Tentant de me dégager, ce dernier serra sa poigne sur mon bras meurtri. Et dans un sourire tout plein de crocs, il me fit signe de la main vers une autre direction. Mon regard se détourna, comme pour ne pas voir cette horreur que ce dernier voulait me montrer. C'est alors que les deux mains de Jeanne se posèrent contre mes joues, m'obligeant à tourner la tête dans la direction souhaitée. Ce que je vis me fit pâlire tel un fromage blanc. Un homme la tenait face à moi, le plus droit possible pour que je puisse la voir en entière. De la dentelle, de la soie .. Une robe de mariée..
Je me débattais tellement que mon corps tomba du canapé. Mon regard balayait la pièce de droite à gauche accompagné de ma respiration saccadée qui trahissait ma peur. Je m'apprêtais à sauter sur le côté, en cas d'attaque réitérée, mais rien n'arriva. Il me fallut bien deux bonnes minutes avant de retrouver mon souffle ainsi que ma raison. Assise sur le sol, mon bras gauche se posa sur l'assise du canapé pour prendre appuis sur lui et me relever.
"- Damnation.."
J'avais un de ces mal de crâne... Portant ma main droite contre mon front, je me massais la tempe doucement, tentant de me remémorer mon rêve. On dit que les rêves ont un rapport direct avec des évènements vécus, ou des films ou situations. Mais franchement, moi je ne comprenais pas... J'avais fait quoi déjà hier ? Titubant légèrement, je vins m'asseoir à la table, ou une bouteille de cognac était sortie. Les évènements de la soirée me revenaient petit à petit.. Merde... Il fallait que je retourne voir Amadeus. Mais avant ça.
Soignons le mal par le mal, pensais-je en me servant un fond de cognac.
La main droite plaquée sur mon front, je me remémorais cet étrange rêve.
"Monsieur ? Vous allez bien ?"
Cette voix ... Je reconnais celle de d'Arthur. Qu'est ce qu'il fait dans mon rêve ce morveux ? Je n'avais pas envie de voir sa tête dans mon rêve. En plus j'ai mal à la tête donc il faut pas qu'il me parle trop longtemps. Attendez une minute, si j'ai mal à la tête c'est que je ne suis pas en train de rêver là ? Donc il y a bien Arthur dans la pièce. Mais quel heure est il pour qu'il soit venu me chercher dans la dépendance derrière la forge. Je soupire et ajoute à l'intention de mon apprenti d'une voix aussi rocailleuse qu'endormi.
"Hum, ça va, juste longue journée ... l'est quel heure ?"
"Il est presque neuf heures."
Merde, si tard ? D'habitude il est rare que je me lève après sept heure et demi. Je ne suis pas du genre à paresser au lit. Et puis en parlant de lit, celui-ci est incroyablement dur. Mes mains tatônnent, ah ben tiens ce n'est pas sur ma paille habituelle. Je m'étais endormi par terre près de la forge. Heureusement que les clients n'arrivent jamais avant dix heures. Je me lève du sol et remarque ma tenue effroyable. Arthur doit être plein de question, mais moi je me rend surtout compte que la soirée s'est terminée de façon abrupte et j'espérais ne pas avoir froisser la demoiselle. Je me redresse et annonce à Arthur
"Bon Arthur, je te laisse avancer un peu le travail aujourd'hui. Je dois m'absenter pour la journée, fais de ton mieux. Et je te laisse gérer les clients qui arrivent à l'atelier."
Je ne lui laisse pas le temps de poser plus de question et part prendre une douche. Ensuite directement mes vêtements. Je ne vais pas remettre les friches de la veille. Un petit coup d’œil dans le miroir, et me voilà déjà parti de l'atelier laissant l'atelier à ce cher Arthur. Je me dirige vers la taverne pour récupérer l'adresse auprès du barman. Celui-ci me dévisage et veut me poser des questions, mais quelques cristaux le fait taire avant de m'indiquer la bonne direction. Je m'élance d'un pas pressé en direction de l'antre de la demoiselle, puis en prenant mon courage à deux mains, je me décide à taper à la porte. Qu'est ce que j'allais dire ? Me confondre d'excuse ? Lui parler comme si de rien n'était ? Je ne sais pas ... Je verrais bien le moment venu. Je pense surtout que j'adapterai en fonction de sa réaction à elle, attendant dès que la porte s'ouvre, je ne peux m'empêcher de tergiverser.
Mon festin jouissif fut interrompu. Quelqu'un toquait à la porte. Levant les yeux je regardais l'heure. Il était pourtant pas si tard, mon visiteur était bien matinal. Etait-ce la dame pour le loyer ? Roh quelle mégère celle-là aussi. J'étais en règle tous les mois, juste je ne payais pas forcément à la date convenue. Mais je finissais toujours par payer et en plus, j'lui ramenais une bouteille de pinard. Elle allait pas se plaindre quand même ? Ou peut-être était-ce Marty ? Roh. Avais-je fais des conneries hier ? Je me souvenais de toute la soirée, enfin, oui on va dire, et c'est vrai qu'on avait mis un peu la pagaille. Mais dans le fond, rien de pire que d'habitude non ? Ah mais non. C'était sûrement Jin en fait, il devait venir me quémander de la bouffe ou un service. Sans plus tarder je me dirigeais vers la porte pour aller voir ce que voulait mon ami. J'ouvris alors ma porte. Pieds nus, en train de croquer une patte de poulet, avec les affaires dégueulasses de la veille, les cheveux en batailles.
"- Salut Feu-... Amadeus ?"
Clignant bêtement des yeux, je regardais mon visiteur. Les souvenirs d'hier remontèrent. Mais le voyant là tout penaud sur le pas de ma porte, avec ma veste dans les mains, il avait clairement pas l'image du pervers séquestrant des femmes que j'avais imaginé hier. Comment diable avais-je réussis à en venir à cette conclusion ?
"Entrez entrez."
Tout en me décallant, je fis signe au marchand d'entrer. Et avant même qu'il n'essaye de bredouiller quelconque excuse je lui fis signe de la main pour se taire.
"- Je vous dois des excuses pour hier, j'espère que vous n'êtes pas en arrêt de travail à cause de moi tout de même ! .. Attendez moi 5 minutes, le temps que j'aille me changer. Si vous voulez y'a de quoi vous faire un irish coffee, faut soigner le mal par le mal !"
Questionnais-je en esquissant un sourire, bien qu'un peu embétée que ce ne soit vraiment le cas. Je n'attendis pas vraiment sa réponse et me détournais en rigolant. J'allais pas rester dans cette tenue, c'était un peu décrédibilisant. Ah tiens, j'ai encore mon poulet dans la main. Continuant de manger en marchant, je me rendis dans ma chambre, pris une douche rapide et me changea avant de retourner dans la pièce principale.
