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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    De l'autre côté du prisme [Inaros]
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    Anonymous
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    De l'autre côté du prisme [Inaros]
    Mar 1 Déc 2020 - 20:20 #

    De l'autre côté du prisme

    Avec Ivara Streÿk


    Dans les ruelles de la capitale, un petit boulet de canon dévalait ces dernières à toute allure. Ce boulet de canon n’était autre que Chloé qui s’était faite violence pour se lever aux aurores avec une idée bien en tête. Hier avait sans doute été l’une des journées, si ce n’était la plus, amusante de la vie de la petite fille. Sa blessure, sa rencontre avec son idole et meilleure amie Ivara et la quantité affolante de gâteaux qu’elle avait pu engloutir étaient restés gravés avec force au sein de la mémoire de l’enfant. Elle avait pu ouvrir les yeux sur certains plans du monde adulte qu’elle ne comprenait pas et avait fait la seconde promesse la plus importante de son existence. Celle de remplir la création de son amie de tout un tas de peintures et objets pour la sublimer.

    La soirée, bien que tendue car elle avait légèrement trop tardé à rentrer, s’était finalement passée sans heurt. Monsieur Liton l’avait questionné sur son retard à table et la petite avait commencé à inventer quelques excuses au sujet d’un combat contre un insecte qui avait envahi sa chambre. Mentant très mal, il était évident que son précepteur s’était rendu compte de l’anguille qui se cachait sous la roche mais il avait décidé de ne pas chercher plus que ça et laissa l’enfant continuer de noyer le poisson. Chloé s’était félicité intérieurement pour son histoire héroïque de son combat face à l’insecte sans se rendre compte que le sage avait vu clair dans son jeu.
    Et ce fut finalement lors du repas qu’elle apprit une nouvelle qui l’enjoua au plus au point.

    “Père est en retard pour le repas ? demanda l’enfant qui attendait sagement devant son assiette. Je ne vois pas non plus ma sœur.”
    “Ils ne mangeront pas avec nous ce soir, ni le lendemain d’ailleurs, annonça monsieur Liton qui avait pris place exceptionnellement à table. Ton père et ta sœur sont partis en voyage d’affaire dans le nord du royaume. Ton père souhaite apprendre à ta soe-”
    “Pour de vrai ?! s’exclama la petite en coupant le vieil homme qui soupira. Alors ça veut dire que je vais avoir plus de temps pour jouer !?”
    “Pourquoi cela ne m’étonne pas de toi ? maugréa l’adulte en se servant de la soupe. Tu auras un peu plus de temps, mais tu as intérêt à l’utiliser à bon escient. Je compte te faire un contrôle de ce que nous avons vu ensemble durant le mois à la fin de la semaine.”
    Ces mots magiques eurent l’effet escompté et Chloé commença à s’étrangler avec un simple petit bout de pain qu’elle avait récupéré pendant que ce dernier parlait.
    “U-un contrôle ?! M-mais ! s’écria t-elle après avoir pris quelques secondes pour retrouver son souffle. Je veux pas de contrôle ! Si je me rate, Père va encore me punir… déjà qu’il ne veut pas me rendre ma super pioche…”
    “Quelle utilité en aurais-tu de toute manière ? Il serait temps que tu grandisses un peu jeune fille. Une noble personne de ta condition n’a pas de temps à perdre avec ce genre d’outil barbare.”
    “C’est pas un outil barbare ! lâcha t-elle en se levant et serrant les poings, chose qu’elle n’aurait jamais fait en présence de son père. Je l’ai construit moi-même ! C’est une véritable oeuvre d’art ! Si je l’avais j’aurais pu montrer à Ivara que moi aussi je suis capable de faire des trucs chouettes !”
    Le vieil homme plongea longuement son regard dans celui de l’enfant.
    “Et qui est donc cette Ivara ?”
    Chloé s’étrangla de nouveau en commençant à regarder partout autour d’elle en quête d’une solution.
    “Euh… hésita-t-elle un long moment. Mon ours en peluche, je l’ai appelé Ivara. C’est un ours capable de créer des œuvres d’arts.”
    Décidément, Il fallait qu’elle apprenne à mentir convenablement. Ou son petit jeu ne perdurerait pas longtemps.

