Le royaumed'AryonForum RPG light-fantasyPas de minimum de ligne
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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Le temps, c'est de l'amour
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Le temps, c'est de l'amour
    Dim 7 Juin 2020 - 15:40 #
    Fidèle à sa proposition, l’équipage du navire des explorateurs avait embarqué dans la journée les nobles croisiéristes tout comme les trois compères. Ils n’avaient, heureusement, pas eu à réaliser de nouvelle prestation loufoque, et l’affaire avait pris une réelle tournure de vacances. Ils avaient été un peu dépités de quitter l’île de Labyrinthia aussi rapidement, mais leur frustration avait rapidement été atténuée par la présence des deux petits drarbustes dont l’acquisition avait été plus qu’inespérée. En tous cas pour Calixte. Jamais il n’aurait pensé, embarquant pour la folle aventure, revenir avec un petit dragon d’or et d’ambre. Apolline, aussi, avait été conquise. Malgré le fait qu’elle passât son temps à le rebaptiser « Hareng », il y avait dans les manières de la trousse de cuir une attention toute maternelle, si l’on oubliait son vocabulaire coloré.

    Toute la petite troupe avait ainsi été déposée sur la côte continentale faisant face à Labyrinthia, et chaque groupe avait repris son chemin de son côté. La plupart des Nobles avait pris celui du Temple et du Grand Lac, dans des fiacres luxueux dépêchés dans l’urgence. Et, après discussion, le groupe 7-1-9 imposteur avait décidé de faire de même, à son rythme. Certains Nobles leur avait proposé de leur faire profiter de leur véhicule, mais la contrainte de pousser la farce avait dissuadé les trois hommes. Marcher ne leur faisait pas peur, camper non plus. Et puis leurs prestations improvisées sur le navire avaient eu le bénéfice de leur remplir les poches de cristaux, leur permettant de coucher en auberge à la moindre envie, sans avoir à s’inquiéter pour leurs finances.

    Ils avaient ainsi emprunté le sentier littoral, puis les chemins mieux tracés des plaines, pour gagner le Temple. Le temps s’était peu à peu gâté, et lorsqu’ils avaient enfin posé le pied sur les marches de marbre menant à l’imposante bâtisse dédiée à Lucy, de violentes rafales de pluie avaient rendu l’affaire un peu périlleuse. Au terme de longues minutes d’ascension pénible où le maladroit coursier avait failli chuter ou s’envoler de nombreuses fois, ils s’étaient réfugiés entre les hautes colonnes du temple. Naëry, qui connaissait les lieux, les avait guidés à la rencontre de frère Tuque, un homme à la silhouette arrondie qui s’était empressé de les accueillir avec bienveillance et de les mener à l’un des dortoirs pour fidèles de passage. Celui-ci était relativement spartiate, et Calixte n’avait pu s’empêcher d’y voir une certaine similitude avec l’appartement de l’aventurier. Fonctionnel, rustique, mais rendu chaleureux par la présence et l’histoire.

    Alors qu’ils s’affairaient chacun de leur côté pour disposer leurs affaires et se remettre de la colère du ciel ayant détrempé leurs habits et cinglé leur visage découvert, frère Tuque était resté pour leur rappeler le règlement des lieux. Et leur faire un brin de causette. Un gros brin de causette. Cela faisait apparemment quelques temps qu’il n’y avait pas eu de fidèles ayant décidé de loger au dortoir. Alentours, les auberges s’étaient développées, et la plupart préférait leur confort aux conditions plus humbles proposées par le Temple. Par ailleurs, le couchage sous le toit de celui-ci sous-entendait une participation aux activités de soutien de celui-ci – ménage, cuisine, jardinage, bricolage, ou tout autre chose à la mesure des compétences de chacun – certes minime, d’à peine quelques heures par jour, mais qui refroidissait une certaine partie des touristes du coin. Par ailleurs, l’on n’avait pas encore atteint la saison propice au pèlerinage, et les fervents fidèles se faisaient ainsi plus rares.    

    Laissant son sac-à-dos sur le lit superposé au-dessus de celui d’Adrian, Calixte s’était éclipsé alors que ce dernier épongeait une Tsuki mécontente d’avoir été trempée par la pluie et que Naëry continuait à converser avec frère Tuque. Lové contre son cou, Ayren appréhendait d’un regard à la fois curieux et prudent les augustes environs. Il y avait un contraste étrange mais agréable entre l’architecture imposante et grandiose du temple, et l’humilité simple de ses parties fonctionnelles. Profitant d’une exploration aléatoire, l’espion se laissa déambuler au gré de ses envies et de ses interrogations. Malgré le fait que le temps ne fût pas propice à l’affluence de visiteurs, il régnait dans le lieu une douce effervescence pieuse. Finalement, avisant l’heure qui tournait, Calixte demanda son chemin à un initié. Six couloirs, deux escaliers et trois portes plus tard, il toqua sur le battant entre-ouvert donnant sur une petite salle plongée dans la pénombre. La silhouette drapée de mystères tourna la tête vers lui, et il lut dans le regard clair face au sien de la surprise puis de la reconnaissance. Délaissant l’étagère remplie d’ouvrages près de laquelle elle s’affairait, elle se tourna pleinement vers lui et vint à sa rencontre pour l’embrasser contre son cœur.

    - Par Lucy, que fais-tu donc ici ? lui demanda la voix claire de Gwen-Aël tandis qu’il déposait un chaste baiser sur ses mèches auburn.
    - Il semblerait que la tempête m’ait poussé là.
    - Elle va donc t’y laisser un moment. Sœur Catherine estime que la majorité de la semaine va être diluvienne, voire orageuse. Moi qui pensais uniquement te revoir à la prochaine réunion familiale… Es-tu venu accompagné ?
    - Oui, mais pas de la famille. C’est une longue histoire, ajouta-t-il au regard intrigué de sa sœur.
    - En tout cas, tu as déjà là une bien belle compagnie, indiqua-t-elle en tendant la main vers Ayren.

    Mais elle arrêta son geste alors que le drarbuste se collait davantage contre le cou du garde, apeuré. Se saisissant lui-même du petit dragon pour le mettre en sécurité dans le creux de ses mains, Calixte le présenta ainsi à Gwen-Aël. Légèrement rassuré, le nourrisson se laissa cette fois-ci caresser sans trop de craintes.

    - Il est un peu effarouché, commenta la jeune femme.
    - Il est tout jeune. Peut-être sera-t-il moins timide par la suite ?
    - Peut-être. Allez viens, on va s’installer ailleurs et tu vas me raconter ta longue histoire. Je finirai ça plus tard ; si j’enchaine une quatrième heure à chercher désespérément les registres de comptes de l’année 943 je risque de me parjurer !
    - Toujours comptable pour la communauté ? demanda Calixte en suivant sa sœur à travers les couloirs épurés du Temple.
    - Les woggos font pas des vermilis, répondit Gwen-Aël avec un sourire mi-amusé mi-désabusé. Quoi que… poursuivit-elle en lui lançant un regard taquin.
    - Dernièrement Enora essaie de faire de moi un woggo, grimaça-t-il.
    - Je ne sais pas qui je plains le plus, rit-elle franchement. Comment se fait-il qu’elle se soit soudainement rappelée de ton existence ?
    - J’ai été réaffecté au Grand Port. Il y a quelques semaines.
    - Si tu me dis que la famille te manquait, je ne te croirais pas.
    - Tu peux tout à fait ne pas me croire.
    - Mmm. Attends-moi là.

    Ils avaient redescendu les escaliers et se trouvaient probablement non loin du réfectoire, ou des cuisines, aux odeurs caressant leur odorat. Gwen-Aël s’éclipsa quelques minutes, et Calixte se réintéressa à Ayren. Toujours au creux de ses mains, il y paraissait plus à l’aise pour observer tranquillement les alentours. Moins inquiet.

    - C’est que je risque d’avoir besoin de mes mains, un jour, murmura le garde à son familier.

    Le regard que lui coula le petit dragon était d’une confiance toute naïve. Gwen-Aël revint sur ces entrefaites, deux tasses fumantes et un petit sachet de friandises pour familier dans les mains, et les guida sous les hautes colonnades bordant l’imposante construction. Le vent s’y engouffrait en bourrasques furieuses, mais les bancs reculés contre le mur profitaient d’un abri contre la pluie et contre le plus gros des courants d’air. Calixte avait laissé sa cape anti-climat au dortoir, mais il s’emmitoufla dans sa veste, resserra son écharpe autours de son sou, et récupéra ses gants du solstice pour en faire un nid douillet pour Ayren. Le marbre du banc était frais contre son séant, mais la tasse brûlante entre ses mains diffusait une agréable chaleur le long de ses doigts. A côté de lui, Gwen-Aël n’était pas tellement mieux vêtue pour affronter le climat, mais ne semblait en souffrir. La vue dégagée sur les plaines environnantes, les villages qui avaient poussés autour du lieu de pèlerinage, leur permettait d’observer le paysage battu par la tempête. Il y avait là quelque chose d’un peu onirique.

