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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    [Défi RP] Le tournoi
    Bel'EcailleCompte PNJ
    Bel'Ecaille
    Informations
    [Défi RP] Le tournoi
    Jeu 16 Juin 2022 - 20:26 #
    Le tournoiDéfi RP
    Il n'est pas rare, que l'une ou l'autre des familles nobles organise un tournoi afin de montrer l'étendue de ses richesses, faire profiter aux autres de leurs domaines, ou tout simplement pour le plaisir de se confronter les uns aux autres. Combats singuliers, joutes, compétitions de tir, duels ou en groupe, toutes les disciplines dites "nobles" peuvent être proposées.

    Ce qui est rare, par contre, c'est que la Royauté décide de sponsoriser l'un de ses événements, laissant généralement les nobles s'amuser entre eux sans s'en mêler. Mais c'est le cas de celui-ci. Et si la majorité des épreuves se déroulent sur le grand domaine des Tanner, organisateurs, situé en banlieue de la Capitale, il est promis que la finale d'escrime se déroulera au sein même du palais, sous la bulle anti-magie, pour éviter la moindre triche.

    Rhis, en tant que conseiller royal, il est de ta responsabilité de représenter les souverains, bien occupés en ces temps troublés avec la découverte d'une nouvelle nation, et peut-être même te laisseras-tu séduire par l'idée de participer à quelques combats ?


    Participants : @Vivi Arundel & @Rhis Dolamn
    Thème actuel : Olympiades sportives
    Vivi ArundelAventurière
    Vivi Arundel
    Informations
    Re: [Défi RP] Le tournoi
    Dim 19 Juin 2022 - 18:45 #
    Vivienne Suzalie Javotte d’Arundel ?
    Juste pour aujourd’hui.
    L’intendant de la maison Tanner – un petit homme grisonnant à la moustache impeccablement taillée – accueillit sa réponse d’un infime froncement de sourcils. Très professionnel, il étudia l’invitation de la jeune femme sans faire de commentaires, puis invita l’enchanteur qui l’accompagnait à faire son office.
    Puis-je voir l’arme que vous comptez utiliser ? demanda celui-ci.
    L’aventurière hocha la tête, puis dégaina sa claymore d’un geste ample. La longue lame damasquinée étincela sous le soleil de midi. Déjà prévenue des modalités de l’événement, Vivi ne se fit pas prier pour remettre son arme au spécialiste.

    L’expert en objets magiques produisit un carré d’étoffe imbibé d’huile aboulique, dont il vint soigneusement enduire le fil de l’épée : cette préparation émousserait l’acier et atténuerait la violence des impacts pour les trois prochaines heures. Le traitement terminé, la lame luisait d’un éclat blême, et si elle n’était pas pour autant totalement inoffensive, les risques de blessures sérieuses étaient désormais quasi-nuls.
    C’était l’idéal pour les entraînements et les compétitions amicales.
    Vivi elle-même aurait bien voulu posséder quelques réserves de cette huile miraculeuse.
    Tu m’en filerais pas un pot, dis ?
    Le visage du jeune enchanteur s’illumina, mais l’intendant qui rémunérait ses services eut tôt fait de le rappeler à l’ordre d’un raclement de gorge sévère.
    Oups... pas ici, chuchota l’apprenti avec un sourire confus, avant de lui souffler discrètement l’adresse de son établissement à la capitale.
    L'arme de la jeune femme était désormais bien moins dangereuse, et ayant vérifié qu’elle n’en possédait aucune autre, l’intendant fit signe aux gardes de lui ouvrir la voie.

    Vous pouvez passer, grogna le petit monsieur.
    Coulant un dernier regard admiratif au buisson capillaire que l’homme arborait sur la lèvre supérieure, Vivi s’engagea sur le sentier de promenade qui faisait le tour de la propriété.
    Jolie moustache, au fait… lui glissa-t-elle en passant.
    …et bien qu’elle n’en fut pas certaine, elle pensa voir un éclair de fierté briller dans ses yeux.

    ”Les différents types de moustache*”:
    La promenade scénique qui menait vers l’arrière-cour était un trajet savamment étudié pour mettre en valeur l’opulence de la maison Tanner. Dans ce jardin parfaitement entretenu, se succédaient les sculptures taillées dans des matériaux inconnus – ou enchantés – qui paraissaient comme perpétuellement nimbés d’un discret voile aquatique, fluide et toujours en mouvement. Cette pierre mystérieuse créait une atmosphère rafraîchissante qui vous encourageait à flâner sur le sentier de promenade… et de l’avis de Vivi, elle avait même le mérite d’arroser les plantes.

    Pour la jeune chevaleresse, qui transpirait en abondance dans sa lourde armure complète, cette fraîcheur était la bienvenue. Vivi s’arrêta brièvement pour effleurer le bec humide d’un faucon de jade, aux ailes fièrement déployées, et ayant recueilli une goutte de rosée sur son gantelet d’acier, elle poursuivit son chemin.
    L'expérience était plaisante. Ce ruissellement continu vous chuchotait agréablement à l’oreille, tandis que des fragrances capiteuses assaillaient le promeneur à mesure que les fleurs exotiques s’ouvraient sur son passage, dans un soupir sucré.
    La nature, ici, était parfaitement contrôlée et manufacturée pour satisfaire aux plaisirs de l’esthète. En d’autres termes : Vivi  – qui possédait le sens esthétique d'une courgette – promenait un regard chargé de lassitude sur ce paysage floral et sans surprises. Elle aussi, autrefois, avait vécu dans ce faste.
    Et ça ne lui manquait pas.

    Distraitement, Vivi se demandait ce qu’aurait pensé Soredamor d’un tel spectacle.
    Sûrement que sa camarade d’aventures aurait su nommer chacun de ces minerais et de ces plantes fabuleuses, et avait-elle déjà tout lu à leur sujet dans ces livres épais qu’elle épluchait sans cesse. Une petite pointe de regret tirailla la poitrine de la jeune femme.
    Peut-être que j'aurais dû lui proposer de m'accompagner... j’imagine pas quel désastre ç'aurait été avec le gratin, mais au moins, elle aurait pu m'causer des cailloux. Cette pensée ramena un sourire discret aux commissures de ses lèvres.
    La jeune chevaleresse respira à plein poumons. Allez, du nerf ! Ce n’était qu’un petit détour – un bref regard en arrière, sur un passé qui ne la possédait déjà plus –, dès demain, elles repartiraient ensemble à l’aventure.

    Vivi atteignit finalement sur le terrain d’entraînement. Un rectangle encaissé de terre battue, fonctionnel et spacieux, que surplombait le reste de la cour extérieure où s’étiraient les tables de banquet et défilaient déjà les nuées de convives (qu'elle désignait en son for intérieur comme "le gratin le moins digeste de toute la création").
    C’était une chaude et belle journée. Suffisamment venteuse pour qu’une bourrasque taquine vienne ballotter la queue-de-cheval qu’elle maintenait attachée de son ruban rouge fétiche, et rafraîchisse ponctuellement sa nuque empoissée de sueur.
    Un beau temps pour se foutre sur la gueule, pensa Vivi distraitement.

    Etudiant l’aire de combat, la jeune femme sentit un frisson agréable lui parcourir l’échine.
    Quand bien même l’utilisation des pouvoirs était-elle interdite et qu’il ne lui serait jamais venu à l’esprit de tricher : à la perspective de remporter le tournoi et de combattre sous le regard royal, elle pouvait sentir son armure – assoiffée de gloire – lui exprimer toute l’étendue de son anticipation. Cette sensation électrisante persista sur le bout de ses doigts.
    A ce stade, Vivi n’aurait su dire qui d’elle ou de l’armure avait le plus hâte d’en découdre.
    Cependant, n’en déplaise à son pouvoir : la jeune chevaleresse n’avait absolument aucune intention d’aller jusqu’en finale.
    Non, en venant ici, elle… cédait simplement à un accès de nostalgie.  

    Il n’y avait pas grand chose qui méritait qu’elle fasse l'effort de se souvenir de son enfance.
    Les remembrances de sa vie au sein de la maison Arundel lui étaient floues, confuses et insipides. Pourtant, il y avait certaines journées particulières... de rares évènements qui éclairaient sa mémoire comme une éclaircie soudaine illumine un ciel de grisaille : Vivi avait tendance à se souvenir de celles-ci.

    C'était arrivé le jour de sa victoire au Tournoi des Jeunes Lions.
    Elle ne se rappelait presque plus du combat ou de son adversaire… mais les festivités qui avaient suivies, sa rencontre avec la princesse et le personnel royal... demeuraient d’une fraîcheur limpide dans sa mémoire. Au cours de cette fête, le souvenir précieux d’avoir été escortée, soutenue et divertie par le conseiller du roi apportait comme une touche de couleur et de joie au tableau bien terne de son enfance.
    Aussi, en recevant sa missive, qui la conviait à participer à cette compétition amicale, Vivi avait simplement éprouvé le désir de le revoir.

    Son nom était Rhis Dolamn.
    Et elle n’était venue que pour profiter de l’écho de nostalgie bienfaisante que le souvenir de leur rencontre faisait éclore dans sa poitrine.
    …ainsi que pour lui faire mordre gentiment la poussière, si l’occasion se présentait. Agée de seulement quinze ans la dernière fois qu’ils avaient croisé le fer, elle n’avait jamais constitué un adversaire à sa mesure.
    C’était l’occasion rêvée de voir si l’écart avait pu se combler.

    Mais en attendant de le retrouver… Vivi se dirigea vers le banquet.
    Les affaires n’allaient pas fort en ce moment (comprendre que ses dernières aventures en compagnie de Soredamor n’avaient pas été très lucratives) et toute économie potentielle sur les frais alimentaires était bonne à prendre.
    En somme : c’était l’heure de bâfrer.

    ”Récapitulatif”:
    Rhis DolamnEspion royal
    Rhis Dolamn
    Informations
    Re: [Défi RP] Le tournoi
    Dim 26 Juin 2022 - 22:27 #
    A l’occasion du tournoi organisé par la Royauté, Rhis avait envoyé toute une série d’invitations à des membres de la noblesse. L’événement aurait lieu au domaine des Tanner, qui s’étaient généreusement proposé pour organiser les festivités dans leur demeure. Il était connu que cette famille avait un grand domaine, et qu’il était assez large pour accueillir des olympiades sportives entre les membres de la haute société. Le conseiller royal avait donc suivi les préparatifs de ce tournoi, et c’était avec une certaine satisfaction qu’il avait vu tout se mettre savamment en place. Ses hôtes savaient y faire pour accueillir dignement leurs pairs, et ils n’avaient pas lésiné sur les dépenses – en un sens, ils auraient eu tort de s’en priver, puisque la Couronne soutenait cet événement. L’espion était arrivé en début de matinée sur place, et il avait été accueilli chaleureusement par la maîtresse des lieux, Dame Aliénor Tanner, qui lui avait montré non sans une certaine fierté sa propriété, les tables réservées aux convives, ainsi que, bien sûr, l’aire de combat et les stands de tirs. Indifférente aux serviteurs qui courraient dans tous les sens, la femme avait ensuite attendu le verdict de Rhis, et il n’avait pu que la féliciter pour le ce qu’elle avait accompli avec son mari. Evidemment, il y avait eu tout un travail en amont, dont le beau brun avait pris connaissance au préalable, mais organiser un tel tournoi demandait du temps et de l’énergie. La famille Tanner méritait d’être félicitée et le protecteur royal comptait bien louer leur sens de l’organisation quand il retournerait voir Allys et Grimvor au Palais.

    Mais pour l’heure, il fallait seulement accueillir les convives, et ceux-ci étaient arrivés au fur et à mesure de la matinée. Petit à petit, le manoir et le jardin s’étaient rempli d’invités, et l’ambiance festive du domaine donnait presque l’impression d’être dans une bulle hors du temps, loin des nouvelles d’un pays inconnu et mystérieux qui avaient passionné les salons mondains ces dernières semaines. Oh, évidemment, on parlait d’Empyrée, mais certains nobles étaient également là pour prendre des nouvelles d’anciens amis, et d’autres encore avaient hâte d’en découdre sur l’aire de combat. La perspective de pouvoir se mesurer les uns aux autres contribuait d’ailleurs à avoir une atmosphère compétitive, mais bonne enfant, où certains aristocrates se complimentaient tandis que d’autres se narguaient derrière une fausse courtoisie.

    Autant parler franchement : certains combattants étaient nullissimes et avaient depuis longtemps perdu les leçons qu’ils avaient reçu à la caserne durant leur adolescence. Mais d’autres étaient doués et n’hésitaient pas à se lancer des duels pour se mesurer les uns aux autres, en attendant le tournoi officiel que Rhis devait gérer, aux côtés des organisateurs de l’événement. Il n’allait pas tarder à lancer les hostilités d’ailleurs. Mais avant cela, le protecteur royal saluait les convives, voguait d’un groupe à l’autre, feignait de s’intéresser à chacun (car oui, il n’accordait pas à tout le monde le même degré d’intérêt), et parfois même, regardait les prouesses des jeunes nobles qui voulaient lui montrer leurs capacités d’escrime. Soyons honnête, cette partie l’intéressait quand même bien plus que les vains bavardages propres à bon nombre d’aristocrates. L’homme s’était même laissé aller à donner quelques conseils à certains adolescents qui rêvaient de gloire et d’honneur, et pour mieux illustrer ses propos, il avait partagé quelques passes avec un quadragénaire, Lord Gensnow, qui aurait très bien pu s’enrôler comme précepteur à la caserne. Il avait salué ensuite quelques tireurs sur les stands de tir, avait vérifié avec l’intendant que les étalons seraient bientôt prêts pour les joutes et puis… Il était revenu à l’endroit le plus intéressant du manoir, le terrain d’entrainement.

    Rhis remarqua alors une jeune chevaleresse avec une armure qui brillait de mille éclats au soleil. Il n’eut pas de mal à la reconnaître. Après tout, il se souvenait clairement l’avoir invitée, et un fin sourire appartut sur son visage. Voilà que la journée allait s’annoncer encore plus intéressante, et c’est d’un pas leste qu’il rejoignit son ancienne protégée.

    - Vivienne d’Arundel, la salua-t-il d’une voix aimable alors qu’il arrivait globalement à sa hauteur. J’espérais vous voir, mais je ne savais pas si vous nous honoriez de votre présence.

