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Visage du passé [PV Arthorias]
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Cela faisait bien longtemps que Shabel n'était pas retournée à la capitale, occupée par ses propres affaires et sa mission divine. Ses pas l'avaient mené à l'arbre sacré où elle avait longuement médité et prié, restant sur place deux jours entiers, les dédiant à la spiritualité. Cela lui faisait toujours un bien fou de se ressourcer de cette-manière et en plus, cela lui permettait de se reposer ; Elle marchait énormément et si son endurance s'était accrue, ses pauvres pieds en pâtissaient souvent ! Mais la jeune prêtresse n'était pas du genre à se plaindre et elle préférait serrer les dents et avancer. Mais aujourd'hui, elle quittait les lieux. Pour aller où ? Shabel n'en savait rien, elle laissait son instinct la guider, ses pas la mener ci et là, sa Déesse lui éclairer la voie. Là, ça faisait une heure qu'elle marchait dans la forêt, lentement, paisiblement, nonchalante. Ses prunelles rubis se baladaient ci et là, s'attardant sur la cime des arbres, observant quelques volatiles chantonner. L'air était doux et elle se sentait apaisée.
"J'y pense... Depuis combien de temps je n'ai croisé personne ?"
Une poignée de jours, assurément ! Cela ne la dérangeait guère, elle avait une nature solitaire de base. Elle aimait sa paix, elle aimait aussi la compagnie des autres, en bref, elle s'adaptait aux circonstances. Un doux sourire se forma sur ses lèvres tandis qu'elle tâchait, comme à l'accoutumée, le vide étrange qui grognait dans son coeur. Ce vide qui, souvent, se muait en tristesse et envahissait ses sens quelques secondes jusqu'à ce qu'elle parvienne à s'en détourner. Là, elle n'avait pas envie d'en entendre parler. Elle voulait profiter des bienfaits de la forêt. Alors, comme une âme innocente, elle sautillait de temps à autre, son long voile blanc flottant derrière elle, persuadée d'être en sécurité.
Jusqu'à ce qu'une forme ne bouge non loin, derrière des arbustes. Shabel se stoppa, curieuse, un sourcil haussé. Qu'est-ce que cela pouvait être ? Il y avait de nombreux animaux qui peuplaient la forêt et Shabel espérait surtout ne pas tomber sur une bête dangereuse. Elle savait se défendre, après tout, c'était dans ses apprentissages en tant que prêtresse ! Il fallait pouvoir protéger les temples, les autels et les statues de sa Déesse mais... Elle n'était pas très puissant et sa magie ne la concernait pas elle directement. D'où elle était la jeune femme voyait une forme massive, sûrement à quatre pattes et semblant chercher quelque chose vu comment elle s'agitait dans les buissons.
"Hm... Oups, ça sent mauvais."
Shabel plissa ses yeux puis commença à reculer lentement avant de marcher en crabe pour ne pas quitter des yeux la silhouette. Malheureusement, sans regarder où elle posait ses chaussures, voilà qu'elle fit craquer une branche. Tiens, d'ailleurs, elle n'avait pas remarqué mais... les oiseaux s'étaient tu. Elle eut à peine le temps de maudire la branche et sa propre maladresse que des buissons une bête se redressa en poussant un grognement terrifiant.
"GROOOOOARRRRRG"
Un Grognours ! Shabel sentit son coeur rater un battement. L'animal était immense maintenant debout sur ses pattes arrières ! Son regard sombre se posa sur elle et ses oreilles s'enfouirent dans sa fourrure tandis qu'il grognait, furieux de voir un humain si proche de lui. La prêtresse déglutit, incapable de faire le moindre geste pendant un instant... Eh... Peut-être que si elle ne bougeait pas il n'allait pas-
"ROAAAAAAARG !"
"WOOOOOOAH !"
Bon là, ça avait été plus fort qu'elle son cri ! Mais il faisait vraiment peur, il avait l'air carrément en colère ! La jeune femme jeta un coup d'oeil autour d'elle : personne. Elle allait vraiment se faire dévorer par un Grognours ? Son aventure se finirait ainsi ? C'était ce que sa Déesse avait décidé pour elle ? Shabel se frappa subitement les joues avant d'attraper son bâton de combat, le mettant entre elle et la bête tout en reculant très lentement. Brusquement, le Grognours retomba sur ses quatre pattes et chargea. Dans un réflexe, la prêtresse bondit sur le côté en criant, effectuant une roulade qui manqua de lui faire perdre son voile. La bête, bave à la gueule, poussa un hurlement encore plus furieux avant de se retourner vers sa proie maintenant acculée contre un arbre.
"Eh eh eh ! Doucement, on est pas obligé de se battre, hein ? Tu veux... De la nourriture ? Tiens, regarde !"
Elle fit un geste vers l'une de ses besaces mais le Grognours fit claquer sa mâchoire ; Visiblement, tout geste était à bannir. Mais que faire ? Shabel ne se souvenait pas avoir été dans une situation aussi délicate depuis un certain temps. Courir serait inutile, il la rattraperait. Elle ne pouvait que se battre... et espérer que les crocs de la bête ne la touchent pas.
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Visage du passé
-Mon capitaine ?
A l'entente de son titre, Arthorias ouvrit un œil fatigué, le rideau ouvert de sa tente rouge laissant échapper un petit rayon lumineux qui ne fit que le renforcer dans son idée que le soleil lui voulait du mal ce matin.
Mais la lumière fut vite remplacée par l'ombre d'un géant en tenue d'entrainement, ce dernier arborant un air inquiet, bien qu'une tasse de thé fumante soit déjà dans ses mains.
-Arthorias, tu te sens bien ?
-Mmhhh... oui oui, ça va
L'officier se releva du lit pliant qu'il avait installé depuis maintenant une semaine, un lit qui se voulait tout de même plutôt confortable par rapport au sol, et richement pourvu en couverture et coussin, tous brodés aux emblèmes de la garde royale.
Tancred vint voir son ami, tirant une des chaises pour s'asseoir en face de lui.
Les deux pieds au sol, mais encore assit, il fallut quelques instant pour qu'Arthorias se remémore la situation... Ah oui ! Le camp en forêt...
Un demi compagnie de Prétorien était partit en forêt, d'après les dernières missives, les salauds qui avaient tués quatre des leurs, un drame pour le jeune officier qui avait du enterrer quatre collègues, non pas en tant que camarade mais en tant que supérieur.
Sitôt les renseignements en sa possession, il avait rassemblé des soldats pour partir, laissant à Aube la charge de la sécurité du Palais.
-Mauvaise nuit ?
-J'ai connu pire, mais le sommeil se fait toujours attendre
-Oui ça se voit, essaye de remettre un peu d'ordre dans tes cheveux, on à une patrouille qui part dans peu de temps, j'ai dit que tu irais avec eux
-Parce que tu donne des ordres à ton capitaine maintenant ?
-Je fais en sorte que mon ami puisse voir autre chose que le bois de son bureau, surtout quand nous somme en sortie. Et si ton seul exercice physique consiste à faire le tour des palissades... Tu ne vas pas faire long feu.
Le jeune homme haussa les épaules en acceptant le thé qui lui était tendu, savourant l'arôme qui s'en dégageait. Décidément le géant avait un don pour ça. Et il était courant pour les deux hommes de dire qu'ils auraient ouvert un bar à thé s'ils ne s'étaient pas enrôlés.
Une plaisanterie qui perdait souvent Arthorias, pour qui la garde représentait le début de sa vie avec ses parents, son enfance passée à apprendre de ces derniers, son adolescence à l'internat... et maintenant.
Secouant la tête, il tacha de se recentrer, Tancred avait raison, revoir le terrain ne lui ferrait pas de mal. Et c'est avec un état d'esprit positif qu'il enfila son armure, aidé par le géant pour aller un peu plus vite.
Le harnois était brillant et lustré, comme s'il n'avait pas voyagé, il faut dire qu'il avait été entretenu une bonne partie de la nuit par un propriétaire qui n'arrivait à trouver le sommeil.
-Ah au fait, attrape ça !
Le colosse fit voler une arbalète gravée à son capitaine, ce dernier l'examinant avec un regard étonné, peu au fait de cet outils qu'il n'avait pas encore utilisé intensivement.
-Vu ce qui rode dans la forêt, mieux vaut utiliser ça
******
Quelques heures plus tard, un groupe de cinq soldat sortait du camp, un carré de cinquante mètre, délimité par des pieux en bois taillés formant un mur, et entouré d'un petit fossé creusé par ceux qui dormaient encore. Lorsque la garde royale s'installait, elle érigeait des bastions, et les arbres qui avaient composés la clairières étaient maintenant bien plantés dans le sol.
Cinq soldats en armure lourde, s'enfonçant dans la forêt avec l'espoir de trouver le moindre indice, la méthode était plutôt hasardeuse, mais c'était mieux que de devenir fou à rester à la capitale.
