Quand j’lève enfin mon cul du canasson sur lequel il se trouvait, on est à la mi-journée, mais au moins j’suis arrivé à destination. La carne était vachement moins pénible que les autres, mais j’suspecte que, d’une, c’était un cheval extrêmement placide, et de deux qu’il était extrêmement stupide. Je suppute vaguement un lien entre les deux, et j’m’en plains pas. Il a dû prendre un coup sur la tête étant petit, ou quoi. Bref, j’jette un coup d’œil autour de moi.

Le village mérite à peine cette appellation, au coude à coude avec petite ville. Ville, je suppose, d’après le portail de téléportation qui s’y trouve. Et c’est aussi pour ça que j’suis venu ici. Le coin est calme, quelques marchands et artisans qui s’occupent de leurs affaires et pas des miennes. Pourtant, j’suis en visite officielle en tant que gars qui bosse pour lui-même, là.

J’avise l’auberge, taverne, café, sur la petite place du portail. Exactement le lieu qu’il faut pour commencer à travailler. C’est que, la princesse a décidé d’aller faire un tour ailleurs, sur les conseils de la première ministre. Moi, à la place des parents, j’me demanderais si y’a pas des histoires bizarres de succession à interrompre pour prendre le pouvoir, mais on m’a toujours dit que j’avais un naturel détestable, alors que mes petits camarades étaient, eux, aimables, naïfs, et purs.

J’ai envie de dire, d’abord, que c’est pas trop ce que j’ai constaté. Et ensuite qu’on verra quand ce sera la guerre civile.

J’pousse la porte du bar, ma description de la princesse en tête, et j’jauge les gens qui s’y trouvent. Globalement, des gens qui bouffent, quelques marchands itinérants à voir la poussière sur leurs paquetages. Rien de bien fôlichon, mais avec une bière ou quatre pour se rafraîchir le gosier, pas dit qu’ils aient pas une petite chansonnette à me pousser.

J’me rapproche du comptoir où un gros morceau de lard trône fièrement à côté du propriétaire, sec comme un coup d’trique et aux yeux enfoncés dans un visage hâve. Bah alors, les affaires sont pas bonnes ? Pourtant, ça a l’air.

« Holà, aubergiste. Une pinte de ce qui se fait ici, pour commencer. »

Accoudé au comptoir, je le regarde se tourner vers un tonneau derrière lui et me servir un verre qu’est davantage mousse que boisson. J’hésite à faire la remarque. Puis j’laisse tomber, autant le mettre de bonne humeur.

« Y’a quoi à grailler, pour le menu ? »

Il veut me répondre, mais son regard est attiré par des clinquements bruyants qui jettent en prime des éclats dans la pièce, pourtant pas très bien éclairée. Même pas besoin de me retourner pour reconnaître l’armure lourde de la Garde, reconnaître son vacarme constitue une des premières leçons pour ceux qui vivent légèrement en marge de la loi officielle. Vrai qu’on a les nôtres, presqu’aussi justes que les leurs. Mais personne nous croit.

J’regarde quand même derrière moi, pour pas faire trop louche. Et j’reconnais Boucles d’Or, mon vieux poto un brin sanguinaire. Hé, est-ce que ce serait pas le signe d’une nouvelle collaboration pleine de profits ?

La princesse avait disparut.
C'était arrivé comme ça un matin sur son bureau, une annonce sur un parchemin, pas plus importante qu'une autre en théorie. Mais voilà ce n'était pas une simple disparition car cette fois, c'était de la royauté qu'il s'agissait.
La première réaction du capitaine avait été d’interroger les gardes en faction mais la réalité était bien plus simple qu'une négligence de la part des Prétoriens, la princesse était un vrai courant d'air, et même pour des gardes d'élite, surveiller le moindre de ses mouvements était un casse tête sans nom.
L'officier fut magnanime et laissa les gardes à leurs occupations se recentrant sur l'objectif principal : retrouver la princesse.

Il fit jouer son réseau, demandant des rapports aux espions via les voix officielles, et se retrouva rapidement avec plus de rapport qu'il n'espérait.
Ce ne fut que là que commença un travail long et minutieux d'analyse et de recoupage.
Toutes les pistes semblaient mener dans un coin du pays, et même si certaines semblaient plus prometteuses que d'autre, l'officier du finalement faire un choix...

...

-Et donc l'inaction est pire qu'une mauvaise action mon capitaine ?

Demanda Ciaran, perchée sur son palefroi cuirassé d'un air moqueur
Tout le monde connaissait Arthorias pour son caractère froid et impartial, ainsi les cinq cavaliers furent surpris en entendant un petit rire provenir de l'armure d'argent.

-Exactement ! Que dirait le roi si sa garde restait au palais sans rien faire ?

Et si son capitaine restait dans son bureau à préparer une réorganisation qui semblait ne jamais finir. Non il fallait décemment agir, et essayer de retrouver la princesse. Il y avait pour sur peu d'espoir la dedans, mais au moins agissait-il en suivant l'une des nombreuses pistes qui c'étaient présentées.

...

L'auberge n'était pas un modèle de propreté, ni même un modèle de luxe, mais aucuns prétorien ne dit rien quand ils s’arrêtèrent. La piste semblait commencer ici.
Il n'y avait plus qu'à glaner quelques informations... Enfin si on voulait bien dire quelques mots à la Garde

Pendant que Capitaine Boucles d’Or en personne laisse ses yeux s’habituer à l’obscurité relative du lieu par rapport au dehors, j’évalue mes gains et profits. Un simple aventurier, examinateur certes, aura beaucoup moins d’informations maintenant qu’un garde royal est là, tout menaçant de métal. Autant, avant, les gens auraient pu me causer moyennant arguments convaincants et clinquants, autant, avec lui à côté, beaucoup de gens vont juste se borner à regarder le fond de leur verre et à marmonner dans leurs barbes. D’ailleurs, j’fais exactement la même chose quand Hekmatyar s’accoude à côté de moi.

