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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
    Informations
    Re: Nouveau départ
    Jeu 14 Mai 2020 - 23:36 #
    Bien qu’il ne le connût que du matin même, Calixte commençait à se faire une esquisse plutôt précise de son supérieur, et il ne fut pas tellement surpris par son manque complet d’intérêt pour la question qui lui avait été posée. Ni de sa manière de prendre les choses en main. Avec calme, sérieux et efficience. Le coursier regarda donc avec une curiosité un peu entamée l’affaire se clore, les participants être lentement regroupés puis divisés entre les escouades pour répondre à celles-ci et régler leur amande, et les deux familles à l’épicentre de la rixe prendre la route du bastion sous bonne escorte. Laissant dans son sillage une place quelque peu retournée, que les âmes ayant déjà eu l’occasion de rendre des comptes aux soldats se mettaient tranquillement à déblayer.

    - Je vais bien… répondit-il à Emeor Calyx même si ça sentait plus la question rhétorique qu’autre chose. C’était… intéressant.

    Ils reprirent à leur tour le chemin de la Caserne, à un rythme moins soutenu qu’à l’aller, et Calixte en profita pour mieux détailler les façades alentours. Ses souvenirs du Grand Ports étaient plutôt anciens, et limités à ses habitudes d’enfant ou de militaires de passage. Même ses séjours comme espion dans le coin avaient laissé certains pans de la ville relativement vierges de ses errances, et de son indiscrétion. Il était loin de connaître la cité portuaire comme la Capitale – et en même temps, il connaissait vraiment très bien cette dernière – et se laissait aisément surprendre par ses multiples facettes familièrement inconnues.

    Distraitement, il nota qu’il n’était pas le seul à avoir les yeux baladeurs, mais si lui-même s’attelait plutôt à du lèche-vitrine, alors qu’il semblait qu’Emeor Calyx s’acharnait à lui lécher la silhouette. Et c’était intrigant en soi. Et assez amusant. Laissant le claquement de leurs bottes meubler le silence de cette étrange mascarade, Calixte attendit de voir jusqu’où les mènerait ce ballet non assumé. Finalement, le lieutenant s’arrêta abruptement. Et si l’espion n’avait pas continué à observer son manège du coin de l’œil, il lui serait certainement rentré dedans. Stoppant sa propre foulée juste derrière son supérieur, il attendit patiemment. Sagement. Etudiant avec curiosité les mimiques d’Emeor. Inhabituelles, pour le portrait qu’il s’en était fait. Il y avait dans la posture de l’homme, dans la tension de ses épaules, dans son visage tourné vers l’inconnu, une hésitation. Une possibilité. Une folie. Une touche subtile d’humanité. Immensément fascinante.

    Le lieutenant fit soudainement volte-face, et son regard bleu froid accrocha celui ambré du coursier. Il y avait là un éclat inattendu. Une permission qu’il ne s’était pas même accordée lors de leurs échanges martiaux.

    - Auriez-vous envie de faire quelque chose de particulier avant de clore la journée sur un bilan général soldat ? Quelque chose pour vous permettre de bien saisir les enjeux de votre poste bien évidemment. et je n'aime pas les tavernes....

    Les yeux de Calixte s’arrondirent légèrement, et un sourire menaça de s’étirer sur ses lèvres. Sans plus réfléchir car il sentait que l’occasion ne se représenterait pas de sitôt, et que le vent agitant les pensées du lieutenant était présentement versatile, le coursier céda à la tentation de sourire et attrapa sans plus de préambule de bras de son supérieur pour le tirer vers la porte la plus proche. Il sentit sous sa main une tension s’emparer du corps inhabitué à l’impulsivité désordonnée, mais elle se dissipa peu à peu pour une vibration plus… impatiente ? Anxieuse ? Décidée ? … ou peut-être finalement agacée. Qu’importait. Calixte poussa le battant qui s’offrait à eux, et ils pénétrèrent dans la boutique.

    Dans le corridor d’une boutique et d’un escalier menant à d’autres commerces. Devant eux, de grandes lettres lumineuses colorées indiquaient « Chez la raie rose ». Nom très peu glamour, mais certainement révélatrice de son domaine d’expertise. Le sas dissimulait à la rue les objets exposés derrière une seconde vitrine, mais une fois la porte passée, il y avait assez peu de doutes sur l’activité du coin. Derrière le comptoir proche de l’entrée de la boutique, une femme à la coiffure improbable leur adressa un vague geste de la main.