    Monsieur Liton soupira de dépit pendant un long moment avant de recommencer à manger.
    “Essaye de ne pas te mettre trop en danger jeune fille,” lui confia t-il sans rien ajouter de plus.
    Chloé se figea pour le fixer avec de grands yeux. Etait-il en train de la couvrir ? Cela ne lui ressemblait pourtant pas. Peut-être l’avait-elle mal jugé ?
    “Rassied toi s’il te plaît, ajouta le vieil homme. Et ferme donc cette bouche qui pend ou tu finiras par gober les mouches. Il y a un autre sujet dont je dois t’enquérir.”
    Chloé posa son fessier sur la chaise sans un mot en fermant la bouche. Elle attendit sagement que le sage prenne la parole de nouveau ce qui arriva bien vite.
    “Je vais devoir à mon grand regret, moi aussi m’absenter, annonça t-il calmement. Je dois me rendre à une exposition de statues en neige. Je reviendrais en fin de semaine mais ne t’en fais pas, j’ai déjà préparé les livres que tu devras lire en mon absence. Inutile de te prévenir sur le sujet, mais si à mon retour je me rends compte que tu t’es prélassée en laissant de côté tes études, je veillerais à ce que ton père réduise un peu plus tes libertés.”
    Il prit une pause pour regarder l’enfant qui grimaça le regard vide avant d’ajouter l’air de rien.
    “Ceci-dit, si tu t’y prends bien et que tu travailles un peu chaque jour, cela ne devrait pas poser de problème.”
    La fillette releva la tête étonnée.
    “Je ne vais pas en avoir pour des heures et des heures de travail ?” lui demanda t-elle.
    “Non. Je pense qu’une bonne heure par jour devrait suffir. Mais cache ce sourire trop joyeux de tes lèvres s’il te plait, n’oublie pas que tu seras interrogée à mon retour. Utilise ce temps libre pour réviser tes leçons jeune fille. Si tu t’organise bien, oui tu devrais pouvoir avoir du temps d’affronter d’autres insectes. Mais que l’on se mette d’accord. Pas des insectes trop dangereux, d’accord ?”
    Chloé resta silencieuse un long moment. Monsieur Liton était-il en train de lui offrir une chance de s’épanouir ? Même Chloé qui était loin d’être la plus sage se rendait compte qu’il ne parlait pas réellement d’insectes. Il venait de lui donner sa bénédiction pour partir à l’aventure. Du moins… pendant cette semaine et à condition qu’elle ne fasse pas trop de vagues.
    “Promis monsieur ! s’exclama la petite avec enthousiasme. Cette fois-ci, j’aurais une note qui vous impressionnera ! Vous serez tellement surpris que vous en oublierez même le froid de votre exposition !"
    Le vieil homme hocha la tête rapidement.
    “Bien, je vais te prendre au mot dans ce cas. J’en attendrais beaucoup de toi. Maintenant mangeons. Demain je dois partir à l’aube. Ton père a laissé une lettre dans ta chambre, lorsque tu auras faim, tu n’auras qu’à aller voir le cuisinier. Inutile d’essayer de lui demander uniquement des produits sucrés, ton père a veillé de lui rappeler que tu devais manger sainement.”
    Il recommença alors à boire sa soupe suivit de l’enfant qui avait un sourire sur le bout des lèvres.

    Son plan machiavélique avait commencé à germer dans son esprit. Enfin, machiavélique à moitié car elle avait tout de même l’intention de sortir un gros résultat au contrôle de la fin de semaine. Elle travaillerait dur en grignotant sur ses heures de sommeil et ferait le double d’effort de concentration. Mais elle allait néanmoins mettre ce temps libre à profit pour rendre visite à Ivara ou encore terminer d’explorer la capitale. Peut-être même aurait elle le temps de sortir de la ville pour profiter des magnifiques étendues vertes qui la bordaient.

    C’était ainsi que Chloé s’était réveillée à l’aube pour préparer un gâteau dans les cuisines. Bien qu’elle n’avait pas eu le droit d’y mettre du chocolat, elle avait donné tout son cœur à l’ouvrage pour le rendre le plus parfait possible avec ce qu’elle avait sous la main. A savoir des bananes et des flocons d’avoine. Le cuisinier l’avait un peu aidé, mais elle avait insisté pour en faire le plus gros. Elle ne voulait pas simplement que le gâteau soit délicieux, elle souhaitait qu’il provienne de ses propres mains. Il fallait qu’elle se donne du mal pour oser prétendre que ce gâteau soit suffisant pour remercier sa meilleure amie de tout ce qu’elle avait fait pour elle. Ivara méritait les meilleurs gâteaux et l’enfant savait que quelque chose fait avec le cœur possédait un ingrédient unique qui était irremplaçable. Même par les meilleurs chefs pâtissiers d’Aryon. Elle s’était un peu brûlée les doigts dans l’opération et avait du laisser sa main gauche dans une bassine d’eau froide en essayant de ne pas pleurer quelques minutes avant de terminer finalement son gâteau. Elle en était terriblement fière même si le résultat était loin d’être attirant. Le gâteau aux bananes était brûlé sur toute la surface et suintait un peu des fruits qu’elle avait utilisé pour le concevoir.
    Une fois ce dernier récupéré dans un sac, elle avait salué le cuisinier en lui expliquant qu’elle ne mangerait pas ici ce midi. Le chef qui était complice dans beaucoup des méfaits de l’enfant qui concernaient des incursions dans les cuisines la nuit pour réclamer du chocolat lui frotta les cheveux avec un clin d'œil.

