La vie a repris son cours normal. Jin a été retrouvé, j’ai eu ma réunion saisoniale avec le Maître-Espion qui savait déjà pour la disparition de mon amant. Je serai toujours épatée de sa capacité à tout savoir. Nous avions parlé pendant cette réunion de cette peur qu’il disparaisse à nouveau. Il faut dire que peu de gens sont au courant de cette relation donc peu de confidents à qui en parler. Pour une fois, je lui avais demandé un faveur, à savoir le protéger si il le pouvait et mettre un garde de confiance si il part pour une autre quête. Je le sais qu’il est comme un lion en cage et qu’il souhaite repartir pour affronter ses démons. Je ne pourrai pas le retenir malheureusement mais je vais faire ce que je pouvais à savoir à l’accompagner à ma façon. Le Maître-Espion a été conciliant et il m’a dit qu’il fera le nécessaire. Si c’était comme l’autre Sergent, c’est sûr, ça elle savait y faire pour arrêter les gens et les pousser à bout.

Quoi qu’il en soit, j’étais soulagée et je retrouve enfin une tête a peu près normal. La Reine fut conciliante en me laissant un peu tranquille au retour de Jin. Elle m’a laissé plus de temps libre qu’à l’accoutumée et je sens que je vais devoir présenter l’heureux élu. Allys était curieuse et vu que ça ne concernait pas les affaires du Royaume encore plus maintenant que je m’étais confiée. Il faut dire que nous étions plus proche depuis ce rendez-vous imprévu et j’adorai cette complicité grandissante.

Enfin, cette journée s’achève rapidement et je retrouve mon chez moi. Sekyung était sa préceptrice dont elle s’était beaucoup rapproché ses derniers temps. Je ne connaissais pas tous leurs secrets mais je la voyais plus épanouie, c’est tout ce qui comptait. Filant dans mon bureau pour finir quelques affaires, je finis par rejoindre le salon pour le repas. Louise était avec ma pupille pour préparer le repas. Mon intendante prends la peine de manger avec nous ce soir, c’était comme ça depuis la disparition de Jin mais j’ai beau lui dire que ça allait, elle persistait à rester. J’avais fini par demander qu’un garde la raccompagne le soir, je me sentais plus tranquille à la savoir escorter.

Le repas fut délicieux comme toujours et Sekyung s’approche de moi avec une tisane avec un goût que je ne connaissais pas.

- Tiens, j’ai fais quelques recherches et ça pourrait te plaire.
-   Ah oui ?
- J’étudie très sérieusement et encore aujourd’hui, je cherche ma voie future. Donc j’ai tenté cette concoction. Tu verras, tu dormiras comme un gros bébé.
- Tu ne comptes pas m'assommer ?    
- Il y a de la camomille et ce n’est pas connu comme somnifère non ?
- Non c’est vrai mais c’est très relaxant !  
- Tu vois, allez bois. Je vais te mettre au lit.
-  Je peux très bien le faire toute seule !  
- J’ai appris par des amis aventuriers que ton Jin avait pris une mission donc je fais ça pour que tu puisses dormir l’esprit tranquille.
-  Oh comment tu sais ! Tu m’espionnes ?  
- Non, j’élimine la concurrence.
-  Sekyung…  
- Je sais, je sais, j’arrête de dire des bêtises. Allez prends ça et va au lit.
- Si je fais des cauchemars, tu verras demain matin.  
- Je pense que ça sera tout l’inverse mais bon !

Je sens le liquide qui sent effectivement la camomille. Elle s’était aussi servie une boisson et une fois finie, l’envie de dormir me prends assez rapidement. Elle finit par m’accompagner et je me mets en tenue de nuit. Je la vois sourire bizarrement quand elle me sort une nuisette que je m’étais avec Nyx.

- Je sens le plan diabolique là...  
- Pourquoi direct les grands mots. Je te dis que tu me remerciera !
- Allez file, je vais dormir.    
- Bonne nuit !

Elle finit par fermer la porte et je me glisse sous mes draps de soie. Mes paupières deviennent rapidement lourdes et je m’endors sans demander mon reste.



Nous sommes à la mi-saison douce, les rayons du soleil frappait de plus en plus fort à mon plus grand plaisir pendant que je quittais la demeure familiale. Mère me laisse tranquille depuis la naissance de mon frère Elliot. Les Du Lys ont enfin leur héritier et je peux enfin souffler. Enfin c’était une façon de parler car pour Mère, je me dois de rentrer au ministère et pourquoi devenir dans une quinzaine d’année la future Première Ministre. Il faudrait déjà que je finisse Ministre avant d’arriver à ce stade et aussi assistante… Au lieu de ça, je vais aller voir l’archiviste royal, faire mes heures, apprendre la politique avec un autre précepteur et pourquoi pas décrocher un jour un poste d’assistante un jour ou l’autre. C’était un programme à ma hauteur surtout du haut de mes dix-sept ans.

Je prends le chemin le plus long, comme à mon habitude depuis maintenant deux lunes. Je ne voulais pas retrouver mes professeurs pour m’enfermer dans la bibliothèque. Il faisait beau et je souhaitais flâner dans l’herbe haute d’un jardin royal avant que la chaleur soit trop importante mais Mère en a décidé autrement surtout depuis mes dernières bévues. Il faut dire que me voir beaucoup trop près d’une certaine Camilia Von de Regan ne lui a pas plu. Elle m’a répété dix milles fois de m’intéresser aux garçons. Ouais bon, en noble charmant, il y avait qui ? Primus ? Victor ? Claude ? Mais encore… non il y avait quelques gardes qui étaient tout aussi charmant, ce Grimvor, je l’ai aperçu quelques fois au Palais. Il faut dire que le phoenix est connu pour sa crinière flamboyante ! De toute façon, je n’ai pas le temps pour ça, j’ai un siège de Ministre à conquérir !

