- Excusez moi, auriez vous l'amabilité de m'indiquer où je pourrais trouver le Lieutenant Alnilnam ?
L'homme jusque là occupé à inspecter le bon état de son épée leva un regard interrogateur vers la jeune femme. Il se demanda un instant si elle ne s'était pas perdue. Elle avait le visage propre et était d'une réelle beauté certes...mais le reste. Elle portait un simple carquois de cuir sur le dos ainsi qu'un arc qui lui sembla de moyenne facture. Mais le pire restait sa tenue. La jeune femme portait des bottes en peau de bêtes nouées par ce qui semblait être des cordages à base de fibres végétales. Son pantalon était marron et crasseux, avec un trou au niveau du genou gauche. Son corps était affublé d'une chemise de lin très grossière. Elle était certainement blanche à la base mais avait viré au gris avec le temps. A en juger par les diverses tâches qu'elle avait sur le ventre, la jeune femme s'était essuyé les mains dessus. Pour compléter elle avait enfilé par dessus tout ceci un petit manteau de cuir rapiécé.
Savait-elle au moins où elle se trouvait ? On n'entrait pas ainsi vêtue dans la base militaire de l'Île Rocheuse et l'on demandait encore moins à y rencontrer un Lieutenant. Pourtant le soldat tiqua lorsqu'il vit que la femme portait au col de son manteau l'insigne de la Garde. Pour qui se prenait-elle à faire honte ainsi à la Garde pour se promener ainsi ? Il voulu se lever et la corriger comme il se devait mais elle fut la première à réagir.
- C'est que, j'ai reçu cette missive ce matin et je ne voudrais pas me présenter en retard...
L'homme regarda brièvement le papier que lui tendait cette inconnue à l'allure douteuse. Lui même ne travaillait pas sous les ordres du Lieutenant Alnilnam...il n'avait d'ailleurs rien à voir avec le Myrmidon. Mais il les connaissait, leurs noms, leur réputation...et de part leur garde, il leur devait obéissance. Il fut ébahi de constater qu'effectivement, la missive demandait à cette personne de venir rencontrer le Lieutenant en ce jour et à cette heure. Le papier était même signé et plus qu'officiel. Où était-elle tombée sur ce papier. Elle avait tout l'air d'un bandit de grand chemin. Peut-être avait-elle volé l'insigne et la missive. Peut-être cherchait-elle à s'infiltrer ici.
- Dîtes, c'est que vous n'êtes pas très loquace...si vous ne savez pas où je peux trouver le Lieutenant vous pouvez me le dire, j'irais demander à quelqu'un d'autre.
Le soldat toujours aussi circonspect regarda de nouveau la jeune femme et n'y vit que de la bienveillance. Il n'y avait pas une once de méchanceté ni de malice dans ses yeux. Si tout ceci était bel et bien une infiltration, l'inconnue était une redoutable actrice. Pourtant il laissa tomber ses soupçons...pensant quelques instants qu'elle ne serait pas la première timbrée à faire partie de la Garde. Il en avait vu d'autres et rien chez elle n'indiquait quoi que ce soit de malveillant. Il se rassura cependant en pensant que, si jamais elle tentait quoi que ce soit de mal...il y avait ici bien assez de soldats pour la stopper et l'envoyer aux cachots.
- Je ne sais pas exactement où elle se trouve, mais vous feriez bien d'aller voir du coté du quartier des Myrmidons du Soltice. Vous ne pouvez pas raté le bâtiment, il y a leur insigne dessus. C'est par là...
Le soldat se gratta la tête un moment en voyant la jeune femme s'éloigner après l'avoir chaleureusement remercié.
Lyana rentra dans la Capitale ce matin là, vêtue de ses simples habits de chasseresse. Elle aimait, à l'occasion, s'aventurer dans les campagnes environnantes et vivre à la dure comme elle le faisait autrefois. C'était pour elle à la fois un retour aux sources, mais aussi un entraînement et une façon de voir si elle n'avait pas perdue la main. Sa permission de quelques jours venait de se terminer et il était temps pour elle de retourner à la civilisation. A peine approchait-elle de la Caserne où se trouvait sa chambre qu'elle fut arrêtée par un messager qui semblait avoir attendu là depuis un moment. Il lui présenta une missive, apparemment heureux de pouvoir enfin la délivrer et s'en alla sans demander son reste, un ballotin de courrier à distribuer sous le bras.
Lyana ouvrit le papier et y reconnut bien vite l'insigne des Myrmidon du Solstice, une unité de la Garde Civile qui avait pris ce nom assez récemment. Elle était dirigée depuis peu par le Capitaine Dorago, une femme d'ores et déjà assez connue pour des faits d'armes au Grand Port. On la disait droite et ferme, mais aussi très sympathisante avec ses hommes. Il y avait aussi les lieutenants Alnilnam et Lagherta. On disait de la première qu'elle était dévoué à son travail mais avait une tendance à l'insubordination. Les bruits de couloirs disait d'elle qu'elle était un peu illuminée et se prenait pour une porte parole de Lucy. La deuxième semblait être une femme au tempérament fougueux et dotée d'une redoutable intelligence tactique...mais on la disait aussi assez froide.
Mais l'intérêt n'était pas là pour Lyana. Depuis quelques temps déjà elle pensait à pimenter un peu sa vie de Garde. Faire des patrouilles dans la Capitale c'était bien beau mais elle en avait assez de simplement faire le piquet, ou d'aller interrompre des bagarres le soir. Elle avait eu son petit lot d'actions, des interpellations, des petites rixes aux abords de la ville avec des brigands...mais elle voulait plus d'action. Il était temps pour elle, après avoir fait ses premières armes, d'entrer dans le vif du sujet. Elle s'était alors intéressée aux unités spéciales de la ville et sa curiosité fut vite piquée par les Myrmidons du Solstice. Une unité dirigée par des femmes, toute avec un passe et un historique de faits d'armes surprenants. Elle ne prenait pas en compte les rumeurs et les bruits de couloirs à leur propos. Lyana y était allée à l'instinct, elle se sentait comme attirée. C'est pourquoi, quelques temps plus tôt, elle avait fait parvenir un courrier à cette unité afin d'y demander son entrée...en y joignant bien sûr son parcours jusque là.