    Et voilà comment Chloé s’était retrouvé à foncer aussi vite qu’elle le pouvait en direction de l’établissement de sa meilleure amie. Portant de nouveau sa tenue d’exploratrice, elle avait calé le gâteau dans sa besace.
    Elle manqua de trébucher plusieurs fois dans sa précipitation mais par chance son gâteau resta intact. Ce ne fut qu’après de courtes minutes qu’elle dérapa devant l’entrée du magasin de son amie. Ne retenant plus son excitation, elle commença à tambouriner à la porte.
    ”Ivara ! Ivara ! J’ai une surprise pour toi ! Viens vite ! Tu vas voir c’est trop bien !”

    Elle resta un moment à sautiller devant la porte d’entrée sans voir la moindre lumière apparaître de l’intérieur. Son sourire s’éclipsa peu à peu.
    “I-ivara ? Tu dors ?... demanda t-elle légèrement paniquée. Tu peux pas dormir ! Je t’ai fait un gâteau ! Viens m’ouvrir ! Il faut qu’on fasse des tas de trucs aujourd’hui !”
    Voyant que décidément personne n’allait lui ouvrir, la petite serra les poings en gonflant les joues alors que les larmes lui montaient aux yeux. Elle avait tout prévu pour que cette journée soit la meilleure de toute ! Tout d’abord elle offrirait son gâteau à Ivara, puis elle l’emmènerait dans une superbe boulangerie pour manger d’autre pâtisseries et enfin elles pourraient prendre une glace chez le glacier ! Bien qu’elle réalisa que son planning était peut-être un peu trop chargé en nutriments et qu’elle devrait le réviser, elle se rendait bien compte que sans Ivara, il n’y aurait aucun planning. Elle lui avait pourtant dit à demain ! Alors pourquoi restait-elle sourde à ses appels incessants ? Elle lui avait promis qu’elles seraient amies ! Les meilleures amies ! Elle n’avait pas le droit de se résorber à sa promesse !

    Chloé renifla avant de s’essuyer les yeux d’un revers de sa manche.
    “Qu’à cela ne tienne Ivara ! déclara l’enfant de mauvaise humeur. Si tu ne veux pas m’ouvrir, je vais trouver un moyen d’entrer !”
    Elle commença à courir autour de la maison en regardant le toit pour espérer y trouver une quelconque entrée. Elle était plus désespérée qu’autre chose et le manque de bon sens était évident dans son action. Intérieurement, elle avait peur qu’Ivara ne soit partie, de ne jamais la revoir. Elle était trop importante pour la perdre.
    Ne regardant pas devant elle, la fillette percuta quelqu’un et tomba en arrière sur ses fesses. Elle cligna des yeux un moment en rajustant son casque et ses lunettes sur la tête. Retrouvant ses esprits, elle fixa longuement la personne qu’elle venait de percuter avec force. Il s’agissait visiblement d’une femme ou d’un homme relativement mince portant d’étrange vêtements. Le fait qu’elle sortait de l’arrière boutique d’Ivara fit un déclic dans la tête de l’enfant. Elle se releva d’un coup surexcitée. Avec plus d’attention, elle reconnaissait son amie derrière cet étrange accoutrement. Ses yeux et ses mèches blondes la trahissaient, et puis elle avait assez pleuré contre elle hier pour la reconnaitre en se cognant tête la première sur son ventre.

    “Ivara ! Ivara ! s’écria l’enfant en se remettant sur ses jambes avec une joie indescriptible. Pourquoi tu sors par là ? Tu essayais de me fuir c’est ça !? Je pensais qu’on était amies ! Et puis tu te déguise pour m’échapper ! J’espère que tu as une très bonne explication !”
    Elle croisa les bras avant de passer très rapidement à autre chose, trop contente de retrouver sa meilleure amie.
    “Je t’ai fait un gâteau ! Il faut que tu le goûtes ! Bon il est un peu brûlé mais promis il est bon quand même ! Cette fois-ci j’ai pas confondu le sel et le sucre ! Promis juré !”
    Elle commença à fouiller joyeusement dans son sac.
    “D’ailleurs tu ne m’as pas dit, pourquoi tu portes ces étranges vêtements ? Moi je te trouvais super jolie dans ta robe. Enfin ils te vont aussi hein ! On fait quoi aujourd’hui ? Je t’aide à faire du verre pour qu’on puisse aller jouer ? Tu devineras jamais quoi ! J’ai quartier libre toute la semaine ! Ça te dit de partir à l’aventure avec moi pour explorer derrière les murs de la ville ?!”
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
    Informations
    Re: De l'autre côté du prisme [Inaros]
    Jeu 3 Déc 2020 - 15:20 #

