[PV @Arthorias Hekmatyar]
Luz pesta en rangeant ses multiples dossiers dans son porte-document. Elle en avait maintes fois vérifié le contenu et le pli incessant que le rebord de sa sacoche imposait sur l’une des missives l’agaçait au plus haut point. Le sujet était important : ni plus ni moins que le projet qu’elle préparait depuis plusieurs mois désormais. Un établissement hospitalier capable de faire rougir d’envie l’histoire, ouvert à chacun, dont les prouesses magiques et techniques appâteraient les maladies rares et les professionnels de la santé aux quatre coins du monde. Oh, quelques cliniques existaient déjà ici et là, mais elles manquaient terriblement de fédération et de finances. Nul ne semblait s’intéresser à la médecine, pourtant essentielle à la santé de ces riches gens de la sphère politique. Luz ne s’en plaignait toutefois que du bout des lèvres… Le désintérêt manifeste de ses confrères en la matière était un terrain de jeu pour elle. Elle n’avait tout bonnement aucun concurrent, et c’était un véritablement engouement que de pouvoir se poser en fondateur dans ce secteur.
Un projet de cette envergure nécessitait néanmoins un nombre infinis de paramétrages… Il fallait s’assurer que cette multitude de détails qui s’imbriqueraient pour former un tout harmonieux et fonctionnel acceptait de se laisser manipuler avec docilité. Luz en avait des cheveux blancs… Entre les commandes qui arrivaient en retard une fois sur deux, les personnes qu’il fallait convaincre pour avancer et les modalités pratiques à réfléchir en amont, elle n’était pas certaine de s’en sortir à merveille. Enfin… Le stress et la remise en cause perpétuelle de soi-même n’étaient pas négatifs dans cette situation. Pour l’heure, Luz avait jeté les premiers jets des plans de l’hôpital sur un papier, accompagnée de son architecte, afin d’en présenter le brouillon à la couronne.
Très vite, il lui était apparu pertinent de demander audience à la Reine pour requérir une aide financière de la royauté. Cet hôpital serait construit en pleine Capitale et œuvrerait pour le bien-être de ses sujets : il y avait là toute une étendue de partenariats à bâtir. Plus de financements signifiait plus de performance, et Luz se pensait en possession d’arguments suffisamment nombreux pour convaincre la Garde et la Couronne qu’une coopération serait des plus fructueuses.
Ainsi, avant de contacter officiellement la Reine, son choix s’était porté avec l’attrait de l’évidence sur le Capitaine de la Garde royale. L’élaboration d’un établissement de cette ampleur devait s’appuyer sur une autorisation de construire décernée par un représentant de la couronne. Sa demande n’en serait que mieux acceptée si le Capitaine de la Garde royale acceptait de se porter garant pour elle et de soutenir son projet. Luz ne niait pas non plus qu’elle avait en tête quelques idées de partenariat juteuses avec la Garde dont les bastions étaient construits à proximité du terrain choisi pour l’hôpital…
Elle avait ainsi envoyé une missive au Capitaine Hekmatyar, à présent plutôt familière de sa présence. Car au-delà de l’aspect commercial de cet entretien, Luz se réjouissait à l’idée de croiser un ami et un compagnon d’aventure. Eux qui n’avaient jamais pris le temps de discuter autour d’une bonne tasse chaude, outre en pleine chasse aux contrebandiers, avaient vraisemblablement beaucoup en commun. Arthorias s’était du moins toujours montré d’une cordialité parfaitement chaleureuse, volontaire et prêt à rendre service même lorsqu’elle n’avait rien d’autre à lui donner que sa plus entière reconnaissance… Elle espérait qu’il verrait d’un bon œil son projet, car son approbation était chère à la praticienne. Il était toujours gratifiant qu’un homme de sa valeur valide une décision prise.
Luz, qui avait traversé l’entièreté de la caserne, rajusta donc la lanière de sa sacoche sur son épaule et toqua à la porte du bureau du Capitaine de la Garde royale. Leur rendez-vous n’était que dans une dizaine de minutes, aussi espérait-elle ne pas le surprendre dans une affaire encore en cours… Enthousiaste qu’elle était, elle n’avait pas résisté à ces dix minutes d’avance.
Autour d’elle, les couloirs bruissaient d’activité. Plusieurs gardes se relayaient pour la pause du midi et des domestiques courraient en tous sens pour assurer l’apport de victuailles à ces affamés.
-Encore une fois !
-Tu es sur que c'est prudent Arthorias ? Tu es déjà livide
-Cela doit marcher !
Cela faisait plusieurs heures que Ciaran tentait de résonner son capitaine, l'homme étant bien plus entêté que certains nobles, surtout quand il s'agissait de lui même et de se dépasser.
Une armure ouvragée sur un support occupait le centre de la pièce, aussi inerte qu'un cadavre. Le heaume texturé semblant presque se moquer de celui qui tentait de lui donner vie.
Le tatouage qu'Arthorias arborait en partie sur sa nuque brillait de mille feux, projetant une lumière d'or dans la pièce alors qu'il tachait de concentrer chaque once de son mana dans ce qu'il voulait faire.
