Ce matin là, il y avait une fille qui voulait rester dans son lit. Une fille qui avait cette sensation que si elle se levait et sortait, elle allait le regretter. Pourtant, ce désir de faire la grâce matinée lui était refusé et pour cause : elle était de service ce matin. Heureusement, elle avait encore du temps devant elle pour se lever et se préparer. Alors, elle s'étire un peu tout en restant couchée sur le dos, dans son lit bien confortable, bien au chaud. Puis elle referma les yeux, un léger sourire étirant ses lèvres. Elle est bien là. Vraiment bien. Trop bien. Trop trop bien.
Toc. Toc. Toc.
Elle rouvrit doucement les yeux. Elle laisse échapper un sourire, sort enfin de son lit et ouvre la porte de sa chambre. Face à elle se tenait une de ses collègues, tout juste devenue membre de la garde, et la regardant avec timidité. Alyx, elle, se contenta d'hausser un sourcil, obligeant la jeune fille à se décider de lui donner des explications quant à sa présence.
« Je suis navrée de te déranger, mais on m'a envoyé te prévenir que ta sœur était en cellule. »
Alyx resta interdite pendant quelques secondes avant de pousser un long et profond soupir.
« Et c'est moi qui suis chargée de m'en occuper, c'est ça ?»
Son interlocutrice hocha la tête.
Après s'être saluées, chacune des jeunes femmes parti de son côté afin de faire ce qu'elles avaient à faire. Pour celle à la chevelure bali, il fallait se laver, s'habiller puis se rendre du côté des cellules. Comment bien débuter la journée !(...)
« Tu perturbes ma tranquillité. »
Ce sont les premiers mots prononcés par Alyx alors que sa sœur venait de se réveiller, commençant déjà à s'agiter. La cadette était là depuis un petit moment, assise sur une chaise près d'une table, un livre à la main. Elle n'avait pas pris la peine de réveiller son aînée, sans doute dans le but de profiter un peu plus longtemps du calme. Calme qui était fini maintenant.
D'un mouvement sec de la main, la garde referma son livre avant de se diriger vers la cellule dans laquelle était enfermé l'élément perturbateur qui l'a fait sortir du lit plus tôt qu'elle ne l'aurait voulu.
« eh ben, c'est pas joli à voir. »
Ce fut le soleil qui vint enfin à bout de son lourd sommeil et qui lui donna l'envie d'ouvrir les yeux peu à peu. Sa tête faisait boom, boom, boom, boom. Une migraine des plus atroces, causée par, surprise, l'alcool. Elle se sentait légèrement nauséeuse aussi. Non, en fait, totalement nauséeuse. Si nauséeuse qu'elle s'assit soudainement, une main à la bouche pour éviter de dégueuler sur son lit. Oui, dans son esprit encore un peu embrumé, elle était dans sa chambre et dans son lit confortable. Il lui fallut cligner des yeux plusieurs fois pour repérer où elle était et où elle se situait. Trois murs, des barreaux, une fenêtre avec des barreaux aussi.
-AH. S'exclama-t-elle en réalisant soudainement où elle se trouvait.
Attendez une minute. Hein ? Qu'est-ce qu'elle faisait encore ici ? Elle prit sa tête entre ses deux mains et se mit à cogiter comme jamais tout en jetant un coup d’œil à ses vêtements. Pas de trace de sang. Juste de l'alcool et du vomi. C'était déjà ça. Pas de meurtre donc ! Ouf. Encore une fois, elle avait dû boire un coup de trop et s'était retrouvée dans une cellule pour, au choix, avoir gueulé dans les rues de la capitale à une heure pas possible, dérageant et réveillant les voisins, cassé la gueule à des cons dans une bagarre possiblement provoquée par elle, ou une autre connerie du genre. Rien d'étrange ni d'inhabituel entre autre. Enfin, elle l'espérait un peu beaucoup. Elle ne se souvenait pour l'instant de rien et sa migraine n'arrangeait rien. La mémoire qui flanchait et les yeux rouges. Génial.
