Ain grogna lorsqu'elle aperçu la foule sur la place commerçante. Elle était venue simplement pour rendre un service à une vieille connaissance et lui apporter un livre qu'elle avait en sa possession... et elle n'avait pas prévu pareille foule. D'ordinaire, la place commerçante était rarement déserte, mais elle ne s'attendait pas à ce qu'une petite fête se soit installée juste ce jour ci...

Mais la jeune femme n'avait qu'une parole : elle traça donc son chemin dans la foule, espérant en finir au plus vite. Elle ignorait les appels des commerçants cherchant à lui vendre de tout et n'importe quoi. Fixé sur son objectif : sortir d'ici, elle ne remarqua pas la petite tête encapuchonnée foncer sur elle, la colision fût inévitable et Ain recula avec ses vêtements trempés d'une étrange potion.

- Hé!

Mais c'était trop tard, la silhouette disparu dans la foule après avoir heurté une autre passante... Une jeune femme absolument sublime, tel que la jeune femme n'en avait jamais vu. Ain n'a jamais été attiré par un homme ou par une femme et elle ne s'intéressait pas aux histoires de coeur. Aussi, son comportement était vraiment inhabituel pour la jeune femme, elle s'en rendait compte mais ne pouvait pas y résister : elle attrapa la cible de son coup de foudre et lui tint fermement le poignet :

- Excusez-moi ! Je m'appelle Ain et je..

Et elle quoi ? Elle ne savait même pas pourquoi elle l'avait abordée ni même ce qu'elle pouvait dire. Elle ne voulait tout simplement pas la laisser partir, pas comme cela. Alors elle se reprit et ravala ses bafouillements en baissant les yeux sur la poitrine de l'inconnu, trempé de l'elixir d'amour.

- Vous êtes trempé! Ah! J'ai pas de serviette chez moi.. mais j'habite pas loin si vous voulez ? Heu! Pas forcément venir, mais je peux aller chercher des serviettes ! Après si vous voulez venir, oui bien sur !

Ain n'avait jamais été aussi désemparée que ce jour-ci... Heureusement que Vif n'était pas là pour se moquer de la maladresse de sa maman.

Ain avait complètement sorti de sa tête la mission qui l'avait ammené à emprunter la place du marché, elle n'avait d'yeux plus que pour la belle demoiselle. Lorsqu'elle lui répondit pas l'affirmative, Ain ne s'était pas attendu à cela et se redressa paniquée. Elle jeta un oeil à droite à gauche, la foule ne semblait pas faire attention à eux et continuait à avancer tranquillement.

- Ah!Heu!Oui! Je m'appelle Ain! Ah.. je l'ai déjà dit. Excusez.. excuse moi ! C'est que je ne m'attendais pas à ce que vous.. ce que tu acceptes aussi rapidement. Ah! Bien sur, ça me fait très plaisir ! Heu.. j'habite vers où déjà..

Ain cherchait un point de repère. Elle avait du mal à quitter Zahria des yeux, elle ne voulait pas la laisser partir et encore moins la perdre dans la foule. Elle resserra la main qui tenait son poignet puis se rendant compte qu'elle ne controllait pas sa force, Ain sursauta avant de la lacher :

- Ah! Excuse moi! Je ne t'ai pas fait mal!

Cependant, elle ne voulait pas rompre le contact avec la jeune femme, cela lui fit comme un pincement au coeur. Alors elle posa sa main sur son  épaule et la pressa contre elle. Zahria était plus petite d'une dizaine de centimètre, cela faisait ressortir son instinct de protection : Ain voulait la garder dans ses bras et ne pas la lacher, jamais. Elle ne voulait même pas qu'on la touche ou que l'on effleure.

- Commençons par sortir de la foule...

Les vêtements d'Ain étaient également trempés par la potion mais la jeune femme s'en moquait. Elle avait l'impression que son corps la brûlait, le moindre contact avec Zahria faisait s'emballer son coeur et lui réchauffait le corps. En entrainant la jeune femme avec elle, l'aventurière parvint à se glisser hors de la foule pour atteindre une petite ruelle perpendiculaire à la place marchande. Ain poussa un soupire de soulagement et desserra son entrainte sur les épaules de son âme soeur sans pour autant retirer sa main.

- Heu.. je n'habite pas très loin, par ici..

A regret, elle lacha l'épaule de Zahria pour venir lui prendre la main pour être sûre de ne pas la perdre.

-  Il n'y a aucun mal que tu puisses me faire, tes mains ne sont que caresses pour moi, Ain.