Au vu des derniers événements, tout le monde avait besoin d'action ou du moins, de se changer les idées.
Une heure passa sans que rien ne se passe jusqu'à ce que l'homme de tête ne lève un bras. Un cris lointain se fit entendre, qui semblait provenir de toutes les directions à la fois.
Mais le guide du groupe était un pisteur chevronné et réussi rapidement à trouver l'origine du bruit en observant les nuées d'oiseaux.
Sans un mot, tout le monde accéléra le pas, chargeant les arbalètes avec des mouvements raides.
L'officier eut un peu plus de mal, ayant du mal à maîtriser les tremblements de fatigues, mais réussit tout de même à armer la corde et y placer le carreau.
Un nouveau cris, mais cette fois avec une réponse humaine, rien de bien rassurant...
Les soldats finirent par débarquer au milieu d'un combat entre une humaine et un grognours énervé, ce dernier, dressé sur les pattes arrières. C'était au moins trois mètres de fureur animale et ils n'étaient que cinq...
Ce fut à Arthorias de prendre le commandement et il ordonna par geste aux prétoriens de mettre un genou à terre.
-Visez l'arrière des genoux !
Sa voix s'éleva à peine et lui même prit une visée. Le risque de toucher la jeune femme agressée était réel mais c'était ça ou la laisser mourir. L'officier avait confiance en ses hommes... et ordonna de tirer.
Deux carreaux à l'arrière de chaque genoux, le dernier dans l'épaule. Un résultat satisfaisant puisqu'il força l'animal à se mettre à terre, les tendons sectionnés par les pointes de fer.
Pas suffisament pour le tuer, mais largement assez pour que l'officier ne s'élance, son épée Wardan au clair. Blessé et furieux l'animal faisait de grands moulinets, ses griffes capables d'éventrer un homme en un seul coup. Fort mais prévisible, et il ne fallut que trois coups de l'épée longue pour trancher les deux pattes avant et la tête de l'animal qui s'effondra en avant au pied de l'officier.
La scène n'avait duré que quelques battements de cœur, et Arthorias n'avait quasiment pas réalisé ce qu'il faisait, la fatigue ayant prélevée un tribut bien plus lourd que prévu. Fort heureusement, son corps compensait pour le moment.
Enlevant son casque pour laisser sa longue chevelure d'or tomber en cascade sur ses épaules, il finit par se retourner vers la jeune femme, ses traits féminins tirés se voulant tout de même rassurant.
-C'est pas passé loin ! Je ne savais pas qu'il y avait ce genre d'animaux ici
Le reste des soldats se relevèrent, entourant l'animal avant de récupérer les projectiles plantés dans le cuir de l'animal. Lui même retira son carreau, mais le brisa en le sortant, tant la peau était épaisse.
-Vous n'êtes pas blessée ?
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L'immense Grognours arma sa patte droite, prêt à déchirer en deux Shabel qui ne savait pas quoi faire, le dos contre l'écorce de l'arbre. La bouche entrouverte, les mains moites sur son bâton, elle scrutait la bête d'un air perdu, le coeur battant. Dans sa tête, une prière tournait en boucle. Et alors que la bête allait frapper, il poussa un grognement mêlant sa fureur à de la douleur avant de tomber sur ses pattes. Que... ? Dans sa perdition, la prêtresse n'avait même pas vu les gardes présents derrière l'ours qui venaient de tirer sur lui ! Shabel sentit une pression sur son coeur s'envoler, son souffle revint soudainement et elle un immense soulagement s'éprit d'elle.
"Déesse Lucy soit louée, je suis sauvée. Merci ma Déesse."
Murmura t-elle dans un soupire fatigué, les jambes fébriles. Un homme approcha, armé d'une épée, l'air sûr de lui. En deux temps trois mouvements, il trancha la bête en colère comme s'il n'était qu'une brindille sur sa route ! Incroyable, quelle force ! Shabel l'observait d'un air admiratif jusqu'à ce qu'elle ne réalise... Il avait tranché la tête du Grognours. Fallait-il vraiment en arriver jusque-là ? La jeune prêtresse n'était ni partisane de la paix, ni de la guerre et au final, peut-être que cela aurait été trop dangereux d'employer un autre moyen pour se débarrasser de la bête. Une magie d'endormissement, de paralysie ou autre aurait été utile pour filer en douce mais... tant pis. La réalité était souvent cruelle, malheureusement. Shabel haussa ses épaules pour elle-même avant de poser son regard rougeoyant sur l'homme qui avait tué l'animal. Lorsqu'il retira son casque, elle eut une seconde de stupeur.
Visiblement, il n'avait rien remarqué. Elle ne savait pas trop comment le prendre... Oh, d'un côté, cela faisait bien longtemps qu'ils n'avaient plus parlé, n'est-ce pas ? Se souvenait-il de la gamine bruyante qui courait dans ses pattes une bonne partie de la journée ? De comment elle vantait sans cesse les prouesses de son père en l'imitant combattre ? Shabel eut un petit sourire amusé et discret.
"Je vous remercie infiniment pour votre aide et fort heureusement, je n'ai rien. Il faut croire que notre Déesse Lucy a été clémente en vous mettant sur ma route."
Fit-elle sur un ton joyeux, remettant son bâton en place dans les fils noués à ses hanches et son dos. La demoiselle réajusta son voile immaculé, sa longue robe blanche élégante, se dépoussiérant légèrement. En fin de compte, ce n'était pas son jour. D'ailleurs voilà que tout cela était bien amusant ! Une petite farce de la grande dame des cieux ? Pourquoi mettre le célèbre Capitaine de la Garde, Arthorias Hekmatyar, sur sa route ? Pourquoi aujourd'hui ? Après tant d'années ? Malheureusement les volontés de la Déesse de la Chance sont impénétrables.
"Quel honneur pour moi d'être sauvée par le Capitaine de la Garde royale en personne ! Je peine à y croire."
Toujours aussi joyeusement, sourire aux lèvres. Arthorias. Il avait tant changé ! Et quel parcours. Elle avait écrit une lettre il y a longtemps, lorsqu'elle avait entendu dire qu'il était devenu Capitaine de la Garde royale. Elle l'avait envoyé sans la signer, l'avait-il reçu ? Dans tous les cas c'était sûrement oublié, surtout une lettre dépourvue de signature. Que voulez-vous, Shabel était un peu intimidée. Il faisait parti des hautes sphères maintenant. Shabel approcha du corps de l'animal et joignit ses mains, yeux clos, récitant une courte prière à voix basse. Elle aimait rendre un hommage, aussi petit soit-il, à autrui. Qu'il soit animal ou humain. Ceci fait, elle rouvrit les yeux et posa son regard sur le capitaine.
"Je ne vais guère abuser davantage de votre protection, vous devez avoir bien autre chose à faire ici que sauver une demoiselle en détresse !"
Elle rigola légèrement pour se détendre elle-même. La prêtresse se demandait s'il allait la reconnaître ou si elle devait tenter de se présenter proprement pour qu'il tilt. Si jamais ce n'était pas le cas, quelle gêne ! Vraiment, Shabel savait déjà qu'elle aurait envie de s'enfoncer six pieds sous terre si jamais sa tentative future échouait.
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Bien des aventuriers auraient aimés tués un tel animal en solitaire, c'était un exploit que de parvenir à vaincre un tel monstre. Mais les soldats dans de telles situation faisaient peu de cas de la gloire, bien au contraire. Ils avaient mit la bête à terre avant que leurs chef n'aille terminer le travail. Ce n'était pas glorieux, c'était efficace.
Et aucuns d'entre eux ne pensa à célébrer cette victoire qui n'en étais pas une, préférant à la place s'organiser pour le ramener au camps.
-Mon Capitaine ? Nous ne somme pas très loin du camp, nous pourrions... ramener la carcasse ?
-Améliorer l'ordinaire ne ferait pas de mal, je crois me rappeler qu'Eyrl se débrouille bien avec un hachoir, et ce serait stupide de le laisser pourrir ici. Allez y
Sitôt l'ordre donné, le petit groupe s'attela à la longue tache de ramener la carcasse, fort heureusement, l'un d'eux disposait d'un pouvoir utile, et put faire léviter l'ours à quelques centimètres du sol, de quoi ramener l'ours sans trop d'effort.
L'officier quant à lui observa l'étrange manège de la jeune femme, son visage lui rappelant quelque chose. Un souvenir d'un passé révolu et sa mémoire peinait à le remettre au gout du jour. Cela se ressentit par son hésitation pour reprendre la parole.
Et le fait d'être reconnu aussi vite sembla confirmer son impression.
-C'est notre devoir mademoiselle, et la garde peut parfois se trouver à des endroits bien aléatoires.