- Tu perturbes ma tranquillité.
-… ?
D'où venait cette voix si familière ? Astrid plissa les yeux vers la source de cette voix et…
-Alyx-chou! S'écria la jeune femme à la gueule de bois en se relevant brusquement.Je...BUUUUUUUURP.
Elle s'était levée si brusquement qu'elle dû se remettre à terre dans un coin pour vomir le contenu de son estomac dans un bruit peu ragoutant.
Après s'être désintoxiquée un temps soit peu, elle voulu se jeter sur sa sœur dans l'espoir de lui faire un câlin affectueux mais fut arrêtée net par les barreaux dont elle avait oublié l'existence et qui lui laissa une certaine douleur au niveau de son front lorsqu'elle se cogna.
-Outch.
Grrrrrr. La femme à tout faire n'allait pas laisser des barreaux la séparer de sa sœur chérie ! Elle les prit dans ses mains et commença à tirer comme une damnée en criant :
-Laissez-moi entrer, laissez moi eeeeeentreeeeeeer ! Elle prit un moment de réflexion avant de se corriger : Enfin, j'voulais dire, sortir, haha. Oh merde, je sens que je vais encore….
Elle se remit à 4 pattes dans un coin de la cellule pour vomir une nouvelle fois, montrant à Alyx tout son coté pathétique et…dégoûtant.
Un peu déséquilibrée, elle se releva et dit à sa sœur dans toute sa splendeur avec ses cheveux blancs ébouriffés, ses vêtements dégueulasses et tachés, et, toujours, un sourire au lèvre avec de la bave qui coulait le long de son menton qu'elle s'empressa de nettoyer avec sa manche :
-Heeeey, si c'est pas ma petite sœur chérie. Qu'est-ce que tu fais là ? Comment ça va ? J'espère que tu manges bien trois fois par jour et que tu ne te laisses pas importunée par des débiles et des ivrognes haha. Et euh...j'te jure c'est pas ce que tu crois Alyx. Je sais de quoi ça a l'air, mais c'est pas ce que tu crois !
Tentative vaine, elle le savait bien, mais il fallait tout de même se défendre un tout petit peu, aussi inutile que ce soit.
-Câlin ? Demanda-t-elle à sa petite sœur en passant ses bras à travers les barreaux.
Décidément, Astrid manquait cruellement de grâce et ne connaissait pas ses limites. Ou alors, elle les connaissaient mais ne pouvait pas s'empêcher de les dépasser. Juste parce que... Parce que ça devait être drôle sur le moment ? Vraiment, la logique de cette femme échappait complètement à sa sœur qui respirait presque le dégoût. Pourtant, elle devrait avoir l'habitude de retrouver son aînée dans des états peu dignes d'une femme... Mais là, c'était le ponpon. Et le massacre était loin d'être terminé et Alyx était, à son grand dam, aux premières loge pour le constater.
Boum.
La fille aux cheveux bali croisa les bras sur sa poitrine, l'air impassihle, fixant de son regard froid la prisonnière qui venait de se rendre compte de l'existence de barreaux à sa cellule. Vraiment, heureusement qu'elles étaient seules sur les lieux.
« Tu le fais exprès ou... »
Mais elle n'eut pas le temps de finir sa phrase sur son interlocutrice avait déjà sauté sur les barreaux en hurlant comme une possédée. Première réaction : Alyx haussa un sourcils, soupirant face à la stupidité de sa sœur. Ou plutôt, les effets que les lendemains de soirées arrosée pouvaient avoir sur elle. Franchement, on aurait pu lui épargner un tel spectacle. On fait d'habitude, mais il faut croire que plus personne dans la Garde ne peut supporter cette vision et ces bruits.
