C'était devenu une habitude, non mieux, une tradition pour la jeune femme de s'amuser dans les tavernes une fois la nuit tombée tous les soirs et ce depuis 7 ans. Elle avait depuis le temps connu bien du monde et avait bu dans toutes les tavernes de la capitale, et peut-être même d'Aryon. Boire, tenter de draguer les femmes canons, faire des paris, faire de la merde et créer des bagarres générales, se faire poursuivre, se faire arrêter par des gardes pour des petites broutilles pour ressortir de sa cellule le lendemain, Astrid en avait connu des histoires et des emmerdes, mais elle ne s'en lassait jamais car chaque jour était différent et elle vivait chaque jour comme si c'était le dernier. Elle avait gagné sa petite réputation auprès des autres alcolos, et ça, c'était un vrai plaisir. Bref, cette femme – homme - de 83 ans vivait sa retraite comme elle le pouvait.
Ce soir, elle avait jeté son dévolu sur une petite taverne confortable et sans prétention près de la place commerçante, et avait rejoins une table pour jouer aux cartes histoire de gagner quelques cristaux supplémentaire, tout en tapant la discussion avec ses voisins de table à la fois pour s'amuser, mais aussi pour récupérer des informations ou des rumeurs quelconques qui lui permettrait de trouver son prochain taf. Quoi de mieux que l'endroit où le peuple buvait de l'alcool pour récupérer des infos ou des rumeurs croquantes et juteuses !
Elle sirotait donc sa bière, racontant des blagues stupides aux autres joueurs, reluquant les nanas du coin, gagnant des parties, perdant d'autres, mais gagnant plus qu'elle perdait car elle restait une joueuse invétérée. D'habitude, elle tricherait sans honte avec des cartes de sous ses manches ou dans ses bottes car elle était passée experte en tricherie, et rares étaient les personnes à pouvoir repérer ça. Mais pas ce soir, car elle était de bonne humeur et ne manquait pas vraiment de sous.
Toutefois, à sa énième victoire et ne supportant plus les conneries que déblatérait Astrid comme par exemple « Vous connaissez l'histoire de l'armoire ? J'vous jure qu'elle est pas commode, heh. », l'un des joueurs se leva brusquement et attrapa le bras de la jeune femme qui se laissa faire sans sourciller.
Il hurla :
-C'pas possible ! Tu triches salope ! Et ferme ta gueule aussi, tu me prends pour un con avec tes blagues de merde ?!
Aaaah. Un nouveau de la vie nocturne qui ne savait pas garder son calme, pensa la citoyenne en roulant des yeux. Elle qui avait voulu éviter de casser la tronche à quelqu'un de si bonne heure…
Actuellement, nous sommes en pleine semaine de travail, alors pas question de trop boire non plus, j'ai eu du mal à rester debout la dernière fois que j'ai un peu exagéré sur la bouteille... Il faudrait bien un jour que j'apprenne à tenir l'alcool. Je me rappels encore les petites soirées à l'académie militaire où l'on parvenait toujours à faire rentrer à boire pour fêter l'arriver du week-end! C'est vraiment à partir de ce moment-là que j'ai compris que moi aussi, j'avais le droit de faire mes choix !
Bon... On résume vite fait, je suis installé au bar avec ma pinte à la main et les gens du quartier ont l'habitude de me voir venir ici... Ouai parce que je ne vais pas non plus allez dans un bar de l'autre côté de la capitale juste pour ne pas être dans ma zone de patrouille. Alors ouai malheureusement, même ici, je suis obligé de garder une certaine politesse... Moi qui aurais bien voulu cracher à la figure du premier mec relou qui viendrait me proposer sa bière à la menthe... Les murs ont des oreilles ici et les rumeurs ça arrive jusqu'aux oreilles des supérieurs très vite...
Pas de grabuge... Juste une soirée tranquille pour boire un verre avant de rentrer à la caserne pour se reposer et retourner travailler demain... Mais je vais faire durer cette pinte je pense... Je veux que le temps soit éternel... Pouvoir s'amuser autant que d'autre... Parfois, quand je vois les aventuriers, je me dis que je pourrais faire comme eux ? Bon, pas comme TOUT les aventuriers non plus, comme l'un de ceux qui joue aux cartes actuellement avec une femme... C'est un débutant qui se dit aventurier alors que pas plus tard qu'il y a trois jours, je l'aie entendus se plaindre d'une douleur à l'épaule qui l’empêche de partir depuis plusieurs semaine. C'est à se demander comment il pouvait réussir à payer ces consommations.. ?
à force de regarder dans la direction de la table jouant aux cartes, j'ai fini par quitter le comptoir avec ma bière à la main pour venir observer la partie... Mais qu'est-ce que j'entends en m'approchant ?
- Vous connaissez l'histoire de l'armoire ? J'vous jure qu'elle est pas commode, heh.
-PFFRR!!!