    La dernière fois qu’il l’avait vue, elle gérait les problèmes de villages pour redorer le blason des Arundel. Son père n’avait manifestement pas eu cure que sa fille soit surmenée et n’ait pas suffisamment connu la réalité du terrain pour trouver des solutions réelles à ses problèmes. Rhis l’avait discrètement aidée en restant quelques temps dans les parages, même si l’intéressée n’avait jamais découvert son intervention pour lui donner un coup de main.

    Il l’avait rencontrée à deux autres reprises, l’une au Tournoi des Jeunes Lions, l’autre au manoir de sa famille. Dans le premier cas, elle avait brillé pour son exubérance et sa maladresse. Dans le second, elle était littéralement l’ombre d’elle-même, à cause de la pression imposée par son paternel. C’était là que, pour lui donner une bouffée d’oxygène, Rhis avait échangé quelques passes avec elle. Il avait vue cette jeune guerrière se débrouiller au tournoi royal, l’espion savait donc qu’elle avait du potentiel… Mais il ne savait pas comment elle avait évolué, depuis le temps. Le conseiller était curieux de voir si elle avait progressé, et pas seulement d’un point de vue physique.  Avait-elle aussi su se renforcer mentalement en grandissant ?

    - Vous avez l’air d’aller bien, observa-t-il. Qu’êtes-vous devenue depuis la dernière fois qu’on s’est vu ? Il me semble que vous aviez alors beaucoup de pression sur vos épaules…

    Libre à elle de se confier ou d’éluder sa question, Rhis n’était pas là pour tout connaître sur sa vie.

    - Je suppose que vous venez pour le tournoi, reprit l’homme, alors qu’il jetait un œil à l’aire de combat. Il y a beaucoup de nobles qui veulent en découdre, aussi bien des gens de votre âge que d’autres vétérans aguerris. Vous êtes prêtes à briller comme au Tournoi des Jeunes Lions ? lui demanda-t-il, avec un air de malice dans le regard.

    Enfin, l’homme s’interrompit alors qu’un vent agréable balayait leurs cheveux et leur permettait de ne pas souffrir de la chaleur.

    - Le centre du tournoi se concentrera sur l’escrime, même s’il y aura aussi une course entre cavaliers, une épreuve au stand de tir, et une joute équestre. A quoi comptez-vous participer ?

    Quand il lui avait donné une leçon, autrefois, elle était bien trop jeune pour pouvoir gagner. Est-ce qu’elle avait gagné en force maintenant ? Et qu’était-elle devenue finalement ? Il allait pouvoir le découvrir, et Rhis s’empara distraitement d’un jus de sirop présentée un serviteur. D’autres présentaient de l’alcool, mais… Il ne préférait pas encore boire des boissons alcoolisées pour le moment. Ce serait dommage si cela émoussait ses capacités, d’autant que plusieurs nobles lui avaient déjà demandé instamment de participer aux combats.
    Vivi ArundelAventurière
    Vivi Arundel
    Informations
    Re: [Défi RP] Le tournoi
    Mar 28 Juin 2022 - 19:26 #
    Le moins qu’on puisse dire, c’est que le banquet se défendait bien.
    La soupe à bouillon perlé dégageait un fumet divin. Le carré de mouton gourmandé de persil vous fondait dans la bouche, et les différents plateaux de viandes étaient couronnés de gros oignons blancs : rôtis et juteux à souhait. Sa fourchette d’argent à la main, Vivi faisait un carnage.
    Un bataillon de cœurs de laitues confits dans le sucre fut rapidement recruté, et rejoignit d’office l’assiette de la petite chevaleresse. De belles tranches de viande de pissenlion – croquantes et rafraîchissante à la fois – vinrent également garnir les rangs de l’armada, épaulées de saucisses de lamproie caramélisées et d’une généreuse compotée de champignon-pudding.
    J’vais fondre… c’est trop bon.
    Une sacrée bataille se livrait sur le plateau. Nombreux furent les convives à se pétrifier devant ce spectacle, tandis que la petite morfale poursuivait son offensive titanesque sur les victuailles.
    ‘faut absolument que j’en rapporte un morceau à Soso.

    On dit que les rares témoins de cette escarmouche rapportèrent qu’il s’agissait – ni plus, ni moins – d’une atroce boucherie… mais fort heureusement pour les invités parmi les plus affamés (ou pour ceux à qui cette vision d’horreur coupait l’appétit), on vint bientôt distraire Vivi de son champ de bataille.

    Vivienne d’Arundel, l'interpella-t-on d’une voix posée. J’espérais vous voir, mais je ne savais pas si vous nous honoriez de votre présence.
    Dans un déluge de jus de cuisson, la petite femme sursauta et se retourna tout à la fois. Encadré de gouttelettes de gras qui scintillèrent sous le soleil de midi, son visage s’illumina d’un seul coup, et Vivi s’exclama :
    Rhis !
    Ah, oui. Pas de “monsieur le conseiller”, ni de “votre excellence”, ici.
    Les titres et les formalités étaient désormais une chose bien lointaine pour Vivi Arundel.
    Et dans sa bouche, ce prénom qui retentissait sur la cour extérieure sonnait comme un véritable cri du cœur.

    La petite aventurière s’agita soudain. Panique, liesse, surprise ! Elle se rapprocha vivement du conseiller royal, presque comme si elle espérait lui donner l’accolade, avant de réaliser qu’elle risquait surtout de le percuter de sa grande assiette chargée de saucisses.
    Et puis même, pourquoi tu veux l’serrer dans tes bras, pauv’nouille ?
    Cherchant quoi faire de son plateau de victuailles trop bien garni, Vivi commença à s’affoler. Elle se trémoussa sur la droite, puis sur la gauche (avec la gaucherie naturelle qu’on peut attendre d’une jeune femme coincée dans une lourde armure d’acier), mais il ne restait malheureusement guère de place sur la table de banquet, déjà bien encombrée…
    Elle rougissait désormais autant de sa maladresse que de ses pensées.
    Z’avez pas élevé les cochons ensemble, essaie de te tenir un peu !

    Vous avez l’air d’aller bien, constata gentiment le noble.
    C’était effectivement une façon de voir les choses.
    Dans un bruit retentissant de vaisselle qui claque (qui eut pour effet d’attirer nombre de domestiques à sa rescousse, avant qu’elle ne casse quelque chose), Vivi parvint finalement à décharger son plateau de victuailles. Elle se retourna alors vers le conseiller royal, l'œil brillant.
    Qu’êtes-vous devenue depuis la dernière fois qu’on s’est vu ? Il me semble que vous aviez alors beaucoup de pression sur vos épaules…
    Qu’il se rappelle d’elle après toutes ses années lui semblait toujours comme un petit miracle... ce qui la confortait dans cette impression – flatteuse et intime – que leur rencontre avait représenté quelque chose de spécial. Que pour lui aussi, cette journée avait été comme un petit moment de soleil pour rompre la monotonie d’un quotidien trop terne. La jeune femme rayonnait.

    J’vais bien ! s’exclama-t-elle. — J’ai profité qu’le paternel soit derrière les barreaux pour tout plaquer.
    Captant des bribes de leur conversation, un convive s’étrangla sur son toast badigeonné d’un succulent tartare d'œufs de salamandre (les nobles n’étaient sans doute pas habitués à ce qu’on beugle sur tous les toits qu’on avait un parent proche en prison).
    C’est mon frangin qui s’occupe des affaires familiales dernièrement. Il m’a aussi transmis vot’courrier.

    La présence du conseiller royal attirait bien des regards, et des yeux calculateurs se dardaient sur cet étrange duo. Sans doute se demandaient-ils quel lien unissait le seigneur Dolamn à la fille (très rustique, ma foi) d’une maison noble tombée en disgrâce.
    Et sans doute se demandaient-ils comment en tirer profit (...souhaitons-leur bonne chance, car exploiter cette connexion risquait fort de leur demander de véritables trésors d’imagination). D’ailleurs, depuis que ses investissements dans le monde de l’art avaient périclités, le clan Arundel n’avait plus vraiment d’atouts à faire valoir… et subsistait tant bien que mal. Peut-être que cette démonstration d’intérêt de la part du conseiller royal contribuerait à leur offrir de nouvelles opportunités, mais contrairement à son frère cadet : Vivi était bien incapable de ce genre de considérations.

    Je suppose que vous venez pour le tournoi. Il y a beaucoup de nobles qui veulent en découdre, aussi bien des gens de votre âge que d’autres vétérans aguerris. Vous êtes prêtes à briller comme au Tournoi des Jeunes Lions ?

    Elle hocha la tête, et la fraîcheur d’un souffle de vent vint faire danser les pointes de sa frange mal taillée. Sous ce lacis de mèches de la couleur des blés, brillait un regard doux et pimpant comme un tapis de mousse fraîche.
    Haha ! J’les attends de pied ferme, tous ces gus ! s’exclama-t-elle en ajustant le baudrier qu’elle portait à l’épaule. C’est que j’en ai sacrément botté, des culs, depuis que j’suis aventurière !
    Parmi “tous ces gus”, nombreux furent les convives à hausser le sourcil.
    Ces fanfaronnades risquaient fort de lui attirer une certaine animosité…
    (…mais étaient-ce bien des fanfaronnades ?)  

    Le conseiller royal poursuivit, sans se laisser perturber.
    Le centre du tournoi se concentrera sur l’escrime, même s’il y aura aussi une course entre cavaliers, une épreuve au stand de tir, et une joute équestre. A quoi comptez-vous participer ?
    Vivi cligna les yeux en s’entendant lister les différentes épreuves, toutefois, sa réponse fut pratiquement immédiate.
    Euh, j’sais pas… j’dois m’inscrire où pour vous affronter, m’sieur ?
    Les commissures de ses lèvres se relevèrent dans un sourire tout aussi malicieux que celui de son interlocuteur. Se replaçant une mèche de cheveux vagabonde derrière l’oreille (dans un geste presque coquet), la petite aventurière déclara sans fard :
    Parce que si j’suis venue aujourd’hui, c’est bien pour vous battre à plates coutures.

    Aucune hésitation. Ni dans la voix, ni dans la posture : toutes deux vibraient de détermination.
    Pétillante et lumineuse, Vivi Arundel avait l’allure de celles qui se préparent à soulever des montagnes.
    Rhis DolamnEspion royal
    Rhis Dolamn
    Informations
    Re: [Défi RP] Le tournoi
    Ven 1 Juil 2022 - 23:12 #
    C’était un véritable carnage. Un crime de lèse-majesté envers les bonnes manières. D’un air un peu dubitatif mais aussi un peu amusé, Rhis regardait à l’énorme assiette que portait la jeune chevaleresse : elle avait choisi sans vergogne de beaux morceaux de viandes accompagné de quelques légumes pour accompagner ses victuailles, mais plus Vivi déambulait près du buffet, plus elle avait une montagne de nourriture devant elle. La guerrière arrivait pourtant à ingurgiter le tout avec une facilité déconcertante. Il était clair qu’elle ne se rendait absolument pas compte de son comportement excentrique, qui lui attirait d’ailleurs des regards en coin peu flatteurs. Ses concitoyens pensaient certainement que cette demoiselle n’avait reçu aucune éducation et qu’elle faisait honte à son rang. Mais soit elle n’y accordait pas du tout d’attention, soit elle avait trop faim pour seulement prêter attention aux visages désapprobateurs qui l’entouraient. L’espion pariait sur les deux à la fois. Il était évident qu’elle était trop concentrée sur son plat pour comprendre l’impatience ou l’air courroucé des gens à côté d’elle, et l’arrivée du conseiller royal n’arrangea rien.

    Car Rhis monopolisa clairement l’attention de la demoiselle. Le beau brun crut même entendre une dame recracher dans son verre lorsque la blondinette l’appela par son prénom, alors qu’elle avait des gouttes de graisse sur son visage et qu’elle courait comme un taureau vers lui. Vivi sembla se reprendre en dernière minute lorsqu’elle se rendit compte qu’elle se présentait au garde avec un si grand plateau de victuaille, et un sourire empreint de bonhomie apparut sur le visage de l’espion lorsqu’il la vit chercher à gauche, puis à droite, un endroit où déposer son assiette. L’homme croisa légèrement les bras en attendant que la guerrière trouve une échappatoire, mais il lui accorda quand même une perche pour se sortir de là. Il lui demanda donc si elle allait bien – et Lucy soit louée, des domestiques eurent le bon sens d’accourir à ce moment-là – après quoi Rhis lui demanda de ses nouvelles de manière générale. Ce fut lorsque la miss se retourna que ses premières impressions se confirmèrent. Il n’avait plus affaire à la jeune Arundel oppressée par les trop grandes ambitions de son père. Non, elle semblait bien plus libre, bien plus à l’aise, bien plus elle-même, en somme ; son visage rayonnait pour il ne savait quelle raison – peut-être la dégustation de son plat, tiens ? -, et elle finit par lui répondre.

    J’vais bien ! J’ai profité qu’le paternel soit derrière les barreaux pour tout plaquer.

    Rhis dut son salut à son ancienneté au palais. S’il n’avait pas autant l’habitude de porter un masque pour son rôle de conseiller et d’espion royal, un rictus serait bien apparu sur son visage pour marquer son assentiment. Le beau brun se contenta néanmoins d’hocher la tête avec indulgence, même s’il ne tarda pas à lancer une petite pique, tant pour Vivi que pour les personnes alentours qui épiaient leur conversation.

    - Je vois. C’est une bonne nouvelle, compte-tenu des activités illégales de votre père. Je suis sûr que votre frère arrivera à donner une nouvelle impulsion à votre famille, dans la bonne direction bien entendu.

    Rhis n’avait jamais véritablement apprécié le patriarche de la famille Arundel. Cet homme était beaucoup trop ambitieux pour son propre bien, et pire, il n’était même pas doué avec ça. Faute de réussir, il avait exercé une pression monstre sur ses enfants, spécialement sur sa fille, qui n’avait pas du tout correspondu à ses attentes, loin s’en faut. Il y a longtemps, il était venu au manoir des Arundel, et la gamine de l’époque n’était plus que l’ombre d’ellle-même, loin de la guerrière enthousiaste qu’il avait vue pour la première fois au Tournoi des Jeunes Lions. Il lui avait alors donné une leçon d’escrime, tant pour la revigorer que pour la sortir de son apathie et de ses réponses toutes faites, presque automatiques. Il était content de voir que son tempérament naturel avait repris le dessus, même si elle n’avait aucune manière digne de ce nom et qu’elle avait donc l’air de faire tache au milieu de ce rassemblement.

