Vous savez ce que l'on dit : l'alcool vous fait faire tout et n'importe quoi à la fois. Spherany aurait peut être du y réfléchir à deux fois avant de s'aventurer dans ce terrain dont elle en connaissait tout les méfaits et maladresses. Une fois encore, la belle avait un peu trop forcée sur la liqueur exotique et était très loin de se douter de ce qui l'attendait. Au grand départ tout ce qu'elle souhaitait c'était s'abandonner aux bienfaits d'une taverne dont elle connaissait si bien la gouverne. Jamais elle n'aurait pu imaginé que cela se terminerait ainsi.

Alors qu'elle était encore profondément assoupie Spherany s'éveilla soudainement après quelques courtes heures de sommeil dans une auberge de bas de gamme où il était possible d'y humer une odeur nauséabonde de putréfaction englobée dans un panaris de défection qui aurait fait frémir n'importe quelles narines. Il faut croire que cette fois elle avait touchée le fond. À peine ses pupilles entrouvertes qu'elle pouvait déjà ressentir une céphalée s'abattre sur sa boîte crânienne comme un flot déversant sa fatalité inévitable. C'était presque insoutenable à quel point c'était désagréable. Elle se redressa difficilement, si difficilement d'ailleurs que cela lui arracha un râlement d'exaspération.

« Il serait temps que je me reconvertisse... »

Elle n'osait même pas imaginer l'allure qu'elle devait avoir tant elle sentait déjà son corps et ses cheveux dans un état déplorable. Ses grands parents devaient se retourner dans leurs tombes face à tant d'humiliation. Ses muscles se contractaient et sa vue se troublait par moment tandis qu'elle tentait difficilement de jeter un coup d’œil à la chambre où elle se trouvait. Si l'on pouvait appeler ça une chambre.. Comment ils étaient possible de louer pareil logis ? Non vraiment il faut le voir pour le croire. Le pire dans tout ça c'est qu'elle n'avait aucun souvenirs de la vieille. Si ce n'est qu'elle avait pénétrée dans cette fameuse taverne.

Les genoux plantés dans le matelas défectueux qui lui servait de lit, c'est là qu'elle se souvint de cette sensation de mouvement qui l'avait tiré de son sommeil. Non pas qu'elle n'avait pas pu discerner les quelques bruits qui s'étaient entremêlés au fracas.. C'est son corps qui avait lancé l'alarme afin qu'elle se décide enfin à rouvrir les yeux. En même temps on va pas se mentir il y avait de quoi être alarmée.

Lorsqu'elle tourna enfin la tête vers ce qui semblait être la raison de son brutal éveil ses pupilles se figèrent instantanément. Elle jeta un regard rond et raide sur la femme qui avait vraisemblablement partagée la même couchette qu'elle et sûrement plus d'ailleurs... Les paroles de cette dernière lui parvint comme un brutal et violent rappel à la réalité. Au fond d'elle c'était tout bonnement la symphonie des jurons. Elle déglutit nerveusement, grimaçant par la suite face à cette sensation de putréfaction qu'elle ressentait au fond de sa gorge. À croire que l'état des lieux était contagieux. C'est là que le visage de la jeune femme lui revint. Queen Milan. Si elle ne l'avait encore jamais rencontrée sa réputation s'étendait jusqu'à ses terres. Bordel elle n'avait pas vraiment fait ça.. Si sa bisexualité était évidente, elle n'en restait pas moins extrêmement rare ou plus délicate à explorer en que son hétérosexualité. Surtout que là elle ne s'était pas attaquée à un petit morceau mais plutôt à un gros et imposant morceau. Le genre où vous allez réfléchir plusieurs fois avant de vous y frotter.

« J-Je.... » Alors qu'elle s'apprêtait à tenter une approche disons pédagogique.. Ou douce.. Ou peu importe quelque chose en tout cas, son regard se baissa instantanément. Sa nudité flagrante refit surface et ses doigts s'empressèrent alors d'attraper les draps miteux qui étaient censés servir de protection avant de les placer contre son corps meurtris. Aucun son n'arrivait à sortir d'entre ses lèvres scellées. Pourtant ce n'est pas qu'elle ne souhaitait pas lui adresser la parole, loin de là d'ailleurs. C'est qu'au vue des circonstances elle n'arrivait tout simplement pas à trouver les mots où l'approche à aborder.

