Comme on pouvait s’y attendre, la noble avait été suivie par Jack. Elle ne lui prêta pas attention, se contentant simplement d’ouvrir la porte cachée qu’elle trouvée et d’entrer dans la pièce ainsi dévoilée. En entrant dans ce véritable musée des horreurs qui s’offrait elle, Andra restait sur ses gardes. Elle avait pu trouver la pièce en suivant les rires grâce à sa boussole, ainsi elle espérait bien trouver là une solution pour quitter le manoir mais elle n’omettait en rien l’hypothèse du piège. Tout ceci avait peut-être été orchestré justement dans le but d’amené les tourmentés jusque dans cette pièce. La prudence était donc de mise. L’ambiance y était encore plus pesante que dans le reste du manoir. Seuls quelques chandeliers allumés pour on ne sait quelle raison éclairent la pièce ce qui laissait de nombreux coins sombre plus qu’inquiétant au vu de la situation. Et pour ne rien ajouter de rassurant, l’endroit était rempli de bibelot en tout genre mais tous relevant du glauque. Entre les objets à la fonction inconnues, ceux semblant vous susurrer d’approcher, les dessins d’humains annotés d’écritures incompréhensibles, ou les animaux étranges conservés en bocal, rien ici n’avait de quoi rassurer ceux s’y trouvant. Andra explorait donc la pièce précautionneusement, lentement mais sûrement, prêtant attention au moindre détail et désireuse d’éviter les potentiels pièges cachés. Elle fouilla ainsi la pièce jusqu’à être interrompue par Jack.

- Es-tu sourd, aveugle ou les deux ? Elle a hurlée à la mort, pleurant des larmes de sang juste avant de se faire avaler par une ombre dans l’entrebâillure de la porte où tu es ensuite apparut. Tu as dû l’entendre crier toi aussi, et voir l’ombre qui l’a faite disparaître. La question serait plutôt de savoir pourquoi Leif n’était pas avec elle et où il se trouve. Bien qu’il a probablement subi le même sort que son amie sans qu’on s’en aperçoive.

Évoquer ainsi à nouveau le sort de Léliana avait donné à la blonde des sueurs froides, repensant à la scène horrifiante à laquelle elle avait assistée à peine quelques minutes plus tôt, ce qui lui fit faire un mouvement maladroit. Elle s’était emmêlée les pieds dans on ne sait quoi et manquait maintenant de tomber à la renverse. Elle se rattrapa rapidement sur le piédestal non loin où trônait une grosse sphère qu’elle fit tomber en se rattrapant. De gros bruit se firent entendre dans le manoir, comme si les murs eux même étaient en train de bouger. Andra se hâta de remettre la sphère en place et tout s’arrêta.

- Étrange. On dirait que ce mécanisme est à l’origine des changements de pièces auxquels on a eu droit. J’ai envie d’essayer...

Je mets un instant à assimiler les informations qu’elle me donne, me renvoyant moi-même quelques minutes en arrière face à mes propres souvenirs. C’est troublant. Définitivement. Que l’on soit témoin exactement de la même scène avec l’un des deux autres membres de notre groupe. Et quelque chose dans le regard d’Andra qui se veut ferme me dit qu’elle ne ment pas. On ne saurait mentir sur ce qu’on a vu quand c’est aussi traumatisant. Pas quand c’est si récent. Moi-même, je ne dois pas être difficile à lire à l’évocation de ce qu’elle a vécu. Triturant la boule dans ma poche comme ci c’était un anneau magique doté de grands pouvoirs et forgé dans les flammes d’un volcan ; ce qui est assez dangereux en soi ; le mouvement brusque d’Andra me sort des pensées. Je suis surpris parce qu’on entend tout comme par son analyse, mais elle n’a pas toutes les informations et il est de bon ton de les partager. J’essaie de paraître le plus calme possible, mais ce n’est pas quelque chose d’évident, vous en conviendrez.

-Leif était avec moi tout comme Léliana était avec toi. Il s’est passé la même chose. Les cris. Les larmes de sang. L’ombre. Dans la même entrebâillure de porte. Je n’ai pas entendu Léliana comme tu n’as pas entendu Leif. Tu n’as pas vu l’ombre comme je n’ai pas vu l’ombre. Ils ont disparu. Volatilisé.

