- C'est tout sauf un fou, et je ne vois pas pourquoi je m'abaisserai à vous expliquer sa supériorité !
- C'est quoi, votre tatouage ?
- Un joli symbole, rien de plus. »
Elle passe une main sur son visage. Cette histoire prend de bien trop grandes proportions. Et ce qu'elle en comprend ne lui plait pas du tout. Une dernière question, au cas où, mais elle sait très bien que la pente est glissante.
« Alica est avec Krasarc, maintenant, si je comprend bien ?
- Oui. Loin de vous, loin de tous. Vous ne les trouverez pas, leurs recherches sont bien trop importantes. - Et si je te fais mettre en taule, je les trouverai toujours pas ? »
Il ricane, puis se tait. Le fait de le secouer, de lui mettre des baffes, plus rien ne le fait parler. Naë est sur le point de lui tomber dessus, poing en avant, il donne même l'impression d'être capable de tuer, en cet instant, pour avoir ses réponses, et Zahria le saisit par le bras pour l'éloigner.
« On se casse, Naë, il n'en dira pas plus.
- Il a pas tout craché ! On ne peut pas partir comme ça.
- M'oblige pas à te forcer, sois gentil et obtempère. »
Leurs regards s'affrontent, l'espace d'une seconde, et Zahria porte le coup final.
« Je sais que tu tiens à elle, mais ce n'est pas en me forçant à t'arrêter que tu vas l'aider. Maintenant calme toi, et pense à tout ce que tu pourrais encore accomplir si tu étais en liberté, et tous les gens auxquels tu tiens. »
L'argument doit faire mouche, puisqu'il fait volte-face et sort comme une furie de l'horlogerie. Zahria s'excuse auprès du patron, enregistre mentalement le visage de l'assistant, puis sort derrière lui. Il est en train de faire les sens pas devant la boutique, et quand elle s'approche, il la fixe d'un regard noir en serrant les mâchoires et passant la main derrière sa nuque avec force pour se calmer tant bien que mal. Zahria se saisit de la lumière d'une lampe pas encore éteinte dans la rue et se met à jouer avec la lumière entre ses doigts. Naë n'ayant pas la patience d'assister à son petit jeu, il lui demande où est-ce qu'ils vont aller pour la suite de leur enquête, et Zahria secoue la tête en négation.
« Toi, nulle part. Je vais aller chercher des infos pour la suite, mais tu rentres chez toi. Tu en as assez fait, et l'affaire est trop compliquée. Naë... je te promets de te tenir au courant, d'accord ? Mais en retour, tu dois me promettre de ne pas faire de conneries. On va la retrouver, ta Calia. »
Même si visiblement, vu les endroits où elle semble vouloir partir, une fois retrouvée, elle finira en prison, au mieux, en exil, au pire... Mais ça, ce n'est pas le moment de lui dire.
« Viens, je t'emmène quelque part pour te calmer.
- Mais tu devais pas aller chercher des infos pour l'enquête ?
- Ça ne presse pas.
- Comment ?!
- Mon informateur dort encore, à cette heure-ci.
- Alors réveille-le.
- Naë, bordel, je t'ai dit de te calmer ! Ça suffit maintenant, si t'en es pas capable toi même je t'enferme pendant trois jours jusqu'à ce que tu reprennes tes esprits ! »
Il est bougon, mais finit par obtempérer et la suivre. Au lieu de l'emmener dans un petit coin tranquille, un salon de thé ou une salle de massage, ils font très rapidement le chemin jusqu'à l'Arène. Deux files d'attentes devant deux portes. Zahria se place dans la plus courte, celle qui fait face à une petite porte.
« Qu'est-ce qu'on fait là, Zahria ?
- On te calme. »
Elle paye l'entrée, signe les décharges, et pousse Naë vers l'intérieur. On les conduit dans une pièce pour s'équiper en armes de bois et armures simples, et ils sont rapidement lâchés dans l'arène, en tant que gladiateurs.
Deux heures plus tard, Zahria et Naëry, yeux au beurre noir et peut-être une ou deux côtes cassées, sortent de l'Arène en se tenant par les épaules, sans trop savoir qui supporte l'autre. En tout cas, ils sont bien calmés, c'est le moins qu'on puisse dire.
« C'était vraiment nécessaire ?
- Non, mais c'était efficace, je trouve... Surtout le moment où y'a la Montagne qui nous est tombé dessus, à la fin...
- Efficace, tu parles... Enfin, on s'en est pas trop mal sortis, non ?
- On fait même une plutôt bonne équipe, tous les deux ! La prochaine fois que t'as besoin de te défouler, appelle moi. »
Et Zahria sort son cristal de communication de sa poche, dans l'intention de le relier à celui de Naë, aperçu dans sa sacoche quand ils se changeaient.
« Promis, Naë, dès que j'en sais plus, je t'appelle. Mais, de grâce, tiens toi lien de cette histoire. Laisse moi m'en occuper, je sais ce que je fais... »
Ils discutent encore quelques minutes, puis se séparent, bons amis. Maintenant, c'est l'heure d'aller voir "l'informateur"... Ou plutôt le Maître-Espion. Il faut qu'il soit mis au courant de tout ça, cette affaire risque de l'intéresser. Le lendemain, quand il l'envoie surveiller l'assistant de l'horloger, elle ne le voit pas à la boutique. Elle obtient sans trop de difficultés son adresse, et se dépêche d'y aller, avec un mauvais pressentiment. A raison.
L'assistant n'a plus de tête.
Les jours suivants sont passés à essayer de retrouver la piste de Krasarc, ou des tatoués avec le symbole étrange, ainsi qu'à surveiller que Naë ne fasse pas de conneries. Mais dans un cas, comme dans l'autre, c'est plat, et morne. Elle continue ses recherches, tout s'en commençant à se préoccuper à côté du cas de Vrenn, revu quelques lunes plus tôt. Et puis le Maître-Espion l'envoie à la Forteresse, avec Calixte, en assignation d'infiltration. Il n'y a plus personne pour veiller sur Naë.[/color]
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