    Inaros


    Les yeux écarquillés, il regarda une nouvelle fois l’heure. La matinée était déjà avancée à ce point ? Lui qui avait l’habitude d’être actif dès 3h du matin, voir le soleil poursuivre lentement - mais sûrement - son ascension vers le zénith lui laissait un goût pâteux dans la bouche. Ils étaient à ce point fatigués pour que son corps ne tienne ? Ivara avait fait des siennes la veille ? Il était à peu près certain qu’elle lui en aurait parlé sauf si ça n’avait pas été prévu dans son emploi du temps. Pourtant, la sculptrice ne semblait pas avoir d’ami ni de famille qui venaient régulièrement lui rendre visite. Il y avait bien ses parents, mais ils habitaient désormais une petite maison en pleine campagne, loin des agitations urbaines. De ce fait, Ivara ne leur rendait pas souvent visite. Inaros ne faisait pas le lien, mais Ivara se coupait du monde extérieur depuis que le mercenaire avait débarqué dans son corps. Pour l’homme, rien de plus normal : il n’avait jamais eu d’amis et s’était coupé lui-même de sa propre famille. Vingt années qu’il arpentait le monde en solitaire. La demoiselle avait peut-être un caractère semblable et puis, de toute façon, elle ne lui avait jamais mentionné le moindre camarade.

    Il tenait tout de même à savoir ce que Ivara avait fait la veille. Ainsi, comme un rituel, il récupéra le petit carnet noir qu’elle cachait sous une planche de sa chambre et commença à le feuilleter. Il mit un certain temps à trouver la bonne page, puis identifia l’écriture de Ivara de la sienne. Au fur et à mesure de sa lecture, il fronça ses sourcils blonds. Ce qu’elle avait écrit remettait en doute tout son raisonnement sur le comportement de Ivara.

    Inaros ! La journée a été très particulière… Rien de grave, détends-toi. J’ai fait la rencontre d’une petite fille, haute comme trois pommes et répondant au nom de Chloé - elle se présente souvent aux autres sous le diminutif “Cléo”. Nous avons passé toute la journée ensemble et, aussi étrange que cela puisse te paraître, le feeling a été bon. Très bon. J’ai eu l’impression d’avoir en face de moi la petite sœur que je n’ai jamais eu. Elle est souriante et très bavarde ! Une véritable exploratrice. Elle ne s’entend pas très bien avec sa famille… J’aurais presque envie de la prendre sous notre aile, mais nous n’y sommes pas encore ! Je veux juste te dire, si tu la croises, fais attention à elle, d’accord ?

    Elle avait juste rencontré une petite fille ? Mais qu’est-ce qu’elles avaient bien pu faire pour qu’elle soit aussi fatiguée ? Ce n’était pas ses oignons et puis il ne comptait pas recroiser cette Chloé. Comme s’il allait s'embarrasser d’une enfant ! Une petite voix dans sa tête lui rappela qu’il avait agit avec la seule bienveillance dont il était capable face à une enfant à l’apparence de poupée… J’étais perdu se persuada-t-il simplement, je ne savais pas quoi faire d’elle, alors je l’ai simplement aidé. Ça n’a rien à voir avec je ne sais quoi. Bon. Là n’est pas le problème, je vais pas croiser cette gamine. Et puis, j’ai faim.

    D’humeur un peu maussade, il se dirigea vers la cuisine et se prépara une tasse de thé. Il prit un peu de pain avec de la confiture et goba rapidement le tout, la boisson chaude qu’il but lui faisant le plus grand bien. Déjà habillé dans son accoutrement habituel : les bandages cachant la poitrine, sa combinaison serrée près du corps, sa capuche prête à être enfilée et sa longue chevelure tressée.

    Il avait un gros programme aujourd’hui. Une filature pour récupérer de l’argent à un joueur qui s’était endetté auprès d’un riche propriétaire. Ce ne serait pas chose aisée mais Inaros avait récupéré suffisamment d’informations pour connaître les lieux favoris du joueur endetté et savoir à peu près où il pourrait l’isoler et le menacer pour récupérer le dû de son employeur du jour.

    Il reposa la tasse dans le bac à vaisselle, mais laissa son geste en suspens en entendant un bruit en provenance du rez-de-chaussée. Quelqu’un s’était encore introduit dans l’atelier ? Avec précaution, il se faufila jusqu’à l’escalier pour jeter un œil dans la boutique. C’était vide, il n’y avait personne. Le bruit avait cessé. Un peu interloqué, Inaros reprit le chemin vers l’étage quand il entendit distinctement une petite voix fluette appeler Ivara à tue-tête.
    Impossible, ce ne pouvait pas être elle… Bon, il n’aurait qu’à s’éclipser en silence et la petite finirait par se fatiguer et rentrerait chez elle. Elle n’avait pas les capacités de forcer l’ouverture de la porte.

    Satisfait de sa décision, Inaros se dirigea vers la porte de l’arrière-boutique pour sortir en douce. Bien équipé, il n’avait plus qu’à se rendre au premier lieu convenu. Il leva la tête vers le ciel, cherchant à estimer si le temps serait clément avec lui aujourd’hui, quand quelque chose le percuta de plein fouet.
    Pas préparé à ce choc, son souffle fut coupé pendant quelques secondes et il n’eut pas le temps de dire quoique ce soit qu’une touffe de cheveux blonds se mit à parler sans s’arrêter. Ce ne serait pas… ? Il retint un soupir de lassitude. Comment avait-elle fait le tour aussi vite ? Elle frappait encore sur la porte d’entrée il y a quelques secondes.

