Ma solde enfin tombée, il est largement temps de m’équiper un peu mieux pour la chasse et accessoirement le travail. J’aurai bien conservé mon ancien arc mais il n’a vraisemblablement pas apprécié le changement d’air entre ma précédente affectation plus humide et l’air sec de la capital… Le bois s’est complètement fendu sur plusieurs endroits rendant inutilisable l’arme. Je l’aimais bien, confortable, puissant et précis, tout ce qu’il faut pour plaire. L’opération du jour va donc principalement consister à trouver un nouvel arc et quelques babioles si j’ai le temps.

Mon petit Zeldris encore en vadrouille pour la garde civile, je n’ai pas vraiment le choix que de partir toute seule pour mes achats… Athena étant de garde et n’ayant pas de moyen pour contacter Kaïri, la sortie s’annonce ennuyante. Rien de mieux qu’un peu de shopping entre femme pour me mettre de bonne humeur normalement. Quittant la Caserne, j’enfile une veste rouge par-dessus ma tenue habituelle de service, pour essayer des armes, il est mieux de porter la tenue d’usage. Un sabre pendu à la hanche, je m’engage dans les ruelles de la ville. J’aime beaucoup ce quartier, vivant et rempli de boutiques utiles à une garde, sellier, cordonnier, sculpteur, forgeron… Tout un quartier d’artisans ! Le soleil étant au rendez-vous aujourd’hui, beaucoup de monde flâne dans les rues faisant certainement principalement du lèche-vitrine. Un peu comme moi à vrai dire, zieutant une jolie épée par-ci, une armure en cuir sculpté par là. Si je m’écoutais, ma chambre serait une véritable armurerie mais je doute que cela plaise à Zeldris comme décoration et encore moins à mes conquêtes… A force de flâner, je me perds dans mes pensés imaginant le nombre de situation agréable qu’une telle ballade peut générer lorsque l’on est bien accompagnée. C’est sûr, la prochaine fois, il faut que j’emmène Athena avec moi !

Arrivant devant l’armurerie-grossiste de la rue, je soupire. Cette boutique est nettement moins plaisante à regarder, les armes proposées sont moins belles et certainement de moins bonnes qualités que dans les autres échoppes mais le prix est aussi moindre et accessible à ma maigre bourse de jeune garde royale… Ne prêtant pas vraiment attention à ce qui m’entoure, je m’avance vers la porte et me cogne contre un truc dur. Plus grand que moi, je lève les yeux vers la personne que j’ai percuté et m’excuse.

Mes excuses, je n’ai pas fait attention.

C’est qu’il est grand celui là !

Mon naturel curieux revient au galop tandis que l’homme accepte mes excuses avec une petite blague sur une éventuelle audace. Même si je n’ai aucune attirance pour les hommes, je dois bien avouer qu’un compliment se refuse rarement. Je me permet de lui sourire avant d’étudier un peu plus cet inconnu. Tout de noir vêtu, il doit avoir bien chaud par ce temps radieux. Je trouve que sa grande faux contraste un peu avec le semblant de sympathie qu’il dégage. A moins que cela ne soit qu’une façade… Peut-être que ce sont ces cheveux impossible à manquer qui donne cette impression. De toute façon, que pourrait-il bien me faire avec son arme dans cette boutique ? Une faux n’est pas très efficace dans une petite boutique, mon sabre par contre… Pas farouche, j’indique la porte du doigt avec un sourire mutin et les oreilles dressées.

Je voulais rentrer dans la boutique. Vous aussi peut-être, monsieur...?

Ne pas sous-estimer une personne armée est une des première régles que mon père m’a inculqué. Je contourne l’homme pour ouvrir la porte et lui proposer d’entrer avant moi. Un soupçon de méfiance n’exclut pas la politesse envers le autres. Entrant dans la boutique, je soupire. Elle n’a pas changée depuis mon passage à l’académie militaire… Toujours aussi crasseuse et mal rangée. Indifférente à la présence de l’homme, je me dirige vers le matériel d’archerie. Je commence à fouiller parmi le matériel à la recherche d’un arc pouvant répondre à mon besoin. Maniabilité et précision avant tout. Il n’est prévu que pour la chasse après tout. Le propriétaire n’étant pas très à cheval sur le rangement, ma recherche cause la chute de plusieurs objets sur le sol en bois. Dagues, fourreaux en tout genre et un carquois plein de flèches s’étalent au sol. Malchanceuse jusqu’au bout, les flèches se répandent dans presque toute la boutique me tirant un juron de mécontentement.

