Cela faisait maintenant quelques jours que cet incident avait eut lieu, pourtant dans son esprit c’est comme s’il s’était passé hier. Elle ne se sentait plus en sécurité dans sa propre maison et pire encore elle était prise de violents cauchemars qui l’empêchaient de fermer l’œil et ceux toutes les nuits. Fort heureusement, reine du maquillage et artifice en tous genres, elle arrivait sans difficultés à dissimuler les cernes qui s’agrandissaient de jour en jour sous ses yeux bleus. Ce qu’elle n’arrivait pas à cacher par contre, c’était les cicatrices qu’il lui restait de ce jour-là. Malédiction, pouvoir personnel de l’un de ses agresseurs ? Elle n’aurait su dire. Toujours est-il que même s’il avait dégonflé, son œil était toujours violacé, sa lèvre toujours fendue bien que partiellement cicatrisée et sa pommette la lançait encore terriblement et ceux malgré les nombreux soins prodigués. Ils l’avaient bien amochée c’était indéniable et elle passait des soirées complètes à tester toutes sortes d’onguents dans l’espoir de diminuer le carnage qu’elle pouvait difficilement appeler visage.
Se montrer ainsi lui déplaisait terriblement premièrement parce que sa beauté en pâtissait mais surtout parce que cela prouvait qu’elle était loin d’être intouchable. Malheureusement son poste à la trésorerie ne pouvait être mis en stand bye aussi longtemps et elle avait dû afficher un visage abîmé bien plus vite qu’elle ne l’aurait pas voulu. Elle y avait passé plusieurs journées cloîtrée, refusant obstinément de mettre un pied à l’extérieur tant que le soleil était de la partie. C’est ainsi qu’une idée lui était venu, une idée simple qui ne lui était jamais venu à l’esprit avant et qui pourtant était terriblement évidente. Queen avait alors chargé l’un de ses -crétins- d’assistants de remettre cette enveloppe au garde personnel de la princesse. Elle était courte, précise et concise. Elle lui indiquait le lieu, l’heure et la raison. Une raison simple, qui était devenue viscérale pour la jeune Milan. Il était temps pour elle d’apprendre l’art et la manière de se défendre. La personne qui avait attenté à sa vie s’était loupée, il était fort probable qu’elle recommencerait mais cette fois, elle comptait bien être prête et surtout elle voulait être formée par quelqu’un de compétent quand bien même cela la faisait enrager de demander de l’aide.
La blonde ne savait pas s’il viendrait, la seule chose dont elle était sûre c’est que depuis quelques instants, elle entendait des bruits semblables à des pas ou des sabots -elle n’aurait su dire- qui s’approchaient. Ôtant sa capuche, ses cheveux se déployèrent autour d’elle comme un essaim en colère, éclairé pour l’instant par l’unique lumière du ciel étoilé. Soit celui qu’elle attendait arrivée, soit celui qu’elle n’attendait pas été venu terminer le travail. Ses iris élargis par la noirceur fixaient la provenance du bruit, attendant de savoir ce que Lucy lui avait réservée. Quitte ou double.
- Non. S’entendit-elle répondre simplement. Elle hésita à lui rappeler que si elle avait un jour si qui était à l’origine de tout ça, elle ne serait pas ici en pleine nuit à devoir apprendre un art qui ne lui seyait définitivement pas. Sans compter qu’aux yeux de Queen, abîmer son visage était l’un des pires sacrilèges possibles.
Toujours emmitouflée dans sa cape de voyage, elle ne fit que hocher la tête quand Owain accepta ouvertement de l’aider. Une personne polie l’aurait probablement remercié chaleureusement mais ce n’était pas du tout le genre de la blonde qui déjà avait eu du mal à digérer l’idée même de lui demander quoi que ce soit. Néanmoins son regard en disait long sur ce qu’elle pensait et si son partenaire y faisait un tant soit peu attention, il n’aurait pas besoin d’entendre de mots pour comprendre.
Le garde était à l’heure actuelle son meilleur atout que ce soit sur le plan intime ou pratique et rien que son rang au sein de la garde faisait de lui une personne de confiance pour peu que l’on ne s’en prenne pas à la princesse. Ce qui n’était -pour l’instant- absolument pas dans les plans de la jeune Milan. Elle le laissa poursuivre tout en détachant peu à peu l’énorme cape qui flottait tout au tour d’elle au rythme du vent et la laissa glisser de ses épaules.
- Tu imagines bien mon cher Owain. Je ne me vois absolument pas vivre avec une arme autre que celles que je peux former avec mon pouvoir. Queen se dégagea de la cape tombée au sol, faisant un pas de plus dans la direction du jeune homme. - J’ai besoin d’améliorer mes réflexes et mes capacités. Apprends-moi. Elle marqua un temps d’arrêt. - S’il te plaît. Ses iris respiraient la sériosité pourtant une pointe de malice se laissait entrevoir. Même si elle était là pour une bonne raison, elle ne comptait pas laisser sa chance d’empêtrer un peu plus le garde royal dans ses filets lui échapper. Ainsi, une main sur la hanche, le regard accrochant celui d’Owain, elle attendit la suite des instructions.
Owain n’était pas spécialement surpris face au refus du port d’armes, il était évident que ça ne lui siérait pas. Et quelle étrange personne deviendrait-elle, trésorière du couple royale armée d’une lame en toute circonstance. Les gardes royaux et le palais en lui-même étaient déjà bien assez armés et protéger pour s’occuper des dangers de certains de ses faux-habitants, mais une fois les portes du palais dépassé finalement, les nobles n’étaient plus que livré à eux-mêmes. Alors Owain acquiesça avec simplicité, toujours muré dans son silence. La demande de Queen allait être assez compliquée, améliorer des réflexes une fois, la jeunesse dépassée n’était pas une mince affaire et pour ses capacités… Il n’en savait pas grand-chose, espérant juste qu’il n’allait pas devoir partir dans un apprentissage où les bases ne franchissent même pas une valeur positive.