« Ça va t'as fini tes conneries ? »
Un profond soupire résonna dans la pièce alors que la petite Dalgaard se dirigeait vers la table près de laquelle elle était assise peu de temps auparavant. Elle saisit alors un gobelet d'eau fraîche qu'elle avait préparé peu de temps avant de le réveil de sa sœur, et amena ce dernier à celle-ci.
« T'en auras quand je serais sûre que tu ne vas pas me vaumir dessus. Et encore, je suis sympa, tu n'en mériterais même pas. »
Nouveau soupire.
« Allez, bois. »
Pendant que sa sœur buvait son eau, ou du moins Alyx espérait qu'elle allait la boire, la jeune garde alla prendre sa chaise qu'elle plaça juste devant la cellule, à moins d'un mètre, s'asseyant sur celle-ci, jambes croisées, tout comme ses bras.
« En tout cas je tiens à te féliciter, Astrid. Personne n'est jamais revenu aussi souvent que toi ici. Bagarres, tapages nocturnes, blagues de mauvais goûts,... Tous des comportements pouvant nuir à autrui. »
Elle pencha la tête sur le côté, analysant la réaction de sa sœur.
« Et tu ne te souviens même pas de ce que tu as fais cette nuit, n'est-ce pas ? »
Mais cela ne la découragerait pas le moins de monde à faire l'idiote, malheureusement.
Elle souriait donc bêtement aux remarques de sa sœur et sauta presque de joie en s'apercevant que sa sœur restait tout à fait attentionnée envers elle en lui proposant un verre d'eau.
Et puis, le plus important, elle n'avait pas totalement refusé les câlins ! Ah, la famille, une si belle chose.
-Promis, j'arrête de vomir !
Une promesse d'Astrid Dalgaard, sans grande surprise, ne valait pas grand-chose. Surtout dans ces conditions. Mais elle allait tout de même essayer de ne plus vomir, ou en tout cas, elle se contenterait de vomir dans sa bouche pour ensuite ravaler le tout.
Urf, rien qu'à y penser, elle avait la nausée et allait….allait….
-Ugh...Oof, c'était pas loin…
Elle l'avait échappé belle, pfiou ! Pour fêter ça, elle avala l'eau qui eut le goût d'un nectar sacré en cette lendemain de cuite. Quel plaisir de boire de l'eau de si bon matin quand on avait soif ! Elle se sentait déjà bien mieux, même si la gueule de bois persistait malgré tout.
-Merci pour l'eau Alyx-chou. T'es vraiment la meilleure sœur.
L'ivrogne était parfaitement honnête sur ce point-là et le croyait fermement. Elle savait que malgré l'attitude de sa jeune sœur, elle était encore au fond d'elle la petite fille gentille et souriante qui courrait après Astrid quand elles étaient enfants, même si elle avait grandi et changé depuis. La puberté, tout ça. Et la garde aussi, elle imaginait. Grrr, maudite garde. D'abord elle prenait sa sœur, puis elle prenait sa liberté de dormir chez elle dans un lit douillet ! Quelle indignité ! C'est honteux !
Bagarres, tapages nocturnes, blagues de mauvais goûts….Attendez une minute.
-Hein ? Depuis quand faire des blagues nazes est considéré comme un crime et nuire à autrui… ?
Enfin, quoique, maintenant qu'elle y réfléchissait, ses blagues pouvaient en effet faire fondre le cerveau d'autrui et faire ressortir tout ce qui était mauvais et violent chez ceux qui l'écoutait. Oh et sinon, si je reviens ici aussi souvent, c'est pour te voir plus. Ajouta-t-elle en faisant mine d'être triste. Avec ton taf de garde, on ne peut pas dire qu'on passe autant de temps ensemble qu'avant. Tu me manques un peu et je me sens un peu seule.