"Je vous dois également des excuses pour ma conduite d'hier qui a été inacceptable, et sachez que je ne vous en veux en aucune façon de ce qui s'est passé hier. Je suis entièrement responsable et je tiens à vous présenter mes excusez ."
Cela me faisait bizarre de repasser au vouvoiement alors qu'hier nous nous étions tutoyer. On a l'impression qu'il y avait une sorte de gène qui s'était installé entre nous. Je n'étais pas particulièrement à l'aise pour crever les abcès, mais il fallait bien que ça sorte. Mais je ne savais pas tout à fait par où commencer. Il y a avait vraiment tellement de sujet à aborder d'hier, que je préférais les éluder pour la plupart. Je m'assois sur une chaise et regarde la pièce autour de moi. Voir la demoiselle avec un pilon de poulet m'a ouvert l'appétit. Je n'avais rien mangé depuis hier, et je n'ai pas eu la présence d'esprit de manger quoi que ce soit avant de partir. Faudra que je pense à m'arrêter commander quelque chose de gras pour éponger tout cet alcool. La demoiselle avait davantage l'habitude que moi par rapport à cela. Je ne pus qu'aborder point par point ce qu'il s'était passé lors de la dernière soirée.
"Par rapport à ce qui s'est passé, je ne voulais pas vous offenser par mon attitude, c'était stupide de ma part. Euh ... je ne veux pas que vous croyez quoi que ce soi. Je dis pas que j'ai pas apprécié vous embrasser mais je voulais pas que ... enfin vous ... voilà quoi. Et puis aussi ... rhôo tu m'en veux pas si je repasse au tutoiement, ça me fait tellement bizarre de te vouvoyer ..."
J'essaie de faire abstraction du ridicule de la situation. je ne sais même pas pourquoi je m'excuse pour avoir aimer l'embrasser ? Pour avoir gagné parfois et perdu d'autres fois ? Non je pense qu'elle a l'habitude de ce genre de soirée, je crois que c'est peut être juste malaisant car c'est ma première soirée qui part en sucette de la sorte. Bon il y avait bien une fois où j'ai bu avec une amie, Maude Erassion, mais cela ne compte pas, nous n'avions pas eu une soirée aussi mouvementée. En même temps Maude est vraiment une trouble fête. Quand elle est là, la soirée a du mal à s'emballer. Je fini enfin par ajouter
"Oh, j'ai oublié, j'ai aussi récupéré tes dés ..."
Je les sortais de ma veste pour les déposer sur la table
"- Non non ne vous en faites pas, ch'était une choirée amuchante.. On était rond comme des queues de pelles l'un comme l'autre hein."
Parler la bouche pleine ? Ouai ouai, c'était ce que je faisais en mangeant mes cornichons. Je fis un signe de tête au marchant pour qu'il en prenne également, avant de reprendre mon verre de cognac.
"- Pis tutoyez moi chi vous voulez hein. On a pas élevé les cochons ensemble, on a fait pire vous savez .."
Je me mis à rire de ma propre remarque. Pourtant stupide. Mais oh hein, j'avais pas totalement décuvée, on va pas m'en vouloir de m'auto-vanner quand même ?
"Merchi pour mes dés, j'aurais mis un avis de recherches chinon... Allez venez. J'vous invite à manger un kebab de Gloot, pour me faire pardonner de vous avoir frappé."
Tout en me redressant, je pris mon verre pour le poser dans l'évier et invitais le marchand à me suivre. Je pris une autre paire de bottes à l'entrée et les enfilais. Bon, le kébab de gloot c'était peut-être pas l'endroit le plus adapté pour quelqu'un comme Amadeus, mais celui qui le tenait, c'était un bon pote à Marty, et il me faisait toujours des reducs alors bon. Je pris une flasque qui trainait sur la commode d'entrée et ressortis, le marchand à mes côtés.
"- Alors, vous leur avez sortis quoi comme excuses a vos collaborateurs ? Que vous êtiez pris d'un drôle de mal de crâne ?.. Oh d'ailleurs j'ai fais un de ces rêves.. Y'avait Jeanne dedans, et un bateau pirate.. J'vous raconte pas le carnage ! "
J'omettais volontairement de lui raconter que j'avais rêvé de lui, mais sous forme de bête avec des gants. Tout de même le pauvre, lui et son visage aux traits fins et imberbe de princesse, il aurait vite déchanté..
"Je pense que nous avons été tous les deux victimes de l'alcool pour ce qui est de nos rêves. J'ai vu pour ma part la déesse Lucy effectuer des prises de catch à des démons et ..."
Puis vint le moment génant de mon rêve que j'ai préféré éludé juste à temps. Je ne voulais pas lui dire que je l'avais suivi dans mon rêve au point d'être suffisamment collant pour me prendre un bourre-pif une deuxième fois. Et puis, ça ferait un peu harceleur psychopathe si je lui racontais tout en détail. Certains points de l'histoire devait, de toute façon, rester un mystère. Le kébab de Gloot n'était pas très loin à ce j'avais cru comprendre. Bien cela tombe bien, je commençais vraiment à souffrir de la faim. Enfin, pas assez pour manger un cornichon à cette heure là de la journée. Je me doutais cependant que la demoiselle s'attendait peut être à une fin d'explication de ma part donc j'ajouter d'un air détaché.
"Et là une personne est arrivé en se projetant dans l'espace temps, avec des lunettes bizarre et une tenue orange en criant "Hello mon chou la cavalerie est arrivée". J'ai pas bien compris, et puis il y a eu ce singe avec ses lunettes et un bretteur fusionné dans du métal ... Enfin bref... pour ce qui est de mes collaborateurs, j'ai Arthur qui peut gérer la boutique quand je suis pas là ou malade. J'ai entièrement confiance en lui"
Tiens ça pourrait faire l'objet d'une vrai histoire cela. Mais bon, il valait mieux que je recentre la conversation sur notre déboire de la veille. Je m'apprêtais à la suivre quand une idée me vient. J'attrape l'un des dés et le jette à la demoiselle pour qu'elle l'attrape au vol. C'est une idée qui m'est venu comme ça et je sais que la demoiselle n'a jamais refusé un petit jeu pour pimenter la chose. Désignant le dé à 6 côtés, j'ajoute d'une voix calme pour ne pas la brusqué en cas de gueule de bois, ou pour ne pas que cela résonne dans ma tête je ne sais pas bien ...
