Hable Lou

Nom du pouvoir : Transformation en Talbuk
Catégorie : Transformation



Lou possède le pouvoir du Talbuk et ce, depuis sa naissance. Elle a toujours vécu avec cette apparence et ces capacités d'hybride : deux grandes cornes sur sa tête, une taille imposante, un squelette beaucoup plus dense et résistant que la moyenne, une résistance au froid et une force démesurée. Elle peut facilement fracasser un rocher avec son crane sans avoir une égratignure alors imaginez un peu les dommages qu'elle peut causer à un être humain, qui plus est avec ces deux grandes cornes. Elle peut aisément soulever un meuble comme s'il pesait une plume et vous le balancer à la figure si votre tête ne lui plait pas. Cependant sa force décuplé ne l'immunise pas au dégât non plus, sa peau est aussi fine que n'importe quelle humain et elle peut se couper, tomber malade, etc... Sa partie Talbuk a du mal à supporter les grosses chaleurs et son système digestif n'apprécie pas toujours la viande. Par contre, sa vitesse et son endurance relève plus de l'humain que du Talbuk : elle se fatigue comme tout le monde.

Lou est ce que l’on peut appeler, une femme forte. Bruyante, impulsive, capable de prendre une décision dans la seconde, même si ce n’est pas la bonne, elle va au bout des choses. Même si pour cela, elle doit fracasser l’obstacle devant elle à coup de tête. Mesurant un bon mètre 90 sans compter les cornes aplatit sur sa tête, musclé, elle a des marques de coupure un peu partout sur les bras et les mains dû au travail.

Oui, elle n’est pas quelqu’un qui fait attention à tout ce qu’il y a autours d’elle, un peu maladroite, elle a tendance à essayer des trucs qui ne fonctionne pas juste pour en comprendre la cause. Même si cela peut conduire à une catastrophe derrière. Elle se fiche un peu des conséquences engendré par ses actions, tant qu’elle comprend la mécanique qui a engendré tout ce qu’il s’est passé.

Jalouse, territorial, il ne faut pas tenter de prendre sa place ou de voler une de ses propriétés sous peine de recevoir très rapidement un coup de tête. Une tête qui n’a rien à envier aux autres. Doter de grosse corne digne des talbuk, elle a de long cheveux roux tombant jusqu’au milieu de son dos, des traits fin et un visage clairement expressif faisant en sorte que mentir est une réelle difficulté pour elle.

Néanmoins, elle n’est pas rancunière, lorsqu’elle décide qu’une querelle est réglée, elle ne reviendra pas dessus. Encore faut-il qu’elle décide que cela arrive, possédant une bonne mémoire, elle n’oubliera pas lorsqu’on lui fait une crasse, ni la personne qui la faite.

Son côté Talbuk fait qu’elle a toujours chaud, ou presque, surtout qu’elle a décidé de vivre au port en attendant de pouvoir réaliser ses projets. Un endroit chaud et agréable, paisible et changeant, aussi changeant que son humeur qui varie en fonction de la météo. Autant elle adore le soleil et la neige, par contre, la pluie ou le temps grisâtre la met dans une humeur particulièrement désagréable et facilement contrariable. C’est d’ailleurs dans ces moments la qu’elle passe le plus clair de son temps à cuisiner afin de passer sa frustration dans la bouffe.

Supportant donc mal la chaleur, elle a tendance à s’habiller léger et à manger froid, principalement des légumes afin de pouvoir digérer correctement. Ce qui ne veut pas dire qu’elle n’aime pas s’amuser, loin de là, boire, faire la fête, raconter des conneries font partie de ses passions. Presque autant que ses recherches afin de créer des objets tous plus loufoque les uns que les autres. Notamment ceux pouvant permettre l’exploration du nord.

Lou est née dans le sud du royaume, près du temple et au bord de la mer, dans un petit village nommé Tarium. Paisible, principalement habité par des pêcheurs et des fermiers. C’est un village où il n’y a globalement, rien à faire. Le soleil y règne en roi tout comme l’alcool et les touristes profitant de la crique pour faire le trajet entre le temple et l’archipel. Mais, en dehors de cela, ce village n’est réputé pour rien. Nombreux sont les gens qui n’en connaissent même pas l’existence, poussant ainsi Lou à dire qu’elle vient du sud sans donner plus de précision.

