- Œuvrer la nuit ou durant un temps particulièrement couvert serait un atout. L'ombre m'est nécessaire pour user de mon pouvoir.
Ain ne s'était jamais questionné sur les capacités de son compagnon. Mais ce qu'il venait de lui dire était effectivement une information importante. La jeune femme n'appréciait pas tellement parcourir la montagne de nuit, pour y avoir vécu la plus grande partie de sa vie, elle connaissait les danger.
- Les montagnes sont dangereuses de nuit.
Elle hésitait. Comptait-il vraiment sur son pouvoir pour se battre ? Si c'était le cas, Ain pouvait parier qu'il n'allait pas faire long feu en tant qu'aventurier... Surtout en ayant une condition si particulière, ils avaient de la chance actuellement que rien ne leur soit tombé dessus pendant le voyage mais malheureusement la plupart des imprévues n'attendent pas que l'on soit prêt pour frapper.
Ils arrivèrent quelques temps plus tard aux portes de la Forteresse. Ils passèrent la première porte, gardée par deux gardes qui n'avaient pas l'air de prendre leur affectation au sérieux, et ils arrivèrent dans le Bourg. Un endroit plein de vie malgré la fraicheur des montagnes qui regorgeait de tavernes, de marchant et de petites échoppes.
Après avoir passé cinq ans en tant qu'aventurière, Ain avait ses petites habitudes aussi elle dirigea directement le binôme dans une ruelle non loin de l'entrée. Elle descendit de son cheval et fit signe à Jhonas de faire de même, avant de mener les chevaux vers une petite écurie qui ne payait pas de mine vue de l'extérieur.
- Bonjour.
Elle se fit accueillir par un jeune palefrenier, qui devait avoir treize ou quatorze ans tout au plus.
- Bonjour messieurs ! Que puis-je faire pour vous ?
- Le patron n'est pas là ?
- Il est parti en ville mais il revient bientôt
- Qu'importe. J'aimerais vous laisser nos montures disons pour cinq jours.
- Bien sur monsieur ! Cela vous fera dix cristaux noirs la nuit par cheval donc heu... dix.. fois deux... pour cinq nuit...
- Tiens. ça c'est pour les chevaux En envoyant un cristal sombre au jeune homme Et ça c'est pour les récupérer à notre retour en lui envoyant un second.
Le jeune palefrenier sourit de toute ses dents.
- On voit que monsieur connait bien la maison ! C'est parfait, revenez dans cinq jours récupérer vos montures !
Ain hocha la tête et fit demi-tour. Elle n'avait pas les moyen de se payer une bonne écurie dans les hauteurs de la forteresse et parmi celle du bourg, celle ci était de loin la plus sûre. Pour peu d'y mettre le prix, on était certains que les chevaux étaient bien traités et surtout étaient rendue... La première fois qu'elle avait laissé un cheval dans une écurie de ce genre, le patron l'avait revendu au plus offrant avant qu'elle n'ai pu le récupérer et avait en plus perdu la caution qu'elle avait laissé au propriétaire du cheval... une belle arnaque.
Après avoir déposé les chevaux à l'écurie, Ain leva les yeux au ciel. Le soleil était encore haut, ils avaient encore quelques heures devant eux avant que la nuit tombe.
- Bon, on va chercher une auberge pour la nuit puis on ira récolter des informations.
L'auberge ne fut pas difficile à trouver. Non loin de l'écurie où ils étaient précédemment, ils trouvèrent une petite auberge qui avaient encore une chambre de libre, avec deux lits séparés. C'était parfait, ils partageraient la même chambre mais cela serait moins couteux. Ain avait beau être une femme, elle l'oubliait parfois mais qu'importe, la plupart des personnes la prenaient pour un homme.
- Je te conseille de garder tes affaires avec toi. On a beau avoir loué une chambre, elles sont rarement verrouillées.
Puis ils repartirent encore afin de trouver une taverne : dans beaucoup d'histoires comme dans la réalité, c'était l'endroit où on récoltait le plus d'informations. Entre les hommes bourrées qui racontent tout et n'importe quoi et les serveuses qui laissent trainer leurs oreilles partout.
Ain s'arrêta devant un petit batiment nommé Le Warg Hurlant, visiblement plein à craquer. Plus il y avait de monde, plus il y avait de chance de tomber sur une bonne information. Elle passa les portes et alla s'asseoir à une table dans un coin de la pièce, invitant Jhonas à faire de même.
- Tant qu'à faire, on va manger ici ce soir
Les serveuses étaient généralement plus incline à discuter lorsque le client consommait... Vif qui avait passé la journée dans la veste d'Ain semblait commencer à se réveiller. C'était certainement les bonnes odeurs de cuisine qui l'ont sorti de son sommeil et il vient sautiller sur la table Oui ! On est au chaud et on va manger chaud !
Premiers Pas.
C'est quelque peu inquiet que je remettais le cheval de Pyke à celui qui n'était pas encore en âge de l'adolescence, non sans avoir pris quelques secondes pour tenter de rassurer la jument par de petites tapes au niveau de son cou. A moins que c'était ma propre inquiétude que j'essayais ainsi de faire baisser. Ou encore un moyen de démontrer l'attachement que je portais à l'animal et de fait, le déplaisir que j'éprouverai à l'entente de toutes éventuelles mauvaises nouvelles lors de notre retour. Voire les trois finalement.