"Petit lancé de dé ? Le plus haut chiffre invite, je tiens moi aussi à m'excuser donc permets moi d'insister pour payer ce kébab"
Pour ne pas lui laisser le temps de protester, je lance mon dé directement sur ce qui devait servir de table à la demoiselle. J'obtiens un 5 ! Parfait ! Sauf si Lucy en a décidé autrement, je payerai la note à 4 chance contre 1. Ah tiens d'ailleurs ça me fait penser.
"En cas d'égalité on sépare la note en deux ..."
"- J'vous préviens, si je perds et que je prends l'addition, vous paierais les maca-gloot."
"- Tu es dure en affaire !"
Répondis-je au marchand, qui venait de me lancer un défi. Sacre-bleu, on venait à peine d'emerger que déjà il voulait replonger ? J'ouvris la flasque et en pris une gorgée. Un demi-sourire s'étira sur mes lèvres, sur la partie gauche de mon visage. Soit. Dé en main, je fis un lancé simulatné au sien . "4". Ah, alors les maca-gloot étaient pour moi (= macaron en forme de gloot).
"- Comme quoi, faut jamais parler trop vite !"
Résignée, je fis signe au marchand de me suivre, tout en rangeant mes affaires. Une fois prêts, nous sortîmes dehors, où le soleil battait déjà à plein régime. Bon dieu, ne pouvait-il pas faire de grasse matinée lui aussi ? Il allait me griller la rétine. Plissant les coeur, nous prîmes la direction de la taverne de Marty. Comme on dit, "Toutes les directions vous ramenes à votre tavernier".
"- Bon et Amadeus, Amad, je peux vous appellez comme ca , vous ne vous en offusqu-..."
Mes pas se stoppèrent net, tout comme ma phrase resta en suspens, devant la facade d'une maison. Dans la cour, trois personnes dont une femme et un homme d'une trentaine d'année ainsi qu'un homme plus vieux discutaient et semblaient se chamailler.
(femme) "- Je vous dis que je n'en veux pas, il va attaquer mes enfants par la sainte Lucy!!"
(homme) "- T'as cru que j'en voulais moi ? J'ai déjà deux familiers de gardes, je vais pas en prendre un troisième, il va les bouffer. Pis vu sa gueule merci .."
(vieux) "- Je vous en pris calmez vous tous les deux. Vous avez accepté le testament, alors tout vous reviens.Il vous faudra trouver une solution rapidement nous ne pouvons pas-..."
A vrai dire, ce n'était pas eux que j'avais vu, mais le Coeurl. Il était assis près du portail et fixait la rue. Non. Il me fixait moi. D'un air méprisant. J'émis un claquement de langue agacé. Voyant que je venais de faire un pas dans sa direction, la bête se contracta et montra les crocs. Je pris place moi, accroupis devant lui, fixant la bête dans les yeux.
"- Alors beau-gosse, tu montes la garde ?"
(homme) "- Madame.. éloignez vous de ce grillage ! Vous allez vous faire attaquer !" surgit alors le jeune homme de tout à l'heure, surement apeuré de me voir défigurée et de devoir me payer les soins.
"- Il ne me fera pas de mal. Pourquoi le ferait-il ? Il sait qui à le dessus."
Un large sourire s'étira sur mes lèvres, sans détourner mon attention pour autant de la bête. Comme si ce dernier me comprenait, le Coeurl émit un grognement plus rauque. Et pourtant, il semblait pas prêt à m'attaquer. Juste méprisant.
"- Amad venez. Mais, venez je vous dis ! Regardez cette musculature et ces pattes.. Ca vous déchiquette un humain comme pas deux cette bête là.."
Amad ? Bon c'est un bon petit surnom moi j'aime bien. Je sens venir gros comme une maison les jeux de mots pourris style "A ma droite" ou "A ma dernière cuite". Mais allez, si ça lui fait plaisir. De toute façon, j'ai gagné au dé donc j'étais dors et déjà satisfait de la suite des événements pour râler pour un simple surnom. Après j'étais assez intrigué par cette absence de fin à sa phrase. Quelque chose a du l’interpellé. Par pitié que ce ne soit pas une taverne ou une connerie du genre, mon foie n'est pas prêt pour consommer encore plus d'alcool. Non à ma grande surprise il s'agit là d'un couple et d'un vieillard en train de discuter. Tiens, elle fait dans le social maintenant ? Alors que je la vois s'approcher, je comprend maintenant ce qui l'intéresse. Un Coeurl au visage patibulaire mais presque commençait à lui montrer les dents. J'aurai bien fait mon guerrier courageux à m'approcher pour m'interposer entre la belle et ce clochard de coeurl, mais il y avait un soucis majeur : je ne suis pas un guerrier, et le courage n'est pas une de mes qualités.
"Attention Mad ... il a l'air assez énervé celui là ..."
Je ne suis pas tout à fait serein à l'idée de me dire que la mercenaire va s'approcher de l'animal. Ce dernier a les yeux injectés de sang, je le vois. Il veut en découdre clairement, et la demoiselle semble amuser de la situation. Mais elle est malade ou quoi ? Bon en même temps c'est pour ça que je l'ai engagé. Non, pas parce qu'elle est malade, mais parce qu'elle n'a peur de rien. D'ailleurs la bête doit le sentir, car si elle se trouvait agressive avec les autres villageois, elle ne semblait pas avoir de mauvaises intention à l'égard de Mad. A mon avis la bête avait senti à qui elle avait à faire. Je pouffe de rire et indique à l'homme inquiet pour Mad.
"Oh vous en faites pas, à votre place j'aurai davantage peur pour la bête que pour la demoiselle. Elle paye pas de mine, mais elle est plus féroce qu'un Fenrir."
Je soupire tout de même après. Bon c'est bien beau qu'elle nous fasse son numéro de Brige Hitbardo à aimer toutes les bébettes des environs mais ce n'était clairement pas le moment. Je vois le vieil homme arrivé avec une arbalète en mettant en joug la bête. Il est malade le vieux. Je pose ma main sur le carreau d'arbalète et baisse cette dernière pour lui signifier que tout est sans danger. Je ressens soudain une sensation étrangement familière. Je regarde ma main et voit que j'ai oublié de mettre mes gants. Devinez qui est le boulet qui vient de toucher la partie en fer du carreau d'arbalète ? Je vous le met dans le mille. Je me retrouve avec un carreau d'arbalète comme planté dans la main. Je soupire et lance un regard assassin au vieil homme. Je vais maintenant avoir une pointe en fer dans la main pendant toute la sainte journée. Je crois que Lucy est vraiment partie au toilette cette fois ! Je peste sur le vieil homme en ajoutant
"VOUS POUVEZ PAS FAIRE ATTENTION, vous allez finir par blesser quelqu'un !"