    On t’a jamais dis qu’c’était pas bien d’débarquer comme ça, sans prév’nir ?

    Inaros n’écouta qu’à moitié les propos de l’enfant. Le regard noir, il voulut dire à Chloé de se taire mais celle-ci commençait déjà à fouiller dans son sac. Une seule phrase l’avait interpellée.

    C’qu’on fait aujourd’hui ? Comment ça c’qu’on fait aujourd’hui ? J’ai du travail.

    Les mots de Ivara laissés dans le carnet résonnèrent soudainement dans la tête de Inaros.

    Enfin, pas à l’boutique. J’vais ailleurs aujourd’hui. Toute l’journée. Faut qu’tu rentres ch’toi.

    Mais, devant le regard triste de l’enfant, il ne put s’empêcher d’ajouter :

    Bon ok… J’connais bien l’ville. J’pourrais t’emmener quelqu’part mais après j’vais travailler, compris ?

    Elle avait l’air de vouloir aller en-dehors des murs de la ville. Ce n’était pas très recommandable pour une enfant de son âge. Mais ne s’était-il pas lui-même retrouver à traîner dans les rues de cette ville à l’âge de huit ans ? Il pouvait peut-être lui montrer une ou deux petites choses…
    Inaros ne le réalisait pas, mais les sentiments d’affection de Ivara pour Chloé prenaient le dessus sur ses décisions. Alors qu’il n’avait que très peu parlé, il commençait même à avoir des remords sur ce qu’il avait dit précédemment. Mais bon, il venait de lui promettre une petite balade en ville, c’était suffisant pour tout rattraper, n’est-ce-pas ?
    Et puis… Elle avait fait un gâteau.
    InvitéInvité
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    Re: De l'autre côté du prisme [Inaros]
    Ven 4 Déc 2020 - 0:09 #

    De l'autre côté du prisme

    Avec Ivara Streÿk


    Chloé se tut un moment pour fixer avec de grands yeux sa meilleure amie. Avait-elle dit quelque chose qui l’avait contrariée ? Elle pencha lentement la tête sur le côté avant de croiser les bras en affichant une moue circonspecte. Ivara se comportait tout de même bien bizarrement. Premièrement, elle mâchait tous ses mots comme si elle avait une sorte de chat coincé au fond de la gorge. Et puis elle s’exprimait d’un ton vraiment sec qui contrastait avec sa voix habituellement si mielleuse et agréable à écouter. L’enfant s’était d’ailleurs demandé durant la nuit si Ivara était capable de chanter et si oui, si elle serait en mesure de lui apprendre.
    Décidément, quelque chose n’allait pas et la fillette commença à douter. Elle paniqua peu à peu, se disant que peut-être la tisseuse ne voudrait plus d’elle comme amie. Elle avait sans doute fait une bêtise, ou dit quelque chose de déplaisant. Peut-être n'avait-elle vraiment pas apprécié se faire rentrer dedans de bon matin ? L’enfant qui s’imagina perdre sa seule et meilleure amie ne pu contenir ses larmes plus longtemps. Elle se mit directement à genoux pour implorer son pardon.

    “Pardon Ivara Ivara ! s'exclama-t-elle en tremblant comme une feuille. Je regardais pas ou j’allais ! Je voulais pas te faire mal au ventre ! C’est la faute de mon super casque, il protège des chocs, mais il peut aussi être embêtant quand on veut faire des câlins surprises ! Enfin…”
    Elle se tut un instant pour réfléchir avant de reprendre.
    “On est toujours amies pas vrai ? Hein ? Hein ? Hein ? Tu m’as promis hier ! Tu as même dit que je pourrais repasser quand je voudrais ! Et comme je l’ai dit, cette semaine je suis libre ! Mon précepteur, mon père et ma sœur sont loin de la maison. Alors je peux faire tout ce que je veux ! Comme t’apporter des tas de gâteaux pour te remercier de ce que tu as fait pour moi !”
    Elle récupéra dans sa besace la partie la moins brûlée de sa création douteuse pour la placer dans la main de l’artisane avec un sourire désolé.
    “Disons que c’est un gâteau pour demander pardon alors ! ajouta-t-elle joyeusement. Il faudra que je revienne encore un autre jour pour te donner un gâteau de remerciement pour hier !”