Un petit sourire fatigué se dessina sur son visage. Au moins cette expédition aurait sauvée quelqu'un, et ils pourraient repartir sans avoir l'impression d'avoir tourné en rond.
Rangeant son épée dans le dos, il refit sa queue de cheval, un geste compliqué quand des gantelets d'acier recouvrent vos mains, mais la force de l'habitude vainquit cet obstacle en quelques instant.
Nul doute que la prêtresse le connaissait, cela se voyait dans ses yeux, et dans son expression corporelle.
Les choses auraient pu en rester là, mais Arthorias n'était pas de ces gens qui laissaient passer le destin avec un regard vide.
-Vous n'abusez en rien, à vrai dire, ces bois sont profonds, et les environs peu sûr, accepteriez vous de partager un repas à notre camp avant de repartir ?
Lui même se sentait curieux, pourquoi cette impression de déjà vu le tenaillait autant ? C'était comme si un coffre verrouillé dans son esprit se mettait à bouger dans tout les sens sans pour autant parvenir à s'ouvrir.
Alors que le cadavre était soulevé de terre, le jeune homme finit par planter son regard vairon dans celui de son interlocutrice, un peu gêné de poser la question.
-Je vais vous paraître grossier je le pense, mais votre visage m'est très familier,d'une personne que j'aimais beaucoup, mais don le nom m'a terriblement échappé.
Alors pourriez vous me dire si nous nous connaissons mademoiselle ?
Se plaçant à sa hauteur, il la dévisagea un moments, les traits fin de l'officier se fronçant légèrement alors que cette impression ne cessait de gagner du terrain.
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La proposition était alléchante et Shabel trouverait cela bien déplacé de la refuser. Après tout la Déesse de la Chance n'avait pas mit ces hommes sur sa route inutilement, n'est-ce pas ? Ils lui avaient sauvé la vie et maintenant, on lui proposait repos et repas dans leur camp. Cela économisait ses propres vivres et lui permettait de profiter d'un peu de protection, surtout dans cette forêt. La jeune femme était certes plutôt solitaire de nature mais elle n'était guère du genre à refuser une telle opportunité. Un sourire doux aux lèvres, la prêtresse joignit ses mains, entrecroisant ses doigts, le regard brillant.
"Ce serait avec une grande joie, Capitaine. Je vous en remercie."
Elle n'était pas la plus douée pour reconnaître le langage corporel mais là, elle voyait bien le regard un peu gêné d'Arthorias. Il paraissait quelque peu troublé ! L'aurait-il reconnu ? Du moins, un minimum ? Shabel l'observait sans rien dire tandis qu'il reprenait la parole, s'approchant d'elle, son regard bicolore planté dans le sien. Un sourire immense se dessina sur les lèvres de la prêtresse qui ferma les yeux, un petit rire s'échappant d'entre ses lippes.
"Je m'appelle Shabel Maham. Cela vous rappelle quelque chose ? Il faut avouer que cela remonte à un certain moment." Elle rouvrit les yeux, le regard chaleureux. "Une petite gamine qui ne cessait de courir dans vos jambes, à louer les exploits de son père et à parler bien trop vite pour qu'on puisse suivre le rythme. La description vous aide ?"
Elle eut un nouveau petit rire. Il faut avouer que si maintenant elle était plus posée et avait apprit un minimum de discipline, enfant, elle avait été une véritable boule d'énergie ! Courir partout, vanter son père auprès de ses camarades, ne pas hésiter à lancer des jeux de bagarre, suivre les plus âgés pour les imiter et se montrer grande... C'est vrai qu'elle avait toujours voulu jouer avec les plus grands, ça la faisait se sentir plus importante à l'époque et Arthorias en avait fait les frais ! La demoiselle croisa ses bras, un sourcil haussé, l'air interrogatif. Finalement, sa gêne s'était envolée aussi vite qu'elle était apparue car, après tout, avant d'avoir des rôles si importants, ils étaient des êtres humains. Et sur ce plan, ils étaient égaux ! Elle n'avait juste pas envie de passer pour la femme qui chercherait à se faire bien voir du Capitaine, qui voulait à tout prix qu'on se souvienne d'elle pour trouver une quelconque reconnaissance. C'était aussi pour cela qu'elle avait préféré attendre un peu.
Visiblement, ça fonctionnait ! Enfin, si Arthorias se souvenait bel et bien de leurs souvenirs d'enfance.
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La révélation fut un choc presque physique, les deux yeux s'écarquillant à la mention de l'identité de la jeune femme. D'abord lentement, puis de plus en plus rapidement, les souvenirs remontaient. Oui ce nom lui disait quelque chose !
Maintenant que les faits étaient sous ses yeux, la ressemblance était frappante, même si d'une petite fille, Shabel était devenue une magnifique jeune femme
-Sha' ! Toi ! Lucy m'en soit témoins !
Un large sourire refit surface sur son visage. Des années qu'il ne l'avait pas vu, et il avait presque oublié son nom. Mais voilà que cette piqûre de rappel lui faisait remonter une bonne partie de son enfance.
La gamine casse cou, toujours prête à courir avec les enfants du village et racontant à qui voulait l'entendre que son père était le plus grand aventurier de tout les temps !
C'était le rappel d'une époque lointaine, ou le stress était encore un mot.
Posant une main gantée sur l'épaule de la jeune femme il déclara gaiement.
-Maintenant ce n'est plus une proposition, tu rentre avec nous, tant de temps à passer, et j'imagine que tu as bien changée.
Quel pitoyable ami je fais pour ne pas avoir pris des nouvelles plus tôt.
Il était légèrement gênée maintenant, se rappelant que bien d'autre gens existaient en dehors de son petit monde. Et alors que le groupe retournait au camp, l'officier ne put s'empêcher d'observer sa tenue. Remarquant le peu d'affaire qu'elle emportait.
-Tu voyage seule par ici ? Tu serais donc devenue aventurière comme tu me l'avais tant prophétisé ?
Oh que oui, l'aventure avait toujours été son rêve, à tel point qu'elle c'était souvent imaginée des petites quêtes au village.
De bon souvenirs, ou tout semblait bien plus simple.
Il n'y avait que quelques dizaines de minutes de marches jusqu'au camp, et l'officier se montra autant curieux que gêné.
Curieux de savoir ce qu'il avait raté, et désolé d'avoir été aussi infidèle à leurs amitié.
-Je te dois surement des excuses pour ne pas avoir pris de tes nouvelles... Je ne suis pas retourné au village depuis mon départ à la garde.
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"Ouiiiii c'est moiii !!"
Fit-elle en frappant dans ses mains sous un élan de joie, le regard brillant et le sourire si immense qu'il mangeait tout son visage. Elle était tellement heureuse qu'il se souvienne bel et bien d'elle ! Ils avaient bien changé, la dernière fois qu'elle avait vu Arthorias de près, il avait à peine douze ans ! Et elle, sept ans ! De l'eau avait coulé sous les ponts depuis mais elle n'avait jamais oublié le jeune homme qui comptait, mine de rien, beaucoup pour elle. Après tout il était un ami cher, qui avait été proche d'elle autrefois. La jeune femme rit légèrement, tapotant gentiment l'épaule de son ami.
"Enfin ! Je ne t'ai pas non plus vraiment contacté... Enfin j'ai essayé une fois mais je n'ai pas signé ma lettre parce que j'étais trop gênée. C'est un peu ridicule, non ?"
Elle rigolait de bon coeur. Décidément, Lucy jouait de sacrés tours parfois ! Dire que c'était Arthorias qui lui avait sauvé la vie et maintenant, lui offrait de quoi se ressourcer, après tant d'années. Derrière eux, les gardes qui accompagnaient leur capitaine faisaient demi-tour, certainement pour retourner au camp. Les paroles d'Arthorias amusèrent la demoiselle qui secoua la tête tandis qu'ils suivaient le rythme des soldats.
"Premièrement, ne t'excuses pas enfin, tu sais, je ne t'en veux absolument pas. Tu étais pris par tes apprentissages et ton travail et par la suite, j'ai été également prise par les miens. Ce qui compte, c'est que nos chemins se croisent à nouveau maintenant, non ?"
La jeune femme n'était pas vraiment rancunière, c'était loin d'elle ça. L'instant présent comptait, les actes et les paroles qu'ils auraient à partir de maintenant. Puis, ils avaient beaucoup de choses à se raconter ! Arthorias était tout de même capitaine de la garde royale dorénavant ! Avait-il une femme ? Des enfants adorables ? Comment en était-il arrivé jusque là ? Quelles aventures sensationnelles avait-il vécu ? Shabel avait de nombreuses questions comme celles-ci qui trottait dans son esprit mais avant, elle devait répondre à celles de son ami.
