qu’ils étaient au centre de la pièce et surtout que tout les sens de la jeune femme avait été amoindrit par le détestable dôme de protection palatiale, Alton décida qu’il serait bon d’aller discuter avec quelques pontes de la noblesse et pour cela il lui fallait être seul. Présenter un joli minois à son bras était une chose, encore fallait-il être capable de l’empêcher de parler et le noble, loin d’être sot, préférait ne pas risquer quoi que ce soit. Plus que jamais la jeune femme remercia sa médiocre ascendance. Dès que son cavalier s’en fut vers un groupe sur leur droite, elle fila à l’opposé.
Tout en avançant avec une étrange aisance à travers la foule de convive, elle tentait de planifier un plan qui ferait prendre la poudre d’escampette à Alton. Filer en douce de la soirée lui vaudrait des réprimandes et de ce que lui avait indiqué son supérieur, la famille du noble faisait souvent appel à leur service en plus d’être une des maisons de haute noblesse, il serait plus que malvenu de leur faire affront. Encore plus venant d’une valkyrie. Un faux et c’était elle qui mettrait à mal la réputation de son bataillon. Mais il y avait bien d’autre stratagème qu’une fuite pure et simple. Cela se manifesta d’ailleurs sous la forme d’une petit bol de soupe au potimarron.
- Par la sainte, qui offre une soupe au potimarron pendant un bal… Enfin ça fera l’affaire. Excusez moi ! Dit-elle pour interrompre le serveur qui n’eut d’ailleurs pas le temps de dire quoi que soit. La valkyrie s’empara du bol et l’avala d’une traite avant de le reposer sur la plateau. - Dites moi qu’il y avait de l’oignon dedans… Il secoua la tête. - Aaaah… C’est un loupé… Quel enfer. Et à la place elle attrapa la coupe de champagne qui se trouvait là.
La bouche d’Aeron se referma immédiatement et ses yeux s’étrécirent quand il remarqua qu’une jeune femme venait de se saisir de la soupe qui se trouvait sur le plateau qui lui était manifestement tendu et destiné, et de tout avaler devant ses yeux. En réalité, l’exploit se situait davantage dans la capacité d’avaler cul sec, sans la moindre hésitation, un potage absolument tellement brûlant que de la fumée s’en dégageait encore. La coupe de champagne ne serait pas de trop pour rafraîchir la langue de la coupable.
Le serviteur resta figé quelques secondes, autrement plus surpris.
Sur un signe du prince, un autre majordome s’approcha avec un plateau chargé.
« Vous devriez vous servir, Capitaine Hekmatyar. A ce rythme, il n’est pas certain qu’il en reste, autrement, fit-il en jetant un regard en coin à l’inconnue. »
Elle lui rappelait définitivement quelqu’un, mais c’était le cas de la majorité des gens qui se trouvaient en ce lieu, après tout, et qu’il avait eu l’occasion de croiser à une mondanité ou une autre. De plus, elle était manifestement accompagnée de son mari, un fier noble à l’expression altière, et que sa tenue mettait très avantageusement en valeur, en tout cas suffisamment pour attirer son propre lot de regards de la part des jeunes femmes nobles qui les entouraient. Et ce n’était pas peu dire, quand il se trouvait aussi proche du Prince, qui avait depuis toujours l’habitude d’attirer bien trop l’attention, de part son héritage.
Aeron attrapa donc le potage chaud qui lui était tendu, et le but à petites gorgées en reportant son attention sur le Capitaine de la Garde Royale, et en tournant ostensiblement le dos au couple d’inconnus. Les occasions sociales, c’était également faire montre de subtilité et d’élégance, et il était déjà magnanime en laissant filer un acte aussi incorrect qu’absurde. Lucy l’aura déjà punie en lui brûlant l’intérieur de la bouche.
« Nul doute que vous parviendrez à faire de ces jeunes recrues l’élite de la Garde qu’est la Garde Royale. »
Ayant bu le potage, il attrapa agilement une coupe de champagne qui passait à proximité et y trempa les lèvres, s’assurant ainsi d’avoir quelque chose en main.
« Oui, même la chère et la boisson constituent des détails importants dans ces occasions, vous le comprendrez aisément. »
Fort heureusement, la sécurité était bien présente ce soir et nul doutes que les nobles les plus emportés par l'alcool ou quoi que ce soit d'autre serait promptement éjectés par les soldats royaux
Observant avec un air amusé la jeune femme chiper la soupe du prince, il retint un sourire pour éviter une quelconque méprise. Mais voir l'héritier chéri du couple royal se faire voler sa soupe sous le nez avait quelque chose d'ironique qui n'échappa pas à l'officier.
-Bonne idée
Dit il en empoignant un petit bol qu'il vida doucement avant de le reposer. Pas forcément son plat favoris, mais au moins cela le maintiendrait un minimum alerte pour le reste de la soirée.