    Elle continua de fixer Ivara avant de remonter ses lunettes qui avaient légèrement glissées de son nez lorsqu’elle s’était mise à genou. Perdre l’amitié d’Ivara était certainement la pire chose qui pouvait arriver à la petite à ce moment précis de sa croissance. Pour la première fois depuis longtemps, elle avait retrouvé un certain goût de vivre et la force de continuer à poursuivre ses rêves. Si l’on venait à lui enlever la seule amitié qu’elle avait, la seule personne qui l’emmerveillait, nul doute que Chloé deviendrait inconsolable.
    Essayant de rationaliser, elle trouva toutes les raisons les plus farfelues qui avaient poussées son amie à réagir de la sorte. Un grand sourire sur les lèvres, elle frappa dans sa main comme si l’évidence lui sautait maintenant aux yeux.

    “Oh je sais ! Je sais ! s’écria-t-elle de sa voix la plus enjouée. On joue aux bandits !
    C’est pour ça que tu es toute encapuchonnée et que tu parles comme les méchants de comédies !?
    Très bien, mais dans ce cas, je veux jouer moi aussi !
    Regarde un peu mon talent et sois ébahie !”

    Elle tira une de ses mèches entre ses deux yeux pour se créer une mèche rebelle et rangea ses lunettes dans sa poche avant d’afficher un rictus sur le visage.
    “C’est notre rue ici cheffe ! commença-t-elle à dire avec un ton dont elle s’imaginait les bandits employaient. Personne ne passe ici sans payer le droit de péage ! Il est de euh… deux-non trois cookies ! C’est l’inflation qui le veut !”
    Elle lança un regard dans la rue qui était malheureusement déserte et gonfla les joues.
    “Cheffe ! Personne ne passe dans notre rue ! C’est très très très grave ! Comment allons nous récupérer nos cookies !? C’est vraiment pas facile de jouer aux bandits Ivara ! Toi tu le fais mieux que moi. Ton regard énervé fait un peu froid dans le dos. Moi je suis sûre que j’ai encore l’air ridicule ! Mais tu sais quoi !? C’est parce que je suis meilleure pour jouer les gentils ! Alors on va changer les rôles, toi tu es la cheffe de gang et moi la gentille garde qui essaye de te ramener dans la société ! Et en échange tu me payes en cookies que tu as récupéré sur le péage !”
    Elle semblait enjouée par son idée avant de se stopper net se rendant compte que son plan était imparfait.
    “Une minute Ivara ! Si je suis une garde, j’ai pas le droit d’accepter des cookies volés ! Tu penses que j’ai le droit de faire une petite infraction au règlement ?”
    Elle posa ses mains sur son casque pour réfléchir un long moment à s’en donner mal à la tête avant de soupirer un très long moment et de sourire à son amie en remettant ses lunettes sur son nez.

    “Je crois que c’est beaucoup trop compliqué, continua-t-elle. Tu veux aller à la boulangerie ? Je t’invite ce coup-ci ! Et après on ira jouer ! Ou alors tu me montre le chouette endroit où tu voulais m’emmener ! Et après ça, on ira travailler ! D’ailleurs si tu ne travailles pas à ton atelier, tu vas travailler ou ? Tu fais des créations sur place ? Je veux venir ! Promis je serais super utile ! Je pourrais euh… t’éponger le front ! Ou mieux ! T’encourager ! Je suis sûre que j’encourage super bien. Regarde mon gâteau, c’est un gâteau d’encouragement !”
    Elle sortit une autre part qu’elle plaça dans l’autre main d’Ivara.
    “Mange ! Tu verras, il est sacrément bon. Ne le répète à personne, mais j’en ai mangé un bon morceau avant de partir pour voir s’il était assez exquis pour que je puisse te l’offrir. Allez ! Allons d’abord acheter de quoi boire pour manger le gâteau !”

    Elle lui fit signe de venir avant de commencer à marcher joyeusement en balançant ses bras d’avant en arrière. La journée allait s’annoncer mouvementée et Chloé dont le débit de parole ne semblait pas trouver de fin continua de nouveau.
    “Ivara ! Ivara ! Tu veux continuer de porter ton déguisement ou pas d’ailleurs ?” Elle se retourna pour la fixer de bas en haut. “Ca fait un peu bizarre de te voir comme ça. Avec ta capuche on dirait presque un garçon ! Mais ça te va quand même, t’es cool comme ça.”

    Elle se calma finalement progressivement pour reprendre son souffle. Un sourire sincère naquit sur ses lèvres alors que son regard se plongea dans celui de sa meilleure amie.
    “Je sais que je te l’ai déjà dit plein de fois hier, commença-t-elle alors d’une voix bien plus calme. Mais merci. Tu ne m’as pas seulement sauvé la vie avec mes lunettes. Tu m’as aidé à y voir plus clair sur beaucoup de choses. À dissiper beaucoup de peurs qui s’étaient logées en moi. Et pour cela, je t’en serais infiniment reconnaissante. Maintenant je sais clairement ce que je veux faire de ma vie. Ce n’est plus un simple rêve ou un jeu d’enfant. Je me donnerais tous les outils nécessaires pour y parvenir. Et un jour, tu verras que je serais connue à travers tout Aryon comme la plus grande exploratrice !”
    Elle ajouta avec un sourire malicieux.
    “Et quand on me demandera d'où provient mon talent, je répondrais que je l’ai acquis grâce aux lunettes que tu as créées pour moi. Comme ça, tu auras encore plus de clients !”