Je soupire lorsque l’homme aux cheveux rouges manque de tomber en marchant sur une des flèches que j’ai fait tomber. M’acroupissant, je commence à ramasser les flèches avant qu’une personne ne se fasse vraiment mal, je le voit récupérer les armes puis les remettre à leur place. Un peu honteuse, je le remercie à mi-voix avant qu’il ne se moque de moi et de ma maladresse. Une arme à la main, je suis capable de tout… Le reste du temps, je suis un tantinet maladroite. Et encore plus dans cette boutique mal rangée. Génée, je lui répond sur le ton de l’humour pour essayer de dédramatiser la situation.

Je n’ai encore jamais rencontrée d’autres personnes comme moi, donc ce n’est peut-être que moi.

Je ramasse les quelques flèches restantes avant de les mettres toutes dans leur carquois. Prenant soin de poser le carquois à un endroit où je ne risque pas de le refaire tomber, je reprend ma recherche continuant en même temps à discuter avec cet homme curieux.

Je m'appelle Aube, Aube Grassim. Je suis garde.

Écartant les arcs uns à uns, je continue la conversation, autant joindre l’utile à l’agréable.

Et vous ? Comment vous appelez-vous ?

Malchanceuse jusqu’au bout, je commence à me faire à l’idée que je ne trouverai pas un arc exactement comme je le veux ici… Il va falloir faire des concessions… Je me saisi d’un modèle qui ne me semble pas trop mal tendant le bras pour le soupeser.

Avec une telle arme, je suppose que vous n’êtes pas un simple boucher venu faire aiguiser ses couteaux ?

Il n’y a pas grand monde pour se trimballer un machin comme ça. Que cela soit parmi la garde ou les aventuriers que je connaisse. Je tire sur la corde de l’arc évaluant sa puissance et son adéquation avec ma force. Je grimace, le poids et la taille me conviennent mais il est trop raide. Je ne pourrais pas chasser correctement si je tremble à cause de la force nécessaire pour tenir l’arc bandé.

Je rougis un peu au compliment de l’homme sur mon nom, quand bien même je ne suis pas attirée par les hommes, cela me fait toujours rougir lorsque l’on me complimente. Encore plus quand cela est fait avec un peu de classe. Cela change des lourdeaux de la Caserne et leurs sempiternelles remarques sexistes sur mes attributs lupins… Sa plaisanterie sur son comportement en ma présence me fait sourire. Il peut bien faire ce qu’il veut, tant qu’il ne menace pas une vie, je ne bougerai pas. Hors de mon service de garde, cela poserait problème d’agir pour un rien. Mais ça, la population ne le sait pas.

Enfin, il se présente. Un aventurier, comme Kaïri. Je commence à me dire que les aventuriers compte pas mal de personnes sympathiques dans leurs rangs, je devrais peut-être essayer de plus les côtoyer. Je relève le fait qu’il ait essayé de devenir garde par le passé mais sans succès.

Simple curiosité de ma part. Qu’est-ce qui vous a fait quitter la voie de la Garde ?

Beaucoup de choses peuvent l’expliquer… L’autorité, l’engagement… Il y a beaucoup de départs à la sortie de l’académie. L’arc en main, je teste son adéquation à mes capacités physiques pendant qu’il répond à ma question sur sa présence dans cette boutique avec un brin d’humour. J’aime bien sa répartie, sa compagnie rend ce shopping un peu moins barbant. Il est donc en pleine préparation pour partir en mission. Un gros truc pour avoir besoin d’une armure… Même si ce revendeurs propose des produits médiocres, ça peut sauver la vie quand même… Cela me fait penser qu’un équipement en cuir ne serait pas inutile pour moi. Juste de quoi amortir les coups. Reposant l’arc de côté, je change de stratégie concernant ma recherche en me concentrant sur le confort d’usage, la puissance, je ferai avec. Je perçois un brin d’humour dans son interrogation sur mes raisons de venir acheter de l’équipement ici. Il est vrai que la Caserne fournit un peu de matériel mais la qualité laisse à désirer et l’usage limité. La plupart des gardes royaux s’équipent en dehors pour avoir un matériel de meilleure qualité, il n’y a presque que les jeunes recrues pour prendre ce matériel.