En la connaissant il n'était pas dur de séparer le vrai du faux dans ses mots et de la façon dont la jeune femme réagissait. Ce n'était totalement pas pour ça qu'elle revenait en prison aussi souvent, mais elle pensait ce qu'elle avait dit à la fin. Sauf la partie sur se sentir seule. Vu comment elle embêtait le monde et buvait tous les soirs, elle ne se sentait pas si seule que ça en réalité. Mais ça rajoutait un peu de drama non ?
-Euh...
Elle se gratta le haut de la tête, de toute évidence perplexe. Elle avait beau chercher, elle ne se souvenait de rien. Mis à part avoir beaucoup, beaucoup, beaucoup bu. Peut-être un peu trop. Comme d'habitude, quoi.
Remuant sa tête de gauche à droite, la femme à tout faire avoua qu'elle n'en savait rien.
-Aucun souvenir. Sûrement pour une histoire débile comme d'habitude. Mis à part les raisons que tu as citées, j'ai ptetre vomi sur un noble, embêté des gardes en leur lançant des tomates pourries, ou ptet pas payé ma consommation dans une taverne. À toi de m'éclairer ma chère sœurette !
On dit souvent qu'avoir une sœur, c'est fatiguant. Mais les gens ne doivent sûrement pas l'entendre de la même façon qu'Alyx. Les filles Dalgaard ne se chamaillent pas sans cessent pour des broutilles mais en revanche, elles se retrouvaient souvent victimes de leurs différences. Autant la cadette adorait son aînée, autant elle avait envie de lui donner des baffes par moments. N'importe qui qui les verraient dans leurs petits moments habituels et les écouterait durant la plupart de leurs échanges se dirait que l'aînée, c'est Alyx. Là, on est tout de même à un point où c'est la plus jeune qui doit réprimander la plus âgée tout en lui donnant de l'eau pour l'aider à se remettre de sa soirée. C'est tout de même fort.
La fille s'était contentée d'hocher la tête suite au remerciements de sa sœur. C'est elle qui la remerciait de boire, mais elle s'abstenait de lui dire. C'est quelque chose de normal. Mais Astrid n'est pas toujours très amie avec la normalité.
En tout cas, il était temps de faire part à la "prisonnière" de ses bêtises, de ce qui l'a amené ici. A commencer et lui donner une petite liste de ce qui l'amène habituellement en cellule. Évidemment, Astris s'attarde sur ses blagues.
« Impensable hein ?! Ben tu vois,même ça t'en es capable !»
La jeune femme aux cheveux blancs était passée maître dans l'art de provoquer des discordes juste à l'aide de simple blague. De quoi fatiguer davantage sa sœur.
« Il y a d'autres manières de procéder pour ça, Astrid, tu ne penses pas ?»
La fille aux cheveux blanc haussa les épaules puis attendit simplement que son interlocutrice retrouve la mémoire. Ce fût ... ben ça n'est même pas arrivé enfaîte.
Soupire.
« T'as juste provoqué quelqu'un dans une taverne qui a commencé à te poursuivre et quand un garde est intervenu , c'est limite s'il n'a pas eu envie de sa joindre à l'homme. La pagaille. »
Encore un soupire. C'est géniale d'avoir une sœur qui s'attire toujours des ennuis avec ses collègues.
« Tu ne saurais pas faire une pause non ? Je dois faire quoi pour que tu te tiennes tranquille pendant au moins une semaine ?!»
Puis, qu'est-ce que c'était qu'une relation fraternelle normale de toute façon ? La femme aux cheveux blancs n'en avait pas la moindre idée.
Donc cette fois, Astrid avait provoqué quelqu'un, ça avait terminé en course poursuite et un garde était intervenu huh ? Classique. Maintenant que Alyx le lui disait, elle semblait en effet se souvenir petit à petit de quelque chose du genre.
-Oh bah ça vaaaaa ! Dit Astrid en soupirant un bon coup, soulagée que ce ne soit pas plus grave. J'avais cru un moment que j'avais cassé la tronche à 3 enfoirés ! C'est quand que je sors du coup ? Bientôt ? J'ai pas trop embêté ton collègue j'espère… ? Tu lui diras désolée de ma part, heh.