Elle est donc née dans un petit village tranquille, avec son pouvoir, montré par deux petites cornes sur sa tête. Un pouvoir peu gênant dans la vie de tous les jours, si ce n’est la force importante qu’elle possédait. Ainsi, elle fut rapidement appelée pour les tâches demandant de la force. Ce qui était lourd pour les autres personnes de son âge, était léger pour elle, et elle ne se faisait pas prier pour montrer qu’en ce lieu, elle était la plus forte.

Les choses sérieuses commencèrent à ses 12 ans, lorsqu’elle fut recrutée par un certain James afin de devenir charpentière. Un métier principalement pour les hommes au vu de la force physique qu’il demandait. Une force physique qu’elle compensait sans aucun problème grâce à son pouvoir. Stricte, autoritaire, James était quelqu’un qui savait se faire obéir et qui parvins à canaliser les forces de la jeune fille dans le travail. Pour elle ce fut une période amusante et intéressante. Travailler les accroches et les plans afin de construire ou réparer au mieux un toit. Pouvoir assembler les différentes parties en utilisant le moins d’attache possible. Rendre une construction fragile, aussi solide qu’un mur de pierre. Tout ceci l’intéressait particulièrement et elle apprit rapidement la théorie pour passer à la pratique.

Son lieu de travail, était un des rares endroits ou sa force n’était pas un handicap, où elle pouvait se donner à fond sans gêner personne et même aider les autres avec ça. Et comme tous les humains, elle continuait de se muscler, la rendant toujours plus fort. Et a 16 ans, elle termina son apprentissage, désormais, elle pouvait travailler seule, vivre seule, toucher un salaire et se débrouiller comme une adulte. Mais elle voulait voyager, et c’est à la fin de son apprentissage, qu’elle décida d’aller visiter l’archipel pendant quelques jours.

Grâce au contact de James, elle parvint à trouver un emploi dans un navire faisant régulièrement le trajet entre le royaume et l’archipel. Tout ça pour porter des choses lourdes. Un voyage rapide et tranquille, accompagné de quelques monstres qui seraient facilement esquivés par des marins aguerris. C’est ce que pensait Lou en embarquant. Ce ne fut pas le cas.

Alors qu’il faisait beau, que tout était calme, un navire fut repéré un peu plus loin. Se dirigeant droit vers celui de la jeune femme. Et d’un seul coup, tout s’agita. Ce n’était pas un simple navire. Mais un navire pirate commandé par un dénommé Thoan. Un homme immense armé d’un long sabre et commandant un équipage aguerri et prêt à tuer. Ce fut un massacre unilatéral. Et c’est tétanisé par la terreur, que Lou se colla au mat du navire avant de tomber à terre. Autour d’elle, ceux tentant de résister furent tués instantanément. Et la jeune femme ne bougea même pas pour aider. Non, malgré le nombre de bagarres qu’elle avait effectué étant enfant, le nombre de fois qu’elle avait pris des coups venant des autres, pour jouer, dans cette situation, tout été différent. Elle avait peur, juste peur, et cette dernière la paralysait.

Jusqu’au moment où un homme la saisis par le bras pour la relever. Par réflexe, elle frappa de toutes ses forces le bras qui la tenait faisant lâcher prise à l’homme. Mais celui-ci ne s’arrêta pas là, d’un geste vif, il attrapa un nouveau les deux bras afin de l’immobiliser et la jeune femme lui donna un coup de tête. L’envoyant voler à plusieurs mètres. Il avait encaissé le choc, et d’une roulade souple, il se releva en grimaçant.

- Alors Barlg, tu as des problèmes ?

Lou leva la tête pour voir Thoan parler, un sourire aux lèvres.

- Pardon cap’taine, elle est plus forte que c’que je pensais.

Le regard noir de Thoan se tourna vers la jeune femme et son sourire disparus soudainement, il avait pris sa décision.

- Neutralise-la, mais ne la tue pas, je la veux vivante.
- Bien capitaine.

