Ouai il était mignon en plus le petit boulanger ! Alicia n’avait visiblement pas une grande estime d’elle même, ne pensait-elle pas tout de même que son charme pourrait en toucher plus d’un(e) ? J’avais bien compris que ce n’était pas sa priorité, mais même en ayant ça en tête, ne pas s’y intéresser ne signifiait pas ne pas avoir de succès. Je n’avais pas vu de lettre d’amour et de mecs éperdument accroché à sa fenêtre -et dieu merci-, mais en même temps, qui diable envisagerait de faire ce genre d’action, ca serait hyper chelou non ?
Ne pas rire, ne pas rire. Alors que mes lèvres se déformaient dans une grimace pour commencer à rigoler, mes yeux s’entrouvrirent légèrement pour regarder la marchande. Cette dernière, toute retournée avait marché, je dirais même couru droit dans ma bêtise ! Ne pouvant plus me retenir, je me mis à rire quelque millièmes de secondes avant que ne s'abatte sur moi une tarte. Mes deux yeux s’ouvrirent d’un coup, laissant apparaître deux pupilles totalement dilatées, qui même avec la lumière de la pièce ne parvinrent pas à se rétracter. D’un mouvement je m’étais également redressée sur mes coudes, et avait tendu l’une de mes mains pour me protéger cette fois, au cas ou une seconde baffe s'abattrait sur moi. Je me remis à rire à cause de la situation, et surement plus du fait de notre consommation.
“- Aaaah ah! Ne me frappes pas, c’était une blague! Aha”
Redressée bien trop vite pour mon état actuel, je sentis une nausée me prendre accompagné d’un sentiment de tête qui tournait comme si je venais de larguer la chaloupe à la mer. J’attendis un peu que la jeune femme se remette de ses émotions pour me redresser et me rasseoir dans le fond du canapé. Je ne pouvais m'empêcher de penser au tatouage que je portais dans la nuque. Je l’avais fait faire pour obtenir une amélioration de pouvoir, et pourtant, rien ne se déclenchait. La main posée sur l’avant bras de la jeune femme, je fis mine de fermer les yeux comme si une vision venait de me traverser l’esprit…
“- Je crois que j’ai vu quelque chose du … du futur en te touchant…” Prenant un air sobre voir inquiet. “Je te vois dans une cour sur une terrasse, avec un ventre énorme comme une pastèque et.. ” Entrouvrant un oeil je me mis à rire, pas crédible pour un sous “non je vois juste que tu vas me mettre à la rue ce soir aha”
Un sourire que je tentais de dissimuler sur le coin de mes lèvres s’afficha tout de même sur mon visage. Cette fois je ne voulais pas me faire frapper hein ! Avachis en fait serait plus approprié.
“- Vas-y essaye à ton tour, peut-être que tu auras plus de chance que moi... Promis je ne te frapperais pas moi aha”
Le boulanger ? Oh grand dieu non ! Cette catin de Lucy en soit témoins, plutôt embrasser un aventurier raté, et dieu sait qu'il y en avait dans la capitale...
Mais quelqu'un d'aussi insignifiant et démunis ? Oh que non. Si elle devait un jour finir emprisonné dans un couple néfaste, autant que ce soit avec quelqu'un de pouvoir et d'influence et pas une misérable raclure. Voir à travers la misère était pour elle, comme être nyctalope en plein milieux d'une nuit sombre : le moindre défaut ressortait là ou les gens voyaient du mystère
Au final, la gifle fit son effet même si elle finit par se rendre compte que l'aventurière c'était fichue d'elle, ce qui lui évita une deuxième fournée de claque.
-MA' ! Pour une fois que j'envisage quelqu'un comme une amie, tu es priée de ne pas me claquer entre les doigts comme une vulgaire accro au coin d'une ruelle ! Surtout chez moi ! Non mais oh !
Se débarrasser en plus de son cadavre coûterait horriblement cher, le réseau de la cabale était certe efficace, mais tout les services n'étaient pas gratuit.
Allons Marie Madeleine....
Et comme pour en rajouter une couche en lui prédisant un parasite dans l’estomac et à un stade de maladie avancé en plus
-Si tu as vu autant de malheur, je préfère me trancher la gorge tout de suite, nul parasite ne prendra ma force pour survivre, ce n'est pas ma façon de faire. M'estropier pour quelqu'un d'autre.... très peu pour moi !
Mais la mettre à la rue ? Certainement pas. Se renfonçant dans le canapé, elle soupira en prenant une nouvelle bouffée d'Opium, sentant sa tête se mettre à tourner légèrement.