    - Promotion sur les lubrifiants. Nouveaux modèles de menottes depuis hier, à côté des jeux érotiques.
    - … il y avait un panneau avec une tasse ? demanda le coursier en haussant les sourcils car il lui avait tout de même semblé avoir aperçu un salon de thé, et qu’il n’était pas encore tout à fait prêt à perdre sa place au Bastion pour avoir entrainé son supérieur dans un sex shop sur leurs heures de travail.

    Sans un mot de plus, occupée à se limer les ongles, la femme leur indiqua l’étage. Où ils s’empressèrent de monter. Et, effectivement, où ils trouvèrent un petit salon de thé sans prétention. Mais aux doux arômes chaleureux.

    - Si vous n’aimiez pas le thé, vous auriez dû répondre à ma question plus tôt, indiqua-t-il avec un regard joueur vers Emeor.

    Un vieil homme les accueillit dans un minimum de mots, raccord avec l’atmosphère feutrée du lieu, et ils furent installés en tailleur près d’une table au bois usagé. Des paravents vieillots séparaient les différents groupes de clients, donnant l’illusion d’un peu d’intimité. Après un regard rapide à la carte, le coursier indiqua une boisson et quelques curiosités au vieil homme, puis se relança dans l’activité amusante et fascinante d’observer son supérieur.

    - Ce n’est pas une taverne, fit-il en haussant les épaules alors que le regard bleuté d’Emeor revenait vers le sien. Voulez-vous commencer le bilan ici ?
    InvitéInvité
    Anonymous
    Informations
    Re: Nouveau départ
    Mer 8 Juil 2020 - 22:55 #
    Ainsi donc la réaction du coursier ne se fit-elle pas attendre. Celui-ci, bien plus impatient que son supérieur - impatience qui, au demeurant, se démarquait bien plus, son rayonnement en aveuglait presque le Lieutenant - l'entraîna alors sans autre forme de procès vers le premier salon de thé qui s'offrait aux deux militaires. Emeor ne connaissait que très peu de lieux de détente, sa très rare fréquentation de tels milieux ne l'aidait en rien et, bien souvent, son professionnalisme, sa rigueur hors norme l'empêchait de franchir le pas, de toquer à une porte, d'effleurer le seuil d'un établissement de luxure. Le mot, bien qu'il fût fort hyperbolique, était étrangement adapté à la situation qui, d'ici quelques instants, s'ouvriraient aux deux soldats. Sans réellement offrir de résistance, se laissant anormalement guider - il était à l'origine des initiatives, même en présence de son Capitaine tant respecté -, le Lieutenant scrutait la rue du regard. Une forme de rougeur vint, doucement, s'étaler sur ses joues pâles - couleur qui détonait parmi le bronzage de nombreux officiers et de soldats de la Garnison -, comme s'il avait peur qu'en cet instant quelqu'un ne l'aperçut, tiré par un simple coursier, entraîné dans un salon de thé. Le léger sentiment de honte passé, le regard de Lieutenant s'attarda alors sur la bâtisse qui l'accueillerait en son sein pour les prochaines minutes. Alors, les deux soldats entrèrent, le coursier initiant la marche. La modeste entrée s'ouvrait à eux. Le nom n'était guère aguicheur, bien au contraire, Emeor haussa un sourcil à sa vue, comme si la simple vue de ces lettres lui permettait de débuter une enquête sur ces lieux - il en avait mené des enquêtes dans des auberges, fait des descentes pour tapage nocturne mais aussi pour des affaires bien plus obscures et illégales qui, une fois entre les mains du Lieutenant, étaient vouées à l'échec. Une légère odeur de thé, très fine, subtile, effleurait doucement les narines de l'homme au dos droit qui tournait la tête dans tous les sens, tel un chien perdu qui reniflait l'air pour retrouver son maître ou, plus simplement, son chemin. Pourtant, une autre odeur, plus forte, plus étrange, monta dans la gorge. Elle le prit en grippe, l'arracha à tout univers enfantin, aux effluves de plantes qui se dégageaient d'un quelconque thé. Les sourcils se froncèrent davantage, assombrissant le visage d'Emeor. Des doutes l'envahirent. Il n'osa rien dire, regardant du haut de sa taille son jeune coursier, le surplombant. A quoi jouait-il ? On ne joue pas avec son Lieutenant ; on ne joue tout simplement pas avec la hiérarchie. Les règles existent, il faut les respecter ; la doctrine d'Emeor est on ne peut plus simple à ce sujet. Il n'avait pas demandé au jeune soldat de les emmener dans un endroit suspect. Le Lieutenant redoutait le pire. Le pire advint.