Le dénommé Barlg se redressa de toute sa hauteur, ne parvenant même pas à atteindre le bas de la tête de Lou. Mais cette fois-ci, son visage était sérieux. Lentement, il s’approcha de la jeune femme et, d’un seul coup, se retrouva près d’elle. Un coup de poing la cueillis au ventre et avant qu’elle ne puisse réagir, un second coup derrière la tête l’assomma. C’est plus tard qu’elle se réveilla, dans la cale d’un navire, attachée et bâillonnée. Ce fut une longue attente, une attente effrayante pendant laquelle elle sursauta plusieurs fois, à chaque fois que quelqu’un passait non loin d’elle, un frisson la parcourait. Dans le noir total, elle tenta tant bien que mal de trouver une position confortable. Le temps passa lentement, la faim et la soif commencé à la gagner alors que seul le bruit des vagues frappant la coque du navire et le crissement du bois lors des manœuvres l’accompagner dans sa solitude.

Elle ne sut jamais combien de temps il s’était passé. Combien de temps elle était restée enfermée dans la cale de ce navire. Mais, elle comprit rapidement qu’elle était arrivée à destination lorsque peu à peu, le claquement des vagues contre le navire diminua. C’est une dizaine de minutes plus tard que deux hommes débarquèrent, parlant bruyamment, et sans plus prêter attention à leurs prisonnières, ils la relevèrent et l’emmenèrent de force à l’extérieur. Lou ne résista même pas. Beaucoup trop pressée par son envie naturelle d’aller aux toilettes, handicapée par la faim et la soif, elle espérait simplement se réveiller et revenir à la réalité.

Mais ce n’était pas un rêve, autour d’elle, de nombreuse personne, homme et femme s’affairer à décharger le navire dans une grotte. Une grotte bien aménagée, ou chaque partie étaient occupé pour un objectif bien précis. Ici, chacun savait ce qu’il avait à faire et quand. La bonne humeur régnait et les blagues fusait alors que les habitants découvraient le butin de leur capitaine. Et Lou en faisait partie. Unique rescapée de l’attaque. Elle fut déposée dans un petit cabanon, bien entretenue. D’n coup de couteau, les deux hommes coupèrent les liens et l’un deux lâcha d’une voix grave et rocailleuse.

- Tiens-toi tranquille, si tu tentes de t’échapper, ton sort sera pire que la mort.

Le sang de Lou se glaça, lentement, elle tourna la tête vers lui et hocha la tête. Silencieuse, elle regarda les deux hommes roux allumer la lumière et sortir en fermant la porte. De nouveau, elle était seule. Les larmes ne coulaient pas, elle refusait de comprendre ce qu’il se passer. Immobile, elle attendit assise, au milieu de la pièce. Jusqu’au moment ou la porte s’ouvrit à nouveau. Elle ne savait pas combien de temps il s’était passé, mais, l’odeur d’un repas chaud la fit revenir à la réalité. Lui faisant prendre conscience que la vie continuait autour d’elle. Une assiette fut déposée devant elle, avec de l’eau. Une main ferme se posa sur son épaule et une voix douce se fit entendre.
- Mange.

Elle avait faim, faim et soif, et sans se faire prier, suivant l’injonction donnée par l’homme à côté d’elle, elle mangea.

- Dans le coin au fond pour faire t’es besoin.

La main s’enleva de l’épaule de la jeune femme alors qu’elle hochait la tête. Quelques secondes plus tard, la porte se referma. Elle était de nouveau seule. Rapidement, elle termina son repas et fit ce qu’elle avait à faire avant de s’écrouler comme une masse sur le sol. S’endormant rapidement.

Elle ne dormit pas bien longtemps. Réveillée par le bruit environnant et par la douleur provoquée par le plancher. Elle releva lentement la tête. La réalité la frappa de plein fouet. Non, elle ne rêvait pas. Oui, tout ce qui s’était passé était bien réel. Lentement, les larmes coulèrent sur son visage. Elle se roula en boule, et se rendormit quelques minutes plus tard.

C’est en sursaut qu’elle se réveilla à nouveau, une lumière vive éclairant son visage. Clignant des yeux, elle recula brusquement et grimaça lorsque sa tête cogna contre le mur. Devant elle, l’homme se redressa en souriant. C’était Thoan. Imposant, il la regardait attentivement, guettant la moindre de ses réactions.

Les actions qui suivirent étant interdite ici, nous allons continuer sur un reportage concernant la langouste. Contrairement à une idée largement répandue, la langouste se nourri exclusivement de fruit de mer. Ce qui ne l’empêche pas, de rester très humaine.