Alors ce n’est qu’une fois que Queen semblait avoir terminé ses explications, que le seul silence était brisé par la brise du vent nocturne dans les feuillages. Owain aurait pu tenter de rire pour briser ce silence humain qu’il avait, au fond, de lui-même mit en place face à son absence de réponse. Sa main droite s’éleva au niveau de son menton, lui donnant un air pensif ajusté à quelques grommellements. Tandis que sa main gauche descendue discrètement vers l’arrière de sa ceinture afin de poser les doigts sur la manche d’un court poignard qui s’y trouvait.
L’avantage des durs entraînements d’Owain depuis l’enfance, faisait sans le moindre doute de lui, quelqu’une d’ambidextre. Encore plus face à l’utilisation de deux lances conjointes, bien qu’il se sentait plus à l’aise avec sa main droite que la gauche. Il n’était pas non plus friand des petites lames, mais le garde ne pouvait pas nier qu’elles avaient leur nécessité. C’était d’ailleurs pour cela qu’il en gardait toujours une sous le coude.
« Il n’y a pas trois mille solutions pour améliorer les réflexes du corps humain en combat. »
Enfin des mots qui traversent ses lèvres.
« L’entraînement constant pour s’ajuster en condition réelle. Ou alors imaginer que tout le monde veut ta peau au moindre geste, mais ça te rendrait un peu paranoïaque. »
Il attrape fermement sa dague tandis que sa main droite redescend le long de son corps.
« Niveau réflexe soudain, tu te placerais où ? »
Quelques secondes d’attentes pour écouter sa réponse, et sa lame qui se brandi soudainement sous sa gorge avant de s’y arrêter à quelques centimètres.
« D’accord. »
Sans doute pas le meilleur prof, ça s’en était certain.
Pendant quelques instants, elle se demanda si le garde ne faisait par partie de ce « réseau » qui n’entendait pas la laisser en vie. Après tout, ils étaient seuls et il était très certainement beaucoup plus compétent qu’elle en assassinat. S'il le voulait il pourrait lui ôter la vie en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Pourtant, sous les yeux azurins agrandis par la stupeur, il n’en fit rien et se contenta de garder sa lame levée.
- Je suis déjà au bord de la paranoïa. Finit-elle par avouer à contre cœur alors qu’elle faisait un pas en arrière, gardant bien le brun en vue juste au cas où. Sa main tendue vint de poser sur la peau d’Owain, enroulant son poignet de ses doigts pâles et fins avec douceur. - Je te laisse donc me situer au niveau des réflexes. Avouer qu’elle était médiocre dans ce domaine lui aurait certainement arraché un rein, aussi elle préférait contourner la question. Elle n’en resta pas là pour autant et laissa ses doigts filer le long du bras muscler du garde, s’avançant au même rythme.
Les talents de la jeune trésorière en matière de combat étaient mauvais il était vrai, mais il y avait d'autres domaines où elle pouvait exceller et il allait certainement en faire les frais. Bientôt elle se trouva si proche de lui qu’elle aurait pu décrire parfaitement la couleur de ses yeux malgré la noirceur dans laquelle ils étaient plongés. Ses doigts eux étaient passé de son bras a sa gorge. Elle se pencha alors doucement vers lui.
- Je ne suis pas totalement sans défense néanmoins. Mais je dois avouer que cette technique ne peut pas marcher avec tout le monde… Immobile, sa main avait cessé tout mouvement et ses ongles recouvert d’une sève fossilisée, fine et terriblement tranchante, dirigés droits sur l’artère pulsante du jeune homme. - Ce n’est certainement pas aussi impressionnant que tes capacités mais ça peut être utile. Doucement elle embrassa sa joue avant de sourire, son air malicieux revenant décorer son visage. - Ne m’en veut pas trop, j’ai toujours été plus douée pour les coups en douce.
« Je devrais pouvoir m’occuper de toi. »
Affirma-t-il d’un sourire tandis que la jeune femme s’approchait de plus en plus de lui. Owain avait besoin de connaître l’ensemble de ses compétences, contre ses pensées et ses idées. Alors il restait là, aussi statique qu’il le pouvait. Lorsque Queen fini par se tenir si proche de lui, qu’ils auraient été capables de se sentir sans même esquisser le moindre mouvement, Owain retourna sa dague dans l’arrière de sa ceinture. Sans jamais détourner son regard de la dame.
Jamais il n’avait imaginé une seule seconde qu’elle puisse être sans défense. C’était même, inconcevable. Mais il ne faisait aucun doute qu’elle cachait une partie de ses capacités. Owain connaissait légèrement la base de son pouvoir sans jamais vraiment l’avoir vue à l’œuvre, mais le résultat fut assez fantastique. Autant que les différentes phases de réaction dont était capable la trésorière.
« Mais si l’on décide de t’avoir par surprise ? »
De sa main qui avait abandonné la dague quelques secondes auparavant, il attrape le bras de Queen et le serre, non pas de toutes ses forces, mais bien assez pour pouvoir lui laisser une légère marque pendant quelques minutes. C’était surtout histoire de l’immobiliser.
« Ou bien que la différence de force ou de capacité t’empêche le moindre coup bas ? »
Bien qu’il agissait d’un brin de force, Owain, la tête en parti ailleurs, essayait d’imaginer la meilleure façon possible d’aider Queen dans sa quête. Il ne se voyait pas tabasser l’une de ses amantes en plein milieu de la nuit. Ses désirs ne se réaliseront pas non plus en une soirée, elle devrait clairement travailler ses instincts, tandis qu’Owain, lui, devait trouver la bonne façon d’exploiter son potentiel. Mais d’ici là, il devait la voir sous un autre jour. Et pour cela, il ne se laissera pas déstabiliser.
- C’est bien pour cette raison… Que j’ai dit que cette technique ne marche pas avec tout le monde. Soupira-t-elle tout en plongeant à nouveau son regard pâle dans celui du garde. - Alors ? Que dois-je faire ? Sans chercher à se libérer elle resta immobile, ne brisant pas non plus la proximité qu’elle avait obtenue. Elle resta un long moment ainsi, inflexible, sondant le regard de son vis-à-vis à la recherche de la moindre étincelle. Puis finalement, elle tira sur son poignet sans douceur aucune et se libéra de son emprise.