    - Lorsque le temps est clément, on peut voir d’ici le Grand Lac, lui indiqua Gwen-Aël le regard perdu sur le lointain. Alors dis-moi : si ce n’est la famille qui a motivé ton transfert, quoi d’autre ? Qui d’autre ?
    - C’était une occasion.

    Celle de fuir, encore. Il passait beaucoup de temps à fuir dernièrement. Fuir la Capitale et ses tourments. Ruth. La Cabale. Les espions. Zahria. Höls et ses étranges projets. Et, peut-être d’une certaine manière aussi, Naëry. L’occasion aussi bien sûr de découvrir de nouvelles choses, de nouveaux horizons, de nouvelles relations. Aurait-il aussi rapidement sauté dessus si cela avait été pour la Forteresse ou le Village Perché ? Peut-être pas. Probablement pas. Il y avait des souvenirs complexes sommeillant en ces lieux, et qu’il n’était pas encore prêt à réveiller.

    - Et qui refuserait une mutation au soleil les pieds dans le sable ? Ça ne te manque pas, à toi ?
    - J’entends déjà assez bien Deveen et Enora d’ici, merci.

    Il y eut une pause, où ils contemplèrent le paysage en silence. Sur ses genoux, lové dans son nid de gants, Ayren grignotait doucement son encas. Il porta le breuvage chaud à ses lèvres, et faillit se brûler le palais.

    - Raconte-moi ta longue histoire, fit finalement Gwen-Aël en s’adossant contre lui comme lorsqu’ils étaient petits.

    Et Calixte se lança dans la narration de l’épopée improbable de trois jeunes hommes prenant le nom de groupe de 7-1-9.


    Soeur Gwen-Aël:
    InvitéInvité
    Anonymous
    Informations
    Re: Le temps, c'est de l'amour
    Jeu 11 Juin 2020 - 22:56 #
    Ce qu'elle redoutait depuis des jours arrivait. L'orage ou plutôt la tempête se déversait du ciel sombre et gris sur la plaine comme un infatigable torrent charrié par le vent redoublant de puissance menaçant d'engloutir tout sur son passage. Les eaux claires du grand lac déchaîné déchiraient sa surface qui n'avait plus rien de tranquille. La houle surgissait à l'assaut de la terre. C'est à peine s'il était encore perceptible derrière l'averse. Le paysage n'offrait qu'un décor de désolation ballotté sous les assauts furieux de la nature. Sœur Catherine disait qu'ils en avaient pour au moins une semaine avant que ça se calme. Une semaine de cauchemar pour la pauvre Elanna plongée dans une apocalypse de tourments enfouis dans sa psyché enfantine. Le vent s'engouffrait sous les hautes colonnes du temple en produisant un sifflement digne des monstres les plus terrifiants. Le son strident était terrible et l'effrayait. Les marches de marbre de l'entrée étaient devenues une patinoire. Elle avait tellement peur de la pluie et de l'orage depuis son accident qu'elle ne pouvait pas demeurer insensible face à ce spectacle qui lui rappelait son passé douloureux la submergeant à nouveau.

    Depuis sa cérémonie d'initiation, la vie allait pourtant bon train dans le temple, elle avait trouvé ses repères et participait activement du mieux qu'elle pouvait aux tâches qu'on lui avait assignées. Elle réalisait ce que l'on lui imposait sans sourciller. Surtout le ménage et la cuisine, c'était un vrai plaisir de s'en occuper. Elle était devenue particulièrement proche de sœur Gwen-Aël, comptable de la communauté qu'elle aidait souvent dans son travail. La religieuse était devenue son alliée la plus fidèle, un grand soutien, elle l'aidait à tenir le coup dans les moments difficiles. Les longs exercices et l'étude pouvaient parfois la faire douter de ses capacités, elle était toujours là pour lui remonter le moral. Le temple formait ses recrues par des études poussées où la nouvelle savait tirer son épingle du jeu. Principalement dans les sujets comme la morale, l'étude des textes sacrés où elle s'illustrait par ses interprétations souvent exactes. La bibliothèque était son terrain de jeu préféré.

    Alors qu'elle préparait à manger dans le réfectoire pour les fidèles et les pensionnaires elle décidait de s'éclipser en douce afin de s'accorder une pause de cinq minutes. Elle marchait longtemps et le plus loin possible pour éviter d'être repérée. Elle aidait les gens à trouver leur chemin dans le dédale du temple, elle apportait un peu de chaleur par sa présence dans le cœur des âmes égarées. Elle avait toujours une oreille attentive et savait trouver les mots pour leur redonner la foi avec le sourire.
    Au passage, elle tomba nez à nez avec le frère Tuque au détour d'une chambre. Il discutait avec un homme plutôt charmant. Le frère vint s'adresser à elle. Il lui demanda de faire les lits dans les dortoirs pour les aventuriers fidèles de passage. Elle s'exécutait rapidement et faisait les lits superposés des chambres au confort rudimentaire avec une précision et une rapidité redoutable. Les fidèles étaient moins nombreux ces temps-ci avec l'effervescence du monde autour, ils préféraient aller boire un verre dans une taverne plutôt que se recueillir dans la prière auprès de la déesse. Et au vu le temps qu'il fait, elle ne s'attendait pas en voir beaucoup dans les parages. Elle attendait avec impatience le début du pèlerinage pour accueillir les fidèles qui viendraient plus nombreux. Ils l'observaient, elle ne faisait pas attention.

    Une fois son travail terminé, elle décidait de descendre prendre l'air. Mauvaise idée, la sensation qu'elle avait ressentie en sortant était indescriptible. Il faut s'être déjà retrouvé sous une tempête pour comprendre. Plus loin, dans une partie plus isolée sous les colonnades et abritée de la pluie et du vent un garçon aux cheveux blonds assis sur un banc discutait avec Gwen-Aël. Ils semblaient heureux d'être ensemble, ils se connaissaient sûrement. Il y avait comme un étrange air de famille entre eux. Elle ne pouvait pas rester sous la pluie habillée comme cela, alors elle décidait de se réfugier avec eux. Ils avaient tous deux une tasse fumante dans les mains. Sa robe était trempée, ses cheveux aussi, des gouttes glissaient le long de son visage. Elle portait son écharpe rouge comme un voile sur la tête, celui-ci aussi était trempé. Elle le retirait et passait ses mains dans ses cheveux.

    - Ravi de vous voir Sœur Gwen-Aël, monsieur, enchantée. Quel temps ! Je suis Elanna Pharos, initiée.

    Il avait une petite créature d'or et d'ambre dans les mains, c'était probablement la chose la plus belle qu'elle ait pu voir de sa vie. Elle n'avait jamais rien vu de semblable. Cette chose ressemblait à un chiot, avec des ailes et une peau rugueuse caractéristiques des reptiles par exemple. Ses écailles avaient la forme et la couleur des feuilles de l'automne. Il avait l'air méfiant en l'observant aux creux des mains de son maître lui donnant à manger en le caressant tendrement.

    - Cette créature, je n'ai jamais rien vu de semblable. Qu'est-ce que c'est ?
    Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
    Naëry Wig
    Informations
    Re: Le temps, c'est de l'amour
    Mer 17 Juin 2020 - 19:17 #
    Le temps, c’est de l’amour
    ─ avec Cal, Adrian & Elanna

    Après un retour des plus tumultueux je ne suis pas mécontent de poser un pied sur la terre ferme ! Il va vraiment falloir que j’investisse dans un remède efficace contre le mal de mer avant de reprendre celle-ci. Je connais plutôt bien cette région d’Aryon pour y avoir effectuer un certain nombre de pèlerinage durant ma transition de Noble à aventuriers. Les plaines sont agréables à parcourir, surtout en cette saison de l’année. Comme au souvenir de ses longues marches pleines de questionnements, je me renferme dans un mutisme qui ne semble pas alerter mes compagnons, laissant les devants de la scène à Apolline et sa lubie d’auteure. Elle comble les silences dans lesquels chacun se réfugie, Calixte et Adrian partageant la fascination pour leurs nouveaux familiers. Je souris devant leur émerveillement, je dois bien avouer que ces dragonneaux sont plus que fascinants.

