Son imposante lance fermement enserrée par sa main gantée, elle avança le long de couloir, profitant comme à son habitude de la beauté des lieux. Si certains étaient amenés à s'en lasser, elle prenait un plaisir constant dans un environnement aussi unique que le palais royal. Cependant, malgré ce cadre idyllique, elle ne déviait aucunement de son devoir. Sa mission était de protéger ces lieux et ses résidents, et elle s'y attelait avec beaucoup de rigueur. Sa ronde était minutieusement calibrée, tout devait être parfait. Après quelques années passées en tant que garde royale, elle avait appris par cœur toutes les rondes qui pouvaient lui être assignées. Elle comptait dans sa tête le temps qu'elle devait passer à un endroit fixe puis se déplaçait jusqu'à un autre point. Aujourd'hui, son tour de garde la menait dans les jardins principaux. D'après le plan qu'elle avait mémorisé, elle se retrouverait en présence d'un collègue pour cette assignation bucolique. Ils étaient censés se rejoindre à l'entrée de la roseraie après avoir effectué une ronde sensiblement identique dans deux ailes différentes. En y réfléchissant bien, l'argentée n'avait pas le souvenir d'avoir déjà exécuté ce schéma. Toutes ses patrouilles au sein du palais, elle les avait faites en solitaire, ce qui n'était pas pour la déranger bien au contraire. La compagnie de Marla était tout sauf réputée, et de toute manière elle n'inspirait tout simplement pas à la conversation. Qui pouvait bien avoir cette idée saugrenue en la regardant dans les yeux? Son attitude invitait à simplement passer son chemin et à chercher de chaleur humaine ailleurs.
Elle arriva devant la roseraie qui introduisait élégamment les jardin sans voir l'autre garde censé la rejoindre pour la suite. Ne pouvant déroger à la règle, elle s'obligea à rester en place le temps qu'on la rejoigne. Si elle décidait de faire le reste seul, cela pouvait être considéré comme de l'abandon de poste dans le cas où la personne arrivait plus tard et constatait qu'elle était effectivement seule. Réglée comme un mécanisme de précision, Marla avait tendance à oublier que tout le monde n'était pas aussi ponctuel, elle en prit conscience à ce moment précis. Essayant de ne pas y penser, la jeune femme essaya de reporter son attention sur quelque chose de plus agréable. En posant son regard sur un papillon qui volait gracieusement de fleur en fleur, elle s'apaisa. Elle n'était presque jamais passée dans les jardins du palais. Pourtant ils ne faisaient pas partie des endroits privilégiés auxquels elle n'avait pas accès. Bien qu'efficace, elle n'avait pas le grade ni les autorisations pour pénétrer dans de tels endroits. C'était notamment le cas des archives royales. Elle rêvait de s'y rendre. N'était-ce pas le bonheur ultime pour celle dont la mémoire archivait la moindre lecture dans sa mémoire? Des bruits de pas la ramenèrent à la réalité. Elle rangea alors ses pensées au placard et jeta un regard en coin pour s'assurer que la personne qui arrivait était bien celle qu'elle attendait.
Le soleil était déjà levé depuis longtemps mais, Demetrius était déjà levé bien avant lui. C’était devenu une habitude de se lever à l’aurore avant tout le monde. Il avait ainsi le temps de déjeuner à son aise, de profiter du lever du soleil et d’un peu de repos avant la longue journée qui l’attendait. On pourrait dire qu’un jour de garde était comme les autres jours mais, c’était sous-estimer le véritable travail de ceux-ci. Dem’ était du genre à prendre très au sérieux son travail, même s’il avait quelques manque de discipline de temps en temps. On ne pouvait pas être parfait sinon, ce serait trop beau.
D’ailleurs, ils avaient un peu trop profité de sa matinée qu’il était en retard. Ceux le connaissant diront que c’est une habitude, car la ponctualité n’était pas son point fort. Il aime profiter des bonnes choses et souvent un peu trop. Donc le voilà entrain de courir pour savoir son affectation qui était à l’opposé de là où il était. À chaque fois, c’était pareil. Cela faisait un bon entraînement matinal. Le voilà en poste et ça allait être une journée calme aujourd’hui. Cela ne pouvait être que bien. Rester à un endroit, observer les gens qui passaient en les identifiant si possibles dans sa tête. Une bonne garde est un garde qu’on ne voit pas en poste. S’il passait inaperçu sans bouger et qu’on ne l’observe pas, c’est qu’il faisait du bon travail. Parce que faut dire que s’il bougeait, son armure n’était pas du genre très silencieux.
