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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Déchiffrer des textes anciens
    Maître du jeuCompte PNJ
    Maître du jeu
    Informations
    Déchiffrer des textes anciens
    Lun 18 Mai 2020 - 15:05 #

    Déchiffrer des textes anciens




    L’Archiviste royale a été catégorique, déchiffrer les schémas cryptiques et écrits de ces livres n’est pas dans ses cordes… Après avoir été protégé et conservé, l’Archiviste s’est attelé à la création de copies exploitables sans risques pour ces trésors historiques. Et ces copies ont atterri directement sur le bureau de la Conseillère Desrossa accompagnés par une note de la Première Ministre Du Lys. Un monstre inconnu et particulièrement dangereux découvert, ce n’est jamais une bonne nouvelle. Et même s’il est confiné à la Citadelle des Tréfonds, le gouvernement se doit d’être prêt à toute éventualité. Une nouvelle expédition vers la Citadelle est déjà en préparation sous l’égide de la Première Ministre pour étudier ce monstre tandis qu’il incombe à la Conseillère de trouver un moyen de déchiffrer les livres ramenés par les aventuriers.

    Si l’exploration de la Citadelle et l’étude directe du monstre collent bien au tempérament des aventuriers, déchiffrer des écrits et schémas datés de plusieurs siècles au minimum n’est pas dans leurs cordes… Pourtant, cela faciliterait bien la tâche de la Conseillère car des personnes plus versées dans les arts écrits que l’Archiviste Royal, ça ne court pas les rues… Rapidement, des bruits de couloirs se sont répandus dans le palais concernant le fait que la Conseillère serait prête à récompenser toute personne venant à permettre la traduction de ces ouvrages… Toujours est-il qu'elle a pris les devant en s'adressant à diverses personnes jugées aptes à résoudre ce problème.

    Rappel de la demande:
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
    Informations
    Re: Déchiffrer des textes anciens
    Sam 23 Mai 2020 - 11:46 #
    « La confection vous convient-elle ? »

    Luz passa ses doigts sur l’ourlet du sac, releva la languette et étudia la rugosité du cuir. Les yeux plissés, sa moue circonspecte se transforma progressivement en une visible satisfaction. Elle reposa le grand sac sans fond sur le comptoir de l’artisan et fit glisser une bourse de cristaux jusqu’à lui.

    « J’aimerais que vous graviez dans le cuir du rabat supérieur le blason de ma famille ainsi que mes initiales. »

    Elle sortit un feuillet de sa sacoche et le déposa aux côtés de la bourse de cristaux. Le blason de la famille Weiss y était dessiné en quelques coups adroits de crayon.

    « Vous n’aurez qu’à me le faire livrer par la suite à l’adresse indiquée. Je vous fais toute confiance pour la réalisation de cette commande.

    « J’en prends bonne note Dame Weiss, je m’occuperai de votre commande en priorité. »

    Il se fendit d’une profonde révérence et récupéra son dû. Luz regardera son grand sac sans fond repartir avec une pointe de regret, d’ores et déjà amourachée de son nouvel équipement. Elle n’y pouvait rien – avec le retour de ses escapades sur le terrain, elle n’avait que trop bien constaté combien son ancien équipement était désuet. Son pauvre petit sac sans fond avait vécu l’enfer de la Cité Enfouie et elle ne pouvait désormais plus faire confiance en ses coutures. Et puis, vu le nombre d’objets qu’elle trimballait au quotidien, mieux valait s’assurer d’utiliser un cuir solide… Elle quitta l’échoppe peu avant midi. La température subissait des hausses estivales ces dernières semaines qui n’étaient point désagréables. Sa main en visière pour retrouver sa route, elle reprit le chemin de sa nouvelle demeure. Demeure qu’elle partageait à présent quotidiennement avec Zahria, accompagnée des nombreuses personnes qui lévitaient en orbite autour de leur vie.

    Quelques cernes se lisaient sous ses yeux. Elle n’avait eu de cesse la veille que de retourner l’entièreté de la bibliothèque de la famille Weiss, dès lors que la missive de la Couronne lui était parvenue. Oh, elle avait parfaitement connaissance des rumeurs qui s’épanouissaient dans le palais, mais celle-ci faisait figure de conte de fée. Si l’on excluait le fait que Vrenn avait manqué mourir dans cette histoire. Mais rendez-vous bien compte ! Une créature que nul ne connaissait, d’une dangerosité redoutable, rôdant dans les tréfonds d’une Cité bâtie par une civilisation inconnue ! Qui plus est, ils avaient eu la décence de rapporter des écrits à la lumière du jour. Par trop avide, brûlant d’une excitation contenue, Luz en avait perdu le goût du sommeil. Elle n’avait vu les documents qu’un bref instant, laissés à la garde de Zahria le temps qu’ils puissent s’organiser un rendez-vous en bonne et due forme pour en discuter.

    Il était évident qu’aucun d’eux trois n’avait les capacités pour déchiffrer l’écriture alanguie et si douloureusement opaque de ces textes. En revanche, ils disposaient d’une multitude de relations et de ressources utiles… Si Zahria et Vrenn consentaient à s’entendre. Luz grimaça, tout en ouvrant la porte d’entrée de la masure. Récemment, ses souvenirs de Vrenn étaient assez aiguisés puisqu’elle ne cessait de le croiser. Sa relation évidente avec l’Ombre avait également contribué à l’enraciner un peu plus profondément dans la mémoire de Luz, puisqu’elle lui prêtait volontiers un attachement affectif. N’était-ce pas logique ? L’amant de Zahria, celui avec qui elle partageait un collier jumeau, ne pouvait être qu’un membre éminent de la meute de Luz. Si le personnage n’était pas aussi sombre, peut-être même se serait-elle aventurée à lui cuisiner des cookies chaque fois qu’il passait, et à le couvrir de ses efforts de bienvenue.

    Toutefois… Rien n’allait ces derniers temps. Oh, elle n’en parlait pas à Zahria et se contentait d’être une prudente observatrice extérieure, mais elle les sentait… Distants. Sans savoir aucunement de quoi il retournait. C’est donc avec un brin d’appréhension qu’elle gagna l’étage et toqua à la porte du bureau de Zahria. Pourvu que leur trio parvienne à s’entendre sur une stratégie sans silence et dispute gênante…

    « Zah ? C’est moi. Je suis rentrée de mes courses et il est bientôt l’heure. Vrenn est arrivé ? »

    Zahria AhlyshOmbre
    Zahria Ahlysh
    Informations
    Re: Déchiffrer des textes anciens
    Sam 30 Mai 2020 - 0:12 #


    En silence, Zahria et Vrenn fument à la fenêtre. Le silence, cette forme de conversation qu'ils ont adopté pour régler leurs différends, depuis le début, lors de ses visites en prison. C'est la première fois qu'il revient chez elle, depuis leur retour de l'Arbre Sacré, et leurs échanges dans ce laps de temps ont été très... silencieux. Evidemment, les règles posées par le Haut-Juge Gavot ont été respectées, les rendez-vous bihebdomadaires et la pierre de lien pour vérifier qu'il était toujours dans les parages. Mais entre leurs silences, il n'a plus s'agi que de travail, et toujours au pôle espionnage. Et pourtant, le revoilà, ce matin, chez elle, dans ce petit bureau en bordel, pièce contiguë à sa chambre, où ils avaient l'habitude de se voir habituellement. Et elle ne peut s'empêcher de remarquer que malgré tout, il reste le seul de l'équipe, avec Calixte, qu'elle n'ait jamais reçu dans ce bureau. Le seul à qui elle fasse suffisamment confiance pour entrer dans sa demeure.

    Il fait un peu frais, en ce matin de saison douce, bien que le temps laisse espérer que l'après-midi sera chaud. Mais plutôt que de se blottir contre lui, Zahria se saisit du châle posé sur le dossier de son fauteuil, et se couvre les épaules. La discussion s'est passée sans encombre, il n'y avait pas de raison. Elle l'avait dit à Gavot, il est fort pour répondre aux ordres. Et l'ordre est simple: ne mêlons pas tout. Les sentiments qu'ils ont ou n'ont pas l'un pour l'autre ne sont pas censés intervenir dans leur travail, et tout aussi douloureux que ça puisse être de le voir sans pouvoir avoir plus, Zahria doit aller de l'avant. Se couper de ses obsessions - en tout cas, de celle-ci.

    Le "Tu lui as dit ?" de Calixte continue à raisonner, parfois, comme une petite mélopée ironique, un petit farfadet qui viendrait lui sussurrer des commentaires moqueurs à l'oreille. Si tu savais, Cal... Dans un coin de la pièce, Dhim et Delkhar jouent; et si le premier - ressentant la peine de sa maîtresse - jette de fréquents coups d'oeils vers la fenêtre, la présence de Vrenn - qui a déjà dû lui mettre plus d'un coup de pied dans le dos de la métisse - le dissuade de s'approcher plus. Luz frappe à la porte, et comme deux enfants surpris à faire une bêtise, les espions s'empressent d'éteindre leurs cigarettes. Vrenn repasse de l'autre côté du bureau, et Zahria le suit, pour aller ouvrir à son amie, étirant ses lèvres dans un vague sourire.

    « Rentre, Luz, nous t'attendions. »

    Rentre, Luz, nous avons fait le point, nous sommes prêts à travailler ensemble sans que ça n'ait de répercussions sur toi. La rousse, de son empathie infaillible, fait certainement la traduction dans sa tête, et n'en rajoute pas plus. Que ferait Zahria, sans son soutien et sa douceur... Ils s'installent tous les deux sur les chaises en face du bureau, et elle se refuse à s'asseoir en face comme si elle recevait une visite officielle, ce qui la pousse à rester debout. Vu qu'elle doit naviguer entre différents points de stockages, du meuble central à ses armoires, pour réunir tous les documents nécessaires, ce n'est finalement pas plus mal. Relisant en vitesse la lettre de la Conseillère Desrossa adressée au maître-espion, où elle lui demande son assistance dans cette enquête, Zahria entreprend de distribuer toutes les informations récoltées jusque là à ses deux amis.