Elle avait attendu un moment mais n'avait jamais perdu espoir et voilà qu'enfin elle lisait ce courrier tant attendu. On la demandait en entretien à l'Île Rocheuse et il n'y avait pas de temps à perdre...c'était ce matin même et l'heure tournait. Bien entendu, pressée par son rêve, elle ne prit pas le temps de se laver ou de se changer...
Elle arriva enfin vers un bâtiment reculé mais effectivement reconnaissable. Deux gardes étaient postés devant une massive porte en bois. Si l'on entendait aucun bruit venant de la bâtisse on entendait cependant le tintement singulier des armes lors d'un entraînement venant d'une cour juste à coté. Lyana s'approcha et tendit aussitôt sa missive à l'un des gardes.
- Je suis là pour rencontrer le Lieutenant Alnilnam, sur sa demande.
Le garde ne put bien entendu s'empêcher de toiser Lyana de la tête au pied, très vite imité par son comparse. A l'instar du premier soldat qu'elle avait croisé, ceux là regardèrent ensuite la missive et échangèrent un regard interrogateur. Pourtant on ne pouvait s'y tromper, le courrier était bel et bien authentique. Le premier entra dans la bâtisse en demandant à Lyana d'attendre ici. L'autre resta dehors, fidèle à son poste...mais ne pouvant s’empêcher de jeter des regards curieux à la jeune femme. Il se demandait lui aussi si elle ne s'était pas trompée d'endroit.
Lyana elle, attendait patiemment, un large sourire aux lèvres, contenant son excitation. Peut-être était-ce là le début d'un nouveau chapitre de sa vie. Elle se voyait déjà guerroyer aux confins du royaume, traquer et chasser les plus redoutables monstres. Mais le moment n'était pas aux rêveries car la porte venait de s'ouvrir.
Il y a une Lune de ça, on avait reçu un courrier d’une jeune recrue demandant de rejoindre notre bataillon, je fus assez surprise qu’elle ose pareille audace sachant que lors de nos premières années, on nous balade de bataillon en bataillon pour apprendre les différentes techniques de combat en fonction du terrain. Forteresse pour la montagne, Grand-Port pour la force marine, la Capitale pour les endroits exigus et le contrôle de la population mais cette jeune femme en avait décidé autrement, faire une demande écrite pour nous rejoindre nous, elle nous avait même transmis son curriculum vitae alors que je pouvais très bien me renseigner auprès de la Commission et ses supérieurs, ce que j’ai fais pour superposer ses dires et les leurs.
Après avoir épluché son dossier pendant de longues heures, je ne pouvais refuser sa demande, du moins sa demande d’entretien, ce n’est pas sûre que j’accepte ce genre de demande, pour moi, chacun devait faire ses classes et ceux même si ce n’était pas l’affection qu’on désirait, ça nous forge le caractère mais sa motivation semblait tout autre. Elle avait une excellente maîtrise de l’arc mais pour le reste… une catastrophe, c’est marqué qu’elle a du rattraper son retard sur toutes les épreuves physiques mais aussi se forger un mental de guerrier, elle avait limite un profil pour rentrer dans la Guilde et non la Garde mais elle a tenu bon, elle a inventa un style de combat plus brute avec son couteau et sa hache mais ça se relevait très efficace, je me demande pourquoi elle ne veut pas intégrer les chasseurs alpins de Forteresse au lieu de nous, il y avait quelque chose de caché là-dessous, ce mystère m’intrigue et je n’aime pas ça.
Lors de cette dernière année, elle a été affecté sous la charge du Lieutenant Pesquet qui gère la Capitale a proprement parlé, surtout pour la gestion de population et l’ordre public, par son manque certain de culture on va dire, elle ne faisait que des tâches insignifiantes, rien de bien glorieux mais si elle n’avait pas la capacité de rédiger des rapports et de parler correctement, défaut que ses supérieurs lui reprochent, elle ne pourra pas progresser dans la garde, c’était un bon soldat mais elle devait mûrir en quelque sorte.
D’ailleurs le Lieutenant Pesquet fut heureux de savoir qu’elle voulait changer car il ne pouvait rien faire pour elle, elle devait finir son année avec lui avant d’être envoyer dans un autre bataillon pour finaliser sa formation, il me l’a recommandé et il pense que si on lui donne des missions plus importante, elle ne pourrait que évolué mais ça sera un long travail mais que je serai prise d’affection pour elle, car c’est une petite teigne mais quelqu’un d’honnête et bon. Donc j’ai fini par la convoquer pour voir de mes propres yeux et si je pouvais aider cette jeune femme idéaliste
J’entendis qu’on m’appelle et que mon soi-disant rendez-vous était là, déjà je ne comprenais pas pourquoi mon soldat me disait une chose pareille, j’avais donné une lettre officielle avec notre cachet, il n’y avait pas de doute possible surtout un garde est vite reconnaissable mais quand j’ouvris la porte, je compris aussitôt l'incompréhension de mon soldat, elle ne ressemblait à tout sauf à un soldat mais Pesquet m’avait prévenu… Bombant alors mon torse, mon armure doré étincelante, ma longue épée suspendue à ma ceinture, je la regarde d’un air sévère.
- Soldat Gregorio, le Lieutenant Pesquet ne vous a jamais appris que les Gardes ont une tenue officielle qui plus est vous venez voir un autre bataillon, un aspect correct aurait été un minimum.
Qu’elle ne pense que ce soit facile, elle a besoin qu’on la cadre un peu surtout si elle veut nous rejoindre, il lui manque peut-être un mentor, quelqu’un qui va lui faire vivre un enfer quelques temps mais ça sera pour son bien, peut-être elle ne le voit pas mais je finis par l’inviter à me suivre.
- Suivez-moi, allons parler de notre affaire ailleurs.