    Mais les nobles autour d’eux ne l’avaient pas encore vue l’épée à la main. Ils allaient tomber de haut s’ils sous-estimaient cette jeune chevaleresse à l’esprit de feu. Elle avait eu du potentiel du haut de ses quatorze ans ; des années plus tard, elle devait avoir acquiers encore plus d’expérience.

    - Et donc, quelle voie avez-vous choisie puisque votre frère a repris la gestion de votre domaine ? Je suppose que vous avez quitté aussitôt votre manoir ?

    Trop de mauvais souvenirs devaient habiter la mémoire de la jeune femme. L’espion lança ensuite un œil à son armure, puis il demanda :

    - Vous êtes devenue chevalier errant ou vous avez privilégié une autre voie ?

    La conversation dériva ensuite sur le tournoi qui allait bientôt se jouer, et cette fois, un sourire trembla sur les lèvres de Rhis. C’était rare de rencontrer cette fraicheur et cette morgue bien propre à la jeunesse, mais elle faisait plaisir à voir, en même temps.

    - Tous ces gus, vraiment ? J’attends de voir si vous arriverez à les mettre au tapis. Vous allez être confrontée à la « fine fleur du Royaume », jeune demoiselle, et son ton narquois et sérieux en même temps empêchait réellement de savoir s’il se moquait ou louait cette soi-disant élite. Tout était une question de point de vue, sans doute. J’espère donc que vous êtes prête à suer et à prouver votre valeur, sinon, vous allez mordre la poussière.

    Un murmure d’assentiment sembla se répandre dans la foule, alors qu’il lui lançait un clin d’œil uniquement destiné pour elle. Il n’avait pas de doutes sur ses capacités, mais il ne pouvait pas prendre trop ouvertement son parti devant tout ce beau monde qui devait très probablement vouloir la réduire en cendre dès les premières manches.

    Puis lorsque la demoiselle lui demanda où il fallait s’inscrire pour le combattre, parce qu’elle comptait bien « le battre à plat de couture », un léger rire s’échappa franchement des lèvres de Rhis.

    - Je comptais juste faire l’arbitre au début, fit-il posément en déposant son verre à l’approche d’un domestique, mais il semble que je ferai trop de déçu si je ne participe pas. Vous n’êtes pas la première à me demander d’échanger le fer… Donc je vais satisfaire à la fois nos hôtes et nos invités.

    Un sourire de défi apparut sur son visage alors que Rhis soutenait tranquillement le visage de l’aventurière. Sa détermination lui plaisait et il avait hâte de voir de nouveau ses talents de combattante. Son regard se tourna ensuite vers les invités autour de lui et il ne tarda pas à repérer la personne qu’il voulait. L’homme avait de courts cheveux noirs et des yeux émeraudes, il était chétif, mais était bien habillé avec sa longue tunique blanche et bleue ciel. Il était clair comme de l’eau de roche qu’il ne faisait pas partie des chevaliers ou des nobles qui croiseraient le fer, mais son manque de combativité était largement compensée par son intelligence et ses capacités de gérant.

    - Intendant Lenavor. Assurez-vous que Vivienne d’Arundel soit bien inscrite au tournoi d’escrime. Ajoutez-moi également, puisque Dame Aliénor et vous m’avez tant prié de participer, et clôturez les inscriptions à l’épreuve. Il est temps qu’on détermine le nombre de manches et qui seront des adversaires. Je vous laisse faire avec le capitaine Génoir.
    - B-bien.
    - Messire Dolamn !    

    Rhis accorda une oeillade à un homme de la trentaine, au teint basané, fort comme un bœuf derrière son armure et sa large épée à deux mains. Il avait une moustache – que Vivi reconnaîtrait certainement comme une moustache au « fer à cheval » ; l’espion, lui, n’avait pas toute cette expertise –. Le noble avait un aspect sévère, derrière son crâne chauve et son air un peu ascétique. Néanmoins, le conseiller royal le reconnut et il le salua d’un mouvement de la tête.

    - Messire Donovan.
    - Excusez-moi de vous interrompre, mais j’ai entendu votre conversation avec cette jeune… demoiselle, et je serai intéressé pour être son premier adversaire. Il me semble important de lui inculquer le respect et de lui faire comprendre que… nous ne sommes pas que des « gus », comme elle semble le penser.    

    Ah, les crâneurs qui reposaient sur leurs acquis, il détestait ça.
    Si un espion se reposait sur ses capacités et pensait être le meilleur au monde, il aurait tôt fait d’être surpris par son inexpérience par les innombrables choses qu’il avait encore à apprendre dans le cadre de ses missions.

    Probablement que ce noble voulait ridiculiser Vivi dès le début du tournoi pour l’humilier et lui faire comprendre qu’elle n’était pas à sa place.

    Rhis se tourna donc vers elle et vers l’intendant en même temps.

    - Vous avez une objection ? Le gérant du tournoi secoua la tête tandis qu’ils attendaient la réponse de Vivi, puis il reprit la parole.  De mon côté, je ne m’y oppose pas non plus. Mais laissez quand même du temps à l’intendant de présenter correctement les différentes manches. Le tournoi commencera dans une vingtaine de minutes, le temps de regrouper les spectateurs et les participants.

    Le noble ne tarda pas à marquer son assentiment avant de jeter un regard de défi à l’aventurière, puis il les laissa tranquille.

    - Il semble que vous allez devoir le battre avant de m’affronter, déclara tranquillement Rhis. Vous avez peaufiné vos techniques ?

    Techniquement, l’homme avait peut-être plus d’expérience, mais rien n’était joué pour autant. De toute façon, avec ses déclarations de tantôt, Vivi ne s’était clairement pas fait des amis…
    Vivi ArundelAventurière
    Vivi Arundel
    Informations
    Re: [Défi RP] Le tournoi
    Dim 10 Juil 2022 - 3:10 #
    Intendant Lenavor. Assurez-vous que Vivienne d’Arundel soit bien inscrite au tournoi d’escrime. Ajoutez-moi également, puisque Dame Aliénor et vous m’avez tant prié de participer, et clôturez les inscriptions à l’épreuve. Il est temps qu’on détermine le nombre de manches et qui seront des adversaires. Je vous laisse faire avec le capitaine Génoir.
    B-bien.

    Vivi réfréna un frisson.
    Entendre son nom dans ces circonstances – et dans la bouche du conseiller royal – venait d’émoustiller son armure d’une petite décharge électrisante. La jeune chevaleresse pinça les lèvres et s’efforça d’ignorer cet appât.
    ...assoiffée d’honneur, il était fréquent que l’armure lui prodigue ce genre d’encouragements, en jouant sur ses sens pour lui distribuer punitions et récompenses.

    En conséquence, une ombre était tombée sur le visage de la petite aventurière.
    Elle n’était pas là pour ça ; remporter la compétition au nom de la maison Arundel était la dernière chose qu’elle aurait souhaité.
    Ce n’était pas son rôle. Plus maintenant.

    Profitant du fait qu’un large chevalier moustachu interpellait Rhis d’un vibrant “Messire Dolamn !”, Vivi s’éclipsa pour rejoindre l’intendant de son petit trot cliquetant. Un brin embarrassée, elle lui confia son problème à mi-voix.
    ...c’est possible, dites ?
    Voyant qu’elle semblait bénéficier des faveurs du conseiller, l’intendant Lenavor décida de ne pas faire d’histoires.
    C’est noté. Nous trouverons bien quelque chose.
    Merci m’sieur ! le remercia-t-elle avec chaleur avant de s’en retourner auprès de Rhis, qui terminait à peine d’échanger avec l’imposant chevalier.

    …nous ne sommes pas que des « gus », comme elle semble le penser.
    Ah non ? pensa Vivi, l’air décontenancé.

    Attrapant la conversation au vol, la petite chevaleresse mesura du regard ce grand dadais qui semblait vouloir l’affronter.
    Impressionnant dans son armure lourde, une puissante épée à deux mains attachée dans le dos, le sieur Donovan paraissait tout droit sorti d’un livre d’images. Sa moustache frétillait au rythme contrarié d’une respiration nasale et sifflante, et chacun des mots qu’il assénait au conseiller royal sonnait comme un coup de marteau.
    Oh bigre, y paraît bien r’monté celui-là…
    Ralentissant l’allure pour ne pas rejoindre Rhis tout de suite, l’aventurière se fit toute petite. Elle trouva refuge derrière un buffet surmonté d’une grosse jatte remplie d’olives saumurées (qu’elle commença à piquer sur les doigts articulés de ses gantelets d’acier, histoire de patienter). Leur goût acide lui explosa en bouche.  

    Vous avez une objection ?
    Oups ! Elle pensait qu’ils en avaient encore pour un moment à discuter.
    Se découvrant soudain au centre de l’attention (la bouche toujours pleine, d’ailleurs), tandis que conseiller, chevalier, gérant et intendant se tournaient dans sa direction, Vivi se redressa dans un à-coup nerveux (elle avait comme un air d’adolescente prise en faute, avec sa main coincée dans la jarre à olives).
    N-... nan, du tout, répondit-elle avec un sourire pâlot.

    Peu impressionnés par le spectacle qu'elle offrait (en tentant discrètement de déloger son gantelet d'acier), les organisateurs préférèrent se retourner vers le conseiller. (On entendit d'ailleurs comme un bruit de vaisselle cassée, et un petit "pardon...!" étouffé.)
    Plusieurs olives roulèrent sur les pavés.

    La rencontre organisée, le moustachu – qui n'avait rien manqué de ses déboires – lui lança un regard peu amène (devant lequel la petite chevaleresse parut toute entière se ratatiner). Bien évidemment, le sieur Donovan ne répondit même pas au petit signe amical qu’elle tenta de lui adresser (...de sa main humide et adornée d’olives) et s'éloigna à grands pas.
    Catastrophée, Vivi laissa lui échapper un profond soupir*.
    ”Aparté Moustachologique – L’Arcane du Fer à Cheval*”:
    Regardant partir le chevalier, la jeune femme affichait une petite moue mélancolique (elle termina pourtant de gober ses olives).
    Un peu plus vulnérable, maintenant qu'elle ne se distrayait plus en faisant une razzia sur le buffet, Vivi lança quelques coups d'œil épars aux alentours. Comme pour prendre la mesure de cette hostilité – à peine voilée – que les convives faisaient silencieusement peser sur sa nuque. Le pli de ses lèvres, déjà pincé, se réhaussa d’un ourlet d’amertume.
    Décidément, il n’avait pas fallu longtemps pour qu’elle s’attire leur mépris…

    Y z’en font des simagrées pour deux-trois bouts d’viandoche, quand même...

    Presque instinctivement, elle se rapprocha de Rhis (beaucoup trop près, ce qui fit encore grincer davantage de dents).
    …de l'opinion de Vivi, le conseiller royal était peut-être la seule personne ici qui ne lui en voudrait pas mortellement d’être du genre à croquer dans un gigot à pleines dents (bon... elle était également du genre à roter à table, mais ça, il ne le savait pas).
    Il semble que vous allez devoir le battre avant de m’affronter. Vous avez peaufiné vos techniques ?
    Sa voix – toujours si égale – calma un peu les palpitations qu’elle ressentait dans sa poitrine.
    Si m’sieur Donovan est pas plus fort qu’vous, ça devrait aller, s’entendit-elle répondre sur une note guillerette, qui semblait déjà soulagée de toute mélancolie.

    Bien que l’ayant cueilli au vol dans la conversation, Vivi semblait avoir retenu le nom de son prochain adversaire.
    Nonchalamment accoudée à la table du banquet, elle étudiait d’un regard pensif ce moustachu guindé au physique de colosse. Encaissé dans une armure scintillante et affublé d’une redoutable lame à deux mains, il était la représentation même d’un vrai chevalier.
    Bien que le titre fut tombé en désuétude et que la noblesse d’aujourd’hui ne bénéficiait d’aucune prérogative particulière sans d’abord s’engager dans La Garde, c’était à des individus tels que le sieur Donovan qu’on pensait quand on s’imaginait un chevalier ; un noble qui prenait les armes pour le bien de son peuple et de son royaume.

    En l’observant, Vivi se sentait – juste un peu – jalouse.
    Les entraînements acharnés de son enfance n’avaient eu d’autres objectifs que de compenser son handicap physique. De faire d’elle une guerrière digne de son rang, et ce, même en dépit de sa petite stature. Ayant toujours été fine et délicate comme une brindille, on avait su très tôt qu'elle n’aurait jamais la force ou l’allonge d’un homme fait, mais on avait voulu lui offrir d’autres armes… lui offrir, envers et contre tout, les moyens de triompher.
    Peut-être son enfance aurait-elle été différente si elle était née homme.
    Grande et robuste comme le sieur Donovan.

    Surprenant le regard qu'elle posait sur lui, l’imposant gaillard se détourna dédaigneusement.
    Presque dotée d’une vie propre, sa moustache tressautait au rythme indigné du plaidoyer dont il faisait profiter les autres convives.
    Urg, il m’a vraiment pas à la bonne.
    Et de cela, Vivi semblait sincèrement chagrine.
    Pour autant, elle ne s'imaginait pas perdre contre lui.
    Rhis DolamnEspion royal
    Rhis Dolamn
    Informations
    Re: [Défi RP] Le tournoi
    Sam 23 Juil 2022 - 22:46 #
    D’un geste, l’intendant hocha la tête lorsque Rhis lui demanda de le rajouter, lui et Vivienne d’Arundel, aux participants du tournoi. Le conseiller royal se concentra ensuite de nouveau sur la demoiselle en armure, et il crut percevoir, l’espace d’une seconde, une ombre sur son visage. Elle qui était si joyeuse et vorace un instant auparavant, ce changement d’attitude était un peu intriguant et l’escrimeur ouvrit la bouche pour l’interroger. Mais manque de chance, son initiative tourna court lorsqu’un homme baraqué d’une lourde épée à deux mains l’interpela d’une voix franche et bourrue. Se désintéressant momentanément de la jeune femme, le beau brun se tourna vers sieur Donovan et lui accorda, bon gré mal gré, son attention. Ce n’était pas le genre de personnages que l’espion aimait fréquenter – ce noble était trop imbu de lui-même et de son statut – mais il devait bien côtoyer leurs invités, peu importe leur provenance.