"Je ... votre main, je comprend pas, j'ai pas pressé la détente ..."
"Bon Mad, fait ce que t'as à faire, je commence à avoir faim moi ..."
Mon autre main frappe mon visage d'exaspération. Pourquoi diable il a fallu que cet énergumène soit là à cet instant précis avec une arme en fer qui désormais fais partie intégrante de mon corps. Bon sang, y a des jours où j'aurai mieux fait de rester couché. Mais bon, heureusement que la compagnie de la demoiselle réussie à me faire oublier la présence inesthétique d'une pointe en fer dans ma main. Je casse le bois du carreau qui dépasse de ma main avec mon autre, et j'enfile des gants. Cela m'apprendra aussi à être négligeant avec ces détails ...
Me redressant sur mes genoux, je fis demi-tour sur moi-même pour regarder ce qu'il se passait. Amadeus venait d'hausser la voix sur cet homme, qui visiblement pointait son arme sur la bête. En voilà une drôle d'idée. Cet homme voulait abbattre son propre familier ? Dans quel but ? Baissant les yeux, j'observais le fer du carreau de l'arbalète interargir avec la main du marchand. Etait-ce son pouvoir ? Un aimant à métaux ? Etrange. Il revétit ses gants rapidement.
"L'arbalète. Rassurez moi, l'arbalète, vous la pointiez sur ma tête, ou sur votre animal ?"
(homme)"- Ce monstre n'est pas à moi ! Il appartient à feu mon père." S'offusqua l'homme
"- Il sent votre hostilité."
(homme)"- Et alors quoi, je devrais l'aimer ?"
"- Non. Mais vous devriez lui montrer du respect."
(femme)"- Mais qu'est ce qu'il ne faut pas entendre ! Vous savez quoi, mais prenez le ce monstre ! Personne n'en v-..."
"- Combien ?"
(femme) "- -veut... Pardon ?"
"- Vous en voulez combien pour le coeurl. Vendez le moi."
Le groupe d'inconnu me regarda, hagard avant de s'auto-concerter, d'un air grave, mais surtout inquiet. Ils reprirent leur débàt, se remémorant que dans tous les cas, personne ne le voulait. Leur père était un de ces riches qui avait pris le famillier pour garder sa maison. Sa fonction principale étant de dissuader les éventuels voleur. Et visiblement, il dissuadait également l'homme et la femme d'une trentaine d'années re le récuperer, beaucoup trop effrayés par la bête. J'émis un claquement de langue agacé.
"- Très bien, alors debrouillez vous pour le revendre. Les familliers après avoir été avec un premier maitre se vendent moins bien, parce que les gens ne veulent pas d'un animal ayant déjà un passé et devoir perdre leur temps à recrée des liens. Sans parler de son aspect, bébé c'est adorable. Grand comme ça... Avec un peu de chance, vous trouverez un acheteur qui se servira de lui pour faire des combats illégaux entre famillier."
(homme) "- Ca serait toujours ca de pris, au moins on l'aurait plus sur le dos."
"- Vous avez raison. Votre père doit se retourner dans sa tombe en vous entendant dire de telles conneries."
Interdits, les deux personnes d'une trentaine d'années me fixaient, outrées. Le vieux semblait lus sage et tenta de leur faire entendre raison. C'es lui qui mena le débat possiblement était-il un ami de leur famille et les deux personnes les enfants du disparu. Après avoir fixé un prix, ce dernier me fit signe de tête et me donna une clef pour aller décadenasser la chaine reliée au crochet sortant du bitume. Visiblement, il ne voulait pas le faire lui même. Je pris la clef, échangeant une bourse remplies de cristaux et passa le portail. Le coeurl, assis au sol me suivait du regard et se leva, commençant à décrire des cercles autour de son crochet au sol. Une fois à côté de lui, mon regard se posa sur lui, le fixant dans les yeux. Il arreta son cercle et me montra ses dents, sans pour autant se montrer plus hostile que cela. Sans le quitter des yeux, je m'accroupis et tendis la main, paume vers le ciel plus bas que sa gueule. Baissant légèrement la tête, il la renifla avec dédain. Comprenant que je venais en paix, la bête me laissa le décrocher du sol, sans m'attaquer. Je lui laissais néanmoins sa chaine autour du cou et pris l'autre bout dans ma main.
"- Allez viens petit diable."
Sur ses gardes, le Coeurl se mit à avancer derrière moi, étonnement. Mais une fois ressorti de la cours, je restais à bonne distance des trois inconnus. La femme venait de donner un livret à Amadeus, afin qu'il me le remette après. Sur la couverture dans une typographie des plus douteuse était écrit en majuscule "RHESUS". C'était un document de propriété ainsi qu'un suivi sur la vie de la bête.
"- Allez venez.. viens Amadeus, désormais nous sommes trois à avoir faim.." Nous avions salué d'un signe des têtes les trois personnes et leur tournions désormais le dos.
(femme) "- Attendez.. ! Mais pourquoi vous le voulez absolument.. ?"
"- Bah. Pour faire des combats illégaux et le revendre pour sa fourrure, quelle question !"
D'un haussement dépaule, je repris ma marche. Le coeurl lui avait émi un grognement de protestation. C'était une blague évidement, mais mon humour ne devait pas être à sa portée. Il n'opposa néanmoins pas de réticente et marcha à côté de moi, toujours relié à sa chaine.
"- Dis moi, sur le carnet, est il écrit son nom ? ... Bon. Et puis.. ca mange quoi ce genre de bestiaux, des patates ? "
"Que vous n'en vouliez pas c'est une chose, que vous décidiez de vouloir ôter la vie en est une autre. Et par votre faute je me retrouve avec un carreau dans la main. Comment allons nous nous arranger Monsieur ? Je vais voir la garde pour dire que vous m'avez tiré dessus ? Ou bien avez vous conscience du préjudice occasionné et ferez vous une ristourne à mon amie qui en plus vous ôte un de vos problèmes ..."
"C'est du chantage que vous me faites Monsieur ?"
"Non, c'est un échange de bon procédé. Mais si vous estimez être dans votre droit, je propose d'appeler la garde pour leur parler de mon agression ... Disons que la preuve aura du mal à être plus évidente ... d'autant que nous savons tous les deux que vous avez gonflé le prix véritable de l'animal."
"D'accord, j'ai compris ... Je lui fais à moitié prix ... tenez voilà la moitié, et son carnet de suivi médical. Maintenant on est quitte n'est ce pas."
"Bien évidemment mon bon Monsieur, oh et si vous avez besoin d'un autre carreau d'arbalète. N'hésite pas à passer à mon atelier, je vous ferais un prix ..."
