Née à la Capitale dans une famille de bouchers sans histoires, Laurelinn a décidé très tôt que couper en tranche des animaux morts ne l'intéressait pas plus que ça. Après un passage éclair à l'Académie Militaire, elle a réalisé que le garde à vous n'était pas non plus fait pour elle, mais qu'elle avait besoin du frisson de l'aventure! Contrainte d'aider ses parents un temps à la boucherie, elle n'a pu intégrer la guilde des Aventuriers que très récemment.

Laurelinn a le pouvoir d'agrandir ou de rétrécir des objets jusqu'à cinq fois leur taille initiale. Elle peut agir sur toutes sortes d'objets (outils, vêtements, armes, aliments, tonneaux...), mais sur un seul à la fois et à condition d'avoir un contact physique avec. Plus l'objet sur lequel elle exerce son pouvoir est grand, plus cela puise dans son énergie quand elle en modifie la taille. Elle ne peut pas utiliser son pouvoir sur les êtres vivants ni sur les bâtiments (ces derniers sont trop grands pour qu'elle puisse agir dessus sans se tuer).

Laurelinn est née et a toujours vécu à la Capitale. Elle a grandi à l'étage de la boucherie familiale, dans un petit appartement à l'est de la première ligne de fortification. Assez pris par leur travail, ses parents n'ont pas toujours été très présents mais ont veillé à ce qu'elle ne manque jamais de rien, et l'ont poussée à travailler sérieusement à l'école jusqu'à ses douze ans. Cependant, ils se sont rapidement rendu compte que son pouvoir pouvait être très utile pour leur commerce et lui ont fait mettre la main à la pâte. Du haut de ses dix ans, la petite Laurelinn se voyait donc confier la tâche de réduire les pièces de viande importantes pour faciliter la livraison, ou encore d'agrandir les meilleurs morceaux pour avoir davantage à vendre... Tâche qui l'ennuyait profondément et puisait assez vite dans ses petites réserves d'énergie.

Ce rôle improvisé par ses parents eut toutefois un avantage certain : il fit comprendre à Laurelinn que son pouvoir pouvait être utilisé pour se faire un peu d'argent. Après tout, quel enfant n'a jamais rêvé d'avoir de l'argent de poche? Ce n'était d'abord que de petits défis lancés à ses camarades de classe : "Je paris que t'arriveras pas à retrouver sous quel gobelet se trouve ce gros caillou après que j'ai mélangé ! Ah ouais? Ok, si tu y arrives, je te donne mon goûter mais si tu perds tu me donnes le tien !" ; et (comme) par magie le gros caillou n'était plus sous le gobelet pour la simple et bonne raison que c'était devenu un petit caillou. Elle avait dû répéter ce tour plusieurs fois pour que ça marche, d'abord pour réussir à changer la taille du caillou tant qu'il était accessible, mais aussi parce que les perdants demandaient toujours à vérifier les autres gobelets et ils ne pouvaient pas tous être vides. Il fallait donc faire glisser un second caillou de sa manche et lui donner la même taille qu'au premier au moment de révéler son emplacement. Bref, un petit tour de passe-passe qui l'amusait beaucoup et lui permettait de se gaver de tartes au sucre. Bien sûr, elle réalisa rapidement que si elle voulait que ses petits copains continuent de jouer avec elle, elle ne pouvait pas gagner à chaque fois. Cela n'empêcha pas certains enfants d'aller pleurer à leurs parents, qui exigèrent que ce raquette cesse, d'autant que ce jeu avait dégénéré en bagarre plus d'une fois.

Interdite de jeu du gobelet dans la cours de récréation et les abords de l'école, Laurelinn dû trouver d'autres endroits pour faire fortune. Après le sermon de ses parents sur le problème de moralité que causaient ses arnaques - et surtout le risque que cela attire l'attention sur le "petit truc" qu'ils avaient mis en place à la boucherie -, Laurelinn dû se contenter de petits spectacles de magie dans la rue, apprenant aussi d'autres tours dans lesquels son pouvoir n'intervenait pas. Cela plaisait assez aux passants qui lui laissaient parfois quelques cristaux, mais c'était bien moins amusant que de voir la tête déconfite de ses camarades quand ils découvraient qu'ils s'étaient trompés de gobelet, même si elle avait mélangé très lentement.