Le rouge monta aux joues de l'aventurière, étrangement gênée par ses paroles elle détourna le regard et se concentra sur sa mission : les sortir de la foule.

-   Tu es brûlante, et tes vêtements trempés... Il faut vite que nous rentrions, tu vas attraper froid !

Ain n'a jamais été une grande bavarde mais à ce moment, elle en avait même perdu ses mots. Cette femme qu'elle venait pourtant de rencontrer était terriblement attirante et attachante, elle s'en faisait pour l'aventurière alors qu'elle même était trempée. Lorsque Zahria se colla à elle pour lui frictionner le dos, Ain s'empourpra : elles étaient si proches, l'aventurière pouvait sentir le doux parfum de la jeune femme, mélangée avec l'odeur enivrante de la potion. Lorsque la jeune femme posa la main sur le front d'Ain et descendit doucement jusqu'à la commissure de ses lèvres, le temps semblait s'être arrêté. L'aventurière n'osait même plus pousser un souffle et retenait sa respiration, le contact avec la peau de son âme soeur la fit frissonner et d'étrange idée vinrent se bousculer dans son esprit. Perturbée, elle secoua la tête et recula d'un pas avant de prendre la main de Zahria.

-  O-o-oui tu as raison! Allons-y c'est par là..

Les doigts entremêlés à ceux de Zahria, Ain l'entraina dans les rues de la capitale. Coupant par quelques ruelles pour arriver plus vite chez elle, elle ne s'était même pas rendue compte qu'elle avait acceléré le pas à mesure qu'elles s'approchaient.

Ain s'arrêta alors devant un petit batiment en bordure de la ville. C'était une petite maisonnette de deux étages dont les fenêtres étaent joliement décorées de jardinières. Toutes sauf une : la fenêtre gauche du deuxième étage, celle où logeait Ain. Etant tout le temps en mission, elle ne pouvait pas entretenir des fleurs et n'y avait, de toute façon, même pas songé. Elle sorti les clés de sa poche pour ouvrir la porte principale et l'entraina dans les escaliers en s'excusant :

-  Heu.. excuse moi, ce n'est pas très grand et pas bien rangé.. mais personne ne vient d'habitude..

A vrai dire, c'était la toute première personne qu'Ain invitait chez elle.

Elle ouvrit la porte de son petit studio et laissa entrer Zahria. La pièce à vivre était plutôt grande mais n'était que faiblement meublée : un lit et une commode sur la droite de l'entrée, un bureau avec quelques feuilles blanches en face et à gauche il n'y avait qu'un petit plan de travail avec une plaque de feu, une casserole et trois éléments de vaiselle, aucune épice, aucun stock de nourriture, aucune décoration ou élément personnel... En ne jetant qu'un coup d'oeil dans la pièce à vivre, on pouvait se demander si quelqu'un vivait vraiment ici. Un peu plus loin, une porte menée dans la salle d'eau avec douche et toilettes. Rien d'extraordinaire.

Lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir, Miel, le solnar d'Ain leva la tête et bailla, il devait certainement sortir de sa sieste. Il fut intrigué par la nouvelle venue, sa maîtresse ne ramenait personne habituellement et se leva pour venir la renifler.

-  Heu.. assieds-toi et met toi à l'aise ! Je vais prendre des serviettes

Puis Ain disparu trente seconde dans la salle de bain pour revenir avec une grande serviette qu'elle tendit à Zahria.

- Tiens.. je peux te donner des vêtements de rechange aussi.. heu, je regarde pas !

Et Ain se retourna, même si l'envie de découvrir le corps de Zahria la faisait brûler sur place, elle ne voulait pas passer pour.. pour quoi d'ailleurs ? Elle ne la connaissait pas et l'avait invité chez elle. C'était déjà assez suspect comme comportement. Puis en entendant Zahria derrière elle, ses pensées dérivèrent jusqu'à la jeune femme. Elle n'avait pas pu l'admirer, mais elle avait senti sa jolie poitrine contre la sienne, elle avait la peau douce et une taille toute fine. Ain commençait à l'imaginer dans toute sorte de positions et son coeur s'emballa.

Miel, qui partageait les émotions de sa maîtresse, ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Elle avait déjà connu cela avec Nivix mais rien d'aussi intense. Etait-ce du désir ?

- Je n'en peux plus... j'ai besoin de toi.