    « A nous trois, entre les ressources que mon poste me fournit, de la richesse culture et académique de la famille Weiss, et le réseau de Vrenn, nous devrions forcément être capables de trouver quelqu'un, dans l'un des mondes qu'Aryon connaît, des bas-fonds aux palais, en mesure de déchiffrer ces documents. De mon côté, j'ai écumé la liste des enchanteurs de la Capitale et d'ailleurs, versés dans l'art des runes, et je dois en rencontrer quelques uns dans la semaine et... »

    Un coup d'oeil vers l'oeil avide et impatient de Luz rappelle à Zahria, que si son amie lui est intime sur bien des sujets, elles n'ont jamais réellement travaillé ensemble, et la jeter in media res dans cette arène, sans lui donner un minimum de contexte, n'est pas forcément idéal. Si elle a eu accès aux documents, ainsi qu'au témoignage de Vrenn, longtemps en avance, il n'en est pas de même pour la guérisseuse, et ce serait la moindre des choses que de la mettre sur la même longueur d'onde que les deux espions. Elle s'interrompt alors, et se tourne vers son - ancien ? - amant.

    « Excuse-moi, Vrenn, avant que je ne continue, tu pourrais peut-être faire un débrief de la quête de la Citadelle des Tréfonds à Luz ? Elle aura tout autant besoin de ces informations que nous, si nous devons trouver quelqu'un à même de déchiffrer ces runes. »

    La voyant chercher de quoi écrire, Zahria se saisit de sa propre plume sur son bureau, lui faisant une place et lui tendant l'ustensile, alors que la jeune femme dégaine son carnet. Un jour, oui, c'est sûr, Zahria en fera une espionne, se dit-elle en souriant. En attendant, elle laisse le barbu parler, évitant de croiser son regard, les yeux posés sur le petit dragon tentant d'attraper le Lumios, à l'autre bout de la pièce...

    Vrenn IndraniSbire
    Vrenn Indrani
    Informations
    Re: Déchiffrer des textes anciens
    Mar 9 Juin 2020 - 22:31 #

    C’est compliqué.

    T’façon, j’suis pas capable de l’expliquer vachement mieux que ça, hein. Donc elle peut me regarder avec un pli têtu, irrité, fatigué, de la bouche, suivant les moments et ses humeurs, que ça change pas grand-chose. On se croise au boulot, on faisait plus que se croiser, chez elles, chez moi, ailleurs, et j’obéis aux ordres. J’me tape tous les entretiens de contrôle, avec elle, avec Höls, avec la reine et Lucy elle-même, si ça leur fait plaisir.

    Et j’vais au turbin.

    Ça devrait suffire pour être peinard, nan ? Non.

    J’écrase ma cigarette un peu plus fort que d’habitude, j’vois qu’elle l’a vu. Luz dit rien, elle a l’air de pas vraiment vouloir être là. C’est cool, on a ça en commun, du coup. Mais y’a les bouquins illisibles de la Citadelle des Tréfonds qui sont en jeu, et l’appât de la connaissance, la curiosité peut-être mal placée, ça suffit à faire son œuvre. J’en fumerais bien une autre. Mais elle y verrait de la nervosité, ou de l’irritation, alors j’me rentre dans ma coquille.

    C’est probablement le moment d’arrêter. En plus, certaines de mes sapes sont imprégnées, et continuent à sentir, même après. C’est le cas du déguisement magique, par exemple, pas mal. Forcément, vu le temps que j’passe à le mettre. Il est trop utile, trop puissant, pour permettre de l’infiltrer partout, pour que j’décide de m’abstenir de le mettre en mission. C’est une assurance, quoi, et de taille.

    « Ouais, la Citadelle des Tréfonds. J’y étais avec Carciphona Ixchel, que vous connaissez, et Nivix Orgin, un autre aventurier qui peut manipuler ses os. Y’avait eu pas mal de rumeurs, dans les semaines qu’ont précédé. La Couronne connaît l’existence de la Citadelle depuis des centaines d’années, mais tous les aventuriers –ou gardes- partis explorer ont assez mal fini, donc les pontes de l’époque ont décidé de condamner l’entrée. Y’a même un p’tit fortin avec une garnison pour s’assurer que y’a rien qui ressorte, non plus. »

    Ah ça, une belle bande de planqués, si on me demande mon avis, à part sur les derniers mois où des gens essayaient de rentrer en douce. Mais sinon, c’était l’ennui au fin fond des montagnes, personne qui entre, personne qui sort, juste les tours de garde avec la bouffe et la picole pour passer le temps. L’élite de la Garde, j’me fais aucune illusion, pour finir là. Ils ont dû écraser les orteils d’un type de la Commission au détour d’un couloir, j’suppose.

    « Bref, rien n’était jamais sorti, mais on y est allé quand même, en exploration. A l’intérieur, tout est immense, pas à taille humaine, mais mettons deux à trois fois plus grand ? Et majoritairement en ruines. On a croisé des monstres dangereux, comme un minotaure et un faucheur, mais ça, c’était la partie facile et gérable de la quête. »

    Et on se demande bien où va le monde quand un faucheur est la partie facile d’une mission.

    « Dans le noir quasiment complet, on a exploré tout ce qu’on a pu, et on est tombé sur des traces des aventuriers-explorateurs qui nous ont précédés. Ils faisaient état d’un monstre extrêmement agressif, appelés de façon impromptue le crocotaupe. »

    C’est le moment où le côté dramatique du récit perd un peu de sa valeur, quand on balance un nom aussi débile.

    « Bon, le nom est pourri, mais la créature est immense, genre quinze mètres au garrot, un genre de… enfin, vous avez vu les croquis. La carapace est quasi-indestructible, en tout cas, les projectiles de Carci ont rebondi dessus sans rien faire. Et ça bouffe la pierre, et ça a probablement savaté un gévaudan au passage. Mais pendant que nous étions en train de fuir le monstre, nous sommes arrivés dans un genre de bibliothèque remplie d’écrits que vous avez en exemple. »

    Ouais, j’vais abréger, pasqu’elle a déjà lu mon rapport, et que Weiss est pas là pour ça. Elle, elle veut les mots magiques des bouquins incompréhensibles.

    « Bref, on a remonté les bouquins à la surface, sans avoir la moindre idée de ce que ça raconte. Et impossible de savoir si la Citadelle était un avant-poste ou autre chose. On a trouvé des salles qui pourraient être des chambres de caserne, ou bien des suites de bureaux, pour ce qu’on en sait. »

    Ouais, cette pensée m’est venue après coup, quand j’suis repassé par la Guilde, voir les collègues examinateurs.

    « Et la Couronne arrive pas à les lire non plus, ce qui est drôlement ballot, si vous voulez mon avis.
    - En même temps, c’est une civilisation différente, vieille de plusieurs centaines d’années, commente la patronne.
    - Hm. »

    Ouais, certes.
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
    Informations
    Re: Déchiffrer des textes anciens
    Jeu 18 Juin 2020 - 19:55 #


    Les prunelles de Luz glissèrent de l’un à l’autre dans un silence contemplatif. Elle réajusta sa pose sur sa chaise dans un simulacre de contenance et se plongea dans l’observation de la tâche d’encre qui maculait désormais son index. Bon. Il y avait quoi avec eux deux ? Zahria, sa farouche Zahria, qui n’avait pas pour habitude de laisser qui que ce soit fouler du pied son intimité semblait avoir tracé un gouffre clair entre elle et Vrenn. A moins que le problème ne vienne de lui ? Luz plissa les yeux, deux fentes du vert sombre de la réflexion. Lui, elle ne le connaissait pas suffisamment. Son caractère flegmatique la plupart du temps n’était pas familier de la praticienne : avec elle, il avait toujours fait montre d’une cordialité plutôt serviable. Du moins, des maigres souvenirs qu’elle conservait. Il pouvait tout aussi bien lui avoir sauté dessus sans vergogne au détour de son cabinet médical, pour mieux disparaître ensuite en claquant la porte et en emmenant avec lui ces quelques souvenirs de sexualité débridée. N’était-il pas par le passé l’un des plus fameux truands de la Capitale, fantôme parmi les oubliés ? Oui, de telles actions aussi piètrement irrévérencieuses ne seraient peut-être pas si étonnantes de sa part…

    Pour autant… Pour autant Zahria semblait très bien connaître son bougre. N’avait jamais mentionné quoi que ce soit de cet acabit. Luz ravala donc sa vieille frayeur opiniâtre de l’oubli et tâcha de porter sur l’homme une appréciation un peu moins rance. Elle espérait qu’à trop se jeter à corps perdu dans sa tâche et qu’à trop perdre des proches ces derniers temps, Zahria n’avait pas eu la bonne idée de s’emmurer vivante dans un temple intérieur d’isolement. La belle paraissait beaucoup plus bravache –beaucoup plus épuisée, aussi. Ses prunelles s’étaient appesanties de plusieurs années ces derniers temps, des années qu’elle était loin d’avoir vécu physiquement. Allons, Luz avait peut-être quelque chose contre la peur de l’attachement d’une part, et contre l’anxiété d’autre part parmi ses cent trente et un thés différents ?

    « La Citadelle des Tréfonds a-t-elle un lien avec la Cité Enfouie ? Les époques estimées correspondent-elles ? »

    Si son esprit vivace était parvenu à donner le change, le tapotement de son index contre la pointe de la plume rappela une nouvelle fois ce tic nerveux infime dont elle se dotait lorsqu’elle tentait de raccrocher au vol les morceaux d’une conversation. Fort heureusement, elle était folle et passionnée. Un pléonasme, oui.