Embêter les gardes, c'était la spécialité de la jeune femme. Ce n'est pas comme si elle les détestait vraiment. C'était plus qu'elle aimait bien...les taquiner. Les tester. Peut-être également une sorte de vengeance envers l'institution qui avait fait de sa vie un enfer. Bah, des sentiments complexes, trop complexes pour quelqu'un qui avait la gueule de bois.
Le fait était que cela dit, à cause de ses actions et de ses bêtises, elle donnait du travail supplémentaire à sa sœur, et ça, c'était tout de même assez embêtant, même pour Astrid, et sa sœur la lui faisait bien savoir. Comme toute sœur aimante, la grande sœur aimerait que sa petite sœur vive une vie tranquille, loin de tous soucis, mais en même temps, Astrid ne pouvait pas s’empêcher de créer du chaos autour d'elle, c'était plus fort qu'elle. Si seulement Alyx n'était pas devenue garde !
-Se tenir sage une semaine ? S'exclama-t-elle en se roulant soudainement sur le sol, tapant des pieds et des mains, comme une enfant qui faisait sa crise. Impossible ! Impensable ! Insupportable ! Il faudrait me menotter et me mettre un couteau sous la gorge constamment, mais je risque de mourir, d'ennui ! Et de devenir folle ! M'enfin, cela dit…
Elle se releva, fit mine de réfléchir tout en se grattant une barbe imaginaire et claqua des doigts en trouvant une meilleure idée :
-Si tu me fais un câlin et un bisou, je veux bien me tenir calme pendant...3 jours….non, 4 ! Promis, juré, craché, si je mens je vais en enf….en...euh...qu'on m'enferme dans une cellule pendant une semaine !
Elle était vachement collante, comme sœur. Collante, fatigante, et un peu débile sur les bords. Pas facile, d'être de la même famille qu'elle. Toutefois, encore une fois, il était difficile de dire si cette tarée étaient sérieuse ou non.
Ouais. Rien de fort grave. Grâce à quoi justement ? Grâce à qui ? Sûrement grâce à Astrid. Même si elle pouvait provoquer pour ensuite faire l'idiote sans défense, Astrid savait parfaitement se battre et ça, Alyx le sait très bien. Après tout, c'est elle qui lui a appris à se battre. Pas que, la garde aussi, mais la jeune femme avoir également joué un grand rôle là-dedans. Les plus problèmes avaient été évité parce que la bagarre a pu être évitée. Mais peut-être qu'à une minute près... Enfin, la jeune garde était tout de même contente de constater qu'au final, il n'y avait rien eus de très grave,même si elle ne le montrait pas, comme à son habitude. Mais peut-être que l'aînée prenait cela trop à la légère. Ça exaspère sa cadette qui pousse un long soupir.
« Quand on le dira. Oui. Si. Et pour ce que tes excuses valent.»
Elle hausse les épaules. Les deux sœurs se connaissaient bien. De ce fait, Astrid pouvait parfaitement savoir que sa petite sœur chérie était agacée...Et que ses paroles n'étaient certes pas toujours agréables à entendre mais qu'elles cachaient tout de même un grand amour fraternel. C'est juste qu'Alyx a passé l'âge des démonstrations physiques semblables à celle qu'elle offrait par le passé. Ce n'est plus une petite fille. Pire, elle se retrouve obligée de réprimander son aînée qui, finalement, se met à jouer la gamine qui crise parce qu'elle n'a pas eut sa sucette. Chose qui fait froncer les sourcils de la garde qui doit serrer les dents.
« Tu l'es déjà, ma pauvre.»
L'amour vache. Une belle histoire. Même si en générale, c'est Alyx qui a tendance à faire aller sa langue de vipère.