- Je te saurais gré de ne pas ébruiter notre rencontre et encore moins sa raison. Dit-elle en lui tournant le dos. Elle se doutait que le garde n’irait pas le crier sur tous les toits mais elle savait aussi qu’Owain pouvait parfois être tête en l’air et elle préférait donc le lui rappeler. - Maintenant assez discuté. Passons aux choses sérieuses, veux-tu ? Les bras croisés sur sa poitrine, face à la plaine, elle était résignée. Qu’elle le veuille ou non, elle serait obligée de se mouiller dans cette affaire et dans le fond ce n’était pas totalement pour lui déplaire. Encore moins quand son compagnon était aussi séduisant que celui-là. Le pauvre allait lui aussi en voir de toutes les couleurs cette nuit.
« Et avec qui est-ce que s’est censé fonctionner ? »
Sans aucun doute avec lui. Du moins, en temps normal. Dans le cas où il pouvait être payé pour éliminer Queen ou bien si simplement, la demoiselle venait à menacer le bon quotidien de la princesse, si Owain était dans un état de nécessité et non pas de normalité, jamais ce genre de chose pouvait fonctionner. À son plus grand regret. Alors, il aurait pu soupirer pour accentuer cette fausse peine quant aux idées de la jeune femme.
« Ce que tu dois faire ? »
Lorsque que Queen utilise la force pour se libérer de l’emprise de l’homme, il ne cherche pas à la retenir une seconde de plus. Sa main desserre totalement pour la rendre libre de la totalité de ses mouvements. Quant à lui, il en profite pour gratter son arcade du bout des doigts.
« Je ne vais pas te mentir, n’y te donnais de faux espoirs. Mais dans l’état actuel, je n’en ai pas la moindre idée. Une chose est sûre par contre, ton secret est bien gardé avec moi. »
Après tout, il travaillait au palais. Qui plus est, depuis des années en tant que garde rapproché de la princesse. Des informations confidentielles, il en entendait passer. Des secrets ? On lui en dévoilait. Parfois, certaines révélations sortaient de sa bouche, considérées comme une terrible erreur bien qu’en vérité, Owain savait toujours ce qu’il pouvait filtrer et celle dont il ne pouvait dévoiler mot.
« De toute façon, tu te doutes bien que ce ne soit pas quelque chose qui se formate en une nuit. Déjà, est-ce que tu fais du sport ? De la course en forêt, des frappes dans le vide ? »
Il s’imaginait bien qu’elle n’était pas du genre à bêtement s’attaquer au vent –parce que généralement, ça rendait plutôt idiot pour les personnes qui passait à cet instant, mais il voyait bien Queen courir certains matins avant de se rendre au palais. Une brise de vent balaya la plaine, obligeant le garde à se recoiffer avec une grande attention.
« J’imagine que le plus simple serait de faire plusieurs expérimentations de combat à main nue. Histoire d’avoir un minime de base et ça devrait entraîner ta réaction en cas d’attaque par surprise normalement. »
Owain incline un peu sa tête sur le côté, c’était ainsi qu’il voyait les choses. Mais à dire vrai, il n’avait pas de réel confirmation sur la finalité d’un tel entraînement. C’était certain que ça l’aiderait un petit peu, mais qu’importe l’aide que le garde pouvait lui offrir, elle ne serait jamais à la hauteur face à une personne parfaitement formatée pour ce genre d’acte.
« Mais ça insinue que tu devras te donner. »
Plus qu’à l’habituel.
- Heureusement qu’il est bien gardé… Murmura-t-elle pour elle-même sans savoir si le garde dans son dos l’avait entendu ou pas. Quand il poursuivit elle se retourna pour lui faire face. - Je ne suis pas idiote, je me doute bien que je n’atteindrais pas un niveau mirobolant au lever du soleil. Je veux juste apprendre quelques gestes ou… Quelques prises. Je ne sais pas comment tu appelles ça. Elle soupira doucement avant de planter son regard dans le sien. - Bien sur que je fais du sport Owain, comment crois-tu que j’ai forgé un corps aussi parfait que celui dont tu te délectes régulièrement ? Son air, presque offusqué, n’avait rien d’une comédie. Croyait-il vraiment qu’elle aurait cette apparence si elle restait seize heures par jour derrière son bureau . Non. Elle serait probablement de ces maigrichonnes sans formes ni courbe. Et ça c’était tout bonnement hors de question. Dans son travail, comme en dehors, Queen avait besoin de ce corps plus que désirable qui lui avait maintes fois été utile en diverses occasions. - Je ne frappe pas dans le vide par contre. Loin de moi l’idée d’avoir l’air d’une idiote mais tout de même.
Elle l’écouta ensuite religieusement tout en hochant la tête par moments.
- Owain, je ne suis pas venu ici pour enfiler des perles ni pour te regarder supposer que je ne donne pas le meilleur de moi-même. Alors vas-y. Fais ce que tu penses qui doit être fait. Pour cette fois, je m’en accommoderais. Juste pour cette fois elle l’autorisait à la malmener dans les limites du raisonnable et juste pour cette fois elle s’autoriserait à être la Queen qui ne connaissait pas parfaitement son sujet sur le bout des doigts. Une autre facette que la demoiselle s’autorisait exceptionnellement à dévoiler.
- Ne me ménage pas. Eux ne le feront pas.
Il haussa les épaules. Owain avait bien compris ce qu’étaient les désirs de son amante, ce qu’elle désirait ce soir. Peut-être que l’agresser pour la mettre dans une situation plus ou moins réelle pouvait lui permettre de s’imaginer. De réfléchir aux diverses actions qui lui était disponible, tant que les mouvements d’Owain ne cherchait pas véritablement à la blesser. Afin que plus tard, ses instincts puissent la guider en lui faisant répéter ses actions au moment venu.