Quand elle se décida enfin à relever la tête vers elle son regard croisa son propre prénom. Prénom qui était inscrit sur le front de sa partenaire à l'aide d'un feutre forcément indélébile étant donné qu'il n'avait perdu aucune once de couleurs. Elle relâcha avec désinvolture les draps avant de s'avancer subitement vers la jeune femme et de poser ses doigts sur son front. Une expression confuse et soucieuse au visage.

« Diantre c'est mon écriture ça.. »

Pas de doute là dessus. C'était bien la sienne. Reste à savoir par quel moyen elle avait pu atterrir ici et par miracle elle l'avait griffonné sans fautes. La journée allait être longue... Très longue. Mais étrangement pour le moment la demoiselle faisait preuve de beaucoup plus de calme qu'elle ne l'aurait imaginé. Peut être que dans le fond ça l'amusait... Ou lui plaisait... Ou pas d'ailleurs. En tout cas elle préférait jouer la carte de la amabilité plutôt qu'une autre. On ne sait jamais, les murs peuvent avoir des oreilles.

Jamais encore jusque là elle n'avait eu à affronter pareille situation. Pourtant Lucy seule savait ô combien elle avait pu en passer des soirées arrosées. Parfois plus que d'autres avec des conséquences douloureuses, lourdes voir humiliantes. Le genre de soirées que tu vas vraiment subir. Mais jamais elle n'avait franchi un cape aussi complexe et redoutable que celui qui se tenait devant elle. D'ailleurs il lui était toujours possible de rassembler les quelques souvenirs de ses soirées. C'était majoritairement comme des flashs qui s’entrechoquaient et se fractionnaient dans sa boîte crânienne. Elle y mettait un certain temps c'est vrai, mais elle arrivait toujours à en découdre le nécessaire. Hors là, rien. Le néant complet. Quelques légères sensations ou images illisibles tentaient tant bien que mal de se matérialiser dans son esprit mais sans sucés. Les seuls éléments qui lui étaient proposés se trouvaient dans la pièce et croyez moi.. C'était peu glorieux.

Alors qu'elle tentait d'y voir plus clair sur le pourquoi du comment son écriture avait pu atterrir à cette endroit précis (sûrement parce qu'il s'agissait de l'élément le plus flagrant), sa partenaire elle ne perdit pas une seule seconde. Elle brailla, s'interrogeant sur la soi-disant écriture et cela avant de se défaire de son emprise et de s'envoler jusqu'à la salle de bain à une telle vitesse qu'elle avait manqué plusieurs fois de finir sa matinée au sol. Elle referma violemment la porte derrière elle tandis que la demoiselle n'avait pas quitté des yeux la scène, oubliant même de rabaisser ses mains. Son regard était rond, voir trop et toujours aussi livide que le précédent. De là il ne fallut à peine une seconde pour qu'un cri assourdissant se mit à faire vibrer les murs. Bon c'était sans doute extrême comme description mais lorsque notre cervelle est embrumée par une céphalée aussi persistante que celle qui lui était offert tout prenait une ampleur plus grande et plus puissante. Il ne faisait aucun doute que si leurs voisins de chambre somnolaient encore ils étaient dorénavant bel et bien éveillés. Un léger sentiment de terreur accapara sa peau qui laissa transparaître de multiples frissons tout aussi électrocutant les uns que les autres.

« Tout va b-... » À peine elle n'eut le temps de terminer sa question que sa partenaire déambula dans la salle coupant net son élan. Dans tout les cas, c'était mieux pour elle, vu la question stupide qu'elle s'apprêtait à éloquer. Sa voix raisonna en elle si brutalement qu'elle ne put empêcher un râlement de s'échapper d'entre ses lèvres alors qu'elle rabaissa légèrement la tête, trahissant son exaspérant éreintement actuelle. Habituellement elle n'aurait pas hésité quant à la manière de lui répondre : agressivement avec une nonchalance et une provocation dont elle en connaissait tout les méfaits. Son caractère des plus volcanique n'aurait certainement pas laissé passer ça, mais visiblement cela n'arrangerait certainement pas les choses. Elle grimaça légèrement, engageant un léger massage au niveau de ses tempes avant de rétorquer le plus calmement possible.