Vides, non. De piètre qualité, c’est certain. Et il s’agit d’un arc pour un usage personnel, j’aime chasser à l’arc. Alors, c’est normal que je paye moi-même ce matériel.

Je prend un arc court sur un présentoir. Certainement l’un des arc les plus cher pour avoir le droit d’être mit en valeur… Petit, il est fait pour faciliter son usage à cheval, on peut ainsi facilement tirer à gauche ou à droite. Mais généralement, ils sont extrêmement dur à bander pour une femme. On peut dire tout ce que l’on veut, je n’aurai jamais la force musculaire d’un homme comme Père. Je test tout de même la puissance de l’arc et constate avec plaisir que celui-ci est accessible pour moi. Je tire plusieurs fois sur la corde évaluant l’impact de la résistance de la corde sur mon corps, inutile de s'encombrer d’un matériel qui me fatiguera trop vite. Satisfaite de cet arc, je me décide pour cet achat et reporte mon attention sur l’aventurier.

La vie d’aventurier vous plaît ? Quel est votre spécialité ?

Amusée par ce petit jeu, je ne lui laisse pas le temps de répondre.

Non finalement, je vais deviner.

Je le contourne réfléchissant à sa possible spécialité. Tous les aventuriers ont une activité préférée. Certains aiment particulièrement le sauvetage, d’autre la chasse des créatures les plus dangereuse du royaume… Vu sa carrure et sa faux, je doute qu’il soit le genre d’aventurier à ne choisir que des sauvetages. Non, je le voit plutôt courir après de féroces créatures… Des coeurls, des cerberus et même plus gros.

Je dirais que vous êtes un chasseur de monstre.

Pour l’instant, je ne me frotte pas à ces grosses bestioles, les brigands et autres ennemis du royaume sont suffisant pour m’occuper et mon équipement insuffisant pour m’y attaquer pendant mes parties de chasses. Mon choix fini, je me dirige lentement vers le comptoir. Mon ancien carquois et mes flèches feront l’affaire, pas besoin d’en acheter à nouveaux. Les pointes harpons coûtent cher en plus.

Faire mouche du premier coup est vraiment plaisant, même si comme il le dit si bien, il le porte sur sa tête. Je pose l’arc sur le comptoir tandis qu’il s’adosse contre ce dernier en m’expliquant qu’on l’a déjà confondu avec un fermier. J’écarquille les yeux essayant de deviner s’il se paye ma tête ou s’il est vraiment sérieux… Il faut vraiment ne pas avoir les yeux en face des trous pour croire qu’il puisse être fermier. Tout chez lui crie qu’il est un combattant. Mais bon dans une taverne, je dois bien dire qu’il y a un fort risque que ces personnes aient été particulièrement alcoolisées tout simplement. On m’a déjà bien confondu avec une catin, une fille d’un noble quelconque et, une unique fois, pour un familier magique.

Il ne faut pas s’en offusquer, ces personnes devaient être sacrément alcoolisées. Cela vaut mieux que d’être traité comme une chienne magique...

C’était peu de temps après mon affectation au nord pendant une permission avec mes collègues. La soirée avait été particulièrement arrosée et les autres clients en avaient bien profité aussi. Dommage pour celui qui as eu l’idée de vouloir câliner “l’animal trop bai….”. J'espère pour lui que l’alcool présent dans son sang aura suffit à lui éviter l’infection après lui avoir arraché un gros morceaux. Finalement, le meilleur moyen pour se faire respecter n’est nul autre que la violence… La plupart des hommes ne comprennent que cela s’ils n’ont pas reçu d’éducation qu’elle soit militaire ou institutionnelle.