Et voilà comment on réussit à se faire de l'argent en jouant sur la culpabilité des gens. Honnêtement, cet homme là le méritait. Il avait essayé de revendre un tiers plus cher à la demoiselle, mais on ne l'a fait pas à un marchand comme moi. J'avais assez participé à des transactions pour déceler celles qui n'étaient pas honorable et là pour le coup ... Je recomptais les cristaux, prudence est mère de sûreté. Bon, il semblerait qu'il ait compris que c'est pas dans son intérêt de nous doubler. Bien, je peux mettre cela de côté en attendant que la demoiselle revienne avec sa bestiole. D'ailleurs comment l'ont t'ils nommé ? Alors je réussi à deviner la fin ça fait Esus. Mais pour le devant impossible à décrypter. Quand Mad revient à mon niveau avec la bête, elle me demanda son nom. J'hausse les épaules.
"C'est tellement mal écris que va savoir, ça fini en -Esus. Maintenant libre toi de mettre ce que tu veux dedans. Ah et au fait !"
Je lui jette les cristaux que j'ai pu négocier auprès du vendeur. Il y avait la moitié du prix qu'elle a payé en cristaux.
"Un jour, faudra que tu apprennes à marchander, cela te permettra d'avoir plus de cristaux à dépenser ailleurs... D'ailleurs je crois que tu en auras bien besoin car je crois qu'il s'agit d'un animal carnivore ..."
Roger, un Feupagnol herbivore de 5 cm. "-hésus", Coeurl d'un mètre carnivore avec des dents tranchantes comme des lames de rasoir. Non franchement, ca allait être de la tarte. Ca devait pas être bien compliqué toute manière.
Amadeus me jetta une petite bourse que je récuperais au vol. Tiens, n'était-ce pas celle que j'avais donné à l'homme ? Comment se faisait-il qu'il restait encore des cristaux dedans, n'avais-je pas fait le bon compte ? Eh. Marchander ? Moi ? Autant je pouvais être intretable niveau négociation d'une addition ou d'un réglement dans une tavrne, autant les bêtes, je n'y connaissais que dalle.
"- Oh ah... Merci. Un carnivore, ça mange pas de patate alors um.. Des mantabus ? Des ptidodos ?"
Eh bien quoi ?.. Le feupagnol de Alex en mangeait, alors j'avais pensé...Perplexe mon regard se reporta sur le coeurl qui marchait à côté de moi.
"- Rhésus, tu vas t'appeller rhésus. Ca sonne bien"
J'avais pensé à Jésus, mais allez savoir pourquoi, le "R" sonnait mieux. La bête releva la tête et me montra ses crocs, accompagné d'un feulement avant de la redetourner pour regarder aux alentours. C'était un signe qu'il approuvait non ? L'animal se raidit d'un coup. Il se mit à tirer en avant, me trainant avec lui. Surprise, je tentais de le retenir, mais il me faisait accelerer le pas jusqu'à ce qu'il s'arrete devant une sorte de charriotte. Des morceaux de viandes se trouvaient empallé sur des broches et un homme raclait ces dernières pour couper de fines tranches qu'il mettait dans du pain. Le Coeurl s'affaissa, prêt à bondir sur le monsieur. Sur une pancarte, on pouvait lire "KEBAB DE GLOOT". Visiblement attiré par l'odeur, le coeurl nous avait emmener à destination
"- Woh woh je crois que bébé à faim ahaha. Tu avais raison Amadeus, je crois qu'il doit bien apprecier la viande lui aussi !"
L'homme au couteau me fis un sourire, bien qu'il semblait un peu effrayé par la bête.
(Erik le Kebabiste) "- MMP ca faisait longtemps.. trois jours .. ?"
"- Aha bonjour"
(Erik le Kebabiste) "- Quelle est donc cette bête.. ?"
"- Ah oui pardon, je te présente Amadeus !"
(Erik le Kebabiste) "- Je parlais pas de lui, mais de ton monstre par terre aha .. Mais alors c'est lui, "Amadeus" ?
Interloquée, je fis pivoter ma tête vers le marchand, en haussant les épaules ne sachant de quoi le kebabiste parlait.
(Erik le Kebabiste) "- Bah, le gars que t'as épousé ! Félicitation d'ailleurs, si on s'attendait à ça tiens !"
Aha aha, rire géné. Voyant que le coeurl s'agitait, le kebabiste lui jeta un morceau de gloot, que ce dernier attrappa au vol.
(Erik le Kebabiste) "- C'est vot' cadeau de mariage la bête ?"
"Bonjour Erik, Mad m'a beaucoup parlé de vous. Il parait que vous êtes le meilleur chef Kébab de la capitale, j'ai hâte de goûter à vos plats !"
Puis vint la discussion du cadeau de mariage. En soit, c'était aussi un cadeau que j'avais fais à MMP. J'avais bel et bien participé financièrement à l'achat de la bestiole. Grâce à moi ne l'a t'elle pas payé moitié prix grâce à une négociation rondement menée ? Bon, je m'en suis sorti avec une pointe de carreau dans la main, mais après tout, j'ai même gagné de la matière première pour ma forge. Comme quoi, il y a toujours de bonne raison de négocier quand on est gagnant/gagnant. Tiens d'ailleurs cela me donne une idée, après tout il n'y a pas de petite économie, je vais essayer une technique de négociation par le sentiment. Allez, je suis plutôt en veine aujourd'hui, ne dit on pas jamais deux sans trois ? Je pris ma voix la plus cordiale qui soit et ajouté.
"Rien n'est trop beau pour ma chère et tendre. On a eu énormément de chance de se rencontrer et d'avoir rencontré des gens formidables. Pour fêter cela on a même le tavernier qui nous a offert une grande tournée, on a le propriétaire de cette petite merveille" désignant Rhésus "Qui nous l'a vendu bien en dessous de son prix de base. Et je ne parle pas de mon apprenti qui nous a promis de faire les alliances lui même. On a énormément de chance d'être entouré de personne formidable .."
"Ah ben ça, c'est normal, c'est un mariage, c'est normal d'offrir un cadeau. Tenez aujourd'hui c'est ma tournée, prenez ce que vous voulez, dans la limite du raisonnable."
Lucy m'accompagne ! J'ai l'impression que tout me sourit ces derniers temps. C'est tout de même une aubaine d'être autant en veine. Je passais la commande en suivant la commande de la demoiselle, n'étant pas un fin connaisseur de kébab de Gloot. Alors qu'il s'affairait en cuisine, nous prenons place à une table un peu éloignée pour être davantage tranquille et pour que le coeurl ne soit pas sur le passage. J'ajoutais d'un air amusé auprès de la demoiselle armé d'un sourire satisfait
"Oh, je commence à prendre goût au mariage."