    Ce dernier lui demanda donc « l’honneur » de combattre la jeune Arundel, et Rhis évalua rapidement quel combat cela pourrait donner. En soi, il n’avait aucune objection à sa demande, même si, en un simple coup d’œil, on aurait dû croire que Donovan pouvait faire voler la miss dans les airs. Mais le conseiller savait que les apparences étaient trompeuses ; il se tourna donc vers l’intéressée pour avoir son avis… Et haussa un sourcil.

    C’est que l’aventurière avait décidé de se faire petite à l’approche de l’autre noble. Jugeant sans doute que c’était une discussion privée, elle avait pris un peu de distance jusqu’à aller près du buffet, mais cela rendait la situation particulièrement cocasse, puisque Rhis, sieur Donovan et l’intendant se tournèrent en même temps vers la guerrière et la surprirent en train de goûter des olives au bout des doigts. La bouche pleine, la main prise dans le sac, on aurait dit une enfant trop gourmande qui semblait avoir été projetée sur le devant de la scène contre son gré. Ses joues ressemblaient à celles d’un hamster, et l’espace d’un court instant, le temps sembla figé, alors que chacun réagissait de son côté.

    C’est que ça faisait très sérieux, vraiment, et l’intendant posa sa main contre son front, comme s’il déplorait son manque de manière. Rhis, lui, réprima un sourire légèrement amusé et sieur Donovan fronça des sourcils d’un air désapprobateur.

    Vivienne eut quand même le bon sens de répondre et ses autres interlocuteurs se concentrèrent de nouveau sur Rhis. Cela valait sans doute mieux, parce qu’on entendit bientôt du côté de la jeune femme un bruit de vaisselle cassé. L’homme ne s’en préoccupa pas sur le moment, et préféra d’abord congédier l’intendant et l’autre noble désagréable. Après quoi, il attendit qu’ils prennent congé avant de se diriger d’un pas leste auprès de Vivi.

    Il jeta un coup d’œil au plat cassé ainsi qu’aux olives tombées par terre, et il se tourna ensuite vers la jeune femme.

    - Je vois que vous avez eu la main leste. Allons ailleurs, le temps qu’un domestique nous débarrasse de ces débris.    

    L’homme aux yeux saphirs tourna dès lors les talons pour se rendre dans une autre partie du buffet, où il y avait un peu moins de monde. On pouvait y trouver des tranches de canard, accompagné d’une sauce gibier excellente, et de quelques légumes assortis. Si Vivi avait toujours aussi faim, elle pourrait certainement assouvir son insatiable appétit, d’autant plus qu’il y avait encore d’autres plats sur la table

    - Ne faites pas attention à l’hostilité alentours, fit Rhis, en surprenant l’air un peu mélancolique et amer de la jeune femme.  Vous n’avez peut-être jamais été douée pour les subtilités mondaines, mais votre habilité à l’épée, elle, ne ment pas. Ils risquent peut-être de vous en vouloir un peu si vous battez certains d’entre eux au tournoi, un peu, voire un peu beaucoup, même, mais heureusement pour vous, vous n’aurez pas non plus à les côtoyer longtemps, sourit le protecteur royal.  Vos aventures sur la route vous les fera bientôt oublier.

    De toute façon, Vivi semblait avoir établi l’espion comme une sorte de rival, et elle affirma pouvoir s’en sortir si sieur Donovan n’était pas plus fort que Rhis, ce qui le fit légèrement rire.

    - Il ne pourrait pas me battre, affirma-t-il après l’avoir observé un temps du coin de l’œil. Sa réponse aurait peut-être pu paraître pour de l’arrogance, mais le conseiller n’en avait rien à faire. Il est massif et puissant, mais d’autre part, il est handicapé avec son armure et le poids de son arme, donc il est bien plus lent. En plus, ses connaissances restent probablement théoriques. Je doute qu’il ait croisé le fer en dehors des tournois. Votre expérience et la mienne jouent donc en notre faveur. Soyez suffisamment agile, évitez ses coups,- qui pourraient sans doute faire mal - et jouez avec ses nerfs, ça devrait suffire.

    Si l’adversaire de Vivi était impatient, cela jouerait en sa défaveur et lui ferait commettre plus de fautes. En tout cas, Rhis laissa sa protégée dévisager ledit noble, et quand elle constata qu’il ne l’avait vraiment pas à la bonne, l’espion eut un sourire très franc.

    - Réjouissez-vous, vous aurez un public pour regarder votre exploit, blagua-t-il. Le plaidoyer de sire Donovan avait attiré vraisemblablement quelques-uns de ses amis et nul doute que ces derniers seraient dans les tribunes. Enfin, si cela peut vous consoler, dites-vous que vous pourrez me combattre après ça. Cela devrait être suffisant pour que vous lui régliez son compte, non ?

    Ces paroles devraient suffire pour motiver la demoiselle et Rhis reprit la parole, se souvenant d’un détail qu’il avait noté dans un coin de sa tête.

    – Au fait, il y a quelques instants, vous sembliez avoir perdu votre gaieté habituelle. Juste après, sieur Donovan l’avait interpelé et le conseiller royal n’avait pu l’interroger à ce propos. Il y a un problème ?  

    Le beau brun attendit sa réponse, puis esquissa un geste en direction des gradins.

    - Je pense que le tournoi va bientôt commencer. Je vais rejoindre les maîtres des lieux dans la tribune principale, je verrai de là votre combat.

    Un sourire à la fois taquin et provocant naquit sur ses lèvres.

    - Battez-le et vous pourrez assurément me défier aujourd’hui dans cette arène.  
    Vivi ArundelAventurière
    Vivi Arundel
    Informations
    Re: [Défi RP] Le tournoi
    Mar 2 Aoû 2022 - 16:12 #
    Après s’être confondue en excuses auprès des domestiques, Vivi emboîta le pas au conseiller royal de son petit trot cliquetant.
    Il est massif et puissant, mais d’autre part, il est handicapé avec son armure et le poids de son arme, donc il est bien plus lent. En plus, ses connaissances restent probablement théoriques. Je doute qu’il ait croisé le fer en dehors des tournois. Votre expérience et la mienne jouent donc en notre faveur. Soyez suffisamment agile, évitez ses coups, et jouez avec ses nerfs, ça devrait suffire.
    C’est avec un discret sourire en coin qu’elle accueillit les remarques du conseiller royal au propos de son futur adversaire.

    Après tout, la petite aventurière portait exactement le même genre d’équipement que l’imposant chevalier, en plus d’être dotée d’un physique nettement moins avantageux. Rhys sous-entendait-il qu’elle serait tout aussi incapable de le vaincre ? Eh bien, cela restait à prouver.
    Ceci dit, elle comprenait où son mentor occasionnel voulait en venir. Cela n’avait que peu de sens de porter une armure dans un tournoi où les armes étaient émoussées à l’aide d’une huile ensorcelée (ou même de s’encombrer d’un pareil équipement défensif si c’était pour omettre de se protéger le visage).
    Si elle avait dû affronter Rhys en conditions réelles, la jeune chevaleresse aurait commencé par enfiler son heaume, afin de réduire au maximum les ouvertures possibles. Le sabre du conseiller royal n’aurait pas trouvé si aisément un défaut dans sa cuirasse.

    Néanmoins, pour Vivi comme pour Donovan, porter l’armure n’était pas une question de logique.
    L’imposant chevalier portait la sienne comme on porte un uniforme, conformément à ses vœux, à ses principes. La petite aventurière, quant à elle, revêtait l’acier familial seulement parce qu’elle était incapable de s’en défaire sans contreparties. Aurait-elle eu le choix qu’elle se serait débarrassée de ce tas de ferraille depuis longtemps.

    Réjouissez-vous, vous aurez un public pour regarder votre exploit, poursuivit gentiment le conseiller en avisant la foule qui prenait place dans les tribunes. Enfin, si cela peut vous consoler, dites-vous que vous pourrez me combattre après ça. Cela devrait être suffisant pour que vous lui régliez son compte, non ?
    Ouep, sourit-elle.
    L’expression de Vivi retrouva un peu de son soleil (et pas seulement parce qu’elle s’était mise à gober les tranches de magret qui lui passaient sous le nez). Léchant la graisse de canard qui lui coulait sur le menton, elle acquiesça aux propos réconfortants du conseiller.
    La perspective d’un affrontement avec son mentor occasionnel la réjouissait toujours autant.
    Peut-être parce dotée d’une imagination étriquée, la jeune chevaleresse ne voyait tout simplement pas meilleur moyen de partager quelque chose avec un individu tel que le conseiller. Les mœurs, le tempérament, le statut… tout semblait les séparer, mais une fois l’arme à la main, ils pouvaient se retrouver sur l’aire d’entraînement.
    Un échange d’égal à égal, c’était tout ce qu’elle demandait. Enfin, non. Elle voulait gagner aussi.

    Au fait, il y a quelques instants, vous sembliez avoir perdu votre gaieté habituelle. Il y a un problème ?  
    Soudain distraite de ses pensées belliqueuses (et de son magret de canard), la petite chevaleresse prit un air gêné.
    Oh… heum.
    Le regard rivé sur son mentor, de petites rides de concentration vinrent creuser son front.
    Elle ne demandait pas mieux qu’à lui expliquer, mais peinait encore à mettre des mots sur ce conflit d’intérêts qui la tourmentait.

    Son frère cadet, Isaac, avait pris la relève.
    La maison Arundel lui appartenait désormais, mais ses opposants étaient nombreux. Beaucoup préféraient Vivi pour ce poste, dont le profil était bien plus conforme à ce qu’on attendait traditionnellement de l’héritier d’une maison de guerrier (aux yeux des opportunistes, le fait qu’elle soit sacrément plus bête que son puîné jouait également en sa faveur).
    Participer à un tournoi au nom des Arundel revenait donc à lui offrir une concurrence directe. En s’illustrant aujourd’hui, elle risquait d’apporter de l’eau au moulin des détracteurs d’Isaac. Ce que Vivi ne souhaitait pas. Conformément au vœu de son frère, elle avait décidé de le laisser s’occuper des affaires familiales, et de ne plus se consacrer qu’à elle-même.

    …mais sa volonté de se tenir éloignée de ce genre d’enjeux ne plaisait pas nécessairement beaucoup à son armure, qui, sentant sa quiète rébellion, resserrait un étau glacé sur son cœur.
    Respectueuse des lois et de l’honneur, l’Armure de Coercion Chevaleresque ne ferait rien qui puisse l’avantager ou la désavantager au cours de ce tournoi, néanmoins, en refusant cette chance d’attirer l’attention de la famille royale… Vivi risquait fort d’endurer son courroux pour les jours à venir.

    C’est l’genre de situation… commença-t-elle en faisant la moue, où mon pouvoir fait un peu des siennes.
    Plongeant son regard dans celui du conseiller, elle vint adoucir ses atermoiements d’un petit sourire courageux.
    ...mais n’vous inquiétez pas, hein ? J’ai l’habitude.

    Quoi qu’il advienne, elle s’y était préparée. Le cas échéant, l’armure lui paraîtrait plus lourde et plus froide, telle un linceul glacé… jusqu’à ce que survienne une nouvelle occasion de s’illustrer.
    Cet inconfort, ces douleurs… ce n’était rien de nouveau.
    Rien qu’elle n’ait dû toujours supporter.

    Ils ne poursuivirent pas davantage sur le sujet. Interrompus dans leur échange par la nécessité de rejoindre les tribunes, le conseiller s’éloigna pour prendre place, non sans lui adresser ces dernières paroles.
    Battez-le et vous pourrez assurément me défier aujourd’hui dans cette arène.
    Une déclaration qui la rendit toute guillerette.  
    C’est comme si c’était fait, assura-t-elle.


    ***


    Veuillez faire bon accueil à Sieur Donovan de Cornyères, entonna l’intendant du domaine.
    L’imposant chevalier vint prendre place sur l’aire de combat.
    Ayant choisi de ne pas faire état de sa filiation, son adversaire combattra en l’honneur de nos hôtes, la maison Tanner. (Plus exactement, elle lui avait demandé si elle pouvait se battre afin de “les remercier pour la bouffe”, mais l’intendant s’était arrangé pour trouver une tournure plus adéquate…) Accueillez donc “Vivi”.
    Applaudissements mesurés. Reniflement dédaigneux de la part de son adversaire.

    Rejoignant l’arène, Vivi eut un sourire pour l’intendant.
    Elle lui était reconnaissante d’avoir accédé à sa requête.
    Elle se sentait soulagée de ne pas se battre au nom de sa famille.
    De trois-quart face à l’imposant chevalier, lui présentant son épaule gauche, la petite chevaleresse assuma la position qu’elle privilégiait face à un adversaire doté d’une allonge et d’une puissance supérieures.

    Car c’était dans ces moments-là… que Vivi était la plus conforme à l’outil que son père avait voulu forger.
    La claymore écarlate quitta son fourreau dans un sifflement d’acier, et tout le petit corps de la chevaleresse sembla se replier derrière cette large épée. Sa rébellion ne changeait rien à sa nature profonde.
    L’arme étincela dans un éclair d’or rouge, brandie dans une posture de combat haute et arrogante, de celles qu’utilisaient ses ancêtres sur la frontière nord. Une posture qui faisait de vous une cible, un phare et un héraut. Car quelle que soit sa volonté...
    ...elle était la lame de la maison Arundel.

    Les couleurs flamboyantes de son héritage étaient autant un défi qu’une insulte que l’on jette au visage de l’ennemi. Posté à l’avant-garde, le style de la maison Arundel consistait à se faire le fer de lance d’une armée. Le symbole de la victoire.
    Tous les yeux posés sur son épée, le héros n’avait d’autre choix que de remporter la victoire.
    La victoire, à tout prix.

    Vivienne Suzalie Javotte d’Arundel se tenait immobile sous le soleil de midi.
    Son innocence et sa gaucherie s’étaient effacées. Ne restait sur son visage que l’intensité vorace du combat.
    Ses yeux verts luisaient avec l’intensité discrète de la vipère.
    D’une obsession inoculée depuis l’enfance.
    La victoire, à tout prix.

    Profitant de son immobilité, son adversaire fit le premier pas.
    Son attaque même suintait le mépris. Il la considérait comme une rustre, une paysanne, une souillon qui n’avait rien à faire sur un lieu aussi prestigieux. Sa lame cingla l’air brûlant dans un enchaînement de bottes qui faisaient la fierté de l’escrime aristocratique. L’acier hurla, et hurla encore.
    La claymore écarlate s’éleva en réponse, enchaînant des parades toutes en souplesse. A chaque coup, c’est le corps tout entier de la petite chevaleresse qui ondulait comme une vague, pour recevoir et mitiger la force de l’impact. Sa gestuelle fluide évoquait l’eau-vive ; adaptable, ondoyante, glissant de l’attaque vers la défense sans jamais un accroc, son épée épousant naturellement le flux.

