Les enchères, un endroit merveilleux où tout la société se retrouvait pour faire couler l‘argent dans des batailles d’égo et de désirs brûlants. Un monde qui était fait pour moi, la douce Josiane de Monsimart. Un endroit où j’étais sûre de trouver l’homme de ma vie. Celui qui me donnera mille petits oisillons. Et le voilà, je le vois me regarder, non il ne regarde pas la poitrine opulent de cette blondasse dévergondée, mais bien moi, la plus belle dinde du royaume. Il déboutonne sa chemise d’un geste si sexy et la caresse qu’il adresse à sa bourse veut tout dire sur ses intentions. C’est moi qu’il veut acheter et non ces stupides tongs. Mais je ne suis pas une femme si peu chère. Aller Silène enchérit là !

55 cristaux !

Son regard me transperce, il m’emplit de son désir brûlant de me posséder. Les enchères montent et la température aussi. Je lis dans ses yeux un vice impardonnable un désir défendu. Je vois derrière les fenêtres de son âme ses envies et ses réflexions. Je suis sûre qu’il réfléchit déjà à la façon dont il va me fourrer en me ramenant chez lui. Oh que j’ai hâte. Silène fait ton job.

70 cristaux !

La chaleur explose, elle suinte sur tout son corps. Je la regarde perler sur la naissance de ses abdos, telles des montagnes que je gravirai. Ses mains tremblent, ses doigts s’agitent impatient de saisir mon corps plumeux pour m’élever au rang de reine tel l’ambroisie dîner des dieux. Il veut me dévorer, m’engloutir tout entière. Me posséder jusque dans son propre corps, que nous ne fassions plus qu’un. Mais bouge toi un peu Silène merde !

80 cristaux !

Il s’élance, il bondit. Il frappe la falaise qui nous sépare de ses main calleuses. Il hurle pour m’atteindre et je sens la température qui s’emballe, ou peut-être est-ce mon cœur ? L’enchère devient une arène et les sommes nos armes. Les fers se croisent, le sang giclent, les cris fusent pour enchanter la foule. Ce combat est pour moi, mon guerrier est parti en guerre, pour moi, pour que je sois sienne. Il ne vit que pour se lier à moi par le lien le plus sacré, pour m’accompagner sur cette terre impie. Ces assaut me font trembler, vibrer comme jamais je n’avais vibré auparavant. Ils m’assaillent, me tourmentent, m’étouffent et pourtant je ne me suis jamais sentie aussi vivante. Son désir brûlant carbonise les autres acheteur qui fondent sur place, incapables de l’arrêter. Même la potiche blonde reste pantoise, ses atouts de souillons ne pouvant la sauver du véritable amour. Elle qui pensait pouvoir se faire désirer par cet Homme. Oui cet Homme avec un grand H. Elle qui se pensait à ma hauteur, moi la grande Josiane. Vas-t-en catin car tu as perdu, notre amour t’as vaincu et renvoyée dans le trou d’où tu es sortie.

Je le regarde et il me regarde, nos yeux s’écharpent, ils décomposent nos corps, nous cisaillent de part en part. Je le vois, il n’abandonnera jamais pour m’avoir, j’en ai la conviction. Plus nous enchérissons et plus nous jouons un jeu de dupe. Un jeu d’égo qui vient pourrir notre amour. Il me veut et il m’aura, le jeu est déjà décidé. J’étais sienne au moment où il a lâché ses premiers cristaux et où il a entamé le combat. Un guerrier sans peur que la mort n’arrêtera pas et qui reviendra vers sa bien-aimée. S’en est fini, tu peux m’avoir.

Je m’élance dans les airs, écrasant le visage de la blondasse et utilisant sa bouche décomposée comme tremplin. Je m’envole jusqu’à lui par-dessus les bancs, par-dessus la vulgace qui ne saurait nous séparer. Jusqu’entre tes bras si musclé, oui tu as gagné je suis à toi. Allons-nous en.

 « Euh désolé pour la dinde, elle s’est un peu emballée, dit Silène à sa voisine qui venait de se prendre une dinde massive en plein visage. »

La garde sortit un petit mouchoir en tissu pour l‘aider à essuyer le sang qui coulait de sa lèvre tuméfiée. Elle se retenait d’éclater de rire, car ce ne serait pas très gentil pour la blonde. Mais elle était sur le point de craquer après avoir vu cette scène surréaliste et vu le conseiller de la guilde se faire culbuter par une dinde en chaleur.

Vraiment elle adorait sa vie.