    La légère voix fluette de la vendeuse se fit entendre. Le visage d'Emeor se décomposa, quittant l'air sombre tandis que les sourcils tombaient de stupeur ; les yeux s'écarquillèrent à en sortir des orbites, la bouche s'ouvrit n'étant nullement retenue - quelle retenue pouvait-on avoir en un tel lieu ? -, l'ensemble du visage se brisa sous l'effet de l'étourdissement, de l'étonnement, de la honte, de la surprise. Le Lieutenant, en temps normal, aurait repris son aplomb afin de sortir rapidement d'un tel endroit. Or, il ne s'agissait guère d'un simple salon de thé ou d'une auberge dévergondée. Emeor ne put reprendre son visage de marbre, intact et impeccable. Ils auraient dû rentrer. Pourquoi avait-il cédé ne serait-ce qu'une seconde à des pulsions juvéniles et infantiles ? Il s'en voulait profondément, se maudissant à mille reprises. Malheureusement, le militaire n'eut le temps d'agir, de diriger son subalterne hors du lieu afin de reprendre, tranquillement - autant que cela était possible -, la route vers la Garnison. En temps normal, il aurait agi de la sorte. La stupeur le paralysait. Soudain, son esprit fut illuminé, comme si l'odeur venait de se dégageait d'un lourd brouillard d'où on ne pouvait discerner les choses les uns des autres. C'était donc cela... Il avait eu raison de douter en humant l'air. Il connaissait, malheureusement et honteusement, cette horrible effluve nauséabonde. Quelques mots se formèrent sur le bout des lèvres pour s'échouer au fond de sa gorge, voilà qu'on les amenait d'ores et déjà à une table. Emeor ne contrôlait guère la situation, ce qui lui était particulièrement pénible. Il dut se résigner à s'asseoir, sans un mot. Seuls deux autres clients sirotaient leurs boissons en chuchotant - un homme et une femme, tout deux assez jeunes, la fougue de la jeunesse... Emeor avait leur âge, à n'en pas douter -, à l'autre bout d'une pièce à l'atmosphère lourde. Non pas cette atmosphère d'un salon de thé surchargé de tapisseries où les odeurs de thé se mêlaient aux trop nombreux objets disposés ici et là au bon gré du propriétaire à l'allure joviale. Une atmosphère chargée, chaude, presque bestiale, où une étincelle embraserait l'ensemble sans aucune difficulté. Une marée envahissait chaque personne ici. Le Lieutenant toussota. Il se remit en place, droit, bien en tailleur, face à son coursier.

    " Du thé vert s'il vous plaît. Chargé. Merci.


    Furent les premiers mots d'Emeor en ce lieu. Si les phrases brèves ne dérogeaient guère à son habituelle éloquence, elles trahissaient une forme de gêne intense en lui. Il retenait à chaque instant son teint rouge. Que faisait-il ici par la sainte Lucy ? Et cela lui arrivait bien peu de jurer au nom de Lucy - à vrai dire, le Lieutenant détestait jurer, ça n'était guère, selon lui, digne d'honneur, digne d'un grand soldat gradé. Il se remit en place, mal à l'aise. Ses yeux fuyaient ceux du coursier. Sa mâchoire se crispa. Elle se desserra doucement, légèrement, juste assez pour laisser quelques subtils mots passer.