On en voit des pas mal quand on est en garnison dans des coins un peu reculé du royaume, croyez-moi. Il y a des endroits où il ne fait pas bon vivre pour une femme garde.

Bizarrement, les sifflets se sont tues sur mon passage après l’épisode de la taverne. J’avais même écopée d’une jolie réputation de femme sanglante. Il faut dire que presque arraché un bras à un homme n’était pas la meilleure des réponses à donner… Le tenancier de la boutique fait son entrée, les bras chargés d’une armure, certainement celle de Ryuji. Je m’écarte rapidement prenant l’arc à la main voyant l’homme s'apprêter à tout poser n’importe comment sur le comptoir.

Mes excuses Mademoiselle, je m’occupe de vous dans un instant.

Je grommelle un “pas de problème” râlant intérieurement de devoir me fournir dans un fourbi pareil… Si je ne fais pas attention, je vais repartir avec une arme à moitié détruite par le manque d’attention de son vendeur. Patiente, je laisse la place à l'aventurier pour qu’il récupère son “tablier”.

Patiente et bien disciplinée, j’était prête à attendre qu’il ait fini de vérifier son armure et payé le commerçant avant de compléter mon achat mais, en bon gentleman, il s’écarte pour me laisser le loisir de finir mon achat. Je sourie à sa remarque concernant la maladresse du commerçant en posant l’arc sur le comptoir devant l’homme. Celui-ci le prend en main pour contrôler le bon état de sa marchandise avant de m’annoncer le prix.

Deux cristaux claires et vingt gris, mademoiselle. Vous ne prenez pas de flèches et un carquois ?

Je soupire, à ce prix, j’aurai peut-être dû aller en acheter un chez un véritable artisan archer… Sortant ma bourse, je dépose les cristaux réclamé sur le comptoir et explique que je possède déjà le nécessaire. Sans plus de cérémonie, l’homme s’empare des cristaux et emballe l’arc dans une couche de papier crasseux. Il faudrait vraiment que je cesse de fréquenter des endroits comme celui-ci… Je récupère mon paquet prête à quitter la boutique sans attendre mais préfère reporter mon attention sur Ryuji, un peu de compagnie ne fait jamais de mal surtout quand elle est agréable. Je tend la main pour prendre un canon de bras et inspecter l’objet. Ce n’est pas le top de l’armure mais pas un débris inutile pour autant, ça remplit son office, c’est tout ce qui compte finalement. Reposant le canon, je me permet une question.

Un tel équipement ne vous gènes-t-il pas au combat avec votre faux ?

Je ne me vois pas combattre avec une telle armure, cela limiterait trop mes mouvements au sabre. Ai-je vraiment besoin d’une armure de toute façon ? J’ai fait sans jusqu’à maintenant et n’ai jamais été gravement blessée… Peut-être qu’un plastron pour protéger mes organes vitaux serait quand même une bonne idée. C’est à réfléchir…

J’ai encore quelques achats à faire, si ma compagnie ne vous dérange pas et que nous allons dans la même direction, cela vous dirait que l’on continu ensemble un moment ?

Il paraît qu’un marchand s’est installé pas loin et vend des oeufs magiques donnant naissance à des animaux de notre contrée. Cette rumeur a attisée ma curiosité et pourquoi ne pas acquérir un familier si l’un d’eux me plaît. Il y a aussi un passage à faire chez le tailleur… Avec tous les événements qui se déroulent au palais, nous devons faire bonne figure. Notre uniforme de parade est une chose mais parfois, nous devons accompagner des dignitaires et nous fondre dans la masse. D’où la nécessité d’avoir une robe dans l’armoire… Chose que je déteste au plus haut point…  

Un peu de compagnie rend la corvée de shopping nettement moins désagréable. Sa réponse me fait sourire. Charmeur en plus d’être d’agréable compagnie. Autant rendre ce moment amusant, jouons à ce petit jeu. Voyons qui charmera qui. Passant devant, il m’ouvre galamment la porte. Sourire d’ange plaqué sur le visage, je le remercie. Ce qui marche avec mes amantes devrait marcher sur lui non ? Intentionnellement, ma queue caresse lentement sa cuisse lorsque je passe juste devant lui.