Après avoir quitté l'école, à douze ans, elle fut embauchée à plein temps dans le commerce familial. En plus de la contraindre à parler de la pluie et du beau temps avec tous les clients bavards, cela ne lui laissait plus vraiment le temps pour ses petites représentations de plein air. Un an et demi de ce traitement suffit à saper toute sa bonne humeur et à détériorer sérieusement ses rapports avec ses parents. Lors d'une de ses rares sorties avec d'anciens camarades de classe, elle découvrit les jeux de carte et de dé, et les paris allant avec. Les tartes au sucre étant remplacées par des cristaux, les frissons ressentis dans la cours de récréation prirent une toute autre dimension. Elle apprit à se faufiler discrètement hors de l'appartement lorsque ses parents étaient endormis pour rejoindre les tavernes où ces jeux d'argent avaient lieu. Ayant la chance de paraître plus vieille qu'elle ne l'était et ne demandant de toute façon pas à consommer d'alcool, on ne lui interdit que rarement l'entrée. Il lui fallu un certain temps pour assimiler tous les ressorts des jeux qu'on lui proposait, mais une fois cela fait elle compris rapidement comment son pouvoir pouvait lui rendre service. Il était si facile de cacher une carte dans sa manche quand elle était de taille réduite. Cependant, elle ne trichait pas systématiquement, d'abord par peur de se faire prendre mais aussi parce qu'elle était assez douée et que la déesse Lucy semblait l'avoir à la bonne. De plus, elle n'aimait pas spécialement dépouiller les pauvres ivrognes qui venaient à la taverne pour oublier leur vie triste. C'était bien plus amusant de voir la colère s'installer sur le visage de grands bonhommes baraqués, transpirant l'arrogance et qui la prenaient de haut parce qu'elle n'était qu'une petite fille. Ce petit jeu lui attira cependant quelques ennuis, certains n'acceptant pas de se séparer des cristaux qu'ils avaient pariés. Consciente qu'elle n'était pas assez doué au combat pour affronter ses adversaires, elle appris à sentir la bagarre arriver et à courir vite. Ce qui n'empêcha pas la garde de venir toquer un soir chez ses parents après qu'un homme complètement ivre aient tenté de l'attaquer au couteau.

Leur fille n'étant de toute façon pas douée pour le commerce et craignant qu'il ne finisse par lui arriver malheur, ils décidèrent de l'inscrire à l'Académie militaire. Voyant là une occasion d'échapper au travail à vie à la boucherie, Laurelinn ne se fit pas prier et entrepris tardivement de commencer ses classes. Si elle réussit sans trop de difficultés à passer les tests d'aptitude, la vie militaire lui fit un sacré choc. Plus que la forme physique que cela impliquait, c'était la rigueur demandée qui lui posait problème. Se faire hurler dessus, suivre des ordres, faire son lit au carré et se tenir au garde-à-vous étaient tant d'activités qui ne l'enchantaient pas plus que ça. Après six mois, elle finit par se faire renvoyer pour avoir tenu tête à un lieutenant.

Retour à la case départ, à 16 ans Laurelinn était de nouveau assignée à la découpe des côtelettes et à la réalisation du boudin. Si elle fut heureuse de retrouver les tables de jeux, l'enthousiasme effréné de ses débuts était quelque peu retombé et elle préférait souvent jouer pour le plaisir, et non pour l'argent. De plus, son absence à la boucherie ayant grandement affecté le chiffre d'affaire, elle dû travailler d'arrache pied. Les étales n'étaient plus aussi fournis qu'avant, certains clients allèrent donc voir ailleurs et d'autres firent le lien avec le départ de Laurelinn et les accusèrent de concurrence déloyale. Elle n'utilisa donc plus son pouvoir à la boucherie non plus, et rattrapa le manque à gagner à la force ses bras et de ses mots pour convaincre la clientèle perdue de revenir chez les Destremos.

Cependant, l'Académie militaire lui avait fait entrevoir une toute autre vie, faite de combat, de quêtes et de découvertes, qu'elle ne parvenait pas à oublier. Ses pensées l'amenaient de l'autre côté des fortifications, dans les plaines ou au coeur de la grande forêt. Son regard se tourna de plus en plus souvent vers la guilde des aventuriers, convaincue que c'était là qu'était sa place. Une fois le commerce familial remis de ses déboires financiers, elle décida de pousser la porte de la guilde. Jugeant son histoire jusqu'à présent banale, elle a le sentiment que tout reste encore à écrire et n'imagine pas de meilleur moyen d'y parvenir qu'à travers une vie d'aventurière.