« Cesse donc de me hurler dessus tu vois bien que je suis autant dans l'abomination que toi. »

Pour le coup, c'était même encore plus vrai que ce qu'elle l'imaginait. Car sur son front trônait aussi une merveilleuse signature qui la mettrait probablement dans le même état que sa partenaire. Le vouvoiement n'était même plus une formalité entre elles, inutile de s’accommoder de futilités pareilles quand on a des choses bien plus complexes à résoudres. Spherany soupira alors, raclant légèrement sa gorge qui profilait une évidente irritation alors que l'idée d'en apprendre plus sur son origine laissait à désirer.

« Et c'est Spherany Ambroise pour le nom. Inutile de te présenter je sais déjà qui tu es, ta réputation te précède habilement Queen Milan. »

 

Son ton était neutre voir quelque peu esquinté. Il lui était difficile de savoir quels mots employés ou quelle attitude arborée. Tout était bien trop nouveau pour elle, ou bien trop catastrophique à choisir. Aucun mode d'emploi ne lui était procuré et il lui fallait à elle toute seule apprendre à gérer cette situation avec plus de présence d'esprit et de sang froid que la jeune blonde. Pourtant Lucy seule pouvait savoir combien cela l'atteignait presque autant qu'elle. Elle commençait à avoir une certaine expérience pour endurer et décortiquer ses erreurs mais de là à devoir se préoccuper d'une telle bêtise.. Cela relevait d'un réel défi. Si elle avait pu passer des soirées de beuverie intenses jusqu'à terminer dans le lit d'une personne, cette dernière quittait rapidement son couchage et aucune complications entre grosses guillemets ne venaient s'entraver devant elle. Aujourd'hui il lui fallait gérer l'ingérable.

Soupirant une nouvelle fois, la belle quitta le lit avant de remettre la main sur ses sous vêtements qu'elle enfila machinalement. Son cerveau tournait à plein régime pour formuler et matérialiser des solutions qui pouvaient les dépêtre de cette situation. Mais quel dur labeur lorsque l'on doit survivre à une gueule de bois aussi imposante que celle-ci. Elle termina alors d'enfiler ses sous vêtements avant de venir s’installer une nouvelle fois sur le lit, relevant son regard d'ambre sur celui azuré de la jeune femme. Elle inspira et expira un bon coup avant de prendre une nouvelle fois la parole.

« Ça ne sert vraisemblablement à rien de se leurrer sur cette soirée. Essayons plutôt de trouver une solution ensemble tu veux bien ? Je suppose que cela ne doit pas être facile pour une Milan telle que toi de se retrouver dans pareille situation et je le conçois. Mais c'est réciproque de mon côté, alors au lieu de hausser le ton peut être pourrions nous réfléchir ensemble ? Je t'avoue que mon cerveau est actuellement en surcharge et je n'ai que peu de patience pour supporter une nouvelle crise. »

Voilà des paroles censées. C'était presque si elle ne se félicitait pas intérieurement d'adopter une sagesse et une maturité aussi importantes. C'était quelqu'un d'intelligent et de réfléchi Spherany, mais dans d'autres circonstances elle aurait très aisément pu perdre sa patience et exploser comme une machine prête à déferler sa colère et son exaspération. Mais la situation était telle qu'elle se devait d'adopter un tempérament plus conciliant, d'autant que son destin se retrouvait autant dans ses mains que le sien dans les siennes. On dirait bien que cette journée signerait le début de plusieurs nouvelles choses. Des nouvelles choses qui s'avéraient fortement... Inhabituelles.

Elle est intelligente Spherany. Si il y avait bien une chose qu'elle avait pu retenir de tout ce qui était parvenu à ses oreilles au sujet de la demoiselle c'était son impétuosité. Elle était redoutable, réfléchie et surtout expérimentée en la matière. Se frotter à elle serait aussi dangereux qu'une veuve noire et ça, Spherany l'avait bien compris. Dans quoi s'était elle encore fourrée ? Deux options s'offraient à elle. Soit elle optait pour n'avoir aucune pitié et aucune sympathie pour la trésorière et dans ce cas là elle se frotterait à vraisemblablement plus redoutable qu'elle et mettrait en jeu la réussite de tout ce qu'elle avait pu bâtir jusqu'ici. Mais au moins elle ne serait pas réduite à se la jouer plus domptable. Soit elle jouait la carte de la sécurité et envisagerait d'écouter et de suivre les directives qui lui étaient proposées tout en effaçant de sa mémoire les quelques piques qui lui étaient lancées. Cela reviendrait tout de même à mettre légèrement sa fierté de côté ce qui était une chose fortement désagréable pour elle.