La voleuse en question enchainait déjà sur une coupe de champagne signe qu'elle n'était pas vraiment dans l'optique de rester sobre ce soir...
-Espérons, mais je préfère parler de soldats spécialisés, le terme élite n'est qu'un qualificatif général, ils sont certes plus compétent au combat et ont plus de responsabilités que les gardes lambda, mais ne possèdent pas forcément leurs pléthore de talents.
A ce jour aucuns d'entre eux ne sauraient intervenir en milieu marin, chose que nos confrères du Grand Port maitrise bien.
A chaque régiment ses spécificité, n'en déplaisent à bien des gens. Et si un soldat royal valait bien une dizaines de civils en terme d'efficacité pure, bien des facteurs entraient en compte.
Mais c'était un point que bien peu pouvaient prendre en compte de manière objective.
-Je le comprend oui, même si de vous à moi, je ne suis guère friand de ce genre de soirées, et j'ai cru comprendre que vous non plus
Il y avait là quelque chose de grisant à pouvoir aussi aisément se promener par les passages les plus discrets de la royale bâtisse, à emprunter les routes dissimulées pour traverser l’auguste lieu. En toute impunité, en toute liberté. Ou presque. Iel était certain-e que si ses pas devaient trop dévier de leur chemin initial, l’un de ses collègues de la Royal lo rattraperait rapidement pour lo rappeler à l’ordre. Et comme l’espion-ne était joueur-se mais pas suicidaire, iel poursuivit sagement jusqu’aux cuisines de la Couronne.
Iel les sentit avant de les découvrir, délicatement en haut de marches usées par les âges puis intensément au détour d’un nouveau coude. Et lorsque son regard se posa enfin sur le balai des cuisiniers et de leurs commis évoluant dans un décor tout aussi faste que celui de la salle de bal, iel ne put s’empêcher de s’arrêter un instant, transit-e d’émerveillement. Iel fut cependant rapidement rappelé-e à l’ordre par l’un des majordomes orchestrant le bon déroulement des festivités, et dans un sursaut coupable se dépêcha de ramener son chargement là où il serait nettoyé avant d’être à nouveau garni de mets toujours plus délectables les uns que les autres.
- Comment ça s’passe là-haut ? l’interrogea l’un des commis dont le travail effréné n’avait usé ni la curiosité ni l’amabilité.
- Plutôt bien. Mais la soirée est encore jeune, répondit Calixte légèrement surpris-e d’être ainsi abordé-e.
Mais iel n’allait pas cracher dessus. Iel était plutôt sociable, et toute source de potins était bonne à prendre. Une petite tasse remplie d’un café serré apparut soudainement entre ses mains, et après un regard interrogateur, iel décida de l’avaler.
- T’en auras besoin si la soirée est encore jeune. File-moi vite ta tasse avant que Rillette ne nous voie ! Et prends ces deux plateaux-là.
Acquiesçant, Calixte finit le breuvage qui lui brûla la langue, et attrapa les nouvelles fournées de petits-fours à monter en salle.
- T’as qui dans ton viseur ?
Le commis lui sourit.
- Comme tout l’monde, non ?
Et avant de se faire à nouveau réprimander, iel lui sourit à son tour et retourna d’un pas léger vers le cœur des festivités.
Le soir du bal, Fedora descend de sa diligence. Francis, son cocher, lui ouvre la porte et l'aide à mettre pied à terre. Pour l'occasion, elle porte une robe rouge dont le buste est - comme souvent - un corset, elle regarde un instant Francis qui lui sourit gentiment et hoche la tête avant de se diriger vers les marches du palais. Lentement, doucement, prudemment elle approche en regardant tout autours d'elle, c'est qu'elle n'a jamais vu ce lieu de si proche! Arrivant devant les gardes postés devant l'entrée, elle remarque leur regard surpris - voir même méfiant - sans aucun doute dû à son apparence. Cependant, lorsqu'elle se présente en tendant tremblotante son invitation, on lui permet le passage! Elle ne demande pas son reste, un dernier regard vers le cocher qui l'encourage à entrer et la voici maintenant dans le bâtiment... Sans trop savoir pour quelle raison, elle se sent étrange, est-ce l'inquiétude? Le stress? Ou simplement l'impression que lui fait l'endroit? Elle l'ignore mais elle pousse un profond soupire se rendant soudainement compte qu'elle peut souffler? Plus que cela, elle respire! Et pourquoi se sent-elle tellement serrée dans cette robe? De plus d'où lui vient justement cette sensation?
Un regard vers le bas et elle se rend compte de la réalité : elle est humaine? À nouveau humaine! Sa lèvre tremblote, ses yeux s'humidifient, des larmes de joies coulent sur son visage! Soudain une vois l'interpelle.
"Mademoiselle? Tout va bien?"