    « J’ai souvenir que bon nombre d’Aventuriers ont remonté de la Cité Enfouie des textes anciens et oubliés… Si les écritures correspondent, notre travail s’en trouvera peut-être facilité. Et je ne parle pas des écrits des Gardes du Légitime, mais bien des runes tracées par la civilisation fondatrice de la Cité. »

    Elle se laissa aller contre le dossier de sa chaise et ses prunelles vinrent s’amarrer au plafond. La gorge offerte, sa chevelure glissant d’une épaule dans ce même mouvement, elle lâcha une imprécation fort peu féminine.

    « Ce serait trop beau heh, j’imagine ? »

    Il fallait bien débuter cette enquête par le commencement. Créer des groupes, établir un plan. Mener des recherches. Réfléchis Luz, où se trouvent d’ordinaire les vieux intellectuels comateux en passe de mourir, et avec eux tout leur savoir difficilement acquis ?

    « L’archipel ! s’exclama-t-elle. »

    Elle se renversa subitement en avant, posa promptement la plume sur le bois du bureau et expliqua les bribes de son idée à Zahria à grand renfort de gestes enthousiastes.

    « Tu sais, le Conservatoire national de la magie ! Si ce sont des runes ou une écriture sibylline destinée à tous nous maudire sur six générations, crois-moi que l’un des vieux schnock qui vit là-bas le saura. Il y a également une maison de soin pour les riches quinquagénaires dans les parages. Tu dois la connaître, Zah, souligna Luz d’un air mutin, car c’est là que vit ton grand ami, Daril Lebrank, depuis que vous l’avez expédié à travers l’océan… Malgré son caractère, il connait une multitude de gens cultivés et pourra vraisemblablement nous orienter très facilement vers les bonnes personnes à interroger. Cet établissement est rempli d’anciens scientifiques. »

    Il fallait dire pour sa défense qu’elle n’avait pas un excellent souvenir du Conservatoire national de la magie. Etrange, s’il en était, pour un lieu pourtant destiné au savoir… La vérité, c’est qu’elle était probablement plus vieille schnock que l’ensemble des tocards qui y travaillaient. Et n’avait pas apprécié de se voir refuser une bourse à ses 20 ans au prétexte que soit disant, un marmot brailleur grandissait alors dans son utérus. Fort heureusement, le Responsable adjoint des admissions était depuis décédé, et avec lui, l’entièreté de son machisme concentré.

    « Qu’en… Pensez-vous ? se souvint-elle d’inclure Vrenn au dernier moment. »

    Zahria aurait-elle d’autres pistes à explorer ? Naturellement, Chef Espion en puissance, il revenait à sa charmante colocataire la décision finale de leur expédition. Nul doute qu’elles allaient partir toutes les deux au soleil pour se requinquer et laisser Vrenn explorer d’autres pistes sur le continent.

    N’est-ce pas ?

    Zahria AhlyshOmbre
    Zahria Ahlysh
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    Re: Déchiffrer des textes anciens
    Lun 3 Aoû 2020 - 19:55 #


    Rien n'a jamais été aussi captivant en cet instant que la lutte acharnée que se livrent le Lumios et le Drarbuste sur leur espace de jeu - que d'autres appelleraient un arbre à chat - à l'autre bout de la pièce. Les deux petits familiers de Zahria chahutent pourtant dans la même tranquillité qu'à leur habitude, et l'écoute de la maître-espion n'est pas focalisée sur leurs crachotements et autres couinements. Car si son regard fuit, l'affaire est bien trop importante pour que sa concentration en fasse de même. Les tapotements nerveux de Luz ressembleraient presque à du code, mais Zahria ne se laisse pas distraire. Dhim lui envoie des vagues de soutien, c'est plus que suffisant pour supporter la situation.

    Laissant Vrenn faire son explication, elle finit par poser son regard sur la rousse. Ses notes frénétiques, cette mèche qu'elle remet en place d'un geste désinvolte, ce doigt qui vient de tremper dans l'encre, par erreur. A part les espions, Luz est désormais la personne en qui Zahria a le plus confiance - et encore qu'elle a plus confiance en elle qu'en certains espions. Mais elle ne l'a jamais vue sur le terrain. Si elle sait qu'elle a fait partie de l'une des escouades qui sont allées le plus loin dans la Cité Enfouie, et que leurs entraînements réguliers lui donnent un aperçu de ce dont elle est capable, dans les faits, Zahria et Luz n'ont jamais partagé d'aventure ou d'enquête ensemble. Celle-ci n'est pas des plus simples, et si elle peut lui faire confiance pour donner toute son énergie, sera-t-elle capable de se débrouiller pour la finir, quoi qu'il arrive ? Effaçant momentanément ses doutes, car ils n'ont pas lieu de prendre place en cet instant, elle entreprend de répondre à la question de son amie qui s'est tournée vers elle.

    « Le lien entre la Citadelle et la Cité Enfouie n'est pas établi, et il est même probable qu'il n'y en ait aucun. Le peuple de la Citadelle des Tréfonds semblait être gigantesque, - là où celui de la Cité Enfouie avait notre taille, et quatre bras. Difficile de penser que ces deux peuples puissent avoir un lien direct entre eux. »

    Sans que jamais son regard ne vienne se poser sur Vrenn, Zahria se retourne vers son bureau auquel elle est adossée, et se saisit de son bavoir à encre, qu'elle tend à Luz, pour lui permettre de nettoyer son doigt. Elle a un sourire triste en finissant de répondre à sa colocataire.

    « Qui plus est, les écrits ne correspondent pas, malheureusement. On a déjà vérifié. Si le peuple de la Cité Enfouie semble avoir plusieurs millénaires, celui de la Citadelle des Tréfonds serait plus vieux encore. »

    L'hypothèse aurait pu être intéressante, ceci dit, et donne une idée à Zahria. Elle est interrompue dans sa pensée par l'exclamation de Luz, et la laisse dérouler la bobine de ses idées mentales en l'écoutant en silence. Un petit hochement de tête vient accueillir l'élocution du nom de Daril Lebrank tout en admirant l'air farouche et passionné de son amie. Tout en laissant pousser un sourire sur ses lèvres, elle commet l'erreur de croiser le temps d'une seconde le regard de Vrenn, et fait disparaître aussitôt ce sourire. Elle aurait bien envie d'une clope, là.

    « C'est une hypothèse très intéressante, que nous pourrions creuser dès que possible. Je nous ai tout de même prévu un rendez-vous cet après-midi avec l'équipe qui s'occupe du déchiffrage et de la traduction des textes de la Cité Enfouie, malgré le fait que je vienne de balayer tes hypothèses, Luz. Peut-être auront-ils une idée d'une personne à qui nous adresser, ou une idée pour entamer le déchiffrage de ces textes-là. »

    Passant un doigt mécaniquement sur sa cicatrice au sourcil, Zahria affiche une mine désolée quand elle repense à la proposition de Luz. L'Archipel, oui... La dernière fois qu'elle y est allée, c'était en compagnie de Vrenn, dans d'autres conditions. Elle ne voit pas faire un tel trajet avec eux deux, partager plusieurs jours en compagnie du Sbire, sans que ses émotions ne viennent forcément prendre le dessus à un moment donné. Qui plus est, c'est un périple de plusieurs semaines, et une certaine soirée mondaine impliquant son autre gros dossier, celui de la Cabale, devrait bientôt se tenir. Elle ne peut se permettre de quitter la Capitale.

    « Pour ce qui est de l'Archipel, je pense qu'après le rendez-vous de cet après-midi, faute de mieux, il faudra effectivement y songer. Les plus grands érudits se trouvent là-bas, et si nous n'y trouvons pas notre bonheur, peut-être pourront-ils nous donner une piste pour trouver quelqu'un qui pourra nous aider. Malheureusement, je ne pourrais pas partir avec vous. Des... affaires... me retiennent à la Capitale pour les semaines à venir, et aucun voyage n'est possible pour moi. »

    En prononçant le mot "affaires", le regard de Zahria a dérivé de lui-même vers Vrenn, avant de revenir vers Luz. Peut-être comprendra-t-il qu'il s'agit de la Cabale, ou alors se dira-t-il que c'est à cause de lui qu'elle ne veut pas partir. Dans les deux cas, il aura raison. Et quant à Luz... Il faudra peut-être lui expliquer qu'ils ne partagent plus rien qu'un lien professionnel, car elle semble perdue, entre eux. Plus tard. L'heure de leur rendez-vous approche.

    « Si vous êtes prêts, nous pourrions nous diriger vers le palais ? Etre en avance ne serait pas de trop, pour une fois... »

    Elle parle pour elle, évidemment. Un petit sourire pour bien le faire comprendre, puis elle se redresse et vient saisir le médaillon d'Ovide posé sur son bureau. Un regard vers les deux autres, puis elle prend l'apparence officielle du maître-espion. Dans le coin de la pièce, Delkhar l'apercevant vient aussitôt se poser sur son épaule. Dhim comprend que c'est l'heure de la sieste pour lui, et se roule en boule en envoyant une dernière vague d'amour à sa maîtresse tout en fixant Vrenn de ses yeux noirs de colère. Que d'émotions pour un si petit animal, on dirait qu'il tient de sa maîtresse...

    Vrenn IndraniSbire
    Vrenn Indrani
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    Re: Déchiffrer des textes anciens
    Lun 31 Aoû 2020 - 17:36 #

    Grosse ambiance.