« Mais dans tous les cas, si jamais tu dois riposter ou tenter de t’enfuir, il faut que tu viser les régions les plus vulnérables. Les yeux, le nez ou l’entrejambe. Je ne pense pas qu’avec ta force, tu puisses assommer quelqu’un ou bien réellement le sonner d’un coup à la mâchoire… »
Que l’adversaire soit un homme ou une femme, l’entrejambe avait toujours son brin de succès. Les yeux étaient très sensibles et nécessaires, alors qu’importe la pression qu’on pouvait y mettre, les dégâts pouvait exister. Que cela soit des vraies blessures ou bien même gagner assez de temps pour réussir à s’enfuir ou même se replacer. Pour le nez… Il n’en avait jamais été victime à son grand plaisir, alors il ne connaissait pas non plus la violence que pouvait procurer un tel coup. Mais si elle arrivait à casser le nez de son asseyant, Owain ne doutait pas une seule seconde que Queen puisse arriver à quelque chose.
Au fond, il avait bien conscience qu’il ne faisait que lui répéter la base de la légitime défense. Simplement parce que le garde ne savait que rajouter. Il ignorait tous des personnes qui en voulait à Queen, s’il s’agissait que d’une seule personne ou bien d’un groupe entier. Quel genre de capacité pouvait-il posséder et bien plus encore. Dans les meilleures des cas, en lui apprenant quelques éléments basiques comme se défaire d’un étranglement, désarmer son adversaire, il ne savait pas vraiment quoi en faire. Peut-être que ça lui serait suffisant, le tout était surtout de s’arranger pour gagner du temps et rendre la tâche de l’agresseur beaucoup plus difficile. Jusqu’à, peut-être, la rendre impossible si elle arrivait à l’user jusqu’à la fin.
« Alors qu’en rendant tes ongles tranchants, tu devrais avoir possibilité d’avoir un œil… »
Un seul oui, et non pas les deux. Parce que face à un professionnel, Queen pouvait sans doute espérer en avoir un avant qu’il ne réponde. Elle pouvait espérer sur une certaine surprise, que son agresse ne connaisse pas son pouvoir et ses capacités, ne pouvant pas savoir si une trésorière avait l’esprit nécessaire pour se défendre vraiment. Vouloir viser les yeux était une chose, mais ne pas s’embrumer l’esprit face au désastre que cela pouvait causer, en était une autre. Et il y avait fort à parier, que l’agressivité et l’adrénaline de l’assassin puisse s’aggraver face à ce genre de défense.
« Et je te prendrais au mot. »
Siffla-t-il dans un long soupire. Une de ses mains qui s’élève pour passer dans sa chevelure qu’il tente de remettre en arrière.
« Mais ne prend pas au pied de la lettre mes conseils sur ce coup ahah. »
Parce qu’Owain aurait bien aimé ne pas perdre une partie de lui ou bien pouvoir rentrer avec son entrejambe au grand complet. Et sur ses mots, le garde se glissa furtivement à l’arrière de sa conquête. Il n’y avait pas grand-chose, si ce n’est son étrange placement qui permettait de savoir ce qu’il comptait exactement faire à la jeune femme. Car dans un temps, le garde resta là sans le moindre mouvement. Son regard observant le cou de Queen. Puis, sans même crier gare l’un de ses bras vient se placer à l’avant de sa gorge tandis que l’autre au niveau de son oreille. Rejoignant conjointement ses deux mains, d’une force conjointe, Owain tenta l’étranglement.
On ne pouvait pas dire que tout cela était très réel, car dans un sens, il n’y avait pas de réelle surprise. La trésorière lui avait sommé de ne pas la ménager, mais malgré tout le garde ne pouvait se permettre d’utiliser l’ensemble de sa force. Il ne cherchait pas à blesser Queen et encore moins à la tuer. Mais malgré tout, l’étranglement était bien réel, juste limité pour qu’elle puisse avoir le minime nécessaire pour tenter de respirer, du moins, tant qu’elle ne paniquait pas. Dans un sens, ce genre de pratique pouvait être assez courant si l’attaquant ne souhaitait pas utiliser d’arme, n’avait pas un pouvoir adéquat. Ou simplement, s’il souhaitait rendre inconsciente sa victime pendant un temps.
Ici, le tout était de savoir si elle était capable de garder un semblant de calme pour pouvoir agir. S’échapper de la prise ou bien retrouver un bon moyen de respirer. Le garde aurait pu tenter de mimer l’attaque sans pour autant faire mal à son amante, mais il savait pertinemment que la réalité était bien différente des vulgaires entraînements. Espérant tout de même que son instinct ne répond pas avec un réel coup dans son entrejambe.
- Stu-Pide… Lâcha-t-elle dans un râle mal articulé à son intention. Oui stupide était le mot. La trésorière avait d’ailleurs une envie folle de se dégager et de lui flanquer la raclée de sa vie. Elle le ferait d’ailleurs probablement dès qu’il aurait la riche idée de relâcher sa prise. Si tant est qu’il le fasse un jour. En soi, s'il le voulait, il aurait la force nécessaire pour l’étouffer voire lui briser les os de la nuque s’il y mettait un peu de cœur. Abandonnant son avant-bras elle tenta de lui flanquer un coup dans les côtes de toutes ses forces bien qu’elle doutât fortement que l’idée soit judicieuse. Après tout le corps du garde était fait pour encaisser les coups et elle était presque convaincue qu’elle n’avait même pas fait tressaillir un seul de ses abdominaux. Pourtant elle y avait mis de la bonne volonté. Tellement que son coude était endolori. Dans un grognement rageur elle tenta de gigoter pour s’en défaire. C’était peine perdu sans compter qu’à force de s’agiter elle s’était fatiguée inutilement et sa respiration gênée par la pression se faisait déjà sifflante. Pendant quelques instants elle se demanda si la demande qu’elle avait faite à Owain était la bonne.
Dans le fond pouvait-elle réellement se plaindre ? Après tout c’est elle qui avait demandé à son amant de ne pas la ménager. Bien qu’ils n’aient pas la même façon de voir les choses. Finalement elle opta pour une option un peu moins orthodoxe et lui écrasa violemment les pieds. Au moins elle était sure qu’eux n’étaient pas protégés par quelconques muscles ou autres armures de métal. Restait à savoir si Owain était un tant soit peu sensible à ça. Auquel cas elle ne saurait comment se sortir de là sans le priver d’un de ces yeux ou pire encore de ce qui lui servirait un jour à fonder une famille.