    Ces enchaînements, ces arcanes, elle les avait pratiqués toute son enfance.
    Elle les connaissait sur le bout des doigts. Enchaînant les parades techniques et les assauts de haute-volée qu’on associait au fleuron de l’escrime de cour, les deux adversaires se tournèrent autour, pareils à deux frelons d’acier.

    Dans l’assistance, les rires s’étaient tus.
    Les sourires les plus goguenards s’étaient effacés.
    Six siècles de traditions martiales animaient son épée.
    Laissant parler son seul talent véritable, Vivi dansait.
    Rhis DolamnEspion royal
    Rhis Dolamn
    Informations
    Re: [Défi RP] Le tournoi
    Lun 15 Aoû 2022 - 21:13 #

    Au moins, Vivi ne semblait pas impressionnée par son futur adversaire. Rhis appréciait son dynamisme et sa confiance en elle. Même si elle était encore relativement jeune et qu’elle devait donc encore prendre de l’expérience, être fougueux et un peu téméraire pouvait bien servir quand on était aventurier. Bon, après, il était certain que les tranches de canard avaient de quoi mettre sa protégée de bonne humeur. Le conseiller devait retenir que la bonne nourriture semblait être une des faiblesses de Vivi et que c’était un moyen parfait pour lui remonter le moral. Qui sait ? Ca pourrait bien lui servir un jour…

    Dans tous les cas, l’homme lui demanda ce qui avait tracassé la jeune femme quelques instants plus tôt. Et elle finit bien par lui dire, après un petit instant gêné, que son pouvoir risquait de faire des siennes. Rhis ne connaissait pas exactement toutes les subtilités de son armure, mais il savait que celle-ci était « vivante » (si on pouvait appeler ça ainsi), et qu’elle désirait ardemment que sa propriétaire s’illustre en des exploits plus ou moins héroïques. Dans le cadre d’un tournoi, le but ultime était de faire briller le nom de sa famille… Et s’il se souvenait correctement de sa conversation…

    - Vous n’êtes pas là pour glorifier votre famille, puisque vous avez tout laissé à votre frère. Donc votre armure va le prendre mal… fit Rhis en réfléchissant, tenant pensivement son menton entre son index et son pouce.  Mais puisque vous allez m’affronter et que je suis probablement l’un des meilleurs combattants du tournoi, ne devrait-elle pas être contente que vous affrontiez le représentant du couple royal ? Certes, ce ne sera pas pour le compte de votre famille, mais si vous m’affrontez, on peut compter quand même cela pour un exploit personnel. Est-ce que cela ne serait pas suffisant pour réduire les effets négatifs de votre armure ?
     
    Après, bien sûr, Vivi était assez grande pour y survivre, mais peut-être qu’en exposant ces états de fait, le point de vue de l’armure changerait.

    La guerrière lui dit en tout cas de ne pas s’inquiéter, et Rhis l’observa une seconde. Ce n’était pas qu’il s’inquiétait, c’est que cette singulière armure avait bien des caprices. Peut-être qu’un jour, elle pourrait porter un objet de pouvoir qui lui permette d’adoucir ces effets négatifs… Mais ce n’était ni le lieu ni l’endroit pour en parler.

    Rhis l’encouragea donc simplement à battre son adversaire pour qu’elle puisse le défier, et la réponse de Vivi ne tarda pas.

    C’était comme si c’était fait ?
    Bien, il attendait de voir ça.

    ***

    - Huuum… Ne pensez-vous pas que la petite est désavantagée ? demanda Lord Tanner.

    Assis à côté du maître des lieux ainsi que sa charmante épouse, sur les sièges d’honneur du tournoi, Rhis tourna légèrement la tête vers sire Richard et Dame Aliénor.

    - Je connais sieur Donovan de Cornyères, savez-vous, et ma foi, il est assez puissant. Peut-être est-il un peu trop brute et néglige-t-il ses défenses mais… Je crains que la demoiselle en face ne tienne pas longtemps face à lui. Même avec son armure, elle a l’air d’une brindille… Pourquoi vous souriez, Monsieur Dolamn ?
    - Non, rien. Je me dis juste que les apparences sont parfois trompeuses. Avez-vous entendu la fable d’un troubadour sur le chêne et le roseau ? Vous devriez l’écouter la prochaine fois, elle vaut bien le détour.

    Leur conversation s’interrompit bientôt puisque l’intendant avait fini de présenter les deux adversaires. Rhis eut l’occasion de voir briller la lame couleur or et rubis de l’aventurière lorsqu’elle la sortit de son fourreau, alors qu’elle adoptait probablement la position favorite de sa famille. Nul doute que sur un champ de bataille, elle aurait certainement attiré l’attention, peut-être pour faire comprendre à l’ennemi que la famille Arundel n’avait point honte de se mêler à une offensive armée et qu’elle était justement la cible à abattre.

    Mais ici, il n’y avait point de régiments, point de fantassins, points de chefs à vaincre à tout prix pour la protection du Royaume : on était dans un tournoi et elle devait donc s’illustrer dans un combat à la loyale.

    Ce fut Donovan qui esquissa le premier mouvement. Ce fut lui qui lança la première attaque. Et c’est une Vivi métamorphosée, remplie d’une détermination sans faille qui lui fit face. La jeune femme gauche, qui n’était pas à l’aise avec la société mondaine, avait totalement disparu pour laisser place à une guerrière qui savait analyser le combat, agir en conséquence, et gagner peu à peu du terrain sur son adversaire. Le noble moustachu n’était pas mauvais non plus, quoiqu’il n’eût manifestement pas prévu que son opposante passât si aisément de la défense à l’attaque.  

    Elle amortissait bien les coups, nota Rhis, telle la vague qui se retirait dans la mer pour mieux revenir ensuite s’écouler sur la plage. L’expérience des deux combattants et leur envie de ne pas perdre, de s’illustrer à tout prix, leur permit également de se donner à fond, et les spectateurs eut dès lors rapidement une succession d’enchainements fluides, souples, ondoyants. Et doucement, alors que les mines narquois s’effaçaient, alors que les visages devenaient abasourdis au fur et à mesure que Donovan perdait du terrain, doucement, l’espion se mit à sourire.

    Qui oserait encore dire que Vivi n’avait pas sa place dans le tournoi ? Personne, il l’espérait. Mais avec sa victoire qui se profilait doucement, que l’aventurière elle-même pouvait peut-être deviner en voyant Donovan souffler plus bruyamment et avoir des coups davantage erratiques, elle allait certainement avoir une hostilité croissante. Après tout, n’était-ce pas une souillon inconnue qui osait vaincre un noble ? On aurait tout vu, n’est-ce pas ?

    C’est pourquoi Rhis fit un signe pour attirer l’attention de l’intendant afin de lui glisser un mot à l’oreille. Son interlocuteur lui confirma bien que sa demande était possible, et quand l’annonce du premier vainqueur fut terminé, le conseiller royal ne tarda pas à se lever.

    - Dame Aliénor, sire Richard, vous ne m’en voudrez pas si j’allège quelques peu l’humeur de ce tournoi ? lança-t-il d’un ton presque amusé et courtois.

    Il fallait dire que, maintenant que Vivi avait acculé sire Donovan et l’avait obligé à déclarer forfait, des murmures désapprobateurs avaient parcouru l’assistance, tant à l’encontre du perdant qu’à l’encontre de la jeune blonde. On pinçait les lèvres, on regardait d’un air mauvais les deux combattants, et sans doute que si Donovan se fondrait rapidement dans la foule pour se faire tout petit ensuite, ce serait pas aussi simple la demoiselle qui n’avait aucun véritable ami dans les parages. A part lui, peut-être…

    Il était temps de changer tout ça, et l’espion s’approcha de la balustrade à partir de laquelle il dominait l’assistance.

    - Merci à tous les deux pour ce beau combat !

    Sa voix forte résonna dans l’arène, attirant aussitôt l’ensemble des regards vers la famille Tanner et le représentant de la Couronne.

    - Sieur Donovan, vous n’avez pas démérité, commença Rhis. Après tout, il devait bien calmer la rage qui habitait présentement le trentenaire. Vous avez eu une adversaire que vous avez combattue avec brio, continua-t-il comme si de rien n’était. Sa phrase n’était pas si innocente que ça, puisque cela réhabiliterait d’une part Donovan au sein de ses pairs, et d’autre part, personne ne contesterait plus la victoire de Vivi si le conseiller royal lui-même reconnaissait qu’elle avait gagné ce duel. Son regard dériva ensuite vers cette dernière, à qui il accorda un sourire chaleureux, mais non empreint de défi. Dame Vivi, comme vous le savez peut-être, nos hôtes m’ont instamment encouragé à participer à ce tournoi. Pourquoi ne partagerions-nous pas le fer pour voir jusqu’où vont vos talents ?

    C’était fou comme l’ambiance pouvait changer presqu’instantanément. Les yeux aigris des nobles, leur mine déconfite, leur airs médisants devinrent aussitôt lumineux, approbateurs, presque satisfaits de la situation. Il fallait bien admettre que tous, ou presque, connaissaient la réputation de Rhis à l’escrime, ils devaient donc bien espérer que ce dernier mettrait cette fameuse intruse au tapis.

    Ce n’était pas tellement l’intention de l’intéressé. S’il devait combattre, ce serait avant tout pour son divertissement personnel et pour voir jusqu’où allaient les compétences de la demoiselle. Saurait-elle seulement le mettre en difficulté ? Il était curieux de le découvrir.

    - Je vous propose que notre combat ait lieu lorsque après la première manche de tous les participants..

    Cela permettrait non seulement à la miss de faire une pause, mais aussi de faire passer à le mot à tous les spectateurs. L’espace d’un instant, Rhis eut la nette intuition que les gradins et les tribunes seraient combles juste pour voir leur duel.

    A cette pensée, l’homme eut une pensée presque compatissante envers la jeune fille. Cette fois, les nobles allaient vouloir qu’il gagne, ne serait-ce que pour réparer « l’insulte » qu’une pure inconnue ait pu les battre.

    Peut-être qu’en la saluant, il devrait leur faire comprendre qu’elle était issue de la noblesse malgré son côté gauche, malgré son manque de manière et malgré euh… son manque de délicatesse, disons.

    Quoi qu’il en soit, la patience de Vivi serait enfin récompensée, puisque les duels furent enfin terminés pour les premiers combattants. Sans surprise, l’intendant plaça leur combat en premier pour commencer cette nouveau round, et Rhis ne tarda pas à rejoindre le terrain d’entrainement. Ils étaient temps qu’ils laissent parler les armes, et qu’ils mettent les mots de côté, au moins pour un temps.
    Vivi ArundelAventurière
    Vivi Arundel
    Informations
    Re: [Défi RP] Le tournoi
    Mer 31 Aoû 2022 - 15:44 #
    Les aciers chantaient, frénétiques.
    Dans des enchaînements de passes et de techniques expertes, leurs deux épées entraient en collisions à la manière d’éclairs d’argent.
    Cependant, au cœur de la tempête, l’écart commençait à se creuser.

    Le mental faisait toute la différence.

    Lui, se demandait “pourquoi”.
    Pourquoi ne tombait-elle pas ?
    Pourquoi connaissait-elle chacun de ses arcanes ?
    Pourquoi cette souillon rivalisait-elle avec sa technique et ses efforts ?


    Elle, se demandait “comment”.
    Comment mitiger leur différence de gabarit ?
    Comment prendre sa garde en défaut ?
    Comment le contraindre à l’abandon ?


    Et tandis que chaque question rognait davantage sur son endurance et sa volonté.
    Chacune de ces réponses la rapprochait de son objectif.

    Lui, déclinait.
    Elle, montait en puissance.

    Une première fois, sa lame s’écrasa sous le gorgerin du chevalier.
    Parant la riposte de son adversaire, leurs aciers se mêlèrent l’un à l’autre. Vivi pivota aussitôt en position basse, jusqu’à ce que l’angle lui permette de dégager sa claymore, sur laquelle son rival appuyait de son tout poids. Le mouvement déséquilibra le sieur Donovan, et libérant une épée que le frottement nimbait d’étincelles, la jeune aventurière le frappa une deuxième fois à l’estomac.
    L’impact, cette fois-ci, lui arracha un grognement sourd.
    Presque.

    La petite aventurière fit un bond en arrière. Consciente que son adversaire, fou-furieux, la poursuivait déjà pour lui asséner un puissant coup de taille. Bloquer le coup manqua de la soulever du sol.  
    Purée, j’sens plus mes bras.
    Impossible de mitiger le poids de chaque attaque du combat. Le positionnement et le timing ne lui seraient pas toujours favorables. Parfois, il lui fallait juste serrer les dents, et encaisser l’impact.
    Matez-moi ces biceps et cette carcasse de fût à bière… j’ai l’impression qu’on m’tabasse à coups d’marteau.
    D’un mouvement souple du poignet, la jeune femme vint amortir puis rediriger l’assaut suivant. Une manœuvre qui l’épuisait, mais qui n’était pas inutile. La frustration de son adversaire était des plus évidentes.
    Bien que tapant de toute sa masse, le sieur Donovan ne parvenait pas à l’écraser.
    Et son impatience ne faisait que croître, à chaque impact infructueux.

    S’comme disait Rhis, il est costaud…
    Dans un vrombissement digne d’un typhon, le coup suivant passa à un pouce de son oreille.
    ...mais il pêche sur le transfert du poids.
    Gauche, puis droite, son positionnement força le chevalier à frapper avec un temps de retard.
    ...l’est pas habitué non plus à affronter des nabots.
    Sa parade ascendante catapulta la lame adverse dans les airs.
    ...et plus grave encore, mes coups précédents l’ont convaincu que j’ai pas la force de l’blesser.
    Enchaînant sur sa manœuvre défensive, Vivi percuta le plexus du chevalier du pommeau de sa claymore : dans un assaut bondissant, utilisant tout son poids, et les trente kilos d’acier que lui rajoutaient son armure.
    Plus d’air, mon vieux.
    Le visage du Sieur Donovan parut changer de couleur.