    En tout cas, la patronne et Weiss ont déjà fait leurs recherches, pour essayer de comprendre les écrits de la Citadelle des Tréfonds. Au point que j’en arrive à me demander ce que j’fous là. J’veux dire, Zahria a bien lu mes rapports, et on en a même parlé, alors ma présence semble bien inutile, surtout que j’me sens pas vraiment passionné par le sujet, on va pas se mentir. S’ils sont morts, ils devaient pas casser trois pattes à un connard, après tout. Et tant que le crocotaupe se radine pas, autant le laisser tranquille, ou alors faut ramener les dix saphirs directement.

    Enfin, j’suis le Sbire, alors on me dit et je fais.

    Reste que j’suis pas plus content que d’habitude d’aller au Palais. Ce coin m’a toujours déplu, par rapport au fait qu’il a beaucoup incarné une forme d’opposition à ma carrière initiale d’une part, et d’autre part que mon pouvoir n’y fonctionne pas. Et ça, dans le genre qui te donne l’impression d’être à poil en pleine rue, comme dans les cauchemars que tu fais étant gamin, ça se pose là…

    On passe sans la moindre difficulté par le chemin qu’est dévolu au Maître-Espion, et les Gardes Royaux qui font les plantons à chaque ouverture un peu importante s’écartent sans faire de chichis quand Zahria, sous sa forme masculine, montre ses laissez-passers. On enchaîne les couloirs sans parler, et les deux colocataires ont l’air de savoir où elles vont, contrairement à moi. Dès qu’un garde me regarde, en plus, j’ai l’impression d’avoir la pointe d’un couteau entre les omoplates, et j’manque de sortir ma propre plaque pour montrer que j’suis bien des leurs.

    Elle toque à une porte, et entre sans attendre la réponse. A l’intérieur, les murs sont couverts d’étagères, pleins de bouquins et, plus anciens, de rouleaux de parchemins rangés soigneusement dans des fourreaux en bois laqué. L’air a une odeur de poussière, et au lieu de bougie, ce sont des cristaux lumineux qui gèrent l’éclairage. Un tas de types au teint blafard avec d’imposantes cernes sous les yeux nous ignorent ostensiblement, jusqu’à ce qu’un vieux du coin s’aperçoive de qui est rentré.

    Il retire ses lunettes en demi-lune, gratte sa couronne de cheveux épars, et se lève dans un grand craquement : la chaise, son dos, ses genoux.

    « Bonjour, Maître. Asseyez-vous.
    - Bonjour, Maître Mavim. Luz, Sbire, je vous présente Archibald Mavim. C’est l’Archiviste Royal auquel la Couronne a demandé de traduire les textes de la Citadelle des Tréfonds.
    - Ils sont fascinants. Nous avions peut-être trouvé des racines qui venaient de…
    - Vous m’avez déjà expliqué, Mavim. Où en est la piste ? »

    Son visage se ferme brusquement.

    « Un cul-de-sac, à nouveau.
    - Bien. Dans ce cas, le Docteur Weiss et Sbire vont prendre une partie des copies que vous avez réalisées.
    - Comment ?
    - Et aller à l’Observatoire de Magie. Peut-être qu’ils seront plus performants.
    - A l’Archipel ? Chez ces bouseux ? Aucune ch…
    - N’est-ce pas vous qui m’avez parlé de cet ancien collègue à qui la sortie a été indiquée de façon un peu brutale ?
    - … Si.
    - Bien. La Couronne souhaite voir ce mystère éclairci au plus vite, donc le docteur Weiss va se rendre à l’Archipel pour échanger avec les spécialistes qui s’y trouvent. Par conséquent, vous allez lui remettre des copies, ainsi que vos conclusions jusqu’à présent. Ils partent demain.
    - Demain ? Déjà ?
    - Oui, alors si vous avez des doubles à faire, je vous conseille de vous dépêcher. La Reine est très intéressée par le sujet, vous le comprendrez. »

    Il grogne, nomme quelques-uns de ces acolytes parmi les plus jeunes, pour qu’ils s’atèlent à la tâche.

    « Quant à moi, je vais avoir besoin de mes propres doubles, pour mener des recherches ici, à la Capitale, et les alentours proches.
    - Je vous assure que les plus grands spécialistes du Royaume sont actuellement dans cette pièce et…
    - Et n’ont actuellement rien trouvé. Luz, Sbire, des questions ? »

    Je hausse les épaules. Luz confirme qu’on aura tout le matériel nécessaire. Elle pense déjà à son vieux, dont elle a parlé plus tôt, j’pense, pour aller consulter auprès de lui.

    « Ce sera tout, Maître Mavim. »

    Puis Zahria nous amène à une alcôve un peu éloignée.

    « Comme je disais, je ne vais pas pouvoir venir avec vous, j’ai d’autres affaires urgentes à la Capitale, même avec les portails de téléportation. Donc je compte sur vous pour interroger tout ce qui en vaut la peine à l’Archipel. Je vous fais confiance pour ça.
    - Tu peux compter sur moi, fait Luz.
    - Sbire s’occupera de votre protection, pour empêcher que ça tombe dans de mauvaises mains. En plus, il aura peut-être des choses qui lui reviendront, si on a un début de traduction. On ne sait jamais.
    - ‘Sûr.
    - J’ai pas menti à Mavim. La Reine est vraiment très curieuse et souhaite avoir le fin mot de l’histoire. »

    On hoche la tête.

    « J’enverrai un coursier chez Luz avec toutes les données. »

    Ah ben c’est l’éclate. Mais au moins, on sera pas collé l’un à l’autre. J’me demande presque si tout ça n’est pas une vaste supercherie. J’jette un regard en coin à Weiss. Elle me la foutrait pas dans les pattes exprès, quand même ? Nah, elle doit juste pouvoir s’assurer que tout se passe bien.

    Probablement.
    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: Déchiffrer des textes anciens
    Lun 28 Sep 2020 - 16:17 #


    Demain, déjà. Luz coula un regard en coin à son partenaire de galère. De galère, parce que ni l’un ni l’autre ne semblait très heureux de se retrouver à échanger des politesses insipides avec la jolie aubergiste. Enfin, si Luz devait être honnête, elle s’était considérablement renfrognée en découvrant que la grande brune accordait à Vrenn ces petits sourires en coin auxquels, elle, elle n’avait pas le droit. C’est qu’ils s’étaient entre-regardés comme deux chats se pourléchant les babines sur une même souris, avant que Luz ne déclare forfait : ses simagrées ne rencontraient aucune chaleur chez la donzelle qui préférait de toute évidence ses prédateurs avec un truc entre les jambes. Aaah, si elle savait que le cœur de Vrenn était déjà pris par la plus douce des femmes… A la place, Luz récupéra de ce fait la clé de sa chambre et monta y déposer ses affaires.

    Aucune chance que leurs recherches aboutissent en une journée seulement. Un chercheur, ça lorgnait dans les soixante-dix ans en moyenne d’âge, et ça devait rééquilibrer ses lunettes, tousser trois fois, se réajuster sur sa chaise, pester contre le mauvais temps… En bref, trois heures de perte de temps pour cinq heures de travail, un ratio dont il fallait obligatoirement tenir compte. Luz avait donc longuement insisté pour commencer par réserver une chambre pour le soir même dans une auberge de sa connaissance. Une auberge rose, charmante, familiale… La tenancière, Mary, était la fille aînée de la famille et on la disait adroite en croc-en-jambe. Brise-latte, qu’on l’appelait dans le jargon local.

    Elle referma derrière elle la porte de sa chambre et déposa la clé dans son sac sans fond. A l’extérieur de l’auberge, une bruine fine détrempait les environs. Les pluies tropicales avaient la réputation de vous laver un homme jusqu’à faire briller son cuir, aussi vivaces que brèves. Luz devait avouer que les gouttelettes chaudes n’étaient pas désagréables. Saison douce seulement et la température était bien plus tolérable dans l’Archipel qu’à la Capitale… Malheureusement, ils n’étaient pas venus pour se dorer l’écaille au soleil sur un coin de plage tropicale, un rhum blanc délicieusement agrémenté en main.

    Elle se retourna lorsque Vrenn apparut enfin dans l’entrée. Echevelé. Probablement les escaliers, songea-t-elle. Ces marches des enfers étaient conçues pour vous faire suer un homme.

    « Tu as prévenu Mary qu’on ne revenait que ce soir ? »

    « Ouais,
    qu’il fit. Y a pas plus prévenue. »

    Elle hocha silencieusement la tête. Peut-être s’était-elle trompée à son sujet. Il semblait prévenant, finalement, comme garçon. Pleins de talents cachés. Elle installa sur sa chevelure flamme un ample chapeau de paille destiné à la protéger de la pluie et prit la tête de leur expédition. La maison de soin de Daril Lebrank n’était pas si loin de leur auberge, après tout, et elle n’était pas particulièrement férue des canassons. Ce ne serait pas demain la veille qu’on la verrait pouponner avec amour une monture !

    Subtilement, l’air de ne pas y toucher, Luz calqua son pas sur celui de Vrenn et se rapprocha de lui jusqu’à ce que leurs épaules se frôlent. Car il y avait un autre avantage à la marche, c’était qu’elle pouvait présentement lui poser des questions fines et discrètes sur sa relation florissante avec Zahria. Bon, ils avaient de toute évidence quelques sujets d’accroches, mais quel mal une dispute pouvait faire dans un couple aussi soudé que le leur ? N’était-ce pas justement le moment idéal pour enquêter, creuser le sujet, et lui donner des conseils parfaitement adaptés pour récupérer à la volée le cœur du Maître Espion ?

    « Journée difficile hein ? »

    Il lui retourna un foutrement drôle de regard en coin. Quoi ? Qu’avait-elle dit encore ? Une légère panique la prit, et elle se sentit l’obligation de préciser plus avant sa pensée :

    « Hier, je veux dire… Avec Zahria. »

    « Ouais, sale journée.
    Un silence, et puis… Tu sais comment c’est. »

    Leur conversation amicale s’arrêta là. Ils regardèrent ailleurs – pas au même endroit – et accélèrent le pas.