Mais Queen ne semblait arriver à rien, lâchant même une demie-insulte, si ce n’est une réalité. Owain était stupide dans un sens et ça, s’en était certain. Pourtant, le garde en venait à réfléchir. Incertain que son idée était la meilleure des expériences. Dans un sens, la pratique était essentielle. Queen pouvait se faire attraper au coin d’une ruelle, surprise en arrivant chez elle… Ils existaient d’innombrables possibilités et chance qu’elle puisse, un jour, recevoir une telle attaque surprise. Bien sûr, le pouvoir ainsi que les armes blanches étaient à prévoir. Mais chaque chose en son temps, bien qu’il lui montrerait comme désarmer quelqu’un qui tente de l’agresser avec un poignard. L’étranglement était en son sens un fait à ne pas écarter d’autant plus que si l’on souhaite la ramener quelque part vivante – et donc, pas la tuer ni blesser dans l’immédiat -, il s’agissait clairement de la meilleure option.
Pourtant –eh. Il afficha une grimace, ignorant si la remarque de Queen était à l’encontre de son acte ou simplement par pur principe. Bien que dans un sens, le garde s’imaginait que si ce n’était pas ce qu’elle attendait, la trésorière aurait demandé l’abandon et ne tenterait pas une nouvelle fois de se libérer. Plutôt, que de s’attaquer à son bras, une fois encore, elle tenta les côtes. Gestes pour le moins ingénieux, en temps normal. Ici, Owain n’avait qu’à contracter ses abdominaux et de toute façon, il avait été plus ou moins entraîné à recevoir des coups ciblés. Il ne dirait pas qu’il était insensible, bien au contraire – d’autant plus que les coups étaient assez violents et se concentraient sur un point précis – mais c’était assez supportable. Bien assez pour qu’il reste concentré sur son étreinte, histoire de mesurer le taux d’étranglement pour ne pas être l’assassin de la trésorière du royaume. D’autant plus qu’il l’appréciait assez, alors cet acte pouvait être d’une tristesse.
Et au final, le geste qui le déstabilisa le plus, fut le pied. D’une part, car Owain n’avait aucune vision sur ses jambes, alors il ne l’avait pas vu venir. Mais surtout parce que… C’était à la fois tellement simple et tellement con qu’il ne l’aurait jamais imaginé une seule seconde. Et pourtant, les faits étaient là. Pourtant, est-ce que cela était assez fort pour la libérer ? Le garde n’en savait rien. Car en vérité, la surprise mélangée au grain de douleur, lui donna le réflexe de relever son bras et donc, d’augmenter la pression qu’il exerçait sur la gorge de Queen. Ainsi, ne cherchant absolument pas à la blesser, tentant d’éviter les attaques involontaires, lorsque le garde se rendu compte de la force, il sépara ses deux mains afin de se détacher totalement de son amante.
Toujours derrière elle, les bras levés. Il lâcha un soupir déconcerté.
« Tes tentatives auraient pu être intéressantes. »
Si elles avaient été plus réfléchies.
« Mais comme tu le vois, ce ne sont pas les plus fonctionnelles. »
Car si Owain avait été engagé pour l’éliminer, il ne s’en ne serait pas séparé. Bien au contraire.
« Dans ce genre de cas, s’attaquer à l’avant-bras est inutile. Il faut en vérité, aller sur la prise de mes mains. A droite, il y avait mon coude, à gauche mes mains liés, si tu cherches à t’enfuir, autant passer par le côté gauche, le seul endroit qui peut s’ouvrir à toi. »
Faire un sort de levier ridicule, mettre toute sa pression sur les mains de l’agresseur pour que sa poigne faiblisse et donc, qu’on puisse s’y faufiler.
« Ensuite, quand il y a une ouverture, on tente de se décaler un peu. Viser les parties génitales ou bien les yeux, pourquoi pas. Quant à ton coude, il fallait le garder pour viser mon menton, histoire de me sonner un peu. »
Il se gratte la tête.
« Tu vois le genre ? »
Et Owain en venait clairement à appréhender un peu sa réaction.
- Sombre idiot. Marmonna-t-elle lorsqu’il se mit à lui expliquer la façon dont elle aurait dû procéder pour s’en défaire. Quand il daigna enfin se taire elle se releva et épousseta sa tenue dans un calme qui ne présageait définitivement rien de bon pour le jeune garde. - Mon cher Owain. Mon cher petit Owain. Elle releva la tête et le fusilla littéralement du regard. De plus elle savait qu’il la connaissait suffisamment pour savoir qu’elle était dans une colère noire. - Mes tentatives auraient certainement été intéressantes si tu avais eu la riche idée de m’expliquer la façon d’échapper à ta prise avant ! Elle réduit la distance qui les séparait d’une simple enjambée et planta ses iris dans celle du garde avant de lui donner un coup sur la poitrine. - Ne crois-tu pas, crétin, qu’il aurait été beaucoup plus simple pour moi d’échapper à ta poigne… Elle le frappa à chaque mot prononcé, les mâchoires serrées. - … si tu m’avais expliqué avant la façon de m’en défaire ?! Elle laissa retomber ses bras. - Owain Moorhell vous êtes un abruti fini ! Commenta-t-elle toujours sans le quitter des yeux. Puis elle s’éloigna de lui pour faire face à la plaine. - Je n’aurais pas dû me poser de questions et te taper en dessous de la ceinture. Tu m’en aurais certainement voulu mais au moins nous aurions été quitte.
Queen croisa les bras sur sa poitrine. C’était la pure vérité pour une fois qu’elle avait voulu préserver une personne et qu’elle avait mis du sien afin de ne pas la blesser, voilà que cela se retournait contre elle. De plus sa fierté avait une nouvelle fois été entachée et c’était certainement cela qu’elle avait le plus de mal à digérer. Dans le fond elle se doutait bien qu’Owain n’avait pas foncièrement voulu lui faire du mal mais elle le trouvait tout de même stupide de ne pas avoir pris le problème a l’envers en lui expliquant en premier lieu la façon de s’en sortir afin qu’elle puisse la mettre en pratique.
