Keyton Roseblanche

Je suis né, il y a de ça vingt-neuf ans maintenant, dans un petit domaine, non loin de la capitale. Fils ainé d’une famille noble, on m’a très vite appris les bonnes manières et comment me comporter en société. J’étais choyé et aimé par mes parents, par ma famille en règle générale. Pourtant, à l’origine, cette belle entente n’existait pas, puisque ma mère n’était pas issue de la noblesse. De moyennes extractions, mes grands-parents paternels n’était pas les gens les plus heureux de voir une femme comme elle rentrait dans la famille. Pendant très longtemps, ils croyaient qu’elle n’était là que pour profiter de la fortune de mon père, qui était d’autant plus riche qu’elle que c’était également un noble. Vous savez, il est de bon temps à cette époque de manipuler de puissants hommes avec ses charmes pour ensuite faire croire qu’ils se sont fait assassiner et ainsi empocher l’héritage, ainsi que le domaine familial. Dans un sens, ils avaient raison d’en avoir peur, c’est très souvent le cas quand on est issue d’un milieu plutôt modeste, on est prêt à tout pour gagner en richesse. Heureusement pour moi, ils se trompaient, ça aurait été terrible de perdre mon père avant même de pouvoir le connaître.

Mais comme je le disais, ça ne fut pas le cas, car mon arrivée dans ce monde changea totalement la donne. C’est de toute manière souvent comme ça, un enfant ça remet très régulièrement les choses en perspective. En vérité, sans moi, la famille aurait sans doute continué de s’écharper jusqu’à qu’un drame ait lieu. Au lieu de ça, ma naissance permis aux deux côtés de se réunir. Il faut dire que je n’étais pas qu’un simple bébé, j’étais merveilleux et sans prétention aucune, je doute qu’il y ait eu quelque part un bébé plus canon que moi. D’autant plus que je semblais être béni des dieux eux-mêmes, sans pour autant être croyant, bien entendu. Effectivement, mon pouvoir se manifesta très tôt, j’étais âgé alors que de trois ans, ou alors quatre ans, je serais incapable de le dire, je ne garde que très peu de souvenir de ma petite enfance. En tout cas, je n’avais pas acquis n’importe quel pouvoir, c’était LE pouvoir et ma famille en été émerveillé. Il faut dire, être capable à cet âge d’augmenter la pression gravitationnelle, ou plus simplement la pesanteur, autour de toi et faire ainsi s’écraser au sol, tout solide un peu trop faible ou trop fragile pour être maintenu en équilibre, c’est incroyable.

Ce fut à ce moment qu’on put qualifier ce petit monde de famille heureuse. On était vraiment bien loti au sein de notre domaine, non loin de cette majestueuse ville, aussi appelé communément, la capitale. Ce fut d’autant plus le cas, quand un petit frère émergea du ventre de ma mère. On vivait tout simplement dans le bonheur, avec nos parents aimants. Malgré cette unique ombre au tableau, les années passaient et le pouvoir de mon frère ne se manifestait pas, on vivait heureux. Très jeune, on nous inculqua certaines règles inhérentes à un Roseblanche, quelques petites choses à retenir et à perpétuer. Chaque fils ainé de la famille est destiné à diriger la famille, une fois arrivé à l’âge adulte, tandis que le second fils, pour le coup, mon petit frère Ageran est destiné à devenir garde et prendre les armes pour le royaume. Quand j’aurais des enfants, je devrais leur inculquer la même chose, et ainsi de suite tant que notre famille existera. C’était ainsi fait, notre vie était déjà toute tracée, pourtant ça ne me dérangeait pas, j’avais été élevé dans ce but toute façon et je comprenais les conséquences inhérentes à ce choix.

Comme la mort de ma mère… J’étais certain dans un sens que sa mort était programmée, qu’elle devait mourir à ce moment-là de sa vie. Encore une fois, je n’ai aucune quelconque croyance et pourtant, je crois totalement en la destinée d’une personne. Pour moi, c’était son destin de mourir sous les coups de ce cambrioleur. Forcément, comme tout le monde au début, je me suis posé des questions… Pourquoi un cambrioleur s’embarrasserait d’un cadavre, encore plus quand il s’agit de la maîtresse de maison. L’assommer aurait été bien plus légitime, ce genre de personne ne sont pas des tueurs en règle générale. En tout cas, j’ai très vite laissé tomber, j’avais un grand besoin de faire mon deuil, puis j’étais trop occupé à suivre mon père partout où il se rendait, pour apprendre le métier. D’ailleurs, j’étais absent cette fameuse nuit, puisque je me trouvais en compagnie de mon père, à un rendez-vous d’affaire. À la suite de ce tragique évènement, j’ai été pendant très longtemps habité par un sentiment de culpabilité, au point que je ne souhaitais plus aborder ce sujet avec qui que ce soit. Encore, aujourd’hui, la mort de ma mère est devenue un sujet tabou dans la famille.

Il n’y avait que mon petit frère qui semblait ne pas vouloir renoncer à connaître la vérité. Bien que je fusse plutôt d’accord avec son analyse, je me refusais à l’écouter. J’étais trop triste, beaucoup trop empreint de culpabilité pour l’écouter. Ce fut très souvent le point d’origine de violente dispute entre nous deux. On était d’ailleurs encore fâché quand il partit pour l’école militaire. Mais ça ne me gênait pas plus que ça, car on n’était pas non plus les frères les plus proches au monde. J’avais du mal à le considérer comme ce qu’il était, étant donné que son pouvoir ne s’était pas encore manifesté. On peut même dire, que j’avais honte de lui par moment. Qu’il soit parti, c’était un peu comme une délivrance dans un sens, je pouvais ainsi me concentrer sur mes obligations en tant que futur chef de famille et lui, il ferait sa vie de son côté, ainsi tout le monde serait content.