    ◄►

    Luz entendit Daril râler avant même qu’ils n’aient franchi la porte de sa chambre. Une infirmière éplorée s’empressa de sortir de la pièce, les évita de justesse et disparut au tournant suivant en refoulant quelques sanglots étranglés. Un long, profond soupir saisit la praticienne qui dut retrouver une once de courage en elle lorsqu’elle s’engagea dans l’antre du fielon.

    « Bonjour Monsieur Lebrank. Vous avez bien dormi ? »

    « Ah tu es là toi ! Tu pourras dire à cette écervelée qu’elle a encore inversé mes pilules ! Et je ne mange pas de merde pareille, je leur avais pourtant dit que je prendrai du bœuf aujourd’hui… »

    Il se tut, et tourna un regard vif vers Vrenn, à la manière d’un vieil âne s’apprêtant à ruer dans les brancards :

    « Et c’est qui lui ? Ton troisième mari ? »

    « Monsieur Lebrank, je vous présente Vrenn Indrani
    , expliqua Luz calmement par la force de l’habitude. Je vous en ai parlé lors de mon appel de la veille. »

    « Formidable. Un autre garçon insipide à ajouter à ta collection. »

    Pourvu que Vrenn ait la patience de ne pas explorer l’intérieur de sa gorge avec un pied de chaise. Elle contourna le lit sur lequel Daril était allongé et s’assit sur le coin de celui-ci pour vérifier les pilules que l’infirmière venait d’y déposer.

    « Tout va bien de ce côté-là, vous pouvez les prendre sans risque. »

    « Ma petite, si ce qu’ils appellent « mon infirmière référente » est partie comme ça, c’est bien qu’elle avait quelque chose à se reprocher. Ces jeunes, je vous jure. On leur dit qu’ils ne pourront pas se faire opérer l’année prochaine parce qu’ils sont en surcharge pondérale, et on est même plus certain d’être bien traité dans un établissement de bonne réputation. La garce n’aura qu’à engueuler la stagiaire du coin pour se calmer. »

    « Monsieur Lebrank, vous vous rappelez la raison pour laquelle nous devions vous rendre visite ? »

    « Bien sûr. J’ai la hanche en vrac, pas le cerveau de ton grand-père ! »

    « »

    « Oh ça va, un peu d’humour te coincera pas un trou. »

    Il tendit la main avec une once d’autorité mêlée de flagornerie et Luz vint y déposer un exemplaire du texte à déchiffrer. Bien entendu, sa senestre vint tâtonner avec maladresse sur sa table de nuit, envoyant par la même l’ensemble de ses possessions sur le sol dans un vacarme assourdissant.

    « Mais où est-ce que j’ai encore rangé mes lunettes ?! »

    « Sur votre nez. Je m’occupe de ranger. »

    Elle n’eut qu’un grommellement pour toute réponse. Heureusement que l’acte de ranger avait des bienfaits similaires à ceux de la relaxation.

    « Quel charabia. Vous devriez aller voir Nikola Coupervick et Tormas Elison. Des vieux collègues. Ils ne vivent pas loin, ils travaillent peut-être même encore au Conservatoire national de la magie ces saligauds. »

    Il se pencha dans un effroyable craquement vers Vrenn, et ajouta sur un ton de confidence parfaitement audible dans l’ensemble du couloir :

    « Je les aurais virés depuis longtemps, si ça tenait qu’à moi. Ils sont pas que bons pour déchiffrer des pattes de mouche, ils savent aussi très bien « pomper l’encre ». Le gars qui a accepté de les marier, ce fumier, doit avoir touché une sacrée somme. »

    « Merci Monsieur Lebrank, au revoir Monsieur Lebrank, s’empressa de l’interrompre la praticienne. »

    Allez, une bonne chose de faite. Le traumatisme psychologique ne mettrait qu’une dizaine de jours à disparaitre cette fois-ci. Pour l’heure, direction le Conservatoire national de la magie !

    Vrenn IndraniSbire
    Vrenn Indrani
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    Re: Déchiffrer des textes anciens
    Jeu 8 Oct 2020 - 22:16 #

    L’est marrant, le vieux Lebrank. Parfaitement odieux, et avec l’impression que son statut de vénérable ancêtre le rend pour ainsi dire intouchable. Du coup, il se permet de parler comme de la merde à la quasi-totalité des gens qu’il croise, surtout et particulièrement à la gente féminine. Peut-être pour attirer leur attention, un peu comme les jeunes qui osent pas déclarer leur flemme. Faut dire que ça doit plus être très actif là-dessous. Un homme plus galant se serait insurger en leur nom et serait intervenu. J’me contente de ricaner sur le côté.

    C’est que ça rend envieux : un cadre de rêve dans les îles, suffisamment toute sa tête pour être parfaitement casse-couilles, et aucune autre perspective que celle de la nana qui vient changer les couches et filer les pilules. Y’a pire, comme fin de vie, sans mentir. J’devrais me renseigner, savoir si c’est possible d’investir pour y avoir ma place quand ce sera mon tour aussi. Enfin, peu probable que j’tienne jusque-là, cela dit…

    Puis contrairement à lui, moi, j’fais encore de belles rencontres, que la présence de Luz gêne visiblement pas outre-mesure dès qu’elle a pu établir qu’on n’était pas ensemble, et il a dû lui falloir une minute à tout casser pour le voir. Déjà que c’est pas la joie avec Zahria, j’m’attendais pas à ce que ça le soit avec sa meilleure copine, confidente, et colocataire, on va pas se mentir. Puis elle est vachement moins marrante depuis que l’histoire avec Naëry avance, court, vole. Moins sauvage, diraient certains. J’suis pas persuadé, personnellement. Y’a toujours l’étincelle qui couve sous les cendres, et on peut pas cager un animal sauvage sans qu’il dépérisse.

    C’est pareil avec les criminels qu’essaient de se ranger et peuvent pas s’empêcher de tremper dans des combines, parfois complètement triviales et bidons, juste pour pas se perdre eux-mêmes.

    J’suis seul avec mes pensées, on papotte, on papotte, mais au moins, c’est pas aussi gênant que parler de…

    « Tu sais, parfois, il y a des périodes plus difficiles que d’autres.
    - Hein ? »

    Lebrank dirait évidemment qu’elle parle de ses règles, j’me permettrais pas de faire un commentaire pareil au débotté. Pas du tout pasque j’ai été surpris qu’elle prenne la parole.

    « Avec Zahria. Mais il ne faut pas hésiter à aller au-delà et… »

    J’lui jette un regard en coin.

    « Ouais. ‘Sûr. Faut qu’on prenne le temps, qu’on n’aille pas trop vite, tout ça. »

    J’balance des platitudes sans vraiment y réfléchir. Pour le moment, c’est pas une question d’avancer plus lentement, on est carrément plus ensemble, donc ça règle pas mal le souci. On se voit uniquement pour le boulot, et c’est uniquement ça qui fait qu’on s’voit encore à toute heure du jour et de la nuit, que les cristaux de communication sonnent n’importe quand, et qu’on est tous les deux épuisés par les contraintes du métier.

    Bordel, j’suis moins payé et j’travaille deux fois plus qu’à l’époque où j’avais deux turbins en même temps, mais quelle indignité.

    La conversation s’arrête de la même façon qu’elle a commencé : assez brusquement. Et ça tombe bien, on arrive enfin au conservatoire de magie. J’me souviens qu’une nana m’en avait parlé, que les gens qui ont des problèmes avec leurs pouvoirs pourraient y aller. C’était une tenancière de bar, un soir où j’m’étais épanché, complètement torché. T’façon, elle allait pas s’en rappeler ensuite, alors j’ai parlé tranquillement. Hé ben les gars qu’ont des soucis de trucs incontrôlables, style déclencher l’apocalypse en éternuant, ils peuvent aller là-bas, et on s’occupe d’eux.

    Bon, enfin, à part quand j’suis d’humeur franchement morose, j’suis drôlement satisfait de mon pouvoir, donc j’vais certainement pas signer pour que des connards de gardes me foutent les menottes et m’laissent courir dans un parc comme un poulet fermier élevé en plein air, faut pas déconner non plus. Ils étudient aussi d’autres trucs liés à la magie, aux mystères, aux artefacts et autres saloperies du genre, il paraît, du coup.

    Quand on arrive, on n’a pas de mal à entrer, avec les courriers qu’on a qui sont munis de la marque de l’Archiviste Royal, et tous les trucs en provenance du Palais. Les deux vieilles peaux parviennent même à nous dégager un créneau rapidement, et on s’retrouve introduit dans un grand bureau aux étagères couvertes de papelards, avec un plafond qui doit bien être à six mètres de haut. M’est avis qu’ils font appel au petit personnel pour aller chercher ce qui s’trouve au sommet, et que les femmes de ménage ont pas le vertige.

    On échange des présentations moyennement intéressantes, et j’retiens même pas lequel est lequel. Y’en a un qu’est petit et frippé comme un vieux pruneau, et l’autre qui ressemble davantage au squelette qui traîne dans un coin de la pièce qu’à un véritable humain. Mais ils ont tous les deux l’air intéressant, et interagissent avec la complicité née d’une vie côte à côte, sans aucune fausse note. On avait ça, parfois, avec Zah, surtout quand on cassait des bouches. Moins quand on faisait la popotte.

    Ils parcourent rapidement les textes, et montrent des passages avec leurs grosses lunettes sur lesquelles sont montées des loupes supplémentaires et qui leur font des yeux énormes, colossaux, grotesques, surtout sur leurs petites têtes chauves qui dodelinent au bout d’un cou frêle. Mais ils s’amusent, z’ont l’air contents et heureux, et ça, j’vais pas leur retirer. C’est une autre façon de l’exprimer que Lebrank, c’est sûr.