Je prends la tête de la marche, les soldats la regardent de haut en bas mais je leur intime de ne faire aucun commentaire d’un simple regard, je ne veux pas qu’elle se sente trop différente ou du moins rejeté mais elle sera peut-être une nouvelle camarade d’ici peu. Je finis par ouvrir une porte pour tomber sur une petite salle de réunion, une grande table, quelques chaises, j’avais laisser son dossier sur la commode à l’entrée. J’attrape alors mon épée et la dépose à côté de de ma chaise, j’avais pris mon armure légère qui surplombait mon uniforme, un simple plastron, mes jambières et mes protections au niveau des avants-bras, j’avais l’habitude porter ça, en me forçant à m’habiller de la sorte, je me suis adaptée à ma tenue puis si on nous attaque, j’étais déjà opérationnelle.
- Asseyez-vous Gregorio et expliquez moi votre venue chez nous.
Je pose mon dos sur le dossier, croise une jambe et croise mes doigts pour les poser sur ma cuisse, attendant patiemment sa réponse.
De la porte émergèrent le garde suivi d'une femme à l'allure splendide. C'était une femme assez grande au maintien impeccable et à l'allure de chef. Sa longue chevelure d'or lui donnait un air particulièrement grandiose. Elle n'eut qu'à passer le pas de la porte pour que tous les gardes alentours se redressent comme des piquets. De ses yeux vifs et précis, Lyana eut le temps de voir de l'admiration dans les yeux de beaucoup de gens autour d'eux...et il y avait de quoi. Contrairement à Lyana, la femme était en armure, une armure simple mais de bonnes factures, le genre solide mais aussi efficace pour se battre. Sans aucun doute, elle faisait désormais face au Lieutenant Alnilnam. Cette dernière la toisa de haut en bas comme l'aurait fait n'importe qui face à la tenue de l'archère. Sous ce regard introspectif, Lyana se redressa à son tour, saluant comme il se devait son supérieur hiérarchique.
- Soldat Gregorio, le Lieutenant Pesquet ne vous a jamais appris que les Gardes ont une tenue officielle qui plus est vous venez voir un autre bataillon, un aspect correct aurait été un minimum.
Pendant une très brève seconde, Lyana eut envie de s'excuser et d'expliquer les raisons de sa tenue de sauvageonne. Mais elle savait qu'il n'était plus le temps de s'excuser, mais d'assumer. Le Lieutenant Pesquet n'avait jamais eu à se plaindre de sa tenue...hormis une fois où elle eut la fantaisie de porter une tenue trop colorée et exhibant un peu trop sa poitrine généreuse. Ce fut une erreur qu'elle ne commit plus...sauf aujourd'hui, en ce jour d'entretien. Le regard de la Lieutenant était dur et autoritaire, mais Lyana n'y décela pas de méchanceté. La critique à son égard était amplement mérité et la Lieutenant ne faisait que pointer un écart de conduite évident.
Beaucoup se serait découragé avant même d'entamer l'entretien en lui même, mais pas la jeune femme de la Grande Forêt. Lorsque la Lieutenant l'invita à la suivre, elle le fit avec assurance tout en gardant sa posture militaire. Les gardes qu'ils croisèrent esquissèrent des regards vers elle mais reprirent très rapidement une posture plus sérieuse sous le regard inquisiteur de leur chef.
Les deux femmes débouchèrent enfin dans une assez grande salle simplement meublée d'une grande table, de quelques chaises et autres éléments de mobiliers. La Lieutenant attrapa une pile de paperasse qu'elle étala sur la table devant elle et déposa son épée à coté d'elle, à portée de main. Ce geste n'avait rien d'anodin. Elles se trouvaient toutes deux sur une île, dans une base militaire, elles étaient en sécurité. Par automatisme certainement la Lieutenant gardait son arme à portée de main, elle était toujours prête. Toujours avec le même ton, Lyana fut invitée à s'asseoir.
- Asseyez-vous Gregorio et expliquez moi votre venue chez nous.
La question était rude, pensa Lyana tandis qu'elle s'asseyait, bien droite au fond de son dossier. Elle avait cependant pris le temps d'ôter son arc et son carquois de son dos qu'elle plaça elle aussi à coté de sa chaise. Elle s'était imaginé un entretien débutant par des questions sur son parcours, son enfance, son apprentissage, ses premières expériences dans la Garde avant d'en arriver au sujet de sa candidature au sein du Myrmidon. Pourtant la Lieutenant en avait jugé autrement et se lança aussitôt dans le vif du sujet. A n'en pas y douter, elle était très bien renseignée sur Lyana et n'avait donc que peu d'interrogations à son sujet concernant ses états de service. La jeune femme rassembla donc son courage et ses pensées avant de se lancer dans une longue tirade.
- Je tiens tout d'abord à vous remercier Lieutenant pour me permettre de passer cet entretien.
La voix de Lyana était calme, sans signe de stress et à l'opposé elle ne se montrait pas non plus sûre d'elle. Elle était simplement naturelle, comme elle l'était d'ordinaire.
- Pour être franche, je suis venu vers vous pour deux raisons toutes deux très simples. D'après mes supérieurs, et en raison de ma connaissance du terrain, j'allais certainement être envoyée dans la Grande Forêt pour ma prochaine affectation. Bien que ma patrie natale soit chère à mon cœur, j'en connais les rouages, les habitants, les traditions et les dangers. Le Lieutenant Pesquet dit de moi que mon...caractère spécial...s'épanouirait certainement plus dans la forêt que dans les murs d'une cité. Je pense de mon coté que mes talents seraient utiles dans bien d'autres lieux et situations. Peut-être ne suis-je pas une garde conventionnelle, j'en ai bien conscience...mais je crois aussi, fermement, que sous la bonne autorité je saurais me montrer à la hauteur de n'importe quelle tâche. Me retrouver dans la Grande Forêt pendant encore quatre ou cinq années, un lieu que je connais d'ores et déjà et où j'ai grandit pourrait potentiellement nuire à mon évolution...et je ne veux pas me reposer sur mes lauriers.
Elle fit ici une pause le temps d'organiser la suite de son discours et de reprendre son inspiration.