    " Puis-je savoir, soldat, pourquoi cet endroit ? Je... Vous souhaitez faire le bilan dans quelles conditions soldat... ? Expliquez vous. "
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
    Informations
    Re: Nouveau départ
    Sam 18 Juil 2020 - 14:56 #
    Le vieux serveur reprit sa carte, et le coursier laissa à nouveau courir son regard sur la silhouette d’Emeor Calyx lui faisant face, empêtrée dans sa droiture. La réaction du Lieutenant avait été plus que comique à l’appréhension de la boutique sous leurs pieds, mais Calixte ne s’était pas attardé dessus. Une remarque aurait probablement été mal vue, et n’aurait en rien servi ses affaires. Qui étaient, présentement, d’observer son supérieur hors de ses habitudes millimétrées. Et tout, dans sa posture, criait qu’il regrettait déjà sa pulsion de folie. Pourtant… Pourtant il se laissa aller au jeu. Assis maladroitement sur le coussin carré adoucissant le contact du sol de paille tressée, les joues encore teintées de rouge, il porta ses yeux clairs sur la carte du salon de thé, commanda un breuvage, et s’adressa de nouveau à son subalterne. En évitant consciencieusement de croiser son regard. Regard que, fasciné, Calixte ne se gênait pas de poser entièrement sur le lieutenant incommodé.

    Il eut envie de répondre plusieurs choses à la fois. Premièrement que « thé vert » et « chargé » étaient peut-être un peu antinomiques, mais vu l’état d’inconfort apparent d’Emeor c’était plutôt remarquable qu’il n’eût pas simplement décidé de mettre les voiles. Ensuite il aurait bien juste déclaré « et pourquoi pas », parce que ça semblait être le type de réponse tout à fait adéquat pour voler dans les plumes de son supérieur, et obtenir davantage de réactions. Le temps que quelques secondes, le coursier caressa cette douce tentation, puis il se rabattit sur quelque chose de plus sage. Prenant en pitié le lieutenant, et en considération son désir d’éviter d’être renvoyé dès son premier jour au Grand Port.

    - Vous aviez évoqué votre aversion des tavernes dans le même temps que celui me demandant si j’avais envie de faire quelque chose de particulier avant de clore la journée ; il m’a donc semblé approprié de la clore dans un lieu chaleureux et tranquille, répondit-il en haussant les épaules. Mais si j’ai mal interprété vos propos, je vous prie de m’en excuser.

    Le serveur revint avec leurs commandes et les disposa devant les deux gardes. Alors que Calixte lui tendait quelques cristaux pour l’ensemble, il lui donna un sachet de toile que le coursier rangea aussitôt dans le petit sac-sans-fond de sa ceinture.

    - Le temps que nos thés refroidissent et que nous les buvions, nous serons sortis dans maximum une trentaine de minutes, ajouta-t-il à son supérieur alors que le serveur s’éloignait d’un pas alourdi par les années. Ce qui nous laisse le temps de savourer nos breuvages si les lieux sont à votre goût, ou nous oblige à rester un temps relativement supportable si au contraire ils vous hérissent le poil. D’autant plus si on le meuble avec ce bilan…

    Il tapota distraitement ses doigts contre la surface de grès de sa tasse fumante avant de piocher l’une des sucreries qu’il avait commandées.

    - A moins que ce bilan, que vous évoquiez plus tôt, ne nécessite plus que des paroles ? demanda-t-il à Emeor en lui tendant le petit récipient de douceurs en offrande.