« On peut commencer à t'en aménager une rien que pour toi dans ce cas. Qu'est-ce que tu en dis ?»
La demoiselle afficha un petit sourire en coin narquois. Mais intérieurement, elle savait parfaitement qu'elle ne saurait pas échapper au câlin et au bisou de sa sœur. Céder est encore le meilleur moyen pour se débarrasser d'elle au plus vite.
« Je suppose que tu n'en a plus pour très longtemps ici. Entre-temps, et si tu me disais quand est-ce que tu rentres à la maison ? »
Elle n'en donne pas l'impression mais, cette idiotie d'Astrid lui manque aussi et un petit moment en famille leurs ferait sûrement pas de mal.
Aux paroles et aux actions froides de sa cadette, et surtout au fait que la jeune sœur avait confirmé que Astrid était déjà folle, en plus d'être pauvre, la femme à tout faire fit mine d'être touchée au cœur et se tint la poitrine, souffrant autant physiquement et mentalement.
Elle jouait bien sûr, comme à son habitude, la comédie et faisait l'idiote au grand dam de sa sœur et des personnes qui l'entouraient. Elle savait que sa sœur l'aimait, et sa sœur savait que Astrid l'aimait. Une belle fraternité, malgré les différences qui continuaient à se creuser de jour en jour et d'année en année. D'ailleurs, Astrid redoutait le jour où ces différences deviendraient trop grandes et le jour où sa sœur viendrait à la détester. C'était cette peur aussi qui empêchait la citoyenne de dévoiler son secret à sa famille.
Bah, elle laisserait ce problème à la Astrid du futur. Bon courage. En attendant, la Astrid du présente en profitait pleinement et recevrait même un bisou et un câlin de sa sœur adorée ! Yahou !
-Ugh, ça fait mal de voir que tu ne me fais pas confiance, Alyx. Répondit-elle en soupirant, avant de reprendre avec plus d'entrain et en ricanant : Mais je veux bien oui. Après tout ce temps, je suis même étonnée de voir que je n'ai pas encore de cellule à mon nom, hehe. Je veux bien qu'on peigne les murs en rose, qu'on y installe un miroir, un lit douillet à deux places, une peluche, et une étagère avec plein de bouquins !
Aucune de ses demandes ne sera accordée, mais qui ne tentait rien n'avait rien ! Même si de toute évidence, elle n'aurait quand même rien, mis à part peut-être deux ou trois baffes.
-À la maison ? Répéta Astrid, légèrement surprise par le changement de sujet. Euh….
Elle se tapota le mention, réfléchissant à son emploi du temps.
-J'y étais allée récemment pour du boulot, mais je vais probablement y retourner dans une ou deux semaines pour récupérer quelques affaires, et parce que la cuisine de Man' me manque. Elle bavait déjà à l'idée de pouvoir manger à la maison. Il n'y avait rien de mieux qu'un bon plat préparé par une mère. Je compte aussi acheter des souvenirs comme toujours. Du vin pour Pa', et des pâtisseries pour Man'.
Elle était devenue étrangement sérieuse, maintenant que ça parlait de la famille. Toutefois, ce n'était pas étonnant.
-D'ailleurs, Man' m'a dit qu'elle voudrait bien de nouveaux vêtements, donc si tu pouvais m'aider à choisir pour elle, ce serait cool parce que...euh...bon… Dans un mouvement des deux bras, elle se présenta elle et ses vêtements qui étaient loin d'être à la mode ou très féminins, contrairement à Alyx qui était probablement bien mieux placée. Tu comptes y retourner bientôt toi ?
C'était une discussion tout à fait normale et banale entre deux sœurs.
Si on oubliait que l'une d'elles était derrière les barreaux.