Je me mords presque la langue pour retenir mon rire... Merde... Pas commode... Bon sang, mais je peux pas rire de cela! Mais c'est tellement... Hahahaha!!! Allez retiens toi Dalhia...
Bon... J'arrive à reprendre un peu mon sérieux quand celui que j'avais cité comme étant un mauvais aventurier se leva de sa chaise pour attraper le bras de la demoiselle à la blague merveilleusement drôle... Pourquoi toutes ces insultes... Ho non... Commence pas à chercher la merde s'il te plaît... Sinon je vais devoir intervenir car je ne peux pas rester sans rien faire si on raconte que j'étais présente si cela dégénère.
Au vu des insultes sorties et de son degré d'agressivité montant dans sa voix, je fais un pas vers l'avant et je prends la parole de ma voix la plus stricte possible.
- Et pour qui est-ce que vous vous prenez à parler sur ce ton à cette demoiselle ? Veuillez lâcher son bras et reprendre votre calme, je vous pris.
J'aime pas faire la fliquette quand je suis pas de service... Mais j'ai une image à tenir.
- Tout va bien mademoiselle ?
-Qu'est-ce que t'as toi ? Beugla-t-il. T'es qui ?
-Oh merci bien, ma p'tite. Répondit Astrid avec son sourire narquois habituel. Elle pointa ensuite du doigt ensuite l'autre joueur et s'exclama haut et fort : Et ouais toi là, baisse ton ton espèce de thon ! C'pas parce que t'as pas aimé ma blague sur les armoires que tu dois faire...ton armoire à glace ! Pfff !
Et donc, elle avait décidé de rester dans le thème des meubles, et pouffait à ses propres blagues de piètre qualité qui ne faisaient rire que elle et pas les autres clients qui continuaient à observer le spectacle qui s'offrait à eux. L'ex-commandant n'avait décidément aucune honte à provoquer un homme en restant cachée derrière une jeune femme. Mais Astrid ne le faisait pas sans raison ni sans réfléchir, car elle avait bien remarqué dans la posture de l'autre jeune femme qu'elle respirait la confiance et qu'elle savait probablement se battre.
M'enfin, il n'y avait qu'un moyen de confirmer ce que son sens de l'observation lui disait : provoquer encore plus l'homme et faire en sorte qu'il fasse le premier mouvement, ce qui ne serait pas difficile. Et si l'autre nana ne savait pas se battre, Astrid se démerderait en le mettant K.O d'un seul coup.
-Allez, rentre chez toi gamin. Continua Astrid en ramassant les cristaux sur la table qu'elle avait gagné avec la précédente partie de carte. Tu fais honte, qu'est-ce que dirait ta mère en voyant que t'accuses les autres de triche parce que t'es naze et que tu menaces une jeune femme innocente et faible ? Tu devrais sauver les meubles et fuir la queue entre les jambes ! 'Fin, même si je doute un peu que t'aies vraiment une queue entre les jambes ! Bwahahahaha !
Alors que Astrid riait triomphalement de son humour cru et sa redondance des blagues sur les meubles, plusieurs clients se tapèrent le visage de honte, reconnaissant bien là la fameuse Astrid Dalgaard qui n'hésitait pas à créer des embrouiller et à semer le chaos partout où elle passait, bourrée ou pas.
Et, sans surprise, l'homme au sale tempérament fit un pas en avant afin de s'approcher d'Astrid pour tenter de l'attraper et la baffer, tout en l'insultant de noms peu inspirés dont la citoyenne se foutait royalement, le tout avec son satané sourire amusé.
Je suis rassuré de voir que l'homme prend la sage décision de lui lâcher le bras, mais j'aurais préféré qu'il ait une meilleure manière de s'adresser au autre. Bien évidemment, il me demanda qui j'étais pour avoir le courage de m'interposer entre les deux, mais, quand j'allais lui répondre, je me suis aussitôt faite couper la parole par la demoiselle que je venais d'aider...
Hé... C'est quoi ça... Elle veut me faire avoir une crise cardiaque avec sa blague...?! Je prends mes deux mains pour masquer rapidement mon visage le temps de fermer les yeux assez fort et sourire fortement avant de me reprendre et de lever mes mains pour finalement réajuster mes cheveux, espérons que je ne me sois pas fait trop remarquer avec ce sourire presque idiot.
- S'il vous plaît... Mademoiselle, pour éviter tout grabuge, il serait bon de continuer votre soirée chacun de votre côté, je vous pris.
Mais si les gens pouvaient m'écouter et ne pas rechigner, voir engrainer la situation, ce serait tellement plus simple. En gros, j'aimerais que tout se passe à l'inverse de ce qui arrive actuellement. La demoiselle que j'ai aidée commence à prendre ces affaires et ces cristaux, mais elle se sent obliger de mettre de l'huile sur le feu...
Le résultat ne se fit pas attendre.. L'homme réagit au quart de tour et s'approche de la citoyenne en levant la main !