Et alors qu'un essai infructueux s'annonçait, Arthorias poussa ses forces au maximum, et si la brûlure à son tatouage se faisait maintenant féroce, il sentit comme un cap se passer de lui même avant de s'évanouir.
Il ne refit surface que quelques heures plus tard, dans son lit, Ciaran tachant d'éponger son front.
-Et bien bravo ! C'est ce qu'on peut appeler une réussite
Dit elle en s'empourprant de colère, déjà prête à gifler l'officier.
Mais elle fut interrompue par un soldat qui entra sans frapper, visiblement préssé
-Mon Capitaine, votre rendez vous
-Mon quoi ? Combien de temps cela fait que...
-Une demi journée Arthorias
Et comme pour confirmer le tout, la porte résonna de quelques brefs coups ainsi qu'une question murmurée au travers du bois.
-Je m'en occupe c'est bon, retournez à vos activités.
-Et pour... non rien en fait
Ciaran sembla préoccupée par quelque chose, mais finit par renoncer, mettant une grande claque dans le dos de son capitaine avant de sortir par une autre porte.
Arthorias, lui, passa dans son bureau, déplaçant l'armure inerte dans un coin de la pièce avant de s'asseoir à son bureau, l'air toujours livide, mais au moins conscient.
-Oui entrez mademoiselle Weiss
Sa mémoire se perdit un petit moment dans les nombreuses demandes de rendez vous, et les rapports.
Il appréciait particulièrement la demoiselle, et se faisait une joie de la recevoir une fois de plus, même si à sa grande honte... il avait oublié pourquoi...
Luz poussa délicatement la porte, un immense sourire aux lèvres, lorsqu’elle aperçut le visage du Capitaine Hekmatyar à l’autre bout de la pièce. Son sourire se figea, puis s’effaça, aussitôt remplacé par un haussement de sourcil circonspect. Elle referma la porte derrière et s’avança vers le bureau du concerné, une moue à présent tout à fait dubitative et interrogative sur ses traits.
Elle s’inclina avec grâce à la manière de la cour, une pointe de chaleur plus personnelle dans son intonation.
Luz se mordit la lèvre inférieure. Oups, déformation professionnelle. Encore ses instincts maternels qui faisaient des siennes, trop habituée à gérer des patients toute la journée : garder ses réflexions médicales pour elle nécessitait une concentration de tous les instants. Autant dire que cela arrivait peu souvent.
Elle s’installa sur la chaise qu’il lui désigna et déposa son porte-documents à ses pieds. La Garde courrait en tous sens ces derniers temps. Quoique c’était encore un euphémisme, se corrigea-t-elle. D’aussi longtemps qu’elle connaissait Zahria qui lui avait permis de mettre un pied dans le monde militaire de la Garde, elle ne se rappelait pas les avoir vus se reposer. Arthorias lui-même était rarement disponible pour une simple tasse de thé et elle n’avait que trop conscience du grand honneur qu’il lui faisait chaque fois qu’il daignait trouver une once de temps libre dans son emploi du temps pour résoudre ses problèmes de Noble. Elle lui devait beaucoup.
Elle rit donc doucement en se laissant aller contre le dossier de sa chaise, une main doucement levée en signe de paix entre elle et lui :
A chaque entrevue avec la belle rousse, Arthorias sentait une curiosité grandissante naitre en lui. Luz était tout ce qu'il y avait de plus charmant et si bien des dames de la cours pouvaient se targuer d'une certaine beauté, il n'en était rien comparé à celle, toute naturelle du Croc de Foudre.
Il se dégageait d'elle une assurance et une vivacité d'esprit rare qui rendait chaque entrevue aussi intéressante que palpitante et la simple vision suffit à légèrement redresser le dos de l'officier pourtant éreinté.
-Le plaisir est partagé, même si j'aimerai pouvoir le faire bien plus souvent
Un certains regret perçait dans sa voix, car en ces temps de réformes, ou le destin semblait s'amuser à se joueur des gardes, Arthorias tentait tout de même de rester aussi alerte que son rôle l'exigeait. Et si le temps des parades couvert de gloire et d'or était passé depuis des lustres, au point que seul les lauriers d'or gravés sur son heaume le rappelait, le Maitre du Guet voulait encore croire que l'âge sombre n'était pas encore sur eux.
Son visage s'éclaira d'un sourire en voyant l'inquiétude du médecin poindre et tacha de produire un sourire convaincant bien que fatigué.
-Vos prérogatives ne sont nullement dépassées, et je doute qu'elles le soient un jour mademoiselle, et si je ne souhaite pas bénéficier de vos services un jour, sachez que je le ferais les yeux fermés si le malheur et la nécessité se faisait jour.
Inutile donc de vous en faire sur ce point.
Luz dégageait un sentiment de confiance assez déstabilisant, surtout pour le prétorien qui voyait chaque personne comme une menace potentielle. Ce fait ne cessait de le surprendre, mais il s'en accommodait fort bien.
Désignant l'armure au fond de la pièce, il haussa les épaules avec un peu de découragement.
-J'ai tenté, pour l'instant sans réel succès d'utiliser et d'étendre la maitrise de mon pouvoir, et je dois dire que l'expérience est éreintante, espérons que cela porte ses fruits avant que je ne m'effondre.