Tout ce qu’il y a à savoir, c’est qu’elle comprit rapidement la raison de sa présence en ce lieu. Oui, elle était là pour le capitaine. Pour celui qui donner les ordres. Et elle n’avait pas son mot à dire. Elle ne compta pas les jours qui passèrent, ni combien de temps elle passa enfermer. L’unique raison l’empêchant de sombrer dans la folie, était la présence de la personne lui ayant apporté à manger la première fois. Il était le seul à venir la voir, à faire en sorte qu’elle puisse parler, s’exprimer. Et surtout, l’unique personne qu’elle n’avait pas à craindre. Paul était un homme simple. Trop vieux pour retourner au combat, il s’occuper du camp pendant l’absence de Thoan. Et en ce nom, il prit la liberté de faire sortir la jeune femme et de l’occuper.

Ces moments de liberté était court, bien trop court au goût de Lou qui aurait aimé pouvoir rentrer chez elle. Pouvoir retrouver la civilisation. Mais elle en profita pour apprendre et travailler. Occuper son esprit afin de ne pas penser au retour de Thoan était sa priorité. Oui, elle ne voulait pas penser à lui, elle ne voulait pas se souvenir de toutes ces nuits passées en sa compagnie. Néanmoins, ce fut grâce à tous ces efforts qu’elle se fit remarquer et, peu à peu, elle s’intégra au groupe. Toujours surveillée, elle était néanmoins autorisée à participer aux réparations sur le navire et à se déplacer dans le camp librement. Mais elle n’avait pas le droit à l’erreur, et elle le savait. Obéir, à Thoan, c’était l’unique chose à faire pour survivre. Et surtout, pour éviter toute chose particulièrement désagréable.
C’est un an plus tard qu’elle tomba enceinte. Sans véritablement comprendre ce qui lui arrivait, elle se retrouva définitivement coincée en ce lieu, sans espoirs de s’échapper. Elle qui avait enfin trouvé un peu de liberté, enfin trouvé un espoir de s’échapper un jour, elle se retrouva avec un gosse. L’unique avantage que cela lui procurait était le fait que Thoan était devenu bien plus doux avec elle. Et bien plus attentionné. Au point même qu’elle fut obligée de s’accommoder de sa présence quasi-permanente auprès d’elle. Jusqu’au jour, ou elle donna naissance à un magnifique petit garçon. Qu’il nomma Zess.

Elle n’eut pas le cœur de l’abandonner. Certes, il était le fils de Thoan, mais, pour elle, c’était le sien, et elle s’accrocha à lui. Du moins au début. De l’extérieur, elle semblait avoir accepté son sort, et peu à peu, elle prit confiance en elle. Participant à toutes les activités, n’hésitant pas à boire ou encore à démontrer sa force pour calmer ceux tentant de la prendre de haut. Elle était une femme certes, mais une femme capable de fracasser des crânes si elle s’énervait. Sans compter la présence de Thoan. Intimidante, mettant au clair immédiatement que dorénavant, quiconque toucher Lou risqué de mourir très lentement.

Les années passèrent lentement, sans que Lou ne sache exactement combien, elle compta rapidement les hivers en pensant à ses parents. Qui devaient sans doute la croire morte. Du moins, c’est ce qu’elle espérait. Dans un coin de sa tête, elle craignait que ceux-ci soient toujours à sa recherche. Espérant au fond d’eux que leur fille soit toujours en vie, quelque part, tentant de les rejoindre. Peu à peu, la mélancolie s’installa dans son esprit, apparaissant même sur son visage. Distante, elle perdit peu à peu son fils des yeux, regardant l’entrée de la grotte avec envie. Oui, elle avait envie de partir. De revoir sa famille. Mais elle savait aussi que si elle y parvenait, elle mettrait tout son village en danger.
Cela dura plusieurs mois pendant lesquels sa santé se dégrada peu à peu. Nombreux furent ceux qui le remarquèrent. Peu osèrent cependant faire la moindre remarque. Que ce soit devant elle ou devant leur capitaine. Peu à peu, son fils lui fut enlevé. Et ce fut l’homme qui lui avait tout appris ici qui s’occupa d’elle. Celui qui lui avait appris tout ce qu’il fallait sur le métier d’ingénieur, et celui qui avait fait en sorte qu’elle survive jusque la. Et ce fut aussi lui qui la poussa discrètement à prendre la fuite.