Après le passage devant une boulangerie, une librairie et le grand théâtre en cours de rénovation suite de l’appui de la reine Consort Neila, je me retrouve enfin au palais. Je n’avais pas le tatouage me permettant d’utiliser mon pouvoir au sein de l’enceinte du Palais. De toute façon, il m’était utile à rien et maintenant que je le maîtrisais parfaitement, je pouvais enfin avoir la paix ici sans voir ses courbes de partout. Ma matinée fut tranquille et je prends mon repas avec quelques autres étudiants. Chacun évoquait ses chances de rejoindre tel ou tel ministère. Bien entendu, tout le monde a rigolé quand j’évoquais celui de rejoindre le ministère de la Culture. Un ministère sous-estimé à mon humble avis mais quand je deviendrais ministre, ils feront moins les malins depuis leur poste d’assistante.

- Hey, Du Lys. Franchement, on devrait prendre un verre tous les deux. Mes parents me bassinent pour que je me trouve une femme de ton rang.
- Sérieux, Claude. Tu crois que c’est comme ça que tu vas la faire tomber dans tes bras.
- Allez, on sait tous qu’elle n’a aucun fiancé ou autres. Ta famille attends que ça que tu te maries pour agrandir leur empire commercial, puis avoue, tu n’es pas l’héritière, c’est une fleur que je te fais.
-   Tu es aussi bête qu’un gloot et encore c’est une insulte pour ce pauvre animal. - Va t’amuser avec tes copains, vous ne valez rien mise à part l’argent de vos parents.
- Dis la fille qui est pleine aux as !
-  Oh mais tu verras dans dix ans, j’arriverais très haut. Je serai le bras droit de la future Reine Allys.  
- Elle, Reine ? Elle est si fragile et pour l’instant ses parents n’ont pas annoncé quelconque fiancialles !
- Ouais, il faudra un roi parfait pour prendre la place du Roi Melvis. Nous sommes dans une période bénie par Lucy. Puis vous avez comment la princesse est foutue.
- Ouais, elle a ce qu’il faut où il faut.

Un livre finit par arriver très rapidement dans le visage de cet être odieux. Je décide alors de sortir d’ici pour prendre l’air, loin de ces hommes infects.

- Du Lys ! Tu vas me le payer.

Je n'entendais pas les paroles de cet homme, préférant l’ignorer. Je rejoins l’orangerie, un coin du jardin royal relativement calme où aucun de ses nigauds n’osera venir. Je foule l’allée pour rejoindre un banc qui se trouve sous une pergola végatale. J’adorais cette endroit car les différentes odeurs des roses et autres fleurs des parterres arrivaient à profusion dans mon nez. Personne ne venait et c’était ici que je prenais le temps de lire l’histoire du royaume. D’ailleurs, j’avais un énorme bouquin qui comptait diverses légendes et autres anecdotes. C’était le genre de choses que je raffolais. Ca n’avait aucun intérêt mais moi je trouvais ça passionnant. Je prends la prochaine à gauche et là je vois mon banc occupé. Je mets un certain temps à comprendre qui était sur celui-ci mais quand je reconnais cette douce chevelure brune, mon coeur commence à battre. Oui les garçons avaient raison, la princesse était magnifique et pour le reste il avait faux. Je l’ai observé de nombreuses années et depuis toute petite, on lui apprends à être la femme parfaite pour être reine. Elle était fille unique et tous les espoirs étaient sur ses épaules. Elle avait appris l’histoire, la politique, l’art de la guerre et j’en passe. J’apprenais secrètement la même chose me disant que si un jour je le pouvais, je voudrais l’aider que notre royaume perdure dans cette ère paisible.

Je me surprends à m’arrêter et m’imaginer son visage. J’aimerai tant qu’elle me sourisse, connaisse mon nom, de voir du rouge à ses joues. Voir plus encore mais je sais que c’était qu’un rêve fou. Elle va se marier avec un homme que ses parents vont trouver et la lignée Renmyrth perdura, voilà. Je souffle discrètement, désespérée par ce sort car j’aurai voulu être à ses côtés que ce soit au travail ou dans sa vie. Je m’étais surprise à penser ça quand mes hormones m’ont fait comprendre que malheureusement, j’étais aussi attirée par les femmes.

Allez laissons la tranquille, je ne vais pas la déranger. Je me tourne et rebrousse chemin quand j’entendis dans mon dos.

- Dame Du Lys ? C’est bien vous ?

Je m’arrête aussitôt, me demandant ce que je devais faire. Je ne lui avais jamais parlé, nous avions le même âge mais l’étiquette voulait que je lui fasse la révérence.

-  Oui c’est bien moi, Princesse.  

Je me retourne et fait les salutations d’usage. Je continue de baisser la tête. Je ne savais que dire, je n’avais jamais parlé à une membre royal et mon silence soudain m’inquiète.

- Oh, levez la tête Miss Du Lys. Vous voulez bien me tenir compagnie ?
-  Bien sûr, Princesse.  
- Pas de princesse pour cet après-midi. Appelez moi Allys, je peux vous appeler Haru ?
- Euh oui bien entendu. Comme vous voulez, Princesse.    
- Allys.
- Oui Allys.    

Elle me prends le bras et me tire vers le fameux banc. Le rouge me monte aux joues, je mémorise le moindre de ses contacts. Je rêve éveillée, ce n’est pas possible.