C'était un projet qu'il préparait depuis quelques temps, et l'éclat d'or de son tatouage perçait subtilement par dessus sa veste sombre, le restant de magie faisant s'illuminer doucement les gravures dans sa chair nue, l'éclat se mêlant à ceux de ses longs cheveux laissés libres pour l'occasion.
La déclaration le fit s'intéresser plus encore à la visite, et son buste s'avança au dessus de son bureau, ses mains venant servir d'appuis à son menton alors que son regard vairon se faisait plus pénétrant.
-Bien qu'il me chagrine au plus haut point de ne pas pouvoir vous recevoir plus souvent, et que je tacherai de me montrer plus courtois à l'avenir, j'avoue être interloqué.
Je pense deviner de quoi il s'agit et je ne puis que vous écouter avec attention mademoiselle. Un rapport avec notre ami Djéser ?
Dit il en plongeant brièvement dans ses pensées.
Les informations de ses petites espionnes étaient toutes consignées dans ses propres archives, et bien qu'elles n'aient nullement pour but d'espionner l'hôpital, les filles qui y servaient étaient une excellente source d'information.
-Pardonnez moi de ma curiosité, mais si à mon grand regret je ne vous connais pas assez, je ne peux qu'être impatient de savoir ce qui vous fait tant vibrer. Parlez moi de votre projet et en quoi la Garde Royale peut vous être utile
Luz suivit des yeux la direction indiquée, les lèvres légèrement entrouvertes sur une curiosité plus que visible. Une armure se tenait sur son piédestal dans le coin de la pièce, aussi inanimée qu’une statue de sel, une légère lueur solaire se reflétant sur le métal finement ouvragé. Assurément, elle était de belle facture, mais Luz se serait étonnée du contraire. Que pouvait bien faire cet objet d’apparat, s’il ne servait pas à recouvrir les épaules d’un confrère pour le protéger lors d’un combat ? Attentive et interrogative, Luz écouta attentivement les quelques maigres explications fournies par le Capitaine de la Garde Royale. Son pouvoir ? Elle plissa les yeux, tâchant de se remémorer tous les tenants et les aboutissants de cette capacité qu’elle avait déjà eu le bonheur de voir en action. Arthorias avait même alors accepté de la laisser décharger son électricité sur son métal pour lui garantir une paisible soirée. A présent, il souhaitait semble-t-il bâtir une armée d’immortels. L’idée la fit sourire. Venant de tout autre homme, ce rêve aurait paru fou voire teinté de dangerosité. Venant du Capitaine, cette possibilité était étrangement rassurante. La praticienne voulait très volontiers cent hommes comme lui sur le champ de bataille…
Elle baissa les prunelles sur le halo ambré que dégageait son tatouage, et ajouta :
Lorsqu’il évoqua son architecte, Imotapi Djéser, ses yeux pétillèrent. Elle rajusta sa position sur sa chaise et eut un léger rire d’hirondelle :
Elle marqua une pause et vint épouser la gestuelle du Capitaine de la Garde, déposant ses mains entrelacées contre son giron, ses prunelles ancrées dans le regard pénétrant d’Arthorias. Une étincelle de sagacité les traversa tandis qu’elle reprenait d’une voix claire :
Je ne connais en effet que deux moyens de contrecarrer un maigre apport financier. Si je garantis des soins peu coûteux, je dois accueillir quotidiennement un grand nombre de personnes et compenser ainsi les coûts par la fréquentation. Je peux néanmoins également garantir la qualité des soins attribués en préservant une marge de manœuvre dans mon budget. Et cela ne sera possible qu’à l’aide de financements extérieurs, de dons généreusement donnés par de riches contributeurs altruistes ou par… Des subventions royales. »
Ses lèvres s’étirèrent d’un sourire franc et une pointe d’amusement la gagna :
L'officier regarda l'armure, sentant toujours cette sensation de fatigue lui vider le corps, comme si quelqu'un continuait à tirer l'énergie vitale qu'il avait pourtant donné en bonne quantité au golem. Ce tatouage était un nouvel essai, une œuvre compliquée fait d'un entrelacement de circuit magique que lui même ne comprenait que peu.
L'artisan ayant passé un temps monstrueux sur la planche à dessin pour le réaliser et un temps encore plus grand pour le réaliser, ses détails avaient été récupérés par l'officier mais mis à part quelques rudiments, il n'avait pas encore compris exactement comment cela marchait, seulement comment le faire fonctionner. Du moins l'avait il cru.
Devant les réflexions bienveillantes du médecin, Arthorias sentit le rouge lui monter aux joues, bien peu habitués aux compliments. Surtout quand ces derniers visaient son travail. Cela dit, le blond retrouva rapidement son sérieux devant la demande de la noble, écoutant avec attention ledit projet.
L'hôpital donc... Clochette en avait parlé et les Djéser avait eu l'air captivé par le projet quant à l'officier... Difficile de dire qu'il ne l'était pas également.
Né non pas nanti, mais comme simple fils de garde, il aimait profondément ce que Luz tentait d'accomplir.
Se redressant pour s'enfoncer dans son fauteuil, il prit une pose contemplative, tachant de discerner le schéma derrière tout cela. S'il avait été simple garde, son oui aurait été acquis à la cause de la jeune femme aussi facilement qu'elle aurait attiré son regard.