- Alors oui je vois le genre. Mais c’est un peu tard, tu ne crois pas. La moue boudeuse elle ne daignait toujours pas lui adresser un regard et restait résolument tournée. - Si tu décides de m’avoir à nouveau alors que j’ai le dos tourné, sache que ta possibilité d’engendrer d’autres Moorhell pourrait drastiquement diminuer, je te préviens.
C’est sans doute pour cette raison, qu’il opta pour un silence total. Les oreilles grandes ouvertes – car là était bien une de ses qualités, malgré tout ce qu’il pouvait faire, ô grand jamais l’on ne pouvait l’accuser de ne jamais écouter. Le visage sombre face à chacun de ses mots, bien que son regard lui, ne pouvait pas s’empêcher de la dévorer. Alors, il la laissait parler simplement, et ce, sans même chercher à la contredire ne serait-ce que par son existence. Le garde acceptait tout, que cela soit les insultes que les coups qu’il recevait. Car sans doute, déversait-elle un semblant de raison, qu’Owain s’exécutait avec sa logique, celle d’une personne ayant reçu un minimum d’entrainement. Il avait voulu tenter, voir sans lui donner de consigne dans un premier temps, afin de noter plus clairement ses capacités de défense. Ses idées et ses réactions lorsqu’elle se faisait agresser. Parce que l’étranglement était plus dans l’acte, voir comment s’en libérer. Et cela était, en son sens, bien différent que son essai de réflexe avec la lame qu’il lui avait porté.
Et lorsqu’il fut certain que son amante avait terminé l’ensemble de ses reproches. Owain fit les quelques pas que la trésorière avait fait pour s’éloigner de lui, et lui tentait de s’en rapprocher. Il la contourna pour être face à elle.
« Queen. »
Il brisa son mutisme simplement avec son prénom. Il n’avait pas envie de chercher plus loin et accompagnant son mot, sa main se plaça sous le menton de la femme afin de lui remonter la tête et ainsi, permettre à leur regarde de se croiser.
« Je suis désolé, sincèrement. »
Ou du moins, était-il bon pour le faire croire. Sa main tombe dans un silence plat, longeant la continuité de son corps.
« Promis je ne recommencerais pas, mais j’avais besoin de voir tes réactions sous un tel emprisonnement. »
Ses deux bras s’élèvent ensuite, se présentant à son amante pour qu’elle se retourne si l’accord y était.
« Est-ce que tu veux réessayer ? »
D'une voix douce et avenante.
- Comme tu t’en doutais, j’ai eu la réaction d’une personne qui ne sait pas se défendre. Parce que je ne sais pas me défendre. Grogna-t-elle les mâchoires serrées. Comme pour l’inciter à reprendre sa formation elle prit son bras déjà levé et le plia vers sa gorge, preuve qu’elle acceptait qu’ils reprennent leur entraînement. - Dis-moi, Owain. Elle relâcha son bras pour lui laisser tout le loisir de prendre la position qu’il souhaitait. - S’il m’arrivait quelques choses… Elle lui glissa un vague regard de biais. - Est-ce que tu te sentirais un tant soit peu concerné ? Le silence qui suivit en dit long sur ce qu’elle pouvait bien penser, puis elle éclata d’un rire léger. - Quelle ironie. La grande trésorière royale se demande bien si le petit garde peut s’inquiéter de sa santé. En vérité elle ne trouvait pas ça ironique, pas vraiment, elle se demandait surtout si dans ce bas monde quelqu’un d’autre que son frère pouvait espérer la voir en vie encore longtemps. Queen avait bien conscience que sa relation avec le garde royal n’avait rien à voir avec de l’amour ou quelques choses s’en approchant. Mais au fil des années elle avait fini par ne plus le détester et arrivait même à apprécier sa compagnie. Ceci n’était rien d’autre qu’un instant de faiblesse, contrecoup d’une période compliquée à vivre pour la jeune femme. Il aurait été mentir que de dire que les événements précédant ne l’avaient pas terriblement touchée et ceci en était une preuve incorruptible. Finalement elle laissa échapper un long soupire et redressa ses épaules qui s’étaient affaissées quelques secondes auparavant, se reprenant en main. Ce n’était pas le moment de flancher.
- Tu attends que le soleil se lève ? Lâcha-t-elle sur un ton qui lui ressemblait plus, qui se voulait arrogant et presque offusqué.
Répondit-il avec légèreté à son grognement. Chaque personne avait ses réflexes personnels, certains même entraîné n’arrivaient pas à reproduire l’extraction qui était pourtant l’un des éléments les plus primordiale face à un étranglement. Tandis que d’autre, sans la moindre expérience et malgré l’absence d’oxygène qui se créait, était capable de penser. De réagir et de supposer que la meilleure façon de s’enfuir d’une telle prise était d’agir sur les mains de l’agresseur afin de s’en libérer. Queen, elle, n’avait pas su faire preuve de cette logique, bien que ses réactions étaient tout autant justifiées. Le garde ne pu par ailleurs, s’empêcher de dessiner un sourire sur son faciès lorsque Queen, de dos, s’approcha de lui. Cela signifiait qu’elle était malgré tout d’accord pour recommencer, tester les indications d’Owain pour voir si elles lui étaient suffisantes pour se libérer si un jour, une personne venait à s’en servir sur elle. Bien qu’elle pût paraître énervée envers le garde, elle savait accepter les choses lorsque c’était pour son bien.
« L’ironie n’a pas sa place Queen. Sauf si tu penses que tout cela n’a aucune sens. »
On aurait pu croire dans un premier temps qu’il évoquait cette petite soirée d’entraînement. Mais le sens de ses mots s’accordait bien à l’existence de leur relation. Bien qu’Owain avait appris à ne jamais attendre grand-chose dans ce genre de relation, autant pouvait-il l’apprécier pour d’innombrables points, tomber ainsi semblait être assez perturbant. Malgré le fait que le garde côtoyait la royauté à longueur de journée, même si son père avait fait de même auparavant, même si sa mère était fortement liée à certaines familles nobles qui appréciaient ses talents de couturière. Owain avait un dessein, pourrait-on dire, bien plus simple. Alors c’était sans doute pour cela que parfois bien trop joviale, comme si rien ne semblait l’atteindre. Comme si un rien ne le concernait dans tout ce qu’il entreprenait.