En peu de temps elle n'avait réussi qu'à avoir des certitudes concernant sa partenaire. Ça ne faisait aucun doute qu'on ne lui avait pas menti. C'est un adversaire redoutable et féroce qui s'interposait devant elle et lui faudrait réfléchir deux fois avant de décider quelle direction elle allait envisager de suivre. Entre ses interrogations et la céphalée intense qui bourdonnait ses tempes il lui était fortement difficile d'arriver à aligner deux pensées cohérentes. Et ce n'est pas le ton ni les mots utilisées de la blonde qui apaiseraient son état. Elle inspira alors une fois, puis expira. Tentant de retrouver une certaine sérénité intérieure face au châtiment invulnérable qui avait bousculé sa bienséance.

Mais alors qu'elle était en plus combat interne voilà que sa partenaire se mettait à pointer son front du doigt, lui indiquant une nouvelle anomalie. Et là, il ne lui fallut pas plus de deux secondes pour comprendre. Son palpitant manqua un battement dans sa poitrine alors qu'elle tenta naïvement de lever les yeux vers le fruit de ses suspicions.

« Qu-Que... QUOI ?! »

Ses pupilles devinrent rondes et raides tandis qu'elle se dirigea brutalement à son tour vers ce qui semblait servir de salle de bain. Et là, la cerise sur le gâteau. Si elle avait pu banaliser sa propre signature sur le front de la blonde, lorsqu'il s'agissait du sien c'était une tout autre histoire. Bien que sa bisexualité ne soit pas une grande nouvelle aux yeux de tous le fait qu'elle devienne une source de commérage en devenait une autre. Fréquenter un Milan ne lui était pas étranger ni même dérangeant dans le fond, mais en devenir un sujet de bassesses et d'amusement pour les mauvaises langues ne rentrait pas dans ses désirs premiers. Surtout si cela pouvait porter préjudice à son entreprise ou à ses parents. Il lui faudrait ternir cet événement au plus vite et éviter tout désagréments malencontreux.

Elle prit un certain temps dans la pièce voisine. Ses mains se posèrent contre son visage alors qu'elle dissimula un franc hurlement d'exaspération. Une putain d'énorme merde. Elle avait bien pu tenter de retirer la marque à l'aide de l'eau ou de ses doigts mais sans sucés. Ce n'était qu'une naïve espérance. Elle inspira une nouvelle fois et expira. Ses doigts enveloppèrent une légère quantité d'eau avant de venir rafraîchir son visage qui rougissait intensément de honte et d'exaspération. Après quelques minutes, Spherany quitta alors la pièce avant de revenir auprès de la trésorière. Elle avait eu le temps d'écouter sa proposition et aucun mot ne lui avait échappé. Pourtant elle aurait bien voulu en oublier certains mais passons. Si elle avait sûrement connu pire cette fois ci un élément nouveau interférait sa convalescence. Bien qu'elle l'imaginait il lui était impossible de savoir exactement de quoi était capable la jeune Milan. Dire qu'il vaut mieux être proche de ses amies et encore plus de ses ennemies prenait tout son sens. Elle se laissa à son tour tomber sur le matelas miteux, avant de relâcher un long et douloureux soupire. Son regard se posa sur le plafond délabré de l'auberge alors qu'il lui fallait se rendre à l'évidence. Tout ça dépassait tout ce dont elle avait pu imaginer. Ne quittant pas le plafond du regard elle répliqua alors.