    Elle vint enserrer Ivara dans ses bras pour lui faire un câlin joyeusement.
    “Merci Ivara ! conclut-elle avant de s’écarter. Maintenant allons faire des tas de trucs ! Je suis parée à tout ! Une promenade dans la ville, explorer l’extérieur de la capitale pour un pic-nic, t’aider à travailler ou même faire des jeux de société en intérieur ! C’est toi qui vois ! En plus j’ai plein de questions à te poser. Hier c’est moi qui ai beaucoup parlé et… aujourd’hui aussi en fait. Mais je ne suis pas une pipelette ! Tu vas voir comme j’arrive à contrôler mon débit de parole si je le souhaite ! Aujourd’hui c’est toi qui va me parler de toi et de tout un tas de trucs !”

    Elle lui attrapa finalement la main pour se mettre en route sans réellement avoir de destination en tête. Elle avait encore une certaine frayeur quant au comportement étrange d’Ivara et espérait que cela passerait et qu’elle n’était pas fautive du comportement de cette dernière.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: De l'autre côté du prisme [Inaros]
    Mar 8 Déc 2020 - 19:57 #

    Inaros


    Inaros était loin d’avoir le même caractère que Ivara. Là où la sculptrice avait fait preuve de tendresse et de maternité, Inaros était rude et peu bienveillant. Il avait connu la rue depuis sa plus tendre enfance et avait survécu, il ne s’attendait donc pas à ce qu’une gamine qui, à vue de nez, devait avoir une dizaine d’années, se mette à genoux en déversant toutes les larmes de son corps simplement parce que son ton avait été un peu sec. En réalité, il fut même un peu surpris. Pour lui, les enfants ne pleuraient que jusqu’à l’âge de huit ans, après coup, il fallait qu’ils s’endurcissent et qu’ils s’adaptent aux lois de la nature. Il n’accordait que peu de place à l’enfance. Ceux qui, comme Chloé, en était encore à ses jérémiades étaient pourris et gâtés jusqu’à l’os. Son propre père (non biologique), Stentor, l’avait aussi élevé “à la dure”, faussant le jugement du jeune homme.

    Le regard toujours aussi sombre, il s’apprêtait à dire à la fillette de se relever quand une voix dans sa tête l’intima de se taire. Ce n’était pas Ivara, non, c’était impossible. C’était un peu plus sournois, un lien intime qu’il partageait avec elle et qui lui procurait ce sixième sens qu’il avait déjà ressenti un peu plus tôt. S’il l’écoutait, il allait se retrouver à genoux, devant la gamine, la serrant contre lui tout en lui disant de ne pas s’inquiéter. Il n’avait pas non plus que ça à faire. Il lui avait déjà proposé de l’emmener en balade dans la ville. Pas trop longtemps, le temps d’une découverte.

    T’en fais pas. J’ai d’jà plus mal, eh. Rien d’grave.”. Le voilà qui agissait entre deux eaux. Ce n’était pas ce qu’il ressentait au fond de lui-même, il voulait juste être tranquille. La tranquillité était visiblement très difficile à obtenir avec Chloé, qui parlait encore sans pouvoir s’arrêter et qui délivrait tout un tas d’informations qu’Inaros récoltait au passage. Légère déformation professionnelle, sans doute. Les informations qu’elle donna lui permis de savoir qu’elle était sûrement fille de noble. Les citoyens lambdas ne pouvaient pas se permettre d’offrir une éducation par un précepteur à leurs enfants. Si Chloé venait d’une famille noble et que les membres de cette famille étaient absents pour la semaine, peut-être qu’il pourrait… Il fallait absolument qu’il chasse ces pensées de son esprit. Voler dans la demeure aristocratique de cette enfant ne devait pas figurer dans son programme, pas si elle était aussi proche d’Ivara que ce que la blondinette à ses pieds affirmait.

    Ainsi donc, elle estimait suffisamment Ivara pour ne pas vouloir la vexer et qu’elle ne soit plus son amie. Elles ne pouvaient pas se faire des amis de leurs âges, ces deux-là ? Ça aurait retiré une grosse épine du pied du mercenaire. Inaros, comme à son habitude, se perdait dans ses pensées et n’en fut extirpé qu’en sentant que Chloé lui refourguait quelque chose dans la main.

    Avec précaution, il porta la pâtisserie devant son nez et la renifla à plusieurs reprises. Même si elle était un peu brûlée, il devait admettre que l’odeur restait très alléchante. Hé, est-ce qu’elle était bien l’amie d’Ivara ? Elle n’essayait pas de l’empoisonner ? La possibilité qu’elle fut recrutée par un ennemi d’Inaros pour le duper et le tuer effleura son esprit un instant… Avant de disparaître lorsqu’il la vit imiter les bandits de grands chemins.