    Et il disait que ça pompait l’encre, mais à mon avis, ça pépon plus grand-chose, on va pas se mentir non plus. Les vieux, c’est toujours pareil, c’est ceux qu’en parlent le plus qu’en font le moins.

    « C’est, ma foi, fort intéressant.
    - Mais nous aurions besoin de quelques jours supplémentaires pour référencer…
    - Oui, il disait pour référencer les textes et assurer la traduction. »

    Ils hurlent à dix centimètres de mon visage, j’en peux déjà plus.

    « Quelques jours comment ?
    - Pardon ?
    - Je disais, combien de jours ?
    - Deux ?
    - Ou trois ?
    - Pas cinq en tout cas.
    - Parfait, allez-y, on compte sur vous. »

    C’est qu’il commence à se faire tard, et que j’ai assuré à Mary qu’on revenait pour la tombée de la nuit. Elle a dit qu’elle préparait sa spécialité ce soir, et qu’elle doutait pas une seconde qu’on lui en dirait des nouvelles.

    Et elle m’a assuré dans le creux de l’oreille que y’aurait du dessert pour une personne.
    Zahria AhlyshOmbre
    Zahria Ahlysh
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    Re: Déchiffrer des textes anciens
    Dim 11 Oct 2020 - 11:16 #


    L'oeil vif de Zahria capte le regard noir de l'enchanteur et elle déglutit avec un petit sourire. S'il y a un petit air de déjà vu dans ce brun ténébreux, cette barbe drue, ces traits un peu durs et cette carrure haute et musclée, Zahria assume complètement sa préférence et ne manque pas de passer sa main dans ses cheveux pour y mettre un semblant d'ordre. L'homme a la petite quarantaine de celui qui a de l'expérience mais est encore au meilleur de sa forme, et ses grandes mains prennent un soin tout paternel en sortant l'objet des convoitises du maître-espion.

    Le médaillon d'Ovide n'a pas eu le temps de se recharger depuis leur rendez-vous de la veille, et elle est venue au palais sous son apparence régulière avec une lettre signée de sa propre main et tamponnée du sceau du maître-espion pour la mandater en tant que coursière. Ça donne une dimension bien plus légère à cette rencontre fortuite, et elle pourrait presque en profiter, si la mission n'était pas aussi sérieuse. Quand il dépose la pierre ovale entre ses mains, recouverte par un épais tissu, elle oublie néanmoins le visage anguleux et la barbe dans laquelle elle irait bien se perdre, pour fixer des yeux cet objet dont elle a entendu parler sans avoir eu l'occasion de le scruter jusqu'à présent.

    La pierre ramenée par Carci, Vrenn et Nivix de la Citadelle des Tréfonds pourrait presque passer pour un oeuf de familier, avec sa forme si régulière, et ces magnifiques couleurs irisées, si on ne lui avait pas déjà assuré que tous les tests avaient été fait pour prouver que ce n'était pas le cas. Son regard se pose à nouveau sur l'enchanteur qui lui a remis la pierre, qui travaille dans l'équipe de chercheurs étudiant l'artéfact. Si le fait d'être sous son apparence pourrait s'avérer pratique pour le draguer, par contre pour ce qui est de lui demander des renseignements sur l'objet, elle n'est pas vraiment à sa place.

    « On m'a demandé de récupérer les résumés sur vos recherches, aussi.
    - Oh... Ce n'est pas indiqué sur votre document...
    - Oui, je sais, mais...
    - ... mais effectivement, la pierre seule n'aura certainement aucune utilité si vous n'avez pas un semblant d'explication sur ce que nous avons fait dessus.
    - Exactement.
    »

    Il lui sert un magnifique sourire et un clin d'oeil, puis l'entraîne à sa suite vers les bureaux qu'ils occupent avec son équipe. Sur le chemin, complices, ils commentent le comportement de l'enchanteur en chef. Leurs mains se frôlent, ils rient ensemble. Ça semble plutôt bien parti. Arrivés dans les bureaux, il se dirige vers celui qui semble être le sien, et Zahria le suit de près, après avoir glissé la pierre dans son sac sans fond. Il déblaye quelques feuilles avant de sortir un carnet en cuir. Dans l'entreprise, un cadre magique glisse et tombe par terre. Il s'empresse de le récupérer et s'assurer qu'il n'est pas cassé, avant de le reposer sur son bureau, soulagé.

    Zahria se penche pour apercevoir l'image, se demandant s'il s'agit d'un sujet de recherches, et tombe des nues quand elle tombe sur un portrait de lui, au bras d'une jolie blonde qui l'embrasse sur la joue, entourés de trois marmots. Il surprend son regard, sourit.

    « Ma p'tite famille, ma plus grande fierté. Et vous, vous êtes mariée ? »

    Elle se rembrunit, perd son sourire l'espace d'une seconde, puis le reprend avec un petit soupir en secouant la tête.

    « Jamais trouvé la perle rare.
    - N'arrêtez pas de chercher, c'est précieux.
    »

    Autant lui tendre un poignard pour qu'il continue de la suriner là où ça fait mal, ça ira peut-être plus vite, en fait.

    ~~~

    Le soir même, Zahria, de retour à la maison, après avoir fait un crochet par la cuisine pour récupérer de quoi grignoter, dévale les escaliers pour aller s'installer à son bureau. Après avoir passé la journée au pôle espionnage à consigner des rapports des uns et des autres, et à lire les dernières avancées sur l'enquête de la Cabale, et les données sur la soirée à laquelle elle doit se rendre le lendemain avec Calixte pour tenter d'en apprendre plus sur eux, elle n'a pas eu un seul moment pour se pencher sur cette histoire de Citadelle.

    Ses familiers l'accueillent avec ravissement, notamment quand ils aperçoivent le pain et les raisins qu'elle a ramené du rez-de-chaussée. Après avoir allumé les cristaux de lumière dans la pièce, elle s'assoit à son bureau et sort enfin la pierre de son sac sans fond, ainsi que le petit carnet d'études. Dhim et Delkhar sont dans leur coin, se chamaillant pour une grappe de raisins, quand elle ouvre le carnet pour commencer à lire les résultats d'analyse des enchanteurs.

    Après une description synthétique et exhaustive de l'objet, ses caractéristiques, sa texture et ses couleurs irisées, l'équipe émet des hypothèses. Quelques pages des écrits emportés par Luz et Vrenn ont été recopiées, notamment celles où apparaissent des dessins et schémas semblant représenter la pierre en question. C'est ce qui avait mis la puce à l'oreille à Zahria, quand ils sont eu les écrits en main, et la raison pour laquelle elle a décidé de s'intéresser à cet objet. Mais après avoir décortiqué le carnet de recherches, deux fois, et avoir passé deux bonnes heures à observer la pierre-oeuf sous toutes les coutures, elle comprend qu'elle n'en tirera rien de plus, sans la traduction.

    Le Lumios et le Drarbuste se sont endormis, et les chandelles se sont éteintes, quand elle décide d'arrêter pour ce soir. Elle se sent à la fois impuissante et coupable, bloquée à la Capitale, alors que Vrenn et Luz sont à l'Archipel pour essayer d'élucider ce mystère. Que peut-elle faire de plus, ici ? A part continuer à dépérir et attendre impatiemment l'arrivée de Calixte ? Que font-ils, de l'autre côté de la mer ? Que disent-ils à son sujet ? Que ne disent-ils pas ?

    Zahria passe une main sur son visage fatigué, avant de ranger la pierre et le carnet dans son coffre-fort. Les cristaux de lumière éteints, ses familiers ramenés dans la chambre, elle se déshabille dans le noir, après avoir installé toutes ses alarmes, et se couche. Seule.

    Luz WeissCroc de foudre
    Luz Weiss
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    Re: Déchiffrer des textes anciens
    Lun 12 Oct 2020 - 17:29 #


    Demain, encore. Luz passa une main fatiguée sur son visage. Le voisinage avait fait un tintamarre fou durant la nuit, à croire qu’ils avaient loué une auberge de bas étage et non un établissement de bon standing. Elle se redressa sur son matelas et procéda à ses ablutions, non sans un regard par l’ourlet des rideaux. Il faisait certes déjà grand jour dehors, mais la matinée n’était qu’à peine engagée. Lorsqu’elle sortit de sa chambre, un attroupement s’était formé deux pièces plus loin devant la chambre de Vrenn. Deux hommes armés d’outils en tous genres lui adressèrent un bref salut mêlé d’une pointe de curiosité lorsqu’elle s’approcha d’eux.

    « Bonjour. Que s’est-il passé ? Vous n’auriez pas vu l’homme qui dormait là… ? »

    Son interlocuteur portait une salopette maculée de copeaux, un marteau entre les mains. L’autre suait à grande eau, à demi enfoui dans l’armature du lit défait dont le matelas avait été repoussé sur le côté. Un charpentier, devina-t-elle.

    « B’jour M’dame. Nop, pas vu, il a dû partir avant notre arrivée. On répare le sommier. Ça arrive souvent. Les lattes se sont pétées. »

    « Ah… Merci. »

    Voilà qui leur apprendrait sans doute à opter pour une auberge uniquement en fonction de sa réputation. Vrenn devait décidément avoir passé une effroyable nuit entre le brouhaha nocturne et un lit de mauvaise confection. Elle s’engagea dans les escaliers et jeta un coup d’œil plein d’espoir dans la salle du petit-déjeuner. Mary y servait présentement des œufs et du lard aux lèves-tôt, mais nulle trace de son compagnon d’aventure. Luz dut étouffer malgré elle une pointe de regret, se désolant de ne pas trouver encore une fois le moyen de parler en tête-à-tête avec lui.