« Une soirée entre amies hein... C'est effectivement comme ça qu'ils disent. »
Elle marqua un léger temps. Son regard se perdait dans la somptueuse ou plutôt miséreuse bâtisse qui leur servait de toit alors qu'elle finit par se redresser, croisant une nouvelle fois son regard d'un ton obstiné et réfléchi.
« Marché conclu, Queen Milan. »

Elle avait préféré ne relever aucune de ses autres paroles, cela ne lui servirait à rien si ce n'est attiser la colère et elle était certaine de ne pas être capable de garder son calme si le ton venait à monter. Si elle ne savait pas de quoi la blonde était capable, elle aussi n'en avait aucune idée. Elle pouvait être bien plus féroce qu'elle en avait l'air et jouer sur son ignorance à son propos serait l'idée la plus judicieuse qui lui venait. Ça lui embouchait un coin de l'admettre mais la trésorière n'avait pas tort, pour l'une comme pour l'une il était préférable d'adopter une nouvelle tenue.

Un nouveau soupire suivi tandis que la cavalière quitta l'étreinte du matelas avant de remettre la main sur ce qu'était devenu ses vêtements de la vieille. Douloureusement mais sûrement elle parvint à retrouver chacun d'entre eux et s’accommoda alors de les enfiler un à un. Bien qu'elles semblaient avoir réglé une certaine partie du problème un autre semblait avoir été oublié : la signature sur leur front. Faire passer leur situation comme une soirée de beuverie intense était une chose, mais la touche de la signature en était une autre. Et pour le coup, c'était la plus inconfortable. Lorsqu'elle fut totalement rhabillée la jeune femme releva son regard ambré sur la blonde avant de soulever une nouvelle interrogations.

« Tu as une idée pour nos signatures respectives ? Mettre de l'eau ou frotter ne semble pas marcher. Je ne vois pas comment on pourrait retirer ça, et toi comme moi je ne pense qu'on ait l'envie de se trimbaler avec ça plusieurs jours.. »

Et c'était le cas de le dire. En réalité elle aurait simplement voulu repartir discrètement chez elle et oublier cette matinée merdique. Mais ce moment ne semblait pas être pour tout de suite car malgré qu'elles aient réussi à trouver un terrain d'entente, d'autres problèmes nécessitaient qu'on s'y intéressent. À force Spherany devenait subjugué par plusieurs émotions différentes. Elle se sentait ni calme ni paniquée. Entre l'exaspération, la gêne, l'embarras, la honte, l'affolement, l'impatience et tant d'autres sentiments qui venaient tirer sur ses nerfs déjà bien à vifs. Une situation bancale et vraisemblablement nouvelle contre laquelle elle ne savait pas répondre. Marcher sur des œufs serait peut être même trop faible pour décrire tout ça. Ce tourment interne ne cessera donc jamais...

Le marché était conclu et les deux jeunes femmes semblaient avoir trouver un terrain d'entente ce qui relevait véritablement d'un miracle étant donné leurs caractères respectives. Malgré un réveil pour le peu chaotique et un état physique déplorable, Spherany voyait peu à peu le bout du tunnel. Ou du moins, c'est ce qu'elle pensait. Car si elles avaient pu assez aisément se débarrasser des niaiseries qu'auraient causé leur nuit pour le peu agitée, la marque qu'elles possédaient chacune sur leurs fronts venaient entraver le succès plausible de la manœuvre. Et la jeune Milan se trouvait tout aussi incommodée par cela qu'elle même. Un nouveau silence s'installa tandis que la blonde arpentait la pièce à la recherche d'un nouvel échappatoire. Quelque chose qui pourrait faire disparaître cette marque et ainsi leur offrir leur convalescence bien méritée.

Puis au bout de quelques minutes la trésorière se stoppa et daigna une nouvelle fois lui adresser la parole. Jusque là Spherany tentait du mieux qu'elle pouvait de la suivre mais elle devait avouer que lorsqu'elle lui indiqua deux solutions avant de disparaître de son champ de vision son interrogation palpable resta à l’afflux. À quoi diable avait elle pensée ? C'est presque si elle ne s'attendait pas au pire venant de sa part. Quoi qu'elle ne pouvait pas lui retirer son intelligence mordante. C'est là qu'elle revint face à elle avant de jouer avec sa franche d'une main qu'elle semblait avoir humecter. La demoiselle leva alors les yeux vers le sujet de l’œuvre avant de souligner nerveusement.