    Nous faisons halte durant la nuit tantôt dans une auberge des plus rudimentaires, tantôt dans un hébergement plus luxueux. Loupiac semble apeuré par les drabustes, et la présence de Tsuki n’aide pas à l’apaiser. Pourtant les jours passants il s’habitue à la présence et surtout à l’inattention des créatures à son égard. Il finit même par se poser sur la tête d’Ayren qui, plus du réflexe que de l’intention, claque des mâchoires pour faire fuir l’oiseau. Loupiac s’offusque, s’envolant dans une lyrique qui nous vaut un petit moment de rire léger. Je récupère le chantelune vexé pour le bercer au creux de ma paume. Avec la saison chaude s’accompagne les méfaits des orages de saison, et nous ne tardons pas à en subir les changements météorologiques. C’est trempé comme des lavettes que nous entrons dans le temple. Je préviens mes camarades qu’ici l’entraide est de mise, nous serons logés et nourris en échange de menus services. Connaissant Cal, je ne me fais aucun soucis, et pas plus quand mon attention se reporte sur Adrian. Ils auraient, dans tous les cas, mis la main à la patte, j’en suis persuadé.
    Frère Tuque se fait un plaisir de le rappeler, entre autre. Il part dans l’élucubration du peu de présence sur les lieux, un peu toqué parfois, je sais qu’il est parti pour longtemps. Je soulage les oreilles de mes compères en alpaguant de religieux qui me demande alors de mes nouvelles.

    - Ça fait longtemps que je ne t’ai pas vu remettre un pied ici, j’ai cru que tu nous avais oublié!

    - Comment oublier la maison qui m’a vu mûrir? Ne vous inquiétez pas Frère Tuque, ces derniers mois ont été … riche en émotions dirons nous. Et me voilà.
    - En bonne compagnie, ils ont l’air de bon gars ces deux là.

    Calixte est déjà parti en vadrouille, il a bien raison, il y a de belles choses à découvrir ici, notamment la salle des dévotions où un arbre vénéré embellit l’austérité de la pièce par son feuillage de feu.

    - Et Martha comment va-t-elle?

    Je lui raconte tant bien que mal la mésaventure qui nous a fait traverser les quartiers malfamés puis huppés de la Capitale à la recherche du fraternel de la religieuse, Frère Tuque boit mes paroles, adorant ce genre de récit rocambolesque. J’essaie d’y mettre des détails et du suspens, pas trop habitué à discourir si longuement.
    Je finis par m’échapper de l’affable Frère sous prétexte de faire visiter les lieux à Adrian. Celui-ci se retourne avec une Tsuki ébouriffée et mécontente à ses pieds et une Aldëa lové au creux de ses mains.

    - Crois-tu en Lucy?

    Aucun jugement de valeur, une simple question de curiosité. J’amène le garde à travers les dédales de couloir pour lui faire visiter la salle des offices, impressionnante de par sa hauteur et ses décorations chatoyantes.

    - Tous les temples ne sont pas aussi ornés, si tu regardes bien il y a de nombreux détails dans la sculpture des colonnes et les peintures.

    Lors de mes pèlerinages passés, j’adorais me ressourcer ici, perdre mon regard dans ses peintures murales, coupant mon esprit au reste du monde. Je laisse Adrian découvrir les lieux, observant ses yeux admiratifs par le travail effectué.

    - Ce sont des artistes de tout horizon qui ont peint et taillé la pierre pour remercier le temple de son hospitalité. lui murmuré-je.

    Je l’amène ensuite au mausolée, somptueux monument funéraire. Il n’y avait rien de glauque dans cette visite, juste le plaisir de redécouvrir ces lieux chaleureux à leur manière. Arrive ensuite la salle des dévotions et son unique arbre en son centre, imposant émerveillement et respect. Le temps s’écoule et s’égraine, mon estomac commence à réclamer sa pitance.

    - Allons retrouver Calixte. proposé-je à Adrian.

    Nous retraversons les couloirs, passons un certains nombres de portes, croisons quelques religieux dont certains n’ont vu le blondinet et d’autres nous indiquant la direction de ses flâneries. Nous finissons dehors, sous un étroit porche, où nous retrouvons Calixte en compagnie de deux femmes. L’une d’elle ne m’est pas inconnu tandis que la seconde, plus jeune, s’extasie sous le regard ambrée du drabuste. Ce dernier émet une inflexion des plus mignonne à laquelle Aldëa répond avec autant de délicatesse, ce qui a pour effet de déclencher un « oooooooh » général.

    M’approchant du duo assit sur le banc je ne manque pas de remarquer la ressemblance de la Soeur avec Psoli, la couleur des cheveux et des yeux en moins. Mes yeux ont de Calixte à Soeur Gwen-Aël puis de Soeur Gwen-Aël à Calixte. L’espion ne manque pas de remarquer mon petit manège et d’un hochement de tête subtile donne raison à mon interrogation. Malgré la distance qu’il essai de mettre entre nous, un lien compréhensif nous uni, le bougre a donc de la famille ici ! Les yeux bleus de la frangine me transperce.

    - Naëry c’est ça?
    - C’est ça. répondis-je, concis.
    - Soeur Gwen-Aël. se présente-t-elle autant à moi qu’à Adrian. Je me souviens de tes passages ici, réservé, discret, toujours a prêté main forte.

    Je reste stoïque, n’aimant pas particulièrement parler de ma vie passée devant mes camarades. Je vois à l’éclat dans son œil qu’elle se souvient d’une anecdote me concernant, mais sa bouche reste muette et elle nous invite, à la suivre dans la salle du réfectoire.

    Loupiac accorde son chant à la pluie battante, ravivant la mélancolie qui s’empare de mon esprit aux souvenirs de mon passé oublié, et engendrant la joie sur le visage méconnu d’Elanna ravie de découvrir les drabustes et mon chantelune.

    code ─ croquelune

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    Re: Le temps, c'est de l'amour
    Mar 7 Juil 2020 - 23:08 #
    Sur le trajet du retour vers le continent, Adrian avait été particulièrement distrait. Souvent, son regard se perdait dans l’horizon marine et il essayait alors de guetter une créature aux moustaches luisantes qui aurait pu montrer le bout de son museau. De nature calme, il était d’ordinaire capable de rester à contempler un paysage longuement, mais jamais n’avait-il était aussi fasciné. Heureusement, un miaulement rauque ou un piaillement timide finissait toujours par le sortir de sa rêverie et le jeune homme s’en retournait alors à ses deux nouveaux collègues. Mais dans le coin de sa tête, la créature marine bullait.

    Ce n’est que lorsque la troupe débarqua sur le plancher des Tsi’ly qu’Adrian commença à oublier son mirage bleu ver luisant. Les sentiers du littoral le rappelèrent un temps à ses rêveries, puis, lorsqu’ils s’en allèrent vers les plaines, l’image même du regard à la fois doux et perçant de l’animal lui sembla lointaine.
    Finalement, malgré la tempête qui faisait rage, le Temple se dressa devant les trois hommes, et le garde, émerveillé par l’imposante architecture, finit d’enfouir sa rencontre insolite dans un coin de sa tête.

    Le fonctionnement du Temple correspondait parfaitement à l’image que s’en était fait Adrian. Les quartiers étaient vétustes mais la pierre chargée d’histoire transpirait la dévotion. Les frères et les sœurs n’étaient que sourires et gentillesses, toujours un mot appréciable pour les étrangers de passages, et les trois hommes ne firent pas office d’exception. Très vite, le frère Tuck les accueillit chaleureusement et les installa le plus confortablement qu’il le put. Chacun choisit un couchage et en l’espace de quelques instants, la grande bâtisse qui avait le mérite de leur offrir un abri solide et infaillible face aux intempéries, eut soudain des allures de foyer chaleureux.

    D’abord un peu hébété par l’immensité des lieux, Adrian fut ravi de suivre Naëry dans une visite guidée. Le beau brun avait une grande connaissance des lieux et le garde fut touché par l’engouement avec lequel il transmettait son savoir. De son côté, le soldat avait toujours considéré le culte voué à Lucy comme un réconfort parfois nécessaire mais ne s’était jamais vraiment posé la question de l’existence même de la Déesse. Dans le village où il avait grandi, les offrandes à Lucy étaient une évidence, une partie du quotidien. Cela ne faisait pas de mal ; alors pourquoi s’en priver ?

    « Je lui laisse le bénéfice du doute »

    Finit-il donc de répondre à son interlocuteur. Il n’avait rien d’autre à ajouter et il sut alors que cette question allait le suivre dans ses prochaines nuits d’insomnies.

    Le reste du tour du propriétaire se rapprocha plus d’une visite touristique que d’un chemin spirituel et Adrian se surprit à en remercier silencieusement son guide. Le garde effectua quelques commentaires çà et là mais globalement, se contenta de recevoir mes informations et d’observer ce qu’on lui montrait. Tout près des deux hommes, Tsuki rappelait sa présence de manière périodique, tel un métronome qu’on aurait oublié. Peut-être exprimait-elle une forme de jalousie ? C’était une possibilité que son compagnon bipède avait déjà soulevée.