    L’homme ne le frappait pas comme un adepte des friandises – ou de quoi que ce fut d’autre que la rigueur insipide – mais, toujours amusé et intrigué, l’espion poursuivait ses petites expérimentations. Le temps de quelques secondes, l’habitude le rattrapa et il se dit que Zahria allait bien rire lorsqu’il lui raconterait sa première journée au Bastion, puis, tout aussi vite, la réalité se réimposa avec ses gros sabots et une ombre passa dans ses prunelles. Il se demanda alors si le glacial Emeor, engoncé dans sa rigidité calculée, avait déjà connu pareil tourment. Pareille joie que celle des relations amicales ensoleillant les horizons les plus pluvieux. Pareille peine à leur perte. S’était-il seulement déjà laissé aller à l’étreinte de bras aimés et aimants, laissé guider entièrement par une main de confiance ? Laissé atteindre, laissé toucher ? Laissé réconforter. Laissé blesser. Y avait-il seulement des relations fonctionnelles, protocolaires, dans la sphère d’influence du lieutenant, ou existait-il quelques âmes dont la présence émouvait davantage cette créature d’allure impassible en toutes circonstances ? Presque, en toutes circonstances, rectifia Calixte en avisant la rougeur s’estompant peu à peu des joues de son supérieur. Enfin… bien que sa curiosité fût grande, c’étaient là des questions pour un autre jour, une autre occasion.
    InvitéInvité
    Anonymous
    Informations
    Re: Nouveau départ
    Mar 21 Juil 2020 - 22:18 #
    Peut-être que le terme qui désignait le plus, en cet instant si particulier, l'état d'Emeor ne pouvait réellement exister, s'exprimer par de simples mots qui, sans cesse, diminuaient la réalité, l'atténuaient sous un voile opaque et épais derrière lequel bon nombre de personnes - les politiciens et les marchands en premier rang, les écrivains eux, sont bien au-dessus - se cachent ; cet état étrange ne fut ressenti, palpable qu'en des situations précises qui avaient alors oubliées jusqu'ici par le Lieutenant, préférant reléguer au plus profond de sa mémoire de tels souvenirs qui ne feraient que l'handicaper ; cependant, avec un tel sentiment, ces vestiges du passé, oubliés sous des décombres poussiéreux, renaissaient tel un somptueux phénix dont l'ardente et flamboyante cape pourpre se reflétait sur le crépuscule doré. Une couleur pourpre d'une intensité rare que, chaque seconde, Emeor tentait de refréner puisqu'elle guettait ses joues d'ordinaire si blanche et si pâle qu'elle pouvait trahir son amour pour le protocole, rejoignant alors ses yeux froids et francs ; ce même regard pourtant assuré mutait, se transformait pour exprimer l'incertitude, la gêne du jeune homme qui évitait soigneusement le regard de son interlocuteur. Un combat bien puissant guettait le Lieutenant. En effet, voilà qu'il faisait pâle figure devant un subalterne dont la toute première journée et le grade ne pouvaient rivaliser avec sa si haute place, durement acquise au fil des ans. Nombre de soldats n'avaient su percer la terrible et impénétrable carapace d'Emeor, forteresse imprenable dont les sièges incessants furent vains tant ses murs résistaient au moindre coup, au moindre choc aussi violent soit-il ; quelques personnes avaient pu, par chance ou par malheur, pénétrer au sein d'un tel édifice pour en témoigner la richesse - ou la pauvreté, chacun en jugera - qui y regorgeait alors. Celles-ci n'étaient guère nombreuses, pouvant alors se compter sur les doigts d'une seule main. Une seule personne, un seul être humain avait commencé l'ardue ascension jusqu'au cœur même de la forteresse avant que celle-ci ne la rejette violemment, la faisant chuter le long de ses longs escaliers de marbre blanc, semblables aux joues du jeune homme. Depuis, fortifiant chaque jour ses murs, améliorant ses défenses, elle reste impénétrable. Inébranlable. Seul la justice compte en ce bas monde.


    Le serveur vint servir les boissons, coupant court toute réflexion de la part du Lieutenant qui s'attarda alors sur les gestes du jeune coursier qui, prenant l'initiative, paya la légère addition. Un tel geste surprit Emeor, n'étant pas habitué à ce que quelqu'un lui payasse un verre - le dernier en date devait être celui payé par le Capitaine suite à une mission particulièrement difficile - et il ne put retenir un haussement de sourcils. Silencieux, évitant encore le regard de son subalterne - craignait-il quelque chose de particulier ? -, il remua l'onctueux liquide de sa tasse, y détailla alors chaque fine bulle, chaque tracé produit par sa cuillère comme s'il s'agissait d'un spectacle inédit. Les propos du jeune Alkh'eir surprirent tout autant le Lieutenant qui, cette fois, assez discret, resta de marbre ; jamais un soldat n'avait eu l'audace de s'adresser de la sorte à Emeor Calyx, amoureux passionnément du protocole et de la hiérarchie : un seul soldat s'était-il seulement retrouver dans un salon de thé bien particulier face à Emeor ? Non, aucun à ce jour. Heureusement, personne en cette pièce ne les connaissait et, de ce fait, ne pouvait faire circuler une quelconque rumeur à leur égard. Cette simple pensée fit rougir le Lieutenant qui serra la hanse de sa tasse avec une telle force qu'on eut cru qu'il la briserait. Son honneur semblait touché, blessé, profondément. Était-ce seulement son honneur ? La dernière question du coursier, son supérieur buvant sa première gorgée, provoqua un trémoussement incontrôlé qu'Emeor eut bien du mal à cacher à un tel point qu'il faillit cracher à la figure de son interlocuteur. Il déglutit et respira profondément, n'osant toujours fixer le jeune homme, de peur de perdre son habituel froideur protocolaire et de céder à la panique.