Alyx se surprit bien malgré elle à afficher un petit sourire en coin face aux recommandations de sa sœur, les yeux levés au plafond. Irrécupérable. Astrid était irrécupérable. Au point où elle est était, la jeune sœur préférait tout simplement passer à un autre sujet qui lui trottait dans la tête depuis un moment déjà. Quand Astrid compte-t-elle retourner à la maison ? Entre le travail de la cadette et les activités de l'aînée, les deux sœurs avaient rarement l'occasion de se retrouver ensemble chez elles. Avec leurs parents. Il n'y avait donc qu'une seule façon de savoir quand est-ce qu'elles allaient s'y croiser. En s'arrangeant pour savoir quand l'une s'y rendait pour que l'autre s'adapte.
« Maman est vrai cordon bleu !»
Là dessus, les deux jeunes femmes étaient d'accord : leur mère était une cuisinière hors pair ! Pour le coup, la fille aux cheveux balis était déjà impatiente d'y être !
Un sourire en coin moqueur s'était maintenant dessiné sur ses lèvres, alors que la "prisonnière" présentait ses vêtements.
« oui, tu auras vraiment besoin de mon aide. Même si c'est le geste qui compte...»
La jeune Dalgaard se redressa, entend des bruits de pas arrivés dans leurs direction.
« Je vais m'arranger pour y aller en même temps que toi. Ça fera plaisir à papa et à maman de nous voir arriver ensemble. »
A ce moment-là, un garde rejoint les deux femmes, un document signé en main. Après un bref échange, le nouveau venu disparut aussitôt.
« Bon. Tu peux partir.»
La garde ouvrit la porte de la cellule, laissant assez de place à Astrid pour sortir,et ensuite refermer la porte.
« Bon. T'as le droit à deux bisous maximum et cinq secondes de câlins. Et après je te raccompagne à la sortie et hors de ma vue ...»
De même, le fait que sa sœur l'aiderait à choisir les vêtements à acheter la rendait heureuse, car cela signifiait passer plus de temps avec sa sœur. Son attachement et son affection pour sa famille pourrait paraître étrange pour plus d'un, mais dans sa précédente vie, elle n'avait jamais pu passer de temps avec les personnes qu'elle aimait, aussi, dans cette nouvelle vie, elle faisait en sorte de réparer certaines erreurs et d'en profiter autant qu'elle le pouvait.
-Ils seront super, extrêmement, trop contents ! Et moi aussi, heh. Dit-elle avec un air enjoué, avant de reprendre d'un ton plus menaçant, tout en craquant ses doigts : Et si tes supérieurs refusent de te laisser quelques jours, tu me le dis et je ferai en sorte qu'ils m'écoutent, haha.
Quitte à devoir recourir au chantage. Elle devait probablement avoir quelques secrets à dévoiler. Elle pourrait aussi demander quelques faveurs au roi tiens, il comprendrait sûrement puisqu'ils étaient amis. Yep, tout irait bien ! Rien ne se mettrait en travers de la route de ces retrouvailles familiale !
Puis, très vite, l'annonce que Astrid pouvait enfin sortir de sa cellule arriva. La liberté, enfin !
-Super ! C'était plus tôt que ce que j'avais prévu, heh. Et dire que j'avais pensé rester 5 ou 6 heures de plus ! Quel soulagement !
Sans se faire prier et avec une rapidité étonnant, la jeune femme aux cheveux blancs s’exécuta et fit deux bisous à Alyx sur les jours et la câlina longuement et intensément tout en lui caressant la tête, telle la sœur collante qu'elle était.
-Ça m'avait tellement manqué ! Je te recontacte pour qu'on puisse choisir les souvenirs à ramener à Pa' et Man'. Et oops, je crois que le câlin a duré 6 secondes, teehee.
L'irrécupérable, l'incorrigible et l'insupportable Astrid Dalgaard n'en faisait décidément
qu'à sa tête et ce même avec sa famille. Mais pour celle-ci et pour Alyx, elle le faisait toujours avec affection.
Qu'il était bon d'avoir un sœur et une famille !
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