« Bien sûr que je m’en inquiéterais Queen. »
Avait-il chuchoté d’une vraie sincérité. On ne pouvait pas dire qu’Owain était charmé, qu’il en était amoureux comme un être devenu fou, acceptant chaque caprice de sa bien-aimée. Non, le garde n’avait jamais véritablement goûté à la réalité des sentiments inébranlables, ceux qui étaient capables de vous faire perdre la tête. Pourtant et contre toute attente, il appréciait Queen. Aussi fou cela pouvait-il paraître aux yeux d’autrui.
« Dans le cas contraire, penses-tu que je serais venu ? »
Bien qu’il fût vrai que son intérêt pour elle pouvait s’envoler du jour au lendemain. Sans même crier garde par moment, simplement parce que la relation avait perdu de son piment. Peut-être que la trésorière s’en était d’elle-même rendu compte, qu’Owain puisse disparaître, s’entichant d’une autre demoiselle qui attirerait toute l’attention qu’il était capable d’offrir à Queen. Pourtant, l’ironie était que chaque jour, la jeune femme était capable de le surprendre. Alors, il ne se voyait certainement pas partir de ci-tôt. Restant finalement tout ce temps face à son dos, il se décida enfin à relever les bras lorsqu’elle lui lâcha une remarque poignante.
« Ça aurait pu faire une belle vue remarque. »
Première pensée qui s’élève sans même y réfléchir très longtemps. Owain finit par reprendre sa position qui n’avait pas été une très bonne réussite auparavant, il lui susurre d’essayer de garder son calme pour agir comme il lui avait expliqué. Et la pression, légèrement moins forte que la première fois vient s’exercer sur la gorge de Queen. Maintenant, il n’avait qu’à attendre qu’elle puisse se libérer en créant une pression sur ses deux mains jointes, à sa gauche. Afin d’y séparer ses mains et donc, pouvoir s’enfuir. Ou dans le pire des cas, juste être capable d’ouvrir un peu la prise afin qu’elle puisse s’y glisser par en dessous.
- Parce que tu aimes étrangler de belles jeunes femmes sur tes heures de repos ? Eut-elle le temps de dire, éclatant d’un rire vite étouffé par la pression qui s’exerçait maintenant sur sa gorge.
Elle aurait pu paniquer à nouveau, mais cette fois elle savait quoi faire. Bien entendu la position n’avait absolument rien de confortable, au contraire, mais elle était maintenant convaincue qu’Owain était dans son camp et qu’il voulait avant tout l’aider alors que au lieu de paniquer elle prit le maximum d’air qu’elle put et s’attela à son évasion. Comme il le lui avait indiqué, elle se dirigea immédiatement vers le côté gauche. Dans un premier temps elle tenta de détacher ses mains mais compris bien vite que leur différence de force était trop grande alors elle décida d’approcher de la chose autrement. À force de gigoter elle réussit à passer son avant-bras entre sa gorge et la prise du garde. Queen y mit toute sa force sans savoir si cela allait réellement marcher. Sa main libre, elle, s’employait aussi à faire levier.
En vérité même s’il lui avait expliqué, grosso modo, comment s’y prendre, il était indéniable qu’elle avait encore du mal à comprendre le mécanisme de la chose. Ainsi elle lui glissa un regard, essayant de capter une réaction qui la mettrait sur la voie. S’y prenait-elle bien, où pas du tout ? Elle n’aurait su dire.
C’est alors qu’une idée aussi stupide qu’incongrue lui vint à l’idée. Elle était bien bête de ne pas y avoir pensé avant. Intérieurement elle pria pour ne pas lui faire trop mal et c’est donc avec une force qui n’était pas à son apogée qu’elle envoya un coup de tête en arrière, ne serait-ce que pour obliger son amant à la lâcher par réflexe.
Avait-il répondu de la manière la plus sérieuse au monde. Ça ne lui était jamais vraiment venu à l’esprit, mais cela devait l’être pour certaines personnes. Et quoi de mieux que donner l’idée qu’il en faisait partie, alors qu’il exerçait cette dite pression sur la jeune femme. Une façon comme une autre de la faire stresser pour un rien, ou de suivre son amusement. Queen paraissait beaucoup moins troublée que lors de la première fois, son rire étouffé par la force d’Owain. Assez rapidement, la trésorière exécuta les conseils du garde sans même avoir eu de réel temps de latence. Mais, bien qu’elle eût connaissance de la meilleure action à faire, la réaliser en était une autre. Bien qu’Owain n’utilisait qu’une faible partie de sa force, celle-ci était bien suffisante pour empêcher la demoiselle de séparer ses deux mains. Peut-être qu’en y forçant un peu plus, à utiliser les ongles pour griffer ou bien même s’aider de sa sève, Queen aurait été capable de défaire la prise. Cependant, elle n’opta pas pour cette violence.
Face à ses gigotements, Owain un peu inquiet hésitait à la libérer totalement de cet exercice. Bien qu’il lui semblait essentiel, forcer la chose n’était pas bien. Car si cela finissait par lui arriver tôt ou tard, face à un réel étranglement, le stress et les idées qui prendraient place dans son esprit serait bien plus différents qu’en réaction à cette prise imaginaire. Pourtant, la trésorière réussie à placer l’un de ses avant-bras afin de séparer la prise de sa gorge. Cela était assez minime, mais sans doute bien assez existant pour pouvoir respirer un peu plus normalement.
En vérité, Owain trouvait que Queen s’en sortait excessivement bien. Parce qu’elle était limitée, n’essayant pas les coups en dessous de la ceinture ou bien même les coups de coude dans l’estomac. Gestes qui étaient fortement recommandé, plus encore lorsqu’il y avait différence de force entre les deux personnes. Notamment, car la douleur qui pouvait être éprouvée, bien qu’avec un manque de force, était toujours suffisant pour que l’assaillant oublie sa prise. Totalement ou bien quelques secondes, tout juste nécessaire pour pouvoir s’en libérer. C’est d’ailleurs sur cette idée que le garde comptait la félicité, parce qu’elle avait réussi à comprendre les bases. Bien que la pratique, avec un véritable ennemi serait bien différente, si Queen savait garder un semblant de son calme. Réfléchir comme il se devait, sans être prise de cours par la situation. Elle pourrait, d’une part retrouver une partie de son oxygène, mais aussi s’en libérer, car, cette fois-ci, ses actions ne seraient pas bridées.