- La deuxième raison est aussi des plus simple. J'ai pensé un temps à m'orienter vers la Forteresse ou le Grand Port mais sans savoir dans quelle unité je tomberais. Un saut dans le vide en quelque sorte. Loin de moi l'idée de critiquer notre chaîne de commandement, mais je doute que tous les Capitaines soient à mêmes de me prendre sous leur aile. Alors qu'ici...
Elle arriva enfin à la fin de son discours.
- Ici, de par ce que j'ai appris sur les Myrmidons du Solstice, et à en juger simplement par ce que j'ai observé, je suis certaine de trouver le sentiment d'unité que je recherche. Je ne doute pas un instant pouvoir aussi bénéficier d'un cadre certainement plus strict qui m'aideront dans ma carrière. Si vous me permettez de rejoindre vos rangs, je saurais vous montrer ma détermination...et quoi qu'en dise mon dossier, je vous montrerais qu'il n'y a rien de plus important à mes yeux que la bonne conduite de mon travail.
Comme pour se soulager elle même, elle termina sur une note d'humour tout en formant une auto critique.
- Et vous ne me verrez plus jamais vêtue en sauvageonne.
Lyana avait dit ce qu'elle avait à dire, sans détours et en ayant puisé dans le fond de son cœur. Elle était honnête, avait présenté naturellement son coté ambitieuse tout en expliquant qu'elle avait besoin d'un cadre particulier qu'elle n'avait pas trouvé ailleurs. Cadre qu'elle craignait de ne pas trouver ailleurs. Elle voulut exprimer qu'elle était aussi admirative de voir un groupe de femmes à la tête de cette unité mais se retint d'aborder le sujet. Elle ne voulait pas non plus passer pour celle qui chantait les louanges d'une unité afin de pouvoir y entrer. Ce n'était, de toute façon, pas sa manière d'être.
Toujours droite dans sa chaise elle attendit de voir la réaction du Lieutenant Alnilnam. C'est elle qui avait désormais les cartes en mains.
A croire que mon charisme fonctionne encore même pour ceux qui ne sont pas dans mon bataillon, chose que j’ai encore du mal à le croire, je ne me rappelle pas d’avoir croisé une seule fois cette petite donc ce qu’elle a pu entendre ne sont certainement que des rumeurs ou quelques chose du genre enfin, elle a demandé audience, je vais lui accorder ça, la Capitaine s’occupe d’un autre nouveau qui est plus facile sur le coup, elle m’a dit qu’elle me laissait ce cas plus difficile. Pour la difficulté, effectivement Gregorio fait fort, venir se présenter dans une telle tenue, c’est limite insultant surtout que ce rendez-vous était préparé, elle aurait pu faire un effort ou au moins porté la tenue réglementaire, être en permission ne lui donne pas tous les droits, c’est un Garde avant tout chose mais peut-être que je ne vis que boulot et ne me rends certainement plus compte.
Je la conduis alors dans la salle, un silence se fit entendre sur tout le parcours mais j’essaye de tourner en boucle quelles questions je pourrai bien lui poser, sa vie ? Son enfance ? Ses choix ? Pourquoi ne pas la déstabiliser avec une question dont elle ne s’attendra pas, les questions moins courantes ou si nous allions directement au but, c’est tout aussi bien, j’aime connaître mes hommes, savoir leur parcours, quand c’était mes hommes et ce n’était pas encore le cas avec elle surtout qu’elle avait le don de porter certes des tenues de sauvageonne mais aussi des tenues un peu extravagante aux dires de mon collègue, il risque d’avoir donc un savant cadrage pour la recrue.
J’écoute alors sa réponse à ma question, elle profite d’abord à me remercier pour l’entretien, je fis un léger signe de tête et l’invite à continuer, elle gagne des points, elle se rappelle encore de quelques règles, je pense qu’il faut juste trouver la bonne manière avec elle et elle pourrait être un très bon soldat puis comme elle le dit, toutes ses capacités démontrent qu’elle est faite pour les terrains de type forêt ou montagne, en tout cas sur le papier, tout le prouve que ça serait là la meilleure affectation, la Commission fonctionne ainsi, écouter les désirs de ses soldats, c’était encore une autre histoire mais elle avait tenté une autre démarche, essayer que ça soit moi qui la débauche de son autre bataillon car au final, ça va finir comme ça, je vais devoir faire une demande de mutation en mon nom pour récupérer la petite mais ça veut dire plein de papiers et elle a intérêt à avoir des arguments solides pour que je me lance dans une procédure administrative de la sorte car on m’a bien fait savoir que ce n’est pas les soldats qu’ils choisissent où ils veulent aller, la Commission se laisse toujours le droit de mettre leur gros doigt dessus.
- Donc si je résume bien ce que vous me dites, d’après votre dossier, vous serez un soldat parfait justement pour la Caserne du Village Perché, vous maitrisez l’environnement et tout le reste, cette Caserne devrait donc perdre un bon atout juste parce que vous pensez que votre place est ici à la Capitale et même chez nous le Myrmidon.
Je referme alors le dossier avec délicatesse, je n’étais point énervée, rien de cela apparaît sur mon visage, ni le moindre sourire, je devais garder ma position de Lieutenant, ma position de leader, qu’elle me craigne encore un peu alors que pour moi, c’était déjà vite vu, elle était déterminée, elle voulait faire des efforts et pense que notre unité est parfaite pour elle, qu’est-ce que je peux demander de plus, j’essaye bien de mettre à la porte des soldats qui n’ont aucune motivation, je ne vais pas m’amuser à rejeter ceux qui veulent venir.
- Vous pensez que mes autres collègues Lieutenants voir certains Capitaines, incapable de diriger leurs hommes ou du moins faire le nécessaire ? Vous me dressez là un tableau particulier Soldat Gregorio.
Mais je finis par détendre mon visage et léger rictus se dresse au coin de celui-ci, jouer la méchante, ce n’était pas mon fort enfin surtout sans aucune raison, pour le reste oui je sais le faire mais je ne vais pas l’effrayer plus longtemps.