"Deuxièmement, pour te répondre, je ne suis pas vraiment aventurière, non hahahaha ! Je me suis tournée vers ma Foi plutôt que les quêtes et j'ai réussi, grâce à la volonté et la chance que Déesse Lucy m'a conféré, à devenir Prêtresse. Et effectivement je voyage seule, c'est dangereux mais pour le moment la chance me sourit ! Même dans les pires moments, je n'ai pas été abandonnée puisque Lucy t'a mis sur ma route."
Déclara la prêtresse, un petit soupire satisfait ponctuant ses propos. C'est vrai que sa mission divine était dangereuse, sur les routes, seule, avec un bâton de combat et des capacités en combat pas extrêmement poussée. Shabel comptait sur la chance de Lucy pour survivre et pour le moment, elle semblait véritablement bénie !
Et puis c'est vrai qu'elle aurait pu suivre les traces de son père qu'elle admirait tant. Devenir aventurière à son tour ! Mais non, sa destinée en avait été toute autre et cela lui plaisait. La vie était imprévisible.
"Et toi alors ! Capitaine de la garde royale, je suis vraiment admirative, tu en as fait du chemin." Elle posa ses prunelles rubis sur Arthorias, sourire aux lèvres.
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Le camp s'approchait, îlot de bois et de civilisation au milieu de la forêt. Placé en bordure de la route, il permettait aux soldats de voir quiconque s'approchait.
Tancred faisait justement le tour du camp quand il remarqua le groupe de soldat revenir, et se porta à leurs rencontre un large sourire sur le visage.
-AH ! De l'ours, ça tombe bien, on commençait à avoir faim, ne me dites par que boucle d'or à trouvé en plus une princesse au fond des bois ?
C'était dit sur le ton de la plaisanterie, l'homme ayant ce don pour l'absurde, mais son sourire se figea tout net en voyant Shabel. Éclatant d'un rire sonore avant d'ordonner l'ouverture des portes.
-Cet homme ne cessera jamais de m'étonner !
Arthorias lui était entièrement tourné vers son amie, buvant ses paroles sans en perdre une miette.
Ainsi elle avait tourné le dos à la quête pour offrir son cœur à Lucy. Une profession bien exigeante qui exigeait maint sacrifices, ils avaient décidément suivit une voix parallèle, pas si éloignées l'une de l'autre.
Lui ne vouait pas de culte particulier à le déesse, mais plutôt un hommage discret traditionnel à Elmex, dieux de la guerre et bien souvent celui des soldats. Pour autant il n'en oubliait pas Lucy, et se rendait aux célébrations les plus importantes.
-Tu as raison sur un point, l'important c'est de se retrouver maintenant, et de ne plus se perdre de vue. Je compte mes amis sur les doigts d'une mains ces derniers temps. Retrouver un peu de mon ancien moi est plus qu'agréable.
Dire que la jeune femme l'avait connu les cheveux court. Ce temps semblait si lointain. Car oui il y avait eu une époque et le cheveux de l'androgyne ne dépassaient pas le haut de sa nuque. Et si bien des gens expérimentés portaient la barbe, ce dernier en était totalement dépourvu.
Le groupe rentra dans le camp, et commença rapidement à se disperser. La sortie n'avait pas été totalement inutile, et en plus de la nourriture, ils ramenaient un vent de fraîcheur et de bonne humeur sur le camp.
Certains soldats étaient de fervent croyant, et réclameraient surement les services de la prêtresse itinérante.
La conduisant dans sa tente, il lui offrit un siège devant son bureau, se déséquipant par la même occasion en essayant de répondre à ses questions.
-A depuis notre petit village, c'est le moins qu'on puisse dire, même si je ne m'attendais pas à finir aussi haut. Rien ne semble aussi simple qu'à l'époque.
Son ami le colosse rentra dans la tente sans s'annoncer, déposant un plateau avec deux tasses de thés, s'éclipsant sitôt sa cargaison délivrée.
Peinant à retirer son armure à cause de la fatigue, il fit néanmoins signe à son amie de s'asseoir.
-J'espère que tu aime le thé, à en juger par sa couleur, c'est un cadeau de la reine
En effet les tasses laissaient entrevoir le liquide à la teinte rosâtre dont l'odeur n'était pas sans rappeler l'odeur des Lilas, le breuvage embaumant la tente.
Quelques minutes furent nécessaire pour qu'il réussisse à se défaire de sa cage, et ne prenne place au devant de Shabel.
-Je ne te cache pas que ce n'est pas la période la plus stable de ma vie, les problèmes s’enchaînent, et bien peu de solutions se profilent à l'horizon.
Entre les bandits, les troubles récents et les monstres... Il y a fort à faire...
Le thé était pile à la bonne température, le colosse qu'était son ami connaissant les goûts du capitaine par cœur, et dès la première gorgée, le sourire revint un peu plus facilement.
-Il y a beaucoup à dire, des hauts, des bas, mais toi d'abord, tu n'as plus rien de la petite fille que j'ai connu auparavant, tu es devenue une superbe jeune femme, au tempérament de ce qu'il me semble, bien plus calme.
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Shabel, plutôt innocente sur les questions de relations, n'avait aucunement comprit l'allusion de Tancred alors elle se contenta de rire de bon coeur. Dans tous les cas cela ne la détourna guère d'Arthorias et elle lui expliquait donc son parcours qui n'avait pas été de tout repos ! Devenir prêtresse demandait beaucoup d'application, de patience, de détermination et de discipline. Entre autre. Maintenant qu'elle avait un peu expliqué cela à son vieil ami, la demoiselle l'écoutait avec attention, hochant parfois la tête, toute ouïe. En même temps elle songeait qu'il avait vraiment énormément changé, il s'était musclé, sa chevelure était belle, son visage était plus mûr. C'était un très bel homme !
Sourire aux lèvres, elle pénétra au sein de la tente, elle resta debout quelques secondes, un peu gênée de recevoir de telles attentions. Elle le fut encore davantage quand le colosse de tout à l'heure leur apporta du thé dont l'odeur était délicieuse, elle le remercia cependant sans cesser de sourire.
Lorsque le capitaine fit signe à la prêtresse de s'asseoir, elle s'exécuta en le remerciant, déplaçant un peu son voile pour ne pas s'asseoir dessus. Shabel se tenait bien droite, mains sur ses cuisses, son regard passant du thé à Arthorias.
"J'adore ça ! Merci vraiment pour ton hospitalité, c'est très gentil de ta part. Il sent booooon, hummm."
Elle s'était un peu penchée dessus, les yeux clos, heureuse. C'était ces petits moments là qui la détournaient de sa mélancolie habituelle, des petits instants simples, un plaisir éphémère. Mais là c'était plus grand encore ! C'était des retrouvailles ! Alors elle oubliait sa tristesse et profitait de l'instant présent.
"Oh... J'imagine, ton travail ne doit pas être de tout repos. J'entends des rumeurs peu rassurantes ces derniers temps."
Apparemment les bandits se faisaient très nombreux dans le sud, il y avait aussi cette rumeur de cultes étranges qui fleurissaient. Ce n'était pas du tout rassurant et Shabel remerciait Lucy de n'avoir mit sur sa route ni l'un ni l'autre pour le moment. Imitant son comparse, la demoiselle se délecta du thé. Il était délicieux ! Vraiment, cela n'avait rien à voir avec la qualité des thés qu'elle buvait habituellement. La jeune femme reposa sa tasse, riant légèrement aux propos de son ami. C'est vrai que pour lui aussi ça devait faire bizarre de la revoir ainsi adulte et changée !
"C'est vrai que je suis superbe hahahahaha !" Sans être narcissique, Shabel était tout simplement sûre d'elle et puis, elle s'aimait, elle n'allait pas se dévaloriser !"C'est gentil merci. Toi aussi tu as beaucoup changé, ça te vas vraiment bien ces cheveux longs ! Par contre la barbe ne t'aime toujours pas on dirait."
Fit-elle, taquine, pointant du doigt le visage imberbe de son ami. Elle se pencha pour lui tapoter l'épaule.
"J'te taquine !" Voilà, elle avait déjà prit ses aises avec Arthorias, comme s'ils ne s'étaient jamais séparé pendant de longues années. "Mais c'est vrai que je suis quand même plus calme hein. Les épreuves du Temple du sud, ça change quelqu'un. Je t'assure que c'est épuisant ! On était nombreux à se lancer dans l'aventure et au final, on est seulement trois initiés à être devenus Frère et Soeur. Du moins, dans mon groupe à l'époque. On nous discipline dès le premier jour alors tu imagines bien que j'ai dû tempérer mon caractère... même si j'avoue que de l'impulsivité est restée !"