Le laissant continuer sa mascarade, mon regard se posa sur la liste de choix. "Kebagloot sauce Larissa" ou "le kebagloot agluti" ? Le nom me faisant plus rire car il corespondait typiquement au gloot, je pris le deuxième choix. Agluti, abruti.. A peu de chose près.. Mon choix fait, je pris également une barquette de Bacon-gloot. Les tranches de lard de gloot devraient convenir au palais du coeurl. Erik ne perdit pas de temps et d'un geste savant coupe finement les tranches de gloot pour les disposer sur des morceaux de pain. Puis, il fit griller le bacon-gloot et me le mit dans une barquette en nous donnant en plus deux verres de pinard.
Le coeurl s'agitait de plus en plus, tentant de me faire comprendre qu'il crevait la dalle. Il tirait ici et là, puis venait se cogner dans mes jambes pour essayer de me faire tomber et ramasser la bouffe. Mais je n'allais pas céder. Il attendrait non mais oh, ce malotru. Une fois regagnée la table, je pis place en face d'Amadeus et fis signe à Rhésus de s'asseoir. Ce dernier ne mécoutait pas, ayant la tête à moitié sur mes genoux en train de me baver dessus et de grogner à la fois. Me voilà contrainte de poser la barquette au sol si je ne voulais pas finir embavée.
"- Je constate cela oui ! Mais tu es conscient que le mariage implique des responsabilités ?"
Questionnais-je alors le marchand entre deux crocs dans le kebagloot.
"- Le partage des richesses par exemple, il va falloir me donner plus parce que notre "enfant" mange beaucoup trop. Et puis la fidélite, ca veut dire que tu n'as pas le droit d'aller voir ailleurs. De faire appel à d'autres mercenaire. Sans parler du soutiens ! Les nuits où je serais amenée à me retrouver ivre et que marty t'appellera il faudra venir me faire l'escorte. "
Dans un haussement d'épaule je continuais de débiter toutes sortes de paramètres qu'impliquait un mariage.
Alors ce kebaglot, convaincu ?
"Oh crois moi, tu ne serais pas gagnante si l'on partageait tout."
Alors que je regarde le kébab de gloot, je constate à quel point le gras dégouline de la mixture. Je suis bon pour changer de gant après cela si je ne les retire pas. Avec un peu de chance je vais pouvoir retirer les gants. Après tout, je ne connais personne qui mange un kébab avec une fourchette et un couteau. Bon, alors il faut bien que je fasse attention où je mette les mains. D'ailleurs ma main gauche ayant toujours une pointe de carreau dans la main, je contemple cette dernière en soupirant. Cela risque de ne pas être pratique de manger un kébab de la sorte. Bon, et bien tentons malgré tout. On dirait que j'ai une grosse tumeur bien enflée sur la main mais sinon tout va bien ! Je soupire et décide de me salir les mains, croquant plusieurs fois dans cette pitance si grasse. Mais quel délice après une soirée bien arrosée de profiter de ce gras qui semblait faire un bien fou. J'ajoutais ensuite d'un air amusé auprès de la demoiselle.
"C'est un enfant illégitime, je ne pense pas être le père, cela se saurait si j'avais pareil moustache ... pour ce qui est du partage des richesses, je te paye assez souvent pour tes services que je pense que j'ai bien partagé ma richesse avec toi. Pour ce qui est du mercenariat, tu es la seule aventurière dont j'ai besoin pour mes missions d'escortes. A la limite si un jour tu es malade ou partie en mission, il se peut que je demande à titre exceptionnel une remplaçante. Mais sinon, il n'y a aucune raison que je ne fasse pas appel à tes services."
Je continuais de manger en jetant un coup d’œil à la bestiole qui semblait lorgner sur mon kébab désormais. Je lui fais un signe de main pour qu'il regarde ailleurs, après tout il ne faut pas l'apprendre à quémander à table ! Je pense que la demoiselle le nourrira bien assez tôt de bonne victuailles pour que je partage mon kébab avec cette bête là. Puis, l'instinct du forgeron fis son office. Son collier était fait de métal mais il avait été forgé avec les pieds, il était plein de petites imperfections que je voyais d'ici. Quelle horreur ... et puis cette chêne qui l'entravait ? On en parle ? Elle présente déjà des signes de rouille comme si personne n'avait jamais pris soin de cette oeuvre. C'est là le drame des forgerons, on peut créer ce que vous voulez en métal, mais quand on voit ce que les gens en font, on ne peut que s'en tirer les cheveux. Je fis donc part de ma remarque à la demoiselle.
"C'est vraiment bon ce kebaglot, le chef est très fort,aucun doute là dessus. Beaucoup plus fort que le forgeron au rabais qui a fait le collier du coeurl. Je pense que, comme "cadeau d'adoption", je vais lui fabriquer un collier bien plus saillant que celui là avec son nom écrit dessus. C'est une aberration ce collier ..."
Avec le plus grand air sérieux du monde. Non parce que c'était pas très sympa de dire cela. A peine marié on m'accuse de tromper. C'est sur que sur le plan amoureux, c'était pas trop ca, mais tout de même, j'avais un peu d'honnêteté en moi ! Bon après, c'est vrai que côté poils et moustaches, on pouvait pas dire que la bête tenait de lui. Peut-être plus de moi, à la rigueur. Je fis mine de pas relever plus ses divagations. Pour le reste il avait pas totalement tord.
"- Alors c'était ça les petites lignes en bas du contrat !"
C'est qu'il ne manque pas de répartie notre petit marchand. Dans un soupire amusée, j'enlevais un bout de tranche du kebagloot epour le mettre de côté, avant de mettre le dernier morceau de ain dans mon bac. Rhésus se redressa, me fixant outrageusement. Même si je faisais un petit signe de la main pour lui dire de bouger, il restait là en bavant avidement. Il aurait fusiller Amadeus du regard ainsi que moi, si il le pouvait. Je pris alors le morceau de viande que j'avais mis de côté et lui donna. Il n'en fit qu'une bouchée, me regardant de nouveau, avide.
"- Oh ca suffit là, espèce de glouton..."
Amadeus me parla du collier du coeurl. C'est vrai qu'il avait pas fier allure la dedans, on dirait un prisonnier. En même temps je préférais le laisser ainsi tant que je ne connaissais pas ses réactions. Sait-on jamais. Mais de là à lui faire un collier permanant comme pour .. pour un glooby de compagnie ? Quelle horreur ! Cette idée me gaçait le sang !