Mauvais plan. Si j’veux essayer de m’adjoindre à la garde, parce que je les doublerai pas faute de moyens, faut que j’sois indispensable. Et si j’les ai pas vus quand j’suis arrivé en ville, c’est qu’ils sont arrivés juste après moi, et probablement autrement plus vite. C’est que, mauvais cavalier comme j’suis, l’inverse serait étonnant.

J’arbitre, et j’sors après avoir vidé sec ma bière. Ça m’file du gaz plein le bide, mais c’est le prix à payer.

Une fois dehors, j’avise ce qui traîne dans le coin. J’sais même pas si la princesse a fugué en plein jour ou au beau milieu de la nuit, tiens, ça m’aurait été à cibler la population d’informateurs qui va bien… Les artisans d’un côté, les travailleurs nocturnes, divers et variés, de l’autre. Bah, j’vais tenter ma chance. Boulangerie, boucherie, apothicaire, puis cordonnier. Ça fera déjà un bon début.

J’fais chou blanc, j’les prends à la crème pâtissière. Puis j’taille une bavette au milieu des saucisses, et j’en goûte une pour ma peine, vu que l’heure du déjeuner est proche. Oui, non, je sais pas, j’ai peut-être vu une gamine qui ressemble à la description, mais le portail, tellement de gens qui passent. J’essuie les poncifs, les réflexions sur la pluie et le beau temps, les impôts, les taxes et les difficultés financières. Et j’me laisse pas tenter par un morceau de terrine à emporter, parce que, quand même, j’bosse, là.

L’apothicaire est déjà plus accomodante, et pas que physiquement. Après un froncement de sourcils initial, signe infaillible d’intense réflexion, elle balbutie un peu.

« C’était il y a quelques jours. Une jeune femme, j’étais en train de ranger ma vitrine, qui est partie par la grande route, vers la droite en sortant. »

C’est pile ce dont j’avais besoin, donc j’veux pas m’éterniser avec elle. J’lui lâche une poignée misérable de cristaux et j’refuse toute offre de regarder sa marchandise, sûrement hors de prix pour mes faibles moyens. Sur un dernier sourire, j’laisse la porte retomber derrière moi et j’fonce à l’auberge, en espérant que quelqu’un ait pas bavé l’info à mon capitaine préféré. Assis à sa table, il regarde ses soldats sonder les clients présents.

J’m’asseois devant lui.

« Bonjour, Capitaine Hekmatyar. »

J’suis quasiment sûr qu’il me reconnaîtra pas, vu que personne est venu me chier dans les bottes pour l’histoire du noble, là, Gawyn, d’il y a quelques semaines.

« J’ai des informations qui pourraient vous intéresser. Et une condition pour les transmettre : je veux participer à la suite de la recherche avec vous. Une bonne affaire, franchement, je suis pas encombrant. »

J’essaie de voir ce qui cogite derrière le faciès inflexible, et j’attends qu’il accepte inévitablement, vu qu’il doit avoir les mains liées.

Saleté de taverne, saleté de foule et saleté de rumeurs.... Se retrouver aussi loin, et surement pour trois fois rien...
Ce n'était même pas comme si la bière était bonne la dedans, non c'était tout juste buvable, mais fort heureusement, les soldats avec lui égayaient un peu le lieu.
Et il se prit au jeu de discuter de tout et de rien, ignorant volontairement qu'une moitié de la taverne avait peur de lui alors que l'autre moitié voulait sa peau.
Mais bon ce n'est pas comme si ces gens avaient la moindre chance, ce n'était pas le premier soûlard venu qui avait une dague magique à même de percer une plaque d'armure, surtout quand cette dernière couvrait également les articulations.

Il ignora même le raffut général et fut presque surpris de trouver quelqu'un d'extérieur à son groupe devant lui, quelqu'un qu'il n'avait jamais vu
Arthorias posa machinalement sa main sur son épée même si ce fut de façon discrète, comme les soldats présents qui se rapprochèrent doucement de leurs capitaine, de tel sorte que l'informateur mystère se retrouva malheureusement cerné de gardes royaux.

-Bonjour.

Répondit-il doucement, fixant cet individus avec méfiance.

Le capitaine le laissa parler, observant d'un air impassible le personnage sans laisser paraître quoi que ce soit.
Déjà le fait qu'il sache que le groupe recherchait la princesse était intriguant mais assez logique vu que la rumeur de la disparition de la princesse était sur toute les lèvres.

-Imaginons que j'accepte...

Parce qu'il n'avait pas d'autre pistes dans ce trou à rat

-Qu'est ce qui vous pousse à retrouver la princesse ?

Dit il de sa voix devenue plus froide.
Au vu du personnage, inutile de se faire des idées cependant...

Boucles d’Or a pas l’air de m’faire confiance, ça m’attriste un peu. D’un autre côté, j’me dis qu’on devient pas capitaine de la garde royale en faisant confiance aux gens et que, de manière plus générale, on survit pas dans un milieu bardé d’épées en étant sympa. Je crois. D’ailleurs, plus on monte dans la hiérarchie, plus ils sont vaches. Comme partout, genre la Guilde, par exemple. Des vraies saloperies, les chefs des Examinateurs, vicelards, tatillons, et beaucoup trop efficaces dans la majorité.