Je soupire en constatant que la rue est un peu moins bondée. Avec ce temps, j’ai déjà trop chaud à mon goût alors au milieu de la foule, c’est un calvaire… J’ai grandi et vécu longtemps dans le nord, plus frais l’été, glacial l’hiver, mon corps de demi-renarde s’y est particulièrement bien adapté, trop même. Déambulant, le long de la rue en direction des deux boutiques où je dois me rendre, je continue la discussion.

Il y a beaucoup de travail en tant qu’exterminateur ? Tu dois voyager beaucoup, faire pas mal de rencontre passionnante.

Je m’amuse à changer d’intonation passant à une intonation plus équivoque en finissant ma phrase. C’est presque aussi amusant que de draguer Athena à ceci près qu’Athena ne se rend même pas compte de tout ça… Ne sachant pas trop à quoi ressemble la boutique d’oeufs, j’essaye de me repérer grâce aux enseignes. La boutique est censée être temporaire d’après ce que l’on m’en a dit, j’espère juste ne pas avoir loupé le coche… J’aperçois par-dessus une tête un truc ressemblant à un oeuf collé sur un mur. Je me saisi de la main de mon camarade et l'entraîne vers la boutique.

On va par là Ryuji !

C’est plus de la curiosité qui m'amène à vouloir voir ce magasin mais je suis toute excitée à l’idée de peut-être voir des petits. La porte est grande ouverte et l’on peut entrevoir plusieurs étales à travers la vitrine couverte de motifs d’oeufs. Sans attendre, je continue de le tirer jusqu’à l’intérieur. Notre entrée provoque un concert de piaillement à travers toute la boutique signe que nous débarquons bel et bien dans une boutique vendant des animaux. Au mur, de nombreux nids de paille accueillent de nombreux oeufs allant de quelques centimètre de diamètre à la taille d’une pastèque. Au milieu, plusieurs parcs regroupent de jeunes spécimens bien au chaud dans une épaisse couche de paille et des cristaux de chaleur. Lâchant la main de l’aventurier, je me dirige vers un parc remplie de jeune Pinplume. Curieuse de toucher ces petites bêtes, je tend la main vers eux et caresse doucement la tête de l’un d’eux.

Ce sont des petits qui sont nés ici, il y a quelques jours, Mademoiselle. Ils vont garder ce duvet tout doux pendant encore quelques semaines avant de prendre leur poil d’adulte.

Je me tourne vers la personne qui m’a parlée. Un bien joli brin de femme. Brune aux cheveux longs au visage angélique, un vrai délice à regarder et certainement à savourer si elle ne semblait pas un peu trop jeune. Je me redresse, la queue battant l’air et remercie la demoiselle pour son renseignement. Je contourne les parcs pour regarder un peu les pancartes placées devant les oeufs. Devant un oeuf de grande taille, je me tourne vers l’aventurier.

Ryuji, toi qui est exterminateur. ça grandit vite un bébéhémoth ?

Simple curiosité, ce genre de bestiole ne m’attire pas spécialement. Si je pouvais apprivoiser un animal sauvage, ce serait un chiraki. Il y en avait pas mal à une dizaine de lieu de ma maison quand j’était plus petite. Plus petite, j'adorais aller les voir voler.

Avoir un exterminateur avec soit est intéressant pour parler bestiole sauvage. Ses connaissances sur ses proies habituelles est impressionnante. Mes connaissances s'arrêtent surtout aux animaux pouvant me servir de repas dans la nature et le strict minimum pour ne pas servir de repas à un coeurl ou autres. Je hoche la tête, mauvaise idée de prendre ce genre de familier. Je ne veux pas finir comme amuse-bouche pour bébéhémoth. Curieuse, je continue de questionner l’aventurier.

Tu as déjà chassé un béhémoth ? Quel est le plus gros animal que tu as dû chasser ?