    " Bien. J'aurais pu, j'aurais dû payer, je suis votre supérieur. Vous avez un rapport particulier à la hiérarchie soldat, vous devriez aimer le Capitaine de notre Régiment que vous connaissez de réputation j'imagine ? "


    Au plus profond de lui, Emeor ne savait réellement quoi dire, quoi faire ; il reprit alors une gorgée de son thé avant de le poser à nouveau, prenant son temps. Il s'essuya la bouche avec précaution. Et, prenant son courage à deux mains - n'était-il pas un soldat, un lieutenant qui plus est, après tout ? -, il finit par fixer ses yeux sur celui du jeune coursier. Son visage restait torturé, réprimant à chaque instant toute pulsion de gêne ou d'étonnement. Il devait rester froid. De marbre. Le protocole. Le Lieutenant se récitait quelques règles fondamentales de la Garde, comme un réflexe pour reprendre le contrôle. Voilà qui devrait le calmer.

    " Et bien, vous avez du potentiel mais vous avez besoin d'entraînement. Vous manquez surtout d'endurance pour un coursier, cependant, quelques soldats que j'ai en tête pourraient déjà vous aider à connaître au plus vite les meilleurs parcours afin de perdre un minimum de temps. Je verrai si j'ai le temps de m'occuper de votre entraînement aux armes, je suis déjà assez occupé mais un peu de détente ne fait jamais de mal...


    Comme pour joindre ses paroles si inédites à ses actes, voilà qu'Emeor céda à la tentation et, l'espace d'un instant, retomba en enfance. En effet, il se servit dans le récipient empli de friandises que lui tendait le jeune coursier et prit, non pas seulement une seule, mais bien trois confiseries différentes. Voilà bien longtemps qu'il n'avait pu goûter de tels aliments. Au contact de sa langue, une douce saveur d'enfance se répandit en lui, effaçant alors la gêne qu'il ressentait jusqu'ici. Quelques étoiles, petites, discrètes, illuminèrent son regard pourtant si froid, si terne. Ce ciel noir depuis tant d'années voyaient alors quelques lumières s'allumer ; une vision bien inhabituelle pour quiconque connaissait Emeor. Alors, engloutissant les confiseries, le Lieutenant se resservit. Deux autres confiseries. Il restait droit mais, il bougea légèrement, se mettant à l'aise. Que faisait-il chère Lucy ?

    " C'est assez bon, cela faisait bien longtemps. Aucun soldat ne m'a proposé de telles choses, ce n'est pas dans mon habitude. Souhaitez-vous des pâtisseries avec votre thé ? "

    Quelques étoiles supplémentaires. En outre, les deux militaires se trouvaient presque seuls, les deux autres clients étaient bien loin, parlaient à peine. Emeor voulut alpaguer le serveur afin de lui commander quelques pâtisseries mais celui-ci ne semblait pas revenir, il devait, sans doute, être trop occupé à d'autres tâches. Le Lieutenant poussa un long soupir. Pouvait-il se permettre de se détendre ? En une telle situation ? Face à un subalterne dont il aurait la charge chaque jour et dont l'entraînement lui était confié - par lui-même ? Son dos, doucement, se replia, très subtilement. Il restait bien droit. Un balais encore bien coincé. Ses jambes croisées ne ressemblaient en rien à une posture digne d'un militaire fétiche du protocole. Emeor remonta ses lunettes, comme pour occuper ses mains, éviter à nouveau un sentiment de gêne.

    " Vous pardonnerez mon attitude, je suis fatigué et l'atmosphère n'est en rien enclin au protocole avec cette chaleur et cette lourdeur. Je... Prenez vos aises si vous le souhaitez, juste le temps de finir notre thé. "
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: Nouveau départ
    Dim 26 Juil 2020 - 14:19 #
    C’était amusant de voir comme Emeor Calyx, empêtré dans ses habitudes millimétrées abîmées par sa soudaine audace passagère mais coupable, semblait partagé entre l’embarras, la timidité – était-ce possible ? – et l’obligation morale de reprendre d’une manière ou d’une autre les rênes. Finalement, au-delà de présenter de prime abord un profil jouissant du contrôle jusqu’à possiblement enchainer ses partenaires à son lit, peut-être que l’homme n’aspirait vraiment qu’à être celui enchainé. Clignant des yeux à cette notion, Calixte porta distraitement sa tasse à ses lèvres. Il y avait là des potins à aller chercher au sein de son nouveau régiment. Ça n’intéresserait peut-être pas sa Maître-Espion, mais comme de toute façon pour le moment ils étaient en froid et que leurs conversations ne s’étalaient pas au-delà du strict minimum… Chassant ce train de pensées, il imita son supérieur et piocha quelques friandises.