Conclu t-elle dans un rire. Malheureusement, elle aimait tendre la main aux autres et elle refusait de fermer les yeux devant ce qu'elle considérait comme une injustice, devant une agression ou quoique ce soit d'autre. Shabel considérait que si ses yeux voyaient une telle chose, c'était que Lucy l'avait mené là alors elle se devait d'intervenir ! Malheureusement souvent, elle ne réfléchissait pas avant d'agir et elle avait déjà manqué de se faire dépouiller après être tombée dans un guet-apens. Fort heureusement la chance lui souriait, elle avait été sauvée par des gardes à temps.
"Tu as un regard et des traits fatigués, tu as eu des jours rudes ces derniers jours ?" Demanda t-elle, l'air moins rieur, plus compatissant et doux.
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Le soleil de midi frappait la tente rouge du capitaine et pourtant, la température n'était pas trop chaude. Un officier avait le droit à quelques conforts en plus, notamment un système de régulation de température via des cristaux magiques.
Un luxe si on considérait le reste du camp et la saison. Bien loin d'être une pièce assemblée à la va vite, cette dernière avait été montée sur un sol dur et donnait parfois à l'officier l'impression d'être dans son bureau et non perdu au milieu de la forêt.
Et quand elle parla de sa barbe inexistante, il se fendit d'un sourie en caressant son menton qui avait toujours refusé le moindre poil.
-Et bien que veux tu, certains jurent que la barbe font d'un enfant un homme, je dirais que j'ai réussi sur bien des points à part cela. Mais ce serait bien prétentieux de se dire parfait sur tout les points, d'autant que j'ai déjà assez de mal avec mes cheveux sous mon casque !
Prenant une petite gorgée de thé, il se sentit soudainement prit d'une grande lassitude, ne remarquant que maintenant le peu d'énergie qui animait ses membres, mais fit du mieux possible pour cacher cet état. S'asseyant en face de son amie, écoutant son récit avec attention, s'étonnant sur les conditions d'admission dans les ordres.
-Trois ? Et bien, c'est une sacré sélection, j'imagine que tu as du en bavé. Mais au moins cela t'a donné une profession honnête ! Et c'est bien souvent dans la difficulté qu'on se trouve nous même.
Mais pour l'impulsivité.... même Lucy ne pourrait rien y faire, ce serait comme demandé à un oiseau de ne plus chanter, ou le soleil de ne plus briller.
Shabel faisait partie de ces gens incapable de se retenir. Loin d'être un défaut, c'était tout de même un trait qui pouvait entraîner quelques soucis. Et il était vrai qu'à l'époque, l'officier n'aurait pas vu la turbulente enfant devenir une prêtresse prête à écouter les confessions des gens.
Le cœur ne lui manquait pas, mais elle avait toujours dégagé cette impression de bouillonnement interne. Qui aurait pu croire qu'ils apprécieraient un thé tout les deux un jour.
La question le fit reposer sa tasse, assombrissant son humeur alors que ses yeux se portaient vers le bois du bureau.
Croisant les mains sous son menton, il reprit d'une voix guère joyeuse
-Rudes oui... J'ai perdu des soldats il y a peu de temps... J'aurai aimé pouvoir te mentir en disant que tout va bien, néanmoins c'est un mensonge que je sers déjà à mes parents dans les lettres que je leurs envoie. Et je n'ai ni l'envie, ni la force de te mentir.
La fatigue commençait elle aussi à peser, et une certaine détresse pouvait se ressentir.
C'est précisément suite à cela qu'une grande forme noire se glissa dans la tente, un grand loup qui se faufila derrière Sha', la dépassant pour venir s'asseoir à côté d'Arthorias.
Le warg fixa son maître dans les yeux, penchant la tête sur le côté, comme pour comprendre ce qui n'allait pas.
Flattant le crane de l'animal, Arthorias poursuivit.
-Fort heureusement tout n'est pas si noir, j'ai perdu beaucoup de gens que je connaissais récemment, femme et amis... Mais je n'ai pas tout perdu. Voici Yio, l'un de mes deux loups.
C'est une femelle warg noir qui ne me quitte quasiment jamais, je te rassure, elle est obéissante.
Le grand loup, qui était à la hauteur de Shabel assise s'approcha de l'inconnue, reniflant sa main avant de la fixer elle aussi. Après une inspection minutieuse, elle passa sa truffe sous la main de la jeun femme, en signe d'acceptation avant de se coucher près des deux.
-J'ai tendance à ne pas être très croyant, mais Lucy va me donner tors, à te mettre ainsi sur ma route. Dit moi, que fais tu donc au milieu de cette forêt oubliée de la civilisation ? Je doute que tu ois venue chasser le Grognours à coup de bâton.
-Ils avaient tout le temps de discuter maintenant, et Arthorias ne la laisserait pas repartir avant qu'ils aient soigneusement rattrapé le temps perdu
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C'est vrai qu'on apprenait dans la douleur, Shabel l'avait bien constaté. Tout réussir aisément et sans suer n'était pas un apprentissage qui durait vraiment dans le temps. Souffrir, tomber, trébucher, recommencer, observer ses erreurs pour reprendre de l'aplomb, voilà comment on évoluait ! L'un de ses proches amis, un jeune homme qu'elle considérait comme un petit frère, Eisei, en avait encore plus bavé qu'elle ! Car lui, de base, n'avait pas fait ça parce qu'il en avait envie. Il avait apprit sur le tas à aimer, à comprendre et développer sa foi quand chez d'autres, elle était déjà là.
Les propos de son ami firent rire la jeune femme qui posa une main sur sa bouche, ne pouvant qu'agréer aux propos d'Arthorias. C'est vrai quand sans son impulsivité, elle ne serait plus elle-même ! Sur ce point, il avait bien raison.
La demoiselle reprit quelques gorgées du thé, le regard posé sur le minois maintenant plus sombre du capitaine qui, sans masque, exprimait ses difficultés. Elle avait raison, il n'allait vraiment pas fort. Voir ainsi Arthorias fit un pincement au coeur de la jeune femme qui reposa doucement sa tasse sur le bureau, le visage mimant malgré elle l'expression de son ami. Elle fut tirée de cela par l'arrivée de la belle louve qui se faufila auprès de son maître avant que ce-dernier ne reprenne la parole. Il avait perdu autant de proches ? Même sa femme ? Shabel sentit une boule se nouer dans sa gorge. Elle savait bien ce que la perte d'un être cher pouvait causer alors... Plusieurs. En un laps de temps court, cela devait être dévastateur. La prêtresse baissa son regard vers la surnommée Yio qui glissa sa truffe dans sa main, visiblement confiante.
Shabel lui sourit gentiment avant de se redresser pour venir aux côtés de son ami, posant doucement une main sur son épaule avant de se pencher vers lui.
"Je suis de tout coeur avec toi pour te soutenir dans tes épreuves maintenant, 'Thorias. Je comprends ta douleur tu sais, je l'éprouve moi-même, bien que je sais pertinemment que personne ne vie les choses de la même manière."
Fit-elle d'une voix douce en souriant. La jeune femme était empathique et sensible, cela était une qualité comme un défaut car elle se retrouvait vite bouleversée par les histoires des autres. Shabel caressa la chevelure de son ami, elle savait bien que les contacts physiques étaient réconfortants et elle avait toujours été d'un naturel tactile.
"Je vois que notre douce Déesse m'a mise sur ta route dans une période sombre de ta vie et je compte bien honorer tout cela. Tu peux compter sur moi ! Je vais garder un oeil sur toi maintenant, tu n'as pas intérêt à hésiter à m'envoyer une lettre si ça ne va pas d'accord ? Je viendrais aussi vite que possible !" Reprit-elle en souriant largement, envoyant une petite pichenette sur la joue droite de son ami avant de s'appuyer dos au bureau. "Moi, je ne fais qu'accomplir ma mission divine. Je voyage, je tends ma main à ceux qui en ont besoin, je répand la parole de ma Déesse, je cherche de futurs initiés. J'étais venue me ressourcer à l'arbre sacré, méditer et prier quelques jours."
Expliqua la demoiselle en souriant, le regard posé sur son comparse.
"Mais toi ? Je ne savais pas que le capitaine de la garde royale s'éloignait tant de la capitale. Cela a un rapport avec les rumeurs du moment ?" Curieuse ? Assurément !
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Il n'était jamais facile de parler des soucis que l'on avait. Zahria l'avait forcé dans cette voie, prétextant que cela serait libérateur. Et elle avait eu raison. Chaque jour, le poids semblait un peu plus léger, même si ce désir de vengeance ne cessait de le consumer.
Relevant doucement la tête en sentant la main de son amie sur son épaule, il tenta un petit sourire rassurant qui ne fut pas des plus convaincant.
-C'est gentil de ta part, j'aurai aimé avoir de bien meilleurs nouvelles à t'annoncer. Malheureusement... Tout n'arrive jamais quand on le voudrait. Et surtout, tout semble s’enchaîner comme si je ne pouvais mettre le moindre frein.
J'ai parfois l'impression que tout avance sans moi et malgré moi...