Alors, la bouche qui s’entrouvre lorsque la violence s’aligne. Il se sentait honteux ne de pas l’avoir vue venir, bien que l’idée était des plus logiques. Ses dents qui s’entrechoquent avec ses lèvres, son nez qui récupère tout autant une partie du coup. La lèvre sans doute légèrement entaillée, le nez qui picote de douloureux. L’étranglement qui devient quelque peu moins serré, bien assez pour que Queen puisse s’y faufiler en se baissant pour reprendre une place adéquate.
« Ça peut être sympa si tu cherches à l’énerver. »
Car à moins qu’elle arrive à de forts dégâts d’un simple coup de tête, elle n’y gagnerait que quelques secondes inutiles contre quelqu’un d’entraîner. Qui, énervé par cette attaque renforcerait la prise réduisant ainsi toutes les chances de Queen de s’échapper à zéro.
« Mais sinon t’as plutôt bien compris. »
Ses mains qui se séparent, l’une qui s’élève pour frotter ses narines et tâter l’état de son nez.
« Avec des coups de coudes ou de pieds si tu es soulevée, ça devrait être bien plus évident pour toi. »
- Je ne cherche pas à lui rendre la vie plus facile c’est certain. Lui répondit-elle tout en riant à moitié. - Bien si j’ai compris, nous devrions donc passer à autre chose. Ajouta-t-elle tout en s’approchant du visage du garde pour en observer un peu mieux les dégâts. Elle lui sourit avant d’embrasser le coin de ses lèvres qui n’était pas abîmé. Rien de méchant, de sensuel ou de provocateur. Juste un baiser du bout des lèvres qui se voulait affectueux et était simplement des excuses muettes qu’elle lui proférait. Sans lui laisser le temps de réagir, elle lui tourna le dos puis s’étira longuement.
- Bien ! Il est temps de passer aux choses sérieuses ! S’exclama-t-elle après lui avoir lancé un regard qui s’approchait presque du défi. La défense était bien sympathique mais elle avait tout de même trouvé cela calme pour ne pas dire ennuyeux, maintenant elle voulait voir autre chose ! Quelques choses qui bougerait plus que ça ! Et c’est ce qu’il se passa le reste de la nuit. Ils enchaînèrent sur les désarmement, chose qui plu beaucoup à Queen. Principalement parce qu’elle pouvait beaucoup plus facilement se servir de son pouvoir sur une situation comme celle-ci. Ensuite ils passèrent aux premiers coups et comment bien positionner une droite. Elle se surprit à ne pas être si mauvaise. Oh bien entendu Owain l’a surpassait et de loin mais elle était plutôt fière d’elle. Bien que plus que lorsqu’elle avait du échapper à un étranglement.
Et l’aube vint enfin, encore en nage, la trésorière laissa un échapper un soupire content. - Bien, je crois que nous avons fait du bon travail. Dit-elle tout en lançant un regard à son amant avant d’aller chercher la cape de voyage qu’elle avait laissée non loin d’eux au début de la nuit. - Mais je vais devoir te quitter. Alphonse m’attend au domaine et mon travail a la trésorerie. Sans compter que la princesse attend sans doute son garde. Puis elle sourit après s’être tapotée les lèvres du bout des doigts. - Merci d’être venu ce soir. Avec un peu de chance, grâce a toi, je gagnerais quelques années de vie en plus. Se faisant elle rabattit la capuche sur sa tête et tourna les talons. Il était maintenant temps de rentrer.
Le garde se rappela alors ces réflexes qu’il avait tenté de tester plus tôt. Ressortant ainsi sa dague, Owain proposa à son amante de s’entraîner au désarmement. Chose qu’il semblait la rendre bien plus enthousiasme que la surprise qu’était l’étranglement. Durant plusieurs heures, si ce n’est presque la fin de la nuit, les deux s’entraînèrent donc sur ce principe. Le garde, assez étonné de voir que Queen se déroulait globalement bien. Non pas grâce à ses talents physiques, mais plutôt de son manque qu’elle arrivait facilement à combler avec l’utilisation de son pouvoir. Pour le jeune homme, les exercices étaient assez simples. À vrai dire, il s’agissait surtout des différentes situations que l’on présentait aux jeunes recrues. Owain se voyait mal aller dans le domaine plus expérimenté, bien que Queen semblait capable de bien se défendre face à une petite arme. L’histoire se verrait être plus complexe si elle venait à être agressé avec une arme de taille plus conséquente. Mais la surprise, allait être beaucoup moins présente, elle devrait être capable d’utiliser quelques principes appris cette nuit-là pour arriver à quelque chose.
Owain prenait un certain plaisir à la regarder parfois se prendre la tête pour un rien. Un rictus qui lui était douloureux avec sa lèvre coupée, mais pour lequel il ne pouvait pas se dérober. Tout cela qui s’enchaînait jusqu’à l’apparition de l’aube. Le garde qui n’avait, à vrai dire, pas vue le temps passé. Queen en nage, Owain beaucoup moins. Il rigolait d’ailleurs à imaginer Queen un peu plus tard, lorsque son corps crierait sans doute à l’aide à cause de nombreuses courbatures. Observant finalement l’horizon avec un air faussement satisfait, le garde acquiesça aux propos de Queen. Ils étaient déjà restés beaucoup de temps dans les plaines à s’entraîner. Le travail pour chacun d’entre eux n’allait pas tarder, en se dépêchant le garde réussirait à grappiller quelques heures de repos avant de retourner auprès d’Atheas.
Et Tandis que Queen tourna les talons pour retourner à son domaine, Owain s’allongea sur l’herbe non loin de la forêt afin d’en faire un petit somme. Quitte à gagner un peu de temps, d’après sa logique, alors qu’il n’en était rien.
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