Haru… Haru… ça sonnait bizarrement dans ma tête surtout quand c’est la princesse héritière en personne qui m’appelle de sa douce voix. Je reste encore interdite quelques secondes, mettant en place mes idées. Est-ce que je rêvais où la Princesse Allys venait de me prendre le bras et me tirer vers ce banc pour qu’on soit rien que toutes les deux ? Oui ça l’était, ça ne pouvait être vrai mais je me faisais traîner, essayant de ne pas l’appeler par son titre mais par son prénom. Comment je pourrais le faire, mon éducation m’a toujours dit d’appeler les gens parce qu’ils étaient, ainsi étaient nos règles. Barbante à souhait…

Nous finissons sur ce banc, mes joues certainement roussies par la situation et le soleil qui a atteint son zénith. La seule pensée qui me traverse était la beauté de la brune. Oui il m’est déjà arrivée de penser à des choses insensées avec des femmes comme cette Camilia mais avec Allys ? Non, c’était notre future Reine mais j’aimerai tellement qu’elle soit ma Reine. Allez Haru, arrête de penser à ça, profites de ce moment extraordinaire.

Je secoue la tête quand Allys croît que je suis soucieuse. Retient les leçons de Mère. Soit forte, dirige la conversation, montre que tu es Du Lys.

- Oh non, non. Je voulais aussi profiter du jardin. J’avoue que je choisis généralement l’autre côté mais je voulais changer pour une fois.  

Après avoir dit cette phrase en un seul souffle, je reprends mes esprits. Il ne va rien t’arriver, c’est une fille comme une autre qui veut passer une après-midi à discuter avec des filles de son âge. Ce n’est pas interrogatoire et tu ne vas pas finir au cachot du Palais. Allez ressaisis toi.

- Non, vous ne me gênez pas Princ-- Allys ! Je suis même agréablement surprise que vous veniez me parler à moi.  

Pathétique, dis lui aussi que je rêvais que de ça. L’occasion de lui parler, rien que toutes les deux sans toute sa cour et ses hommes qui pensent tout haut de ce qu’ils lui trouvent de bien attrayant.

- Ces jeunes ? ils suivent les mêmes cours que moi avec l’archiviste royal. Ces jeunes qui font plaisir à leurs parents et apprendre la politique. Aucune conviction ou autres. Moi je trouve les cours très intéressants surtout l’histoire de notre Royaume. Peut-être un jour j’arriverai à être Archiviste Royal à mon tour ou voir autre chose mais j’ai encore le temps. Peut-être le Ministère de la Culture mais comme je vous l’ai dit, j’ai encore le temps de passer à mon avenir ce n’est pas comme ...  

Je me tais aussitôt en pensant à la bêtise que j’allais dire. Allys n’avait aucun choix, son destin était tracé et je parlais librement de mes choix de carrière professionnelle.

-  C’est vrai, j’ai rien à leur apporter mais à vous certainement plus tard !  

Une petite pirouette pour essayer de sauver les meubles mais la Princesse décide de changer de sujet. Son regard est plongé dans le mien et mon coeur saute un battement. Ses yeux étaient magnifiques et encore une fois, je m’égare. Je perçois alors mon pouvoir qui se met en route. Quelque chose que j’ai encore du mal à maîtriser mais mes yeux prennent cette teinte ambrée. Je vois enfin ses sentiments, ses pensées représentées par ses courbes oscillantes devant mon champs de vision. Il m’a fallu des années pour ne pas fuir quand je les voyais puis des années durant pour les comprendre mais il n’y avait pas de doute dans ce que je voyais. Je vois de l’admiration, de la sympathie et arrière-plan une légère attirance. Je cligne des yeux plusieurs fois pour essayer de comprendre. Je suis sûre de ce que j’ai vu, est-ce que la princesse… la princesse est attirée ? Non ce n’est pas possible. Je ne comprends plus.

-  Une fleur ?  

Voilà, concentre toi sur ce qu’elle demande. L’ironie aurait voulu que je sois une belle Lys. Comme les armoiries de ma famille. Cette fleur qui incarne l’élégance et le raffinement. Pour une fille de la haute-noblesse, oui cette fleur était parfaite pour ce que je représentais. Puis une lys blanche était le symbole de la pureté, de l'innocence. Offrir une Lys blanche n’était pas sans conséquence, que soit pour des moments joyeux tels les mariages ou lors des enterrements pour la purification de l’âme du défunt, le lys a toujours été un symbole de sérénité. Est-ce ça me représente ? je ne le pense pas, du moins pas encore. J’avais encore ce petit côté aventureux. Profitant des sorties de Mère pour aller à la Guilde sous un faux nom pour embaucher des aventuriers pour traverser le pays ou m’amener au Village Perché pour des excursions scientifiques. Non la sagesse viendra mais avant tout je voulais profiter de la fougue de la jeunesse. D’ailleurs, celle-ci me hurle de profiter de la situation, d’avancer d’un pas vers mon vis à vis, de profiter de poser ma main sur son bras ou de soutenir son regard avec un sourire avenant.

Non, je pourrai faire plus subtil comme mes précepteurs me l’ont appris. L’art de la parole est quelque chose qui se travaille en lisant de nombreux ouvrages et l’herboristerie est un stratagème intéressant.

- Je pense que oui surtout si des individus vous dérangent. Les fleurs subliment nos yeux et leurs sentences, nos papilles olfactives. Je pense que dans toutes ses fleurs, j’aurai choisi le fuschia. Un mélange subtil de douceur et de couleurs tamisés. Je préfères cette fleur quand elle est rouge et blanche.