Il se laissa aller quelques instant à ses sentiments négatifs, avant de tout ravaler d'un bloc. Shabel n'avait pas à voir cette partie. Sans doute avait elle bien des soucis, peut être plus grave que les siens.
Ce simple contact réussi tout de même à lui faire alléger son cœur et il pu enfin lui donner un sourire de bon cœur
-Aurais-je retrouvé sans le savoir une alliée de poids ? Mais je garde ce que tu me dit précieusement Sha', et la réciproque vaudra de même, plus question de m'isoler comme je l'ai si bien fais jusque là.
Sa présence ici était toute justifiée, et il eut un peu honte de lui quand il dut lui annoncer la raison de ce camp au milieu de la forêt.
-Pour des choses bien sombre je le crains, nous cherchons ceux qui nous enlevés les notres, pour les faire payer, dans le sang...
Tout les hommes dans ce camp sont sur la traque de ces criminels, et même si nous n'avons que peu de chance de les retrouver, nous cherchons, cela nous focalise sur quelque chose.
Rester ruminer la rage des pertes était mauvais pour le moral, et Arthorias tenait au bien être du régiment.
Commander n'était pas que faire preuve d'exemplarité.
-Mais... je suppose que ta vie de route n'a pas été de tout repos non plus, excuse moi de t'imposer tout cela.Tu dois sans doute avoir tes propres tracas.
Personne encore ne lui avait caressé les cheveux, beaucoup avaient peur de lui, et à vrai dire. Seule Sha' avait ce droit, acquis de par leur passé commun. Il ne dit rien, profitant du contact physique en fermant les yeux.
-Alors partageons un, je suis sur que tu cache bien des choses mon amie et je tiens à être là également pour toi
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La jeune femme écoutait le capitaine avec attention, observant les traits de son visage qui passaient d'un air sombre à un sourire après certaines paroles de la prêtresse. Celle-ci s'en retrouvait soulagée. Même s'ils venaient de se retrouver, elle espérait qu'Arthorias tiendrait parole de la contacter s'il en avait besoin, après tout, elle était là pour ça ! C'était l'un des objectifs qu'elle s'était assignée, de tendre la main à tous ceux qui en avaient besoin alors, pour un ami, c'était évident. Sans mot dire, elle se contenta de sourire et jouer avec l'une des mèches du capitaine, l'enroulant autour de l'un de ses doigts sans même y prêter attention, plutôt occupée à écouter ce qu'il disait.
Le sang appelait le sang de toute évidence et Shabel trouvait cela bien dommage mais... pouvait-elle les blâmer ? Non, elle n'était personne pour les juger. Elle-même n'avait jamais été confrontée au désir de vengeance même si on lui avait bien enseigné à quel point il pouvait être dévastateur et qu'il fallait l'éviter à tout prix. Et puis, quand ils les auraient tué, qu'est-ce que cela apporterait ? Les morts restaient morts, malheureusement. Enfin, la plupart du temps ! Mais d'un autre côté on ne pouvait pas laisser cela impuni. Mais il y avait bien d'autres châtiments que la mort, n'est-ce pas ? Dans tous les cas la prêtresse ne prononça aucun mot, gardant ses réflexions pour elle-même. Peut-être plus tard elle en parlerait mais pour le moment, elle préférait se concentrer sur le mal-être d'Arthorias.
Sauf qu'il retourna les propos sur elle ! Oups. Shabel n'aimait pas trop se confier sur ses problèmes, autant elle aimait pouvoir aider autrui, autant elle était mal lotie à ce niveau. La jeune femme manqua de relâcher les cheveux d'Arthorias mais elle constata que visiblement, il semblait apprécier cela puisque ses yeux étaient clos. La prêtresse poursuivit donc, pensive.
"Eh bien... Voilà que les retrouvailles se portent immédiatement sur des choses bien sombres. On dirait que nous n'avons pas beaucoup de repos dans ce monde !"
Fit-elle tout d'abord, cherchant une solution de ne pas aborder lesdits sujets sombres pour elle-même. Mais... Ne serait-ce pas déplacé ? Elle le faisait parler et refusait de le faire en feintant ? Ce n'était pas correct. Pourtant elle hésitait, elle n'aimait pas qu'on la plaigne. Sauf qu'Arthorias était capitaine de la garde royale et peut-être, ne sait-on jamais, avait-il entendu quelques choses à propos de Stansha. Les rumeurs allaient parfois de bon train, peut-être qu'un de ses gardes avaient constaté quelque chose d'étrange ! Shabel soupira mentalement : elle n'y croyait pas trop puisque garde royale signifiait qu'ils sortaient peu à l'extérieur.
"Après tout nous avons tous nos tracas mais ne t'excuses pas, je t'ai demandé de parler et je suis reconnaissante que tu le fasses. Ce n'est pas toujours simple de parler de soi, de ses problèmes et ses ressentis, pour l'instant tu te débrouilles !"
Elle eut un petit rire avant de se calmer, hésitante. A vrai dire, elle tenait à ce que ces retrouvailles se passent bien, elle tenait à garder Arthorias près d'elle comme autrefois et pour ça, elle devait parler et se confier. Puis il n'était pas un inconnu, ni une connaissance, ni un simple camarade ou un pote en qui elle avait peu confiance. Autrefois elle lui parlait bien de ses problèmes alors... pourquoi pas maintenant ? Son instinct lui soufflait de parler. S'armant de courage, elle décida finalement de le faire.
"De mon côté j'ai choisi la vie de nomade pour différentes raisons et bien que ce soit éprouvant et dangereux, je ne compte pas changer pour le moment. Vois-tu, quand j'étais encore Soeur, mon père a disparu en quête. Personne ne sait où il est et j'ai même engagé des aventuriers pour le trouver mais ce fut vain. Mes recherches actuelles le sont également."
Mais elle ne perdait pas espoir. Même si sa mère, sa tante et les anciens compagnons de son père étaient assurés qu'il était mort, Shabel était persuadée de l'inverse. C'était inexplicable mais c'était ainsi. Un pressentiment.
"Mais je suis certaine qu'il est là, quelque part !" S'exclama t-elle soudainement, l'air assuré.
Bien, elle avait parlé du poids principal qui alourdissait son coeur ! Voilà qui faisait du bien. Elle savait qu'Arthorias saurait pourquoi cela lui était tant difficile ; Elle avait toujours été une vraie fille à papa ! Autrefois, elle n'avait que ce mot à la bouche.
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L'officier eut la confirmation de ses pires soupçons assez rapidement. Son père.... disparut et présumé mort... Il y avait en effet bien pire que ses propres problèmes. Cela lui fit reposer sa tasse de thé, ses yeux s'emplissant d'une certaine tristesse.
Pour Sha, son père avait été son héro, le seul et l'unique, elle en parlait à chaque fois, comparant les moindres fait et geste à ceux de cet aventurier héroïque.
Peu de doute étaient permis sur la tristesse réelle qui se cachait derrière ce sourire. L'ambiance n'était pas franchement à la fête... Mais l'homme ne voulait pas qu'il y ai le moindre dilemme.
Au final peut importait. L'officier déposa une main sur la tête de la jeune femme, un geste hérité de ce qui semblait une vie en arrière. Si on lui avait laissé le choix, il aurait sans doute plongé dans cette époque sans regret
-Oh... Je suis désolé Shabel, j'avais hésité à t'en parler...
Était-il sage de remuer le couteau dans la plaie ? La jeune prêtresse lui donna la réponse sans attendre. Elle ne croyait pas à sa mort.
Mais cela faisait si longtemps... Y avait il une chance pour qu'effectivement l'homme est survécu tout ce temps ?
C'était difficile à croire mais.... l'instinct était souvent bien plus fort que les évidences.
-Si je peux t'aider d'une façon ou d'une autre... Je n'ai que bien peu de choses à t'offrir sinon mon aide. Mais sache que.... si le besoin s'en fait sentir, j’accourrais aussi vite que possible
Ce n'était pas grand chose, mais surement le mieux qu'il puisse faire. Il ne connaissait pas beaucoup d'aventurier et fouiller les archives de la guilde était bien hors de sa portée.
Après un moment resté là, il finit par soupirer observant la jeune femme de la tête au pied avant de dire.
-Bon... ne restons pas à marmonner ainsi, je te propose de rester au camp pour la nuit, je devrais pouvoir te trouver une tente, tu pourra te restaurer et te reposer pour repartir quand tu le voudra.
Nous avons aussi une douche à disposition si tu en as besoin.
Peu de pouvoir, mais il pouvait au moins faire ça pour elle. Le camp était un endroit sur au milieu de la forêt, et à moins de marcher de nuit, vu que midi était passé, elle ne croiserait pas vraiment d'habitation. Mieux valait être prudent par les temps qui courraient.
-Mon capitaine ?