    - Eventuellement si le serveur repasse par ici, répondit le coursier en haussant les épaules tout en observant Emeor hésiter sur la conduite à tenir.

    En tout cas cela répondait un peu au questionnement qu’il se faisait un peu plus tôt. L’homme n’avait apparemment pas du tout l’habitude de ce type de situation. De moment. De relation. Et c’était à la fois pas tellement surprenant, et un peu triste. Il était pourtant difficile de croire que du haut de ses vingt-six ans le lieutenant n’eût jamais rencontré d’âme tentée par l’entreprise d’aller chercher sous sa carapace protocolaire froide quel type d’émotions l’animait tout de même. Ou alors ce bouclier sévère de rigidité avait-il réussi à repousser tout assaut jusque-là ? Alors quoi ? Le coursier jouait-il simplement de la chance insolente du nouveau-venu ? Emeor avait évoqué qu’il lui trouvait un « rapport particulier à la hiérarchie », et c’était certainement vrai. L’habitude de la Caserne de la Capitale comme les liens fraternels au sein des espions avaient certainement laissé s’installer une indolence dans sa propre appréciation de l’étiquette. Mais au-delà de ça, c’était surtout le maelstrom d’émotions, à moitié étouffé par le couvercle de sa peine immense, qui rendait plus erratique son rapport à son supérieur. Moins contenu. Moins réglementaire. Et finalement, était-ce cela, ou un coup de pouce de Lucy, qui avait suffi à convaincre le lieutenant qu’il pouvait, un peu, se laisser aller à baisser les armes ?

    - Si mon comportement vous a incommodé – vous incommode – je vous prie de m’en excuser, fit Calixte en repensant aux mots d’Emeor, juste pour voir ce qu’en dirait – ou pas – l’homme. Avec l’habitude d’un même régiment pendant plusieurs années certaines barrières s’étiolent. Avec vos directives concernant les entraînements n’hésitez pas à me faire parvenir celles pour une attitude plus appropriée.

    La remarque aurait pu être insolente mais le ton n’y était pas. Malgré son envie de dépouiller le lieutenant de sa froideur pour découvrir ce qui gisait en dessous, l’espion n’avait pas vraiment l’ambition de se faire jeter rapidement de sa nouvelle affectation et était réellement curieux des éventuelles notes que pouvait lui faire passer l’homme sur ce qu’il trouvât adapté comme comportement de la part de ses subalternes.

    - Je ne suis pas certain de rencontrer un jour le Capitaine, poursuivit-il en fronçant légèrement les sourcils. Il a l’air d’être un homme très pris. Par ses gradés, par ses Valkyries, par la Noblesse qui lui tourne autour. Sans compter qu’il doit certainement gérer tout un tas de choses qu’un simple membre de régiment comme moi ne doit pas soupçonner… Mais il a effectivement une certaine réputation.

    Il porta sa tasse à ses lèvres et finit ce qu’il restait de son thé. Jetant un regard au petit récipient qui avait contenu les friandises, il nota avec amusement qu’il n’en restait plus que deux. Si lui-même ne s’était pas gêné pour piocher dedans, Emeor n’y était pas non plus allé de main morte. Apparemment l’espion tenait là l’un des péchés mignons de son supérieur. Récupérant une sucrerie, il tendit la dernière à son interlocuteur avec un sourire insistant.

    - Si vous avez fini votre thé, nous pouvons retourner au Bastion. Je m’en voudrais de vous avoir éreinté dès le premier jour.

    Il était tout à fait possible que le ton ait été à la limite de la taquinerie. Après tout, ils venaient de passer ensemble un peu de bon temps dans un salon de thé – au-dessus d’un sex-shop – et allaient rentrer d’une journée déjà chargée.

    - Néanmoins, si l’expérience devait vous retenter sur votre temps libre : vous connaissez mon planning, vous savez où me trouver, proposa-t-il simplement à Emeor en se levant de la table. Je ne suis jamais contre un thé, ou une douceur.