Continuant de regarder les oeufs, je distingue plusieurs animaux qui habituellement sont dans mon tableau de chasse. Le ribou a une viande plutôt juteuse mais un peu âcre… Le chapardeur, une viande fine et délicieuse. Tout ça me donne envie de repartir chasser mais ma prochaine permission de deux jours est encore loin. Je m'arrête finalement devant un nid avec un unique oeuf de vingt bons centimètres de diamètre. Jaune paille, la coquille est tachée de nombreux points bleus, certainement verdâtre pour quelqu’un à la vision normale. La fiche indique qu’il s’agit d’un oeuf contenant un bébé chiraki. Est-ce raisonnable d’acheter sur un coup de tête cet oeuf ? Quelle est la probabilité d’en retrouver un plus tard ? Hésitante, mes oreilles se plaquent sur ma tête et ma queue s’abaisse.

Que feriez-vous Ryuji ? Attendre le bon moment au risque de ne pas retrouver l’oeuf de l’animal qui vous fait envie, ou le prendre tout de suite ?

Pour l’instant, ce sera un bébé, il n’y aura pas de problème pour l’installer mais à terme… Un panier à côté de mon lit lui ira très bien et il me tiendra compagnie pendant mes gardes.

Ainsi, l’aventurier compte déjà de belles proies à son actif. Aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours tenue à l’écart des grognours. Trop dangereux pour nous simples chasseurs. Et je ne suis pas prête à aller me battre avec l’un d’eux… Il me faudrait plus que de la chance pour en réchapper. Avec un sourire, je le félicite continuant un peu le jeu de séduction.

Beau palmarès pour quelqu’un de jeune.

Peut-être que j’aurai un jour envie de changer d’air, de ne plus être simplement garde. Alors peut-être, je partirai à l’aventure comme ça. Mais pour l’instant, mon travail me suffit. Hésitant à acheter l’oeuf de chiraki, Ryuji m’incite à le prendre s’interrogeant sur mon hésitation. Les moyens pour le nourrir et m’occuper de lui ne sont guère un problème, c’est plutôt le logement de mon familier qui pourrait poser problème à terme… Un chiraki, c’est quand même un beau bébé lorsqu’il atteint sa taille adulte. Et ça grandit vite ! Pour les premiers mois, il pourra vivre dans ma chambre. Certains gardes ont déjà leur familier dans leur chambre. Il ira dormir avec Zeldris au pire. Mais plus grands, cela pourrait poser un problème d’avoir un grand chiraki dans la chambre. Cela n’est pas un bon environnement pour lui…

Le logement… Il sera vite à l’étroit à la Caserne, un chiraki a besoin d’espace pour s’épanouir et ne pas être trop agressif.

Je soupire, il a raison sur le fait que ce serait un peu idiot de laisser passer cette occasion. Je soupire en tendant les mains vers l’oeuf. Ce n’était pas prévu que j'achète un familier, mon budget va prendre une claque… La jeune vendeuse refait immédiatement son apparition, une boite bizarre à la main.

Déposez le là-dedans Mademoiselle. Ceci est une couveuse, le cristal qui est ici va chauffer l'intérieur de la boite et déclencher la maturation de l’oeuf. Dans quelques jours, votre familier va casser sa coquille.

Je hoche la tête prenant note mentalement de tout cela. Elle s’éloigne vers un tout petit comptoir en continuant ses explications.

Veillez à être la première personne qu’il verra après sa naissance, c’est extrêmement important. Il vous associera à sa mère et restera avec vous comme ça. Le Chiraki est un carnivore, petit, il mange peu mais souvent. Un idéal se situe aux alentours de quatre fois par jour les deux premiers mois.

Beaucoups d’informations mais gérable, cela me fait penser à mes briefings avant patrouille lorsque j’était au nord du royaume. Je la regarde activer le cristal et fermer la boîte après l’avoir remplie de paille. Je me tourne vers l’exterminateur et braque mon regard dans le sien.

Vous ne voulez rien Ryuji ? Vous en êtes certain ?