La voix de Tancred résonna au dehors de la tente.
-Oui entre !
L'homme du se plier en deux pour passer par l'ouverture, le géant se redressant devant son ami, avant d'offrir un sourire à la jolie demoiselle.
-La patrouille de l'après midi va partir, je suis de la partie, tache de ne pas faire de bêtises pendant mon absence mon ami
Le géant prit congé laissant le capitaine avec son amie. Qui se sentit obligé de lui présenter.
-Ah et voici Tanred, l'un de mes deux amis de la garde, il est impressionnant mais c'est quelqu'un de très prévoyant, c'est aussi mon aide de camp personnel et garde du corps.
C'est d'ailleurs lui qui nous à fait ce thé. Et qui se charge des achats pour le camp.
Si tu as besoin de quelque chose avant de repartir n'hésite pas à lui demander.
Cet homme avait un talent pour trouver quasi tout ce qu'on lui demandait. Un talent très utile pour un officier.
Nul doute qu'une tente serait trouvée et montée pour Shabel dès son retour.
-Cela dit, pourrais-je te demander un service ? En tant que prêtresse, je suis sur que certains des soldats aimeraient pouvoir profiter de ta présence pour quelques prières. Je n'ai pas d'autel à t'offrir pour cela... mais si tu pouvais, ce serait vraiment génial.
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Shabel se stoppa lorsque le capitaine posa une main sur sa tête, comme au bon vieux temps. Quand elle s'agitait de trop, bavardait trop ou s'énervait et que de simple geste, il balayait ses pics d'émotions fortes ! Cela la fit sourire que ce contact lui rappelle cela et elle posa ses yeux sur Arthorias, contente qu'il soit de nouveau près d'elle. Si la prêtresse préférait garder un cercle restreint et avait réussit à le faire jusqu'à maintenant -à vrai dire en dehors de sa famille, il n'y avait que Eisei qui comptait véritablement pour elle- voilà que la donne était changée. Arthorias reprenait rapidement et très sûrement la place qu'il avait occupé autrefois.
"Merci 'Thorias, je suis sûre que je peux compter sur toi. Et ton aide, c'est énorme enfin ! Hahahaha !"
Elle préférait en rire qu'en pleurer, même devant ses proches. Dans tous les cas il avait raison, mieux valait rebondir et aller de l'avant : il ne servirait à rien ici et maintenant de déprimer à ce propos car là, tout de suite, ils ne pouvaient rien y faire.
"Ohh tout ça ? Tu me gâtes dis donc ! Je suis flattée, merci à toi."
Fit-elle dans une exclamation sincèrement heureuse, frottant affectueusement le haut de la tête du capitaine, l'ébouriffant au passage. Shabel n'avait jamais été très... délicate, il fallait l'avouer et encore moins sous un coup de joie ! Après tout elle ne profitait pas tous les jours d'un tel confort car bien souvent, elle dormait à la belle étoile ou dans des auberges ou maisonnées à bas prix, pas très confortables. La prêtresse ne s'en plaignait pas car au fond, elle aimait bien ça. Elle aimait éviter le superflu, chercher les meilleures auberges, les plus beaux endroits où crécher. C'était superficiel et elle voulait éviter de s'enorgueillir et se croire supérieure, vouloir le mieux. Parce que dans ces auberges miteuses, souvent, elle pouvait aider. Elle priait avec ses hôtes et aidait aux travaux manuels ou au champ, voir auprès des bêtes. Elle apprenait parfois à lire aux enfants, à écrire, à prier.
Ils furent coupé par l'arrivée de l'un des hommes d'Arthorias, le colosse qui avait ramené le thé. La jeune femme se détourna lentement, posant un regard intrigué sur l'inconnu, la bouche entrouverte par la surprise. Elle répondit ensuite au sourire de l'homme avec sincérité comme elle savait si bien le faire, toute ouïe. Dans tous les cas, une nouvelle fois, elle ne comprit aucunement les dernières paroles du colosse ! Alors elle se contenta de le saluer joyeusement.
"C'est vrai qu'il est vraiment grand et très musclé !" Répondit-elle d'un air bluffé. "Il fait beaucoup de choses dis donc ! Hahaha merci en tout cas, je n'hésiterais pas à lui demander si j'ai besoin."
La prêtresse se pencha alors pour récupérer sa tasse et en prendre quelques gorgées tandis qu'Arthorias reprenait la parole. Elle acheva de déglutir pour répondre.
"Oh mais bien évidemment, c'est tout à fait normal ! Je le ferais avec un très grand plaisir ! Et puis tant pis, on priera sans autel, le plus important est de le faire avec le coeur, l'âme et la foi !" Shabel eut un petit rire. Elle avait déjà prié avec des gardes lors de ses routes, souvent dans des tavernes d'ailleurs, comme quoi le lieu importait peu ! "Tu veux qu'on y aille maintenant ? Comme ça tu me fais visiter le camp et tu me présentes, certains viendront peut-être plus tard me voir ! Ou alors on peut aussi organiser un recueillement dans la soirée pour tous ceux qui veulent."
Elle disait cela un peu pensivement, les yeux plantés sur le plafond de la tente, la tasse dans les mains, réfléchissant à ce qui serait le plus convenable. Finalement elle haussa ses épaules, rien ne servait de se prendre la tête, on verrait bien ce que les gardes préféreraient ! Ses prunelles rougeoyantes se reposèrent sur Arthorias.
"Vous comptez rester longtemps dans la forêt ? Jusqu'à ce que vous retrouviez ces... bandits ? Ou vous repartez au bout d'un certain temps ?"
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Arthorias eut un petit rire. Offrir de quoi se dormir, se laver et manger ne lui paraissait pas grand chose. Mais comme on le luit reprochait souvent, il n'était pas très en phase avec le monde qui l'entourait. Ce qui lui semblait parfois normal était totalement disproportionné.
Mais c'était une vie qu'il avait choisit. Quand on côtoyait la famille royale quotidiennement, le luxe pouvait apparaître comme une chose dérisoire, et certains éléments plutôt exceptionnels comme quelque chose de basique.
Etre toujours accompagné d'un groupe du génie de la garde formé avec eux avait de quoi aider. Ces derniers avaient leurs propres carrés dans le camp, mais ne se mélangeaient que rarement avec les royaux.
C'étai un poste exigeant mais confortable, construire des infrastructures pour la garde royal était ardu, et les délais étaient court, mais une fois fait, ils avaient le champ très libre, tant qu'ils respectaient les consignes.
-C'est le moins que je puisse faire pour toi, un lit pour dormir sans te soucier des grognours sauvage. Bien sur tu peut rester autant de temps que tu voudra, nous n'en somme pas à une tente en plus ou en moins, bien au contraire.
Pour le cas de Tancred, Arthorias reposa sa tasse, resservant un peu de thé provenant de la bouilloire posée sur le bureau.
Le géant ne l'avait jamais lâché, que ce soit dans les meilleurs moments comme dans les pire.
-Il fait parti de ces gens aux multiples talents, et sans lui, je serais sans doute bien moins efficace ! Et peut être moins souriant.
Ami, confident, défenseur et soutient, l'homme était un peu tout à la fois, c'était l'as dans sa manche, et souvent, il espérait être d'une certaine utilité à ce golem qui prenait la vie à bras le corps, affrontant chaque problème avec un sourire narquois et un trait d'esprit.
Le blond souffla devant la décision de son amie. Avoir une cérémonie aiderait bien des soldats à exorciser tout ce stress. Même s'il était navré d'imposer cela à son amie.
-C'est gentil de ta part, ce sera long j'en ai peur, mais en échange je te garantis que tu pourra dormir sur tes deux oreilles ! Et au sec.
Allez viens avec moi !
Ils auraient tout le temps pour boire le reste du thé plus tard.
Privé de son armure, l'officier se sentait presque nu malgré son ensemble de sous armure gris. L'emblème royale brodé dessus en fil d'argent.
Emmenant son amie avec lui, il dépassèrent sa grande tente rouge, rapidement saisis par un vend froid venant du nord.
-Hum... ce sera une nuit pluvieuse je le crains heureusement que nous avons prévu le coup.
En effet le camp était parcouru de petites rigoles creusées destinées à évacuer le surplus d'eau, la terre était recouverte d'une surface imprégnée de magie, chassant l'eau pour éviter de transformer le camp en marre de boue à force de passage.
Ils gagnèrent la porte principale, faite de gros arbres taillés, montés sur des charnières adaptable. Deux tours s'élevaient de chaque côté de cette dernière, les deux étant occupés par des gardes en poste qui étudiaient les alentours.
-Voici la porte du camp par là ou on est entré, gardée jour et nuit, à gauche, tu as notre boucher du camp, c'est là qu'on prépare ton grognours.
Continuant à longer les remparts, il eut un regard pour la carcasse entrain d'être débitée, la peau de l'animal déjà entrain d'être travaillée.