Elle se décida à la fin de l’année 997, alors que Thoan venait de partir afin de trouver une nouvelle proie. Monstre marin ou navire, tant que cela pouvait ramener à manger, cela lui convenait. Préparant son coup à l’avance. Elle profita d’une soirée arrosée pour sortir. Depuis le temps, plus personne ne s’inquiétait du faite qu’elle pouvait s’enfuir. Elle faisait partie de la famille et bien qu’elle n’ait toujours pas le droit de sortir de la grotte, elle n’avait fais aucun écart. Même les ordres de leur capitaine se faisaient plus légers à son sujet. Elle fit semblant de boire après avoir mis son fils au lit, et lorsque la plupart des hommes furent totalement soûls. Elle prit une barque de secours. Elle n’eut pas à faire beaucoup d’effort pour la mettre à l’eau.

L’attachant sur le bord, elle retourna près d’un feu pour prendre une bouteille d ‘alcool et se diriger vers l’entrée de la grotte. La où se trouver le guetteur. La relève se ferait plusieurs heures plus tard. Souriante, elle s’approcha de l’homme pour lui passer l’alcool et, le prenant par surprise, l’assomma d’un coup de tête. En quelque mouvements, elle fit en sorte de l’asseoir afin que les autres pensent qu’il était toujours opérationnel puis, elle retourna vers son embarcation. La détachant, elle monta à bord et rama doucement, aussi discrètement que possible.

Mais comme elle l’avait si bien appris tout au long de sa vie. Rien ne se passe jamais comme on le voudrait. Une fois sortie, elle découvrit où elle était. Nulle part. Continuant de ramer, elle s’éloigna de l’amont rocheux servant d’abri au groupe de pirate. Espérant voir la terre au loin, priant pour trouver un semblant de civilisation. Mais ce ne fut pas le cas. Seul le clapotement de l’eau autour d’elle et le doux bruit des rames venait briser le silence autour d’elle. Il faisait sombre, le ciel couvert de nuage ne l’aider pas à se repérer. Mais, déterminer, elle continua de ramer pour s’éloigner de l’île. Il était trop tard, dans tous les cas, si elle revenait en arrière, le courroux des hommes présents serait terrible. Et sa vie, un enfer. En prenant sa décision, elle avait mis définitivement de côté son fils, et le peu de vie qu’elle avait réussis à construire pendant sa captivité. Une captivité qu’elle regretta bien vite.

Elle rama jusqu’à ne plus en pouvoir, frémissant à chaque mouvement suspect autour d’elle. Sa disparition avait dû être remarquée, et elle n’avait toujours pas trouvé d’endroit sûr. Loin de là. Elle était perdue au milieu d’une étendue d’eau sans fin. Dans le noir total. Sans avoir pris à manger ou à boire pour pouvoir tenir. Se rendant compte de son énorme bêtise, elle posa les rames dans son embarcation et se laissa dériver. La tête entre les mains. Des larmes coulant sur son visage. Elle avait enfin trouvé le courage de fuir, de rentrer chez elle. Et au final, Lucy la laissait au milieu de l’eau, sans rien. Elle n’avait pas réfléchi. Pas assez. Sans bouger, elle s’endormit doucement, bercer par le courant.

Elle dériva ainsi pendant longtemps, beaucoup trop longtemps pour elle. Son ventre gargouillant, sa gorge desséchait. Dérivant sans savoir ou elle allait, sans comprendre comment elle pouvait encore être en vie. Préférant faire la morte pour ne pas attirer l’attention de monstre marin. De toute façon, elle ne savait même pas par où aller. Elle se souvenait avoir entendu parler d’un moyen de se repérer en fonction du soleil et des étoiles, malheureusement pour elle, ce savoir ne lui avait pas été transmis.
C’est au moment où allongée au fond de sa barque, alors qu’elle pensait que la fin était arrivée, qu’elle entendit des voix au-dessus d’elle. Lentement, elle releva la tête. Elle voulut parler, répondre à cette personne dont elle ne comprenait pas les paroles. Mais seul un râle sorti de sa gorge, un raclement rauque et sec. Elle avait soif et peinait à rester consciente. Peu après, elle sentie des mains la saisir, et elle tenta de résister. Pour elle, il s’agissait des pirates, elle allait simplement revenir au point de départ. Et l’enfer allait recommencer.