    Après avoir encaissé ces deux premiers coups, il ne s’était pas attendu à ce que la troisième frappe soit d’une telle violence. Le chevalier vacilla, mais sentant le danger, il contraignit sa rivale à garder ses distances d’une série d’assauts acharnés.
    C’est plus qu’une question d’temps.
    Le désespoir animait maintenant les coups du chevalier. Sans cesser de ferrailler, Vivi se rapprocha pour maintenir la pression, étudiant la figure cyanosée de son adversaire.
    Sans un instant de repos, les deux lames vomirent un torrent d’étincelles.
    Respire.
    Brasser de l’air avec deux mètres d’acier requiert du souffle et de l’énergie. Une respiration vive et intense ne permet pas de tenir un rythme de combat effréné. Le corps demande davantage.
    Respire, j’te dis.
    Chaque seconde où Donovan se refusait à reconstituer ses réserves était une seconde où il perdait en force. Où la douleur s’installait dans ses poumons. Où il sentait monter une crispation nerveuse, d’abord dans sa gorge, puis dans ses yeux, où une souffrance électrique prenait racine.
    Qu’on en finisse.
    Reculant d’un pas, pour prendre une profonde respiration et charger un coup de grande ampleur, le chevalier joua sa dernière carte.
    En réponse, Vivi se jeta à la rencontre de l’acier.

    La petite aventurière mesurait 1m56.
    Fléchie sur ses appuis, elle paraissait plus petite encore.
    Cette simple différence de taille forçait le sieur Donovan à asséner la moitié de ses coups selon un angle qui lui était inconfortable et peu familier. Cette imprécision créait une ouverture qui lui serait fatale.
    Dans cet assaut décisif, l’épée du chevalier acheva sa course juste un instant trop tard. Sa pointe d’acier traça un sillon dans la chevelure blonde de la petite guerrière, et décrocha le ruban de soie rouge qui s’y trouvait.

    Sa crinière libérée d’un seul coup, dans une explosion d’or brute, Vivi sauta à la gorge de son adversaire. Emportée par son élan, elle passa sous la lame rivale de justesse, et sa claymore s’écrasa brutalement contre le visage du sieur Donovan. L’impact rejeta la tête du chevalier vers l’arrière.
    Emportée par son élan, les solerets de la petite aventurière raclèrent sur la terre battue de l’aire de combat.
    Trois mètres les séparaient. Vivi se retourna pour contempler son adversaire à travers cette masse hirsute de cheveux blonds qui lui tombait dans les yeux.
    Le coup avait laissé une marque. Semblable à une ligne de feu, elle s’étirait sur le côté gauche du visage de l’imposant gaillard, de la tempe jusqu’à la mâchoire. En dépit de l’huile magique dont ils avaient oint leurs armes avant le début du combat, il avait dû le sentir passer.
    Pourtant, le sieur Donovan n’était pas tombé.
    Balèze.

    Sans doute pouvait-il à peine bouger les jambes après ces coups répétés à l’estomac, et cette dernière attaque en pleine figure… mais rien dans son regard n’indiquait qu’il avait renoncé à lui faire mordre la poussière.
    La jeune femme assuma de nouveau sa garde haute, prête à le bastonner jusqu’à ce qu’il cède.

    Cependant, elle n’eut pas l’occasion de repasser à l’assaut.
    A la grande surprise de Vivi, des applaudissements discrets s’élevèrent du côté des gradins.
    Constatant son immobilisme, une partie du public semblait penser que le sieur Donovan avait admis sa défaite. Sans doute parce qu’ils ne voyaient pas les yeux du noble chevalier comme Vivi les voyait posés sur elle : chargés d’aversion et de rancœur. Ce n’était pas le regard d’un homme prêt à abandonner.
    Cette haine brutale l’aurait chagrinée avant, ou après le combat.
    …mais tant qu’ils se tenaient l’un face à l’autre, l’épée à la main, alors les émotions n’étaient rien de plus qu’une arme supplémentaire dans leur arsenal respectif. Elle-même n’avait pas hésité à exploiter sa frustration pendant le combat.
    Aucune guerrière digne de ce nom ne se laisserait déstabiliser par la colère de son adversaire.

    Sa claymore levée brillait avec la radiance d’un fanal sous le soleil de midi.
    La jeune femme se résolut à en finir.
    Elle ne s’arrêterait pas de bouger avant que l’arbitre ne la déclare vainqueur.
    Merci à tous les deux pour ce beau combat !
    Vivi sursauta.
    Sa concentration rompue alors même qu’elle préparait une nouvelle charge, elle trébucha à demi, puis tourna un regard papillonnant sur le conseiller qui s’attelait à arrondir les angles.
    Son discours suscitait déjà des “Oh…!” et des “Ah !” admiratifs de la part de l’assistance.
    Sieur Donovan, vous n’avez pas démérité.
    Oh…! s’exclama tout bas Vivi, en constatant que la petite tirade de son mentor portait ses fruits.
    Peut-être simplement pour faire bonne figure, le chevalier ravala son aigreur et rejoignit dignement ses camarades.
    Dame Vivi, comme vous le savez peut-être, nos hôtes m’ont instamment encouragé à participer à ce tournoi. Pourquoi ne partagerions-nous pas le fer pour voir jusqu’où vont vos talents ?
    Ah ! sursauta de nouveau l’intéressée, en constatant que l’attention du public la transperçait maintenant comme une flèche.
    Les gradins lui apparurent soudain peuplés de vautours.
    A l’observer avec leurs petits yeux brillants, en attendant qu’elle commette une erreur, pour se repaître de son cadavre. Plutôt que de risquer de dire une autre bêtise, la petite chevaleresse se contenta d’une réponse concise, et fut soulagée lorsque les talents d’orateur du conseiller firent de nouveau de lui la cible de tous les regards.

    Son épée rengainée, la jeune femme poussa un gros soupir.
    Pourquoi ça s’passe à chaque fois si mal…?
    Avec une bouffée d’inquiétude, elle réalisa soudain que son ruban était tombé pendant le combat, et que sa tignasse sauvage lui cascadait allègrement sur la figure. Elle s’empressa de ramasser le précieux ruban rouge, et de vérifier qu’il n’avait pas trop souffert de l'affrontement.
    De gestes lents et méthodiques, elle refit sa queue de cheval.
    Comme s’il s’agissait d’un rituel. Répétant ces mêmes mouvements qu’Atheas Renmyrth avaient employés pour lui attacher les cheveux, à la fin du Tournoi des Jeunes Lions. Puisant un peu de réconfort dans ce souvenir, Vivi quitta discrètement l’aire de combat.

    Le conseiller était donc son prochain adversaire.
    Bien, elle ne serait pas forcée de rester jusqu’à la fin des combats… et d’affronter des bretteurs ronflants à qui elle n’inspirait rien d’autre que le mépris.
    Maintenant, elle avait besoin de les oublier… et de se concentrer en prévision du prochain match. Pour cette raison, elle ne s’en alla pas retrouver son mentor dans les gradins, mais se contenta de lever un sourire carnassier dans sa direction.
    Un sourire qui semblait dire.
    C’est ton tour.


    ***


    Tandis que les matches se poursuivaient, la petite chevaleresse vint de nouveau trouver l’intendant.
    Elle avait deux requêtes à lui soumettre.

    La première : est-ce qu’elle pouvait ramener un peu de nourriture pour Soredamor ? (Avec un air consterné, Lenavor lui répondit “de se montrer raisonnable”.)
    …mais du point de vue de Vivi, il n’avait pas dit non.

    La deuxième requête était un peu plus compliquée.


    ***


    Les jointures qui fusaient ensemble l’acier de son canon d’avant-bras s’évaporèrent dans un chuintement d’énergie pourpre.
    Mais puisque vous allez m’affronter et que je suis probablement l’un des meilleurs combattants du tournoi, ne devrait-elle pas être contente que vous affrontiez le représentant du couple royal ?
    Continuant de se déséquiper à gestes prudents, Vivi se défaussa de son lourd plastron ornementé.
    Avec un bruit de casserole, la carcasse de métal tomba lourdement sur le sol du jardin d’agrément.
    Certes, ce ne sera pas pour le compte de votre famille, mais si vous m’affrontez, on peut compter quand même cela pour un exploit personnel. Est-ce que cela ne serait pas suffisant pour réduire les effets négatifs de votre armure ?
    C’était une sensation curieuse.
    Elle ne se serait pas attendue à trouver pareil compromis.
    Mais il fallait bien se rendre à l’évidence : dans un tournoi où les armes sont enchantées pour ne pas nuire, le port d’une armure lourde était un simple désavantage. Si c'était pour jouir du prestige que lui apporterait une victoire contre Rhis Dolamn, alors L'Armure de Coercion Chevaleresque consentait à faire une exception.
    Vous voulez bien m’passer les fringues, m’sieur Lenavor ? lui demanda une Vivi toute souriante et très endimanchée.
    Elle avait l’air un peu ridicule maintenant qu’elle ne portait plus que ces vêtements de protection rembourrés qu’on dissimule d’ordinaire sous son armure (c’était à peu près aussi glamour que de s’habiller avec un matelas, de quoi faire sortir les yeux de la tête à la plupart des esthètes de la cour).

    Avec un soupir à fendre l’âme, l’intendant Lenavor prit soin de lui fournir l’équipement demandé.

    Ainsi, c’est une petite chevaleresse bien différente qui fit son retour sur l’aire de combat.
    La première chose à remarquer, c’est que Vivi ne portait plus son armure.
    Remplaçant le plastron d’acier massif, la jeune femme avait revêtu un humble surcot, brodé des armoiries de la maison Tanner. Sa tenue se complétait de cuir léger et de simples chausses en lin.
    Les deux épées qu’elle avait empruntées à l’armurerie du domaine brillaient d’une lueur discrète après leur traitement à l’huile aboulique.
    Elle était prête.

    Ses deux lames s’élevèrent.
    Ce mouvement doux et ondoyant avait quelque chose d’aquatique, par essence.
    Sans empressement et sans violence, l’acier est mû comme s’il se laissait porter par le courant ; semblable à la nage silencieuse de la raie des abysses.
    Dans le sud-ouest du Royaume d’Aryon, il existe plusieurs écoles où se pratiquent la danse du sabre – souvent plus pour son esthétisme que sa fonctionnalité – et les mouvements actuels de Vivi semblent beaucoup emprunter à ce style.

    Le jeune femme eut un sourire de connivence pour son adversaire.
    A lui l’honneur.

    ”Notes pour la suite si besoin”:
    Rhis DolamnEspion royal
    Rhis Dolamn
    Informations
    Re: [Défi RP] Le tournoi
    Dim 11 Sep 2022 - 22:21 #
    Rhis n’avait pas été déçu par le spectacle.
    Les armes avaient chanté, les combattants avaient dansé, et le spectateur avait été subjugué. Tel un ballet qui n’en finissait pas, les deux adversaires avaient cherché la faille qui leur permettrait de vaincre son opposant.
    L’un, sûr de lui, s’était vite agacé de ne pas pourfendre ce moustique d’une seule attaque. Mais il avait la détermination de vaincre, de s’illustrer, de renvoyer cette jeune fille « frêle » dans les jupes de sa mère et il n’en avait donc pas démordu tout du long.
    L’autre avait dû trouver des astuces pour compenser son manque de force, pour compenser son petit gabarit, pour s’engouffrer dans la brèche qui la mènerait à la victoire.
    Mais il n’y avait pas que ça pour mener à bien un combat.
    Il y avait les tactiques. Il y avait son propre état physique. Et puis, bien sûr, il y avait le mental qui, parfois, faisait toute la différence.

    Vivi avait la patience, là où Donovan ressentait uniquement de l’irritation.
    Vivi misait sur des attaques corporelles, là où Donovan se confiait seulement en la force de son arme.
    Vivi cherchait finalement à encaisser et à prendre son temps plutôt que d’en finir en quelques coups bien chronométrés, qui pourraient achever directement son adversaire.

    Donovan ne tiendrait plus longtemps, s’était dit Rhis lorsqu’elle l’avait atteint au plexus solaire. Et la suite du combat lui donna bien vite raison. Il était évident qu’il n’arrivait pas à bien récupérer, mais d’autre part, il était également trop fier pour se laisser emporter par la douleur. Le combattant chercha à tenir, même si chaque seconde où il puisait dans ses forces l’affaiblissait à vue d’œil.

    « Il doit l’achever maintenant s’il veut gagner ».

    D’un coup prompt. Décisif. Mais il était évident que l’aventurière l’avait mis dans une position inconfortable. Donovan devait se contorsionner pour bien utiliser son épée et viser correctement Vivi. Or celle-ci était suffisamment vive – et suffisamment endurante – pour résister à ses assauts et prendre in fine l’avantage.

    Concentré sur le combat qui se déroulait sous ses yeux, le conseiller royal observa jusqu’au bout l’assaut final.  L’épée de Donovan décrocha le ruban écarlate de Vivi, mais cette dernière sut esquiver la lame et se précipiter sur son adversaire.

    « C’est fini. »

    La marque sur le visage de Donovan en était bien la preuve. Dans un vrai combat, il aurait probablement eu une entaille qui l’aurait soit tué, soit mis hors course, vu la longueur de sa blessure, de la tempe à la mâchoire.

    C’est pourquoi Rhis mit fin au combat.
    Il était inutile de poursuivre un combat indéfiniment sachant que les plus vétérans avaient déjà compris qui était le véritable gagnant.

    Et puis, le beau brun avait une promesse à tenir à la jeune demoiselle, qui était en train de chercher son cher ruban rouge. Il avait promis de l’affronter après Donovan. Et si l’espion comptait se donner à fond, il voulait aussi que les choses soient aussi justes que possible. Laisser un temps de repos à sa protégée, ou plutôt lui laisser un temps de préparation, serait plus honnête que de la combattre sur le champ. Au moins récupérerait-elle de sa première escarmouche.

    Lui, pour sa part, avait encore le temps… Et Rhis resta encore un moment avec ses hôtes, les Tanner, commentant avec ceux-ci les valeureux guerriers qui se défiaient sur l’arène en contrebas. Personne n’aurait pu dire qu’il s’apprêtait à combattre à la fin de la première manche, et c’est uniquement quand la dernière joute commença sur le terrain qu’il prit congé de Dame Aliénor et sieur Richard. Descendant des gradins par un petit escalier à l’arrière, qui lui éviteraient bien des conversations inutiles avec les autres invités, il s’évanouit dans la foule pour entrer dans une petite tente, dédiée à la préparation des combattants.