- Détendez-vous Soldat, je sais que vous avez parlé honnêtement, je vous en remercie d’ailleurs et ce n’est pas tous les jours qu’on a pareille demande surtout avec un dossier comme le votre mais malgré ce que vous a dit votre Lieutenant actuel, il souhaite sincèrement que vous trouvez votre propre voie et qu’il me demande de faire quelque chose pour vos tenues car même lui, il n’est arrivé à rien donc on va dire que ça sera la règle numéro un de la sincérité de votre engagement, le moindre faux pas… et je n’hésiterai pas à mettre à terme à notre arrangement enfin si vous pouvez correctement à mes autres questions bien entendu car ne pensez pas que ça va être aussi facile pour vous d’intégrer notre unité !
Ce n’était que le début des hostilités, passons aux questions type du Myrmidon, celles qui prouvent que nos soldats ont les mêmes valeurs que nous.
- Par exemple, qu’est-ce qu’il compte le plus pour vous dans un bataillon ?
Elle l'avait écouté sans l'interrompre, sans jamais perdre son sérieux, sans même sembler s'énerver. Pourtant certain des répliques de Lyana furent limite, très limite. Elle ne se voulait pas insubordinatrice, mais les propos qu'elle venait de tenir n'en était pas loin. La jeune femme avait simplement parlé avec son cœur...et son cœur était pour le moment assez loin des codes habituels de la Garde.
Lorsqu'elle reprit enfin la parole, le Lieutenant Alnilnam reparla de la Grande Forêt et se sa garnison. En effet, Lyana aurait put faire des merveilles là-bas, et le pouvait encore si jamais cet entretien ne se passait pas bien. Elle avait agi de façon purement égoïste, demandant à rejoindre un autre parcours que celui imposé. Le Lieutenant referma le dossier, et sans laisser paraître quoi que ce soit revint sur les sujets des capitaines. Effectivement encore une fois, Lyana avait presque jugé des capitaines, des gens qu'elle ne connaissait pas, comme étant incapables de faire quelque chose d'elle. Pas en ces termes bien entendus...mais c'est ce qui en ressortait.
A cette évocation, Lyana perdit quelque peu sa contenance, et son naturel très stoïque dans ce genre de situation commença à s'effriter lentement. Peut-être en avait-elle trop dit, peut-être avait-elle été trop orgueilleuse. Peut-être aurait-elle dû continuer à prendre quelques années d'expériences avant de demander à rejoindre une pareille unité.
Les mots de la Lieutenant réussirent en revanche à a détendre un petit peu. Elle semblait prête à analyser son cas de façon sérieuse, voir même lui donner une chance. Elle fut surprise d'entendre ceci de la part du Lieutenant Pesquet...c'était un homme bourru mais bienveillant. Du point de vue de Lyana elle avait toujours eu l'impression de lui faire perdre la tête. Il lui disait souvent qu'elle était trop tête en l'air et idéaliste. Mais les apparences étaient trompeuses, le Lieutenant Pesquet devait l'apprécier bien plus qu'elle ne le pensait pour énoncer de telles choses dans son dossier. Quoiqu'il en soit, même si une petite porte venait de s'ouvrir...la partie n'était pas encore gagnée. De plus, Lyana était prévenue, si jamais elle venait à gagner cette partie, sa conduite devra être...pour la suite, irréprochable.
- Par exemple, qu’est-ce qu’il compte le plus pour vous dans un bataillon ?
Enfin commençait le questionnaire à l'état pur, celui auquel Lyana s'attendait de prime abord avant d'être surprise par la première question de sa supérieure hiérarchique. A n'en pas douter, ceci ne serait que la première d'une bonne série...peut-être même aurait-elle des tests physiques ? Elle chassa ces divagations de son esprit avant de se mettre à répondre.
- La cohésion, plus que tout autre. Un bon bataillon devrait être capable de réagir avec un minimum d'ordres, prêt à surmonter les imprévus. Cela demande une très bonne connaissance de ses membres, si possible une bonne entente, et bien entendu beaucoup de rigueur.
Elle alla pour terminer sa phrase mais reprit rapidement son souffle afin de préciser un point important à ses yeux.
- Par une bonne entente, il faut se rendre à l'évidence, on ne peut jamais plaire à tout le monde et il y aura toujours quelqu'un pour ne pas vous apprécier pour telles ou telles raisons. Mais peu importe les inimitiés, un bon soldat, une bonne unité, se reconnaît dans sa capacité à mettre de coté toutes formes de rivalités, de querelles, afin d’œuvrer pour le bien commun.
Telle était sa réponse et, bien que cherchant à garder tout son calme, on pouvait voir des petits signes trahissant chez elle une certaine appréhension. Chaque réponse était comme un lancer de dé dans un jeu de hasard et il valait mieux sortir les bons chiffres. Le plus naturellement possible, elle attendit la prochaine question.
La jeune recrue pensait-elle que ça allait si facile de réussir son entretien d’embauche pour intégrer le Myrmidon ? En tout cas, la surprise se lit sur son visage, peut-être que mes propos ont été trop dur pour elle mais j’étais réaliste, elle venait de commettre plusieurs faux pas en l’espace d’une dizaine de minutes, un vieux grincheux n’aurait même pas accepté le moindre rendez-vous avec elle avec une tenue pareille mais je ne me fis pas aux apparences de certains mais je demande tout de même un respect de nos règles et l’uniforme en fait partie, notre armée est régie par des règles, c’est comme ça qu’on se différencie des brutes et autres aventuriers, notre unité et notre uniforme, nous étions la loi !
Je l’invite à répondre à ma question, j’attendais quelques mots clés dans sa présentation, peut-être je les aurai ou du moins leur définition propre, je ne voulais pas entendre que nous étions des êtres sanguinaires, des héros ou tout autre, ce n’était pas là notre devoir, on devait protéger le faible et l’opprimé, nous devons protéger le Royaume de toute force obscure, protéger la Couronne, nous étions le bouclier face aux menaces pour atteindre ce groupe, cette cohésion comme elle dit, il y avait des valeurs importantes à mes yeux, indissociable à notre fonction et que je m’efforce à appliquer en tout temps.
- Intéressant...