« Glamour ? J'ai actuellement d'autres sujets de préoccupations que le glamour donc fais donc ce que tu veux. »

Il faut dire que vu l'état dans lequel elle se trouvait rien ne pouvait être pire à ses yeux. Bien qu'elle se sentait pour le moins déroutante de la laisser aussi aisément faire ce qu'elle voulait. Ce n'était clairement pas dans ses habitudes mais au point où elle en était, briser d'autres mœurs ne semblait plus lui faire plus d'effets que cela. Son accablement devenait de plus en plus intense si bien que sa partenaire n'hésita pas à lui faire remarquer. Elle fronça alors les sourcils tentant d'apporter de l'importance qu'à ses idées suivantes et non à la façon qu'elle avait d'appuyer sur les cordes sensibles.

Elle n'y voyait pas plus clair qu'avant mais faire confiance à la trésorière semblait être sa seule option. Un soupire s'échappa alors d'entre ses lèvres quand enfin elle décida de quitter l'étreinte du dite -lit-. Son regard se posa sur elle et elle entama le chemin jusqu'à ses côtés silencieusement. Faire confiance hein... L'obscur tableau qui se dressait devant elle lui arrachait un pincement au cœur. Le genre de pincement qui était née pour lui rappeler combien elle avait pu chuter à cause de ce sentiment néfaste qu'est la confiance. Pourtant elle se sentait inévitablement prisonnière, n'ayant pour seule issue que d'accorder cette dernière à la jeune femme. Quand bien même elle refuserait cela ne ferait qu’attiser sa colère, tout comme relever ses mots qui ne lui plaisait diaboliquement pas. Mais elle avait d'autres soucis plus contraignants et déclencher une guerre ne lui attirait que des ennuis. Il lui fallait se rendre à l'évidence, elle n'avait pas le choix et se devait de garder la haute pour son bien être et celui de son entourage. Son adversaire était coriace et surtout d’ôtée d'une malice qui ferait pâlir le plus robuste. Et bien que sa réputation la précédait dignement, Spherany elle n'était pas d'ôtée d'une clairvoyance propre qui lui permettrait d'évaluer les compétences et les limites de sa partenaire. Bien que cela puisse l'irriter, elle se devait de ne relever que le positif et daigner lui faire confiance. Au moins un minimum.

« De toute évidence je ne pense pas avoir le choix. Alors je vais te suivre. Par ailleurs... » Elle marqua une légère pause, se rapprochant de la blonde avant de pointer du doigt son haut un léger sourire sur les lèvres. « Je te suggère de remettre ton haut à l'endroit. Je veux bien que l'on ait passée une folle soirée entre bonnes amies mais comment justifier le fait que tu ais du te dévêtir.. Ce serait terriiiiiblement fâcheux d'attirer plus les regards tu ne penses pas ? Gardons ce jolie corps pour plus tard si tu le veux bien et tachons d'être les plus discrètes possible. »

Simple, délicat et légèrement taquin. Rien de bien méchant en soit et son ton était plus amicale qu'à la recherche d'une vengeance verbale. Bien que la provocation n'était pas une chose à part. La journée semblait partir pour être longue. Terriblement longue d'ailleurs. Mais peut être trouvera t-elle un moyen de la rendre plus appréciable. De façon à ce qu'elle puisse se terminer sur de bonnes notes. Bien que naïvement souhaitée, Spherany finit par quitter -Lucy soit louée- l'auberge miteuse et délabrée accompagnée de la trésorière. Sa céphalée ne s'était guère arrangée et le chemin lui paru interminable. Sa boîte crânienne prenait un réelle plaisir à lui rappeler combien elle avait pu dépasser les limites. Une nouvelle fois. Peut être qu'après ça, sa reconversion deviendrait plus envisageable... Ou pas d'ailleurs. Mais un goût amer et nerveux vint lui titiller le gosier tandis qu'elle posa son regard sur le domicile du dit ami.


Diantre il ne manquait plus que ça... Souligna t-elle intérieurement. Et là pour le coup, elle allait devoir trouver une belle que dis je une brillante excuse. Ou un nouveau nom. Car si il s'agissait d'un ami proche de la blonde, pour elle c'était une histoire bien plus perturbante et intime que cela... Et elle se sentait mitigée entre l'excitation et à la honte. Comment diable allait elle s'échapper de ce traquenard.