Le fuschia était une plante qui poussait au sein de la Capitale. C’était rare d’en trouver à Grand-Port ou Forteresse. Ici, le climat était tempéré et il y en avait quelques massifs au manoir familiale. Quoi qu’il en soit, le jardinier de notre maison m’a déjà fait faire dix milles fois le tour du propriétaire pour me faire apprendre le nom de chaque fleur car une Du Lys se doit de le savoir. Donc oui les fuschias sont les fleurs de la passion, de l’amour ardent. On dit que le fuschia rouge est le symbole de l’érotisme dans cet amour ardent et le blanc plus passionnel. Alliés les deux et ça donne quelque chose d’étonnant. J’aurai pu choisir le jasmin qui exprime le désir d’amour charnel. Comme dirait Kuro Erica : “ Les tabous se brisent, le silence aussi lorsque nous nous aimons au coeur de la nuit. Le temps n’existe plus lorsque nous sommes amants, parcourant des plaisirs au rythme de mes élans “. J’ai préféré éviter car si la princesse connaissait ce type de littérature, le jasmin est connue pour cette citation…

-  Donc j’en conclus que vous vous intéressez aux plantes ? Est-ce que je peux me permettre une question Allys ?  

Ma main retrouve le dessus de la sienne. Ce contact me fait frémir et je ne souhaite plus l’enlever. Je sens que j’ai légèrement chaud mais je ne me dégonfle pas et la laisse ainsi pendant que je l’attrape pour la lever avec moi pour qu’on puisse avoir une meilleure vue sur cette partie de jardin.

- Quand vous serez Reine, est-ce que vous ferez modifier le jardin royal. Je pense qu’il manque quelques massifs de plantes aux couleurs vives. Des fleurs qui vous représentent telles que les pavots, les oeillet de poète rouge. Ajouter à cela Fressia blancs, glaïeul, weissium, divinam et villaope. Le jardin sera parfait.  

Je finis par lâcher sa main tellement je me suis emportée dans mon discours. C’était indiscutablement mon pire défaut, ne jamais savoir m’arrêter quand il le fallait.

- Désolée, je me suis emportée. Voulez-vous vous asseoir de nouveau ou sinon on peut déambuler dans les allées florales. Ça serait un plaisir de vous raconter l’histoire de chacunes de ses fleurs ou l’histoire de vos aïeuls. Sinon je peux tout bonnement vous guider silencieusement...  

Certainement la chose la plus difficile mais je tends tout de même le bras pour l’inviter à me suivre dans cette balade qui est de plus en plus … romantique ?

Pour moi, la princesse était une femme qui savait ce qu’elle voulait, sûre d’elle malgré tous les poids des responsabilités qui lui incombaient. Elle était forte et tenait tête à ses parents pour le choix de son futur époux. Même encore actuellement, peu de noms étaient évoqués dans les couloirs du Palais. D’un côté, je me disais qu’elle n’avait toujours pas fait son choix ou simplement, elle vivait une relation secrète dont personne n’était au courant. Cette perspective m’enchantait guère car le temps passé avec elle était surréaliste. J’aimais être aussi proche de la future souveraine. La forme de ses lèvres, cette douce odeur fleurie qui émane d’elle, le toucher délicat de sa main sur mon bras. J’avais l’impression qu’elle buvait mes paroles et je pourrai raconter n’importe quoi, elle s’en ficherait. Les courbes qui se présentaient face à moi étaient de plus en plus clair. Des teintes plus rouges, des oscillations plus grandes, est-ce des sentiments que je percevais via mon pouvoir ou de l’admiration ? Puis cette fois quand elle a rougit quand nous étions si proche et son regard qui était tombé dans le mien. Je n’ai pu le raté et moi aussi mon coeur a raté un battement à ce moment-là. Mère m’a toujours dit de contrôler mes réactions comme ne pas rougir, ne pas rire bêtement, ne pas montrer mes faiblesses. J’avais l’impression d’être une fichue poupée acticulée si je ne pouvais rien laisser paraître mais avec la Princesse, je voudrais lui offrir mon sourire, ma joie, mes frissons. Car oui, quand sa main a presque retrouvé la mienne, j’ai senti un délicieux frisson tout le long de ma colonne. Est-ce qu’elle pouvait entendre mon coeur battre plus fort ? Non, elle n’avait pas ce pouvoir. Non continuons donc cette douce balade...

-   Vos désirs sont mes ordres, Allys.

Dis je d’un ton assuré. Je n’ai pas gaffé en ajoutant princesse, non cette fois-ci, j’étais sûre de moi et prête à en découdre. On s’arrêta de nombreuses fois devant des fleurs et tel un guide, je répondais à ses nombreuses interrogations. Plus les minutes défilent, plus je me sentais à l’aise et peut-être même mon vis à vis. On finit le tour du propriétaire et on se retrouve à notre point de départ. On avait repris de nouveau nos distances, du moins plus épaule contre épaule comme tout à l’heure et je ressentais déjà le manque de son contact chaud. Je voyais qu’elle essayait de fuir mon regard, je ne compris pas tout de suite. Peut-être qu’elle n’aime pas la teinte de mes yeux ou peut-être se sentait épiée ? Peut-être, il faudrait que je devienne plus discrète…  

Retrouvant presque notre banc, Allys évoque un point qui me fait arrêter ma course. Comment ça prétendant ? De quoi parle-t-elle ? Me voulait-elle comme ministre plus tard ? Première Ministre ? Amante ? Non pas amante, ce n’est pas possible, j’ai mal entendu. Je n’en vois pas autrement, jamais dans l’histoire de notre royaume, une telle union puisse exister.

-   Comment ça les prétendants ?    