    « Bonjour Mary. Vous n’auriez pas vu l’homme qui m’accompagnait ce matin ? interpella-t-elle l’aubergiste. »

    Celle-ci se fendit d’une moue candide, ses joues délicieusement ornées d’une jolie teinte pêche.

    « Je l’ai vu sortir tout à l’heure. Mais asseyez-vous, je vous apporte le petit-déjeuner. Thé ? Café ? »

    Résignée, Luz se dirigea vers la table qu’on lui désignait. Autant pour la convivialité et les échanges chaleureux entre membres d’une même expédition… Ainsi donc, ce serait aujourd’hui du chacun pour soi. Quelque part, le destin n’était pas un si mauvais bougre : elle avait une ou deux vieilles connaissances à revoir et surtout une curiosité insatiable à satisfaire… Elle avala de ce fait son petit-déjeuner, laissa une note à l’intention de Vrenn à l’aubergiste et se mit en route vers le Conservatoire national de la magie. Après tout, elle n’était pas le chien de garde de l’espion, Zahria lui avait peut-être même confié une mission à effectuer discrètement sur place !

    ◄►

    Luz s’accorda une rasade de thé chaud, penchée par-dessus l’épaule de Nikola Coupervick. A force de patience et d’entêtement, elle était parvenue à convaincre les deux enchanteurs de la laisser observer leurs recherches. De temps à autre, ils daignaient même lui donner quelques clés de compréhension sur les schémas magiques qu’ils tâchaient de décrypter, et elle les écoutait chaque fois passionnément à la manière d’une écolière subjuguée. Ils avaient beau recenser un certain âge au compteur, leurs gestes étaient restés adroits et ils se complétaient à merveille pour retranscrire progressivement les textes fournis en une langue plus compréhensible.

    « Nous n’avons jamais rien vu de tel de toute notre existence. »

    « Presque comme une recette de cuisine ! »

    « Ou plutôt de forge ? Davantage qu’un ingrédient, nous semblons avoir affaire à une arme. »

    « Regardez-là, ces informations sont extrêmement parcellaires, mais le début est déjà tout à fait exceptionnel
    , surenchérit Tormas. »

    « Une arme ? Une épée, une lance, quelque chose de ce goût-là ? »

    « Nous l'ignorons pour le moment. Cette information ne figure peut-être même pas dans la suite non traduite du texte. »

    « Vous devriez revenir demain, il ne tardera pas à faire nuit. »

    « Ces schémas de fabrication sont particulièrement étonnants… »

    Luz laissa les deux vieillards continuer à marmonner dans leur barbe à grand renfort de gestes excités. Ils n’avaient pas tort, elle avait encore trop à faire pour rester en leur compagnie. Et puis, au rythme où leur traduction avançait, nul doute qu’elle ne raterait rien d’inédit avant le lendemain… Elle s’éloigna donc des rumeurs du Conservatoire pour s’installer sur un banc à proximité. Les nuits chaudes par ici étaient un véritable délice ! Elle s’empara de son cristal de communication et effleura mentalement la magie du cristal, toutes ses pensées dirigées vers Zahria.

    « Zah ? C’est moi, je viens t’apporter les dernières nouvelles… Je pense que nous pourrons rentrer dans un jour et demi. »

    Plus tard, il serait alors temps de retrouver Vrenn. Et de commander une petite dizaine de reproductions au Conservatoire de la magie dont l’immense bibliothèque regorgeait de trésors... Elle n’avait pas réalimenté leur propre bibliothèque personnelle depuis bien des semaines !

    Vrenn IndraniSbire
    Vrenn Indrani
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    Re: Déchiffrer des textes anciens
    Jeu 29 Oct 2020 - 22:02 #

    Y’a des trucs universels chez les humains, ou en tout cas chez les aryonnais, ce qui équivaut grosso modo à la même chose. C’est la propension à être capable de s’amuser à toute heure du jour et de la nuit, pour peu qu’on y mette suffisamment de volonté. Quelque chose comme quoi quand on veut, on peut. Et quand il s’agit de se la coller sévère, avec tout le ramdam qui va avec, certains sont très, très forts. Moi, j’suis qu’un débutant, un genre d’amateur éclairé, à côté de ces professionnels.

    Mais mes années à dépenser en quelques heures un butin bien mal acquis m’ont quand même appris à trouver facilement ces lieux merveilleux, donc dès qu’on a appris que les deux vioques mettraient plusieurs jours à élucider les mystères des parchemins, et que j’ai fini de casser la quasi-totalité des lattes du sommier de la serveuse –pas que ce soit la première fois, m’est avis, vu comme elles étaient considérablement plus neuves que le reste du lit-, j’me suis mis en route aux petites heures du matin. Weiss pionçait encore, et j’aurais pu aller ronfler moi-même, mais j’me sens plein d’une énergie un peu nerveuse.

    J’pense que c’est Mary. Pas elle, de pratiquer la chose en elle-même, ou je sais pas quelle connerie romantique du genre. Nan, juste d’être loin, seul, et peinard. Ça fait comme un poids qui disparaît de mes épaules, et une sensation de légèreté que j’ai pas éprouvée depuis des mois. P’tet même des années, tiens, donc bien avant de rejoindre le pôle espionnage de la Garde. C’pour ça que j’ai un pas printanier et sautillant. Encore un peu et j’sourirais aux gens que j’crois, mais faut quand même pas déconner.

    J’trouve rapidement un coin qui paye pas forcément de mine. Mais malgré l’heure matinale, y’a un vigile à l’entrée, et deux autres à l’intérieur, qui emplissent beaucoup trop un vestibule bien trop petit. J’esquisse un p’tit sourire en coin en m’approchant.

    « C’est pour ? Qu’il demande.
    - Pour entrer.
    - Sur invitation.
    - Ca suffira, ça ? »

    J’montre une p’tite bourse de cristaux, et il hoche la tête en m’ouvrant la porte. A l’intérieur, j’suis pas déçu : la partie tripot est pleine de fumée, y’a des verres, des bouteilles, et des trucs qui traînent un peu partout, et une croupière en tenue impeccable distribue des cartes avec une précision mécanique malgré les cernes qu’elle a sous les yeux. Dans les postures des gens attablés, on sent que ça fait un moment qu’ils sont là. Un rideau est écarté pour montrer un coin plutôt bar, avec des banquettes recouvertes de coussins, un serveur, et d’autres clients affalés de façon plus ou moins concupiscente. Pile ce que j’cherchais, mais on va s’échauffer tranquillement.

    J’commande un double whisky que j’descends cul sec, pour m’mettre en jambe, et j’m’attable à côté d’un gars du nord du pays, à sa façon de parler, habillé coquettement et qui me salue d’un clin d’œil. Son biceps fait quasiment la taille de ma cuisse, que j’note avec appréciation. J’retourne ma première main, merdique, avant de la jeter immédiatement.

    « Malheureux au jeu, hé ? Qu’il me dit.
    - Pas grave, tant qu’à être heureux ailleurs, que j’réponds. »

    Il jette sa main aussi, sans même la regarder.

    « Je crois être dans le même cas. »

    ****

    Matin du troisième jour. J’me réveille dans l’auberge. Complètement vaseux. Putain. J’m’appuie sur le mur pour aller jusqu’à mon broc d’eau et m’éclabousser le visage, puis j’bois tout le contenu de ma gourde fontaine. Pas assez. En plus, y’avait du bruit dans la chambre voisine, jusqu’au p’tit matin. J’devrais savoir, Mary, qu’elle s’épanouit pas trop dans le calme. J’crache pour essayer de virer le goût d’alcool que j’ai encore sur la langue, sans succès.

    En bas, elle est déjà affairée à faire le petit-déjeuner, alors j’prends mon écuelle. Elle se contente de m’adresser un grand sourire, sans y attacher la moindre importance. Attends, elle se souvient ou pas, d’ailleurs ? Oh, et puis merde, on s’en cogne. J’suis attablé quand Weiss descend, à boire mon troisième café. Le pain a aidé à faire passer un peu la nausée, mais j’pense que j’resterai pas frais jusqu’à cet aprèm. Bah.

    Les vieux nous accueillent avec un enthousiasme non-dissimulé. J’me demande ce que Weiss a foutu tout ce temps. Elle a p’tet visité.

    « Ah, Docteur Weiss. Vous avez passé une bonne nuit ?
    - Parfaite, et vous ?
    - Nous avons évidemment continué à…
    - … travailler sur le dernier passage que nous vous avons montré hier. »

    Ah, ben elle a dû traîner avec eux, alors.

    « Moyen de faire un résumé ? »

    Ils regardent ma gueule, et j’pense que j’ai l’air plus claqué qu’eux.

    « Bien sûr. Les instructions semblent laisser entendre qu’il est possible de créer…
    - … Quelque chose… artificiellement…
    - … Mais qui serait vivant. »

    Ils me gonflent déjà, à commencer les phrases de l’un pour que l’autre les finisse.

    « Une bestiole créée artificiellement ?
    - Possiblement une arme, effectivement.
    - Cela vous fait-il penser à quelque chose ? Demande un des deux.
    - Nan, pas particulièrement. »

    Bien sûr que si, le crocotaupe, monstre de la citadelle, qu’a failli me faire la peau, et qui aurait réussi si j’avais pas eu la pierre de retour fournie par la Couronne. Belle saloperie, tout ça. Du coup, les débiles qui habitaient là seraient parvenus à créer un monstre immortel et indestructible ? Ou même plusieurs ? Bah putain, on te lâcherait tout ça sur le fenrir, et on prendrait les paris, hein.

    Le seul hic, c’est de contrôler le monstre, quoi.

    « Et la forme de vie… Elle fait quoi, après ?
    - Impossible à dire. Elle vit, nous présumons.
    - Pas d’informations là-dessus dans les documents qui nous ont été présentés.
    - Hm, d’accord. Autre chose ? »

    Ils se regardent, puis jettent un œil à Weiss.