Je prend précautionneusement la boite en main et prend la direction de la sortie en saluant la vendeuse. Une sourire taquin aux lèvres, je propose à Ryuji de continuer la balade par un tour au tailleur. Je dois essayer la robe de bal que j’ai commandé. Parfois, les gardes royaux escortent les dignitaires dans des soirées mondaines… Souvent, on revêt simplement notre uniforme officiel. Rarement, on doit se vêtir en conséquence : robe ou costume trois pièces. Manque de pot, pour celle-ci, je vais devoir revêtir une robe. Que cela m’enchante… Comment puis-je protéger le dignitaire si je ne peux pas bouger comme je veux ?! Le jour où ils comprendront ça, je serai la garde la plus heureuse au monde !

Je dois aller au tailleur pour essayer une robe, vous m’accompagnez ? Cela pourrait être intéressant d’avoir l’avis d’une personne extérieur.

Et surtout, je ne serais pas seule pour vivre ce calvaire !

Mes oreilles frétillent lorsqu’il se décide enfin à se montrer un peu plus curieux par rapport à mes activités de garde. Serais-je en train de gagner ce petit jeu de séduction ? Souriante, je me demande tout de même s’il n’aurait pas une certaine rancœur vis-à-vis de la noblesse d’Aryon au vu de l’expression qu’il emploi. Il va falloir la jouer fine pour le coup au cas où…

J’ai servie dans la garde civile pendant quelques années changeant régulièrement d’affectation. J’ai vu un peu de paysage grâce à cela. Il y a un peu plus d’un mois, on m’a demandé de revenir à la capitale pour intégrer le corps de la garde royale.

L’achat de l’œuf est finalement réglé en deux temps, trois mouvements. Je n’ai plus qu’à attendre que mon bébé se décide à sortir de sa coquille. J’espére qu’il sera sage, la Caserne est déjà assez animée comme cela. Et les capitaines de la civile ne seront certainement pas amusés par un bébé chiraki un peu turbulent. Mes oreilles se dirigent vers lui lorsqu’il évoque un éventuel familier. Un nouveau mystère à éclaircir, cet homme devient de plus en plus intéressant. Il y a moyen que cela devienne vraiment amusant avec lui. Ma couveuse à la main, je m’avance dans la rue en proposant à Ryuji de m’accompagner à ma séance d’essayage. Je rigole lorsqu’il s’essaye à une mauvaise interprétation théâtrale. Néanmoins, son commentaire me fait rougir, je n’ai pas l’habitude que l’on se montre aussi chevaleresque avec moi. On voit plus souvent la renarde que la femme en moi. Cela est amusant, il sait où titiller pour essayer de me charmer. Je suis sûr que cela va être un bon moment.  Doigt sur le bouche, je le dévisage.

Seriez-vous de ces hommes qui reluque les femmes lorsqu’elles se changent messire Takamura ?

Peut-être discernera-t-il une lueur d’amusement dans mon regard. Jusqu’à maintenant, il avait l’air d’avoir de l’humour, je ne vois pas pourquoi cela devrait changer. C’est rare que j’ai envie de partager un peu de temps comme cela avec un homme. Autant en profiter un peu…  Déambulant dans la rue en direction de la boutique du tailleur que j’ai choisi, j’explique un peu mon métier à l’aventurier.

Plus que de protéger des gens de la Haute Volée comme tu dis, je protège la famille royale. Cela va de l’escorte des dignitaires à la protection rapprochée du Palais. Cela peut paraître moins gratifiant que d’être garde civile mais nous œuvrons tout de même pour le bien du peuple. S’il venait à arriver quelque chose au roi ou à la reine, le peuple serait le premier à souffrir des dommages collatéraux. Protection, nourriture, paix…

Le palais est certainement l’endroit où l’on trouve le plus de garde par unités de surface… si l’on ne compte pas la caserne bien sûr. La protection de la famille royale est une nécessité pour maintenir la paix du royaume. Une gouvernance stable permet à la paix de prospéré et à chacun de trouver sa place dans la société. A l’approche de la boutique, je me permets de taquiner à nouveau Ryuji avec une question pleine de sous-entendu.

Envie d’un après shopping Ryuji ?

Je n’ai pas l’habitude de lancer des regards coquins à des hommes mais de temps en temps, l’envie de jouer avec l’un d’eux me prend.