    En effet, la présence d’Aldëa avait nettement changé les habitudes du garde. D’ordinaire occupé à jongler avec les humeurs de son chat, il en avait cependant oublié toute l’attention que nécessitait un nouveau né. Un en cas par-ci, une toilette par là, et encore un en cas. Le petit dragon de feuille avait la digestion facile, c’était peu de le dire ; et donc, naturellement, quémandait à manger toute la journée durant. Aussi, l’attention du jeune homme avait dû se scinder et le vieux chat n’appréciait guère cette nouvelle hiérarchie.

    Tout en suivant Naëry, Adrian, qui avait fait passer Aldëa de ses mains au creux de son cou, se pencha pour ramasser son félin. Cette dernière, une fois lové dans ses bras, finit ses miaulements intempestifs pour le bonheur des oreilles de tous.

    C’est à ce moment que le garde réalisa que les deux visiteurs avaient rejoint un nouveau groupe qui lui était en partie familier : Calixte, assis sur un banc, était entouré par deux jeunes femmes dont les vêtements laissaient entendre leur dévotion à Lucy.

    « Tu es donc connu comme le loup blanc par ici Naëry ! »
    Lança alors le garde pour briser la glace.

    « Je m’appelle Adrian, vous ne devez pas me connaitre mais c’est un plaisir de vous rencontrer Sœur Gwen-Aël et sœur… ? »

    Se tournant vers la deuxième jeune femme, Adrian laissa sa phrase en suspend. Il n’avait jamais été doué pour l’art de la socialisation mais ces derniers jours avaient eu le mérite de le détendre un peu.
    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: Le temps, c'est de l'amour
    Sam 11 Juil 2020 - 23:15 #
    Ils avaient finalement eu le temps de disgresser de son récit initial. Passant des péripéties des 7-1-9 à celles de Calixte. Le flanc contre le dos de Gwen-Aël, bercé par la langueur fraternelle, il se prit à évoquer son nouveau régiment, ses dernières errances le long des routes d’Aryon, et une partie des tourments qu’il avait espéré laisser à la Capitale. Zahria. Ruth. Naëry. Comme il était agréable de trouver confidente plus douce qu’Apolline. Comme il était agréable, aussi, de renouer les liens filiaux. Plongés dans leur bulle alors que la jeune femme lui partageait ses dernières aventures et mésaventures de sœur au Temple, ils mirent quelques secondes à appréhender le point rouge se dirigeant vers eux. Gwen-Aël se détacha lentement de lui, et adressa un sourire à la nouvelle venue. Cette dernière se présenta rapidement, et à la posture de sa sœur Calixte devina qu’une amitié en dentelle devait lier les deux croyantes.

    - Voici mon frère – mon frère par le sang – Calixte.  
    - Enchanté, Elanna. Il s’agit d’un drarbuste, son nom est Ayren, présenta à son tour le coursier en levant le familier afin que la jeune femme pût mieux l’observer. Désolé, il est un peu timide.

    Deux silhouettes supplémentaires entrèrent dans son champ de vision, et il détourna son attention d’Elanna pour observer Adrian et Naëry les rejoindre. Ayren piailla de reconnaissance à leur arrivée et l’espion acquiesça à l’interrogation discrète qui se peignait sur les traits de l’aventurier.

    - C’est toujours un plaisir d’accueillir de nouvelles têtes sous le toit de Lucy. Même si l’on apprécie toujours la visite de celles connues. Mais nous serons bien plus à l’aise pour discuter à l’intérieur, et il va être l’heure de souper.

    Elle se leva d’un mouvement fluide, et Calixte l’imita dans toute la maladresse qui le caractérisait. Suivant les deux femmes qui résidaient au Temple, il choisit de rester à hauteur du pas de ses deux camarades de croisière.

    - Avez-vous fait la causette à frère Tuque jusque-là, ou avez-vous tout de même fait un tour du propriétaire ?
    - Il faudra que je te montre – ou que je vous montre, si vous n’êtes pas trop fatigués de votre périple – une pièce tout à l’heure, Cal, lui indiqua Gwen-Aël en lui jetant un coup d’œil par-dessus son épaule.

    Haussant les épaules, l’interpellé redirigea rapidement son attention sur Ayren qui piaillait en direction d’Aldëa. Cédant au désir de la créature, il déposa celle-ci sur l’épaule d’Adrian, à côté de l’autre drarbuste, et il les regarda se lover l’une contre l’autre.

    Bientôt le brouhaha des conversations et le raclement des couverts leur apprirent qu’ils atteignaient le réfectoire – ici la piété n’était pas synonyme de silence – et Elanna s’excusa pour vaquer à d’autres occupations avant d’éventuellement les rejoindre plus tard. La chaleur du lieu les accueillit dans une vague de parfums rustiques mais réconfortants, l’éclat d’intonations joyeuses et un camaïeu de modestie. Les grandes tablées accueillaient hommes et femmes de tout âge et de tous horizon, partageant la foi – et au vu de leurs vêtements simples, probablement aussi l’humilité – comme valeurs communes, autour de mets basiques mais consistants, et d’ustensiles à la fois anciens et grossiers. Gwen-Aël les amena vers le fond de la salle afin de récupérer plateaux et couverts, et de leur indiquer la cantinière auprès de laquelle récupérer leur pitance. Elle fut cependant elle-même alpaguée par un couple d’initiés et leur adressa un signe les incitant à s’installer sans elle.

    - Je te retrouve tout à l’heure, indiqua-t-elle à Calixte. Je pense que Naëry saura très bien vous guider au besoin pour le reste.

    Et alors qu’ils posaient leurs gamelles remplies entre deux groupes discutant joyeusement, elle s’en alla à la suite des deux initiés.

    - Apparemment le mauvais temps risque de durer encore quelques jours, informa le coursier ses camarades tout en proposant une cuillère semi remplie à Ayren qui approchait son assiette avec curiosité. Vous avez le temps de rester un peu sur place ou il faut qu’on reprenne la route rapidement ?

    Lui-même risquait de dépasser un peu ses congés posés, mais il savait qu’il allait facilement pouvoir se faire pardonner en récupérant sur son trajet tout coli ou toute missive à destination de la Garde.

    - Et Adrian, tu m’as toujours pas répondu : s’il avait fallu te faire du bouche à bouche après ta baignade-noyade à Labyrinthia, tu aurais préféré le beau gosse ténébreux ou le blondinet ?

    Par réflexe, Calixte renversa le verre vide le plus proche sur Apolline.

    - Heum. C’est mon verre en fait. Pas que ça me dérange de partager, mais j’suis un peu malade en ce moment, et j’suis pas sûr que vous ayez très envie de mes germes.
    - Ah. Pardon. Prenez le mien. J’boirai pas dans le vôtre, c’est juste pour…
    - Eh mais vous avez quelque chose là-dessous ? Un troisième drarbuste ? C’est pas un peu méchant de l’enfermer comme ça ?
    - C’est pas un drarbuste. N’ayez crainte.
    - On m’oppreeeeesse, et pas dans le bon sens du terme.
    - Ah ! Vous voyez ! Allez, retirez ce verre avant de vous avilir davantage.
    - … on va se faire jeter, grommela avec résignation l’espion en libérant l’âme artificielle qui en profita immédiatement pour jouer la comédie à ses dépens. Fais-toi plaisir si tu veux lui donner un coup de patte, indiqua-t-il à Tsuki qui observait avec intérêt la trousse sphérique qui roulait sur la table.

    Il retendit une cuillère de potage à Ayren qui semblait apprécier celui-ci, et leva le regard vers Naëry en essayant d’occulter les propos d’Apolline.

    - Des plans pour ce soir ? Je veux dire : y a des activités, ou des tâches à réaliser, usuellement prévues après le souper ?
    Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
    Naëry Wig
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    Re: Le temps, c'est de l'amour
    Jeu 3 Sep 2020 - 10:53 #
    Le temps, c’est de l’amour
    ─ avec Cal, Adrian & Elanna

    Je m’efface un peu laissant Gwen-Aël prendre les rennes du petit groupe. La salle du réfectoire est toujours aussi bruyante à l’heure du soupé. Non pas que les pèlerins parlent fort, mais les hauts plafond voûtés entraîne un effet de résonance doublé d’écho.
    Il m’est déjà arrivé de jeûner dans mon passé pour éviter ce moment qui pouvait m’irriter. Un côté associable qui ne s’est pas forcément améliorer avec le temps, mais ce soir je suis en bonne compagnie je fais donc bonne figure.
    Nous nous installons au milieu d’une tablée, la voix d’Apolline se fait entendre dans une question à visée malaisante pour le pauvre Calixte. Cette fois je ne ris pas à cette boutade. Le passé de ses troubles sentiments hantent assez nos rapport sans que la trousse est besoin d’y fourrer le bout de son cuir.