Franchement, j’ressens une présence inconfortable, et j’ai l’impression que toute l’escorte de mon vieux pote est à portée de lame, marteau, ou quelles que soient les armes qu’ils utilisent pour faire régner l’ordre au sein de la maisonnée des tauliers du pays. Je déglutis presqu’imperceptiblement pour tenter d’attirer la sympathie, et j’me place par réflexe sur l’avant de mes pieds, des fois qu’ils faillent courir. En vrai, j’pense que j’ai pas la moindre chance s’il leur prend l’envie de me faire la peau, mais sur un malentendu…

Mais bon, tout ça, c’est des jeux de posture, il essaie d’améliorer sa position à la table des négociations. Non, le vrai enjeu, il est ailleurs, c’est ce qu’il va être obligé de débourser pour obtenir ce que j’me propose, fort humainement n’est-ce pas, à lui offrir. Du coup, j’pense que j’vais lui servir le laïus sur le patriotisme, l’attachement que j’ai à la famille royale, la crainte qu’il leur arrive quelque chose…

« Pour le pognon et la reconnaissance, Capitaine. »

L’honnêteté, j’ai toujours dit que c’était une grande qualité. T’façon, il m’aurait pas cru, il me regarde mal. J’veux bien que j’ai pas ma plus belle chemise, pas comme l’autre fois, mais il exagère un peu, quand même, j’trouve.

« Et pour être sûr que vous me la mettiez pas à l’envers, hein, sauf vot’ respect, ‘pitaine, j’veux venir avec vous pour que la princesse me voit et s’en souvienne. »

Bon, à part qu’elle s’en rappellera jamais, mais c’est qu’un détail qu’il a pas besoin de connaître et qui m’intéresse pas vraiment au-delà de la bourse sonnante et trébuchante que j’escompte bien en tirer.

Allez, c’est le moment de l’estocade, qu’on accélère un peu le mouvement, merde.

« Mais j’suis sûr que d’autres gens seraient intéressés, sinon… »

Ecouter... écouter même si ce n'était pas vraiment ce qu'il avait envie de faire. Mais avait il vraiment le choix ? Non certainement pas. Mais au moins gardait il contenance devant cet inconnu, ne tenant pas vraiment à montrer à quel point cela l'ennuyait. Cela aurait mis une mauvaise réputation à la garde royale et ces derniers temps, c'était sans doute la pire chose qu'il puisse arriver.
Il s'autorisa un soupire en voyant l'homme marchander, mais au moins ce dernier n'avait pas eu la stupidité de lui mentir. Il n'était pas de ceux à pouvoir détecter le mensonge, mais pour ce genre d'individus, ce n'était franchement pas difficile à deviner.

-Hum.... Typique.

Typique mais honnête c'était déjà ça. Au moins le capitaine pouvait partir sur une base relativement saine avec cet homme, aussi malhonnête semblait-il.
D'un signe discret, il fit se détendre les gardes royaux proche de lui, laissant au pauvre bougre un peu d'espace pour respirer et surtout une chance de terminer cette conversation en vie.

-Très bien vous participerez avec nous à cela mais à la seule condition que vous restiez bien sagement à votre place surtout si vos informations se révèlent... fausses

C'était une menace à peine voilée surtout vu le ton froid qu'il employa. Perdre du temps était vraiment la pire chose à faire en ce moment. La princesse était en danger et le devoir de la garde était de la ramener, en tant qu'héritière légitime du royaume, le sang des Renmyrth coulait dans se veines.

-Allez donc, donnez nous vos infos, vous avez la promesse que vous serrez avec nous pour les recherches

Dit il en levant légèrement les yeux aux ciels, ce qui ne manqua pas de provoquer un fou-rire de la part d'un des chevalier qui eu au moins la politesse de s'excuser auprès du capitaine.
Croisant ses gantelets blindés devant lui pour regarder l'homme avec froideur

Quand même, il est pas bien cool, Boucles d’Or. J’fais ce que j’peux avec ce que j’trouve, et il serait fichu de m’en vouloir si ça se goupille pas bien. Moi, j’fais tout mon possible pour aider, merde. En tout cas, tant qu’il reste à me mépriser, c’est que j’représente pas un danger, ni une préoccupation majeure, donc l’assurance qu’il m’oubliera bien vite une fois toute cette histoire derrière nous. Et, finalement, est-ce que c’est pas ce que nous demandons tous les deux, de laisser tout ça derrière nous ? Comme l’autre noble.

« Euh, ce sont des informations, elles ne sont pas totalement sûres, hein ? J’voudrais pas que ça se retourne contre moi alors que j’essaie simplement de rendre service, quand même, ça serait assez vache… J’pense qu’il faut pas oublier la bonne volonté dont j’fais preuve ? »

J’pense qu’il sera pas hyper réceptif à cet argument, alors j’enquille.

« D’après ce que j’ai entendu dire, une femme ressemblant de façon troublante à la princesse serait passée par ici il y a quelques jours, et aurait pris vers le nord en sortant du portail de téléportation. Vers la Grande Forêt, en somme. »

Si c’est vrai, sans escorte, c’est quand même un peu culotté.

« On voudrait pas qu’il lui arrive quelque chose, pas vrai, Capitaine ? »

Ça le décide, et de toute façon il a pas mieux, donc il faut pas longtemps avant que, dans un fracas de quincaillerie, on s’retrouve dehors. Ils ont leur canassons, évidemment, comme la dernière fois, et j’réprime un soupir de dépit quand ils montent en selle en bon ordre et que, dans une redite tout à fait ironique de l’autre fois, Boucles d’Or me fait monter derrière lui. Tant que c’est couronné de succès, à la limite, je survivrai probablement.

J’pointe la direction que l’autre marchande un peu neuneu m’a elle-même indiqué, et c’est parti pour un peu de tape-cul à l’arrière de la selle du capitaine. Les soldats tombent en bon ordre autour de nous, et j’pense que si j’voulais m’enfuir, j’y arriverais sans trop de soucis : se laisser tomber du cheval, passer sous celui qu’est un peu en retrait à droite, courir au milieu des arbres. Bon, j’suis plus ou moins incapable de survivre tout seul dans les bois, mais ils m’oublieraient assez vite pour que j’aie juste à rentrer à pinces à la Capitale.

Ça fait p’tet une heure qu’on trotte sur le chemin découpé par les passages des commerçants, avec des branches loin au-dessus de nos têtes et des racines sous nos pieds, sur lesquelles les chevaux doivent faire attention à pas se casser la cheville, d’une putain de flèche se plante dans l’arrière-train de la mule qu’est à ma gauche.