Un garde, patrouillant sans doute dans le palais! Elle veut répondre mais, le souffle lui manque, pourquoi ce corset est-il si serré? Elle respire difficilement mais doit absolument s'exprimer! Heureusement, elle a l'habitude de parler rapidement, la chance de ne pas avoir de souffle même si cette fois, cela risque de poser problème.
"Veuillez m'excuser mais peut-être pourriez-vous m'aider? Je ne désire pas vous importuner ou de votre travaille vous détourner, malheureusement je suis quelques peu embêtée! Ma robe est soudainement bien trop serré et... Comme sans doute vous l'entendez. j'ai bien du mal à respirer! Un problème d'autant plus pénible que je n'y suis pas habituée! J'ai dans mon sac tout le nécessaire pour y remédier mais il me faudrait un lieu pour pouvoir me changer."
Bien qu'interloqué par les propos de la poupée, le garde finit par simplement bouger la tête afin de la hocher. Visiblement il ne comprends pas spécialement mais décide d'aider cependant. Ainsi, la demoiselle redevenu humaine et ce garde définitivement bien aidant se déplace rapidement et, chemin faisant, passe non loin de la salle dans laquelle se tient le bal! Les salles de bains des invités sont finalement désignés et après un remerciement bien mérité, le garde se sépare de la jeune poupée. Fedora une fois sur place ferme derrière elle la porte, se saisit dans son sac d'une aiguille et de fil - indispensables lorsqu'on est une poupée pouvant se couper - et ôte sa robe afin d'y appliquer les retouches nécessaire à la réajuster. N'étant pas grande couturière elle ne fait pas de miracle mais au moins il lui est maintenant possible de respirer lorsqu'elle enfile une nouvelle fois ses vêtements.
Elle se regarde un instant dans un miroir, souriant devant son reflet lui montrant une demoiselle de chaire. "Après tant de temps avec du tissu à la place de la peau, me revoici enfin humaine à nouveau." Dit-elle pour elle-même. Elle se détourne cependant de ce reflet, sans savoir si cela est définitif autant en profiter, pour la première fois elle va pouvoir être elle sans que les regard et les insultes ne la suive! Une chance qu'elle serait bête de ne pas saisir! De plus, combien de temps cela fait-il qu'elle n'a pas mangé? Bien trop longtemps puisque son ventre se fait entendre, grognement signalant qu'il réclame sa pitance. Quittant le couvert de la salle de bain, la jeune demoiselle se dirige vers les quelques convives qui sont déjà proche d'un serveur avec un plateau, s'invitant bien malgré elle à côté de deux hommes en train de discuter, elle regarde mais doit bien avouer qu'elle n'a aucune idée de ce qu'ils peuvent bien manger, il faut dire que cela fait bien longtemps qu'elle n'a eut besoin de se nourir.
"Excusez-moi..." Dit-elle d'une petite voix en tapant tout doucement sur l'épaule du jeune homme blond. "Navré de vous interrompre mais peut-etre pourriez-vous me renseigner?
Cela fait bien longtemps que je n'ai eu besoin de me sustenter.
Est-ce un potage que vous déguster?
Puis-je simplement me servir ou certaines règles sont à observer?
Oh mais veuillez m'excuser!
Je vous interroge sans même me présenter!" Réaliste-t-elle soudainement, faisant une petit révérence - lui permettant de reprendre son souffle - elle reprend de plus belle. "Je me nomme Fedora! Je doute que vous ayez entendu parler de moi, généralement on ne me nomme pas! D'ailleurs on ne m'invite jamais c'est bien la première fois. Oh mais encore, alors que je vous dérange, je m'égard! Pardonnez cet écart, je voulais - à la base - juste savoir si je peux me servir librement ce soir?" Conclue-t-elle, n'ayant visiblement pas perdue sa mauvaise habitude de parler beaucoup trop.
Et la vigilance en était un.
Malgré le prétoriens dans la salle, et la sécurité de la bulle anti-magie, qui pouvait lui garantir que la famille royale était en sécurité ? Un noble pouvait cacher une dague, ou une coupe du poison.
Malgré les contrôle, rien n'était jamais aussi simple que ça.
Quelque chose frappa contre son épaulière, un léger coup d'avantage destiné à attirer l'attention que lui faire le moindre mal. Se retournant, Arthorias découvrit une jeune femme brune à l'air visiblement gêné...
Et si la surprise le gagna quelque peu, car aucuns nobles habitué n'aurait demandé la moindre permission, il finit par sourire devant la candeur de la jeune femme.
-Et bien enchanté Fedora. Je me nomme Arthorias
Commença t'il avant de chercher le nom dans la longue liste des invités qu'il avait en mémoire.