Elle refusa d'un geste de la main la proposition avant de dire.
-Non, non, non... Je ne goûte pas ce que je vend, ce serait très peu professionnel et puis...je n'ai pas besoin d'augmenter la portée de mon pouvoir tu sais
Il me convient tel quel ! C'est important de savoir ce qu'on veut.
D'ailleurs, elle se retourna pour s'asseoir sur les genoux de Ma, la fixant droit dans les yeux alors que sa tête tanguait légèrement, ses deux yeux jaunes se plongeant dans les siens.
-Allez.... Je suis sur que tu peux te concentrer pour me faire une jolie prédiction mon amie... Je veux bien même t'en redonner un peu
Et pour une fois.... c'était simplement de la curiosité
“- Allons voyons, il y a pire comme vie et.. Tu pourrais te retrouver éleveuse de glooby ahaha”
Enfin je rigolais mais cette vie là me faisait peur à moi aussi. Un truc planplan, non merci. Rester toute ma vie aventurière et n’avoir comme attaches que mes confrères me convenait tout aussi bien. Alicia resta dans son rôle de marchande. Un dealer n’est pas forcément un goutteur. Bien qu’on m’ai toujours dit qu’il fallait goûter la marchandise pour pouvoir la vendre. Mais le choix de la jeune femme était tout aussi remarquable. Je n'insistais donc pas, la laissant venir se caler sur mes genoux. Les yeux mi clos à cause de l’effet de l’opium, j’hochais de la tête et posais mes deux mains autour de la jeune femme. Je ne savais pas quoi penser, ni que faire pour déclencher une quelconque réaction.
“- Je suis désolée je crois que madame Irma doit nettoyer sa boule de cristal..”
Je me met à rire doucement, basculant ma tête en avant pour la caler contre l’épaule de la marchande. Quelques minutes ne s’écoulent sans qu’il ne se passe rien. La situation était bizarre. Moi qui n’aimais pas les filles me voilà avec l’une d’elle sur les genoux. C’était bizarre, je devais me méfier ? .. Méfiance. A travers mes yeux mi-clos, mes pupilles se rétractèrent. Tout se déroula en une fraction de seconde sans que je ne comprends rien. Relevant alors la tête, je regarde la marchande d’un air un peu inquiet.
“- Alicia.. Je ne suis pas sûre.. Peut-être est-ce une hallucination due au mélange de l’opium et de la Morsure de l’incandescent. Mais je crois que.. Je crois que j’ai vu quelque chose. C’est pas habituel car je ne vois que dans l’immédiat. Mais là..” Mon regard se perd en fixant le vide, comme si cela pouvait m'aider à réfléchir “Tu connais une femme aux cheveux bleus .. ? ”
Je cligne des yeux, incapable d’en dire plus car au final je n’en avais pas plus. C’était bizarre, pas comme d’habitude. Comme si penser à un sentiment quelconque avait poussé la vision à se déclencher ? Ou peut-être était ce qu’une illusion ? Je n’y comprenais pas grand chose. Relâchant légèrement mon étreinte de la marchande, je m'avachis de nouveau contre le dossier. Les lignes au mur ressemblaient plus à Chat-kira maintenant.. C’est trop bizarre. Les paupières sont de plus en plus lourdes en plus.
“- Méfie toi d’elle… Je n’ai pas saisi le sens de ma vision, mais elle n’a pas que de bons sentiments envers toi .. Ca pue le traquenard..”
L'aventurière prit un air un peu plus sérieux et ce malgré la proximité qu'elles partageaient toutes les deux. Fort heureusement, Valeera n'était pas assez attaquée pour tenter quoi que ce soit.
Du moins pas encore, et réussit à écouter le plus sérieusement du monde la jeune femme et son avertissement.
Une femme aux cheveux bleu disait-elle ? Oui effectivement, la fameuse noble vigneronne, celle à qui elle avait volé un baiser. Enfin... un baiser...
-Merci Ma', ça m'aide plus que tu ne le crois ! Car effectivement je connais une noble aux cheveux bleu qui aurait toutes les raisons du monde de m'en vouloir.
Mais fort heureusement, elle est loin et ne sait pas ou j'habite, inutile de trop s'en faire donc ! Profite donc de mon chez moi !
Regagnant sa place à plus sage à côté de Ma, la vipère posa la tête contre l'épaule de son amie, fermant les yeux alors que la drogue la faisait doucement partir.
Elle eut un petit rire inexplicable avant de reprendre.