Putain, une attaque.

J’saute au sol pour me mettre à couvert et j’essaie de comprendre quelque chose au chaos ambiant.

Et je jure encore une fois, pour faire bonne mesure.

Chiasserie !

Embarquer un civil pour une opération, il n'y avait souvent pas pire idée, mais dans ce cas précis ce n'était pas comme s'il avait le choix.
Ce fut donc sans joie qu'il embarqua cet homme à l'arrière de son cheval caparaçonné, à sa décharge, il tint relativement bien malgré la surface d'assise qui était au mieux ridicule. Ce n'était pas comme si les palefrois de guerre étaient fait pour le transport. Et puis.... ce n'était pas son problème outre mesure, lui était bien assis.

Suivant les indication de l'informateur, le groupe de garde royaux suivit la route, longeant cette dernière jusqu'à arriver dans un bois, ce dernier était tellement mal fichu que les chevaux devaient ralentir pour éviter une blessure.
Et comme pour compliquer la situation, une flèche siffla, se plantant dans un cheval qui se mit à cabrer, renversant son cavalier en bénissant.
Et on se demandait pourquoi Arthorias et son cheval étaient cuirassés....
Une nouvelle volée visa directement le capitaine. L'officier poussa Vrenn sans ménagement au sol pour éviter qu'il se transforme en porc-épic
La chute dut être rude mais au moins il survivrait. Les flèches rebondirent sans effet sur les cuirasses, et les gardes royaux descendirent de leurs montures pour former un mur de bouclier protecteur contre lequel les flèches se brisèrent

-Et donc votre informateur était fiable ?

Dit Arthorias avec un sourire invisible en dégainant son épée

Non, l’informateur était merdique, et si j’la recroise, j’lui casse les dents, ça calmera son sourire de faux-jeton, à cette connasse avec ses potions.

J’tombe au sol et j’me reçois pas très bien, en plein sur l’épaule, ce qui me coupe un peu le souffle. Entre les pattes des canassons, j’vois pas grand-chose sinon des arbres et des fourrés. Première étape, survivre. Pour ça, le plus simple, c’est de pas être dans la ligne de mire des flèches, et de me faire oublier. Ce qui est pas mal, c’est que c’est ma spécialité.

D’une roulade, j’me remets à quatre pattes et j’file sous le ventre d’un des destriers jusqu’à être de l’autre côté de la route. Puis j’reprends ma respiration et j’considère vite fait. J’peux choisir de disparaître maintenant et passer toute l’affaire par pertes et fracas. Personne se souviendra de moi. Deuxième option, attendre la fin de la bataille. Boucles d’Or risque d’avoir l’impression que je l’ai traîné dans un traquenard par contre, alors que pour une fois j’étais honnête.

La guigne, quand même.

Troisième option, être manifestement utile.

Ils font leur mur de bouclier pour couvrir leur camarade garde, et envisagent probablement de charger l’autre côté de la route, pour déloger les archers. A cheval dans les branches et les racines, j’suis pas cavalier mais ça m’semble être un plan à buter les mules. M’enfin, c’est pas moi qui paye et ça leur fera du bien de marcher un peu. Le truc, c’est que les flèches ricochent un peu vainement sur les armures de plates, donc les assaillants risquent de vouloir se faire la malle rapidement.

J’m’écarte en courant d’une vingtaine de mètres, puis j’repique dans les bois. Vais essayer de les prendre à revers et…

J’suis carrément pas discret, c’est pas mon rayon, la forêt, mais dans le bruit de l’affrontement, ils se retournent un peu tard. ‘Sont cinq ici, p’tet davantage un peu plus loin. Le plus proche me regarde avec un air un peu benêt, y compris quand mon couteau tranche la corde de son arcet s’enfonce profondément dans son épaule. J’saute au sol pour esquiver une flèche qui n’aurait de toute façon touché qu’un faucon, et voilà que la garde est parmi nous autres bandits de petits et grands chemins.

Pour faire bonne mesure, j’en surine un autre par derrière, droit dans la gorge, histoire qu’on me reproche pas de pas m’investir. Puis j’regarde les restes de l’embuscade bien foirée, avec ma première victime qui geint dans un coin. Faut pas que j’oublie de récupérer mon arme, ça vaut son prix, ces trucs, surtout quand on a de la qualité.

« Alors, Bou… Capitaine, on fait quoi ? »

Les flèches étaient bien inefficace contre des chevaliers en armure, ces dernières ne parvenant pas le moins du monde à percer les épaisses plaque d'acier, ni même les cottes de mailles disposées aux jointures.
Mais tel n'était pas le cas du seul civil du groupe.

Une flèche plus chanceuse qu'une autre toucha la fente de vision du heaume du capitaine, mais s'arrêta net, bloquée par l'étroitesse de la fente de vision. Le soldat arracha le projectile, le cassant en deux d'une pression de la main avant de la jeter au sol.
Il pris le temps de se faire une idée de la situation, et découvrit rapidement que l’embuscade était majoritairement unidirectionnelle, et que si les bandits étaient habitués à détrousser des gens, ils ne s'étaient pas attendus à un groupe de chevalier, mais ils semblaient avoir les yeux plus gros que le ventre.

Constatant que l'informateur s'était éclipsé, il commença à donner ses ordres

-En ligne ! En direction de l'autre côté de la route, chargez !

Des ordres simples, mais qui n'avaient pas besoin de plus de complexité vu que l'ennemi était gentiment disposé en évidence
Le groupe de chevalier chargea à pied, brandissant leurs armes de prédilection vers des bandits qui devinrent livide.
Le choc fut terrible pour eux, et Arthorias en massacra trois personnellement, son fauchard transperçant leurs pitoyables protection.
L'arme d'hast sectionna un bras d'arme puis une tête, laissant un vaste espace libre devant lui, les autres gardes royaux firent une véritable boucherie, se laissant presque emportés en n'en laissant pas un de vivant.