Mais il était capitaine, et si les espions se targuaient de tout savoir, lui devait aller au delà et voir plus loin, soupeser le pour et le contre.
-Ce que j'en pense ?
Et bien c'est un projet ambitieux, qui détonne de bien des demandes habituelles. Et vous ne demandez pas l'argent de la couronne pour votre propre profit.
Un projet humaniste qui ferait bien d'inspirer les ministres de la cours, et je suis sur que la reine sera ravie de le financer. Mais avant de vous donner mon aval, il va me falloir faire quelques recherches
Il laissa planer un petit silence, son esprit tentant de percer à jour une quelconque défaillance ou complot. Même si le médecin avait toute sa confiance, il était de son devoir de voir le mal partout, même là ou il n'était pas.
Anticiper les trafics et les menaces, voir ce qui ne pouvait être vu...
-Je vais devoir en parler à Zahria...
Dit il en soupirant, bien incapable de savoir ce qui pouvait se tramer dans cette partie de la ville. Comme d'habitude, elle devait être au courant.
Savoir qu'il n'était pas autonome pour ce genre d'affaire avait le don de l'agacer et ses informateurs n'avaient pas encore toute sa confiance.
Il leva cela dit une main en signe de paix, ne voulant pas braquer la jeune femme, bien au contraire.
-Je pourrais m'engager personnellement pour vous, et l'idée me plait assez, vous vous êtes toujours montrée des plus secourable et fiable, peu importe les conditions.
Vous comprendrez néanmoins que je ne puisse sauter sur votre projet, même venant de vous, il va me falloir faires quelques recherches pour obtenir des garanties. Rien de trop grave, même si ça dépendra d'elle
Enfin s'il avait su tout ce que Luz avait fait pour les espions, l'officier aurait signé le projet sans même y regarder à deux fois.
Se levant finalement de sa chaise, il invita le médecin à le suivre dans un autre salon, plus calme à l'ambiance bien moins stricte ou plusieurs fauteuil en velours rouge n'attendaient que des occupants.
-Que diriez vous d'en discuter plus en avant autour d'un thé ? J'ai toujours le regret de ne pas vous voir plus souvent et quitte à travailler ensemble autant le faire dans un cadre plus détendu, je dois avouer que je serais aussi plus à l'aise la bas.
En effet le blond se sentait bien plus à l'aise dans son salon, ou la température et l'ambiance était plus à même d'amener à la discussion. Un parfum de bois ancien flottait dans cette nouvelle pièce et les lourds tapis rouge aux couleurs de la garde royale venait atténuer les sons de la pièce.
Une théière de bonne facture attendais d'ailleurs ses futurs utilisateurs.
-Pardonnez ce changement d'ambiance, mais c'est un sujet qui mérite que l'on s'attarde dessus. Et je ne me sens pas à l'expédier comme si c'était un vulgaire problème d'horaire ou de gardes.
Prenez un siège je vous en prie
Dit il en sortant plusieurs pots qui contenaient chacun une variété de thé différents, provenant des quatre coins du royaume. Leurs parfums commençant déjà à embaumer la pièce.
Ces quelques boites valaient sans doute très cher, mais Arthorias dépensait sans compter pour accommoder les invités de son salon.
-Un thé en particulier ?
Une fois choisis, il se rassit en plaçant la théière sur un support à cristaux chauffant, se reconcentrant sur la personne en face de lui.
-Votre projet est plutôt clair, et le terrain trouvé, s'il me faisait plutôt peur au début c'est révélé prometteur et plein d'alliés, je ne pense pas qu'il soit donc menacé à sa construction. Néanmoins... Je vais avoir besoin d'en savoir plus sur vos intentions. Pardonnez ma franchise Mademoiselle Weiss, mais qu'avez vous à y gagner ? L'altruisme est rare en ces sphères, et quiconque prétendrais construire ou développer un service pour le peuple sans rien n'en attendre paraitrait suspect.
Ainsi j'aimerai savoir ce qui vous motive, ce que vous espérez en retirer.
Même la belle Miss Weiss pouvait avoir ses côtés sombre...
Ce thé était rarissime au sein de la Capitale, car il nécessitait une maturation de sept ans dans les hautes montagnes du nord. Il n’était cependant pas étonnant d’en trouver dans le salon privé du Capitaine. Cet endroit était extrêmement bien entretenu et aménagé pour créer une sensation de chaleur, elle pouvait le sentir dans les fragrances fleuries et suaves qui rôdaient autour d’eux. Qui plus est, si les hauts pontes du gouvernement pouvaient se doter relativement aisément de ce trésor végétal, il n’y avait plus rien de surprenant à ce qu’un habitué du palais royal détienne l’un de ces échantillons. Par réflexe machinal, Luz enroula ses doigts autour de la tasse chaude qu’il déposa devant elle pour mieux la ramener contre elle et en savourer le contact et les délicieuses notes fruitées.