Mais elle se contente de sourire à mon interrogation. Je restais quelques secondes encore interdite car cela sous-entendait l’autre option. La princesse me voyait comme une possibilité ? A-t-elle eu vent que je fréquentais des femmes ? J’ai été pourtant discrète avec Dame Von de Regan. Non ce n’est pas possible… Tout comme sa demande implicite de chanter pour elle. Elle me teste, je ne voyais que ça mais comment résister à ce sourire. Il m’était impossible de résister comme la rougeur sur ses joues quand je décide de lui faire plaisir.

-  Est-ce encore un ordre ? Je suis sûre que vous chantez divinement bien mais pour vous faire plaisir… je vais vous raconter encore une de ces histoires.    

Retournant vers mon porte-document sans fond, je sors mon violon. Je suis dans un rêve après tout, je peux faire ce que je souhaite non ? Car je ne vois que ça, je nage en plein rêve pour que la princesse désire passer du temps avec moi… une simple fille qui trouve cette femme ravissante.

- Je ne chante pas  aussi bien mais l’instrument accompagnera mes paroles.    

Tenant l’archet et le violon d’un côté et mon autre main qui était libre, je t’attrape la main de la brune pour l’amener sur le banc.

- Asseyez vous, je vous donne un concert privé. Soyez indulgente.      

Je vérifie que mon instrument soit accordé avant de commencer la douce mélodie de ma chanson. Les trentes premières secondes sont douces et délicates, aucun chant. Je reste les yeux fermés et fait vivre les notes. Je finis par ouvrir les yeux et sourire à la princesse, m’approchant un peu plus d’elle, dansant légèrement sur mes appuis avant de prendre une douce voix pour compter mes paroles que je vais délibérément changer.


Je m’arrête un instant de chanter car cette chanson était connue dans la capitale. Un conte pour enfant où quand le pirate a fini sa déclaration, sa femme lui réponds alors à son tour.

-  Chantons en coeur, voulez-vous ?    

Je lui fis un petit clin d’oeil et lui attrape la main pour la lever prêt de moi. On s’amuse alors à danser sous le rythme de la mélodie. Nous arrivons de nouveau au couplet.


Les notes s’accélèrent et mes pas de dansent deviennent plus énergétiques. Le violon toujours le menton, la voix plus enjouée, c’était de nouveau à moi de chanter seule.


Je finis alors ma petite chansonnette, un genou à terre, le violon posé par terre. Tel un chevalier demandant sa main à sa Dame. J’attrape de nouveau la sienne, mon regard brûlant dans le sien. Je pris alors une voix taquine.

-  J’ai toujours aimé cette chanson, je ne sais pas si vous connaissiez cette version. Je l’apprécie tout particulièrement et vous ?    

Reforçant un peu plus ma poigne sur sa poigne, je demande alors indirectement du regard une réponse.

- J’espère que je n’ai pas été si mauvaise pour vos oreilles….    

Trois jours… Trois longs jours où je n’ai presque pas dormi. Les images de mon après-midi avec la Princesse me hante. Est-ce un rêve ? Est-ce vraiment arrivé ? Je n’étais sûre de rien mais le goût sucré de ses lèvres contre les miennes, je n’ai pas pu l’inventer, c’est impossible. Je me rappelle encore de son regard intense, ses pupilles étaient légèrement dilatées, les courbes que je pouvais visualiser avec mon pouvoir étaient bien claires, elle me désirait. Je compris tout de suite quand ses doigts s’amusaient à replacer une de mes mèches de cheveux soi-disant en bataille. Sa gestuelle était douce, délicate, aimante. J’aurai voulu que ce moment s’arrête jamais et quand focalisé par les prémisses de sa bouche, je la vois s’avancer quand quelqu’un finit par l’appeler. Un baiser volé avant qu’elle ne parte rejoindre ce conseiller royal que son père le Roi, l’a fait quérir.

Pourquoi… pourquoi avait-elle fait ça ? Est-ce un jeu ? Une expérience ? Une réelle envie ? Voilà les questions que je me pose nuits et jours depuis. Je n’ai pas réussi à revoir la jeune femme depuis. Mon emploi du temps ne me permettait pas de me libérer en après-midi pour la rejoindre malgré que j’essayais toujours de passer par les jardins royaux pour l’apercevoir. Mais rien, je ne le voyais jamais, peut-être m’avait-elle attendue. Enfin j’espère qu’elle m’attends, je voudrais qu’elle m’attends, preuve que ce n’était pas anodin le baiser que nous avons échangé même si il a été si bref, je voulais déjà tenter de nouveau l’expérience, plus longuement. Enfin là n’était la question, j’avais encore une petite heure avec l’archiviste royal et quelques apprentis pour son cours sur l’histoire de la famille Cavendish. Mes pensées déviaient le plus souvent vers ma belle princesse et ses douces paroles. Sa déclaration après ma petite chanson, quand elle s’accroupit avec moi au sol, se mettant à mon niveau, elle qui sera notre future Reine. Ce moment inoubliable quand son front toucha le mien, nos souffles chauds qui s'entremêlent.

- Dame Du Lys, vous êtes avec nous ?  
-  Oui, pardonnez moi.  

Je tournais aussitôt la tête, pour éviter les regards de mes camarades. Il faut que j’arrête de penser à elle et me concentrer à mes études si un jour je souhaite auprès d’elle en tant que Ministre à défaut d’autre chose. L’heure fut longue mais maintenant que l’après-midi fut presque fini, je fais un détour par le couloir où on avait vu imprenable du jardin. Le ciel était menaçant depuis ce midi. Nous étions à ce moment de l’année où les orages de la saison chaude étaient omniprésents, il n’était pas raisonnable de traîner dehors avec un ciel si sombre. Mais une silhouette m’interpelle, c’était Allys et la pluie commençait à tomber. Sans réfléchir, je dévale l’escalier et attrape le premier parapluie qui était stocké. Ce n’était pas le mien, je le sais, le vol est puni pour la pluie mais c’est une question de vie ou de mort. Enfin de rhume surtout mais passons. Plus je m’approchais de la silhouette, plus je reconnaissais la Princesse. Elle n’avait pas bougé, elle regardait au loin.

