Alizée Zorione

C'est durant une nuit pluvieuse qu'est née Alizée. Elle a vu le jour de la façon la plus naturelle qui puisse être, sa mère ayant refusé d'aller voir un médecin. De toute façon, ils n'auraient pas su : les parents de la jeune femme étaient des exclus, des personnes dont le peuple ne voulait pas. Et eux ne voulaient pas du peuple. La mère d'Alizée était une orpheline qui avait toujours vécu dans la pauvreté et qui avait appris à survivre en volant. Son père, lui, était quelqu'un d'ordinaire, de banal, fils d'un herboriste qui transmettait son savoir à son fils. Il avait une vie normale, bien qu'il était solitaire. Et il est tombé amoureux de cette femme fatale qu'était la mère d'Alizée. Ils ont fuis ensemble, voyageant partout où leurs jambes les menaient. C'est dans un tel climat que notre poupée a grandit, clandestinement. Elle n'a pas particulièrement manqué d'amour durant les premières année de sa vie, mais elle a appris très tôt à survivre elle aussi. Elle a appris à voler grâce à sa mère, à reconnaître différent type de plantes grâce à son père, à faire preuve de loyauté grâce au lien familial qui la liait à ses parents. C'était une vie misérable et en même temps, si agréable.

Mais une nuit, ses parents furent tués par un brigand. Elle n'était encore qu'une enfant, une enfant effrayée qui avait pourtant tenté de poignarder le meurtrier de sa seule famille. Un geste qui avait fortement amusé cet homme qui a décidé de ne pas la tuer et de la garder. C'est donc lui qui s'est occupé d'elle. Alizée était détruite par la mort de ses parents et refusait de se nourrir ou même d'accepter "la bonté" de l'assassin. Pourtant, celui-ci est parvenu à lui redonner le goût de vivre. Comment ? "Si tu me détestes, tue-moi. Mais tu en es incapable pour le moment, je ne me laisserai pas faire. Alors manges, grandis, prends des forces, et fais tout ce qui en ton pouvoir pour parvenir à me tuer et accomplir ta vengeance". Voilà ce qu'il lui a dit, des mots qui résonnent encore en elle aujourd'hui.

La descente aux enfers avait débuté. Alizée a appris à se battre, à manier les armes, à devenir vicieuse. Elle devait tout mettre en œuvre pour pouvoir un jour tuer celui qui l'avait privée de sa famille. Et peu à peu, alors qu'elle n'était qu'une adolescente, elle a commencé à devenir une criminelle. Savoir se défendre, c'était bien. Mais assassiner quelqu'un, c'était autre chose. Elle devait s'y préparer. Elle devait mettre ses émotions sur "off". Alors elle est devenue tueuse à gage, car l'argent, c'était important, même si elle avait appris à voler. Maligne, elle s'arrangeait toujours pour passer ses contrats sans jamais se montrer. Personne n'a jamais pu se vanter de lui avoir fait face et encore plus d'avoir déjà vu son visage. Certains venaient même à croire que cette tueuse, devenue professionnelle en peu de temps, n'était qu'une histoire pour faire peur. On ne savait même pas dire s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme. Tout ce qu'on savait, c'est qu'il fallait déposer la demande à un endroit précis avec l'argent. Et si elle était acceptée, le lendemain, on retrouvait une plume au même endroit. Et peu de temps après, la cible était morte. Cette façon de procéder mêlée à la façon dont elle tuait ses victimes (attaques rapides, sans souffrances-en général- et "propres") lui ont valu le surnom d'Ange de la mort.

Oui Alizée était devenue l'un des tueurs à gages les plus "connus" du royaume, l'un des individus les plus mystérieux aussi. Personne n'est jamais parvenu à remonter jusqu'à elle. Elle ne fréquentait personne, mise à part celui qu'elle devait tuer. Tout ce qu'elle sait, elle l'a appris de ses parents, de lui, d'elle-même. C'était même elle qui se faisait ses propres vêtements. Elle était talentueuse mais aussi cruelle et ce malgré la sensibilité qui sommeillait en elle. Parfois, il lui arrivait même d'utiliser son pouvoir juste pour pouvoir faire souffrir plus longtemps les rares personnes qu'elle rencontrait et qui lui déplaisaient. Oui, vous pouvez le dire, c'était la pire des ordures !

Puis vint enfin le jour où elle décida qu'il était temps pour elle d'accomplir sa vengeance. Elle était prête. C'était il y a deux ans. Ça a été très vite. Vraiment vite. En quelques minutes, la lame de son poignard était prête pour transpercer le cœur du brigand. Elle a pleuré, bien malgré elle, sans savoir expliquer pourquoi. C'était la première fois depuis la mort de ses parents. Mais elle l'a fait. Elle a tué son second père. C'était un choc pour elle. C'était de trop. Mais elle devait le faire car  ce lien si parculier qu'elle entretenait avec son père adoptif était devenu une preuve d'amour.

La jeune femme n'avait plus aucun but, plus rien à faire dans la vie. Elle était vide. Elle a donc abandonné tout ce qu'elle avait fait au cours des dernières années, à recommencer à voyager. Elle n'était plus qu'une âme sans vie se baladant de village en village, abordant les gens sans la moindre émotion. Puis elle rencontra cette personne qui lui sembla être la première à vraiment s'intéresser à elle. Une personne qui n'avait aucun lien "familial" avec elle, qui ne lui avait jamais rien fait. Cette personne aura permis à la poupée de débuter une nouvelle vie. Elle lui a rappelé qu'elle était humaine, qu'elle avait des émotions elle aussi, des émotions plus fortes qu'il n'y paraissait. "Je ne sais pas ce qu'il t'es arrivé, Alizée, mais si tu veux un conseil : aide les gens. Vis une vie normale. Ce sera plus agréable pour toi, ça va te reconstruire et tu te trouveras un nouveau but, une nouvelle raison de vivre...". Et l'a écouté, même s'il lui arrive encore, vraiment très exceptionnellement, à accepter des demandes.