-Dans banquet donné à Noël par la royauté
Vous êtes libre de prendre tout les plats que vous voyez
Un potage comme le miens, du champagne comme sa majesté
N'ayez donc pas de honte à vous restaurer
Après une petite révérence, il l'observa des pieds à la tête. Le physique ne lui était pas familier, et sans doute n'avait il jamais croisé la demoiselle avant. Mais ce bal réunissait bien des nobles et si elle était précise, sa mémoire n'était pas parfaite pour autant.
-Nous en somme aux entrée, mais j'ai ouïe dire qu'ils serviraient bientôt quelque chose de plus consistant, de la viande je crois, dépêchez vous de prendre un potage tant qu'il en reste
Dit il avec un sourire en interrompant un serveur pour l'amener à Fedora. Nul besoin de se montrer froid avec chaque noble surtout quand ce dernier se montrait poli
- La noblesse et ses lubies… Pouffa-t-elle tout en observant la jeune fille avec attention. - Ooooh, quelque chose de plus consistant ! Poursuivit-elle en commentaire avant de se placer aux côtés de l’homme qui lui servait de cachette jusque ici. - Vous êtes garde ? demanda-t-elle de but en blanc à l'homme aux traits les plus fins dès qu’il eut finit de répondre à la dénommé Fedora. C’était une question un peu idiote, la réponse ne laissait pas franchement place au doute. Mais la mémoire de Solveig était mauvaise, en plus de ne posséder quasiment aucun filtre entre sa bouche et son cerveau, et si le prénom d’Arthorias sonnait comme commun à ses oreilles rien de concret ne lui revenait. Tout comme le visage de celui qui se tenait à ses côtés d’un air terriblement bougon. - Ah, au fait, je suis…
- Solveig ? Héla la voix d’Alton dans son dos, lui arrachant un irrépressible frisson. En deux temps trois mouvements la demi chiraki se retrouva derrière Fedora. Avec tout autant de rapidité elle saisit le bras du blond et les obligea à se tenir au plus proche, épaule contre épaule, créant ainsi un petit rempart humain, puis sans grâce aucune elle se baissa afin de se dissimuler du mieux qu’elle pouvait. L’instant suivant Alton prenait la place qu’elle occupait une seconde avant.
- Prince, capitaine, dit-il en les saluant bassement.
Ma demande va vous sembler incongrue
Mais malheureusement mon amie s’est perdu
L’auriez vous vu déambuler ?
J’en serais rassuré !
Je suis persuadé de l’avoir vu passer…
- Non, non, non, personne ne m’a vu ! Répétait la valkyrie en boucle, avec espoir que les deux invités l’entendent et ne vendent pas la mèche.
Aeron observa l’inconnue, une nouvelle de plus, accoster le capitaine de la Garde Royale, puis l’autre qui lui avait subtilisé le premier potage se blottir derrière ces deux-là alors même que son cavalier venait la chercher, muni d’un poème. A la réflexion, Arthorias Hekmatyar avait également improvisé quelques vers, et le Prince se demanda avec amusement s’il s’agissait d’une nouvelle mode de la cour ou bien si une petite potion surprise s’était glissée dans le potage ou le champagne, afin de pimenter quelque peu la soirée.
Certaines personnes parmi les organisateurs étaient, après tout, friands de ce genre de surprises.
Celui lui permettrait qui plus est de faire preuve d’une certaine agilité, et lui rappellerait l’époque maintenant semblait-il lointaine où il avait dévoré les écrits des plus grands poètes des siècles passés. Il adressa une inclinaison de la tête au noble qui venait de les rejoindre, à la recherche d’une dénommée Solveig, et prit la parole.
« Nous n’avons vu nulle Solveig,
Certains argueraient de votre pègue
Mais est-il plus grande joie
Que la traque de celle que l’on choit ?
Ainsi donc je vous encourage
Sans aucune trace de rage
A persévérer dans votre effort
Pour retrouver l’élue de votre cœur. »
Certes, la dernière rime jouait sur la similarité de consonnance plutôt que la richesse, mais elle permettait justement un double sens avec le mot ‘’corps’’, qu’il appuyait d’un léger clin d’œil. Au final, il était plutôt satisfait de ce qu’il venait de produire à la volée, et les mots lui étaient venus tout seul. Décidément, il y avait probablement quelque chose dans le potage, et il ne manquerait pas de s’en assurer le lendemain, en allant questionner directement le chef cuisinier.
« Ne ménagez pas vos efforts, votre Dame Solveig est sûrement partie échanger avec d’autres convives. Avez-vous essayé de regarder plus loin ? »
Le Prince pointa vers le fond de la salle de réception. Bien sûr, il aurait pu montrer directement la jeune femme, mais elle avait déjà été punie par la soupe brûlante, et ne tenait manifestement pas à être trouvée de suite. C’était peut-être afin de faire monter la tension entre eux, qu’en savait-il ? Donc il se résolut à ne pas gâcher leur soirée de plaisir. Après tout, c’était l’objectif premier de ce bal, s’assurer que chacun passe un bon moment.