Elle soupira théâtralement. L’une de ses pensées s’étira vers Zahria que le Capitaine avait très justement citée. Loin d’elle l’envie de laisser filtrer des informations sur ses relations avec le Maître espion, aussi avait-elle prétendue connaître la personne à la manière d’une simple amie. Elle ignorait après tout ce qu’Arthorias savait de Zahria et si sa nature de colocataire était connue. Un terrain dangereux en somme sur lequel elle ne désirait pas s’aventurer et ce, malgré tout la confiance qu’elle pouvait porter en Arthorias… Les activités de Zahria ne relevaient malheureusement pas de son domaine et sans son accord, il était toujours difficile d’en parler en toute insouciance. A la question suivante qu’il posa, Luz croisa une jambe élancée sur l’autre, le regard soudain pensif.
La vie était-elle un long fleuve tranquille ? En un sens, oui. Suivre la voie tracée pour elle par son grand-père avait tous les attraits de la facilité. Indubitablement, il était parfaitement logique de continuer à avancer progressivement en bâtissant quelque chose de nouveau, à la façon d’un taureau sur une inéluctable ligne droite. Tel était le fardeau des familles Nobles, condamnée à réitérer les exploits précédents tout en tirant à chercher leur épingle du jeu. Cela dit, il était faux de prétendre qu’il s’agissait là de l’unique raison…
Enfin… Je dirais que ce projet satisfait mes ambitions. Allons, que serait une femme sans égo ? précisa-t-elle avec humour. Je serais sotte et malhonnête de prétendre que le poste de Directeur d’hôpital ne m’intéresse pas et que la construction d’un projet d’une telle envergure est tout bonnement électrisante. Créer une entité pérenne, m’épuiser à la tâche et ne pas dépérir dans mon coin me fait me sentir en vie. Je n’ai jamais été capable de rester en place, et lorsque je ne voyage pas ou ne réalise pas des expéditions, mon imagination travaille… »
Elle eut un léger mouvement de la tête, les prunelles pétillantes :
Elle déposa sa tasse sur le bois de la table et sa moue se fit interrogative :
Elle craignait principalement de le voir encore perdre plusieurs tons de couleurs, tant son épuisement était visible.
Arthorias resta un moment à écouter, peinant à vraiment comprendre ce dont elle parlait. Ou du moins le comprenait-il, mais refusait d'y croire au vu de tout ce qu'il avait vu. Les nobles de la cours semblaient sans cesse dissimuler des choses qu'elles soient légales ou non. Et voilà qu'on lui disait presque de façon effrontée que le seul objectif était de perpétuer une tradition familiale.
Si cela avait été n'importe qui d'autre, l'officier lui aurait rit au nez avant de le renvoyer à ses projets. Mais c'était Luz Weiss, et il voulait bien miser son titre de Capitaine qu'elle était des plus sérieuse.
-C'est très... "noble" de votre part. Je n'imaginais pas le dire un jour, mais vous êtes bien digne de votre rang, par l'esprit autant que par les ambitions. Je pensais que ce que je connaissais de vous n'étais que votre partie la plus publique, mais il me semble m'être trompé, vous êtes au plus profond de vous quelqu'un de très humain.
Pardonnez moi, mais cela me laisse perplexe, j'imaginais bien des choses... mais pas celle la.
Elle pouvait toujours mentir... Mais connaissant la jeune femme... C'était moins que probable. Même ses yeux semblaient brûler de vigueur quand elle lui parlait et Arthorias voulait croire que malgré ce que lui avait montrés les autres, on pouvait être honnête sans chercher plus que le nécessaire.
-C'est assez effrayant en un sens. Mais j'apprécie votre façon de voir les choses, et elle est compréhensible si vous vous démenez autant pour mettre en place cet hôpital, je ne peux qu'abonder en votre sens, surtout si vous voulez en prendre les commandes.
Son propre avis était déjà fait, et le retour de Zahria ne ferait qu'entériner la décision qu'il avait déjà prise.
Commençant à boire son thé, il en savoura l'arôme délicat avant de pencher la tête sur le côté à la mention d'une question.
-Bien sur, mais comme nous en avons finit avec mes propres questions d'ordre professionnel, vous pouvez m'appeler par mon prénom, je pense que nous avons assez vécu pour nous passer de formalités lorsque ce n'est pas nécessaire.
Dit il en souriant avant de toucher son tatouage qui d'après les dires de la jeune femme continuaient à briller. Ce dernier était chaud et semblait encore tenter de tisser son sort, ce qui expliquait en partie la raison de sa fatigue.
Un épais raie de lumière c'était posé dessus et semblait alimenter l'artifice. Défaisant un bouton de l'avant de sa tenue, l'officier exposa le tatouage à la lumière, ce dernier courant jusque sur son épaule en d'élégant motif d'or qui se mirent à luire sitôt en contact avec la lumière.
-C'est effectivement le cas... Je pensais avoir échoué le rituel de lien... mais il semble continuer...
Et comme sous l'influence, du soleil, il y se mit à briller plus intensément, et Arthorias passa de pâle habituel au livide alors qu'une partie de son énergie magique était transférée dans la pièce d'à côté dont la porte était encore ouverte.
Un bruit métallique se fit entendre dans cette dernière alors que l'armure sur son piédestal s'anima faisant quelques pas, son heaume brillant alors que deux orbes d'or se faisaient jour, ces derniers fixant l'officier avec intensité.
-Oh...