    - Messire Dolamn !
    - Ah, Lenavor, vous tombez bien. Vivi est prête ?
    - Si elle est prête ? Elle trépigne d’entrer dans l’arène, si vous voulez mon avis.  Mais quand même, vous êtes sûrs que c’est une bonne idée ?
    - Il vaut mieux que je l’affronte moi plutôt qu’elle ne ridiculise d’autres adversaires, répondit tranquillement le conseiller alors qu’il déposait dans un coin d’un vêtement en soie assez luxueux, semblable à un kimono, qu’il avait porté à l’occasion du tournoi. Avouez que tout le public rêve d’un combat magistral, non ? Eh bien, nous allons le lui donner. Je prendrai mon sabre pour le combat, et au-dessus de ma cotte de maille, je me contenterai de revêtir mon surcot blanc, continua l’espion, d’un air totalement affable et tranquille, comme s’il parlait de la pluie et du beau temps avec le domestique.  J’ai demandé à sieur Richard de jouer l’arbitre. Personne n’osera contester sa décision quant au vainqueur, puisque c’est lui l’hôte du tournoi.
    - De toute façon, vous allez gagner… glissa son interlocuteur, comme si c’était chose faite.
    - Qui sait, peut-être que j’essuierai ma première défaite depuis longtemps ? répliqua Rhis alors qu’il attachait ses longs cheveux avec un bandeau blanc, qui allait de paire avec son surcot. Sa queue de cheval faite, il gloussa en voyant l’air épouvanté de Lenavor. Ne vous inquiétez pas, monsieur l’intendant. J’ai promis à une jeune demoiselle d’être le meilleur, et elle compte bien que je sois l’heureux gagnant de ce tournoi. Malheureusement pour Vivi, je ne compte pas la décevoir.

    Evidemment, l’employé ne pouvait pas connaître Kasha, mais ça n’avait aucune importance et Rhis posa chaleureusement sa main sur l’épaule de Lenavor.

    - Tout va bien se passer, vous allez voir. Respirez un bon coup et profitez du spectacle.

    L’espion sortit sur ces entrefaites et entra dans le terrain de combat. Une clameur enthousiaste s’éleva aussitôt parmi les gradins, que Rhis ignora superbement en posant son regard sur l’aventurière devant lui. Une expression satisfaite naquit bientôt sur son visage lorsque le protecteur royal constata qu’elle n’avait plus son armure sur elle. Ainsi cette dernière avait consenti à faire une exception ? Ce serait d’autant plus intéressant que Vivi avait manifestement changé son style de combat. Elle avait désormais deux épées qu’elle semblait pouvoir manier avec fluidité, et l’humble surcot qu’elle avait revêtu lui conférait désormais une légèreté bien plus importante. Sa liberté de mouvement s’en trouverait donc accrue, et elle ferait certainement preuve d’une créative bien plus grande qu’avec l’arme qu’elle utilisait d’habitude.

    En d’autres termes, le combat de Vivi et de Rhis différerait totalement de celui qu’elle avait eu avec Donovan.

    Il n’y avait pas besoin de mots dans de pareilles circonstances.
    Le sourire de connivence que Vivi lui lança voulait tout dire et Rhis le lui rendit aussitôt, non sans une pointe de défi dans son regard.

    Montre-moi ce que tu vaux, semblait-il vouloir lui dire.

    Manifestement, elle lui laissait l’honneur de commencer. Le conseiller dégaina donc avec grâce son sabre, qu’il saisit bientôt à deux mains, et le déploya devant lui, en direction de la jeune femme.

    Les lames en diraient plus que tout autre mot dans ce combat, et il mit son pied gauche en arrière bien stabiliser sa position et son équilibre. Puis, il respira profondément et occulta tout le reste.

    La foule.
    Les nobles assoiffés de vengeance.
    L’Empyrée, qui menaçait peut-être le Royaume.
    Même la perspective que Kasha pensât à lui passa un second plan.

    Pour l’heure, seule son adversaire monopolisa son attention et, sentant peut-être que le combat allait commencer, les spectateurs retinrent leur souffle.

    Un silence absolu vint étrangement régner dans le domaine. Un vent chaud vint caresser les cheveux de des deux combattants, et l’espace d’un instant, la queue de cheval de l’espion flotta dans les airs.  

    Ce fut quand la brise cessa que Rhis attaqua.

    Le conseiller n’avait pas le style de Donovan. Ce dernier préférait les attaques brutes, la force pure, qui écrasait ses adversaires sous ses innombrables assauts. Le beau brun, lui, favorisait des attaques légères, mais rapides, qui acculaient son adversaire et l’empêchaient de riposter efficacement. Après tout, son rôle d’espion et de protecteur royal ne consistait pas à tuer des ennemis pour la Couronne, mais à neutraliser ses adversaires pour supprimer la menace qu’ils représentaient.

    Le style du beau brun était donc léger et gracieux. Si on n’y prenait pas garde, on pouvait bien vite se laisser déborder par ses attaques incessantes, qu’il faisait évoluer également en observant son adversaire. Cela avait déjà désarçonné plus d’un de ses ennemis par le passé, puisqu’ils n’arrivaient pas toujours à s’adapter à son style changeant et créatif.

    Dans le cas de Vivi, Rhis franchit la distance qui les séparait avec la rapidité d’un faucon qui se jette sur sa proie. Sa lame suivit aussitôt et se précipita sur la demoiselle.

    Attaque simple, attaque de front, que l’aventurière allait certainement parer en parant avec ses deux lames, ou en utilisant une de ses épées pour réattaquer avec la seconde à sa disposition. Peu importe le stratagème utilisé, Rhis avait lui aussi une grande liberté de mouvement avec son surcot et sa simple cotte de maille. Eviter ses attaques ne devrait donc pas être compliqué, même s’il allait certainement jouer parfois à des jeux dangereux en évitant la lame au dernier moment.

    S’attendant à une riposte quasi-immédiate, l’espion se tint prêt à lire les mouvements de son opposante et il para bientôt à son tour, essentiellement pour bloquer une de ses lames. L’autre épée allait bientôt fondre sur lui, bien sûr, et après avoir esquivé celle-ci d’un mouvement de buste, il profita de la rencontre entre deux de leur sabre pour se laisser porter par son propre poids et glisser dangereusement son katana vers le cou de la jeune femme. Celle-ci ne pourrait pas toujours attaquer, mais devrait également se défendre du mieux qu’elle le pouvait.

    Rétablissant de temps en temps une certaine distance entre eux, un sourire vint bientôt flotter sur les lèvres de Rhis. L’homme s’amusait beaucoup, et il ne cherchait même pas à le cacher. Quelques passes d’armes lui permirent bientôt aussi d’évaluer le niveau de l’aventurière. Par rapport à son combat avec Donovan, elle faisait preuve de beaucoup plus de créativité. Tel un cours d’eau insaisissable, ses lames dansaient, contrecarraient, ripostaient, comme la vague qui se recule, accueille son adversaire, avant de se jeter à nouveau sur lui pour lui couper toute porte de sortie.

    Mais si elle était douée, Rhis aussi semblait hors de portée. Car l’espion l’invitait, dansait avec elle, puis semblait échapper à ses attaques en les parant avec une attitude presque calme et décomplexée. Tantôt, il avait l’agréable surprise d’être étonné par certaines de ses passes, qu’elle avait certainement appris sur le terrain, tantôt c’était au tour du beau brun d’acculer la guerrière afin qu’elle se dépasse encore plus. Jusqu’où pouvait-elle tenir ? Jusqu’où pouvait-elle le suivre ? Et jusqu’où Vivi pouvait également le surprendre ? Il voulait savoir et il fut très probable qu’au début, aucun ne chercha à gagner dans l’immédiat. Découvrir le style de l’autre était plus plaisant que chercher à vaincre à tout prix.

    Quoi qu’il en soit, elle avait grandi. Rhis se souvenait bien du jour où il avait été invité chez les Arundel. Durant cette journée aux abords de la capitale, il avait pris du temps avec la jeune femme, une demoiselle effacée et qui n’était plus que l’ombre d’elle-même face à la pression de son père. L’espion l’avait alors mise au défi de le combattre pour retrouver un peu cette valeureuse guerrière qui avait eu l’audace de se faire remarquer au tournoi des Jeunes Lions. Il y était parvenu, mais leurs joutes d’alors était beaucoup plus mesurées. C’était un entrainement, rien de plus. Ici, il n’y avait aucune règle qui les retenait. Ils pouvaient se combattre sans s’inquiéter des règles de courtoisie et de bienséance.

    C’est pourquoi le protecteur royal pouvait bien se permettre de la défier ouvertement.
    L’homme aux yeux saphirs ne cherchait même pas à cacher la confiance qu’il avait en lui. Son attitude, sa manière de parer, d’attendre l’attaque de son adversaire, ou de répliquer par un adroit mouvement des jambes, montraient son sang-froid et la maîtrise de son art. Il dansait avec elle, et prenait soin à ne pas se laisser prendre en traitre par une de ses botes secrètes. Il avait confiance, mais ne la sous-estimait pas. C’était non seulement une marque de respect pour la guerrière, mais c’était aussi le meilleur moyen de ne pas prendre un revers de la médaille comme Donovan.

    Ca n’empêcha pas Rhis de lancer des feintes. Des fausses ouvertures durant lesquelles il put tester ses capacités. Feignant par exemple de laisser son abdomen sans défense, il attendit son attaque pour ensuite se décaler d’un pas vif sur la droite, visant son adversaire de manière presque latérale. Ca ne suffit pas pour mettre fin au combat, mais il fut bientôt évident que les deux combattants n’y allaient pas de main morte.

    L’assistance aussi vibrait d’émotion. Tantôt un « oh » horrifié jaillissait de ses lèvres quand Rhis évitait in extremis une attaque de Vivi, tantôt des murmures et des cris enthousiastes sortaient de quelques lèvres quand on pensait que le conseiller allait mettre fin au combat et vaincre (pour ne pas dire écraser) cette souillon qui avait osé les ridiculiser.

    Il fallait bien, toutefois, que toute bonne chose ait une fin. Rhis profita d’une légère accalmie entre les deux combattants pour rétablir une petite distance entre eux deux et lui adresser la parole.

    - Vous vous débrouillez bien, finit-il par déclarer alors qu’il sentait désormais son surcot collé à sa peau, à la fois à cause de la chaleur et des efforts qu’il avaient fournis. Votre style de combat est bon et surprenant compte-tenu de toutes les techniques que vous avez acquiers au fil de vos aventures pour le Royaume. J’ai cru tantôt que vous alliez me couper les cheveux, continua-t-il d’un ton presque taquin.

    Puis, il redevint quand même sérieux, et un sourire presque grave, teinté d’une ombre d’espièglerie naquit sur son visage.

    - Mais je crains que sieur Richard m’en voudra si on continue le combat jusqu’au coucher du soleil. Je vais donc devoir écourter un peu notre duel, que j’ai énormément apprécié je dois dire. La prochaine fois, qui sait ? Vous pourriez peut-être me vaincre.

    Un murmure d’excitation naquit dans la foule alors qu’elle sentait, se doutait que le conseiller royal devenait sérieux.

    - Par respect pour votre style de combat et pour votre prouesse d’aujourd’hui, acheva Rhis, je vais vous achever en trois coups.

    C’aurait pu passer pour de la présomption pour certains, pour de l’orgueil pour d’autres. Peu importe. Rhis n’en avait cure et il n’entendait même pas les cris des spectateurs qui étaient subjugués par leur passe d’armes. Au contraire, il se remit en position, celle-là même qu’il avait eue au début du combat, et il dévisagea avec respect la demoiselle devant lui, qui devait bien sûre vouloir plus que tout au monde résister à son assaut.

    Après tout, on pouvait dire que, s’il ne l’avait pas acculée en trois coups, c’était elle qui aurait gagné.

    Rhis prit néanmoins son temps avant de se lancer dans leur confrontation finale. Il laissa l’excitation remonter, il laissa les deux combattants bien se reconcentrer, comme s’ils n’existaient qu’eux au monde. Puis, enfin, il esquissa un mouvement. Rapide, gracieux, presque aérien.

    Le style de Vivi était imprévisible, il ne pouvait donc pas savoir avec exactitude quelle attaque ou tactique elle lui réservait. Mais la vérité, c’est qu’il ne chercha pas à l’attaquer. Il chercha à la dépasser.

    Bien sûr, la jeune femme allait vouloir le suivre. Elle était petite, légère, elle saurait certainement suivre le rythme, mais cela restait toujours désarçonnant de ne pas recevoir une attaque de front alors qu’ils n’avaient pas arrêtés de se mesurer l’un l’autre en étant face à face.

    Au début, Rhis fit donc mine de l’attaquer comme au tout début du combat. Ce n’est qu’au dernier moment qu’il se décala vers la gauche, l’obligeant à se retourner pour ne pas être prise d’assaut dans ses angles morts.

    Alors seulement l’espion attaqua.
    Au premier mouvement, il mit suffisamment de force dans sa frappe pour que Vivi lâche sa première épée.
    Au deuxième mouvement il s’abaissa prestement pour éviter un coup d’épée qu’il aurait vraiment senti passer, puis il se releva, et lui donna un coup dans l’estomac suffisamment violent pour la plier en deux.
    Au troisième il posa sa lame contre sa jugulaire et le temps sembla se figer un court instant.

    Un sourire sur les lèvres, Rhis regardait son opposante avec un regard à la fois joueur et affable.

    - Je vous avais dit que j’allais gagner, n’est-ce pas ?
    Vivi ArundelAventurière
    Vivi Arundel
    Informations
    Re: [Défi RP] Le tournoi
    Mer 21 Sep 2022 - 23:32 #
    La brise jouait dans ses mèches blondes.
    Se tenant sur la pointe des pieds, les mains croisées dans le dos, Vivi affichait une contenance sereine et candide. Sa posture était pour le moins insolite ; plaquées contre son échine, ses épées rayonnaient sous le zénith à la manière de deux ailerons d’acier.
    Son sourire était celui des requins.
    Elle avait le calme d’une rivière sur le point d’entrer en crue.
    Vivi n’attendait plus que l’ouverture de son mentor.
    Qu’on lui donne l’occasion de se déchaîner.