Au départ du noble, il se tourna vers le capitaine et les deux jeunes femmes.
« J’ose croire que le plat de résistance sera à la hauteur de vos espérances. Pour être même tout à fait transparent, je n’en doute pas une seconde. »
Et cela n’était sans doute pas étonnant, car le petit regroupement qui s’était formé dans l’entourage immédiat d’Aeron Renmyrth était des plus incongrus. Pas tant par la présence du Capitaine de la Garde Royale, mais plutôt par les deux jeunes femmes, et le Noble, qui avaient osé s’immiscer dans la bulle formée par l’auguste duo de personnages. Arquant un sourcil surpris aux visages familiers mais presque étrangers dans cette configuration particulière, l’espion-ne redirigea ses pas vers l’un de ses collègues sous couverture. Il n’était après tout pas inhabituel pour la Civile de prêter main forte à la Royale pour ce type d’occasion, et si quelqu’un devait se déguiser… le choix était vite fait. Distribuant ses dernières flûtes, Calixte se glissa auprès de Réno – dont la silhouette avait aussi été modifiée par quelques préparations dont lo coursier-e était particulièrement fier-e et amusé-e – et entreprit de récupérer quelques petits-fours tout en gardant un œil sur le groupe mal assorti.
- Tu trouves pas que…
- Ouais, avec son Altesse… ?
- Celle qui a l’air en détresse…
- Celle qui a une jolie paire de fesses ?
- De mon point de vue elles sont toutes enchanteresses.
Il y eut un silence. Puis ils rirent doucement sous cape, comme deux gamins fiers de leurs bêtises.
- Si elle nous repère, ça risque d’être comique.
- Si elle te repère, ou si elle me repère ?
- Pas faux, hé. Et c’est qui le bellâtre qui la cherche derrière l’étrange mur de… hé, elle est bizarrement finie la jeune, là.
- Elle est très gentille « la jeune, là ».
- J’sais pas, t’as vu ses dents ?
Levant les yeux au ciel, décidant qu’iel en avait suffisamment entendu et qu’il était temps de reprendre un service plus actif, Calixte se détacha de son ami pour se remettre à déambuler dans la pièce. Un plateau dans chaque main, iel veilla à rester non loin des cinq protagonistes. A la fois intrigué-e et fasciné-e. Son regard passa de la silhouette austère du Prince à celle martiale d’Arthorias Hekmatyar, avant de glisser sur celle atypique de Dame Sanward, puis de faire un crochet par le Noble qui apostrophait les hommes du groupe. Avant d’irrésistiblement être happé par celle, lumineuse, de Solveig. Iel ne l’avait jamais vue aussi richement parée, et il fallait admettre que la luxueuse toilette avait le don de mettre joliment en valeur ses atours. Un sourire aux lèvres, iel poursuivit sa tournée.
Arthorias se retrouvait collé à Fedora, observant de toute sa hauteur le petit noble, ses deux yeux perçant le paon qui tentait de faire bonne figure, déglutissant légèrement quand il se retrouva avec la plaque d'armure gravée à la hauteur des yeux.
Un haussement de sourcil fut la seule trace d'agacement qui apparut sur son visage quand l'amant d'un soir de la demi chirakii chercha à regarder entre eux.
Une trace légère qui suffit à le faire déguerpir, encouragé par le prince. Et voilà qu'ils restaient les quatre même, attendant un plat qui tarderait surement à arriver.
Se tournant vers la jeune femme il lui offrit un sourire avant de lui assurer que son prétendant n'était plus là.
-Mademoiselle ? Je pense que vous n'avez plus à vous en faire pour le moment, mais j'ignorais que la but d'un bal était de fuir son partenaire.
S'il avait sut qu'elle était autant là par dépit que lui, sans doute l'officier aurait-il chercher à lui offrir une porte de sortie. Mais quoi qu'il en soit, il tira un petit papier de sa poche, sur lequel il dessina un plan rapide des alentours, montrant un chemin de repli pour la jeune femme.
-Si d'aventure un besoin de s'isoler de votre ami se faisait sentir, suivez ce plan il vous mènera à un endroit ou il ne pourra vous suivre
Dit il avec bienveillance en refermant la main de la jeune femme sur le maigre cadeau, les gantelets métalliques claquant doucement sous l'action de l'officier
*Oh non oh non!* Se dit-elle. *J'ai fais une énorme bêtise* Pense-t-elle! Mais alors qu'elle s'apprête à s'excuser en fuyant son erreur, voici qu'une belle demoiselle apparaît! La noblesse et c'est lubies? Cela impliquerait qu'elle ne soit pas noble? N'y a-t-il donc pas que des nobles? Nouvelle lueur d'espoir alors que soudain, la voici collée au gentil Arthorias! Quelle est cette drôle de sensation qu'elle ressent? Elle rougit? Elle peut même faire cela à présent? Pas le temps d'y réfléchir un homme apparaît et vu comme la jeune inconnue - qui se nomme sans doute Solveig - se cache, nul doute qu'il n'est pas une bonne compagnie pour elle. Elle se resserre un peu plus proche d'Arthorias pour cacher la belle hybride, ayant l'habitude de devoir traiter avec des hommes tels que celui-là depuis qu'elle a reprit les affaire familiales. L'homme est mit en déroute pas le prince et, alors qu'Arthorias offre une échappatoire à la jeune femme, Fedora prend son courage à demain approchant du prince.
