- Désolé, mais on préfère garder ça entre nous. Des années de pratique pour se faire confiance, répondit-il en s’appuyant nonchalamment contre le bras de Vaelin.
Ce qui n’était pas tout à fait faux, mais n’était certainement pas très vrai. Et qui omettait tout un tas d’informations pour éviter les quiproquos. Mais qui voulait éviter les quiproquos, lorsque ça avait le don d’exaspérer Vaelin ? Riant légèrement à la posture tendue de son camarade alors que le vendeur s’éloignait dépité, il glissa à son frère d’armes :
- Si finalement tu cèdes au courroux de ta sœur et que tu lui laisses le shalupin, t’as toujours une touche ici.
Entrainant à nouveau Vaelin par le bras vers la sortie – parce qu’il était de nature tactile et qu’il aimait bien taquiner son ami – il lui adressa un regard songeur en repensant à leur matinée.
- T’as des touches un peu partout d’ailleurs, comment ça se fait que je n’te connaisse pas de conquête ? lui demanda-t-il faussement accusateur.
La fraicheur de la rue les accueillit comme une bouffée d’air après l’atmosphère bondée de la mercerie. Et leurs pas reprirent le chemin de la Caserne. Toujours accompagnés du shalupin.
- Des missions intéressantes de prévues ? s’enquerra-t-il vaguement. Personnellement le chef n’est pas à cours de travail ni d’imagination, mais ça vole pas très haut. Genre lui chercher des éclairs au chocolat.
Gardant visiblement un œil sur lui – puisqu’il ne devait pas le convoquer quotidiennement pour le plaisir de sa présence – alors que Zahria était mise à pied, le Maître-Espion lui refilait en ce moment des tâches à la fois quelconques, faciles et improbables. Calixte n’était pas contre ce type d’assignations de temps à autres, mais les informations récoltées n’étaient pas aussi intéressantes que celles de missions un peu plus évoluées. Et puis ça devenait répétitif. Au moins avait-il le temps de lire quelques bouquins pendant son travail.
Les hauts murs de l’enceinte de la Caserne se dessinaient au-delà des toits des habitations et des commerces, et Calixte avisa la petite ruelle qu’il allait devoir emprunter pour finir ses emplettes. Tapotant le bras de Vaelin, il déclara avec un sourire :
- Bon bah, c’est là que nos chemins se séparent. A la prochaine Vae !
Il s’éloigna de quelques pas avant de se retourner :
- Oublie pas de m’envoyer un faire-part pour ton mariage shalupin !
Et il poursuivit sa route dans un rire. Plus qu’un petit détour par l’herboriste, le boulanger-pâtissier, et il allait pouvoir passer son après-midi à essayer de fourrer tous ses achats dans son armoire sans prétention. Une bonne journée, en somme.
Au moins, il n'allait plus nous suivre dans la suite de notre journée ensemble. Nous sortions enfin de l'endroit pour nous retrouver proche de la rue bander de monde que j'entendis de nouveau une remarque de mon ami concernant mes relations intimes, je lui sortis une réplique minable pour lui confirmer mon agacement naissant :
" - Arrête un peu, c'est de ta faute que cette pauvre créature me suit à travers la ville.
Seulement, son tempérament taquin continuait de frapper en me charriant sur le nombre de conquête personnelle. Il était maigre, c'était vrai mais j'en avais eu au cours de ma vie et il le savait parfaitement... Seulement, mon camarade savait comment me charrier efficacement et il n'abandonnait jamais le bougre jusqu'à dévier totalement de sujet en parlant des potentielles missions que j'allais devoir effectuer. Je lui répondis sans grande conviction :
" - Hormis le fait que je vais devoir inspecter les chasseurs de primes de la ville, rien de bien palpitant. Il vieillit le petit père.
Nous marchions à travers les rues pour finalement arriver devant l'une des casernes de la ville, celle où on passait le plus de temps... Mais, mais, mais il me restait des choses à faire avant de rentrer à la caserne et je souris une dernière fois afin de laisser Calixte s'occuper à d'autres activités. Je pris la tangente en levant la main et en ignorant sa dernière remarque sur mon soi-disant mariage avec la créature. Sacrée Calixte.
Je dus retraverser tout la ville afin de retrouver le forgeron. Il avait vraiment fait du bon travail avec mes "armes de collection", elles semblaient neuve. Je le remerciais en payant le prix tout entonnant un léger supplément grâce à la qualité de son travail. Puis je pris la direction de la maison familial afin de déposer les deux robes acheter en début de journée ainsi que le Shalupin. Il n'y avait que ma mère et ma petite soeur, à cette heure, et je discutais un peu avec elle tout en offrant les cadeaux. Le Shalupin fut emmené dans des grands parterres de fleurs et ma mère me fit une remarque pleine d'affection : je gateais trop mes sœurs. J'en ris avec elle.
Cependant, je ne pus rester plus longtemps car le lendemain, je devais travailler de nouveau à la caserne. Au moins, la journée avait été parfaite en compagnie de mon ami et frère d'arme.
|
|