Ain sursauta et paniqua mais elle n'eu pas le temps de faire quoi que se soit avant que les lèvres de la belle se fondent sur les siennes. Elles étaient brûlantes et avaient un gout légèrement... sucrée ? Épicée ? La jeune femme n'aurait pas sû quoi dire mais une chose était sure, elle adorait ce gout et cette sensation, au point de pouvoir en devenir accro. N'écoutant que son instinct, Ain passa une de ses mains dans les cheveux de Zahria pour prolonger le baiser et promena sa seconde main sur ses hanches pour venir la coller contre elle...

L'aventurière aurait voulu rester dans cette position pour l'éternité mais elle dû se séparer, à contre-coeur, des lèvres de l'objet de son désirs pour reprendre sa respiration. Cependant, elle respira un petit coup et n'attendit même pas que Zahria reprenne la sienne pour fondre sur ses lèvres une seconde fois. Elle ne pouvait plus se passer de ce goût et ressentait un intense désirs envers la jeune femme...

Elle qui n'avait jusqu'à présent connu aucune attraction pour un homme ou une femme, c'était une sensation nouvelle pour l'aventurière qui ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait. Pourtant, elle cessa de réfléchir et laissa son corps agir, laissant parcourir librement ses mains sur cette nouvelle rencontre.

Partageant les sentiments de sa maîtresse, Miel comprenait tout à fait ce qu'il allait se passer et s'éclipsa discrètement dans le couloir en prenant soin de tirer la porte par la poigné avec sa gueule pour laisser les deux femmes en toute intimité.

- Tu... Heu... tu veux qu'on aille sous la douche ?

Doucement, Ain reculait pour s'approche de la salle de bain, en gardant Zahria plaqué contre elle...

Rapidement, leurs vêtements disparurent et Ain entraîna sa belle sous la douche sans se décoler une seconde d'elle. Elle avait besoin de la sentir contre elle, de l'embrasser, de la cajoler... C'est en tatonnant d'une main qu'elle activa le cristal d'eau. Au début elle était froide, mais brulant de l'intérieur, cela ne refroidissait en rien l'aventurière. Bien au contraire : la vue de Zahria, de l'eau coulant sur son corps, ses cheveux mouillés lui tombant devant les yeux... cela fit encore plus accélerer son corps...

Seulement, cela ne dura pas longtemps. L'eau nettoya le reste d'elixir qui les avait arrosé quelques temps plus haut et son effet s'estompa progressivement. Zahria revint à la raison et se sépara d'Ain, cette dernière cru d'abord être rejeté et une frustration se forma dans son esprit... mais quelques secondes plus tard, elle n'y était déjà plus. L'aventurière reprit également ses esprit lorsque la femme en face d'elle lui tendit la main en se présentant :

- Zahria, enchantée

Elles étaient toutes deux nues sous la douche. En fouillant dans sa mémoire, Ain pouvait reconstituer la scène et le déroulé précédent... Mais cela fit ni chaud ni froid à l'aventurière. Son regard était maintenant dénué d'envie ou d'émotion et elle avait retrouvé son impassibilité habituelle. Elle ne prit pas la main tendue de Zahria mais leva le bras pour désactiver le cristal. L'eau cessa de couler et Ain chercha une serviette rangée. Elle la tendit à la jeune femme :

- Ain. Tenez pour vous sécher.

Ain quant à elle activa son pouvoir pour faire s'évaporer l'eau de son corps. En un tour de main elle était déjà sèche et commençait à se rhabiller avec des affaires neuves, se jurant de brûler ceux qui avaient été contaminés par l'elixir.

- Ecoutez, je pense que nous étions toutes deux sous l'effet de l'elixir et je suis désolée des choses que j'ai pu dire ou faire, je n'en pensais rien. Je peux vous donner des affaires neuves pour éviter que vous remetiez ces vêtements mais après je vous demanderais de sortir de chez moi.

En réalité, Ain n'avait jamais invité personne chez elle... parce qu'elle n'aimait personne. Et encore moins chez elle. La réponse de l'aventurière pourrait paraître froide voir méchante, mais c'était seulement sa nature. Maintenant que l'élixir ne faisait plus d'effet, elle ne ressentait aucune attirance ni désirs pour cette Zahria dont elle ne connaissait rien. Elle n'aimait pas non plus avoir invité une inconnue chez elle. Cette situation la déplaisait au plus haut point.

Elle chercha des affaires qu'elle tendit à Zahria : une chemise et un pantalon, assez grand et large pour la jeune femme mais cela ferait l'affaire.

- Inutile de me les ramener.