    - Mon pauvre homme, laissez donc cette trousse vous dépeindre ses aventures et vous pourrez être sûr de souhaiter ne jamais avoir sommer à mon ami de l’avoir libérer. grogné-je.

    Notre voisin s’offusque dans une mimique théâtrale et se tourne légèrement pour ne plus nous avoir en ligne de mire. Susceptible celui-là … Quant à Apolline elle arrête sa comédie, réalise-t-elle l’impacte de ses propos ?

    Calixte tente de désamorcer le confusion naissante dans une question des plus maladroite. Cette fois je ne peux m’empêcher de sourire sans relever le double sens prononcé.

    - Et bien … quel jour sommes nous? réfléchis-je pour moi-même.

    Observant les alentours j’aperçois les fanions décorant certains bancs.

    - Oh oui ! Je pense savoir ce que ta sœur veut nous montrer ! Nous irons à la salle des dévotions, c’est une soirée spéciale aujourd’hui.

    Je n’en dis guère plus pour laisser la surprise à mes camarades. Je finis le repas silencieusement, le brouhaha environnant m’enfermant dans ma bulle.
    M’éclipsant un instant, je laisse mes camarades discuter entre eux. Je rejoins frère Tuque chargé d’organiser l’office du soir. Étonnant pour cet homme à la langue bien pendue de mener un office où le silence est d’or. Ce soir nous rendrons hommage à Lucy de la plus belle façon qu’il soit à mes yeux.

    Je crois Gwen-Aël sur le chemin du retour, elle m’apostrophe.
    - Naëry?

    Je me stoppe, la regardant en signe d’approbation.
    - Toujours aussi causant. s’amuse-t-elle à relever.

    Son visage redevient sérieux.
    - Depuis quand connais-tu mon frère?
    - Mmh quelques saisons maintenant.
    - Les liens de fratries sont importants, essentielles même. Je ne permettrais pas qu’on fasse du mal à Calixte. C’est un homme sensible, tu n’es pas sans le savoir.

    Piqué je reste impassible bien que mon ton se veut plus sec que prévu.
    - Malheureusement je ne peux pas contrôler les émotions des autres. Je me plie assez à ses volontés pour ne pas le heurter plus encore.

    La vérité c’est que je ne sais plus comment me comporter. Ne pas être trop proche, ne pas le rejeter non plus. Je n’ai guère envie de lui dire qu’on ne se reverra plus, peut-être est-ce la meilleure solution pourtant. De toute façon le destin en décide autrement, preuve en est encore aujourd’hui avec cette croisière maudite.

    Le regard de Gwen-Aël est intense, elle me fixe longuement avant de conclure.
    - Promet moi de prendre soin de mon frère et de veiller sur lui.

    Je ne m’attendais absolument pas à ça, je reste silencieux, la jeune femme insiste.
    - Promet-le.
    - Il est bien entouré à la Capitale. Affirmai-je en pensant à Zahria.
    Gwen ne me lâche pas des yeux pour autant.
    - Je garderais un œil sur lui autant que possible.
    La commissure de ses lèvres se lèves de satisfaction et nous repartons chacun de notre côté.

    Je rejoins les deux lurons pour les inviter à me suivre une bonne dizaine de minutes plus tard. Nous allons jusque la salle de dévotion où une faible lumière se propage par l’entrée. Je laisse Adrian et Calixte passer devant, le spectacle est assez amusant à voir. Chacun d’eux avec son drabuste sur l’épaule, moi-même avec Loupiac qui siffle doucement quelques notes élégantes.
    Sous nos yeux un beau spectacle se joue. Des centaines de bougies illuminent la pièce, certaines flottent dans les airs grâce aux enchantements offert par un fervants il y a de cela quelques années. L’arbre aux rouges feuilles semble flamboyer sous les flammes dansantes.
    Les pèlerins encercle le tronc, se tenant la main. Je pousse mes camarades à faire de même, je me retrouve à tenir la main de Calixte qui se place entre nous, et sa sœur nous rejoint, prenant place sur mon autre flan. Nous attendons un moment ainsi, le temps que tous le beau monde se réunisse. Une cloche sonne, et un léger balancement de droite à gauche anime tous les corps.
    Puis un son, d’abord muet, à peine audible. Les croyants fredonnent un chant, qui s’amplifie un peu plus avec les minutes. Les vibrations de cette complainte finit par nous transcender, Loupiac prend part à l’événement en l’agrémentant de notes plus aiguë se mariant parfaitement à la mélodie. Même les drabuste participe de petits couinements de satisfaction.

    Les feuilles de l’acacia semble frémirent, l’arbre en lui même semble rayonner. Comme s’il s’abreuver de toute cette énergie que nous émettons. Des larmes coulent sur le visages de certains religieux, ce soir est particulier, ce soir Lucy est dans le cœur de chacun.

    Je ne sais combien de temps nous restons à la cérémonie, lorsque nous sortons, je sens que chacun d’entre nous est touché par ce qu’il vient de se passer. Personne ne dit mot. Mes camarades ne se rendent pas compte qu’ils viennent de partager un événement important de mon passé. Un pan de ma personnalité qui s’est construite ici.
    Une dernière pensée pour Lucy et je me dirige vers l’extérieur, observer la lune et ses étoiles. Libre à Adrian et Calixte de me suivre, l’air frais fera le plus grand bien après cette séance chargée en émotion.

    code ─ croquelune

    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: Le temps, c'est de l'amour
    Sam 19 Sep 2020 - 16:14 #
    Calixte n’était pas particulièrement croyant, mais il avait été élevé dans une famille traditionnelle et sa propre sœur était entrée dans les ordres. Alors s’il priait rarement Lucy, il était relativement certain qu’elle s’amusait à remplir sa vie de maladresses. Comme de curiosités. La cérémonie prit fin, et les fidèles – quelques pèlerins de passage, et la plus large communauté d’initiés, frères et sœurs – se dispersèrent dans un calme presque transcendant. Adrian, plus fatigué par la journée et accompagné d’une Tsuki qui semblait se lasser de tout ce monde, lui indiqua qu’il regagnait le dortoir spartiate qui les attendait pour la nuit. Adressant un signe de la main à son camarade garde, l’espion tourna son regard vers le flot des âmes s’échappant toujours de la salle de dévotion. Nulle trace de Naëry cependant. Peut-être avait-il retrouvé d’anciennes connaissances, ou en avait-il profité pour s’octroyer un moment de solitude. Accrochant finalement les prunelles claires de Gwen-Aël, il franchit les quelques mètres les séparant.

    - Tu devrais faire comme ton collègue de la Garde, Adrian, lui indiqua-t-elle en tendant les doigts pour caresser le sommet de la tête d’Ayren qui somnolait. Avec le mauvais temps qui s’annonce, vous aurez peu l’occasion de quitter nos murs, et à l’inverse nous aurons peu de scrupules à exploiter vos bras vaillants pour l’entretien du lieu.
    - Tant de vices dans un endroit empreint de tant de piété, taquina l’espion.
    - N’est-ce pas ? Fut un temps où notre commission rêvait effectivement que nous survivions d’amour et d’eau fraiche…
    - … puis les Alkhaia de Eliëir sont arrivés avec leurs comptes et leurs oréouilles…
    - … et cette innocence s’est envolée, finit Gwen-Aël alors qu’ils partageaient un rire amusé.

    L’écho de celui-ci rebondit avec légèreté contre les parois courbes de la salle avant de s’étioler à la suite des derniers croyants s’éclipsant par les couloirs. Un moment, ils restèrent à contempler l’acacia dont les feuilles semblaient encore frémir d’une énergie toute surnaturelle, profitant du silence béat s’enroulant contre leur âme. Puis l’azur rencontra l’ambre, et Calixte sentit l’instant se fissurer.

    - Ma journée de demain ne me permettra que de te croiser, commença Gwen-Aël. Mais j’aimerai qu’au lendemain matin on se retrouve au réfectoire. Il y a des innocences qu’il faut honorer, finit-elle avant de le pousser vers la sortie.

    Fronçant les sourcils mais docile et curieux, bien qu’un peu alarmé par la tournure de la phrase, le garde adressa un dernier signe de tête à sa sœur avant de s’éloigner pour retrouver le dortoir où Adrian dormait peut-être déjà à poings fermés.