"Monsieur..." Commence-t-elle avant de pencher la tête sur le côté semblant réfléchir. "Non... Pas ainsi!" Se dit-elle plus pour elle-même. "Votre majesté? Oui c'est mieux!" Conclue-t-elle. "Votre majesté, je m'excuse d'avoir interrompu votre conversation!" Affirme-t-elle... Il manque quelque chose mais quoi? Elle regarde à droite et à gauche avant de voir un serveur passer avec des petits fours. Ce n'est pas encore la viande promise mais ce n'est plus du potage! Manquant définitivement de bienséance, Fedora s'excuse et court vers le serveur pour lui voler deux bouchées avant de revenir vers le prince et lui en tendre une. "Un de mes amis dit que la nourriture permet de faciliter les conversations!" Affirme-t-elle en souriant de son grand, beau et plus réellement effrayant sourire bien que ses petites quenottes soient encore pointues. "Voici donc un cadeau pour me faire pardonner! Je ne l'ai pas fais mais, c'est l'intention qui compte! Je suis Fedora Sanward, j'ignore si vous l'aviez entendu précédemment!"
À la toute base c’est un courrier de Fedora lui disant qu’elle allait participer à cette soirée qui avait fait qu’il avait voulu venir. Il avait cru, naïvement, comme un bon pignouf, qu’il allait pouvoir entrer comme ça, profiter des petits fours et taper la discussion avec son amie comme si tout était normal. Seulement le palais ce n’est pas un moulin, puis même un moulin cela ne laisse pas rentrer le premier pécore du coin, comme lui l’avait fait très remarqué sa mère. Comme le fait que le palais n’était pas une garderie et qu’il n’allait pas pouvoir garder son fils dans les cuisines comme il faisait en temps normal, il ne faut pas abuser. D’où le séjour chez papy et mamie pour la soirée.
Bref, tout cela pour dire qu’à la base il a été engagé en cuisine, c’est bien les cuisines, c’est son domaine de compétence et tout se passait bien. Il est même certain d’avoir eu quelque bon retour pour son enseigne pour de prochain événement pour la couronne, mais en cuisine on ne rencontre pas les invités. Logique. Du coup, il avait dû refaire des pieds et des mains pour avoir aidé en service, vraiment, ça frôlait le ridicule, au moins il était tout sauf discret dans ses mouvements et personne ne pourrait dire qu’il avait tenté de faire cela en douce. Est-ce que ce n’était pas encore pire en fait ?
Donc, le voilà, avec un plateau rempli de petit four, son paquet cadeau dans son veston, emballer de manière de plus en plus grossière à force qu’on lui demande de rouvrir le paquet pour en vérifier la contenue, heureusement qu’il n’avait rien pris de magique, même avec le dôme anti-magie il n’était pas certain que cela serait passer dans la salle de bal. Maintenant il était avec un nouveau souci, parce comme dit plus haut, on était sous la coupole anti magie du palais et du coup, logique, Fedora n’avait plus son apparence habituelle. Il n’avait, bien entendu, pas pris le temps de faire un crochet par chez la demoiselle pour demander des renseignements à Wilfred sûrs de comment elle pouvait être sous sa forme humaine, non, ça aurait été trop simple…
Il allait demander à la première personne qui passait quand il vit très clairement Solveig lui passer devant le nez. Ah ! Mais c’est qu’il y a du monde qu’il connaît en plus en fait ! Mince ! Il ne lui a pas prévu de cadeau aussi, il ne savait pas qu’elle serait là aussi. Est-ce que du coup, comme il avait un cadeau pour Fedora et qu’elle le voyait elle n’allait pas se faire des films comme Java ? Est-ce que c’était des films ? Qu’est-ce qu’un film en plus ? Ça n’existe même pas ici, mais reprenons nos moutons pour les conduire au prêt. Donc, très courageusement, il fit mine de se planquer derrière son plateau de petit four, la pire planque du monde, il eut juste le droit à des regards en coin moqueurs de nobles présents, alors qu’il cherchait des yeux son amie. Vraiment, c’était du n’importe quoi pour un pauvre paquet moche.