L'auberge fut trouvée avec autant de facilités et je rassurais Ain quant à son conseil, en l'informant que je n'avais de toutes les façons aucune possession à laisser dans la chambre, l'aurais-je voulu. Après quoi, c'est dans une taverne au nom propice à la réputation que nous décidions de nous poser. L'endroit était particulièrement peuplé ce qui ne manquait pas de maintenir une certaine chaleur permanente à l'intérieur. Mon visage se découvrit enfin, mes gants trouvèrent une attache à ma ceinture et quelques boutons de ma veste se défirent. Enfin un endroit plaisant depuis ces dix derniers jours !
A la commande, je me permettais de demander un simple bout de pain avec une tranche de viande lambda accompagnés de la bière locale. Si nous avions à combattre demain il me fallait m'accorder un repas plus réjouissant que les derniers en date et cela, même si le paiement de la facture se ferait à créance dans mon cas. Et tandis que j'observais la serveuse plutôt attrayante dans son genre, il me revenait à l'esprit les « monsieur » à répétition prononcé par le gamin aux écuries, mais surtout la non-contradiction de Ain à ce sujet.
Vif sorti de la veste de l'aventurière et fit quelques petits sauts d'oiseaux sur la table pour se dégourdir les pattes avant d'agiter ses ailes pour attirer l'attention de la demoiselle : maman maman ! J'ai faim ! Ain l'ignora. Le repas allait arriver, il pouvait bien patienter un peu. Et effectivement, quelques minutes plus tard, les deux commandes furent déposer à table par une charmante demoiselle, un peu ronde mais très souriante.
- Et voici pour vous !
Ain la remercia d'un hochement de tête.
- Comment veux-tu procéder ? Je te laisse mener l'investigation ?
La jeune femme haussa les épaules. A vrai dire, recueillir des informations ce n'était pas son fort : il fallait sympathiser avec les gens, discuter, leurs demander ce qu'ils savent... Ain n'aimait pas parler.
- On laisse trainer nos oreilles et si ça fonctionne pas on va demander aux gens.
Elle plongea sa cuillère dans son ragout pendant que Vif y trempa le bec et commença à manger en silence dans le brouhaha environnant. Normalement dans les histoires, c'est à ce moment là que les voisins de table commencent à discuter du sujet qui les intéresse et que le protagoniste intervient pour les questionner. Pourtant, dans la réalité c'était rarement le cas : autour d'eux, il n'y avait que des conversations sans intérêt, sur le nombre de mouton d'un berger ou le mariage d'une demoiselle qui ne semblait pas satisfaite de son époux. Que des futilités qui n'intéressait pas la demoiselle.
- Tout se passe bien ? Je vous ressert à boire ?
Ain leva les yeux vers la petite serveuse qui leur avait apporté à manger. L'aventurière secoua la tête pour répondre à sa dernière question et, sans doute déçu de ne pas faire dépenser des cristaux de plus aux clients, la serveuse alla faire demi tour pour se diriger vers une autre table.
Avant qu'elle n'ai pu tourner les talons, Ain l'interrompit :
- Par contre, on aurait voulu savoir si vous en savez plus sur les attaques sur les chemins de ses dernières semaines ?
Clair, concis et direct. Cela surpris la serveuse qui resta devant elle bouche béante. Mais elle se reprit vite et sourit de nouveau.
- Oui bien sur ! Vous parlez des attaques de Warg ? On raconte que la guilde a fait une demande, seriez vous les aventuriers qui ont été envoyé ?
Ain hocha la tête.
- Génial ! Vous allez nous débarrasser de ses bêtes ? Je sais pas si vous connaissez cet animal mais en tant normal il reste sur son territoire, un peu plus haut dans les montagnes, mais depuis quelques temps, la meute s'est déplacé au nord de la forteresse et tous les chariot qui pénètrent leur territoire se font attaquer... Non pas que ça me dérange, je ne sors pas de la ville, mais bon...
- ANNYA!
Une voix dans la cuisine appela la serveuse.
- Oh je suis désolée, je dois retrouver travailler ! Mais heu.. bon courage en tout cas !
Et la jeune femme reparti aussi rapidement qu'elle était arrivé. Ain avait eu une bonne intuition à questionner la serveuse. Généralement, se sont les mieux placées pour savoir ce qui se passe dans les environs. La récolte d'information aura été fructueuse...
Après avoir récolté des informations, les deux aventuriers se sont rendu sur les lieux des attaques. Effectivement, des warg rodaient dans les parages mais ils réussirent rapidement à s'en débarrasser. Cependant la quête dura quelques jours, Ain préférait rester sur place et profitait de la chambre de l'auberge pour vérifier que les créatures n'allaient pas revenir. Après tout, il aurait été dommage de virer des Warg pour que d'autres créatures les remplacent... Mais visiblement, une semaine après, plus aucune mention d'attaque n'a été faîte par les voyageurs... Encore une quête qui fini bien.
Ain entraina Jhonas dans l'annexe de la guilde à la forteresse afin de déclarer au plus vite la réalisation de la quête. Ils ne seraient pas payer de suite, le temps que des examinateurs aillent vérifier si le travail est bien accompli. Mais dans tous les cas ils auraient encore besoin d'une demi-lune pour retourner à la capitale. D'ici là, Ain espérait que tout soit clôturé.
Ils récupérèrent leurs montures et le trajet du retour se fit aussi tranquillement qu'à l'aller. Ain salua Jhonas aux portes de la capitale avant de rentrer de son côté. Après avoir passé près d'une lune en sa compagnie, elle avait bien besoin de s'isoler un peu...
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