Peinant à se lever, Arthorias en oublia presque Luz, s'approchant en titubant du golem animé par sa magie.
Une main passa le long de la cuirasse avec l'émerveillement d'un enfant.
-Je ne pensais pas que ça fonctionnerai vraiment... Animer une armure...
L'être crée ne bougea pas, attendant vraisemblablement un ordre sans un bruit, ne bougeant pas d'un pouce malgré la présence à proximité.
Son premier membre du cercle de fer...
L'hôpital fut égoïstement relégué au second plan, tout comme le thé avant qu'Arthorias ne se rende compte de son impolitesse.
-Oh ! Veuillez me pardonner, j'en avais oublié notre sujet madame...
Si Luz avait été de nature un tantinet plus timide, sans doute aurait-elle rougi. Le Capitaine lui proposait uniquement de l’appeler par son prénom et pour bien des spectateurs extérieurs, une telle réaction rougissante aurait pu paraître disproportionnée. Mais pas pour Luz dont les prunelles pétillèrent d’un attrait non masqué, une sorte de reconnaissance mêlée d’une pointe suave de loyauté. Ah, voilà donc qui était plus fort qu’elle… Dès qu’une personne qu’elle appréciait démesurément lui tendait en retour la main, elle n’était plus capable de différencier le privé des relations cordiales et se trouvait prête à donner son âme pour protéger les personnes qu’elle considérait comme partie intégrante de sa meute. Arthorias venait tout bonnement d’y faire un grand pas et c’est en acquiesçant en retour à sa proposition qu’elle songea que quiconque poserait ses mains avec malveillance sur cet homme se retrouverait dans une situation foutrement difficile : autant dire avec l’entièreté des espions et du secteur médical sur le dos. Son regard se transforma en émerveillement lorsque ses prunelles glissèrent de son visage à la courbe de sa mâchoire puis à l’éclat doré qui luisait sur sa peau, dévoilée par sa chemise déboutonnée. Elle ne put retenir un sifflement admiratif, la tête sensiblement penchée de côté, avant de préciser le fond de sa pensée :
Le tatouage disparaissait d’ailleurs sur les contours de son épaule, traçant dans sa chair un canal pour sa propre magie. Heh, les bons arcanistes ne se trouvaient pas à tous les coins de rues de nos jours ! Elle rit cependant de sa propre remarque, songeant qu’Arthorias était après tout le Capitaine de la Garde royale. S’il ne pouvait pas s’assurer d’hériter des meilleurs artisans d’Aryon, alors personne ne le pouvait. Il en relevait après tout de la sécurité de la famille royale. Elle le suivit immédiatement tandis qu’il se levait, ne quittant pas un instant de son regard inquiet les quelques pas qu’il fit pour rejoindre la pièce adjacente. Elle ne manqua pas cependant de détourner les yeux lorsque la surprise le saisit et de remarquer à son tour la précédente armure cette fois-ci bien droite au centre de la pièce.
Ses lèvres s’entrouvrirent sur une stupeur muette, ses prunelles rondes comme des perles ne perdant pas une miette du spectacle qui se déroulait sous ses yeux. Presque parfait reflet d’Arthorias, Luz ne put retenir les pas qui la conduisirent à son tour à proximité de l’armure. Elle se contraignit toutefois avec violence à ne pas lever la main pour toucher la surface métallique du totem et s’assurer de sa tangibilité. Le souffle aussi suspendu que celui du Capitaine, ils se regardèrent alors tous deux avec une étrange fièvre créatrice et passionnée : lui parce qu’il venait tout bonnement de donner la vie à un objet inanimé, elle parce qu’elle assistait par son biais à la création de ce lien splendide. Oui, ils avaient soudain tout l’air de deux savants fous échevelés à l’arrière d’un laboratoire !
Une idée folle parut traverser les prunelles affamées de la praticienne tandis qu’un fin semi sourire renard étirait progressivement ses lèvres. Elle se rapprocha de lui, tout à fait satisfaite de l’avoir rejoint à la caserne et non au palais royal, là où sa magie était libre de fonctionner.
Son sourire se fit plus mutin, et elle tendit sa main ouverte au Capitaine comme une invitation à danser :
A titre de démonstration, elle enroula avec douceur ses doigts aux siens et ferma brièvement les yeux pour puiser dans la magie de Vol Vie. Sa paume jointe s’embrasa d’un halo ambré chaleureux et Arthorias put presque aussitôt sentir l’énergie de la praticienne affluer dans ses propres veines et le requinquer à grands flots énergisants. Faute d’un média à siphonner, Luz puisait dans ses propres forces pour remplacer les pertes du Capitaine. Cela n’était du moins rien en comparaison de sa curiosité dévorante !
-Il était réputé pour être excellent en effet, j’ai cru comprendre qu’il c’était penché sur le cas de bien plus grand que moi.
L’officier y avait mit le prix, considérant d’avantage cela comme un affûtage de ses capacités professionnelles plutôt qu’un simple agrément de vie. Et en effet, sous les arabesques d’encre se cachait un réseau de runes d’une complexité intense, dont la qualité était à la mesure du prix qu’il avait payé
Tout les détails des incantations tenaient dans un petit livre dont l’auteur avait annoté chaque page. Pas question pour lui de laisser la moindre part au hasard et Arthorias sortit le petit carnet de cuir qu’on lui avait remis.