"- Un collier tu dis ? Je ne sais pas.. Je ne suis pas très fan de ce genre de bricole sur un animal, j'ai l'impression que ca les entrave dans leur mouvements... Ou alors, un collier de soirée, avec des piques discrets. Comme ca si l'on est amené à se rendre dans un endroit huppé, je pourrais lui sortir son équivalant de parure de diamants !"
On avait peut-être pas la même définition de la soirée huppée, j'imagine. La question était surtout, quand-est ce que moi, je serais conviée dans une soirée de la sorte ? Mon cercle d'amis et de connaissances se limitait à des cotoyens et des aventuriers, pour l'instant. Et un garde aussi. Mais dans tous les cas, rien d'assez chicos pour me faire invitr en soirée mondaine. Pis de toute manière, je serais d'office le pillier du bar qui embeter le serveur toutes les 3 secondes, bonjour la discrection. Erik revint vers la table et posa deux morceaux de tartes en fanfaronnant un "bon appétit" que je remerciais d'un sourire.
Dans ma tête, j'avais déjà des plans d'une tenue d'apparat et une tenue de combat pour le nouvel animal de compagnie de la demoiselle. Je suis sûr qu'un design avec quelques lames tranchantes sur les côtés ou des piques pourraient l'intéressé au plus haut point . Mais il faudra que je fasse quelques schéma chez moi, en plus de quelques mesures pour éviter de comprimé la bête ou de le faire nager dedans. Je me suis imaginé l'espace d'un instant le coeurl tenir avec ses moustaches le harnais d’apparat. Ce serait ridicule en soit mais bon je pense que les invités seraient satisfaits de voir que le coeurl ne peut pas utiliser ses moustaches pour se saisir de l'un d'eux pour son casse croûte. Bon après, je me vois mal affliger ça à un coeurl. Le pauvre, c'est comme si les coeurls avaient pris le contrôle d'Aryon et que nous soyons leurs animaux de compagnie. Et que, durant un de leurs galas de coeurl, ils nous forçaient à avoir un pagne que l'on doit tenir avec nos mains pour ne pas qu'ils tombent. Vous imaginez le malaise de ne pas pouvoir utiliser nos mains ? Mais je m'égare, il est temps de répondre à la demoiselle.
"Je serais ravi de vous admirer, toi et le coeurl, dans votre tenue d'apparât. Je suis certain que cela te rendrait encore plus délicieuse."
Un sourire se dessinant sur mon visage, je goûte donc la tarte d'Erik. Oh je crois que s'il n'avait pas une carrière toute tracée dans le kébab de gloot, il pourrait peut être songer à se lancer dans la pâtisserie. Il y a des gens qui sont pleins de ressources quand même, la demoiselle est aussi de cette trempe. Mais elle, je ne crois pas qu'elle sache faire des kébab de gloot. Remarque, il y a tellement peu de chose que je sais effectivement sur elle. Nous parlons souvent, de la pluie et du beau temps, mais au final, je ne sais que peu de chose sur elle. Je ne sais pas d'où lui vient son envie de combattre, de se mesurer aux autres, que ce soit par les dés ou par la bagarre. Elle demeure pas moins mystérieuse. Mais bon, je songe tout de même que si je venais à lui poser ce genre de question, savoir d'où elle vient, qui elle est vraiment, je devrais lui parler de mon passé. Et cela, je n'ai pas trop envie d'en parler, ni à elle, ni à qui que ce soit. Du peu que je m'en souvienne ce n'est pas très glorieux. Je vois Erik qui s'active en cuisine et lui fait un signe de la main pour témoigner de ma satisfaction profonde pour ce met délicieux.
"Votre pâtisserie et votre kébab devrait être un incontournable de notre belle capitale. Merci encore pour ce festin !"
J'en fais peut être un peu trop pour certains, mais on ne crée pas un réseau en usant de retenue. Je me dis qu'il se peut que cet homme est besoin de mes services par la suite, pour réparer ses ustensiles ou autre. De toute façon, toutes les occasions sont bonnes pour se faire de la pub. L'homme m'a vu en compagnie de la demoiselle qui est une très bonne cliente à lui à ce que j'ai cru comprendre. Donc par association, nous pensant en couple, il pensera peut être à moi pour tout ce qui est réparation de ces outils. Il faudra juste que je pense à lui glisser subtilement avant de partir. Reprenant la discussion là où n'avons l'avions laissé j'ajoutais.
"Tu as des contacts dans la noblesse, les riches roturiers ou des bourgeois à qui tu pourrais montrer pareil oeuvre pour me faire de la publicité ?"
Question implicite pour savoir si elle connaissait d'autres personnes riches aussi avec qui elle pourrait être en contact pour que je vois si un nom me revient également.
"- Ne lui fais pas trop de compliment, après il va plus se sentir pisser dans ses braies !"
Mon sourcil droit s'arquebouta face à sa question. Il n'y allait pas par quatre chemins dis donc. Je fis mine de réléchir, passant en revu un peu mes contacts. Mais clairement ce n'était pas un milieu que je fréquentai réellement, et je lors de mes missions précédentes, je n'avais pas vraiment eu affaire directement aux personnes qui nous faisaient demander pour ces dernières.
"- Que de nom, je ne suis pas vraiment sûre que ca te soit utile.. Si tu veux rentrer dans la haute sphère va falloir vendre ton corps à d'autres et remplir ta malette de cristaux !"
Un pique, pour rire. Même si en soit c'était pas tout à fait faux car je ne pourrais pas vraiment l'y aider. Le coeurl s'agita de nouveau et commença à tirer sur la chaine. D'un claquement de langue, je reportais mon attention dessus.
"- Bon. Je crois que je vai te laisser là Amad, je vais aller m'occuper de ce petit monstre.."
Il fallait que je m'approprie la bête, que j'essaies de le connaitre mieux. Et qui de mieux quAlek pour m'y aider ? Songeant à mon tuteur, je me demandais si ses connaissances en la matière suffirait. Mais il était sûrement mieux placé que moi pour savoir ce que mangeais un animal de compagnie et comment je devais réellement m'en occuper. Peut-être devrais-je songer à me faire un sac de fringues pour aller résider chez lui.. Mais pour cela il me fallait retourner à l'auberge, parce que je n'avais rien sur moi. Ni fringues de rechanges, ni-même une saccoche.. Tout en me relevant de ma chaise, j'affichais un sourire sur mes lèvres.
"- Ca va mieux le mal de crâne ? J'mattendais pas à ce que vous soyez si résistant tout de même! .."
"Et bien, une chance que nous soyons récemment "marié" ma chère "épouse", car sinon j'aurai du vous déduire en cristaux les réparations de mon beau visage !"