C’est la voix de cette dernière et son flot de paroles qui percuta ses oreilles à force de faire le tour de la salle avec ses divers plateaux de petit four. Oui, parce que voilà, il lui a fallu un temps et qu’il a accompli correctement son travail entre temps, parce qu’un domestique, louche en plus, qui ne fait pas son travail cela est jeter hors de la salle. Il a même cru que ça aller arriver par deux fois, mais heureusement pour lui Lucy était avec lui. Reprenons, il a donc trouvé Fedora, en pleine discussion avec le prince, même si certain dirais monologue vu la situation, mais passons. Donc, bien entendu, il se fait des milliers d’histoires toutes fausses sur un rapprochement entre le prince et son amie, parce que c’est un boulet et qu’il se fait définitivement beaucoup trop d’histoire rocambolesque avec Fedora en personnage principal dedans. Il va pour faire demi-tour, mais se reprends, il n’a pas fait tous ses efforts pour ne pas lui offrir son cadeau à Melta et lui maintenant. Puis il lui reste encore du boulot pour avoir sa paye et pas une mauvaise réputation pour son enseigne.
Une grande inspiration, cinq à six prières à Lucy et deux bousculades sur sa personne plus tard, le voilà qui s’avance vers le duo. Rapidement et il attrape son cadeau et l’offre à la poupée, non-poupée, assez mignonne, ce n’est pas le moment de penser à cela Faolan, bordel c’est quoi cette scène ridicule sortir du dernier roman à l’eau de rose de ta mère ? Donc il donne le paquet, qui contient un livre sur les ruines et civilisations oublié, c’était une copie d’un livre qui avait l’air pas mal cool au village perché, ainsi marque page fantaisie en argent dont le haut représentait une fée stylisée.
— Cadeau mademoiselle, passez une bonne soirée…
Et aussitôt fait, aussitôt il tenta une fuite en bon éduforme, parce que comment ne pas rendre cette scène encore plus clichée et gênante pour lui qu’avec une fuite juste après son geste ? Surement avec une chute, mais ce n’est pas pour tout de suite.
Il y avait un monde fou à cette fête, décidément, et si initialement, son objectif avait été de rester en petit comité, dans un coin avec le Capitaine de la Garde Royale, Arthorias Hekmatyar, force était de constater que le garde blond n’avait pas suffi à repousser les gens bien longtemps. Si, d’abord, le groupe s’était constitué un peu par hasard avec des gens qui semblaient définitivement perdus, pas que dans cette soirée, mais également dans la vie, le fait qu’ils soient un certain nombre, avec des serveurs en prime, ne faisait qu’attirer d’autres personnes.
Au final, il ne parviendrait pas à échapper à ses devoirs bien longtemps, et, de plus, l’heure avançait.
Ce fut d’ailleurs à ce moment que Vlora se matérialisa à ses côtés, un grand sac à la main.
« Votre Grâce, il est temps.
- Oui, Vlora, merci pour le rappel. »
Le Prince adressa un signe de la main à la personne en charge des lumières, et la pièce s’assombrit brusquement. Puis un cristal magique se trouva pointé vers lui, et il remercia ses lunettes qui lui permettaient de ne pas être aveuglé.
« Mesdames, mesdemoiselles, messieurs. C’est un plaisir de vous avoir rassemblé autour de nous en cette fin d’année, dans le giron protecteur du Palais. Au nom de l’ensemble de la Famille Royale, je tiens à vous remercier personnellement pour tout ce que vous faites pour notre beau Royaume d’Aryon, chaque jour de chaque mois. C’est pour cela, et également pour rendre hommage à notre déesse Lucy, que l’un des invités sera tiré au sort pour recevoir un cadeau préparé par la Reine en personne. »
Franchement, ils avaient une chance folle. Probablement. Juste à côté de lui, il nota la présence protectrice d’Artorias, et un peu en retrait, mais toujours dans le cercle de lumière, l’inconnue nommée Solveig. Aeron attrapa l’enveloppe qui contenait le nom du ou de la gagnante, et l’ouvrit, avant de lire à voix haute.
« Messire d’Alton, vous êtes, semble-t-il, l’heureux élu. »
Ironiquement, il s’agissait du noble croisé plus tôt, et dont le regard ne s’attarda guère sur le jeune homme pour tout de suite se fixer sur sa cavalière du jour, probablement sa fiancée. Lucy avait donc décidé de réunir ces deux-là. Quel hasard, quelle émotion. A ce stade, il s’agissait quasiment d’une prophétie, après tout.
D’Alton s’approcha du Prince, qui lui tendit le cadeau avec une courbette millimétrée.
« J’espère que le présent aura l’heur de vous plaire. »
Même avec l'habitude, l'officier ne pouvait pas vraiment s'habituer à ce genre de chose. Quelle autre surprise allait lui révéler cette soirée de noël ? Un dessert composé de macarons aux couleurs de sucre d'orge ?