    ~

    Une journée s’était transformée en deux, des contraintes inimaginables pour Calixte s’amusant à retenir sans cesse Gwen-Aël loin de son chemin de croix. Le temps toujours maussade avait teint d’une langueur pieuse inhabituelle les vies usuellement chargées du trio des 7-1-9. Plus habitué aux lieux, Naëry s’était fait sans mal à ce nouveau rythme. Adrian ne semblait pas forcément très à l’aise dans cette cohabitation étroite avec les dévots de Lucy, mais il était d’une main sincèrement secourable pour les divers travaux d’entretien du Temple, et se faisait petit à petit une place dans la communauté. Calixte, habitué à se fondre dans la masse, avait trouvé un équilibre précaire entre ces deux rôles et le désir d’occuper un maximum son esprit tout en croisant un minimum le chemin de l’aventurier. Néanmoins, il semblait que les tâches, qui auraient dû être infinies dans ce genre d’endroit aux milles et unes vies, manquaient parfois, le laissant libre à ses ruminations et déambulations. La curiosité était une béquille qui lui avait permis de combler nombre d’heures, mais après s’être essayé à la méditation, avoir participé à un atelier de broderie, et s’être initié à l’origami – et était-ce là que Naëry avait développé son talent en la matière ? – Calixte s’était senti légèrement désœuvré. Apparemment, même si Gwen-Aël l’avait prévenu qu’on risquait de l’exploiter, la réalité était bien plus douce pour les pèlerins de passage.

    Inexorablement, comme le papillon revient à la lumière, ses pas avaient retrouvé ceux de l’aventurier, et ils avaient débuté cette troisième journée diluvienne côte à côte. Alors qu’ils terminaient le gros de la plonge du matin sous les récits fantastiques d’Apolline, Naëry lui indiqua d’un mouvement de tête l’une des issues de la cuisine. Appuyée contre l’embrasure, Gwen-Aël les observait d’un air pensif. Lorsque leurs regards se croisèrent, elle lui indiqua de finir sa tâche et de la rejoindre. Sentant l’indolence des derniers temps le quitter pour laisser place à une appréhension grandissante, Calixte essuya rapidement le dernier lot s’assiettes passant entre ses mains et jeta un coup d’œil à Naëry avant de quitter la cuisine. Et peut-être fut-ce cette œillade inquiète qui alerta l’homme, car lorsqu’il rejoignit Gwen-Aël, Calixte se rendit compte qu’il était accompagné.

    - Venez, les invita simplement sa sœur, passant son regard clair des silhouettes d’Apolline et Ayren à celles de Naëry et Loupiac.

    Il voulut tâter le terrain, soutirer davantage d’informations concernant les intentions de la jeune femme. Mais sciemment ou non, celle-ci attira son attention sur d’autres points d’intérêt. Dirigeant la conversation d’un point à un autre sans lui laisser le temps de lui opposer ses interrogations, et esquivant habilement tout sujet qui aurait-pu les faire s’y engager. Etonnement – quoi que cela semblait durer depuis leur arrivée au Temple – Naëry semblait s’être muré dans un silence taciturne. Ils traversèrent ainsi un certain nombre de larges couloirs que le temps pluvieux avait rendus humides, empruntèrent un escalier menant vers les hauteurs, dépassèrent quelques salles annexes de recueillement, passèrent le chemin menant au mausolée, puis pénétrèrent dans une pièce tout à fait remarquable, un peu à l’écart.

    Elle n’était pas très large ; un adulte pouvait la traverser en une vingtaine de pas. Mais ses murs s’étendaient vers les cimes sans entraves, faisant deviner une coupole vitrée à quelques mètres au-dessus de leur tête. Trois piliers élancés suivaient la tendance des parois, avant de s’arcbouter à l’affleurement du toit en élégants arches de marbre. Entre ceux-ci, ainsi qu’entre ceux-ci et les murs clairs, des câbles colorés avaient été tendus dans un horizontal approximatif, donnant l’impression qu’une immense toile d’araignée avait été déployée dans l’enceinte de la salle. Le long de ces câbles, des fils d’une quinzaine de centimètre pendaient à intervalles aléatoires, noués de manière plus ou moins alambiquée. Ceux à porté de main semblaient tout à fait récents, tandis que l’état de plus en plus délabré de ceux s’élevant vers le toit faisait deviner une certaine ancienneté. A même le sol, une vielle femme aux prunelles opacifiées par le temps préparait quelques tressages.

    - Voici le cénotaphe des enfants, lui glissa dans un murmure Gwen-Aël. Chaque nœud représente la perte d’une jeune âme. Parents, proches ; toute personne ayant connu le deuil d’un enfant peut choisir l’un des tressages de sœur Achem et l’accrocher à l’un des câbles inférieurs. Chaque année, ces câbles sont remontés de quelques centimètres vers la coupole. Puisse Lucy porter une partie de la peine accrochée ici…

    Le regard glissant de fil en fil, prenant la mesure des souffrances clairement affichées entre les murs, Calixte ne s’aventura pas tout de suite dans la pièce. Il lui semblait soudainement s’exposer au vent glacial des hauts sommets des montagnes du nord. Celui qui coupait le souffle et agressait les yeux, leur arrachant quelques larmes. Il y avait là trop d’éléments. A voir. A sentir. A occulter. Ses prunelles ambrées s’arrêtèrent sur un joli tressage violine ; est-ce que les parents de Ruth étaient venus ici déverser leur chagrin ? Leur colère ? Lucy avait-elle pu apaiser leur esprit ? Pouvait-on vraiment se remettre de la perte de sa chair ? Pouvait-on vraiment pardonner à ceux qui n’avaient pas su la protéger ? Il sentit Ayren s’agiter sur son épaule et tapoter de son museau l’angle de sa mâchoire crispée, dans une tentative de réconfort. Lâchant le soupir qu’il avait retenu jusque-là, Calixte décrocha son regard des souvenirs noués pour le poser sur sœur Achem. Il n’aurait su dire quand ses jambes s’étaient enfin actionnées, et si elles avaient eu besoin de l’impulsion d’une main aidante, mais il s’accroupit bientôt auprès de la vieille femme. Il y avait là des « pardon », des « tu me manques », des « pourquoi ? » de toutes les couleurs, et de toutes les formes. Et pourtant ; rien ne semblait convenir pour exprimer l’ensemble de ses sentiments endeuillés.

    - Peut-être que cela conviendra mieux, l’informa d’une voix rêche sœur Achem en déviant ses doigts du tressage émeraude qu’il avisait. Il doit y avoir le carnet de modèles à côté du panier des blancs.

    La main de l’espion hésita un instant, puis il s’empara d’une longueur turquoise avant de se lever et de gagner un bout de câble un peu à l’écart. Simplement, il passa le fil autour de celui-ci et noua une première fois le lacet. Zahria. Une deuxième fois. Lichael. Une troisième fois. Vrenn. Ses doigts s’attardèrent sur le quatrième nœud, puis il lâcha la ficelle turquoise. Il y aurait sans doute eu beaucoup à dire, à prier, à interroger. Mais tout en proie à la reviviscence de l’émotion accompagnant cet échec cuisant des espions, Calixte ne pouvait que contempler avec tristesse et amertume ce petit fil lui rappelant l’éclat vif des yeux de Ruth. La tournure moqueuse de son sourire. Les mouvements brusques de ses membres empressés. Le volant de sa robe préférée. Quelle espionne aurait-elle donné, s’il n’y avait pas eu ce fil accroché là pour elle ? Quelle femme ?

    - J’ai pris celui-là pour celui de Soly, lui indiqua Apolline à voix basse.

    Arraché à ses ruminations, il fallut un moment à Calixte pour comprendre. Et pour apprécier le fait que l’âme artificielle ne s’était pas emportée dans l’intensité usuelle de la tonalité de sa voix. Se saisissant enfin de la jolie ficelle nacrée au tissage permettant de finir un nœud à double motif qu’elle lui tendait, il posa une dernière fois le regard sur le fil de Ruth. Peut-être que Lucy prendrait meilleur soin d’elle, maintenant qu’elle n’était plus qu’entre ses mains. Décidant de laisser un peu d’espace à ce premier hommage, il s’éloigna pour trouver un coin plus approprié pour accrocher celui de l’enfant de Solveig.
    Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
    Naëry Wig
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    Re: Le temps, c'est de l'amour
    Dim 20 Sep 2020 - 12:42 #
    Le temps, c’est de l’amour
    ─ avec Cal, Adrian & Elanna

    Les trombes d’eau ne semblent plus vouloir s’arrêter de tomber jusqu’à immerger cette partie de notre monde. L’abbaye est-elle assez haute pour ne pas être inondée ? J’imagine l’immense bâtiment flotter sur les eaux troubles de la rédemption jusqu’à ce que mes yeux le voient y couler en quelques secondes. Quelle légende naîtrait de la Sainte Cathédrale engloutie ?
    Un coup de tonnerre plus fort que les autres m’extirpe de mes songes, le froid me saisit alors. Je ne sais depuis combien de temps je me suis perdu dans ce tumulte impérieux, je me sens lasse, vide après cette cérémonie si intense émotionnellement.
    L’humidité s’agrippe à moi comme l’âme damnée d’une mère pour son défunt enfant. Je rentre enfin et me dirige vers les bains. A cette heure tardive – ou précoce selon le point de vue – je ne croise personne. J’entends quelques murmures provenant de la salle de prières devant laquelle je passe, un frisson parcourt mon échine.
    L’eau chaude que je verse sur ma peau me fait l’effet d’une caresse rassurante, enveloppant mon être d’une douce chaleur réconfortante. L’eau est parfumée de quelques fleurs de violettes, mon épiderme en prend les senteurs lorsque je finis ma toilette, je me sens comme purifié.

