- Ma bague, On m'a dérobé ma bague !
- Attrapez le, il est là !
Le combattant vedette du moment avait faim et rêvait du civet de boucton aux épices que lui préparait sa défunte grand-mère, qu'aucun autre cuisinier de la capitale ne parvenait à reproduire les saveurs. Le moral du champion était en berne ; ses généreux commanditaires, contrariés ; et un duel important se dessinait à l'horizon. Vyce, quant à lui, était certain de réussir cette mission.
Les bras chargés de courses, l'aventurier se faufilait parmi la foule avec la nonchalance d'un citadin habitué, en dépit de son allure de vagabond mal fagoté, se retenant parfois de bâiller. Un homme masqué manqua de justesse de le bousculer, et, trois pas plus tard, il sentit quelque chose à son pied. Reculant avec prudence, il eut la surprise d'y trouver une bague !
« Je vais ramener ça à la guilde... » se murmura-t-il à lui-même, jonglant avec ses bagages pour parvenir à s'accroupir et ramasser l'objet dans la marée humaine.
La bague était de bonne facture, mais régulièrement porté à en juger l'usure, nota-t-il en l'examinant sous tous les angles. Son propriétaire l'avait sans doute égaré dans le tumulte de la horde. Soudain, une voix de femme s'éleva :
« Attrapez-le, il est là ! »
Une personne courait en sa direction avec hâte, le regard accusateur. Vyce se retourna, ne se sentant pas visé, cherchant des yeux ce qui devait être un voleur en fuite. S'il n'avait pas déjà d'autres responsabilités, il l'aurait aidé avec plaisir, mais tout ce qu'il pouvait faire était de s'écarter de son chemin, et reprendre sa route... !
- Vous, ce vole va vous coûter cher, je vous l'assure. Rendez-moi ma bague !
Non loin de là, un groupe d'individus semblaient patrouiller. Ils se baladaient à trois, scrutant la foule du regard, paraissant intéressés par la scène se produisant au milieu du cortège. Leurs regards croisèrent celui de Draelaa qui comprit alors qu'il s'agissait certainement de garde. Tout en attrapant le bras du malfaiteur, elle appela les gardes pour les faire venir jusqu'à elle. Attendant leur arrivée, elle se retourna ver le garçon qu'elle tenait fermement entre ses mains.
- Ce sera votre dernier coup scélérat !
Son visage lui disait quelque chose, mais il n'arrivait pas à poser un nom. Il ferma les yeux pour mieux se concentrer, indifférent à son air accusateur. Un torrent de visages et de voix s'emmêlèrent dans son esprit pour former un agrégat confus de bruits et d'images, mais peine perdue : il n'arrivait pas à se focaliser. L'inconnue lui attrapa alors le bras, l'arrachant à ses rêveries sans ménagement.
« Ce sera votre dernier coup scélérat ! »
« Hein ? Q-qui ça, moi ? » bégaya l'aventurier, de retour à la réalité. Elle avait récupéré la bague qu'il avait ramassé plus tôt. Vyce fit immédiatement le lien. « Vous faites erreur ! Je peux tout vous expliquer, si vous me... »
Trop tard, réalisa-t-il, en entendant des cliquetis et des grincements d'armures derrière lui. Une main gantée de fer s'écrasa avec toute sa force sur son épaule, manquant de lui faire lâcher son sac de courses. Vyce porta un regard renfrogné au nouvel arrivant, qui l'ignora au profit de l'étrangère. C'était un garde dans sa quarantaine, à la moustache fournie et montante.
« Ô noble dame, ce malandrin vous importune-t-il ? »
Se glissant dans le dos de Vyce, ses deux acolytes se mirent au garde à vous et clamèrent d'une même voix :
« On va le presser comme un écrasé de pommes de terre au citron, chef ! Il confessera tous ses crimes, chef ! »
« C'est un terrible malentendu ! Franchement, ai-je une tête à duper autrui ? » Il leur adressa un large sourire. Ne disait-on pas de lui qu'il avait un visage d'ange... il y a quinze ans de cela ?
- S'il m'inportune? Vous voyez bien que cette bague n'a rien à faire sans ses mains.
Continuant à nier devant les gardes, l'homme face à elle devait se savoir fait comme un rat. Il tentait tout ce qu'il pouvait pour s'en sortir. Un terrible malentendu disait-il. La jeune femme devenait irraisonnée lorsqu'il s'agissait de ses affaires. Jamais personne n'avait eu le cran de toucher à ses affaires. Situation ironique lorsque l'on sait que la demoiselle a quelques penchants pour la kleptomanie.
Elle rajustât ses vêtements tapotant le tissu de sa cape pour l'épousseter. En nettoyant ses habits, elle se rendit compte qu'un objet dur était présent dans les poches de sa houppelande. En le touchant délicatement du bout des doigts, Draelaa semblait pâlir. L'objet était en forme de cercle. Un rond avec un trou assez grand pour y placer un doigt. D'un coup, la jeune femme se sentit honteuse. Il ne fallait en aucun cas que quelqu'un d'autre le sache. Aussi, elle resta butée sur sa décision de faire porter le chapeau à l'homme en face d'elle.
- Les malentendus, c'est toujours quand ca vous arrange, vous autres voleurs.
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