C’est bien plus tard qu’elle se réveilla. La bouche sèche, le ventre vide. Mais dans un meilleur état que lorsqu’elle avait perdu conscience. Oui, elle était en vie, allongée sur un lit sommaire, dans la cabine d’un navire. Elle mit un certain temps à comprendre qu’elle n’était pas à bord du navire pirate qu’elle connaissait. Et encore plus longtemps pour comprendre qu’elle était sauvée. Ce fut le médecin de bord qui se chargea de l’informer et de la remettre sur pied. Du moins sur le peu de temps qu’elle passa à bord du navire. C’était un navire de la garde se dirigeant vers le port. Et rapidement, elle remit enfin les pieds dans le lieu qu’elle chercher. La civilisation, le lieu ou ses parents habité, le lieu qui lui avait été arraché des années plus tôt.

Une fois arrivée au Port, elle fut interrogée et c’est hésitante qu’elle commença son histoire. Puis, peu à peu, d’une voix monocorde, elle raconta tout ce qu’il s’était passé, tout ce qu’elle avait fait. Malheureusement, elle ne pouvait pas donner de détails sur la localisation des pirates. Elle-même l’ignorait. Et surtout, elle avait peur, peur qu’on la retrouve, peur qu’on la tue, elle et sa famille. Une famille qu’elle voulait revoir.

Ce vœu ne lui fut pas accordé immédiatement et elle passa plusieurs jours enfermés dans une chambre sous surveillance avant d’être à nouveau interrogé par un homme impérieux. C’est tremblante qu’elle sortie de son second interrogatoire durant lequel elle expliqua à nouveau son cas. De la même façon. Et c’est encore plusieurs jours après cela, que son sort fus décidé. Elle aurait la permission d’aller voir sa famille, deux jours, accompagnés de deux gardes. Puis, elle devrait habiter au port le temps que l’affaire soit définitivement réglée. Sous surveillance. Elle accepta le verdict sans rien dire. Elle était libre, libre de vivre à peu près normalement mais aussi, de revoir sa famille.
C’est en forme qu’elle arriva une semaine plus tard à Tarium, escorter de deux gardes de bonne compagnie. Riant, ne cherchant pas à fouiller dans le passé de la jeune femme, ils avaient pour ordre de la protéger et de la ramener en vie au port. Une mission de routine pour des hommes aguerris et c’est dans la bonne humeur qu’ils avaient fait le trajet. Et c’est dans les pleurs de joie qu’ils arrivèrent à la maison de Lou. Enfin, après tant d’année, elle était de retour chez elle en cette fin d’année 997.

Pendant son absence, sa famille avait grandi, c’est avec surprise qu’elle découvrit un petit frère débordant d’énergie et une maison dans un bazar sans nom. C’est en pleurant qu’elle redécouvrit ses parents après tant d’années, et avec soulagement que ceux-ci l’accueillir. Enfin elle était de retour, eux qui avaient refusé de l’enterrer tant que son corps ne serait pas ramené. Eux qui avaient cru jusqu’au bout qu’elle était encore en vie, quelque part. Et c’est dans l’horreur qu’ils apprirent tout ce qu’il s’était passé durant ces années.

Les deux jours passèrent bien trop rapidement, mais c’est avec la promesse de leurs visites au port, que Lou repartit en ville un sourire aux lèvres. Le premier depuis longtemps. Tout était fini, ou presque. Désormais, elle devrait retrouver une vie normale. Découvrir ce dont elle était réellement capable. Et c’est ce qu’elle fit au port. Lentement, prenant son temps. Avec l’aide de quelques personnes qui devinrent rapidement ses amis elle trouva un travail mêlant les inventions et la magie. Mêlant la technologie et les prouesses de ce monde. Et c’est au milieu de tout ça qu’elle se fixa un but. Elle qui avait tant souffert de ses voyages, elle voulait désormais construire ce qu’il fallait pour installer un campement dans n’importe quelles conditions.

Deux ans passèrent ainsi, deux années pendant lesquels la surveillance dont elle faisait l’objet diminua. La menace la concernant ne semblant pas vouloir se montrer, elle oublia peu à peu sa méfiance, accueillant les nouveaux venus avec plaisir. Elle était presque parvenue à tirer un trait sur son passé et désormais, elle allait de l’avant.