    Je retrouve la salle de lecture où je me plonge dans les pages témoignant de la bienveillance de Lucy. Je me rappelle la mission où Calixte et moi avions été absorbés dans le journal d’Hel. Et si je pars dans ce livre, rencontrerais-je Lucy ? Fermant quelques secondes les yeux je chuchote une courte prière en sa clairvoyance. Aussi dure soient-elles je reste persuadé que chaque épreuve que nous subissons ont un but, celui de nous faire évoluer. Le choix ne revient qu’à nous même d’en sortir grandit ou de s’enfoncer dans les méandres des ténèbres.

    Les quelques bruits de pas dans les couloirs me font savoir de la vie reprenant son cours au monastère. Les rayons du soleil ne sont toujours pas éveillés que déjà l’activité recommence pour les dévots de ce lieu. Les pèlerins ne le savent pas, mais ils peuvent encore jouir de quelques heures de sommeil avant que l’on ne requiert leur aide pou quelques tâches annexes.
    Je me lève et m’étire, ce n’est pas ma première nuit blanche et ce ne sera pas la dernière de ma vie, loin de là. Mon corps semble insensible à la fatigue ces derniers temps, jusqu’à ce que, sans m’y attendre, celle-ci me rattrape. Pour le moment je me dirige dans les cuisines, cela fait bien longtemps que je n’ai pas mis les mains à la pâte, littéralement. Saluant le Prêtre chef cuisine de la gastronomie du temple, j’attrape un tablier, la farine, l’eau, le sel et la levure. Et c’est partie pour pétrir des boules de pain afin d’agrémenter le petit-déjeuner des êtres de ce lieu.

    Les heures passent, je finis par retrouver la chambre vide de mes camarades pendant que tous sont au réfectoire pour se remplir la panse et prendre des forces pour la journée. Je ferme les yeux pour quelques heures à peine, sombrant dans un sommeil sans rêve ni conseil. Juste la profondeur d’un esprit trop épuisé pour communiquer avec mon subconscient. Lorsque je reviens à moi, il me faut quelques secondes pour me rappeler du lieu où je me trouve. Et après une succinct toilette je retourne en cuisine pour débarrasser les plateaux du matin et commencer à préparer dors et déjà le repas du déjeuner.

    Je suis surpris lorsqu’une heure plus tard l’espion me retrouve dans la pièce où la chaleur des feux s’attardent sur ma peau encore fraîche de ma nuitée. Calixte se met à la plonge, aucun mot ne s’échange, il n’y en a pas besoin. Sa présence me rassure quelque part, je sais qu’il est là, et qu’il va bien. Du moins de ce que témoignent ses gestes mécaniques, ces yeux perdus dans le vague le perdent loin de moi.
    Une insistance et je relève mon regard, Gwen-Aël nous observe. J’en fais signe à son frère qui finit sa tâche avant de rejoindre sa frangine, inquiet. Le regard qu’il me coule n’augure rien de bon. Gwen-Aël ne m’a-t-elle pas demandé de prendre soin de lui ? Je fais signe à un pèlerin errant dans les cuisines de prendre ma place, et je suis mon ami. La religieuse approuve cette décision et nous mène dans un dédale de couloirs que je reconnais au début, jusqu’à ce que nous passions une porte nous menant dans un étroit passage qui m’est inconnu. Nous arrivons alors dans un cénotaphe explique-t-elle. Je n’ai jamais mis les pieds ici, pourtant seule Lucy sait que j’ai exploré les lieux. Quels secrets cache-t-il encore ?

    La pesanteur de la pièce m’oppresse malgré sa hauteur démesurée. Les émotions laissées ici me touchent, et je ne suis pas le seul à l’être. Pourtant Calixte est le premier à se mouvoir, il trouve Achem pour un choix difficile d’un pas alourdi par les sentiments. Je peux presque les décrire. Un pas, la douleur. Un autre pas, la honte. Le suivant, la culpabilité. Un pas supplémentaire, la colère. Dernier pas, l’abattement. J’aimerais le prendre dans mes bras, lui dire que je suis là, Lucy en a décidé ainsi, reste dans la lumière Calixte, reste avec moi. Je n’en fais rien, Gwen-Aël m’observe et nous savons tous deux que nous devons le laisser faire hommage à ses morts. Un ruban. Le silence. Puis deux. Même Apolline se fait petite.

    Alors qu’il observe le tissu nacré, je finis par le ramener à notre réalité. Dans ma main, un tissus rouge sombre. Nous nous regardons, il sait. Je fais tout de même l’effort de prononcer son nom, elle le mérite.

    - Pour Krysta.

    Ma voix grave et basse résonne sur les murs. Elle ricoche, déchire presque nos cœurs avant de s’envoler sous la voûte de la salle. D’un parfait ensemble nous nous éloignons de son nœud précédent, allons au centre du cénotaphe. Nous nouons la tresse à deux dans deux belles boucles quasi parfaites. Et nous restons là à l’observer jusqu’à ce que ma voix mette un terme à nos souvenirs, nos souffrances, notre échec. Loupiac s’envole silencieusement, gardant son chant, autour des câbles et de toutes ses âmes honorées. Et lorsqu’il chante une douce complainte, ma voix résonne.

    - Puisse Lucy veiller sur elle.

    Encore quelques instants – des heures mêmes ? - et nous quittons cet endroit où je remercie Achem, cette petite bonne femme écrasée par le poids des émotions, libérant les âmes lourdes de peine par ses tressages colorés.
    La sœur de l’espion finit par retourner à ses occupations sa mission à nos côtés achevée. Elle nous a aidé à faire un pas de plus vers la paix, plus encore pour Calixte qui transportent ses morts depuis trop longtemps maintenant.
    Sans un mot nous restons ensemble tout l’après-midi, au jardin intérieur, à la salle de lecture, en cuisine pour l’aide au soupé.

    Cette fois je ne me fais pas prier pour une bonne nuit de sommeil et nous rejoignons Adrian pour le repas. Il nous raconte sa journée et les nombreuses activités auxquelles il a participé. Une femme à ses côtés vante ses mérites, il rosit tandis qu’Apolline reprend son rôle de trublion. Encore anesthésiés Cal et moi écoutons sagement ce beau petit monde.

    Nous ne le savons pas encore mais le temps s’apaise tout comme nos coeurs, et demain nous pourrons faire nos adieux à ce lieu et y laisser nos bagages bien trop chargés. Ce ne sera pas sans compter une dernière aventure matinale, car durant la nuit, un eredel apeuré s’est glissé dans l’abbaye. Et son chant au petit matin va blesser quelques pèlerins.

    code ─ croquelune

    Calixte Alkh'eirDamoiseau
    Calixte Alkh'eir
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    Re: Le temps, c'est de l'amour
    Dim 20 Sep 2020 - 15:16 #
    Calixte porta la tasse fumante à ses lèvres, et les notes fleuries du breuvage réveillèrent doucement ses papilles. Conformément aux estimations de sœur Catherine, la journée débutant tranquillement s’étirait sous de bons augures. Le ciel teinté de jolies nappes orangées, complètement dépourvu de nuages, annonçait un temps plus clément voire chaleureux. Accoudé à la rambarde de l’un des balcons du Temple, le coursier profitait de la belle matinée s’annonçant pour observer au loin les contours des villages embrasés par les rayons de l’aube, comme le scintillement du Lac dans le lointain. Gwen-Aël, dans un silence paisible, se tenait à ses côtés dans une posture similaire. Il y avait déjà un goût d’au revoir dans leur rencontre aux aurores, mais nulle trace de tristesse ou d’appréhension. La dernière journée avait été émouvante pour l’espion ; pleine de souvenirs. Elle avait découvert les plaies saignant son âme pour mieux les panser. Et si l’affaire s’était finalement trouvée cathartique, elle n’avait pas moins été éreintante. La nuit et le temps – la présence d’êtres aimants, aussi – avaient aplani le baume nouvellement passé, soulagé ses sentiments ravivés, et laissé place à une quiétude nouvelle dans son cœur. Il lui restait certainement encore du chemin à parcourir pour être totalement en paix avec ces blessures qui n’en finissaient pas de guérir, mais il lui semblait avoir encore fait là un large pas dans la bonne direction.