Dis-je en me frottant le menton, j’aimais bien cette petite, elle avait compris l’essentiel mais même si ce n’était que des mots qui sortaient de sa bouche, on pouvait voir ses quelques étincelles qui illuminent son regard, le rêve de la jeunesse qui n’a pas encore été brisé par les décisions de la Commission enfin du moins pas encore, nous avons beaucoup d’histoire sombre comme avec le précédent Maître-Espion Arban Höls, il y a de ça une trentaine d’années mais notre nouvelle génération va tout faire pour effacer cette partie de notre histoire et accepter des gens atypiques, ça c’était déjà un grand pas.
- La fraternité, le respect, le courage, la sagesse, la confiance voilà ce que j’attends de mes hommes et aussi ce qu’ils attendent de moi. Quand mon unité part au combat, ils savent que je ferai tout pour les ramener en vie, je me dois de les ramener avec toute leur intégrité, ce n’est pas de la chair à Fenrir, non, ce sont des hommes, comme vous et moi, mes barrettes ne me donnent pas le droit de vie et de mort sur eux, voilà ce qui compte plus que tout, la fraternité, ce lien de solidarité et d’amitié entre des êtres humaines, entre chaque membre d’un groupe, quelque soit son statut, son grade, son origine et j’en passe.
Mon bataillon était déjà composé de quelques personnes on va dire différentes mais je leur laisserai ma vie entre les mains, j’ai su développer leur différence et trouver de rendre leur point faible un atout, depuis ce sont les hommes qui me sont le plus fidèle, voilà ce qu’on a voulu créer avec le Myrmidon du Solstice, nous sommes le jour et la nuit, nous sommes si froid que nous brûlons, un mélange de contraste qui nous rend plus fort !
- Est-ce que vous sentez capable de respecter ce contrat moral Soldat Gregorio ? Faire un avec votre équipe, respecter les règles de notre groupe ? Se faire confiance mutuellement ? En êtes vous capable ?
Lyana ne s'était pas trompée en ayant le culot de se présenter au Myrmidon. La Lieutenant face à elle, suite à sa réponse, énonça sa vision d'un bataillon, d'une unité. La vision présentée par le Lieutenant Alnilnam était en tout point semblable à celle de Lyana. Tout ce qu'elle recherchait dans une unité, l'esprit de cohésion, la fraternité, les liens de confiance, tout ceci venait de sortir de la bouche de sa supérieure. Elle même semblait très impliquée, expliquant que son rang n'était pas là pour faire joli, qu'elle était responsable de son unité. Elle ne cherchait pas à sacrifier ses hommes, elle était avec eux.
La jeune archère se sentit de plus en plus à l'aise même si techniquement l'entretien n'était pas encore terminé. Cependant, elle sentait le vent tourner en sa faveur et c'est tout ce qu'elle avait espéré. Si le Myrmidon s'avérait avoir le même esprit que celui présenté alors par la Lieutenant, alors Lyana avait définitivement frappé à la bonne porte. Elle ne laissa cependant pas transparaître plus de joie, ni même d'excitation. L'exercice n'était pas encore terminé et elle n'était pas à l’abri d'une erreur.
- Est-ce que vous sentez capable de respecter ce contrat moral Soldat Gregorio ? Faire un avec votre équipe, respecter les règles de notre groupe ? Se faire confiance mutuellement ? En êtes vous capable ?
La réplique sonnait comme un contrat, si elle répondait bien c'était presque une place assurée au sein de l'unité. Mais il ne fallait pas se précipiter. Elle se garda un temps de réflexion avant de répondre.
- Si l'esprit du groupe est semblable à celui que vous venez de présenter, si ce même groupe est capable de faire preuve d'un aussi bon travail que celui dont j'ai parlé, alors il n'y a aucune règle que je ne saurais suivre pour en faire partie.
Très naturellement elle porta la main à son arc qu'elle posa doucement sur la table face à elle. C'était son atout principal, celui qui lui permettait d'atteindre ses cibles, son point fort en matière de combat. Elle était une traqueuse et une chasseuse doublée d'une experte à l'arc. Si jamais son unité venait à être en danger, elle saurait utiliser ses talents afin de les protéger. Toutes cibles de l'unité deviendront ses cibles.
- Je suis prête à faire confiance aux membres de mon unité autant que je leur donnerais confiance en ma capacité à les protéger.
Comme pour marquer sa résolution, elle se redressa sur son siège et toisa fièrement le Lieutenant. D'un autre geste, plus doux, elle poussa doucement son arc vers sa supérieure. Ce simple geste voulait dire une chose, Lyana était prête à mettre son arme, son corps et son esprit au service des Myrmidons du Solstice. Une lueur de fierté brilla dans ses yeux. Aussi sérieuse qu'elle cherchait à être elle n'arrivait plus à masquer totalement son excitation.
- Je n’ai pas l’habitude de débiter des inepties Soldat, je m’engage dans tous mes propos quelque soit la situation.
A quoi bon lui mentir, je n’avais aucun intérêt même si il y a toujours des cas exceptionnels dans un groupe, on ne peut pas rallier tout le monde à la même façon de parler mais l’idée générale était celle-ci, nous formions qu’un, nous formions le Myrmidon, nous sommes valeureux, nous sommes courageux, nous nous respectons, nous nous aidons les uns et les autres, nous ne laissons personne derrière nous ! Voilà ce que j’attends de mes hommes, ce qui attendent de moi même si il y a toujours des fortes têtes, comme dans toute société sinon je les transforme en troupeau de bouctous mais nous étions une unité remarquable et si cette petite intègre notre groupe, elle devra faire de même ! Bon il y aura quelques arrangements à faire, elle devra montrer qu’elle sera digne d’être avec nous, c’était valable partout, le petit nouveau doit faire ses épreuves mais mes hommes ne font pas ça pour le simple plaisir de bizuter, non ils font ça pour voir si ils peuvent avoir confiance au nouveau puis de toute façon, je veille toujours au loin, je ne tiens pas que ça finisse en massacre non plus…
Mais Lyana me montre encore une fois son engagement, j’ai vu dans son dossier sa facilité à l’arc, nous n’avons peu de gens de ce genre dans le Myrmidon, nous étions une infanterie de corps à corps, notre Capitaine est même une experte et moi également mais si nous formions une escouade de soutien, ça pourrait jouer en notre faveur surtout Lagertha serait heureuse de commander pareille escouade, elle pourra étoffer ses plans, prévoir des attaques surprises et du soutien pour les autres, peut-être devons nous sortir des rangs des hommes de ce calibre, je vais en parler au Capitaine après cette entrevue.