Feuilletant quelques pages, il finit par trouver la réponse à la question de Luz
-Elle n’est pas consciente au sens ou on l’entend, elle en répond entièrement à ma volonté, et à ma volonté seule
Garde à vous !
Enoncia t-il à l’armure qui se mis immédiatement dans la posture adéquate dans une suite de mouvement qui ne furent humains qu’en apparence, puis s’immobilisa comme si elle n’avait jamais bougée.
-C’est un transfert de magie, cela requiert de créer un réseau complexe de rune par imprégnation à l’intérieur de l’armure… Un peu comme lui créer un squelette et des muscles en quelques sortes. C’est la tache qui m’a sans doute prit le plus de temps.
Bien qu’elle soit parfaitement ordinaire en apparence, l’acier dont elle est faite est marquée de minuscules veines de magie, invisible à l’œil.
Comme pour illustrer son propos, il prit le heaume du golem et en montra l’intérieur à Luz, rien ne le différenciait d’un autre pièce d’armure. Même les globes lumineux qui servait d’yeux à la créature avaient disparut.
-Une fois ce travail réalisé, il faut ensuite créer un nexus artificiel dans une des pièces qui sert de lien entre moi et elle, un peu comme un centre de distribution de courrier si vous voulez. C’est ce « nexus » qui reçoit mon mana et permet d’animer l’armure.
Du moins c’était la théorie, en pratique le mana d’Arthorias était tiré d’une source de lumière proche et si les hypothèses de l’artisan tatoueur étaient correctes, il suffirait d’une amélioration supplémentaire pour les rendre autonomes
Réfléchissant à la question, le soldat envisagea lui même les possibilités qui s’offraient à ce pouvoir avant de reprendre
-Je suis censé le pouvoir, les tests fait par notre cher spécialiste estime à cinq le nombre d’armure que je peux animer, cette limite est due au débit magique que mon corps peut envoyer aux nexus. Mais… Si il était possible de les rendre autonomes en magie, pour imiter mon propre pouvoir, je pourrais en animer d’autant plus… Enfin si ce n’était pas aussi fatiguant…
Mais comme pour parer à cette déclaration, la jeune femme lui tendit la main et sans vraiment réfléchir, il l’a prit et sentit rapidement un flot d’énergie chasser la lassitude de l’invocation.
Un sentiment unique qui le prit par surprise mais fut loin d’être désagréable. Et sans un mot, Arthorias laissa la jeune médecin littéralement le recharger.
Ce ne fut qu’une fois complètement rétablit qu’il lâcha la main tendue avec un sourire de remerciement et une folle envie de lui montrer ce pouvoir.
-Va me chercher une armure de Prétorien
Ordonna t-il à l’automate qui partit sans un mot et revint quelques minutes plus tard avec une armure complète qu’il présenta sur le bureau.
L’homme fit venir Luz jusqu’à lui, se saisissant du plastron de l’armure.
-Il y a de quoi faire bien plus qu’une armée ici bas, mais comme vous le vouliez, nous allons répéter le processus et créer un deuxième golem ! J’espère que vous avez un peu de temps
Oublié l’hôpital qui de toute façon était déjà validé dans son esprit, et d’ici quelques jours, Luz aurait la surprise de trouver une approbation officielle sur son bureau et signée de la main de la reine elle même.
L’heure était venue de jouer à dieu et de créer la vie aussi artificielle soit elle.
-Comme je vous l’ai dit, il va nous falloir créer un Nexus pour canaliser la magie et la distribuer dans tout le construct, c’est une étape qui demande une grande quantité de magie, et je n’en suis que la source car tout le schéma est gravé dans le tatouage
Et tout en parlant il apposa la main sur l’intérieur de plastron, ce dernier se mettant à luire pour former un proto nexus qui se répandit rapidement pour former une trame sur le métal.
La trame d’or se répandit lentement dans tout le plastron, telle une toile d’araignée aux formes droites, le tout ne s’achevant que plusieurs minutes après par la formation d’une rune alambiquée en son centre.
A peine la main d’Arthorias fut elle retirée que tout disparut de la surface et les veines d’or ne furent que des souvenirs dans la tête des deux protagonistes.
-C’est un peu comme concevoir votre projet d’hôpital, il faut une base solide et en dessiner les moindres aspects. L’artisan m’a dit qu’avec un peu de pratique je pourrais complexifier mont travail dessus. Mais cela devra attendre encore un peu, même si l’idée de pouvoir fournir autre chose que des golems de combat me plaît…
Imaginez un peu si certaines taches ne pouvaient être accomplis que par des golems de ce genre ?
L’idée était plaisante, et cela simplifierait bien des vies de pouvoir compter sur des êtres basés uniquement sur le devoir.
-Il faudrait investir, mais je suis persuadé qu’avec un peu de travail vous pourriez même avoir des aides dans votre hôpital, pas un médecin bien sur, mais les possibilités sont si nombreuses !
