Marché noir N°8

Le marché noir ne m'était pas inconnu, loin de là, il était nommé dans les murmures et les messes basses de nombreux concitoyens. Le trouver était une autre paire de manche. Il fallait connaître les bonnes personnes, s'adressaient à elles sans éveiller les soupçons. 

Je ne m'intéressais pas spécialement à ce type de marché, il y avait bien assez d'équipements à se procurer légalement sur Aryon. Et pourtant m'y voilà, convaincu par une source assez surprenante. Je traînais pas mal mes bottes avec lui ces derniers temps, entre quête et entraide animalière, Fauve venait de rentrer dans le cercle de mes amitiés. Aventurier aguerri, les quêtes qualifiées dangereuses me tendaient les bras. Et les dernières découvertes de la Royauté ne me rassuraient guère sur la sécurité du Royaume. Entre Cité enfouie, désert volant et les surprises d'un nouveau voisinage, mieux valait assurer d'être efficacement équipé. 

- Pourquoi appelle-t-on cet endroit marché noir ?
- Ça veut dire qu'il n'est pas légal d'être ici.
- Pourquoi ? On y vend des objets et consommables comme ailleurs non ?
- Oui, mais ils ne devraient pas être vendus car souvent ils sont trop dangereux et utilisés à mauvais escient ils peuvent provoquer des dégâts irrémédiables.
- Mmh... Peut-être ceux qui les utilisent ont une bonne raison de le faire. Toi tu y vas bien, tu n'as pas l'intention de faire du mal ? Peut-être que ceux qui font du mal ont une raison bienfaisante de le faire ? Tout n'est-il pas question de point de vue ?
- Si Yaya, mais tout le monde n'a pas de raisons "bienfaitrices" comme tu dis. Certains aiment faire souffrir tout simplement. Et les produits que tu vois ici peuvent être issus de douleurs ou de l'extinction d'une espèce pour pouvoir les fabriquer. Il y a un tas de raison pour que ce soit illégal. Finis-je de chuchoter.

Ma cape artificielle était d'une curiosité sans fin, la notion de bien et de mal était trop abstraite pour elle. Réfléchissant sur notre discussion elle se tut, écoutant et observant ce qui nous entourait. 

Mon regard riva sur une mèche de feu puis une démarche que je reconnaîtrais parmi mille. Je la suivais, discrètement, demandant à Ignigo Montaya le silence le plus complet. Elle s'exécuta et, tapis dans l'ombre, mes pas se firent loup. L'enchantement de la cape me permit d'être invisible dans l'ombre du marché. Ma proie s'arrêta devant un marchand que je reconnu, un vendeur de potion d'intangibilité. 

- Même avec ça tu ne m'échapperas pas, soufflai-je à l'oreille de la flamme. 

Luz se retourna arme en main, Ignigo laissa mon visage apparaître, les yeux émeraudes étincelerent d'une myriade de sentiments. Peur, surprise, méfiance et soulagement. Je souris, ma main glissa sur la sienne.

- Tu peux ranger ton arme, susurrai-je en joignant l'acte à la parole. Mes doigts se refermèrent sur la garde de son poignard, accompagnant sa dextre sous sa pèlerine, cachette idéale pour une lame à portée de main. 
- Lucy seule savait que j'allais te croiser ici, décidément. Acceptes-tu … un garde du corps ? Non, La femme savait parfaitement se défendre seule. la compagnie d’un ami ? J'ai déjà trouvé mon bonheur et de quoi alléger ma bourse, sans me la faire détrousser.  Baissai-je encore le ton avec un clin d’oeil.

code ─ croquelune