Le soldat était maintenant debout, torse bombé, son arc qui m’est presque tendu, elle s’engageait à être cet archer, cette personne qui nous protège dans l’ombre, celle qui pourrait nous sauver d’un coup dans le dos depuis son mirador, cette action me touche, il y avait encore des soldats qui connaissaient le sens de l’honneur et de l’engagement, intérieurement, j’avais les yeux qui pétillaient mais à l’extérieur, je gardais toujours cette stature de femme Lieutenant irréprochable, jouant mon rôle de supérieur, je finis par me lever à mon tour, les deux poings poser sur la table, je lui lance un regard sûr dans sa direction.
- Je vois parfaitement votre engagement Soldat Gregorio, le Myrmidon serait heureux de vous accueillir au sein de son unité, des personnes vaillantes, des personnes qui choisissent de choisir la difficulté au lieu de la facilité pour aider sa nation. Vous êtes certes atypiques mais vos capacités au combat sont pour l’instant irréprochable mais l’autre partie est facilement gérable, Notre Capitaine aura un plaisir de vous montrer les bonnes règles à moins que vous adorez nager à contre courant dans la rivière Luisante, elle pourrait vous faire des centaines de kilomètres pour vous le faire comprendre car quand on s’engage chez nous, on doit comprendre qu’on ne fait pas de passe-droit et je vous l’annonce toute de suite Soldat, ça ne sera pas une partie de plaisir au début.
Oh non mais elle doit bien le savoir, les rumeurs circulent dans tout le Royaume, notre Capitaine est peut-être cool comme le disent certains mais le moindre faux-pas et vous passez un sale quart d’heure, j’ai déjà fais les frais, on est amies en quelques sorte mais dès que nous passons en mode travail, c’était tout autre et je faisais exactement la même chose, ce n’était pas un jeu d’être Soldat, tout le monde compte sur tout le monde mais la petite semble l’avoir compris et je finis par me redresser, détendant mon visage pour l’occasion.
- Je ne vous dis pas que vous êtes pris aujourd’hui au Myrmidon, nous devons défendre votre dossier à la Commission ce qu’il remonte un peu de l’exploit mais je vous demanderai de ne pas faire de frasques pour les prochains jours, nous ne donnez pas plus de mal pour entamer votre transfert, est-ce que ça vous va ?
La partie la plus casse-pied pour moi commence, les papiers… encore les papiers….
Toujours debout, une résolution ferme dans les yeux, Lyana attendait patiemment la réponse de sa supérieure. Elle se leva elle aussi, face à la jeune archère, son regard était toujours aussi sérieux mais on commençait à y lire d'autre signes, comme une pointe de fierté.
Elle lui expliqua rapidement que le Myrmidon serait ravi de l'accueillir. A ces mots, le cœur de Lyana fit un bond dans sa poitrine, mais elle n'en montra rien, toujours cantonnée dans sa plus que sérieuse posture. Elle lui vanta ses capacités physiques en fonction de ce qu'elle avait appris dans le dossier...Lyana savait qu'elle pouvait encore progresser sur ces points, qu'elle allait devoir progresser dans tous les cas. Puis vint la partie sur son comportement, son attitude par rapport au règlement. Le Lieutenant cita la Capitaine comme une personne pouvant la mettre dans le droit chemin. Mais elle fut prévenue, si tout se passait bien et qu'elle les rejoignait, elle n'aurait pas droit à une deuxième chance. La rigueur était de mise et ses supérieures seraient toujours là pour le lui rappeler.
Effectivement jusqu'ici elle s'était parfois un peu trop laissée aller, ou à l'inverse avait fait du zèle dans des situations ou sa présence n'était pas nécessaire. Lyana aimait son travail par dessus tout mais jusque là avait toujours eu l'impression d'être un outil dans les mains du mauvais artisan. Mais ce lieu, cette unité, semblait le parfait atelier pour elle. Elle imprima dans son esprit le fait qu'elle allait devoir faire attention aux écarts. Si c'est de sévérité qu'elle avait besoin, alors c'est de la sévérité qu'elle aurait.
Une fois cette première tirade terminée, le visage de Lieutenant sembla se détendre pour la première fois. C'était vraiment une très belle femme quand elle laissait un peu tomber l'attitude militaire pensa Lyana. Mais elle même ne relâcha toujours pas sa posture, la partie n'était pas complètement finie et pas question pour elle de passer pour celle qui prenait les choses comme acquises.
Pour finir la Lieutenant expliqua qu'elle ne faisait pas encore partie de l'unité. Ainsi commençait une bataille dont Lyana ignorait tout mais qu'elle pouvait imaginer. Son dossier allait être transmis de mains en mains à la Commission, l'organe administratif de la Garde, pour être traité. Des discussions entre le Myrmidon et la Commission dépendrait sa mutation finale. De façon quelque peu espiègle, elle croisa les doigts dans son dos de façon à se porter chance.
Enfin, la Lieutenant lui demanda de ne pas faire parler d'elle en mal d'ici la fin du traitement de son dossier et du verdict de sa mutation. Lyana, ne souhaitant pas du tout se mettre des batons dans les roues, se le promit intérieurement. Mais aussi pour le Lieutenant Alnilnam. L'archère n'avait que de l'admiration pour cette femme, sa vision du groupe, du travail. Maintenant qu'elle avait donné sa parole, qu'elle avait offert son arc, elle s'en serait voulu à jamais si elle commettait une erreur d'ici là. Entaché son dossier et donc les efforts de transfert au Myrmidon serait comme une trahison envers le Lieutenant, envers le Myrmidon, alors qu'un premier lien de confiance était établi.