Le capitaine repéra rapidement l'informateur, un bandit geignant à ses pieds.
Son premier réflexe fut de l'attraper par le col, la main serrée sur son arme


-Des informations fiables hein ?! Si c'était ton plan il à échoué, alors maintenant par professionnalisme je vais te laisser une chance de t'expliquer !

Un peu étrange qu'un homme qui ne sortait de nulle part connaisse subitement les bons tuyaux...
Il avait à être très bon ou trouver une très bonne justification pour cette embuscade, et au vu du langage corporels des autres chevaliers, c'était mal barré

Boucles d’Or a pas trop goûté la situation, et quand il me prend au col, assisté de ses fidèles larbins, j’laisse la peur qui me prend se montrer sur mon visage. Pas d’aller au trou pour ça, pour ce qui pourrait en sortir si on m’fait boire leur distillation de vérité. Puis bon, faut pas se leurrer, à sa place aussi, j’l’aurais mauvaise et j’aurais tendance à vouloir cogner la source du problème.

A savoir, votre humble serviteur.

« C’pas ma faute, Capitaine, j’vous promets ! »

Putain, pour une fois que c’est vrai.

« Regardez, j’ai même blessé l’un d’eux pour qu’on puisse lui extorquer des informations ! »

J’pointe le bandit qui gémit au sol. Merde, qu’est-ce qu’il faut être con pour agresser une escouade de la garde royale qui se balade en armure intégrale. Ils auraient au moins pu creuser une fosse avec des pieux au fond, ou tendre des cordes entre les arbres pour faire trébucher les chevaux, ou n’importe quelle autre stratégie les gens utilisent face à une charge de cavalerie lourde. Tout ça pue l’amateurisme à plein nez, l’impro mal ficelée.

« C’est mon informatrice dans le village qui m’a vendu ce vieux plan, promis ! Faudrait d’abord interroger le bandit, y’en a p’tet d’autres dans le coin ! »

Puis, accessoirement, Capitaine Arthorias Hekmatyar, dit Boucles d’Or, c’est pas ton boulot, de savater des bandits pour que les routes de notre beau royaume soient plus sûres ? C’est certain que c’est moins valorisant que faire le planton à l’entrée du palais, mais c’est p’tet un poil plus utile ?

« Puis j’ai failli mourir aussi… »

Et j’le risque encore, m’est avis.

Innocent ? Difficile à croire, même si l'embuscade était l'oeuvre d’amateur. C'était l'homme même qui c'était présenté à lui, clamant détenir la clé du problème...
N'importe qui aurait été suspicieux.
L'officier resta sourd aux protestations du civil, peu convaincu par ce genre de chose, et quand il vit le bandit gémissant au sol, il n'eut pas plus envie de le croire.

-Et qu'est ce qu'on va en faire ? Vous pensez que les interrogatoires sont ma spécialité ?

En soit faire parler des gens par des moyens légaux était simple quand on avait le temps, surtout quand ces derniers étaient prêt à tout pour sauver leurs peau, et dans le cas présent cela semblait bien être le cas
Mais voilà, il n'avait clairement pas le temps

-Emmenez notre informateur plus loin dans la forêt, que quelqu'un s'occupe de notre blessé

Les gardes obtempérèrent sans poser question, bien trop conscient de ce qui allait se passer, et emmenèrent ce cher Vrenn plus loin dans les bois.
Profitant pour vérifier qu'il ne restait bien plus personne.

Arthorias les rejoignit un peu plus tard, son heaume toujours vissé sur la tête.

-Nous n'avons pas réussi à le soigner, il s'est vidé de son sang.... Mais il nous à laisser quelques infos utiles, notre princesse, vraie ou non se trouve dans un camp pas très loin d'ici

La garde d'élite se reforma rapidement, repartant cette fois à pied, laissant les chevaux sous la supervision d'un duo de garde

-Alors donc vous n'êtes pas fautif, donc vous ne savez rien sur ce qu'il y a devant ?

Le ton se voulait moins conciliant, et un peu plus impérieux

J’me fais embarquer par les trouffions pendant que le grand capitaine Boucles d’Or va mener un interrogatoire musclé. Enfin, j’suppose, parce que de ce que j’sais et que j’ai vu, ses capacités se situent davantage dans l’amputation que la médecine, que ce soit au manoir de l’autre détraqué ou pendant la charge de cavalerie. C’est bien, de vouloir épargner à la vue de ses hommes et un pauvre civil comme moi de voir les horreurs qu’il va commettre au nom de la famille royale.

J’suis un peu ému, j’ai l’impression qu’on fait le même métier, sauf que moi c’est pour les barons de la pègre. Un chef ou un autre, hein ?

M’enfin, si j’lui dis, il serait fichu de se vexer.

Pendant que j’traîne avec le bas de la hiérarchie, c’est le moment de faire preuve de mon charme légendaire. Après tout, c’est pas parce que j’entretiens des rapports privilégiés avec leur chef que j’vais mépriser le petit personnel. J’suis pas comme ça, moi, j’inclus tout le monde et j’essaie de m’faire des amis.

« Et donc, ça fait longtemps, que vous êtes dans la Garde Royale ? »

Un heaume se tourne vers moi, mais personne me répond.

« Par contre, vous vous appelez comment ? J’ai pas entendu vos prénoms. »

On m’ignore à nouveau. Ah ben, belle ambiance, c’est cool, de collaborer. T’es là, tu veux rendre service, et on fait comme si t’existais pas. Si c’est ça, j’me casse. Enfin, j’le ferais si j’pouvais, mais avec leurs armes dégainées encore couvertes de sang et le cercle dans lequel j’suis pris, c’est assez mal engagé.

« Bon, bon, on discute pas, j’ai compris… Mais j’vous assure que j’y peux rien. J’veux retrouver la princesse aussi, moi. »

J’crache par terre. Ça complète bien le personnage, j’trouve.