-Je suis sûre que tu n'essaiera pas de me planter un couteau dans le dos, c'est agréable ! Je pense qu'on va avoir une bonne soirée toi et moi !
Tu veux voire quelque chose Maaaaa' ?
Sa voix commençait doucement à traîner les dernières syllabes, signe que l'opium faisait son effet
Elle avisa des bouteilles qui n'attendaient que d'être bues. Et si la drogue et l'alcool ne faisait pas bon ménage... Qui s'en souciais, elles avaient toute la nuit non ?
“- Que lui as .. tu fais pour qu’elle.. te déteste ? Tu lui .. as dit que son.. raisin n’était pas bon ?”
Je souris, pas assez de motivation pour rigoler pleinement sous mon était de larve grandissant. Alicia bougea, pour se caler de nouveau contre l’assise du canapé. Encore une fois, je sentais sa disparition non par le fait que je la voyais bouger , mais plutôt du fait que je sentais de nouveau une légère fraîcheur sur mes jambes. Je continuais à fixer les lignes du mur qui dansaient, encore et encore. La jeune femme me proposa quelque chose d’autres à boire que je déclinais en levant légèrement la main droite où je tenais la pipe à Opium. Prenant une dernière bouffée, je la laissais retomber sur ma jambe, la laissant finir de se consumer seule.
“- Je te remercie.. je crois que. j’ai eu largement ma dose…”
Je tente de lui sourire, avec des paupières lourdes, toujours aussi lourdes. Mes paupières se ferment et restent closes cette fois-ci. Et plus les secondes défilaient plus je sentais mon esprit s’évader de mon corps, ce corp si lourd et léger à la fois, si tranquille, si apaisé... Combien de temps s’écoula ? Je ne saurais le dire, mais lorsque j’ouvris de nouveau les paupière, je me trouvais toujours sur le canapé de la marchande, allongée de tout mon long sur ce dernier avec sur moi une petite couverture. Mon premier réflexe était d'attirer mon regard sur les lignes du murs, qui avaient retrouvé leur tranquillité. Elles ne dansaient plus, elle étaient immobiles.. Les deux coudes sur l’assise, je me redressais doucement. Alicia n’était plus là ?
“- Alicia.. ?”
Je pris mon temps pour me lever, ne tentant pas de brusquer mon pauvre corps complètement déphasé. Clairement, c’était le matin au vu u soleil montant que je pouvais voir désormais dans la cuisine. Zieutant de tous côtés, mon regard se stoppa sur l’objet tant désiré.. Une cafetière… Je pris cette dernière entre mes mains avant de tenter de l’ouvrir. Ca marche comment c’machin là ?
Pourquoi Zadyelle pourrait lui en vouloir ? Peut être était-ce du à l'empoisonnement ? Peut être... Mais rien de très sur, les nobles étaient ce qu'ils étaient.
Du reste, mieux valait qu'elle n'en sache pas trop et elle hocha la tête avec un petit sourire entendu.
-C'est à peu près ça oui, quand je ne tiens pas ma langue, j'ai tendance à dire des choses blessante, chose à retenir ! On ne critique pas la production d'un noble en tout cas
La production, son honneur, sa bourse, ses gardes, son château... Enfin tout un tas de choses que cette classe supérieure considérait comme ses acquis.
Et Valeera, cette très chère voleuse, adorait voler les acquis. Un jour peut être elle saurait. Mais pour le moment mieux valait profiter du doux effet de la drogue.
Lentement, un peu plus que Ma', la vipère tomba dans la sommeil, s'affalant doucement sur la jolie aventurière, portée bien rapidement vers des rêves plus doux, peuplés de créatures peu farouches.
Le matin revenu, la jeune femme ouvrit les yeux en sursaut, trouvant une MMP allongée sur son canapé, et une folle envie de prendre une douche.
Comme à son habitude, elle ne résista pas longtemps, déposant une couverture sur son amie et un récipient plein de café, elle fila enlever la crasse de la veille.
Ce n'est que quelques heures plus tard qu'elle repassa, découvrant son amie en train de peiner à se servir.
Légèrement vêtue, mais suffisamment pour couvrir son tatouage, elle servit une grande tasse à son amie avec un grand sourire.
-Prend ton temps Ma', je ne vais pas te mettre dehors, si tu as besoin d'une douche, fais toi plaisir !
Et ainsi la matinée se termina, cette fois sans drogue, les deux amie finissant leurs entrevue de façon cette fois bien plus calme.
Elles se quittèrent avec la promesse de se revoir, peut être pour quelque chose de moins illégal
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