- Je serais irréprochable Lieutenant !
Pour appuyer sa résolution, Lyana fit un salut militaire impeccable, puis repris sa position initiale. Une seule question la taraudait désormais. L'entretien semblait terminé, mais peut-être que la Lieutenant avait d'autres questions. C'est pourquoi, même si elle hésita un instant, Lyana finit par demander.
- Y'a-t-il autre chose que je puisse faire pour vous Lieutenant, où puis-je disposer ?
Lyana était bien entendue plus qu'ouverte pour répondre à d'autres questions, voir même participer à des tests si nécessaire. Mais au fond d'elle, une toute petite voix commençait à lui dire qu'elle sentait plutôt mauvais. Intérieurement elle se maudit réellement de ne pas avoir pris le temps de se laver et de se changer. Certes, elle serait arrivée en retard...ce qui n'aurait pas été avantageux non plus. Bref, dans tous les cas cet entretien ne partait pas gagnant. Elle s'estima chanceuse et heureuse de la tournure des événements et se promit, si elle devenait une Myrmidon, de ne plus jamais commettre ce genre d'écart.
Cette petite en avait dans le ventre voilà à quoi je pensais lorsque je la voyais, on aurait pu croire que c’était moi quand j’étais jeune, bonne plus présentable certes, mais je me rappelle encore quand j’ai voulu m’engager et qu’on m’a pris pour une folle, que j’étais une fille à sa maman, que je devais rester auprès de mon père le Saphir que non Lucy ne pourra pas m’aider dans ma quête, je me souviens encore d’avoir sorti mon couteau de la poche et le lancer en direction du Garde pour ainsi planter la pointe dans son crayon, un tour qui m’a voulu beaucoup de problèmes par la suite mais plus jamais on a remis en cause ma détermination, certes je fais petite fille toute mignonne mais un Fenrir sommeille en moi, rien ne m’arrêtera.
- Je l’espère bien Gregorio.
Irréprochable, oui elle va essayer de l’être mais comme tout le monde, on ne peut pas s’arrêter de respirer, elle fera des erreurs comme tout le monde mais à elle de minimiser l’impact de celles-ci et là, ça sera la partie la plus dure pour elle, rien ne doit arriver à mon bureau ou encore moins à celui de la Commission.
Je fis un signe de tête au soldat pour qu’elle abaisse sa main suite à son salut militaire, elle avait repris du poil de la bête et je pouvais presque ressentir sa joie intérieure, je lui avais presque dit oui et je pouvais comprendre qu’elle saute au plafond pour exprimer son bonheur mais comme toujours, le code de l’usage militaire me l’interdit et me contente de rester aussi sérieuse que possible.
- Vous pouvez disposez, vous aurez votre réponse définitive d’ici deux semaines par une missive de mon bataillon si celle-ci est positive sinon une missive de la part de la Commission, je vous promets de faire mon maximum puis n’oubliez pas, d’ici là, pas de bêtises et on vous attendra dans la cour avec votre uniforme propre de préférence Soldat Gregorio.
Voilà le seul petit sourire qu’elle pourra voir aujourd’hui lors de notre entretien, je l’invite à aller devant la porte et lui ouvre avant de lui donner mes dernières recommandations.
- Je vais de ce pas prévenir votre supérieur de votre démarche.
Maintenant dans le couloir, un dernier signe de tête, je laisse la Garde fait son petit bout de chemin avant de nous rejoindre dans les prochains jours mais j'espérais sincèrement qu’elle prendra des bains quand elle sera dans la Caserne sinon ces camarades vont vite le regretter…
La Lieutenant, elle aussi plus relaxée dans son attitude mais néanmoins très sérieuse fit un signa à Lyana de façon à ce qu'elle se mette au repos. Tranquillement elle lui expliqua qu'elle pouvait disposer. Se faisant elle reprit son arc et son carquois qu'elle enfila à son épaule.
Elle écouta très attentivement le Lieutenant Alnilnam. Ainsi elle aurait une réponse d'ici deux semaines. Elle pria Lucy, une fois n'est pas coutume, pour que ce soit une missive du Myrmidon du Solstice qui lui parvienne. Elle fut aussi heureuse et surprise d'entendre la Lieutenant dire qu'elle allait faire son maximum. Drôlement touchée, elle ne sût quoi répondre. Le rouge lui monta aux joues, elle baissa légèrement la tête tout en balbutiant.
- Je vous en remercie.
Elle lui envoya enfin une petite pique concernant son uniforme. Mais à voir le sourire de la Lieutenant, la phrase était autant un avertissement qu'une plaisanterie. Lyana le prit comme c'était, elle ne rit pas mais sourit à son tour. La porte s'ouvrit sur le couloir, la Lieutenant resta derrière elle tandis que Lyana s'avançait. Elle lui expliqua qu'elle allait aussitôt commencer les démarches auprès de son supérieur actuel, le Lieutenant Pesquet. La Lieutenant n'était certainement pas le genre à vouloir faire traîner son travail. Elle lui adressa alors un dernier signe de tête.
Lyana se retourna alors vers elle, droite comme un i, au garde à vous elle annonça.
- Merci Lieutenant.
Elle se relâcha ensuite, échangeant un dernier regard avec le Lieutenant Alnilnam et reprit son chemin. Lyana repassa devant les gardes, toujours éberlués par sa tenue. Elle adressa même un au revoir au garde à qui elle avait, précédemment, demander son chemin. Elle s'éloigna tranquillement de la base militaire, s'avança vers les docks où elle prendrait une embarcation pour retourner à la Capitale.
Ce n'est qu'à mi chemin, dans un coin où elle savait que personne ne la verrait, qu'elle se mit à bondir littéralement de joie ! Elle devait annoncer ça à tout le monde, le fêter même ! Mais elle se ravisa aussitôt...pas d'écarts d'ici à ce qu'elle reçoive la missive. Le plus sérieusement du monde, mais tout de même un large sourire aux lèvres, la jeune garde commença à compter les jours en attendant la missive.
|
|