Après, il était affecté à une ronde du côté de la roseraie où, ce serait la première fois qu’il y mettrait les pieds. Il marchait calmement pour faire le moins de bruit possible et gêner le moins possible les personnes marchant dans les couloirs saluant chacun d’entre eux. Puis, le voilà arrivé à l’entrée des jardins qui devaient être un lieu sublime à voir. Dem’ put constater que son partenaire de ronde était déjà en train de l’attendre. C’était une jeune femme, il faut savoir qu’il n’avait aucun jugement par rapport au sexe vu que leur commandant en était une aussi. Il admirait d’ailleurs le commandant et avait beaucoup de respect pour elle.
Il se dirigeait vers sa partenaire et la saluait gentiment.
« Bonjour, on dirait qu’on va faire un bout de chemin ensemble aujourd’hui. Je suis Demetrius, j’espère que l’on s’entendra bien »
Cela changeait des postes solitaires qu’on devait faire. Rien n’interdisait de se parler quand on était en équipe tant que cela ne gênait pas les personnes qui nous croisaient. Ici, il n’y avait personne et autant faire connaissance vu que jusque maintenant, on ne faisait que se croiser sans pouvoir discuter réellement.
« Je ne suis jamais venu en poste ici. J’ai déjà hâte de voir ce que ce lieu peut nous réserver. »
Dem’ était du genre curieux et adorait la nature. Déjà il regardait la roseraie autour de lui qui était sublime. Il était ébahi par tant de beauté et de soin. Ceux qui devaient s’en occuper, ils en avaient du boulot pour tout entretenir convenablement, c’était stupéfiant.
A-Lice | Never-Utopia
- Bonjour, on dirait qu’on va faire un bout de chemin ensemble aujourd’hui. Je suis Demetrius, j’espère que l’on s’entendra bien.
Impassible, l'argenté resta un moment à le fixer, trop occupée à penser au fait que son collègue du jeu était en retard.
- Tu es en retard, avait elle fini par dire.
La jeune femme était claire et directe, omettant les présentations et ne passant pas quatre chemins pour se faire comprendre. Elle disait ce qu'elle avait à dire même quand c'était susceptible de blesser. Sa réputation de sans cœur venait en grande partie de là. La blague courante chez les autres gardes royaux était de dire qu'on n'était pas sûr que Marla ait des dents étant donné l'absence totale de sourire sur son visage. D'ailleurs ils avaient lancé une cagnotte. Celui qui arrivait à lui décrocher ce fameux sourire remportait le jackpot. En 4 ans, la cagnotte s'était considérablement remplie.
Marla reprit sa position initiale, quitta Demetrius du regard et fit un pas en avant. Elle se figea en reportant son attention vers son acolyte qui se ne semblait pas plus concerné que ça.
- Tu connais le chemin de ronde pour les jardins?
Il n'était pas nécessaire de se demander si la jeune femme le connaissait, car c'était bel et bien le cas. Elle connaissait tout sur le bout des doigts. Pour s'en assurer, elle avait relu le plan le matin même.
- Suis moi et tais-toi.
Elle s'engouffra alors dans l'allée sans plus s'occuper de l'autre. Son pas assuré battait se sol dans une cadence militaire. Elle salua les quelques conseillers et secrétaires qui prenaient du bon temps d'une rapide inclinaison de la tête. Elle rejoignit son poste stationnaire pour les prochaines minutes près d'un arc enchevêtré dans du lierre, en laissant le soin à Demetrius de se placer de l'autre côté comme le voulait le plan. Dans la tête de l'argentée, tout devait se dérouler sans accrocs malgré le retard pris. De toute manière, s'ils devaient faire un rapport pour justifier cet écart de temps, elle laisserait Demetrius se débrouiller. C'était de sa faute après tout et Marla n'était pas du genre à faire de cadeaux.
Tout ce qu'elle espérait, était de ne pas avoir à subir une conversation. Elle était partisane du mutisme lors des heures de ronde, et ce même lorsqu'elle se retrouvait en présence de quelqu'un d'autre. De toute manière, on se rendait très vite compte que la demoiselle n'avait aucune envie de parler même en dehors des heures de travail. Ses réponses correspondaient à de longs et gênants silences qui en général donnaient suffisamment le ton pour que la personne qui l'abordait ne se résigne à la laisser tranquille. Il fallait vraiment être têtu pour vouloir insister davantage.
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