Ces mots sonnaient tellement faux venant de ma bouche. Non pas que je ne faisais pas attention à mon apparence, mais il faut tout de même que je fasse la part des choses. Je préfère me montrer disgracieux en affichant un petite trace de bagarre, plutôt qu'en refusant les gages d'une si admirable combattante. Lucy ne me le pardonnerait jamais si tel était le cas. Bref, elle voulait passer plus de temps à éduquer sa bête, ce qui est normal. Je pense que j'aurai sans doute réagis pareil. Il faudrait peut être que je pense à trouver une bête de compagnie. Mais cela viendra plus tard, pour le moment, je dois continuer à forger donc j'ajoutais d'un air compréhensif.
"Je comprend, j'ai pas mal de travail qui m'attend, et une bonne sieste me ferait le plus grand bien. Merci encore pour ta délicieuse compagnie ! J'ai hâte de voir ce que tu vas arriver à en tirer de ce petit être."
Je m'étire pour accompagner mon geste d'un étirement adéquat. Enfin, cela l'aurait été si je n'avais pas bousculer par inadvertance l'homme se trouvant derrière moi. Une sorte de montagne de muscle avec un air patibulaire mais presque. Et voilà que je me met dans la panade, à mon avis un simple désolé ne lui suffira pas. C'est quoi son problème ? Il a pas eu son injection du matin ? En tout cas, il se lève et me fait face en me toisant de haut en bas. Le genre de personne à qui on veut vraiment pas avoir à faire et qui est plutôt menaçant. Il me lance un regard assassin avant d'ajouter.
"Tu me cherches ou quoi ?"
Sa voix est tellement fluette et en inadéquation totale avec son corps que je ne peux m'empêcher de pouffer de rire. Mauvaise idée, ça à l'air de l'énerver un peu. Mais en même temps, quelle idée de mettre la voix d'une fillette de 5 ans dans le corps d'un musclor accroc aux stéroïdes ? Non mais vraiment ! Lucy a un sacré sens de l'humour pour t'avoir affublé d'une pareille voix mon ami. Visiblement énervé par mon ricanement étouffé, il m'empoigne par le col et me tire vers lui de sorte à ce que son visage soit très proche du mien.
"Et tu te fou de ma gueule en plus ?"
"Non mais,hahahaha, excusez moi c'est nerveux ... Je voulais pas te manquer de respect et ... ahahaha"
"JE VAIS TE PETER LA GUEULE !"
"HAHA, euh ... Mad ... un petit coup de main please ..."
Constatant que je lui avais laissé plus de chaîne que précédement, le familier s'écarta de moi pour aller à côté des jambes du marchand. Le museau au sol, il était sur les traces d'un morceau qui avait roulé dans sa chute au pieds d'Amadeus. Il le goba sans ménagement.
"- Espèce de ... Euh. C'est à toi ce.. cette bête ?"
D'un air moin assuré qu'avant, l'homme recula rélèrement. Puis il se mit à une première eternuer. Puis une seconde fois.
"- Eh bien alors, on est allergiques aux poils de gros chats ?"
Questionnais-je alors après avoi reposer les bouts d'assiettes sur la table et m'être approchée de la scène.Il foutait quoi Amadeus, il cherchait les ennuis pour que je reste à côté ou quoi ? Le baraqué me regarda, puis son regard changea. Un air surpris, puis finalement détendu s'affichea sur son visage.
"- MMP ! Mais alors..." Il regarde de nouveau regarde Amadeus "Ah , mais je me disais bien que ton visage à toi ne m'était pas inconnu.."
L'homme fronça les sourcils et dévisagea Amadeus une nouvelle fois, avant d'eternuer encore. C'était un habitué de la taverne, probablement était il là lui aussi hier.
"- Tu devrais surveiller tes fréquentations, une fille comme toi ne devrais pas trainer avec ce genre de pingouin haineux."
"- J'aime bien les pingouins haineux."
Haussement d'épaule. Un pas me séparait d'Amadeus. Tout en le franchissant, ma main droite se posa sur l'épaule de ce dernier que j'aidais à faire pivoter.
"- Allez viens mon petit pingouin haineux, on se casse. Et tâche d'arrêter d'embêter les badauds qui viennent juste se restaurer. Tu les perturbe !"
"Hé franchement, à ton avis cela vient d'où sa voix de jouvencelle ? Il a copulé avec un gloot ou bien est ce que c'est un effet secondaire de ses stéroïdes ?"
Par Lucy, je n'ai jamais vu un tel écart entre la personnalité d'une personne et sa voix. NE devrait il pas avoir une voix virile ? Peut être n'a t'il jamais mué ? C'était peut être même une stratégie pour qu'il puisse légitimement se battre contre quiconque se moquera de lui ? Et bien je dois avouer que c'est efficace n'est ce pas ? Moi je suis tombé dans le panneau en tout cas. Alors que je rejoins la demoiselle et son nouvel animal de compagnie je me souviens tout d'un coup d'un truc. On avait encore un pari sur le feu ! Mais bon, je ne voulais pas causer d'ennuie à la demoiselle donc j'ajoutais d'un air amusé.
"Oh d'ailleurs, n'oublies pas de me faire passer ton pantalon à l'occasion. Un pari reste un pari malgré tout !"
Je souris car je sais qu'elle est assez folle pour me le faire passer dès maintenant. Heureusement je pense qu'elle a d'autres projets en tête. Par exemple, trouver un régime alimentaire qui convienne à ce cher Rhésus. J'aurai bien proposé d'aller voir ce cher Erik et de négocier correctement des kébab pour le coeurl. Mais non, il ne faut pas abuser des bonnes choses et je suis déjà assez chanceux d'avoir obtenu des repas gratuits. Ce genre de chance, il ne faut jamais trop la pousser. La preuve, hier j'ai enchaîné les victoires avant un grand turn-over. Rien n'est à prendre pour acquis. Alors que je remettais mes gants et puis il me vint une idée. Vu que je suis pas en état de forger quoi que ce soit, pourquoi est ce que j'en profite pas pour rattraper mon retard de sommeil ? Ou pour plancher sur un projet personnel ? Oui, comme ça j'aurai un œil sur Arthur pour surveiller qu'il ne fasse pas de bourdes. Et puis je suis certains que cela le rassurera de me savoir dans les parages. Il est doué, mais il manque de confiance en lui. Je pris donc congé de la demoiselle pour retourner à mon atelier en ajoutant.
"Allez, je te laisse faire plus ample connaissance avec ce cher Rhésus, essaie juste de ne pas te faire dévorer d'ici à notre prochaine rencontre."
Je pars donc sans jeter un œil derrière moi, accompagnant mes paroles d'un simple signe de main. Peut être bien que je vais faire une sieste avant de retourner forger ...
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