Alors d'un mouvement rapide, j’attrape son bras tendu et réalise un mouvement cinétique pour le forcer à plié le bras et de le coucher au sol.
Cela n'aura pris qu'une demie seconde pour réaliser cela... C'est un réflexe qu'on nous force à apprendre à avoir au régiment... Me voilà donc au-dessus de lui alors que certaines personnes se sont levés de leur chaise en me voyant mettre à terre cet homme... Mais ce n'était pas grand chose non plus il ne faut pas abuser. Et puis, il n'est pas forcément dans un état normal qui lui aurait permis de vite réagir.
Les moqueries de certains clients fusent dans la direction de l'homme à terre, les machos de service pour la plupart, d'autre ne dise pas un mot et préfère faire comme si de rien n'était.
- Moi, Dalhia Delancy, membre du régiment du Myrmidon du Soltice, je vous demanderais, je vous pris de ne pas vous débattre ! Si ma demande n'aboutit pas à votre cerveau, je serai dans l'obligation de vous arrêter.
Je lui laisse le temps de se remettre l'esprit à l'endroit, mais je ne bouge pas pour éviter toute récidivisme de sa part. J'en profite donc pour parler à la seconde personne responsable de ce bazar... Si elle ne l'avait pas énervé, je n'en serais pas là.
- Mademoiselle, je vais vous demander s'il vous plaît de partir finir votre soirée ailleurs, pour assurer la paix dans cet établissement.
Allez s'il te plaît... Je ne veux vraiment pas bosser ce soir. Juste boire ma pinte et rentrer dormir...
Mais rien de cela ne fut nécessaire, car la femme déclara son identité et son métier.
Astrid qui s'était décidée à siroter sa chope de bière au même moment recracha sa gorgée sur un autre client qui était assis tranquillement et qui n'avait rien demandé.
Delancy…. ? Elle avait dit Delancy… ?
Ce simple mot donna des sueurs froides à la jeune femme qui reposa sa bière, ne calculant pas l'autre personne qui s'était outré d'avoir reçu de la bière sur la gueule. Mais, comme tout bonhomme en face d'un garde, il n'insista pas plus par peur de se faire coffrer par une garde du Myrmidon du Solstice.
À l'annonce de l'identité de la fille, la taverne se fit silencieuse un moment avant que des murmures ne se fassent attendre.
-Delancy ? Comme, une gamine d'Edmond Delancy le Sans-pouvoir ?
-Oh merde. Sa gamine ? Nah, sa petite-fille j'paris.
La plupart des clients étaient assez vieux pour se souvenir de ce commandant de la garde royal mort en protégeant la famille royale et qui avait atteint un grade d'une prestance sans égale en n'ayant aucun pouvoir. Pour beaucoup d'entre eux qui n'étaient encore que des enfants il y a 23 ans, Edmond était un héros.
Tous les regards étaient désormais tournés vers eux alors que la descendante d'Edmond demandait gentiment sans le savoir à son grand-père de quitter les lieux.
Qu'en était-il du grand-père en question ? Les yeux ronds, la bouche grand ouverte, choquée de croiser sa petite-fille ici. Astrid ne savait pas encore qui était la mère ou le père de Dalhia mais maintenant qu'elle l'observait de plus près, elle avait en effet une ressemblance avec Haydée et ses enfants.
Une chose était sûre, elle devrait ptet se casser visa, yep. Elle s'était fait le vœu de ne jamais interagir avec sa descendance même si la curiosité la dévorait de l'intérieur.
De toute façon, les clients étaient trop fixés sur les deux jeunes femmes et les murmures d'admirations sur Edmond Delancy et la présence de sa petite-fille en ces lieux l’embarrassaient trop.
-Euh, ouais. J'vais me casser. Réussit-elle à dire toujours légèrement choquée, ne sachant pas comment réagir.
Elle déposa des cristaux sur la table et prit la porte de sortie sans même un regard en arrière et sans finir sa bière, ce qui était assez rare pour le souligner car même si une taverne prenait feu, elle était le genre de personne à d'abord finir sa bière. Il fallait croire donc que la situation était un peu plus dangereuse qu'un incendie.
Une fois dehors, le visage d'Astrid se mit à rougir et elle s'ébouriffa les cheveux sous l'embarras et le choc.
-RAAAAAAAAAAH ! PUTAIN QU'EST CE QUE C'ETAIT QUE CA LUCY?! TU TE FOUS DE MA GUEULE ?! UNE DELANCY LA OU JE PICOLE ?! VRAIMENT ?!
Elle était partagée entre l'envie de fuir d'ici le plus vite possible et de savoir comment allait ses enfants et sa petite-fille.
…
Peut-être qu'elle pourrait se faire passer pour une fille tout à fait normale et poser des questions à Dalhia sans qu'elle ne se doute de rien… ? Ughhhhh.
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