    « Oui, justement. La forme de vie artificielle possèderait des capacités de voracité, de consommer, d’absorber. Le terme n’est pas tout à fait clair, et assez nuancé, dans ce cas. Impossible d’en savoir davantage, là encore. »

    J’ai bien une ou deux p’tites idées, et j’pense que la patronne aura les mêmes quand on lui montrera les conclusions. Soit c’est les cailloux que le monstre bouffait en permanence, soit c’est la magie, qu’a disparu à deux reprises, la première avec le tout petit, et la seconde avec le papa. Ou la maman ? Bref, le plus gros. C’est bien ça qui m’a foutu dedans, et vu comme c’était résistant, avec la boule de Carci qu’a même pas réussi à égratigner la carapace, j’vois même pas comment le buter. Autant dire que c’est hors de question que j’y refoute les pieds, sauf si on me laisse pas le choix.

    Ouais, ça sera probablement ça le souci. Est-ce que j’aurai davantage de chances d’échapper au fenrir qu’au crocotaupe ? Affaire à étudier.

    Les deux vieux nous rendent les papiers, avec ce qu’ils ont complété. Ils ont aussi collé toutes leurs références, pour justifier leur travail, et permettre aux archivistes et chercheurs du Palais de piger ce qu’ils ont branlé pour réussir en trois jours là où eux se sont chié dessus pendant trois mois. J’avoue que j’l’aurais possiblement un peu mauvaise mais, hé, c’est les rivalités académiques, ça.

    On sort.

    Et Weiss me demande ce que j’ai fait.

    « Bah, j’me suis promené, j’ai changé d’air, j’ai fait un peu la fête. »

    Et les vacances sont finies, faut retourner voir Ombre.
    Zahria AhlyshOmbre
    Zahria Ahlysh
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    Re: Déchiffrer des textes anciens
    Jeu 10 Déc 2020 - 23:59 #


    Zahria s'étire, bâille encore une fois. Elle a mal dormi. Elle dort mal, depuis quelques temps. La surcharge mentale, lui a-t-on dit. Sa troisième cigarette de la journée, alors qu'elle n'est réveillée que depuis une petite heure, est posée nonchalamment sur ses lèvres, et elle aspire en actionnant la pierre de feu, pour en voir le bout rougeoyer et la fumée bénie emplir sa gorge, puis ses poumons avec la longue aspiration qu'elle prend, avant de recracher le tout dans un souffle dirigé vers le ciel.

    Assise sur un banc en face des portails de téléportation de la Capitale, elle attend en tirant une seconde latte sur sa cigarette. Luz et Vrenn rentrent aujourd'hui, dans le premier trajet de la matinée. La flamboyante lui a déjà fait un premier résumé de leurs recherches par cristal interposé. Mais déjà le maître-espion a la tête ailleurs. La rencontre avec son père, lors de la fameuse soirée qu'elle a passé en infiltration avec Calixte, a tout chamboulé dans sa tête, son coeur, son ambition. Sa proposition est on ne peut plus claire, et elle doit maintenant décider quoi faire de tout ça.

    Alors oui, ce matin, même si elle attend son amie et le Sbire pour aller rendre le rapport de leurs recherches et de la traduction effectuée auprès de la conseillère Desrossa, Zahria est à mille lieux de la Citadelle des Tréfonds. La lumière se fait petit à petit sur les événements de ces derniers mois, et si elle rejette en bloc les actions, le comportement et les motivations de son père, son discours pourrait presque être touchant. Et pour une orpheline qui a cherché ses origines pendant longtemps, toucher du bout du doigt un début de vérité quand à son point de départ est tout aussi excitant que déstabilisant. Forcément, elle ne peut parler à personne de tout ça. Qui pourrait comprendre, de toutes façons ? Que son père est l'un des dirigeants de la guilde de l'ombre qu'elle traque depuis des mois, qu'il cherche à la recruter depuis au moins aussi longtemps ? Surtout, qui pourrait comprendre... qu'elle hésite ?

    La cendre s'écrase sur le sol alors qu'elle tire la dernière bouffée toxique, et le portail en face s'illumine. Deux visages bien trop familiers apparaissent, et Zahria se lève pour les accueillir, sans manquer de leur demander des nouvelles de leur voyage. Elle croise le regard de Vrenn. C'était il y a pourtant quelques jours, qu'elle ressentait toutes ces émotions entremêlées, à son sujet. Ça lui semble tellement loin, maintenant. Ses sentiments sont loin d'avoir disparu, évidemment. Mais ça semble tellement dérisoire, maintenant, par rapport au reste. Tout comme leur rapport, la pierre-oeuf, et les théories pourtant très inquiétantes se dégageant derrière toute cette histoire.

    La responsabilité du maître-espion, tout aussi chaotique soit sa moralité, revient au galop. Si elle fait tout ça, avant tout, c'est pour la sécurité du peuple, ça a toujours été le cas. Tous ses pas ont été faits dans cette direction, depuis toujours, et ses méthodes peu conventionnelles, voire même parfois complètement illégales, n'ont jamais eu d'autre motivation que celle du bien-être d'autrui. Vrenn peut considérer qu'elle essaye de le mettre dans le rang, qu'elle respecte trop la loi, il n'a peut-être pas encore compris quel était le véritable désir de la jeune femme. Et son père, Hershell, non plus.

    Alors devant Desrossa, Zahria établit calmement le bilan de leurs recherches, ponctué de commentaires de Luz éclairant tel ou tel sujet, et de témoignages de Vrenn. Les documents retrouvés sont des schémas magiques d'une toute nouvelle - ou plutôt, ancienne - catégorie, comme on n'en utilise plus, voire comme on n'en a encore jamais utilisé sur Aryon, et parlent de la créature d'une arme extrêmement puissante, dotée de vie. La pierre-oeuf, s'ils n'ont toujours pas identifié sa nature, serait en revanche l'élément principal de la création de cette forme de vie aux capacités d'absorption hors du commun. Magie, rochers, tissus, ondes ?
    Impossible de donner une conclusion propre face à ce sujet, même si chacun a sa petite idée. Et au vu des témoignages du Sbire au sujet de leur rencontre avec la créature surnommée "crocotaupe", Zahria penche pour la première solution.

    Ils recommandent la plus grande prudence pour la prochaine expédition qui se monte afin d'étudier la créature, et le maître-espion insiste pour que les textes soient déchiffrés plus en profondeur avant de mettre qui que ce soit de plus en danger. La créature doit être neutralisée pour permettre d'explorer plus en amont la Citadelle, mais elle s'avère pour l'instant trop dangereuse avec ces informations parcellaires. Elle ajoute auprès de la conseillère que les aventuriers qui seraient renvoyés là-bas doivent avoir plus dans leur sac que leur simple pouvoir pour s'en sortir. Des saphirs seraient les plus aptes à appréhender correctement cette mission.

    Le rendez-vous dure deux bonnes heures, au terme desquelles ils sortent tous trois, Zahria quitte l'apparence du maître-espion prise juste avant l'entrevue, et ils se dirigent tranquillement vers la Volière. Vrenn se sépare rapidement d'elles pour retourner chez lui dès qu'elle lui donne son congé, et elle affronte alors le regard inquiet de Luz.

    « Ça va, ne t'inquiète pas. Je vais m'y faire. A une vie sans lui. »

    Une nouvelle résolution est née dans les yeux de Zahria, suite à son entrevue avec son père. Et s'il est trop dangereux d'en parler actuellement, avec les doutes qui l'assaillent encore sur la marche à suivre, le ton résolu de sa voix sera certainement suffisant pour écarter les inquiétudes de la belle rousse, même si elles sont maintenant hors-sujet. Une fois arrivées chez elle, le thé est vite infusé, et les deux femmes s'installent face à un échiquier dans le salon, une tasse fumante entre les mains.

    « Echec, ma douce Luz. A toi de jouer. »

    Maître du jeuCompte PNJ
    Maître du jeu
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    Re: Déchiffrer des textes anciens
    Mar 15 Déc 2020 - 22:41 #
    L'archiviste royal écouta le résumé de l'expédition, hochant la tête par moment, en s'exclamant avec de petit "oh" ou "ah" quand l'évocation de certains sujets plus intéressant que d'autres.
    Toutes les paroles furent notées une à une via une scribouilleuse, l'homme cherchant à ne rien rater de cette mission particulièrement réussi.

    -Je vois...

    Dit il en se frottant la barbe, finissant par fermer le carnet qui se trouvait sur le pupitre, consignant le tout dans une caisse avant de tamponner le tout avec un épais marqueur rouge.
    Nul doute que ces informations allaient aller dans des rayons non accessible à tout le monde

    -Je vous remercie pour votre, travail, nul doute qu'il sera sérieusement étudié, pour qu'un malheur comme celui de la cité ne se reproduise pas.
    Si tout est bon pour vous, je vous rend à vos activités, en vous conseillant de ne pas parler de ce que vous avez lu à tout le monde.
    Il serait regrettable que des informations sensibles tombent dans de mauvaises mains

    Pas que c'était probable; mais la discrétion était une sécurité supplémentaires. Certaines informations gagnaient à rester cachées.
    Et alors que les travailleurs partaient, l'archiviste fit appeler des aides qui soulevèrent la caisse avec un regard interrogateur

    -Ou le rangeons nous ?

    -Pas ici, mieux vaut garder ce genre de choses hors de vue tant que nous ne seront pas encore sur de tout ce que cela implique
    Mettez donc le manuscrit dans notre réserve sécurisée


    Là au moins, des cerveaux plus éminents pourraient transcrire, et informer... Tout était encore trop brut pour être publié tel quel
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    Re: Déchiffrer des textes anciens
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