Dans ses yeux, une étincelle venait de s’allumer alors qu’il prenait machinalement une autre pièce à animer
Cette fois-ci, Luz passa la pulpe de son index sur la surface froide du métal. Son ongle longea une ancienne veine d’or, désormais invisible, sans que celle-ci ne daigne réapparaître. Ce circuit complexe n’était pas sans lui rappeler les arabesques que dessinaient parfois ses éclairs dans la chaire ou la terre, quoique aussi élaboré qu’un sceau de runes de niveau supérieur. Le Capitaine de la Garde royale avait entièrement raison, les possibilités étaient infinies. A nouveau, elle le dévisagea. Ils étaient tels deux enfants penchés sur un jouet flambant neuf gracieusement apporté par des parents fatigués, et au travers de ses prunelles, elle cherchait à y lire les idées qu’elle voyait défiler en échos des siennes.
Elle parlait d’une voix précipitée à la manière d’un éboulis de montagne, hachée par l’excitation.
Elle se redressa, un bras sous sa poitrine, l’autre tapotant pensivement son menton. Ses sourcils s’étaient froncés d’une fine ridule tandis qu’elle réfléchissait. Le golem d’Arthorias était de toute évidence capable de réagir à des ordres simples, mais qu’en serait-il d’actions plus complexes ? Soigner un homme était similaire à la réparation d’une machine, si ce n’est qu’il fallait tenir compte de sa souffrance et disposer d’un doigté léger. Même, songea-t-elle, des golems ne sauraient réagir spontanément sur un chantier de construction pour protéger la vie d’un collègue subitement en danger par un effondrement. L’être humain était parvenu à survivre durant ces dernières centaines d’année en partie grâce à sa malice, ses facultés d’adaptation et bien entendu sa morale. Quel choix moral pourrait faire un golem ? Décider qui sauver entre une vieille dame et une petite fille ? Et si personne n’était présent pour leur donner l’ordre fatidique ?
Elle rit doucement.
Ses yeux d’un vert de lagon pétillèrent, signe que sa remarque n’était aucunement sérieuse.
L’éclat d’intérêt revint alors sur son minois, tandis qu’elle désignait d’un geste faussement désinvolte l’armure animée :
Si seulement Arthorias disposait du temps libre nécessaire pour s’adonner à ce type de loisirs ! Luz eut une pensée triste pour toutes ces découvertes qu’effleuraient sur le terrain les Aventuriers et les Gardes sans jamais en prendre note. C’était bien pour cette raison qu’elle avait opté pour une carrière de médecin chercheur sur le terrain – il fallait bien que quelqu’un s’y colle. Quant au temps libre dont elle disposait elle-même…
Des possibilités, il y en avait tant. Cependant, Arthorias ne voyait pas ces golems comme tel. Pour lui, ils constituaient une réserve sûre et fiable de troupes, plus inflexibles que n'importe quels soldats.
De quoi libérer ses hommes de bien des contraintes ennuyantes. Et par conséquent de rendre la garde royale d'autant plus fiable. Infaisable pour le moment bien sur, mais l'idée était là.
Qu'est ce qui empêcherait une fois tout en place de développer ce pouvoir ? C'était le genre d'investissement qui se justifiait à lui tout seul et même s'il ne prendrait pas cet argent sur le compte du régiment, ce qui plairait sans doute à la trésorière, ce serait majoritairement pour lui qu'il le ferait.
Devant les propositions sous entendues de la rousse, Arthorias s'accorda un petit rire avant de secouer la tête.
-Non, hélas je ne saurais travailler pour vous, même si vous avoir comme chef serait sans doute plus un plaisir qu'autre chose. Hélas, je ne saurais vous les vendre, car je ne pourrais pas certifier qu'ils vous obéiraient, peut être que si cela s'arrange dans le futur, je songerais à vous en donner un ou deux. Je suis sur que notre amie clochette en serait ravie.
Pour le moment, il n'étaient que les serviteurs exclusifs d'Arthorias et en tant que tels, l'officier était sure de leurs emplois, même si Luz avait toute la confiance du jeune homme que ce soit dans ses activités aussi bien personnelles que professionnelles
-Je vous remercie de votre compliment néanmoins
Dit il avec un sourire presque gêné, peu habitué à ce genre de compliment.
Quand à l'armure en question, il la regarda quelque peu pensif, ne sachant trop quoi en penser pour le moment. Les possibilités étaient là... Mais devait on vraiment la dévoiler tout de suite ?
Les gens ne seraient peut être pas prêt ? Ou bien cela passerait totalement inaperçu... Dans un monde fait de magie... Un simple golem n'avait rien de bien spécifique.
Haussant les épaules, l'officier remit tout cela à une prochaine fois, il n'était pas le temps de se prendre la tête pour si peu, il verrait bien ce qu'il en ferait avec le temps.
L'important était le regretté départ de Luz
-Je comprend... Même si c'est avec regret que je vous laisse partir, j'espère avoir la chance de vous revoir avant la prochaine lune mademoiselle Weiss, puisse Lucy guider votre chemin
Se fendant d'une accolade, il lui ouvrit lui même la porte, la raccompagnant jusqu'à la herse de la caserne, la retenant simplement au dernier moment pour ajouter finalement
-Quant à votre projet, soyez assurée que la reine en entendra parler, j'ai hâte de venir en inspecter la construction
Dit il avec un dernier sourire avant de retourner lui même à ses occupations
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