-Nous n'avons pas fait un camp pour n'y rester que peu. En fait nous allons surement rester une lune, ce qui explique que nous ayons fait quelque chose d'aussi imposant.
Normalement nous faisons moins imposant, mais là...
Il lui montra le reste, le camp étant composé de quartiers fait de tentes pour la plupart, mais aussi d'une petite forge de campagne faite d'un chariot modifié et renforcé.
Tout était prévu pour que le groupe de soldat puisse survivre isolé. Ils avaient même un soldats occupés à faire pousser des provisions à l'aide de son pouvoir. Autant de dire que ça ne serait pas ici que leurs lames cesseraient de trancher
Les soldats auraient pu rester ici des années, tant les pouvoirs magiques changeaient la vie
-Je ne peux pas te garantir du matériel de première qualité, mais tu peux confier ton matériel à certains de nos artisans soldats, ils sauront en prendre soin pour le temps que tu restera. D'ailleurs si tu as quelques égratignures, nous avons un médecin sur le camp
Passé la lune, nous repartirons à la capitale, en détruisant le camp bien sûr, et surtout en emportant tout ce qui peut être réutilisé, d'ailleurs, tu veux rester ici quelques temps ?
Je conçois que ce n'est pas l'endroit le plus joli de la région, mais nous pourrons te déposer à la capitale ou sur la route sur le chemin du retour si tu le souhaite
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Arthorias ne s'en rendait peut-être pas vraiment compte mais il lui offrait là une aide très appréciée ! Shabel le suivit avec entrain, remerciant intérieurement Lucy d'avoir mit le capitaine sur sa route. Peut-être bien qu'il avait besoin d'elle mais au final, tout cela se transformait en une aide qui tombait à pic pour elle aussi ! La jeune femme emboîta le pas de son ami d'enfance, levant les yeux au ciel à ses mots. Le vent était frais, effectivement et entre la cime des arbres on pouvait distinguer des nuages grisâtres qui approchaient. C'était encore mieux qu'elle puise rester ici alors ! Elle en avait de la chance. D'ailleurs elle remarquait le campement était vraiment bien installé, sûrement restaient-ils un petit moment.
Shabel observa la porte principale par où ils étaient rentrés tout à l'heure, des gardes surveillaient les alentours de là-haut. La jeune femme hocha doucement la tête aux explications de son ami, glissant ensuite son regard rubis vers ledit boucher qui découpait la bête qui l'avait attaqué. Au passage Arthorias répondit à la question qu'elle avait posé précédemment et elle sourit, hochant la tête. Une lune donc ? Elle comprenait mieux toute l'organisation mise en place au sein du camp. La prêtresse suivit Arthorias à travers le camp, saluant poliment les gardes qui les regardaient passer, se demandant certainement ce qu'elle faisait ici et qui elle était.
La proposition du jeune homme à la chevelure blonde fit frémir Shabel : rester tout ce temps avec eux et se faire emmener à la capitale ou faire un bout de chemin avec elle ? La jeune femme leva les yeux au ciel, pensive. Après tout, pourquoi pas ? Elle n'avait pas de destination prédéfinie et elle songeait que sûrement, ces gardes avaient besoin d'elle, Lucy en avait décidé ainsi ! Elle devait offrir ses services à Arthorias et ses hommes. Un sourire se dessina sur les lèvres de la prêtresse et elle encra son regard dans celui du blond.
"Tu sais quoi ? J'accepte ! Je vais rester ici avec vous et puis je ferais la route à la capitale avec vous, ça me permettra d'avoir une protection. Mais je vais mettre la main à la pâte t'inquiètes pas, je ne compte pas juste profiter hahaha !"
Fit-elle pour rassurer Arthorias au cas-où, elle n'avait pas envie d'avoir l'air d'une profiteuse. Mais si elle restait ici, elle allait pouvoir offrir ses services de prêtresse, renouer convenablement avec Arthorias, avoir une protection digne de ce nom et... Oh, elle venait d'avoir une idée.
"Tu penses qu'un de tes hommes pourra m'entraîner à l'art martial ? Je suis rouillée depuis tout ce temps. Ou toi si t'as des moments de libre ! Je veux bien voir ce dont est capable le capitaine de la garde royale." Elle jeta un oeil vers le boucher et le Grognours, peinant à cacher un petit rire. "Même si au final, j'ai eu un aperçu ! Très impressionnant d'ailleurs."
Elle reposa son attention sur son ami et croisa ses bras, sourire aux lèvres. Après tout c'était très rare qu'elle combatte puisqu'elle préférait la diplomatie et la médiation mais... Avec la recrudescence de bandits, mieux valait ne pas rester trop rouillée. Certes elle s'entraînait de temps à autre mais seule, ce n'était pas très pratique ! Là, elle avait une aubaine.
"En tout cas je ne te remercierais jamais assez pour tout ce que tu me proposes. En plus on va pouvoir profiter de ce temps pour apprendre à se mieux se connaître maintenant qu'on s'est retrouvé !" La jeune femme eut un petit sourire. "Tu sais ce qu'on peut faire là ? Passer une annonce pour dire que ce soir ceux qui sont intéressés peuvent venir participer à une prière générale ! Après ça, je prendrais les demandes de ceux qui veulent me voir personnellement et je m'occuperais de discuter avec eux pendant mon séjour ici. Tu en penses quoi ?"
Elle avait le temps après tout s'ils restaient ici quelques semaines.
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Oh ! Elle acceptait, voilà qui ferait du bien à tout le monde ! Et alors qu'il allait répondre avec un sourire, quelqu'un prit Arthorias par la taille le tirant vers lui avec énergie
-Mon Capitaine ! On accueille les prêtre itinérant maintenant ?
Deux grands yeux expressifs, une petite femme brune pleine d'énergie, une armure ressemblant à celle d'Arthorias sur le dos et de long cheveux bruns noués en queue de cheval.
Un air faussement renfrogné qui donnait envie au capitaine de tirer les joues de la jeune femme.
-Ciaran, tu remet en cause mes décisions ?
-Oh que non Capitaine Hekmatyar, je remarque juste que tu propose bien vite nos service !
L'officier rigola en posant sa main sur le crane de la jeune femme, ébouriffant ses longs cheveux avant de l'attirer près de Shabel.
-Et voici Ciaran, ma seconde aide de camp, je dirais bien garde du corps, mais elle aurait du mal à garder le sien déjà ahahahaaïe
Son amie avait expédié une petite tape sur la tête de l'officier avant de s'en aller en boudant, disant tout bas "idiot..."
Avant de laisser Sha et Arthorias à nouveau livrés à eux même.
-Et bien pour l'entrainement, comme tu reste ici quelques temps, je pourrais le faire moi même, Ciaran et Tancred pourront aussi t'aider. La petite Ciaran est une tête de mule, mais ne t'y fie pas, c'est une redoutable combattante.
Sitôt que tu sera bien installée dans le camp, tu n'aura qu'à passer à ma tente.
Un peu d'exercice ne ferait pas de mal, et elle pourrait se joindre aux exercices matinaux et s'il y a bien une chose que l'officier savait faire, c'était se battre. Depuis qu'il était entré à l’académie, on lui avait bourré le crane avec les techniques de combat des plus simples aux plus exotiques .
-Ah pour ça, tu ne risque pas d'y échapper, le camp n'est pas si grand.
Mais oui, on peut passer une annonce, je suis heureux d'avoir quelqu'un à fournir à mes hommes, je ne suis pas très au fait du culte de Lucy tu sais, nous avons des croyances un peu différentes ici. Mais je te rassure bien des gens seront présent pour t'écouter !
Sans un mot de plus ils parcoururent le camp, annonçant à qui voulait l'entendre qu'une prêtresse serait la pour une prière diurne.
Bien des soldats et artisans se trouvèrent ravi de l'apprendre. Un camp était morne en tant normal et les soirées, à la lueur des feux de camps devenaient vite répétitives.
Les soirs, Arthorias les passaient en général devant sa carte, un thé sur le bureau et ses deux amis à ses côtés.
Ciaran jouait souvent du violon dans la tente pour que le trio ai du baume au cœur et il n'était pas rare de trouver quelques soldats près de la tente de l'officier. Cela tranchait de la routine et tout le monde était heureux d'avoir autre chose que le bruit des lames qui égratignaient le bois des poteaux d'entrainement
-Je pense que ce soir, cela ne manquera pas de monde, tu vas avoir des confessions tout au long de la semaine j'en suis sur !
Mais c'était une histoire qui ne serait jamais racontée, et au bout d'une semaine, la prêtresse finit par repartir, et Arthorias n'en entendit plus jamais parler, sans doute eut elle périt au cours d'un de ses voyages.
Et aussi soudainement qu'elle était apparut, elle fut oubliée
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