Difficile à dire...
Toujours est-il que, la soirée avançant, Arthorias eut un peu de pitié pour la demoiselle alors que son fiancé revenait à la charge. Devait il vraiment intervenir dans cette querelle de couple ?
Était-ce vraiment un couple en fait ? Sans être détective ni même spécialiste dans l'affaire, il ne lui semblait pas vraiment logique qu'une femme cherche à tout prix à fuir son cavalier.
Et alors que sire D'Alton revenait vers la demi-chiraki, l'officier se fendit discrètement en avant, récupérant une poignée de châtaigne grillée, mettant une barrière inamovible entre Solveig et son prétendant.
Une technique usuelle des jeux de cours, ou certains convivent barraient le chemin à d'autre. Inutile de dire que demander à quelqu'un de se pousser était très malpoli.
Surtout quand l'obstacle en question avait le pouvoir de vous mettre dehors.
Et alors que derrière une scène certainement touchante se déroulait, l'officier prit négligemment une poignée qu'il tendit à la jeune femme, avec un clin d'œil complice.
-Ayez l'air d'être dans une discussion importante
Fit il à voix basse avant d'affecter un air pensif, plus qu'amusé par la perspective d'ennuyer un nobliau de cours
- Non monsieur ! Dit-elle en se tournant vers le garde dans un rire dissimulé. - Mais je sais quand il faut fuir face au danger et croyez moi que si celui là est moins terrifiant qu’un fiélon ses mains sont aussi redoutables qu’un kerberus ! L’échange se poursuivit lorsque le blond déposa dans sa main l’esquisse d’un plan qu’elle ne put s’empêcher de regarder avec attention. - Oh c’est… Ses yeux, souriants se levèrent dans sa direction. - Je ne pense pas en avoir besoin mais mer… Un autre blondinet, doré celui là attira irrémédiablement son regard. « Faolan ? » voulut-elle demander alors qu’il venait de tendre quelque chose à la jeune femme qui était à leur côté, mais avant qu’aucun son ne puisse franchir la barrière de ses lèvres il avait disparut. Une petite grimace passa sur son visage et elle retourna son attention sur Arthorias. - Je vais peut-être enfin pouvoir me présenter cette fois ! Son sourire s’agrandit, dévoilant une paire de canine et elle tendit la main dans sa direction. - Solveig Prêth, Garde sud, Valkyr… Vous avez une bien belle armure dites moi… Elle se pencha légèrement vers l’avant, elle ne retint pas un petit hoquet. - Mais oui ! S’écria-t-elle en frappant le front. - Arthorias ! Vous êtes… ! Mais avant qu’elle ne puisse terminer sa phrase, celle du prince s’éleva. Ce fut à ce moment que son cerveau daigna enfin se souvenir de qui il était.
- Aaaaah mais c’est le prince ! Pour sûr c’était bien lui. Elle pouvait encore se souvenir de l’odeur de poussière des archives royales, du ton raide et guindé du petit royal ou encore de l’air glacial dont il ne se défaisait jamais. Les semaines avaient passés depuis son enquête au palais, le jeune homme n’avait pas changé. Et surtout il venait de la mettre dans une position délicate.
Par malchance, le nom d’Alton venait d’être tiré au sort et déjà il regardait dans sa direction, son regard s’illuminant comme un gamin devant des sucres d’orge, ronds comme des macarons. - Par la sainte… Jura la valkyrie. - Je suis garde, pas un atour que l’on promène à son bras. Même si elle devait admettre que dans d’autres circonstances -et surtout avec une autre personne – cela ne lui aurait pas déplu. Comme si il avait entendu ses pensées, Arthorias fit un pas de côté pour se placer entre elle et son prétendant. L’étonnement pouvait aisément se lire sur son visage, bouche bée, les prunelles dépareillées plantées dans celles céruléennes du géant. Un petit sourire en coin naquit aux coins de sa bouche alors qu’elle prenait volontiers les châtaignes qui lui étaient offertes. - Mais nous avons une discussion fort importante, capitaine ! D’ailleurs je comprend mieux quand mon ami me disait qu’il valait mieux éviter d’avoir des vues sur vous. Et je comprend votre épouse. Et les rumeurs. L’absence de filtre résumait plutôt bien Solveig, et elle en faisait une fois de plus la démonstration. La réaction de son vis-à-vis l’intéressa tellement qu’elle ne remarqua pas Alton, qui se faufila à ses côté, attrapant galamment sa main pour la pauser sur son avant bras.
- Oh vous devez être le capitaine Hekmatyar ? Enchantée, Alton Trevalion. Je vois que vous avez fait la connaissance de ma cavalière, Solveig Prêth.
Pour toute réponse la garde agita la main tout en laissant échapper un rire désabusé.
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