Elle détacha le ruban qui retenait sa chevelure. Ses cheveux cascadaient et chutaient de son crâne jusque dans son dos. Tout ce qu'elle voulait, se reposer. Une nuit de beuverie n'avait pas suffit à étancher certaines de ses soifs... Il lui en fallait toujours plus, de toute façon. Nue, elle s'enfila au chaud dans son lit douillet, le seul confort qu'une femme devrait toujours avoir à disposition. Le sommeil, s'était sacré pour Melody. Elle rechargeait ses énergies, restaurait sa patience, et ne faisait plus qu'un avec le petit dieu du sommeil, si insignifiant et pourtant si important en même temps. Cette dualité ainsi présentée, lui aurait plût.

Tendrement, calmement, elle s'enfonçait dans les bras de ce sombre inconnu, et tandis que ses paupières se faisaient lourdes, de plus en plus lourdes... Un doute la tarauda. Elle marmonna quelque chose d'incompréhensible à une personne inexistante. Se retourna et se défit des couvertures moelleuses et duveteuses.

- BORDEL ! Lâcha-t-elle d'un seul coup, criant comme si on avait réussit, enfin, à l'effrayer. Pourtant aucun son ne sortit de sa bouche, aucun cris d'aucune sorte. Tout ce qu'elle trouva à faire, fut retourner le petit appartement qu'elle occupait au dessus d'une artère commerçante, et qu'elle louait au prix fort. Coquet, bien entretenue, décoré avec sobriété, il reflétait parfaitement sa propriétaire, une aventurière pleine de toupet, solaire, mais qui savait cacher ses atouts sous des manières d'hommes.

Enfin, c'était ce qu'il reflétait, car elle était entrain de démolir des années de patience et de décoration choisis. On vit voler des objets et d'autres, des tapisseries, des tableaux, des boussoles, des compas, des armes de rechanges... Mais impossible de remettre la main sur Diplomatie, sa lame fétiche et véritable postiche de son pouvoir latent, la cérémonie Voodoo.

Et elle ne savait plus vraiment ce qu'elle avait fait de la soirée, a part noyer l'ennuis dans une pinte de bière de la main droite, et un verre de rhum de la main gauche. Que ce soit dans un établissement cossue ou bien dans un bouiboui glauque sans nom, elle ne pouvait pas se permettre d'égarer la source de son pouvoir ! Ce qui faisait d'elle ce qu'elle était, une duelliste impressionnante et redoutée ! Sa bêtise sans nom la hantait, sa maladresse la mena presque au bord des larmes, et tandis que nue, elle ressassait le passé lointain, lui revint en mémoire qu'elle avait dû se battre, cette nuit là.

Tandis que l'aube pointait, les souvenirs affluaient.

Noire et obscure nuit, sombres intentions dans la ruelle aveugle. Des étrangers, des brutes épaisses... Ils avançaient, tous masqués par le voile de ses pensées perturbées, et de l'alcool aidant. elle avait but plus que de raison. Et quand elle faisait ce genre de chose, n'en découlait que des misères. Elle le savait pourtant, son karma négatif pouvait refaire surface à tout moment, Lucy ne l'ayant bénis que pour ses dettes de jeu, et non pas pour tout ce qui touchait de l'homme. Avec un petit h. Alors que tout avait bien commencé, elle sentait que la situation dérapait, lui échappait, et sombrait vers le sanglant. Comme d'hab', pensa-t-elle dès lors. Dire qu'elle était sur le point de rentrer chez elle, tout près d'ici. Puis elle avait croisé ses brutes épaisses. Sans se souvenir pourquoi, elle se souvenait qu'ils l'avaient bien chercher.

Ils étaient peut être trois, voir quatre. En tout les cas, n'en resta plus qu'un seul au bout d'une fraction de seconde. Que pouvaient faire quelques brutes épaisses d'un horizon lointain, face à une aventurière, première ligne de front de la guilde et duelliste hors pairs, même aviné autant que ses adversaires ?

Mais le dernier était tenace. Et tenait dans sa main une hache, petit format de poche, pour pouvoir voyager tranquillement avec. Nomade et pourtant aussi con que la lune, il se précipita sur elle, elle, s'esquiva en saut de main sur la droite. Elle blessa son adversaire, et sût que c'était gagné pour elle à ce moment là. Et peut être, que trop imbue d'elle même ... Oui, oui ... Elle avait commit une erreur.

... Vision floue... Vue floutée... Elle rentrait chez elle, du sang dans les cheveux, ne se souvenant même lequel était le sien, et lequel ne l'était pas ... Tout ce qu'elle souhaitait, un bon bain chaud et se coucher.

Son corps était peut être brisé, ou bien juste rompu de fatigue et de douleur. En tout les cas ...

Diplomatie n'était plus à sa ceinture.
Son tact et son flegme légendaire aussi.
Paniquée, elle se jeta à l'extérieur de son appartement, et s'apprêta à filer dans l'aube naissant, chassant les étoiles comme un traqueur expérimenté, sans appel, sans vergogne.

Être un être humain qui se respecte, ce n'était pas toujours choses aisé. Il y'avait des hauts et des bas, des débats et des cas de conscience. Bien sûr, lui taraudait son côté lumineux, d'avoir mis fin à des vies. Plus elle avançait dans les rues de la villes, plus la matinée avançait, plus elle se disait qu'elle aurait peut être du réagir autrement. Pourtant, comment vaincre sans dommages collatéraux, des hommes déterminés à vous descendre, plus bas que terre, dans les tréfonds obscurs de l'enfer ? Elle se disait qu'elle aurait pu éviter de côtoyer la mort, cette sombre garce, amante fidèle du guerrier, et pourtant redouté de tous ? Elle renfonça sa tête dans le col de sa veste chaude, aux épaulettes de cuir et refit le nœud qui enserrait son cou dans un foulard aussi blanc que sa chevelure. Le retenant comme un barrage de castor retenait l'eau cascadant d'une rivière, se trouvait le joyau de sa famille, une émeraude pure et massive, qui peinait à tenir dans ses mains graciles. Ses lourdes bottes cloutées se démenaient sur le sol fangeux d'un quartier populaire de la capitale.

Elle éclaboussa son pantalon de toile, dans le caniveau qui ne lui importait pas. Qui ne lui importait plus. Elle fouillait chaque coin de la ruelles aveugle et obscure à la recherche de son arme. Elle avait, pensait-elle, retrouvé le lieu de ses sombres pulsions inavouables, et de ses erreurs du passé proche. Le lieu du massacre, comme dirait chaque passant observant l'hémoglobine qui entachait les murs et le sol. Un boucher. Voilà ce qu'elle était. Et cela peinait la créature solaire, qui vénérait et honorait la vie, comme d'autres le culte de Lucy. Voyons, elle était une guerrière de la joie et de la bonne humeur après tout, elle ne devait pas perdre le combat contre ses envies les plus maussades, ses humeurs les plus massacrante. Après tout, cela avait été elle, ou eux. Pas plus, pas moins, que la loi du talion qui sévit sur notre univers ; Soit tu es le faible qui ploie, soit tu es le fort qui bat le fer tant qu'il est encore chaud.

Après tout, aurait elle dût se laisser violer par ses sombres individus, pour correspondre à la morale qu'elle avait chevillé au corps ? Elle était une duelliste, et malgré toutes les plus bonnes volontés du monde, la mort faisait partie de son métier. On courrait toujours le risque d'éteindre une volonté, ou bien que la sienne vacille. Bientôt, l'éclairage publique, s'éteindrait lui aussi ; Tout comme les vieillîtes de ses adversaires de la veille, quand Diplomatie passa en travers de leur abdomens. Sa première erreur fut de revenir sur les lieux du crime. Pourtant, avait-elle vraiment le choix ? Elle savait que non, son arme avait plus d'importance que sa liberté, que sa vie elle même au sein de la capitale, et de la guilde des aventuriers.

Elle était le prolongement de son âme, son amante la plus chérie de toute. Car si elle ne connaissait la chaleur des hommes, ni bien même d'une femme ; Elle avait toujours été attiré par les deux. Pourquoi choisir ? Quand on pouvait faire son marché des deux côtés ? Bien sûr, son inexpérience aidant, Melody sombrait souvent dans des fantasmes inavouables. Elle se disait que c'était ce genre de comportement, qui attirait ce genre d'hommes.

Après tout, l'on n'avait que ce que l'on méritait, et l'on attirait à soit que des êtres qui nous ressemblaient. Alors que dire de Melody Aubépine, témoin et actrice de ce carnage ? Qu'elle méritait d'être suivit, agressée ? Qu'elle était semblable à ses viles créatures venues du Nord, grossières et têtue, immonde dans leur intention ? Non, elle ne supportait pas, ou plus, cette idée. Elle ne le pourrait jamais. Elle quitta la scène, tandis que la vie s'activait tout autours d'elle, et croisa des hommes qui, s'ils étaient divers et variés par leur habilement, portait tous la plaque de la garde.

Elle avait apprit à les reconnaître de loin.

- Beignet, chouchou, caramels beurre salé ! Faisait la voix d'un homme sur son passage, qui essayait de vendre et de vaincre l'ennuis. Tandis que les crieurs publiques s'activaient enfin, déversant la parole de leur journaux dans la rue pour tout les illettrés, et tout ceux qui n'avaient pas le temps de lire un torchon pareil, ou bien même cette sorte de héraut, qui ne faisait que répété les édits, et écrits, de la royauté ; Elle battait la campagne et le pavé à la recherche de sa Diplomatie. Diplo était une grande dame de soixante six centimètre, bout d'acier taillé pour tuer. Sa garde était dorée, simple et pourtant finement ouvragé. Un sabre de duelliste classique, mais efficace, offert par un maître d'arme dans d'autres temps, dans d'autres lieux. Elle lui manquait. Sans elle, l'albâtre ce sentait nue.

Finalement, elle se résolut à quitter le quartier aux mauvais atours, pour se diriger vers le centre névralgique de la guilde des aventuriers. C'est là qu'elle le vit. Tenant empaqueté, dans un foulard ou autre tissus, son arme de prédilection. Elle lui sauta quasiment littéralement dessus.

- Toi, oui toi là, est-ce que cela t'appartiens ?!! Fit-elle presque agressive au premier abords, mais surtout soulagé, eut un sourire chaleureux en reconnaissant sa diplo. Je ne crois pas non ! Continua-t-elle néanmoins, accusatrice et démoniaque. Fatigué et rompue surtout. Du sang coulait encore de ses cheveux jusqu'à ses nuque gracile. Je l'ai cherchée partout ... Ma lame. Termina-t-elle, presque pleurnichant à moitié. Tendant la main vers sa précieuse possession. Elle avait beau être une guerrière, elle restait sujette à des émotions, elle aussi.

Et il lui avait fait connaître un sacré manège, de sacrés sensations fortes, cet homme.

Bien sûr, elle aurait pu nier, se recrier. Elle aurait pû tout nier en bloc, et mentir. Seulement, était-ce dans son intérêt ? Pouvait-elle se le permettre ? Et l'aurait elle fait, si honnête que le jeune fille avait du mal à cacher ses sentiments devant les autres ? Ses yeux fauves se plantèrent dans ceux du jeune homme, l'étudiant autant qu'il le faisait. Elle bafouilla, sa lèvre supérieur étant sujette à des tremblements. De colère ou de honte, nul n'aurait sût dire. Elle s'inclina du buste, dans une posture si ce n'était de soumission, restait très respectueuse, car elle ne pouvait que remercier l'homme qui lui faisait face. Elle était sa débitrice après tout.

- Mélody, aventurière, duelliste de métier, et souvent première ligne de front de notre noble institution. Fit-elle, une main sur son chapeau pour qu'il ne dégringole pas de sa tête. Il était vrais qu'elle jouissait d'une chance insolente. Mais d'habitude, cela ne concernait que sa fâcheuse habitude de perdre aux cartes, et beaucoup d'argent. Elle s'étonna donc d'avoir autant de positif à retirer de cette rencontre, et de retrouver aussi facilement sa Diplomatie. Elle emboîta donc le pas de Nora, suivant en trottant quand lui faisait de grande enjambée, elle devait en faire quatre.

Elle détailla son regard sous son tricorne quelques instants, mais le silence qui s'instaurait entre eux la poussa à parler, à s'expliquer. Elle ne voulait laisser son sauveur du jour dans le doute quand à ses intentions, qu'elles soient louables ou non.

C'était eux ou moi. A dires vrais, j'ai fauté. J'ai fêté. Je n'aurais jamais dût m'aventurer dans cette ruelle, ce soir là, à cette heure tardive. Tu sais, ce n'est pas pour me plaindre -ce n'était pas dans ses habitudes- mais il est difficile de se tailler une place dans notre monde, quand on est une femme. Alors quand ils m'ont agressé, et aviné comme je l'étais, je n'ais pas retenue mes coups comme à mon habitude. J'ai paniqué. Et voilà le résultat ... Dire que d'autre auraient fini percluse de douleur, roulée en boule dans la fange, et avouons le, violée pour sûr, traumatisées à vie.

C'était cela qu'il aurait voulut pour elle ? La fin justifiait les moyens. Et elle s'était donné les moyens de ne pas être une victime de plus sur le tableau de chasse de petites frappes.

Elle était une battante, et une survivante, la petite. Voilà ce qu'il fallait en penser finalement, mais bien loin de moi l'idée de vouloir influencer votre jugement. Il vous appartient à chacun de savoir quoi penser, le libre arbitre est le propre de toute bonne histoire. Même les plus sales, sombres et obscures, ont quelque chose à nous apprendre. Et visiblement, Melody, du haut de ses vingt cinq ans bien tassées, avait également quelques petits trucs à appréhender, encore. Des tips, des astuces, que le traqueur pouvait apparemment lui fournir, car il cacha leurs effets dans une buisson touffue et haut, lui dévoilant un espace vide de monde dans le capitale, une sorte de place ou la nature reprenait ses droits.

Il y'avait du lierre aux murs, et les maisons étaient si serrés les une contres les autres, qu'elles formaient une sorte de muraille lisse de toute sorties pour s'échapper. Ainsi, n'avait-elle que d'autre choix que de l'affronter ? Elle eut un sourire délicieux, qui montra ses dents blanches et bien entretenue. Si la politesse ne l'étouffait pas en certaines situations, du moins la propreté était un cheval de bataille qu'elle montait avec plaisir.  

- Heureusement que je ne me suis pas changé, je sens que je vais rapidement déchanter, et finir le nez face contre terre... Dit-elle en enlevant son chapeau et son manteau, devoilant une silhouette qui semblait plus aguicheuse que prévue. Des seins fermes, un popotin bien rebondie, qu'elle cachait sous des atours d'hommes, pour ne jamais être jugé femme. Ni potiche, ni princesse, elle était une guerrière avant tout.

L'autre l'avait peut être comprit. Elle acceptait le défis qu'il lui proposait. Difficile pour un duelliste de lutter sans son arme de prédilection. Mais il le fallait, quelque part, elle devait s'améliorer, toujours.

Elle se rua sur lui en tapant de sa botte contre le sol, et arrivant au contact, chargea un coup de pied, qui, s'il n'était très puissant, était rapide comme un coup de vent entre deux fenêtres ouvertes. Elle essaya d'atteindre une de ses jambes, pour le déstabiliser, et ainsi enchaîner sur d'autre coups plus destructeurs.

Elle avait à cœur de prouver qu'elle était capable.

*Prends ça, et dis moi en des nouvelles*

Cela devenait physique. L'amitié hommes-femmes était elle vraiment une hérésie ? A dire vrais, tout semblait possible avec Nora. Il était d'une droiture peu commune, le cœur sur la main également -comme le tendait à prouver ses cours de corps à corps improvisés, mais surtout il semblait avoir une philosophie de vie tourné vers le bien, le positif, l'immaculé. Quand à Melody, elle était, bien que lumineuse, une bien obscure personne à ses côtés. Par exemple, elle n'aurait jamais pris le temps d'examiner la scène de crime pour y retrouver l'arme du crime, elle se serait sans doute contenter de passer son chemin, mût par l'instinct qui lui disait que ce n'était pas ses affaires. Elle ne se mêlait jamais des affaires de Mort, mais bien entendue, elle avait également ses moments de tendresses, ses moments de bonté. Pour la vie, exclusivement. Les vivants l'intéressait d'autant plus que la jeune duelliste aimait se confronter à eux, se pencher sur leur cas et numéroter leur abatis. Sois proche de tes amis, encore plus de tes ennemis dit l'adage. Et bien Melody se rapprochait de tout le monde, parce que finalement, tout le monde était l'ennemi. Rien que ça.

Pourtant, le jeune Nora semblait la faire changer de vision du monde. Déjà, il n'avait fait que la prendre avec bienveillance depuis le début, même ses leçons de morale étaient empreint d'une tendresse qui lui faisait du bien. Ou bien était-ce le choc à la tête qui la faisait vaciller sur ses positions, nous ne le saurons peut être jamais.

Elle continuait néanmoins de malmener son corps, de le pousser dans ses extrêmes limites. De lui en demander toujours plus. Le premier choc fut brutal, laissant sans doute une marque sur son tibia pourtant protégé de lourde bottes montantes et cloutées. Elle y avait mit de la force, et il en avait fait tout autant. Après ce premier échange, elle sût qu'il n'allait sans doute pas la ménager, et encore moins retenir ses coups. Il la prenait au sérieux, et rien ne pouvait lui faire plus plaisir, si ce n'était de retrouver la sensation de l'acier dans sa main, et dans tout son corps même.

Car si elle avait une particularité, Melody, c'était bien de se blesser continuellement. Une étourdie ? Une masochiste ? Non, un pouvoir étrange dont elle tirait le maximum de fruits, et dont elle avait fait le coeur de son métier. Capable de faire saigner un ennemis sans le toucher, on l'aurait taxé de sorcière dans d'autres univers. De la pure sorcellerie, sinon, comment expliquer qu'elle pouvait ainsi, à sa guise, vous toucher sans jamais s'approcher ? Mais là, la donne avait changé. Elle était désarmé, sans le catalyseur qui servait son pouvoir spécial. Elle devrait donc improviser, et donner le change vaille que vaille à son vaillant adversaire du jour ; Un aventurier bien plus fort, entraîné, expérimenté, qu'elle. Il avait dût en connaître des déboires, dans sa vie, elle le sentait dans son regard, dans son attitude, dans ses coups même.

Un coup de tête la sonna, elle vit trente six chandelles. Surprenant. Rafraichissant. Elle se dégagea en appuyant de ses bottes contre le torse de l'homme, et en forçant de tout son possible. Elle tomba au sol, comme elle l'avait prédit, et effectua déjà une roulade si tôt le dos contre la terre battue de l'endroit. Elle se releva lestement. Ils étaient à distance.

- Ainsi, tu sais te servir de ta tête, c'est certains cette fois. Qu'elle dit avec un sourire lumineux. Elle aimait cette séance. Cela la remettait à sa place de vulgaire humaine. Elle tendit le bras, et lui fit signe de s'approcher. A lui d'avoir l'initiative cette fois.

Entré dans la danse, valse et valse comme d'autre chasse leur idées noires dans la boisson, ses deux là étaient fait d'un bois semblables mais dont les aspérités était différentes. La duelliste était plus rugueuse, tandis que le traqueur était plus souple. Ils avaient tout deux à apprendre l'un de l'autre, sans aucun doute.

L'amour et le combat son deux disciplines semblables, qui exigent du contact, et ça, Mélo le comprenait assez bien sans jamais l'avoir vécut. Quelques parts cet échange de coup assez rudes et rugueux semblait commun, mais il s'agissait de faire connaissance par un autre mode d'expression surtout, pour ses deux aventuriers, fleurons de la jeunesse dorée de la Capitale en matière de combat, et d'aventures. Les deux enfants prodiges de la famille, tout deux s'affrontant sur le rythme endiablé de leur coeurs au diapasons. Une sorte de symbiose semblait se créer entre eux, comme si, en échangeant des coups, ils échangeaient également une sorte d'alchimie propre aux guerriers. Pas étonnant qu'ils soient tout deux à bout de souffle après quelques minutes d'une intensité remarquable. Ils étaient au taquet de leur capacité, en tout les cas, c'était bien vrais pour la jeune duelliste, qui excellait surtout dans les combats en un contre un, du fait de son métier et de ses compétences.

C'était la seule raison qui faisait qu'elle était encore en lice dans cette joute, car elle savait très bien analyser, décortiquer et lire les informations qu'un combattant laissait deviner en attaquant. A contrario, elle ne savait vraiment pas bien se battre devant une pluralité d'adversaires. Matière que semblait pour le moins maîtrisé le jeune ranger et éclaireur de la guilde, comme le prouvait son sens aïgue des choses et des gens. Il s'y prenait tellement bien que s'en était rageant pour la donzelle, coincée dans un corps de princesse, et flanqué d'une personnalité pour le moins redoutable.

- Je me débrouille, sans plus dit-elle en restant modeste, tu es bien meilleur que moi, l'ami. Lâcha-t-elle en baissant légèrement les yeux, quelques secondes de déconcentration dû à une humilité presque maladive chez la jeune Mélo. Elle ne relâcha pas longtemps sa vigilance, et garda sa position de garde classique ; Les bras le long du corps, les épaules détendu, le corps de profil, flexible sur ses appuies. La raison la gourmandait de se précipiter une nouvelle fois au front, de faire face avec toute sa force et toute sa technique contre les attributs de Nora.

S'il elle pouvait paraître fluette, la jeune femme s'exerçait chaque jour à de lents et complexes exercices, autant de respiration, que de musculation. Elle savait que son corps était le premier rempart, la première arme dont elle disposait. Son endurance était remarquable, et elle était au paroxysme de ses capacités, à l'orée de ses vingt six ans.

- Viens donc voir maman, elle doit avoir encore quelques petits trucs à te montrer dans la manche ! Dit-elle avec un sourire féroce, et un air de lionne. Ses mèches de cheveux encadrait son visage empreint d'une joie non feinte, et réelle. Elle aimait se battre, par dessus le marché ! C'était son train train quotidien, la routine qu'elle avait accepté, les cicatrices et les bleus avec. Pas loin de lui foncer dessus, elle était tendue comme la corde d'un arc, attendant que son adversaire, ne la charge à son tour, car cette fois ci, elle lui montrerait ce qu'elle valait en défense, à jeun.

La terre battue se souleva sous les bottes de Melody, tandis qu'elle changeait d'appuis tout en restant immobile. Bouger tout en restant fixe, c'était ça qui faisait d'elle une redoutable défenseuse.

Il lui fonça dessus, sans une parole, sans aucune autre forme de procès. Il s'élança avec toute sa masse, et frappa de tout son poids. Elle fit donc ce qu'on attendait le moins d'elle, et encaissa le coup. Cinglant, il gifla sa joue, qu'elle décala de quelques millimètres pour ne pas subir toute la force imprimée dans l'attaque. Elle tourna autours de la main qui venait de la blesser, la joue en feu et le sang dégoulinant faisant corps avec son envie de rendre la douleur de l'attaque.

Elle frappa dans les côtes, du plat de la main, et il encaissa sans mot dire. Toujours engourdie du côté droit du visage, elle fit contre mauvaise fortune bon coeur, et recula, cédant du terrain au fur et à mesure qu'il déchaînait une ribambelle de coup, véritable pluie diluvienne venant frapper contre les portes de sa défense. Elle savait frayer avec les limites, la jeune dame. Elle aimait friser avec les limites, la duelliste. Guerrière jusqu'au fond des tripes, elle tenta de rendre les coups, mais la vitesse et l'assurance de son adversaire lui coupait toujours l'herbe sous le pied.

Ainsi, il restait des guerriers de cette qualité sur Aryon ? Elle devait faire montre de tout son savoir, de toute sa dextérité, pour ne pas perdre. Elle devait faire démonstration de toutes ses passes d'armes pour arriver à égaler son niveau au combat.

Il se passa quelque chose d'étrange ensuite. Ce fut une impression, fugace, d'irréalité. De quelque chose de mauvais. Une image d'enfer, de sang et de peur. Il y'avait quelque chose de changé chez l'homme qui lui faisait face, et Melody en étant d'autant plus consciente qu'elle était au diapason de ses émotions, et guettait la moindre faille à utiliser contre son adversaire. Ses mouvements se firent moins vifs, plus saccadé aussi. La fatigue ? Pourtant ses coups se faisaient de plus en plus lourd, de plus en plus précis, plus dangereux, également.

- Nora ?! Fit-elle en parant un coup qui lui démit presque l'épaule. Il sourit comme un damné quelques fractions de secondes, et elle crût voir dans le reflet de son regard, toute l'ombre qui planait sur ses épaules. Elle recula de justesse, mais la puissance du coup, allié à son déséquilibre créer par la suprise, la fit dégringoler de son pied d'estal... Et attérir les fesses en premier, par terre. Elle ne se releva pas tout de suite, mirant son camarade du coin de l'oeil tout en respirant à la manière d'une forge en pleine utilisation.

Elle mit ses deux mains au sol en sifflant très fort... Eh bah, il est pas passé loin celui ! Qu'elle fit autant pour elle même, que pour Nora. Elle leva ses yeux vers lui, essayant de guetter ses réactions. Que pouvait-il bien s'être passée ? Et quel était cet impression de danger, de mort imminente, qu'elle avait ressentit dans ce dernier coup, et qui l'avait fait reculer plutôt que de tenter une contre attaque ?