On pourrait croire à nouveau qu’ils ont quelque chose à voir avec ça. Que mes soupçons initiaux ne sont pas si faux que ça. Le hasard veut que ce soit eux qui aient disparus. Coïncidence troublante. Un scénario pour mieux nous terroriser. Marquer nos esprits au fer rouge pour qu’on ne puisse pas ne pas y penser. Et s’en amuser, dans les combles de la demeure à l’abandon, se moquant de nos peurs et de nos actes désespérés. Ce serait un gros coup. Un jeu d’acteur improbable, certes, mais saisissant de réalisme. Mais même si c’est la vérité, ça n’enlève rien à la situation. Ce qu’il s’est passé n’est pas le jeu du hasard. C’était préparé, par eux ou par autre chose. Et l’esprit derrière tout ça est certainement très humain pour s’amuser de l’horreur de cette mise en scène. J’en reviens à la vivante.

-Il y a quelque chose ici qui s’amuse à nous faire peur. Ce qui s’est passé avec Leif et Léliana ne peut être un hasard. Et pour faire disparaître deux personnes, il s’agit d’un grand pouvoir. Un grand pouvoir qui s’il voulait vraiment nous faire du mal, il l’aurait déjà fait. Ce qu’il cherche, c’est à nous faire peur. A nous terroriser. C’est obligé. Rien n’est dû au hasard. Même cette pièce. Même cette boule. Elle est là pour une raison, pas pour nous aider. Ces ombres, ça ne doit pas provenir de pièges aussi simples. Peut-être que c’est un mécanisme pour sortir d’ici. Ou qui peut y contribuer. Mais on ne sait pas où.

Parce que c’est quand même ça le truc important. Sortir d’ici. S’amuser avec des mécanismes sans que ça contribue à nous libérer, ça ne va pas beaucoup nous aider. Surtout que je ne pense pas que ce qui contrôle nos faits et gestes en ces lieux va nous laisser faire si ce n’est pas dans ces plans. S’il est capable de ne pas tout contrôler. Et vu son pouvoir sur Leif et Léliana et l’incapacité d’Andra Milan à sortir de la bâtisse avec son propre pouvoir, c’est quand même difficile à croire.

-Il faut aller à contre-courant de ce que l’entité ici espère que l’on fasse. Avoir peur. Paniquer. Essayer n’importe quoi pour s’en sortir. Si on ne fait rien. Strictement rien. Voilà. Tapons un petit roupillon ici. Il sera bien obligé de réagir. De faire quelque chose. Le contrôle qu’il exerce sur cette bâtisse ne doit pas être infini. Toute dépense de pouvoir excessive finit par payer. Faisons le payer alors.

Logique, non ?

- Hein ?! Andra s’attendait bien à ce que le dénommé Leif ait subit le même sort que son amie puisqu’il n’était ni avec Léliana, ni Jack ni la noble. Mais elle pensait qu’il avait disparu ailleurs dans le manoir pendant que chacun essayait de se frayer un passage avec les changements de pièces constants et imprévisibles et non pas que ça s’était passé exactement au même endroit et au même instant que Léliana. Les deux amis que Jack accusait depuis le début de leur enfermement dans ce manoir avaient donc subit le même sort jusque dans sa temporalité et sa localisation. Simplement Jack avait vu Leif tandis qu’Andra avait vu Léliana. Cette nouvelle information rendait ce qui s’était passé encore plus étrange mais d’une certaine façon Andra commençait à s’y habituer. Ou tout du moins à ne plus être à une étrangeté près. Elle ne savait pas exactement depuis combien de temps elle était dans ce manoir mais ce qui était sûr c’est que la personne derrière tout ça était visiblement doté d’un pouvoir puissant. D’ailleurs le fait que ce soit précisément Léliana et Leif qui aient disparus avait sûrement dû raviver les soupçons du moustachu. Mais la blonde se moquait bien de savoir qui était derrière tout ça, tout ce qui l’importait était de sortir de ce foutu manoir.