- Princesse !  

Elle ne se retourne pas et une fois à sa hauteur, je déplie le parapluie au-dessus d’elle.

- Princesse… mais pourquoi vous êtes restée dehors ?    

Mais toujours rien, elle a le regard absent donc j’attrape son bras pour l’amener dans un lieu sec.

- Allons dans la loge d’artiste, je pourrai vous réchauffer et allumer un feu magique.  

Il était hors de question qu’on retourne au palais dans son état. Elle était trempée jusqu’au os et malgré moi, je voulais profiter de l’occasion pour passer du temps rien qu’avec elle. Agrippée à mon bras, elle me suit à cette petite maison au bord du jardin royal qui était en terasse. Tel un mirador, on avait une vue impressionnante sur le domaine en contre-bas, des grandes baies vitrées pour laisser l’artiste peindre quelque soit le temps. C’était la Reine Lyss qui avait fait cette construction dans les années 600. Malgré son règne catastrophique, sa mauvaise gestion, elle eut l’idée de créer le conseil des Ministre pour travailler à sa place. Elle passait son temps donc à peindre dans ce fameux mirador qu’on appelle la loge d’artiste maintenant. On rentre dans la petite maisonnée. Haute sous plafond, on y trouvait une banquette confortable, un feu magique à activer, une table, des chaises, des étagères, le nécessaire pour faire du thé et de quoi se tenir chaud avec quelques couvertures. Je pose le parapluie dans un coin et court aussitôt récupérer une couverture pour les jeter sur ses épaules. Je la frictionne énergétiquement, cherchant désespérément son regard.

Elle finit par lever la tête et reste muette. Je m’efforce de ne pas regarder sa tenue qui maintenant trempée donnait une autre dimension. Elle avait cette jolie robe noire cintrée avec une épaule avec plein de dentelles ainsi que des motifs dorées qui ornaient le tout. Pour moi, la pluie était plus clémente. Ma veste avait pris le maximum pour ne pas tremper ma chemise en soie en-dessous, seuls mes cheveux n’ont pas pu résisté…

- Je vais nous faire un feu magique.    

Je la laisse avec sa couverture sur les épaules et active le feu. Il prendra quelques temps à chauffer la pièce mais je ne pourrai faire mieux. Je retourne vers elle, délaisse ma veste sur la chaise. Elle tremblait de froid et attrape une couverture pour moi. Je finis par l’enlacer dans mes bras et lui frictionner le dos.

- Pourquoi vous êtes restée ainsi dehors, vous n’aviez pas vu le ciel menaçant.    

Elle se colle un peu contre moi et je sens de nouveau les effluves de son parfum. Je ne pourrai jamais me lasser de son odeur. Puis c’était la première fois que je voyais cette robe, bon je ne dis pas je connais toutes ses toilettes par coeur mais j’en ai vu des dizaines.

- En tout cas, cette tenue vous va à ravir, Allys. Enfin, je peux de nouveau vous appeler ainsi non ?    

Heureuse, voilà comment je me sentais à l’heure actuelle. La princesse contre moi, dans mes bras, ses yeux dans les miens. Je l’écoutais dire ce qu’elle pensait, restant interdite alors que je découvre ses sentiments. Instinctivement, mes iris changent de couleur pour prendre cette douceur couleur ambrée, miel. C’était mon détecteur de mensonge à moi, je voulais vraiment être sûre que ses paroles soit celles de son coeur. Les courbes roses scintillent devant mes yeux masquant presque le visage de ma douce. Allys était vulnérable en ouvrant son coeur ainsi et encore une fois, c’est elle qui fit le premier pas. Cette femme était forte, digne d’être notre future Reine alors que moi, je n’ai jamais réussi à dire ce que je pensais. Oui, j’admirais cette femme pour ce qu’elle était, je voyais en elle une Reine douce et délicate, aimant son peuple mais pas que. Elle n’était pas qu’une Princesse, elle était une femme noble à la silhouette délicieuse, un savoir inestimable, des passions communes aux miennes. Nous avons été éduqués pareille, faites pour plaire à nos parents respectifs, le pouvoir de chacun sur nos épaules. L’espoir de fortune pour les miennes, le poids du peuple sur les siennes. Quand nous étions là, ensemble, enlacées, plus rien ne comptait, c’était que nous dans cette loge d’artiste nous protégeant de cette pluie froide lors de cet orage d’été.

Mais après cet aveu soudain de cet sentiment, la princesse change de discussion. Je comprends bien que avouer cet amour interdit était peut-être qu’un caprice de sa part. Une princesse pouvait désirer tout ce qu’elle voulait même le coeur de certaines personnes. J’ai envie d’hurler que c’était réciproque et je voulais tenter de nouveau l’expérience de ces lèvres autre que ce baiser volé mais est-ce que j’en ai le droit ? Cette passion pourrait amener son lot d’embûches que je ne souhaite pas à mon amour. Est-ce que le peuple le voudrait, ses parents, les nobles ? Je sentis ce poids dans les épaules comme si c’était à moi de choisir cette sentence à nous deux quand elle décide de faire un brin d’humour avec moi. Peut-être voyait-elle mon embarras.

- Le feu va bientôt prendre, peut-être que si j’ai un pouvoir élémentaire comme le feu, j’aurai pu vous réchauffer plus rapidement.    

Une bouillotte humaine, quelle idée intéressante. Un bain toujours chaud, pas froid dans le lit lors des longues nuits de la saison froide. Oui c’était un pouvoir intéressant mais pour une femme comme moi, un pouvoir offensif comme tel ne me servait rien, j’appréciais grandement mon pouvoir actuel qui me servait à comprendre mes interlocuteurs. Mais j’avoue que la princesse décide de chambouler tous mes plans en me regardant jamais dans les yeux et jette son dévolu sur la porte d’entrée. Voulait-elle fuir ? Non, elle s'interroger sur mon parapluie et je me contente de sourire à cette remarque. Oui voler, ce n’était pas bien mais que voulez-vous, par amour, on peut faire n’importe quoi non ?

-  Vous connaissez alors mes armoiries ? Cela me réchauffe le coeur mais oui effectivement l’impardonnable, j’espère que vous serez clémente dans votre jugement. J’ai fais cela pour vous et surtout vous revoir, Allys. Si la prochaine fois, je devrais voler l’épée d’un garde royale, je le ferai si c’est pour vous protéger !    

Je replace alors une mèche de cheveux derrière son oreille, retrouvant alors le moment où tout avait basculé quelques jours plus tôt. Nos regards se croisent, se jaugent. Cette soudaine proximité nous fait rougir nos joues à toutes les deux.

-  Ici, personne ne pourra vous appeler...  

Oui, nous étions cachées, à l’abri des regards indiscrets. Comme elle l’a dit, oublions les formalités, nous avions déjà fait tomber de nombreuses barrières dûs à son rang. Nous étions beaucoup trop proche pour reculer maintenant.

- Puis oui, oublions ses formalités. Ici, ne soit plus une princesse, ni la future Reine de ce royaume. Soit juste Allys, une femme resplendissante en toute circonstance. Une femme qui a le courage de faire le premier pas… est-ce que je peux faire le second ?    

Ma main glisse sur sa joue puis mes doigts se faufilent sur sa nuque. Ses yeux brillant réclament que je continue et moi pendant ce temps là, je suis en train de réfléchir. Haru, fait le, tu viens de le dire, tu voulais faire le second non ? Facile à dire mais c’était la princesse en face de moi et cette situation risque de dégénérer, je le sens. Elle relève alors mon menton, impatiente certainement puis je finis par approcher mes lèvres aux siennes.

- Tu ne sais pas depuis le temps que je rêve de faire cela Allys….  

Puis mes deux mains attrapent alors son visage, mes lèvres se plaquent délicatement contre les siennes. Nous étions d’abord timide, jaugeant la situation. Essayant certainement de comprendre si c’était réel ou non. Ma main se pose dans son dos, nos langues deviennent plus exploratrice. Mon corps bat la chamade et pas que mon corps se réchauffe peu à peu. Je voulais que ce moment ne s’arrête jamais. La pluie redoublait d’effort sur la toiture ainsi que le vent qui faisait claquer les volets mais cela nous ne n’arrêtent pas. Nos corps se rapprochent, ils étaient définitivement collés, je voudrais plus mais je finis par m’arrêter pour la regarder dans les yeux.


- Dis moi que ce n’est pas un rêve, s’il te plaît… Je ne pourrai affronter trois jours comme j’ai pu vivre. Tu m’as manquée…    

Je n’ai cessé de penser à toi, je te voulais dans tes bras, j’ai imaginé des centaines scénarios différents sur notre premier baiser. J’ai pensé aussi à nous échapper de la capitale pour profiter de notre amour interdit mais jamais je n’aurai pu imaginer un baiser si intense. Ca n’avait rien à voir à tout ce que j’ai pu romancé dans ma tête. Cette chaleur qui traverse tout le corps, le sentiment de ne faire plus qu’un.. Je crois que c’est mon âme-soeur...

Entendre une autre personne raconter l’histoire de ma famille était étrange. Depuis mon plus jeune âge, je me devais de connaître tous mes ancêtres, leurs histoires ainsi que toute la dynastie Renmyrth. Ce n’était pas un fardeau, loin de là, j’ai juste appris à rendre les choses plus belles et moins monotones. Les paroles d’Allys résonnent alors dans ma tête. Oui nous étions de grands marchands, nous sommes entrées en politique ensuite après le mariage de Thorn Du Lys et la princesse Luna. C’est ainsi que notre famille s’est définitivement liée à la famille Royale mais pas que nous sommes ensuite rentrés dans le gouvernement après les années six cents avant d’être conseiller royal pour ses majestés. Oui nous étions partenaires depuis de nombreuses années, il y avait même eu un mariage et l’idée de reproduire ce schéma m’enchante au plus haut point. Nos familles de nouveau liés par l’amour…

Oui peut-être dans un futur, nous serons associées. Je me vois au côté de la princesse en tant que Ministre à défaut de sa compagne mais nous nous complétons si bien. Nos attirances respectives et le fait que chacune semble connaître l’autre à travers les livres ou autres faits. Elle connaissait l’histoire de ma famille et elle la mienne, nous n’étions plus de simples inconnues et ce baiser échangé nous a fait gagner un nouveau chapitre à notre histoire. Mais comment sera-t-elle ? J’ai toujours l’impression de nager dans un rêve, ce moment ne pouvait exister alors même si mon cerveau me joue des tours, je compte bien profiter. Si ça se peut se produire qu’une fois, faisons en sorte qu’elle soit grandiose.