    Gwen-Aël récupéra la tasse à présent vide de ses mains, et lui adressa un sourire empli de bienveillance comme de résignation.

    - On se voit à la prochaine réunion familiale. Il faudra que tu me présentes tes amis de la logistique à cette occasion. Et Solveig, ajouta-t-elle pensive. Dis « au revoir » de ma part à Adrian, Naëry et Apolline. Ce fut un plaisir de les rencontrer.

    Acquiesçant, Calixte déposa un baiser sur sa couronne auburn et lui adressa un geste final de la main. Leurs chemins se séparèrent avec l’aisance de ceux qui savent qu’ils vont se revoir, et il redirigea ses pas vers le dortoir où il espérait retrouver ses camarades de voyage. Les emplois du temps très aléatoires de chacun rendait peu probable qu’il les y trouvât immédiatement, mais il pourrait au moins rassembler ses affaires et les préparer à un départ imminent. Avec un peu de chance, les deux pèlerins qui avaient rejoint leur dortoir étaient déjà levés, et il ne risquerait guère de les réveiller en s’agitant dans la petite pièce.

    C’était là son plan initial, jusqu’à ce que de l’agitation et des éclats de voix attirassent son attention et le fissent dévier de sa trajectoire. Rapidement, passant sous un porche menant à un nouveau couloir étroit, ses yeux trouvèrent la source de la commotion. Un bel oiseau s’était engouffré entre les murs du Temple et semblait en difficulté pour en retrouver la sortie. Ça n’était pas les issues qui manquaient, mais il avait réussi à s’enfoncer dans le dédale de passages et celui-ci offrait peu de hauteur comme peu de débouchés aisés d’accès pour la créature de grande envergure. Par ailleurs, la plainte pénible qui lui échappait avait ameuté quelques croyants sur place, apeurant davantage l’oiseau. L’eredel, songea le coursier en appréhendant les courbes de la bête comme son chant écorchant son âme si récemment pansée. Grimaçant, Calixte chercha des yeux une solution, et il sembla qu’elle devait venir à lui d’une manière inattendue. Bientôt, un chant qu’il connaissait bien accompagna celui de l’eredel paniqué, et ce dernier se tut dans une hésitation, avant de se poser sur une pierre en hauteur pour chercher la source de ce nouveau son. Plus doux, plus chaleureux. Loupiac s’envola lui, aussi à la recherche d’un podium, et poursuivit son apaisante mélodie.

    Avisant le mur de pierres et la hauteur des créatures, l’espion hésita. Son pouvoir pouvait lui permettre de se hisser rapidement à hauteur de l’eredel pour l’enfermer dans une bille et le relâcher plus loin, mais cela risquait de traumatiser davantage celui-ci qui ne se laissait que lentement réconforter par le chantelune. Cherchant des yeux le petit attroupement, il rencontra bientôt ceux mordorés de Naëry qui lui adressa un « non » de la tête. Par-dessus son épaule, il aperçut Adrian qui tenait ferment Tsuki contre lui et qui leur indiquait de le rejoindre. Apparemment celui-ci avait repérer un chemin confortable et relativement court pour que l’eredel rejoignit l’extérieur. Alors que l’aventurier s’occupait d’en informer son familier, les deux gardes se chargèrent de disperser les croyants curieux. Il fallut une bonne dizaine de minutes à Loupiac pour charmer son camarade plumé, mais ce furent dix minutes plus qu’acceptables pour le cadeau qu’il leur fit en retour. Tout d’abord sous la forme de la reprise des mélodies entonnées par le chantelune puis, lorsqu’il fut enfin en confiance et ravi de ce duo improvisé, du chant tout particulier et si propre aux eredel heureux. Les notes enjouées emplirent le petit couloir pour s’aventurer au gré des courants d’air, et la maison de Lucy fût graciée de la plus belle des manières. Si ses inflexions précédentes avaient donné l’impression de lacérer les âmes alentours, celles-ci apaisaient et égayaient avec la chaleur de la bienveillance. Il y avait presque là, dans ce flot d’amour audible, des airs de bénédiction.

    Il se passa quelques minutes, ou quelques heures, avant que l’eredel, satisfait de son concert et suffisamment rassuré pour reprendre sa route, ne s’approchât davantage de Loupiac et que celui-ci, sous les indications de Naëry, ne le guidât enfin vers l’extérieur. Malgré la délicatesse de l’affaire, le petit chantelune exécuta son rôle de guide à merveille, et son plus large compagnon se laissa paisiblement mener vers de plus vastes étendues. Le temps de quelques secondes, alors qu’ils observaient les au revoir mélodiques des deux oiseaux, Calixte se demanda s’ils se déferaient facilement l’un de l’autre. Mais apparemment oui.

    - A nous ? proposa-t-il à ses deux camarades alors qu’ils observaient la silhouette de l’eredel s’effacer dans le lointain.

    Et comme tout avait une fin, même les congés aux tournures improbables, ils partirent récupérer leurs affaires avant de se remettre en route. Peut-être pourraient-ils profiter d’une dernière halte au Lac, avant que leurs chemins ne se séparassent tout à fait ?
    Naëry WigLe Lynx conteur d'Origamis
    Naëry Wig
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    Re: Le temps, c'est de l'amour
    Mar 22 Sep 2020 - 13:33 #
    Le temps, c’est de l’amour
    ─ avec Cal, Adrian & Elanna

    Ma nuit fut étrangement calme, loin des soubresauts habituels qui animent mon corps endormi. Ce n’est pourtant pas un réveil en douceur qui m’attendait, un fervent de Lucy est venu nous trouver pour requérir notre aide, et ce en tambourinant à la porte de notre chambre avant d’entrer nous presser.
    Les cheveux en bataille et la tête enfariner je note l’absence de Calixte. Adrian a à peu près la même dégaine que moi lorsque je me lève en hâte pour suivre l’homme en essayant de comprendre son baragouinage trop rapide.
    Un eredel apeuré s’est aventuré dans les coursives du temple et ne retrouve pas la sortie.

    J’arrive sur les lieux où déjà un petit attroupement est là, je n’ai besoin de rien dire que Loupiac se charge de son compère. Je suis fier de mon familier qui arrive à apaiser la situation, l’espion nous observe et nous suit lors de la libération de l’oiseau, rejoint par Adrian. Le duo chantant ravie nos tympans plus que de raison avant que Calixte ne propose que nous fassions de même.

    Il est temps de lever le camps, nous en avons tous conscience. Revenir à la réalité de la Capitale et de nos métiers, des proches nous attendent et nous avons déjà bien tardé. J’acquiesce à la proposition de mon ami avant de retourner préparer mes affaires, suivi de mes deux compagnons d’infortune. Un sourire s’étire sur mes lèvre lorsque la douce pensée de Luz effleure mon esprit, son regard électrisant, son sourire mutin, ses gestes à la foi fermes et doux, sa voix apaisante … Oui, il est grand temps que je retrouve ma moitié.

    Sur le retour nous faisons une dernière halte au lac, une atmosphère lourde et silencieuse c’est installée entre nous. Je la brise par ma voix basse.
    - Et bien ça a été un plaisir de jouer à vos côtés, les 7-1-9 resteront gravé dans ma mémoire!

    Les sourires s’étirent, quand on y pense, c’était du grand n’importe quoi. Les snobinards paient vraiment pour tout et rien. Calixte attrape un bâton et donne le tempo en claquant l’eau de son « instrument ». Je me pose sur un rocher que je bats avec deux caillou dans chaque main en mémoire à mon djembé noyé. Adrian reprend les paroles peu recommandables que l’espion avait réussi à lui décroché le premier soir, je ris de cette prouesse.
    Loupiac nous accompagne, les drabustes se dandinent, et vraiment, ça vaut le détour ! Nous rions de plus belle avant de lâcher nos accessoires et d’un dernier salut, chacun reprend sa route.

    Je rattrape Calixte, me glisse à ses côtés avant de lui chuchoter :
    - Comme tu le sais tu es toujours le bienvenu chez moi. Alors … N’hésite pas.

    J’hésite entre partir maintenant ou le suivre encore un peu. Je finis par rajouter :
    - Et si tu t’ennuies au Grand Port, on peut toujours se trouver une petite quête.

    Un clin d’oeil et cette fois je laisse nos silhouettes s’éloigner l’une de l’autre.

    code ─ croquelune

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    Re: Le temps, c'est de l'amour
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