    Cédant sous la tension, le vent cessa de souffler.
    Et comme s’il s’agissait d’un signal, son adversaire passa à l’assaut.
    Plus vif que le faucon, le conseiller royal fut sur elle en un instant.
    Le regard rivé sur elle et nulle autre qu’elle ; acceptant enfin de l’affronter sérieusement.
    Une vision qui lui chargeait le sang d’adrénaline.
    Combien de temps avait-elle attendu ce moment ?
    Le sabre au clair, la lame de son mentor dessinait un véritable horizon de lumière, menaçant de l’abattre sur le coup. Le sourire de la jeune femme se creusa encore davantage, suffisamment pour lui découvrir les canines ; Vivi exultait.
    Aujourd’hui, elle triomphait face à Rhis Dolamn.

    Une émotion brute lui bouillonnait dans les veines.
    L’aventurière pivota sur elle-même pour réceptionner le coup au flanc du conseiller, qu’elle para de ses deux lames croisées. Dans cette posture exotique où l’acier fait corps avec la peau, elle sentit dans sa chair toute la puissance de l’attaque, et s’en servit pour se donner de l’élan. Dépourvue de son armure et en équilibre sur la pointe des pieds, l’impact et la différence de poids étaient suffisant pour la propulser. La digue était brisée.

    Elle devint vague déferlante.
    Contournant son adversaire, ses pieds glissèrent sur la terre battue comme une araignée d’eau patine à la surface de l’onde. Sans perdre la vitesse que lui avait donnée ce premier assaut, elle reflua.
    Comme une lame de fond.
    Vivi riposta ; à sa force s’ajoutait l’élan qu’elle avait dérobée à son mentor, pour frapper dans un double torrent d’acier.

    Les lames s’entrechoquèrent, avec une violence qui leur secoua tous deux les os.
    Une parade superficielle n’aurait pas pu contrer ce coup. Les épées de la jeune chevaleresse pénétrèrent profondément la garde adverse, et les deux bretteurs se retrouvèrent au corps-à-corps, seulement séparés par leurs armes respectives.
    Fréquente au cours des duels, la “prise de fer” est souvent révélatrice de l’habileté respective de deux escrimeurs.
    Face au sieur Donovan, Vivi n’avait eu aucun mal à s’imposer sur le terrain de la technique.
    …cependant, maintenant qu’elle ne portait plus son armure, son adversaire actuel possédait l’avantage du poids.
    Et sa technique était incomparablement supérieure.
    D’un habile mouvement du poignet, le conseiller atténua la pression que les épées ennemies faisaient peser sur la sienne. Les lames glissèrent l’une contre l’autre dans un crépitement d’étincelles. Transférant soigneusement son poids d’un pied à l’autre, il ajusta sa position pour libérer la pointe de son katana, puis la faire soudainement remonter vers la gorge de la petite chevaleresse.
    Du point de vue de Vivi, le sabre fit une apparition imprévisible : comme un trait de foudre jailli du sol.

    Sa réaction fut brusque et sans finesse. Plus semblable à la ruée de l’animal qu’à un véritable geste technique. Dégageant l’une de ses deux épées de la prise de fer, Vivi s’écrasa le plat de sa propre lame sur le visage, laissant le sabre ennemi poursuivre sa course et glisser sur cette défense de fortune – à un pouce de sa peau – dans un déluge d’étincelle qui lui brûla la joue.

    Le sabre ayant achevé sa trajectoire ascendante, elle repassa aussitôt à l’attaque.
    Inversant la prise sur son épée, Vivi frappa au corps-à-corps, comme on donnerait un crochet.
    Les lames dans le prolongement de son coude devinrent des nageoires tranchantes et fluides. C’était un style d’escrime sournois, de ceux qu’affectionnent les voleurs et les assassins.
    Ces mouvements auraient surpris n’importe quel noble.

    Son enchaînement devint une danse vicieuse, conçue pour prendre son adversaire au piège dans un tourbillon meurtrier. Pour lui lier les mains, et l’entraîner vers les profondeurs des abysses.
    Ses lames, plus d’une fois, effleurèrent le conseiller, dans un assaut impitoyable qui cassait la distance, sans jamais lui laisser l’occasion de respirer, toujours trop proche pour qu’il puisse brandir son sabre.

    Le public s’affola de voir son champion en difficulté.
    A première vue, l’aventurière avait l’avantage, mais…
    …Vivi était incapable de le toucher.
    Ce à quoi elle ne s’attendait pas, c’est que son adversaire semblait avoir une curieuse connaissance de ces styles de combat clandestins. Et à voir la facilité avec laquelle il lisait dans son jeu et naviguait dans ces eaux noires, Vivi se demanda – à un niveau instinctif, car elle était incapable de formuler de telles pensées  – si elle n’avait pas raté quelque chose.
    Ce qu’elle savait vraiment de l’homme qui se tenait face à elle.

    C'était comme si, en cherchant à l’entraîner vers ces abysses, elle avait par inadvertance touché une part d’ombre chez son adversaire, jusqu’alors inexplorée. Comme si elle était celle qui perdait pied, dans ces eaux noires et insondables.
    Comme si c’était sur elle, que le piège, lentement, était en train de se refermer.

    Elle fit confiance à son intuition.
    Alors même qu’elle semblait dominer l’échange, la petite chevaleresse abandonna son offensive. Reculant d’un bond, elle réévalua sa position de combat. Après avoir créé un peu de distance et abandonné sa poursuite assassine, elle ajusta son style à nouveau.
    Vivi adopta une garde en croix, à la fois prudente et méfiante. La transpiration luisait sur ses tempes, et sur les fines mèches blondes qui s’échappaient de sa queue de cheval.

    Cet élan de méfiance, cependant, était une mauvaise décision.
    Elle avait cédé à ses doutes, et c’est une faille que son adversaire s’empressa d’exploiter.
    Sentant un changement d’attitude chez sa jeune protégée, le conseiller royal se mit à abuser des feintes, à jouer sur sa prudence et à capitaliser sur les instincts de sa rivale. Les coups plurent tous-azimuts et s’écrasèrent contre cette défense trop timorée. Son avantage se fit bientôt écrasant.
    Rhis menait désormais la danse, et consolidait sa position après chaque assaut.
    Désorientant sa cible de passes d’armes et de subterfuges experts.

    Vous vous débrouillez bien, finit par déclarer le conseiller en rompant l’engagement. Votre style de combat est bon et surprenant compte-tenu de toutes les techniques que vous avez acquiers au fil de vos aventures pour le Royaume. J’ai cru tantôt que vous alliez me couper les cheveux.
    Sa taquinerie plana dans une note mélodieuse sur l’aire de combat.
    Peut-être était-ce une façon de sa part de montrer un peu de pitié à sa jeune adversaire, qu’il sentait désarçonnée. De lui laisser une chance de se reprendre.

    Nan, j’voudrais pas risquer l’incident diplomatique, répliqua la petite aventurière sur le même ton, mais sa voix à elle était désormais rauque et tendue. Vot’ tignasse, c’est votre instrument de travail.

    Tout en parlant, la jeune femme appuya le dos d’une de ses mains contre son visage brûlant.
    Les étincelles de tantôt n’avaient pas été indolores. Sa peau était constellée d’étoiles rouges, comme si une fine averse de feu y était tombée. Une douleur qu’elle ignorerait sans peine pour le reste du combat.

    Mais je crains que sieur Richard m’en voudra si on continue le combat jusqu’au coucher du soleil. Je vais donc devoir écourter un peu notre duel, que j’ai énormément apprécié je dois dire. La prochaine fois, qui sait ? Vous pourriez peut-être me vaincre.

    J’suis sûre qu’vous avez un planning très chargé, m’sieur le conseiller. Plutôt que d’prévoir un nouveau rendez-vous, on va vous faire gagner du temps : j’vais vous rétamer dès aujourd’hui.

    Par respect pour votre style de combat et pour votre prouesse d’aujourd’hui, acheva Rhis en reprenant son sérieux, je vais vous achever en trois coups.

    Cette fois-ci, elle ne parvint pas à lui répondre.
    Leur dernier échange avait dévoilé ses faiblesses, et donné l’ascendant psychologique à son adversaire. Les mots qu’elle aurait dû prononcer – même pour simplement se mettre au pied du mur, et se forcer à lutter de toutes ses forces – ne franchirent jamais ses lèvres.

    L’art du duel n’est pas celui de la guerre.
    Il requiert de la visualisation.
    Et à l’issue de leurs dernières passes d’armes, Vivi ne voyait aucune technique à même de briser la garde de son adversaire.
    Vouloir gagner ne suffisait pas. La force mentale à l’état brut n’était jamais qu’une seule composante du succès.
    Et le succès, cette fois, lui échappait.

    Le conseiller fut sur elle en un instant. Plus rapide qu’il ne l’avait jamais été, il déjoua ses défenses pour la prendre à contre-pied.
    La lame de son sabre – maintenue immobile jusqu’au tout dernier moment – se libéra dans un trait de foudre blanche.
    Le premier coup. Faisant basculer son poids sur son pied gauche, dans un mouvement de parade intuitif, Vivi parvint à cueillir cette foudre sur la pointe de sa lame ; elle l’avait bloqué.
    …mais l’impact qu'elle aurait dû sentir résonner jusque dans les os de son bras gauche paraissait bien trop léger.
    Cet instant, pourtant vif comme l'éclair, lui sembla se figer.

    Stupeur.
    Son épée lui échappa des mains.
    Brutalement catapultée dans les airs.
    Incompréhension.

    Ce que le corps a appris, il ne peut aisément le désapprendre.
    Vivi porte son armure depuis que son pouvoir s’est manifesté, le jour de ses douze ans.
    Elle est habituée à peser plus que son poids. Elle est habituée à cette rigidité qui accompagne chacun de ses mouvements. A tirer parti de cette charge supplémentaire pour s’octroyer un peu plus de force, à bloquer de façon à ajouter la masse de l’armure à la sienne, de façon à ce que ses canons d’avant-bras participent à ses parades et en absorbent l’impact.

    C’est pourquoi elle était incapable de comprendre.
    A cet instant crucial entre victoire et défaite, elle était incapable de comprendre pourquoi son épée lui échappait.
    Mais ce décalage dans ses réflexes, entre son poids réel et la posture qu’elle adoptait : son adversaire, lui, l’avait remarqué.
    Elle aurait pu bloquer ce coup, avec son armure. Mais pas sans.

    Déséquilibrée, désarmée, Vivi riposta pourtant.
    L’attaque qu’elle asséna en retour n’était le fruit que d’un simple réflexe. D’un instinct de combat qui lui commandait de frapper, même dans l’incompréhension, même dans la défaite. Pivotant sur son pied d’appui, elle visualisa un coup de taille fulgurant, dans laquelle elle plaça toute la force de son dos et de ses épaules. Dans un rugissement primal, jouant le tout pour le tout, elle abattit sa lame sur la nuque de son adversaire.
    …mais cette dernière vague d’acier ne pouvait pas prendre la vigilance du conseiller en défaut.

    Elle avait perdu.
    Dès le deuxième coup.
    La deuxième attaque de son mentor la fit plier. Son surcot en cuir souple en absorba à peine l’impact : le sabre d’acier s’écrasant contre ses côtes, elle tomba à genoux.
    L’instant d’après, la lame du katana lui effleurait le cou.
    Inutile de porter le troisième coup.
    C’était terminé.

    Les hourras explosèrent dans les gradins.
    Tête basse, la petite chevaleresse lâcha par terre son épée.
    Le souffle rare, tétanisée, elle fermait les yeux pour endiguer cette vague de regret qui la submergeait.
    …j’voulais vraiment vous battre, aujourd’hui.
    Vivi n’avait pas suffisamment d’expérience pour comprendre que la graine de la défaite avait été plantée un peu plus tôt. Qu’en prenant l’ascendant technique et psychologique, son adversaire lui a ôté la possibilité de combattre au mieux de ses forces jusqu’à la fin.
    Tout ce qu’elle comprenait, c’est qu’elle avait vacillé.
    Qu’elle avait reculé. Que ce n’était pas une défaite qu’elle peut accepter.

    Relevant le regard vers le vainqueur, la petite aventurière se força à sourire.
    ‘faut que j’me dégotte un sabre comme le vôtre. Maint’nant que j’vous ai vu jouer avec, j’ai des tas de coups à essayer.
    ...et elle avait besoin de réfléchir aux raisons de sa défaite.
    Les mouvements de Rhis lui étaient désormais gravés dans l’esprit.
    Peut-être qu’étudier le style de son mentor lui serait bénéfique.

    Elle soupira.
    Il était temps de quitter l’aire de combat.
    Ses yeux, pourtant, demeuraient rivés sur le vainqueur, qui rengainait soigneusement son sabre. C’était l’heure des adieux.
    La petite chevaleresse se mordit la lèvre. Le cœur un peu douloureux.
    Elle avait déjà un regret sur ce combat.

    Alors pour ne pas en avoir un deuxième, elle alla jusqu’au bout cette fois…
    Jusqu'au bout de cet élan qu’elle avait eu en rencontrant le conseiller après toutes ces années. Cette accolade qu’elle n’avait pas osé lui donner un peu plus tôt, devant la table du banquet... cette fois, la petite aventurière profita de leur proximité pour resserrer brièvement ses bras autour de cet adversaire tant admiré.

    Les huées explosèrent dans les gradins, et la firent tout de suite sursauter.
    S’éloignant très vite du conseiller en rougissant, elle se passa les nerfs sur ce public qui n’avait fait que la critiquer toute la journée.
    Z’arrêtez d’chouiner, un peu ? beugla-t-elle à l’adresse des jeunes nobles qui poussaient des cries d’orfraie. Si vous êtes pas contentes, z’avez qu’à vous relever les jupes et v’nir lui demander un duel !
    Vivi ignorait que cette déclaration problématique serait déformée, répétée et amplifiée*.

    Elle reporta son attention sur le seigneur Tanner et son intendant, en leur adressant un petit geste de la main.
    A ce stade, le déplaisir général de l’audience était le cadet de ses soucis.
    Merci pour la boustifaille et l’invitation, m’sieur. N’hésitez pas à m’appeler si vous avez b'soin d’une aventurière qui sait par quel bout on tient son épée !

    Et sur cette dernière pique, la petite chevaleresse prit ses jambes à son cou.
    Sous les huées générales.
    Après avoir fait un petit détour par l’intendance pour récupérer son armure, et piocher quelques bons morceaux dans le buffet pour Soredamor, la jeune femme quitta le domaine Tanner. Les oreilles encore toutes rouges, et plus souriante à son départ qu’elle ne l’était lors de son arrivée.


    ”Rumeur*”:
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