    Et si la possible double lecture de cette dernière proposition le fit rire intérieurement, il se garda bien d’en faire la remarque au lieutenant. Pas la peine de pousser davantage sa chance, Lucy ne l’avait jamais eu à la bonne.

    Lorsque leurs pas reprirent le chemin du Bastion, les pensées du coursier étaient bien plus légères que celles qui l’avaient accompagné à son arrivée le matin même. Ce changement de régiment s’annonçait plus agréable que prévu. Voire amusant, songea-t-il en repensant au petit sachet de friandises qu’il avait rangé plus tôt dans sa ceinture et qui apparaîtrait un jour sur le bureau de son supérieur.
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    Re: Nouveau départ
    Lun 3 Aoû 2020 - 21:17 #
    Attentif, le Lieutenant écoutait alors les réponses de la jeune recrue ; en effet, nombre de soldats connaissent un grand relâchement au bout de plusieurs années - pour certains cela ce compte uniquement en mois - en poste au sein d'un même régiment ce que, en un sens, Emeor peut comprendre néanmoins, de son point de vue, un tel comportement peut nuire à la bonne tenue des procédures mais avant tout des interventions - qu'elles soient musclées ou non - de la Garde. Ainsi, ce changement d'affectation ne serait que bénéfique au coursier puisqu'il devrait apprendre à connaître, non seulement ses nouveaux collègues mais surtout de nouvelles règles auxquelles il fallait se plier en présence du Lieutenant si procédurier. Cependant, la situation actuelle contrastait bien avec ces principes durement ancrés dans la vie, la personnalité et l'esprit d'Emeor ; timidement, il se servait à nouveau en confiserie, cédant à ce désir de jeunesse qui l'avait quitté depuis longtemps et dont il ne conservait qu'un léger souvenir, patiné par l'âge et les saisons. Il but à nouveau une gorgée de thé tandis que la tasse se vidait au fil des minutes et de cette conversation ; celle-ci toucherait sans nul doute bien rapidement à son terme puisque la délicieuse boisson touchait une dernière fois les papilles agitées du Lieutenant qui se trouvait peu habitué à déguster de tels breuvages - non pas que la nourriture au Bastion soit répugnante mais il ne s'agissait en rien d'une cuisine digne des plus grands restaurants de la Capitale dont la réputation traversait le Royaume d'oreilles en oreilles. Ainsi le coursier proposa-t-il de quitter ce salon de thé ; l'idée de passer à nouveau devant le magasin qui se situait au rez-de-chaussé dérangeait fortement Emeor ; existait-il un moyen de l'esquiver ? Les deux hommes se levèrent pour quitter la pièce, le Lieutenant n'avait ajouté aucun ordre, aucune directive. De ce fait, il répondait directement à un subalterne ce qui, dans son sens strict de la hiérarchie restait inédit. Était-ce là la preuve qu'une telle atmosphère l'avait décontracté ? Qu'il n'était plus engoncé dans les procédures militaires ? Qu'il... tissait des liens amicaux avec une autre personne ? Peut-être. Quoi qu'il en soit, les deux militaires sortirent du bâtiment - non sans qu'Emeor rougisse lorsqu'ils passèrent devant la fameuse boutique - et le soleil quittait, décemment, ce monde. Alors, ils reprirent le chemin du Bastion. Droit, Emeor marchait un peu plus rapidement que le coursier. Comment de temps avaient-ils pris au sein de ce salon de thé ? Au fond, le Lieutenant n'avait nullement besoin de se justifier. Il avait pris du bon temps ce qu'il fait de manière bien rare et sporadique ; le Capitaine serait sans nul doute bien plus satisfait d'apprendre cela que de voir son bras droit travailler encore et toujours. Un léger sourire teint le visage du jeune homme qui se débarrassait de sa culpabilité, pour une fois. Ce fut une belle journée.

    " Je vous remercie pour ce thé soldat. Vous avez bien travaillé en cette journée, vous méritez du repos ! Je réfléchirai à votre proposition, peut-être qu'un peu de temps libre ne ferait pas de mal... Mais pour l'instant, concentrons-nous sur votre formation et votre entraînement. Nous y voilà à nouveau, le Bastion. "


    Fier, Emeor admirait ce magnifique bâtiment. Sa maison. Et il s'y sentait divinement bein au fond. Lieutenant Emeor Calyx, au rapport !
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    Re: Nouveau départ
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