Boucles d’Or revient un peu plus tard et nous apprend le décès de mon prisonnier. C’était bien la peine que j’m’applique. J’lui adresse un clin d’œil quand il dit qu’il a fait ce qu’il a pu pour le sauver. J’connais bien, j’fais pareil. Il a l’air encore plus menaçant que moi, j’trouve, quand il le dit. C’est le côté sans expression avec le regard dur, style celui qu’a pas le choix et qu’est prêt à tout. J’pourrais en apprendre quelque chose, que j’me note.

Les brigands ont un camp plus loin dans la forêt, et y’a possiblement une nana qui pourrait être la princesse. On va p’tet toucher au but. Plus qu’à convaincre Hekmatyar que j’suis bien son pote. T’façon, il voudra pas me laisser filer maintenant, trop risqué si j’suis l’appât du piège, et j’le vois pas m’exécuter sur place… Je crois. Il est vachement plus meurtrier que j’aurais cru, genre truand tombé du bon côté de la barrière.

« Capitaine, j’suis arrivé dans ce bled un poil avant vous, sans doute attiré par les mêmes rumeurs. J’ai mené mon enquête de mon côté, et z’êtes arrivés juste après. J’suis sûr c’est vérifiable auprès de l’aubergiste ou les habitants du village : aucun d’eux se souviendra d’moi. »

En même temps, vu moon pouvoir, c’est assez peu probable qu’ils se souviennent, mais ça met de l’eau à mon moulin.

« Si vous voulez, une fois le camp de bandits nettoyé, on pourra aller vérifier ça, si vous avez pas confiance. Mais j’pense que si la princesse a été capturée, faut aller l’aider au plus vite. »

Ouais, la fibre patriotique, et ma prime de risque.

« Et même si c’est pas vrai, ça reste un camp de bandit qui attaque les honnêtes voyageurs et des gardes en plein de la forêt, c’est super dangereux, pas vrai ? »

Voilà, s’il décide de pas y aller, franchement, j’capte pas.

« Pouvez m’ligoter si vous voulez pour m’emmener avec vous, si vous m’faites pas confiance, mais dans ce cas, pourquoi j’aurais planté mon pote tout à l’heure, hein ? Au lieu de vous planter vous, quand j’étais sur le cheval, collé à votre armure. Les plates, ça protège bien des flèches, mais un couteau à bout portant, j’vous assure que y’a moyen de le glisser où il faut… »

Si avec ça, il se rend pas compte qu’on est fait pour être ami…

L'homme semblait paniqué, du moins du point de vue du capitaine, et ce n'était pas forcément positif, il n'avait de toute façon pas l'humeur à jouer sur les mots

-Qu'ils se souviennent de vous ou pas, ça ne m'avance pas, ils pourraient très bien vous couvrir si vous êtes un local.

Et le capitaine n'avait pas vraiment envie de servir une deuxième fois de cible pour bandit, préférant largement l'inverse et quand la situation lui échappait comme maintenant il avait plus tendance à perdre patience qu'autre chose.
Restant sourd aux arguments, il leva une main pour signaler à ses hommes de se préparer à partir, et ces derniers sans un mots s’exécutèrent, profitant que le capitaine aient l'attention ailleurs pour éviter la foudre de leurs supérieurs, se rassemblant le plus rapidement possible.
L'officier haussa les épaules devant la mention du campement.

-Aussi dangereux que quelqu'un qui tend un piège à ces mêmes voyageurs en pleine ville, l'un ou l'autre ça rétablira l'ordre.

Envisageait-il de l’exécuter sur place ? Bien sur que non, aussi sanguin qu'il était, il obéissait aux lois, même s'il fallait l'avouer, elles étaient parfois bien contraignantes.
Serrant son arme en main, il commença à monter sur le cheval de bataille qui lui était apporté par un de ses soldats fixant l'homme de haut

-J'ai croisé suffisamment de raclure prête à planter leurs alliés pour s'en sortir pour ne plus me faire avoir par ce genre d'argument, surtout quand ces dernière savent qu'au moindre mouvement suspect, elles auraient été mise à mort par mes hommes

N'étant plus d'humeur à négocier ou à parler, il fit faire demi tour à son cheval, apprêtant ses armes pour une nouvelle bataille

-Suivez nous, enfuyez vous, cela ne me concerne plus

A quoi bon s'encombrer de quelqu'un une nouvelle fois, l'objectif était désigné, et s'il était clair qu'ils ne trouveraient pas la princesse ici, au moins, ils allaient pouvoir rendre la justice royale, d'une manière ou d'une autre

Bizarrement, il a pas confiance, Boucles d’Or. Franchement, il abuse, j’fais ce que j’peux pour que tout se passe pour le mieux, moi. J’ai p’tet surjoué le côté malfrat attiré par la thune, cela dit, pour ça qu’il doit se méfier de moi. M’enfin, il est pénible, j’ai juste transmis les informations de l’apothicaire, au final. M’apprendra à vouloir rendre service, tiens, tous des salauds, ceux de la haute.

Surtout après avoir brutalement torturé un brigand qu’allait largement survivre tant qu’on lui foutait pas les doigts dans la plaie ou qu’on lui tranchait pas la gorge, peu importe la méthode utilisée.

La joyeuse troupe se prépare à aller casser la bouche des autres brigands dans le camp de fortune. M’étonnerait qu’on tombe sur un machin fortifié avec cinquante types prévenus et armés jusqu’aux dents. J’ai presque envie d’y aller avant le Capitaine pour les prévenir, histoire qu’il se fasse démonter la gueule.

Mais ça avancerait pas des masses mes affaires, ils me croiraient probablement pas, et surtout, j’pense pas pouvoir aller plus vite qu’un cheval, même dans une forêt merdique.