Tandis que l’homme coincé avec elle exposait sa vision des choses, Andra ramassa la sphère qu’elle avait fait tomber de son piédestal en chutant et la remis à sa place. En attendant de prendre une décision il valait mieux tout bien laisser à sa place avant de déclencher un piège comme une idiote.

- Es-tu sérieux ? Penses-tu vraiment que ne rien faire est notre meilleure option pour sortir ? Une seconde… Andra prit un instant pour réfléchir. L’idée était elle vraiment si idiote qu’elle le paraissait à première vue ? Avait-elle seulement une meilleure idée à proposer d’ailleurs ? La réponse se fut rapide et c’était un non. L’idée était un peu idiote mais avait quelques chances de fonctionner. - Ce n’est peut-être pas si idiot finalement, ça ne coûte rien d’essayer. Rester calme est peut-être un bon moyen de contrer le plan de celui qui tire

Joignant le geste à la parole Andra se le laissa descendre au sol, s’adossant contre un mur dans un coin avec un peu d’espace. Elle ferma les yeux pour espérer donner, à terme, l’impression d’être assoupie. Mais bien sûr elle ne comptait pas réellement dormir ici, elle serait bien incapable de trouver le sommeil dans un endroit pareil de toute façon. Non la jeune noble espérait plutôt que leur petite ruse allait attirer le chef d’orchestre de toute cette plaisanterie macabre. Pour pouvoir rester en alerte malgré ses yeux clos, Andra décomposa dans la plus grande discrétion quelques discrètes mèches de cheveux en grains de sable qu’elle dispersa autour d’elle dans la pièce. Cachant son sable parmi la poussière ambiante, elle les faisait bouger lentement autour d’elle. Ce n’était pas grand-chose mais si quelque chose apparaissait soudainement dans la pièce le sable pourrait le repérer en entrant en contact avec. Une simple petite mesure de précaution supplémentaire, c’était faible mais la noble n’allait pas tenter le diable en s’en passant.

L’impulsive et impatiente Andra commença alors à attendre en silence, luttant contre son envie rageante de tout retourner dans ce manoir jusqu’à débusquer l’auteur de la mascarade pour lui faire payer. Se faire passer pour endormie alors qu’elle enrageait à l’intérieur n’était pas simple mais heureusement la blonde était un noble, et plus particulièrement une Milan : faire de son visage un masque impassible était dans ses gênes comme dans son éducation.

Un temps difficile à mesurer passa sans qu’Andra ne bouge ou ne parle jusqu’à ce qu’elle note enfin un changement. Les grains de sable qu’elle faisait virevolter dans la pièce ne rencontrèrent plus les nombreux objets auxquels ils se heurtaient jusque-là. Tout les bibelots occultes de la pièce cachée auraient disparu ? Elle voulait en avoir le cœur net et ouvrit les yeux pour vérifier mais en se posant autour d’elle, les yeux ambrés de la blonde découvrirent que ce n’était pas seulement les bibelots de la pièce qui avaient disparus. Elle n’était même plus dans la fameuse pièce dérobée d’ailleurs, elle était revenue à l’entrée du manoir. Il n’y avait plus ni rires, ni chuchotements, ni bruits étranges ni même cette sensation pesante qui régnait avant sur les lieux. Elle sortie sa boussole étrange et l’observa brièvement : elle n’indiquait plus rien de particulier. Logique puisque les murmures s’étaient stoppés mais la blonde préféra garder cette boussole bien utile avec elle et la remit dans

- On dirait que notre plaisantin a bel et bien finit par s’épuiser, les choses semblent être revenues à la normale. Vérifions ça.

Andra se releva et s’approcha de la porte par laquelle tout à avait commencé pour tenter l’ouvrir vers l’extérieur. En forçant un peu sur la poignée elle put ouvrir la porte et retrouver le monde extérieur.

- Libre à vous de chercher les deux autres dans ce manoir s’il vous en prend l’envie, moi je quitte les lieux au plus vite. Adieu.