Nos lèvres se retrouvent pour un baiser passionnée, ses yeux témoignaient de la sincérité du moment et je m’amuse alors à effacer ses quelques larmes qui n’enlèvent en rien au charme de ma belle. Nos corps se lient quand je la sens m’attraper pour m’amener au divan. J’accompagne son envie et finit assise, Allys contre moi. N’ayant plus besoin de chercher nos équilibres, nos mains deviennent plus exploratrice, se servant de tous nos membres pour attiser le désir. Les joues de la princesse avait atteint une nouvelle teinte, encore une fois. Je ne me pus me retenir de sourire à cette soudaine innocence. Peut-être n’avait-elle jamais été plus loin que ce stade mais quand elle attrape ma main pour la mettre sur son coeur, j’ai  pu sentir les battements de son palpitant comme sa déclaration soudaine. Je ne m’attendais pas à une pareille révélation. Elle m’aimait, c’était irréaliste moi qui pensait que je n’étais rien mais elle m’aimait. Est-ce que Lucy a entendu mes prières pour mettre la brune sur ma route ?

-  Oui je connais ce livre...  

Un roman magnifique que j’ai dû relire plusieurs fois mais là, c’était notre histoire, nous sommes les protagonistes ! Mon vis à vis avait repris une place plus confortable sur la banquette, me regardant intensément, impatiente de savoir ma réponse. Je prends alors la même position dans le divan. Les jambes repliées, ma main s’amusant à danser sur sa cuisse.

-  Je n’arrive toujours pas à réaliser ce qu’il se passe Allys.  

Je la regarde dans les yeux, m’assurant toujours de sa présence.

-  Je… j’ai l’impression de nager en pure bonheur. Être dans mon propre monde, être avec la personne que j’aime. Je crois avoir trouver mon âme soeur… ll y a plein de façon de définir une âme soeur. Un partenaire, un ami ou autre. Je sais que je ferai toujours partie de ta vie, j’étais attirée à toi. Tu es si rayonnante, si belle. Tu es mon soleil, ma lune. Tu attises toutes mes passions, mes rêves. C’est trois jours ont duré une éternité. Tu étais partie si vite que… je ne savais pas quoi penser. J’aurai tant voulu te courir après mais je pensais que tu avais fui car tu pensais avoir fait une erreur mais pas du tout. Allys Renmyrth, quinzième du nom, je t’aime. Le monde pourrait également s’écrouler que mon amour pour toi me portera pour toujours. J’ai l’impression d’avoir trouver la moitié qui me manquait, je ne saurai que faire si tu venais à disparaître. Je pourrai faire n’importe quoi pour toi, voler une épée, te donner ma vie pour te protéger. Rien ne pourrait nous séparer ou m’empêcher de t’aimer… O grand jamais, je ne pourrai me passer de ses lèvres si délicieuses.    

Instinctivement, mon corps s’approche d’elle, la faisant basculer sur le divan. Elle était allongée de tout son long, mes mains encadrent son visage. Mes cheveux chatouillent ses joues. Elle était à ma merci et depuis des mois, je rêve de ce moment. Avouer mes sentiments pour elle, la faire mienne.

- Me laisse tu te montrer mon amour.    

Une sourire de sa part et me voilà de nouveau à goûter sa peau. Embrassant son cou, le creux de son omoplate, mordillant son oreille. Je sentais ses mains glissées le long de mon dos. Je finis par attraper de nouveau ses lèvres qui réclament son dû.

-  Je ne pourrai jamais m’en lasser. On ne peut rester enfermer ici à tout jamais ?  

Une bulle magique ? Quelque chose qui nous mets hors du temps pour nous laisser nous aimer. Ca serait une si bonne idée mais hélas impossible pour l’instant. De toute façon, on se sent vivant car on sait que chaque chose à une fin. C’est ça qui nous rendent humain malheureusement. Nos gestes deviennent plus rapides et l’idée d’enlever cette robe m’effleure. Je m’imagine alors Allys en dessous et une douce chaleur au bas-ventre m’envahit. Elle serait si sexy, je le sais et ma main glisse le long de sa robe pour la relever au niveau du haut de ses cuisses. Quittant son visage pour embrasser son cou, je descends pour embrasser sa cuisse et voir un aperçu de ce qu’elle porte en-dessous. Taquine, je lui susurre quelques mots à ses oreilles.

-  Je vois que les dessous sont en accord avec la robe...  

Je reprends alors notre ballet, nos corps finissent pas s’unir, seule la couche de vêtements nous sépare. La Princesse finit par regarder droit les yeux avec son regard brillant.

- C’est le moment de se réveiller…

Comment ça ? Je ne comprenais pas tout de suite quand…


Je reçois un oreiller en pleine figure et j’ouvre avec rage les yeux.

- Alors, on fait des bruits étranges quand on dort ? J’ai cru t’entendre dire plusieurs fois “ Allys “ ! Cette pastille fonctionne vachement bien.
- Pourquoi tu m’as réveillée ?    
- Parce que tu vas finir par être vraiment en retard. Regarde dehors.

Je lève la tête et effectivement Sekyung avait raison. Le soleil était au rendez-vous et je suis définitivement en retard pour le travail.

- Je te conseille de te prendre une douche pour évacuer tout... ça...  
- Rah, tu m’énerves. Allez laisse moi, je vais être encore plus en retard.    
- Bien sûr Madame la Première Ministre. La Reine serait ravie de savoir que tu fais des rêves équivoques d’elle.

Sans plus attendre, un oreiller finit dans la tête de la pupille.

- Seule la vérité blesse ma chère.
- File et prépare moi un petit déjeuner que je pourrai dévorer sur la route.    
- Bien sûr, après tout le sport de cette nuit, je pense que tu en as besoin.

Je file alors sous ma  douche, essayant d’évacuer effectivement toute cette frustration. Plus jamais je ne prends ses pastilles, plus jamais...