T’façon, ça sert à rien de discuter, ils montent tous sur leurs putains de canassons et se barrent sans même me laisser me défendre. Manifestement, la justice ne les intéresse pas, j’ai même pas droit à un procès équitable, ha. Ah ça, faites ce que j’dis mais pas ce que j’fais, un grand classique pour ces truands qui sont juste tombés du bon côté de la barrière.

« J’te retiens, Boucles d’Or, tu feras moins le malin quand j’aurai trouvé la princesse avant toi, que j’marmonne dans ma barbe. »

Avec un soupir, pasque j’désespère pas de tirer mon épingle du jeu, ou en tout cas une partie, j’les suis avec plus ou moins de discrétion, les mains dans les poches pour bien montrer que j’prépare un coup fumeux. Quand on sera au camp de bandits, il sera toujours temps de me montrer utile, après tout. Ça se trouve, y’aura des gars avec des pouvoirs casse-couilles à gérer, ou une saloperie du genre.

Et, justement, il faut une grosse demi-heure pour arriver dans ce qu’ils appellent leur campement : une petite prairie dans une vallée encaissée, avec un cours d’eau qui glougloute, un grand feu de camp pour cuire la barbaque ou se réchauffer, et une poignée de tentes pour s’abriter. En vrai, ça ressemble davantage à des trappeurs que des hors-la-loi, avec les peaux tendues et les caisses de matériel, mais l’habit ne fait pas le moine.

Alors, Boucles d’Or, si t’es si sûr de ton coup, tu fais quoi ?

Le camp ne payait pas de mine, et si le capitaine n'avait pas eu les infos du mourant, il serait sans doute passé à côté sans faire attention. Pire il aurait sans doute souhaité une bonne journée à l'un deux. Laissant le bénéfice du doute, il s'avança à découvert, les armes rangées dans son dos. Inutile de faire peur à des gens dans la légalité non ?
Cela ne lui rappelait que trop la dernière fois, devant ce manoir de noble ou il avait reçu pour toute réponse une flèche.
Et oui, ils avaient tentés une misérable flèche pour le vaincre, à croire que les gens croyaient dans ces histoires fantaisistes de chevalier en armure transpercés par des flèche.
L'acier était solide, et ce n'était certainement pas un projectile qui l'atteindrait.

Et alors qu'il s'avançait, un habitant du camp sortit, et fut pris de panique quant il aperçu l'officier en face de lui. Mais avant qu'Arthorias ne puisse dire quoi que ce soit, il hurla et partit en courant, sans pour autant laisser le temps à l'officier de le rattraper.
A peine quelques secondes plus tard, il ressentit un fort choc contre son plastron, un choc si fort qu'il tomba à la renverse.
Protéger par sa plate, le projectile avait ricoché mais expédié suffisamment de force pour le faire tomber.

Les gardes royaux, voyant leur officier tomber se ruaient à l'assaut, lames au clair dans le campement. rentrant dans leurs rang pendant que l'officier se relevait.
Le choc avait été violent, mais son gambison avait absorbé quasiment tout le choc l'empêchant d'être blessé, et sans attendre il se lança dans le campement pour les aider.

Mais ils étaient bon dans leurs métiers, et les bandits avaient tous péris, les armes à la main, ne laissant plus aucuns doute sur leur identité.
Arthorias fit de son mieux pour trouver quelque signe d'appartenance, mais du se résoudre à laisser tomber...

Ce n'est qu'alors qu'il remarqua l'informateur de plus tôt, l'observant avec étonnement.

-Moi qui pensait que vous seriez parti...

J’assiste au massacre aux premières loges. Dès les débuts de l’affrontement, les bandits ont pas vraiment tenu la ligne, donc ça s’est résumé à une suite de petits affrontements sur tout le pourtour de la clairière, l’un d’eux allant même se réfugier au beau milieu des arbres, sans succès face à une Garde royale bien décidée à faire couler le sang. Alors que, franchement, il est rien arrivé au capitaine à part tomber de son cheval quand la pierre l’a percuté.

Mais bon, chacun sa merde, ils avaient qu’à choisir Garde royal plutôt que bandit pouilleux, hein. Ils auraient eu une jolie armure et une plume dans le cul pour faire le tour du palais.

L’avantage de ce bordel ambiant, c’est que pas grand-monde a fait attention à moi. J’ai jeté un coup d’œil dans les tentes, en coupant la toile avec mon couteau. Juste un p’tit trou, pour vérifier s’il restait quelqu’un. Nan, personne pour se planquer à l’intérieur, et surtout pas de princesse attachée à un poteau, avec les vêtements un peu déchirés, en train d’attendre l’arrivée de son chevalier servant. Pas moi, hein, Boucles d’Or : il a davantage la gueule de l’emploi du conte.

Bref, chou blanc.

Y’a un truc, quand même, qu’est bizarre. J’arrive pas à mettre le doigt dessus quand j’me pointe devant Boucles d’Or, et qu’il m’apostrophe.

« Mais nan, Capitaine, je tiens autant que vous à retrouver la princesse. P’tet pas pour les mêmes raisons, mais vous devriez pas mettre mon engagement en cause. Après tout, j’ai suivi la même piste et les mêmes informations que vous, pour arriver dans la même embuscade. »

J’me fige une seconde, et j’fronce les sourcils.

« Oh putain, les blaireaux ! »

Ouais ça s’tient assez bien, et j’suis sûr que si on interroge les autres pedzouilles du bled, ils auront aussi vu passer quelqu’un qui ressemble à la princesse Atheas…

« J’crois bien que j’sais ce qui se passe, Capitaine. Pour en avoir la confirmation, suffit de retourner au village, et discuter avec l’informateur qui m’a filé le plan faisandé. C’est l’apothicaire du village, et m’est avis qu’on trouvera une certaine potion chez elle… »

Puis j’le regarde un peu plus sérieusement.

« Par contre, faut l’interroger, hein ? Sinon on aura jamais le fin mot de l’histoire. »

Ça m’arrangerait qu’il se dise pas qu’il va me ramener pour me foutre au trou, après tout.

L'assaut avait été un vrai massacre, et au grand bonheur d'Arthorias pas un n'en avait réchappé. La garde faisait d'habitude le plus de prisonnier possible, mais les hommes du capitaine n'avaient visiblement pas réussis, ces derniers ayant d'avantage eut l'envie de rendre la monnaie de leurs pièce aux bandit plutôt que de les interroger.
Et de toute façon, ils ne comptaient pas en apprendre grand chose...

Quand Arthorias retrouva son informateur, il eut un petit sourire devant sa réponse. Au moins ne cherchait-il pas à cacher les vrais raisons de sa présence ici. Cela lui valu un bon point dans l'estime de l'officier. Ce qui était déjà beaucoup en soit.

-Cela fait tout de même beaucoup de coïncidence....

Mais il n'eut pas le temps d'en dire d'avantage, coupé dans son élan par une injure de Vrenn, qui le fit se retourner brusquement.
Il l'écouta attentivement, avant de comprendre lui aussi....

-Bordel... si c'est bien ce que vous insinuez la.... Je crois que notre amis apothicaire va avoir quelques soucis. Je retire ce que j'ai dit montez avec nous !

Dit il en appelant ses soldats qui remontèrent rapidement en selle. Le nettoyage du camp se ferait, mais par la civile, eux avaient mieux à faire.
Arthorias eut même un petit rire devant l'insinuation.

-Allons allons, nous ne tuons pas tout ceux que nous croisons, nous serions de sacré mauvais garde sinon.

Et surtout qu'il comptait bien avoir le fin mot de cette histoire

Le trajet du retour se passe dans le silence. Au moins, il a l’air d’avoir à nouveau davantage confiance en moi, en tout cas suffisamment pour pas m’abandonner là au milieu des cadavres, en pleine forêt. Les quelques heures qu’il nous faut pour revenir à la ville sont extrêmement mornes et ennuyantes. C’est qu’ils ont pas beaucoup de conversation, les gardes royaux, ou alors ils veulent pas me causer, j’sais pas, mais on doit pas rigoler tous les jours à la caserne.

Nous, au moins, on bosse en s’amusant. C’est quand même vachement plus sympa.

Une fois revenu dans le bled moisi qui sert de ville du coin, j’pointe du doigt la boutique de l’apothicaire. On démonte, on attache les longues des bidets à l’entrée, et ils rentrent à ma suite dans un grand bruit de ferraille. Y’en a un qui bloque l’entrée, un autre qui bloque la sortie de l’arrière-boutique. Là, c’est le moment où elle pas trop la confiance, la mignonne.

Son regard passe des uns aux autres, mais elle ne reconnaît personne. Pas surprenant, j’ai un physique plutôt commun, héhé.

Pendant que Boucles d’Or s’approche d’elle, sans son casque, pour laisser respirer sa délicate chevelure couleur des blés, n’est-ce pas, j’en profite pour fouiller un peu partout. Y’a même un putain de soldat qui me surveille pour vérifier que j’fauche pas un truc l’air de rien. Nan mais sérieusement, ils me prennent pour quoi au juste ? J’crois que j’ai trop bien joué mon rôle de pauvre type prêt à tout pour quelques piécettes.

Rien de bien intéressant ou d’étiqueté correctement à l’avant, alors j’passe derrière le comptoir. J’entends les voix d’Arthorias et de la nana, mais j’y prête pas attention plus que ça. Nan, mon attention, elle est sur les fioles qui se trouvent dans un tiroir verrouillé qui ne résiste pas à une tirée un peu forte avec la pointe d’un crochet enfoncé dans la serrure moisie. Celle que j’sors a une étiquette avec une écriture ronde et appliquée : « Elixir de transformation temporaire ».

J’lève les yeux vers les autres, et j’m’accoude tranquillement au comptoir.

« Alors, cette potion de transformation temporaire pour ressembler à la princesse avant de prévenir les brigands, ça a bon goût ? Simple curiosité, hein. »

Le retour fut long, et l'ambiance n'était pas à la franche discussion, et Arthorias sentait la plupart de ses hommes focalisés sur ce qui allait suivre.
Ils n'étaient pas de la garde civile, pour eux les opérations étaient rarement synonyme de capture. La cavalerie lourde de la garde n'était pas dépêchée pour cueillir des fleur. L'officier sentait par avance qu'il allait falloir les restreindre.
Finalement ils finirent par atteindre ce même village, et tous descendirent de leurs montures, pénétrant dans le magasin sous le regard blêmissant de l'apothicaire, surement pas prêt à voir un escadron de royaux pénétrer dans sa boutique.

-Vous là.

Dit l'officier alors que les soldats prenaient position pour empêcher toute tentative de fuite, bloquant la chaque entrée avec une armure métallique et une certaine dose de mauvaise humeur, les mains sur les poignées de leurs épées.

-Je crois que vous avez des choses à nous dire sur une fameuse princesse.

-Oh oui bien sur, elle est passée par ici pas plus tard qu'hier

Murmura t-il, le discours déjà écris à l'avance

-Oui c'est ce que vous avez dit hier justement à la personne ici présente

Le ton était sec et cassant, et l'officier n'avait plus vraiment envie de rire, sa mèche cachant son deuxième œil.
Il se mit à tapoter sur le comptoir, l'acier des gantelets résonnant de façonnant de façon insistante

-Vous devez faire erreur, je n'ai encore jamais vu personne de votre compagnie

Elle avait l'air sincère sur ce point, mais Arthorias ne marcha pas pour autant, et quand Vrenn revint avec la fameuse potion, le garde revint sur la commerçante, son regard braqué comme une arbalète vers elle.

-Ce n'est pas ce que vous croyiez messieurs ! C'est un hasard, je suis apothicaire, j'ai plein de potions ici, voilà tout, rien ne dit que c'est moi qui ai fait tout ça !