HRP:

Qu’est ce que j’ai fait pendant ce temps ? Bah, j’ai attendu aussi. Au début, je me suis dit qu’on allait pouvoir tailler la bavette avec la Milan, mais elle s’est muré dans le silence et a aux pieds de la lettre mon idée. Par roupillon, je pensais surtout à ne pas bouger. Dommage. Discuter c’est toujours sympa et puis ça peut forger des belles amitiés. Peut-être que l’amitié chez les Milan, c’est quelque de pas nécessaire ? Ou juste qu’on ne côtoie pas les aventuriers, ni même les examinateurs, encore moins les futures conseillers potentiels. Bon. Du coup, je continue à faire le tour du propriétaire pendant un moment observant les différents objets. Je remets ma main dans la poche et je sors la sphère. On y voit toujours des visages. Un instant, je me suis dit si c’était pas les visages des deux disparus. Peut-être que briser la sphère les libérerait. Ou les tueraient. Pas forcement la meilleure idée à faire, en fait. Je la remets dans ma poche. Peut-être qu’on saura plus une fois que notre entité se sera manifesté. Du coup, je me repose dans un autre coin de la pièce, et j’attends. Et comme j’ai un peu de sommeil en retard, je me dis qu’il serait temps de dormir. Je sors ma couverture à dodo et mon coussin de rêve pour être confortablement installé. Toujours avoir ça avec soi. Surtout quand on est examinateur. Ils nous arrivent parfois de dormir au bureau tellement on est des acharné du travail. Ça vous sauve des nuits parce que le papier, c’est pas très confortable.

Je me réveille quand, visiblement, la magie qui entoure ces lieux se dissipe. Parfaitement reposé grâce à un équipement de qualité, je range le tout avant de boire un coup, parce que la déshydratation est une chose bien horrible. On est à l’entrée. De l’autre côté, la Milan se redresse aussi et ne tarde pas à ouvrir la porte, signe d’une liberté renouvelée. Je ne m’attendais pas à beaucoup de considération pour les deux autres. Même si j’ai toujours eu des soupçons, qu’ils ne réapparaissent pas pour tenter de nous déstabiliser à nouveau m’interpellent. Je tente quand même de concerné Andra Milan sur ce qu’il s’est passée, mais c’est peut-être peine perdue.

-C’est noté. Si vous croisez de l’aide, n’hésitez pas à parler de cet endroit ! Il serait malheureux que d’autres personnes soient victimes de ces lieux !

Des lieux qui s’attaquent à n’importe qui. Vous vous imaginez si quelqu’un de vraiment important en restait prisonnier ? De mon côté, je préfère rester un peu. Au fond de moi-même, je finis par me dire que les deux zigotos n’y sont peut-être pour rien. Qu’ils n’aient pas réapparus est très étrange. Même s’ils sont responsables, peut-être qu’ils ont brulés toute leur énergie et qui sont à l’agonie, quelque part. Malgré leur facétie, est-ce qu’il est Whiskeyjack de laisser des gens à la merci du danger ? Non. Evidemment. J’ai une pensée fugace et je sors la boule de verre que j’ai récupéré car, oui, je l’ai toujours. Coïncidence ou pas, je ne vois plus les visages à l’intérieur. Cela signifie t-ils leur libération ? Vais-je les trouver quelque part dans le manoir en ruine et désormais silencieux ? Ça ne coute rien d’essayer. S’il se produit quelque chose de bizarre, je mettrais les voiles et j’irais chercher de l’aide. Il ne faut pas oublier qu’ils s’étaient présentés comme des aventuriers. Si c’est bien vrai, un futur conseiller ne va pas laisser ses ouailles dans cette situation. C’est un devoir de vérifier.

Je pourrais vous parler de si je les ai trouvé ou pas, ou si j’ai eu besoin d’aides, mais c’est là un secret de l’histoire. Car une sœur se doit de retrouver son frère et pour l’autre, bon, c’est quand même triste si des gens disparaissent, non ? On préférait qu’ils restent à jamais pour vivre de nouvelles aventures loin des manoirs pleins de fantômes. Triste réalité, n’est ce pas ?

HRP - Réflexion de fin de RP: