Toujours était-il que cette histoire d’enlèvement et de prostitution était revenue aux oreilles de la rose il y a quelques jours de cela. Non pas lors d’une de ces soirées passées à la taverne mais bien en recevant un ordre de mission. La piste avait été remontée et menait jusqu’au village perché où le réseau semblait prendre sa source. L’affaire aurait dû simplement être confiée aux gardes de là-bas mais il fut décidé d’une collaboration entre village perché et grand port. D’une part car responsables semblaient désireux d’étendre leurs activités aux grand port et d’autre part car Sammael avait été celle sur le coup lors de la découverte des premières pistes. Et au vu de leurs info le groupe était assez important, envoyer une valkyrie -récemment promue à la tête des valkyries aux côtés de Solveig en remplacement Thépa- n’était sûrement pas de trop. La mission consistait donc à enquêter en petit comité pour vérifier les informations déjà en possession de la garde, en obtenir de nouvelles et à terme pouvoir envoyer l’effectif nécessaire pour démanteler tout ça.
Sammael s’était donc rendue au village perché -le campement du groupe de bandits étant censé être dans la grande forêt, non loin de là- pour y rencontrer celle avec qui elle allait faire équipe pour cette assignation. Une certaine Lyriss. Puisqu’il s’agissait d’une mission d’infiltration -et qu’elle ne portait de toute façon jamais d’armure- la valkyrie s’était vêtue assez simplement : un mini-short bleu-gris et un haut noir mettant sa poitrine en valeur. En réfléchissant à la mission elle s’était dit que puisqu’elle était deux femmes, se faire volontairement capturer pour renter dans la base des bandits et ensuite s’échapper et mener l’enquête pouvait être une solution. Elle avait donc choisi cette tenue assez légère pour se mettre en valeur, au cas où elles venaient à utiliser cette tactique. Quoi de mieux qu’un décolleté plongeant pour se jouer d’un groupe d’hommes prostituant de force des jeunes femmes après tout. De toute façon elle portait son collier rendant ses vêtements aussi résistants qu’une armure en cas de problème. Elle avait aussi pris le soin de cacher une fine lame dans sa botte. Encore une fois elle pensait bien ne pas en avoir besoin mais il valait mieux être prévoyante puisqu’elle ne pouvait pas se permettre d’emmener ses katanas. Elle n’avait pas non plus pris son sac sans fond puisqu’elle si elle se laissait capturer son sac lui serait sûrement retiré et serait fouillé, ce qui pourrait trahir son identité selon ce qu’elle y emportait. La valkyrie était donc venue assez simplement, emportant le moins d’affaires possibles, et vit enfin arriver la silhouette de cette qui allait l’accompagner. Une jeune femme, silhouette fine, cheveux cendrés, yeux verts et visage marqué d’une cicatrice bien visible. Nul doute qu’elle avait affaire à quelqu’un qui avait l’expérience des combats. Plutôt mignonne.Se dit-elle en allant l’accueillir, large sourire sur les lèvres, s’approchant pour la saluer d’un ton jovial.
- C’est toi Lyriss ? Vu la descripton qu’on m’a donnée ça ne peut être que toi. Moi c’est Sammael, valkyrie au Grand-Port. J’ai jamais bossé avec les gardes d’ici, ce sera une première fois pour moi. Contente de te rencontrer.
Comme beaucoup de monde, femme et homme compris, Lyriss était bien évidemment très sensible à la protection de l'intimité et de la dignité de tout un chacun. Inutile sûrement de préciser qu'elle prenait donc cette affaire très à cœur. Au delà de ça, elle savait néanmoins que faire de tous ses sujets une affaire personnelle contribuerait à sa fin immédiate au sein de la Garde. Elle avait donc appris, avec le temps et l'expérience, à se préserver de tout cela en érigeant une carapace suffisamment épaisse pour lui permettre de compartimenter.
Elle ne perdait donc pas la mission de vue. Le reste devait lui sembler secondaire. Elle avait reçu l'information selon laquelle elle ne serait pas seule pour cette mission. Judicieux. Il aurait été inconsidéré, voire stupide d'envoyer une femme seule pour traiter ce genre de sujet. Ceci étant dit, quoi de mieux qu'une femme pour infiltrer un réseau de prostitution? D'après ce qu'elle avait lu, sa partenaire d'un jour en était une aussi. Elle doutait fort que le choix soit hasardeux.
Sammael - puisqu'à priori, il s’agissait du nom de sa coéquipière - devait l'attendre au lieu de rendez-vous convenu, non loin de la foret. Lyriss avait opté pour un chemisier blanc de lin classique ainsi qu'un pantalon de cuir skinny, comme à son habitude. Elle n'avait pas réellement de vêtements différents. Elle variait assez peu son style. Dans ses bottes de cuir doublé de fourrure, elle avait clissée un petit coutelas protégé par un fin étuis de cuir au cas où elle en aurait besoin. Hors de question de s'encombrer d'une arme puisqu'elles se devaient de passer incognito.
En parvenant au point de rendez-vous, elle constata qu'une jeune femme se trouvait déjà là; Elle avait fait plus d'effort qu'elle pour se mettre dans la peau du personnage. La mise en valeur de ses atouts était réussi. Si bien que Lyriss culpabilisa presque de ne pas avoir fait preuve du même zèle. Elle espérait ne pas être recalée pour cela. "Bonjour, oui c'est bien moi. Sammael je présume? Heureuse de faire ta connaissance". Répondit la jeune femme d'une voix sans timbre. Ni sombre ni enjouée, Lyriss faisait souvent preuve d'un flegme déroutant. En réalité, si l'idée de démanteler ce réseau l'enchantait, l'idée de servir d’appât vivant, un peu moins. "Désolée, j'aurais du faire un peu plus d'efforts pour me fondre dans le décor". Avoua t-elle en désignant la tenue de la jeune femme qui lui faisait face. "Tu ne risque pas de prendre froid?" Repris Lyriss qui, ne ressentant pas le froid, n'avait pas trop à s'en inquiéter la concernant. Pour sa comparse, c'était en revanche une autre paire de manche. Ceci étant dit, elle n'avait pas la moindre idée de la température qu'il faisait présentement. Peut-être bien qu'il faisait bon en réalité.
"Tu penses vraiment qu'on trompera quelqu'un? J'avoue que je ne suis pas très à l'aise". Elle n'était pas du genre à se dégonfler. Elle irait jusqu'au bout. Mais son truc, c'était se battre, et sauver des vies. Elle n'était pas une pro de l'infiltration et en venait même à se demander pourquoi c'était elle qui avait été choisie. "Attend". Reprit-elle en retirant sa ceinture, la remontant sur ses hanche pour cintrer son chemisier. Ainsi, elle pu ajuster sa tenue pour montrer ses formes et accentuer un peu plus son décolleté. Elle avait quelques formes, mais était globalement assez maigrichonne, même si ses hanches rattrapaient un peu le tableau. "Prête". Assura t-elle alors que ses iris bleutés se plantaient dans ceux de sa partenaire et qu'un rictus facétieux se dessinait au coin de ses lèvres.
- Ma foi, faut souffrir pour être belle nan ? On va dire que c’est les risques du métier. Sammael riait de bon cœur, préférant comme d’habitude la bonne humeur et la joie de vire à une ambiance aussi sérieuse qu’ennuyeuse. - Et toi ? T’es pas bien plus habillée que mo, t’as pas peur de prendre froid ?
Lyriss fit alors part de ses inquiétudes puis ajusta sa tenue, remontant sa ceinture pour cintrer son chemisier. Son maintenant bien plus près du corps et son décolleté accentué, la voilà aussi charmante qu’elle pouvait l’être. - Et bien maintenant que tu as ajustée ton chemisier tu devrais pouvoir tromper n’importe qui. Aies confiances en tes charmes ! Complimenta la valkyrie d’humeur dragueuse. - A vrai dire je suis plutôt du genre "rentre dedans" qu’infiltration mais bon j’ai confiance. Des pervers faisant dans la prostitution devraient être des cibles plus que faciles à infiltrer pour nous deux. Une fois à l’intérieur, on aura peut-être l’occasion d’être un moins subtiles et de distribuer quelques baffes pour se défouler un peu et récupérer des renseignements tranquillement. Enfin ça on verra bien sûr le moment mais en tout cas je me fais pas de soucis sur notre capacité à nous faire "capturer" par ce genre de types dégoutants.
Même si l’infiltration n’était pas sa spécialité être une valkyrie demandait des talents multiples et surtout ce n’était pas la première fois qu’elle se servirait de son physique avantageux pour une assignation. Un petit sourire amusé se dessina sur son visage en repensant à cette fameuse assignation en maillot de bain sur la plage qu’elle avait menée avec son capitaine où son charme avait justement été une arme de choix. Voguant entre légèreté et sérieux, la valkyrie se tut un instant pour réfléchir plus précisément au plan à adopter.
- Bon, on sait où est censée se trouver leurs campement. Reste à savoir comment y entrer sans éveiller les soupçons. On d’accord sur le fait que jouer les appâts est le meilleur moyen d’entrer mais va bien falloir prétextera quelque chose. Elle se tut un instant de plus. - On pourra se faire passer pour des citoyennes perdues ou quelque chose du genre et demander leur aide ? J’imagine qu’ils sauteront sur l’occasion de nous capturer. Si on a de la chance ils nous mèneront directement à l’intérieur de leur camp et de là on pourra se libérer. Après faudra la jouer fine pour récolter un maximum d’info et ressortir de ce trou à rat en vie. Le combat frontal sera notre dernière option ; à éviter à tout prix.
Depuis qu’elle avait prit la gestion des valkyries avec Solveig, Sammael s’était habituée à prendre les devants en mission mais elle était loin d’être du genre à imposer ses idées. Loin de là.
- A mon avis on sera énormément amenées à improviser au fur et à mesure en voyant la situation évoluer mais si t’as des idées je t’écoute. Autant essayer de se préparer un minimum à ce qui nous attend avant d’y aller.
Toujours est il qu'elle avait l'habitude de faire de son mieux. Et c'était bien ce qu'elle ferait. D'autant plus que la mission finale constituait tout de même à démanteler une organisation de gens à priori peu recommandable. Lyriss faisait partie de ces femmes qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Elle avait été formée pour ça, et avait toujours eu un tempérament fort. Elle ne supportait pas ceux qui profite de la faiblesse des autres. Qui plus est pour s'adonner à de telles bassesses. "Les risques du métier hein? Je ne me rappelle pas qu'on m’ait appris à mettre mes attributs en avant à la caserne". Plaisanta la jeune femme tout en finissant d'ajuster sa tenue. Se déridant quelque peu. Elle laissa échapper un rire aussi bref que discret. "Je n'ai jamais froid, je ne le ressent pas. La chaleur non plus d'ailleurs". Affirma Lyriss sans détour. Elle n'avait pas vraiment de botte secrète. Et cacher ses talents à sa coéquipière aurait été mal venu. "En parlant de ça, tu as un don qui pourrait nous être utile au cas où les choses tournerait mal? Parce qu'à moins qu'on ne mette le feu quelque part ou qu'on nous jette dans une bassine gelée, je n'ai pas trop d'option. Je manie plutôt bien la dague ceci dit". Affirma t-elle avec assurance. Elle avait appris à se jauger. Reconnaitre ses forces et ses faiblesses permettait la complémentarité dans une équipe. Elles allaient en avoir besoin.
D'ailleurs, en parlant de faiblesse, Lyriss devait bien reconnaitre que "faire confiance à ses charmes" ne faisait pas réellement partie de ses habitude. Et qu'elle passait assez peu de temps à séduire qui que ce soit en réalité. "Je vais tenter, mais je ne te cache pas que je ne suis pas la plus douée dans le domaine". Repris la jeune femme. Elle avait l'habitude d'être franche. Mais le fait qu'elle ai admis ce fait n'indiquait pas qu'elle n'essayerais pas. Après tout, si elle se mettait à sourire un peu, cela pouvait faire la différence. "Je te rejoint sur la méthode, mais j'ai peur qu'ils s'en prennent aux captives en représailles s'ils nous voient arriver. Je pense que nous devrions être prudente dans notre approche". Précisa t-elle en vérifiant une dernière fois que la dague était bien en place et ne la gênerait pas.
"Nous sommes deux femmes. Je penses que ce n'est pas par hasard si nous avons été missionnées plutôt qu'un homme ou deux. Mettons ça à profit. Tu en dit quoi?" Reprit Lyriss en se mettant en route d'un pas décidé, esquissant un rictus facétieux qui disparu aussi vite qu'il était apparu. Elles avaient encore un peu de marche avant d'atteindre leur but. Si besoin, elles pourraient décider de la stratégie à adopter sur la route.
- Mon pouvoir me permet un excès de puissance pendant cinq minutes. Quand je l’utilise je peux facilement déformer le métal ou briser la roche à mains nues. Et le collier que je porte autour du cou permet à mes vêtements d’absorber les chocs comme le ferait une armure. En gros, même sans armes et sans armures je suis tout sauf vulnérable. Fière de ses capacités, Sammael affichait un large sourire en les exposant à l’autre garde aux cheveux cendrés.
- Et mettre ses attributs en avant est plus souvent utiles que tu le crois. Quand on aura finies celle-ci, il faudra que je te raconte une assignation que j’ai dû faire en maillot de bain. Sammael sentit de la perplexité chez sa collègue. Et elle pouvait le comprendre, le bikini ne figurait pas vraiment au registre des tenues officielles de la garde. Elle-même avait d’ailleurs été surprise en recevant son ordre de mission pour cette assignation un peu hors du commun. - Je te jure que c’était sérieux, le maillot c’était pour se faire passer pour une touriste. Mais je te raconterai ça autour d’une bière plus tard, concentrons-nous sur la mission du jour.
La rose prit de nouveau un instant pour réfléchir aux options qui s’offraient à elles. Elles devaient dans un premier temps pénétrer le camp des malfrats. Et ensuite y récupérer le maximum d’informations sur leur nombre, l’étendue de leurs activités, qui sont les têtes pensantes du groupe, etc. Tout information était bonne à ramener pour que les supérieurs des deux femmes puissent préparer un assaut afin de démanteler cette organisation. Quant à elles, elles n’avaient pas le droit au moindre faux pas. Elles n’étaient que deux et allaient infiltrer un camp de plusieurs dizaines d’hommes au moins, la méthode "passage en force" était à proscrire.
- A mon avis, ils ne leurs feront pas de mal. Pas trop du moins. J’imagine que leurs clients exigent que les filles soient en bon état, des filles à moitié mortes ne les intéresse sûrement pas. Si on arrive à être suffisamment naturelles dans notre jeu d’actrices ça devrait le faire. Une fois à l’intérieur de je devrai pouvoir nous libérer en utilisant la force de mon pouvoir. Qu’on soit attachées ou emprisonnées dans des cages, ça ne devrait pas me poser de problèmes. Je me libérerai puis je viendrai te libérer aussi. Faudra juste attendre qu’il n’y ait que peu de monde pour nous surveiller si on veut éviter qu’ils sonnent l’alerte. J’imagine qu’ils doivent entasser des documents pour leurs transactions, des messages avec leurs postes avancés ou quelque chose du genre. Une fois libérées on récupérera tout ça et on cherchera un moyen de fuir leur camp. En résumé on se fait passer pour deux amies perdues dans la forêt ou quelque chose du genre tant qu’on a l’air fragiles et facilement manipulables, on entre dans leurs camps, je nous libère, on récupère le maximum de documents importants et on cherche un moyen de fuir sans avoir affaire à tout le groupe vu qu’on est que deux. Et pendant tout ça on reste à l’affut de toute information qu’on pourrait entendre de leurs bouches et de se faire une idée plus précise de leur nombre. Ça va pour toi, on peut y aller ?
Après quelques ajustements de dernière minute, elle se mit en marche alors que sa collègue lui décrivait brièvement quelques assignations qui semblaient bien douteuse aux yeux de Lyriss qui sortait assez peu du rang. En réalité, elle devait paraitre bien ennuyeuse par moment. Sans être timide, elle n'avait jamais été très excentrique. La discrétion était ce qui la caractérisait le plus. Elle n'était néanmoins pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. "En maillot de bain?" Souligna t-elle, haussant un sourcil, perplexe. Elle n'avait jamais été confrontée à ce genre de demande. Sûrement parce qu'il était un peu de notoriété publique qu'elle n'était pas la plus dévergondées des femmes. "C'était quoi ton job? Séduire un riche trafiquant?" Questionna t-elle en ricanant brièvement. Peut-être bien qu'elle était totalement à côté de la plaque. La concernant, elle passait bien plus de temps à ramper dans la boue qu'à se mettre en valeur. D'ailleurs, sa chemises n'était pas immaculée. Gageons que son décolleté suffise à faire passer ce fait inaperçu. Toujours est il que sa curiosité était tout de même un peu piquée au vif. Ce qui la surprenait elle même, en principe, elle ne faisait pas grand cas des histoires et ragot.
Écoutant attentivement les options proposées par Sammael, Lyriss se représentait la scène en même temps. Essayant de s'assurer de la cohérence du plan. Contrairement à sa coéquipière, elle savait que son pouvoir ne lui servirait probablement pas. A moins d'être à côté d'une cheminée ou tout autre objet brûlant dont elle pourrait se saisir. Ne connaissant pas les lieux, elle ne pouvait pas compter là dessus. "Pas de mal....Si on enlève ce qu'ils leurs font faire...." Souligna la jeune femme, avec une expression de dégoût. Elle avait toujours été très indépendante et tenait énormément à sa liberté. Le simple fait d’imaginer que des hommes puissent marchander ainsi des êtres vivants la répugnait. "Ça me va. Tu as conscience quand même qu'ils risquent de vouloir nous tester? Probable qu'on se retrouve avec des hommes bien plus vite que prévu. J'ai entendu dire que les recrues de ce genre d'organisation étaient assez vite mise dans le bain. Si je dois poser la main sur un de ces hommes, je préfère te prévenir tout de suite que ce ne sera pas pour lui faire du bien". Souligna Lyriss plus déterminée que jamais. Elle savait faire semblant, jusqu'à un certain point. Elle ne franchirait pas celui là. Et bien qu'elle ne l'admette pas, elle n'était pas très à l'aise malgré tout. Ses aventures s'étaient résumée à des amourettes fugaces. Elle n'avait pas la moindre expérience concrète avec les hommes. Elle les avait toujours repoussé. Pas le temps; Pas l'envie. Tout un tas d'excuse qui ne valait en fait pas grand chose.
"Raaah...Pourquoi j'ai acceptée cette mission". Reprit-elle tout en arrangeant ses cheveux, poursuivant sa route sans se retourner. Elle ne paniquerait pas. Ce n'était pas son genre. Elle avait toujours faire preuve d'un sang froid exemplaire. Mais quand il s'agissait de combattre, ou de plonger pour sauver une vie. Là...C'était bien différent de tout ce qu'elle avait pu faire auparavant. Elle peinait à masquer son inquiétude. Tantôt doté d'une assurance trop forte pour être vraie, tantôt clairement dépassé par ce qui risquait d'arriver. Elle détestait paraitre fragile, elle se garda donc bien d'en dire plus. "On ne va pas tarder à arriver là où ils sont soupçonnés d'agir le plus souvent. Prête à jouer les jeunes vierges effarouchée?". Au moins, Lyriss avait de base un des deux critères....
Lyriss semblait accepter le plan malgré une certaine inquiétude. Une inquiétude complètement compréhensible aux vu des risques qu’allaient prendre les deux gardes en se jetant ainsi dans la gueule du loup. Mais c’était là un risque qu’elles n’avaient d’autres choix que de prendre. Sammael était bien consciente de ces risques, que la mission pouvait très mal tourner en un instant, mais elle restait convaincue qu’elles arriveraient à s’en sortir.
- Parce que tu crois que je vais laisser des ordures pareilles faire ce qu’ils veulent de moi sans broncher ? J’ai pas prévu de leur faire de cadeaux non plus t’inquiète pas. Et j’imagine qu’ils ne resteront pas à dix pour s’occuper de deux pauvres femmes sans défense, on devrait se retrouver en petit comité assez facilement. Et moins ils sont nombreux à rester près de nous, plus ce sera facile. M’enfin, on ne peut pas tout prévoir. On verra comment ça se passe, j’ai confiance.
Lyriss et Sammael approchaient à grand pas de la position qu’on leur avait indiquée comme celle du campement à infiltrer. La valkyrie arrangea un dernière fois sa tenue et sa coiffure et prit une moue faible et apeurée avant de se tourner vers sa collègue. Tester son jeu d’acteur de la jeune femme en détresse sur sa collègue lui paraissait être une bonne idée avant d’y aller. Elle entendit la réaction et la confirmation de sa collègue puis elles parcoururent les derniers mètres les séparant de l’entrée du camp. Le camp semblait vaste et disparate, entouré d’une sorte de palissade de fortune. Un homme armé était posté à l’entrée. Puisque sa collègue était un peu moins confiante, Sammael s’approcha timidement de l’homme gardant la porte et l’interpella.
- M.. Monsieur. On s’est perdue avec mon amie. En voyant le camp on s’est dit que vous pourriez nous aider…
Elle s’efforçait de prendre une voix tremblotante, de baisser le regard et de jouer les jeune femme perdue et effrayée du mieux qu’elle pouvait. Le tout en essayant de jeter un regard discret à l’intérieur du camp et guettant la réaction de l’homme qui ne se fit pas attendre. En s’approchant et en l’interpellant, Sammael avait bien remarqué la direction qu’avaient prit les yeux de ce pervers. Et il ne fallut visiblement pas plus que deux paires de seins pour qu’il acquiesce, ne lâchant toujours pas des yeux les décolletés des deux jeunes femmes. Sammael avait toujours aimé plaire et séduire, elle aimait avoir le regard des hommes comme des femmes sur elle. Mais ce regard libidineux qu’elle sentait fixé sur elle et sur Lyriss la dégoûtait au plus haut point. Mais elle était bien obligée de ne rien dire dans la situation actuelle. Elle espérait que Lyriss arriverait à jouer le jeu également mais n’osa pas de regard vers elle, de peur d’éveiller de quelconques suspects.
- Bien sûr mes jolies, je vais vous conduire à l’intérieur du camp. On va vous aider.
Son sourire et son regard en disaient long sur ses intentions. Quant au mouvement qui suivit, il fut encore plus parlant. Il s’avança d’un pas pour se mettre entre les deux gardes et se retourna dans le même sens qu’elle, une main descendit alors dans le bas du dos de la valkyrie. Un peu trop bas à son goût. A cet instant elle n’eut qu’une envie : lui broyer le bras pour lui apprendre le respect. Et du faire preuve d’un grand sang froid pour se retenir de passer à l’acte. Heureusement l’homme ne s’attarda pas et vint plutôt entourer de ses bras les épaules des deux femmes pour les guider dans le camp. Le simple fait d’être touché par ce genre de personne était répugnant, peut importe l’endroit, mais c’était déjà un peu plus supportable comme ça.
- Venez, entrons.
Toujours est il que pour l'heure, il lui fallait s’adapter. C'était bien ça aussi, le corps de la Garde. L'adaptation. Et pour le coup, elle n'était pas la dernière. Elle se reconcentra donc sur la mission, chassant d'un geste de main fictif tous les doutes qui pouvaient subsister. Ce n'était pas le moment d'hésiter. Sans parler du fait qu'elle n'était pas la seule concernée. Si elles se faisaient repérer par sa faute, elles seraient toutes les deux mises en danger. Lyriss ne pouvait pas l'envisager. "Bien sûr que non, je ne me permettrait pas de prétendre que tu te laissera faire". Repris la jeune femme on ne peut plus sérieuse sans saisir le côté rhétorique de la réponse de Sammael. Elle poursuivi néanmoins. "Mais tu as raison. Ils ont probablement trop l'habitude des cibles faciles. De toute façon, ce genre de type tire leur force de la faiblesse de leur cible. Pas de chance pour eux, nous ne sommes pas faibles". Souligna t-elle un peu avant qu'elles ne parviennent toutes deux au campement indiqué par leur ordre de mission.
Alors que sa coéquipière s'entrainait une dernière fois à jouer les filles apeurées, Lyriss esquissa un sourire bref, acquiesçant d'un signe de tête. Son jeu d'acteur était bon. Probablement mailleur que celui de Lyriss qui n'avait même pas tenté un essai. Elle était plus convaincante dans le feu de l'action. La simulation n'était décidément pas son point fort. A se demander pourquoi ils n’avaient pas choisi quelqu'un d'autre. Elle salua d’ailleurs le fait que Sammael fasse le premier pas vers les gardes du camp. Restant un peu en retrait, les mains jointe devant ses cuisses et le regard fixé sur le sol, elle s'efforça d'avoir l'air timide et réservée. S'approchant à l'approbation du garde, redressant la tête pour lui adresser un regard embarrassé. "C'est très aimable à vous monsieur". Articula Lyriss d'une voix peu affirmée, prenant soin de ne pas soutenir le regard de l'homme qui glissait maintenant son bras sur ses épaules. Elle se concentra de toute ses forces pour ne pas se crisper pour ne pas montrer de signe de méfiance. Elle se félicita d'y parvenir, même si le contact de cet être répugnant sur la peau mise à nue de ses épaule la révulsait au plus haut point.
N'osant pas le moindre regard vers sa coéquipière, de peur d'éveiller les soupçons, elle releva néanmoins la tête pour observer les environ, prenant soin d'adopter un air perdu. Balançant son regard de droite à gauche sans s'attarder pour ne pas donner l'air de scruter, elle se tourna avec une innocence qu'elle ne se connaissait pas vers l'homme qui ne tarderait sûrement pas à être leur geôlier. "Mon amie et moi sommes réellement désolée de vous importuner, vous avez sûrement mieux à faire". Reprit Lyriss sans en rajouter. Elle ne voulait pas paraitre ni curieuse, ni impertinente, mais elle craignait d'en faire trop, ce qui les desservirait aussi. Maintenant qu'elles étaient dans la gueule du loup, elles devaient faire attention à chacune ne leurs paroles, chacun de leurs gestes. "Non, vous pensez, ça me fait plaisir d'aider deux belles jeunes femmes telles que vous". Repris l'homme, accompagnant ses paroles d'un sourire vicieux très peu dissimulé.
Tu parles...Bien sûr qu'il était ravis, ne pu s'empêcher de penser la Garde alors qu'elles entrait dans une sorte d'auberge, ou de taverne. Peut-être les deux. Pour le moment, pas l'ombre d'une femme. Ce qui ne manquant pas d'attiser la curiosité de Lyriss. Où étaient elles? "Vous avez surement faim mes jolies". Reprit-il alors que Lyriss acquiesçait timidement. Au comptoir, deux hommes bruns à la corpulence moyenne. la cinquantaine. Peut-être moins. La négligence de leur apparence faussait sûrement l'estimation. Derrière le comptoir, un autre homme, blond, la trentaine, peut-être plus; Lyriss n'était pas très sûre. "Asseyez vous" Repris l'homme, un peu plus dur. Lyriss pris place, Sammael fût sommée de s'asseoir en face. L'homme qui les avaient guidée jusque là pris place au côté de Lyriss, tandis que l'un des hommes accoudé au comptoir pris place aux côtés de Sammael.
Alors qu'un potage un peu douteux et un morceau de pain leur étaient apportés, Lyriss jeta un regard furtif à sa coéquipière avant d'attaquer le morceau de pain sans demander son reste, feignant d'avoir réellement faim. Elle ne voulait pas toucher au potage. Allez savoir ce qu'ils avaient pu y mettre. Moins de chance que le pain ai été trafiqué. Elle avait dit plus tôt avoir faim, elle ne pouvait pas vraiment revenir en arrière et s'en voulait intérieurement pour ça. "Alors, d'où vous venez toutes les deux?" Lança l'un des deux homme, posant ses coudes sur la table. Lyriss pris son temps pour mâcher le pain, laissant le soin à Sammael de répondre. Elles ne devaient surtout pas répondre en même temps, au risque de donner deux versions différentes.
La valkyrie nota que le camp lui paraissait plus grand maintenant qu’elle y était entrée que quand elle était dehors et étonnement bien aménagé, ce qui n’était pas pour la rassurer. De toute évidence cette bande était bien organisée et établie depuis bien trop longtemps au goût de la rose. Depuis combien de temps ce trafic de jeunes filles et leurs prostituions forcée durait-elle ? Et combien en avaient été victimes ? Le simple fait de penser à a réponse dégoutait encore un peu plus Sammael, mais cela la motivait aussi à réussir au mieux cette mission d’infiltration. Mieux elles réussiraient avec Lyris, plus vite le réseau serait arrêté et mit derrière les barreaux. En revanche il n’y avait pour le moment pas l’ombre d’une fille dans ce camp. Un détail pour le moins surprenant qu’avait sûrement dû relever sa collègue également. La valkyrie se rassurait en se disant qu’elles allaient de toute façon être conduites tôt ou tard auprès des autres filles.
Les deux gardes furent conduites à l’intérieur d’une sorte de taverne aménagée à l’intérieur même du camp. Deux hommes au comptoir, un derrière. C’était trop de monde pour que les deux gardes puissent passer à l’action. Les hommes dans la salle se tournèrent vers les nouvelles venues à leur arrivée. L’homme qui les avait guidées jusque-là fit s’asseoir Sammael et Lyriss puis prit place aux côtés de Lyriss tandis qu’un des deux hommes négligés du comptoir vient s’assoir près de la rose. Soupe et pain furent servit pour les deux femmes. Sammael fut prise d’un instant d’hésitation vis-à-vis du repas. Comment savoir s’il n’avait pas rajouté une quelconque substance indésirable dans leurs bols de soupe ? Impossible. Pourtant ne rien manger serait hautement suspect. Sammael imita donc sa collègue en commençant par le pain.
- On vient d’un petit village près du grand fleuve, à la sortie de la forêt. Commença Sammael en machant son morceau de pain. Une autre fille du village n’est pas revenue depuis quelques jours. Les autres habitants avaient peur de partir à sa recherche alors on s’est dit qu’on allait la retrouver nous-même. Mais… on s’est perdue aussi... On l’air un peu idiote non ?
Sammael connaissait un village se trouvant véritablement près du grand fleuve, à la sortie de la forêt. Elle avait rapidement choisi de dire qu’elle venait de là pour mêler un peu de vérité à ses mensonges si on lui posait plus de questions. Ça rendrait le tout plus crédible. En revanche si c’était à Lyriss qu’on demandait des détails, les choses allaient se corser. Les deux femmes ne s’étaient pas accordées sur tout ces détails avant le début de la mission et ça pourrait bien leurs jouer des tours si les hommes se montraient particulièrement curieux, ou pire si elles se retrouvaient séparées l’une de l’autre afin d’être interrogées. Elles n’avaient plu qu’à prier pour que tout ça n’arrivent pas et que l’histoire de Sammael soit crue sur parole.
Elle remarqua que Sammael avait elle aussi commencé par le pain. Bon choix. Cette lucidité, elles se devaient de la conserver. Mais combien de temps pourraient elles bouder le potage? Elle essaya de se détendre, et de ne pas donner trop l'impression d'observer au risque de paraitre suspecte. Laissant sa coéquipière du jour répondre pour elles deux concernant leur provenance, elle esquissa un sourire faussement honteux alors que ses joues se teintaient de rose. Elle ne savait pas trop comment elle avait réussi cette prouesse d'actrice. "Effectivement...Vous devez vraiment nous trouver inconscientes...". Admit-elle en triturant nerveusement son pain, feignant un stress qui n'était pas le sien. Arborer un air trop détendu n'était pas bon non plus. Elles étaient censé être deux femme perdues. Idiotes, mais perdues. Personne n'est serein dans ces coups de temps là.
L'homme aux côté de Lyriss glissa une main sur son épaule. Elle pu sentir qu'il avait voulu être délicat, mais qu'il n'était pas doué pour ça. "Mais non...C'est bien normal de vouloir secourir ses amies". Avait-il prononcé d'une voix trainante. Témoignant d'une alcoolémie plus avancée qu'elle ne le pensait. Elle pouvait sentir la moiteur de sa peau bien qu'elle ne puisse pas en ressentir la chaleur. Elle regrettait vraiment d'avoir dénudées cette épaule. Luttant de toute ses forces pour ne pas se crisper, elle tourna son regard vers lui, adoptant l'air le plus innocent qu'elle puisse feindre sans donner l'impression qu'il soit faux. "Vous avez raison. D'ailleurs...Vous ne l'auriez pas vue? C'est une femme brune, de taille moyenne. Elle porte une robe bleue". Questionna t-elle pour entrer dans le jeu de Sammael. Elle avait totalement inventé ce personnage. Mais allez savoir, peut-être bien qu'une femme ici répondait à la description qu'elle avait faite. Cela pourrait les conduire aux "autres femmes".
Soudainement, Lyriss réalisa que si c'était le cas, ils voudraient certainement leur faire boire ce potage avant de les y conduire. Elle chercha un moyen de les renverser tous les deux sans éveiller les soupçons...Mais sans succès...
Lyriss se prêtait au jeu de Sammael et en rajoutait même en donnant quelques détails en donnant une petite description de leur soi-disant amie perdue. Une bonne idée, avec un peu de chance ça pousserait les hommes à les mener jusqu’aux autres filles si l’une d’elle correspondait à la description inventée. Sammael prêta donc une grande attention à la réaction des hommes face à la question de Lyriss. Si elle cherchait réellement une amie perdue il serait normal qu’elle soit curieuse de savoir si quelqu’un ne l’a pas vu alors elle ne pensait pas paraître suspecte en s’intéressant à leur réaction et leur réponse. La valkyrie remarqua un bref instant d’hésitation suivit d’un regard entendu entre les deux hommes avant qu’ils ne répondent. Ces idiots n’étaient vraiment pas très discrets ni malin.
- Je crois bien qu’on l’a vu votre amie mais elle était blessée et fatiguée, elle se repose dans le camp. On va vous emmener la voir, vous nous direz si c’est bien elle. Mais finissez de manger tranquillement avant, maintenant que vous savez qu’elle est saine et sauve pas de raison de s’affoler.
Bingo ! Ou presque. Le plan de Lyriss avait marché, elles allaient pouvoir être conduites aux autres femmes. Le hic c’était qu’elle allait aussi boire ce potage que les deux gardes avaient évité pour le moment. En soit rien ne prouvait qu’il y avait autre chose que simplement du potage dans leurs bols mais vu la situation les deux femmes avaient toutes les raisons du monde de se méfier de tout ce que pouvaient leur offrir ces hommes. Sammael imaginait bien qu’il y ait une sorte de drogue les rendant léthargique. Malheureusement elle n’avait pas vraiment le choix. Heureusement ce genre de substance mettait en général un certains à agir. La valkyrie eut donc l’idée de boire son potage normalement et de se faire vomir, à l’abri des regards, le plus rapidement possible. Ça lui permettra d’évacuer la substance. Pour inciter sa collègue à faire de même, Sammael porta sereinement le bol à ses lèvres et commença à le vider. Lorsque ce fut chose faite pour les deux gardes, les deux hommes se levèrent avec un sourire satisfait sur les lèvres tandis que celui qui les avait déjà guidées à l’intérieur du camp invita les deux femmes à le suivre dehors.
Maintenant à l’extérieur leurs guide mena les deux femmes vers un coin qu’elles n’avaient pas encore vues, en retrait par rapport au gros de l’agitation. Il n’y avait aucun doute à avoir : l’homme les emmenaient assurément là où les autres femmes étaient retenues. Sammael avait une petite idée derrière la tête pour se sortir de là si elle et Lyriss se retrouvaient seules avec l’homme, et les autres femmes détenues bien entend mais ça ce n’était pas un problème pour ses plans. Finalement finit même par guider les deux femmes en dehors du camp et Sammael fit mine de s’en inquiéter alors qu’elle était bien contente en réalité. - Elle n’est pas dans le camp ?
- Non mais elle n’est plus très loin, ne vous inquiétez pas.
Une fois de plus l’homme posant ses sales pattes sur les deux femmes ce qui valut à Sammael une grimace de dégout à peine retenue. Ils s’étaient éloignés du camp et avec les nombreux arbres plus personne ne devrait pouvoir les voir ici. Elle n’aurait donc plus à jouer la comédie bien longtemps.
Le petit groupe de trois arrivait enfin destination. Sammael venait de repérer du coin de l’œil, derrière des feuillages, quelques barreaux signalant la présence de cages métalliques. Et en guise de confirmation l’homme se tourna pour se placer face aux deux femmes avec un sourire mauvais. - Désolé les filles mais…. La valkyrie de lui laissa pas le temps de finir sa phrase, fit un pas vers l’homme en passant légèrement sur son flanc droit et vint le saisir à la gorge pour l’étrangler. - Fermes là imbécile, un porc comme toi n’a aucune chance face à nous et tes petits copains sont trop loin pour nous voir. Et n’essaye pas de crier pour les appeler ; entre te tuer ou me retrouver face à toute la troupe de pervers dégueulasse que vous formez j’hésiterais pas une seconde.
Evidemment Sammael ne comptait pas le tuer, mais si elle devait admettre que ce n’était pas l’envie qui manquait en sachant de quoi ces types étaient capables. Mais pour le moment il pouvait être utile. Elle resserra son étranglement juste assez pour que l’homme ne puisse pas crier ni se débattre et reporta son regard vers sa collègue.
- Fais toi vomir. S’ils ont mis quelque chose dans le potage ça n’a visiblement pas encore fait effet mais ne tentons pas diable, en se faisant vomir on devrait être tranquilles. Ensuite occupe-toi de lui que je puisse en faire de même. Dès que c’est bon on va voir discrètement là ou sont enfermées les autres filles. S’il n’y a pas trop de monde je devrais pouvoir m’en occuper facilement pendant que tu retiens celui-là. On libère les détenues et on fait parler les idiots pour leurs soutirer le maximum d’information avant de rentrer et de faire notre rapport. Ça te va ?
Comprenant alors qu'ils ne quitteraient pas cette table avant d'avoir ingurgité le fameux potage, elle s'en accommoda, l'avala d'un trait avant de se lever pour suivre l'homme qui les avait invité à le suivre. Elles devaient faire vite, avant qu'une quelconque substance ne puisse agir. Lyriss n'excluait pas la possibilité qu'il ne contienne rien d'autre qu'une soupe fluide et peu riche. Mais elle ne prendrait pas le temps de le découvrir.
Alors parvenu un peu plus loin dans le camp, Lyriss se força à ne montrer aucun signe lorsqu'elle aperçu les quelques barreaux de ce que semblait être des cages. Sammael les avait très certainement vu aussi, prenant les devants pour empêcher leur hôte du jour de faire le moindre bruit. C'était le meilleur moment pour agir, à n'en pas douter. Elles étaient deux. Il était seul. Lyriss ne se fit pas prier pour faire volte face, s'enfonçant dans d'épais buisson. Glissant deux doigts dans sa gorge afin de se débarrasser du repas dont elle n'avait pas voulu, elle réapparu rapidement auprès de sa collègue. Acquiesçant au plan qu'elle venait de prononcer, elle récupéra le fin poignard qu'elle avait dissimulé dans sa botte, le glissant sous la gorge de leur captif. "Ne pense pas que je suis plus tendre que ma coéquipière." Avait elle froidement prononcé à l'encontre de l'homme qui aurait pu être leur geôlier. Restant vigilante au moindre de ses geste, elle attendit le retour de Sammael pour asséner un violent coup de coude dans la tempe du captif. L'envoyant ainsi dormir un moment. Un problème de moins. "Allons y". Lança t-elle à l'adresse de la garde.
S'avançant prudemment pour jauger la situation, elle constate qu'un seul homme surveillait les multiples cages, disposées en cercle autour d'une petite place en terre battue au centre de laquelle le garde patrouillait. Une petite cabane se dressait au fond, aucune lumière à l’intérieur. Elle semblait vide. Mais Lyriss l'observa un moment. "J'espère qu'il n'y a pas d'autre type là dedans". Signifia t-elle à Sammael alors que son regard glissait sur la dizaine de cages. Il devait y avoir une vingtaine de femmes. Certaines cages étaient vides, d'autre bien trop plein pour leur permettre de bouger. "Je vais y aller, ne bouge pas. Dès qu'il m'aura repérée, je m'arrange pour qu'il ne cri pas. Mais si il y a du monde dans cette cabane, il se montrerons. Couvre moi.", La mâchoire de la garde se crispa alors qu'elle s’avançait, marchant simplement pour signifier sa position. Elle qui ne faisait pas confiance, elle remettait littéralement sa vie entre les mains de sa collègue. Quoi que. S'il était seul, elle ne risquait rien.
Etonnement les cages semblaient bien peu gardées ; un seul homme était présent. Mais une cabane se trouvait à côté et il y avait sûrement d’autres hommes à l’intérieur de celle-ci. La blanche se proposa donc d’aller s’occuper de l’homme visible tandis que la valkyrie aurait la charge d’assurer ses arrières. - Tu peux me faire confiance. Répondit elle en prenant soin de n’être entendue que par sa collègue qui se dirigeait déjà vers l’homme au milieu des cages. Sammael, elle, surveillait la cabane et l’homme toujours assommé à ses pieds, prête à intervenir au moindre danger. Et sans grande surprise le danger ne tarda pas à faire irruption. Discrètement, un homme sortit de la cabane et se dirigeait vers Lyriss occupée à maitriser l’autre pervers. Comme convenu Sammael s’approcha donc par derrière de ce nouvel arrivé. Dès qu’elle fut assez proche elle passa son bras devant lui, lui saisit la mâchoire et l’envoya valser de toute ses forces contre le mur de la cabane. Elle se rapprocha de l’homme maintenant écroulé au sol et tâcha de l’assommer pour en être débarrasser un moment. De son côté Lyriss en avait fini avec le sien également.
- Fouillons cette cabane, les clefs des cage sont sûrement à l’intérieur. Et des menottes ou des cordages pour menotter nos trois idiots ne seraient pas de trop. On pourra les ramener directement à la caserne et les interroger là-bas comme ça. Sinon on va être obligé de faire ça ici.
Sans perdre plus de temps elle s’empressa d’enter le petit bâtiment de bois et de le fouiller. Sammael trouva de la corde mais pas l’ombre d’une trace de menottes ou de clefs pour les cages. Et les deux gardes n’avaient malheureusement pas le temps fouiller toutes les éventuelles planques secrètes.
- J’ai pas trouvé de clef mais j’ai de la corde pour ligoter nos 3 pervers là. J’imagine qu’ils vont finir par se rendre compte que quelque chose cloche sur le camp alors je vais ouvrir les cages moi-même, avec mon pouvoir ça devrait aller. Tu peux les ligoter pendant ce temps ? Ils ne devraient plus tarder à se réveiller d’ailleurs.
Sur ses mots la rose s’approcha d’une première cage et laissa son aura pleinement parcourir son corps. Une main sur un des barreaux métalliques et l’autre sur le barreau adjacent, elle força pour tordre le métal et les écarter suffisamment pour que les filles puissent passer. - On est de la garde, on est là pour vous tirer d’affaire. Mais il ne faut pas que vous fassiez trop de bruit pour pas qu’on se fasse repérer.
Inutile. Ces filles semblaient trop apeurées et traumatisées que pour émettre le moindre son pour le moment. Au moins elles ne semblaient pas douter de la bonne foi de Lyriss et Sammael, ce que cette dernière redoutait le plus. Si elles avaient tant perdu confiance qu’elles refusaient de suivre les deux gardes les choses auraient pu devenir assez problématique. Mais heureusement ce n’était pas le cas et la valkyrie pu ouvrir toutes les cages en en tordant les barreaux grâce a la puissance conférée par son pouvoir. Une bonne minute et toutes les cages furent ouvertes. Sammael put alors désactiver son pouvoir et se retourna vers sa collègue et surtout les trois hommes maintenant ligotés.
- Vous avez vu ce que je peux faire a du métal alors je vous laisse imaginer ce que ça donnerait sur vous. Alors vous avez le choix : soit vous tentez de vous échapper malgré les cordages et, au mieux, vous échouez ou, au pire, vous faire tuer par nous deux. Soir vous êtes raisonnable et vous nous suivez. Vous avez de la chance la garde est moins barbare que votre petite troupe, vous pourrez peut-être vous en sortir pas trop mal si vous parlez une fois interrogés.
Bien évidemment c’était faux. Ils allaient finir aux geôles ou exilés sans le moindre doute mais il valait mieux les laisser espérer pour qu’ils se montre dociles. - On y va ? demanda-t-elle enfin a Lyriss et aux filles libérées.
Son acolyte mis la main sur des cordages qui tombaient bien. Lyriss s'exécuta, tout en gardant un œil sur Sammael, au cas où un type sortirai de nul part. On est jamais trop prudent. Mais par chance, rien de ce genre de se produisit. Ligotant solidement les trois compère, la jeune femme se redressa, soulagée de voir que toutes les femmes semblaient avoir été libérées. Pas un mot ne s’échappait de leur lèvres, mais rien d'anormal quand on considère la situation dans laquelle elles se trouvaient.
Adressant un regard entendu à sa coéquipière du jour, Lyriss attrapa fermement l'épaule de deux des trois hommes pour les pousser devant elle. "Allons y, je ferme la marche". Précisa t-elle à Sammael avant de se placer derrière le cortège, coutelas en main. Ils n'avaient pas intérêt à tenter quoi que ce soit. A croire que la menace précédemment émise par la rose avait eu son petit effet. Leur trajet se passa sans encombre jusqu'à la caserne où elles purent remettre au main de la justice les trois acolytes. Probable qu'ils ne soit pas fidèles au point de ne pas livrer leur comparses. C'était une pleine réussite.
Alors que Lyriss s'apprêtait à repartir, elle se tourna vers Sammael une dernière fois. "Merci pour ton aide. On s'en est bien tiré." Assura la jeune femme tout en restant de marbre. Elle savait reconnaitre une bonne acolyte. Elle en était une. Peut-être n'auraient t-elles plus l'occasion de travailler ensemble, mais l'issue de cette mission lui allait. Sa façon à elle de le dire, très probablement. Il était temps pour elle de reprendre sa route. Quelle route? Elle n'en savait rien. Peut-être bien qu'une autre assignation l'attendait sous peu. Allez savoir. C'était bien ça qu'elle appréciait chez la Garde. Elle ne savait jamais trop de quoi demain sera fait.
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