    Impossible qu’elle joue la comédie. Elle dégageait bien trop de pureté et d’innocence. Et toujours ce sentiment étrange d’affection qu’il ressentait envers la gamine… Il fallait qu’il mette de l’ordre dans ses idées. En plus, elle n’arrêtait pas de l’appeler “Ivara”, ce qui ne l’aidait pas du tout. Avant qu’ils ne prennent la route, il tapota avec maladresse le sommet de son casque.

    Chloé, alors… Va y’avoir une règle pour que j’t’emmène là-bas. Faut qu’tu parles beaucoup moins, sinon j’te laisse ici. C’bien compris ? T’fais bien l’bandit mais j’pense que ton avenir préférerait qu’tu sois garde. Et, euh… Pas besoin d’aller à la boulangerie. R’garde donc ce gâteau que tu as fais, eh. Pas mal.

    Un sourire un peu gauche, une autre tape sur le crâne. Il essayait de se comporter amicalement avec la petite mais avait un peu de mal. Il sentait bien que son corps avait envie de faire d’autres actions, mais puisque c’était lui qui était aux commandes, il ne les réalisait pas.

    Évidemment, il entendit bien tout le petit discours de la demi-portion lorsqu’elle se mit à remercier Ivara. Sa candeur le changeait du monde dans lequel il évoluait depuis sa naissance. Elle avoua d’ailleurs qu’elle parlait beaucoup, mais ce n’était pas pour parler davantage de lui qu’il lui avait demandé de se taire.

    Avant qu’elle ne puisse ajouter quoi que ce soit d’autre il… Bordel. Voilà qu’elle venait dans ses bras maintenant et qu’elle lui faisait un câlin. Fronçant les sourcils, il vint quand même tapoter son dos et, heureusement, il n’eut pas besoin d’attraper ses épaules pour la faire reculer. Chloé trouverait sans doute son comportement étrange, mais il n’avait pas de temps à perdre à jouer les Ivara.

    Bon, écoute. Je vais juste t’emmener à un endroit. Pas l’temps pour la boisson. Les jeunes filles de ton âge n’doivent pas boire trop d’sucres, de toute façon. Et puis, la boulangerie sert que du jus de chaussettes. Tu vas m’suivre. On va passer par les toits et on mangera ton gâteau là-haut, ok ?

    Il ignorait qu’Ivara avait fait promettre à Chloé de ne plus faire la casse-cou. Il rangea lui-même sa part dans la besace de Chloé, puis il commença à escalader le mur pour rejoindre le toit. Une fois que ce fut chose faite, il attendit patiemment qu’elle en fasse de même. Bien que sa raison essayait de lutter et de lui ordonner de dégager la fillette, il avait envie de lui apporter quelque chose de positif, à sa façon. Une fois qu’elle fut arrivée à destination, il lui avait tendu la main pour l’aider à atteindre le sommet, il reprit la parole.

    Allez, viens. Faut s’déplacer en faisant attention. Tu marches là où j’mets les pieds et c’est tout. Quand je te dis “baisse toi”, tu t’baisses et tu réfléchis pas. C’bien compris ?

    Il avait un peu l’impression de se revoir plus jeune, avec Stentor. Remettant sa capuche en place, il se déplaça prestement sur les toits des boutiques, veillant à rester dans l’ombre grâce aux hautes cheminées. Après une longue dizaine de minutes, ils arrivèrent enfin à son spot d’observation. Ils s’étaient bien éloignés de la boutique et avaient aussi pris un peu de hauteur. Cachés dans un renfoncement, ils ne pouvaient pas se voir et avaient pourtant une vue majestueuse sur une partie de la Capitale.

    Inaros s’assit, invitant la jeune fille à faire de même. Elle s’était très bien débrouillée, ce qu’il ne manqua pas de lui faire remarquer.

    T’voulais jouer les bandits, c’est comme ça qu’on fait. Une véritable somnambule, euh, funambule ! On va pouvoir manger ton gâteau, maintenant. Alors, t’en penses quoi d’ce spot ?
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    Re: De l'autre côté du prisme [Inaros]
    Mer 9 Déc 2020 - 0:35 #

    De l'autre côté du prisme

    Avec Ivara Streÿk


    Se balançant doucement d’avant en arrière, la fillette continuait de fixer sa meilleure amie avec un sourire démontrant toute son affection pour cette dernière. L’entendre dire que le gâteau lui plaisait suffisait à la combler de joie. Elle hocha la tête activement, soulagée que sa préparation culinaire soit une réussite. Elle n’allait pas l’avouer, mais elle avait eu une certaine peur en imaginant la réaction d’une Ivara qui recracherait sa pâtisserie un peu trop brûlée.

    “Tu penses encore que je suis une pipelette, c'est ça !? s’exclama-t-elle en battant des bras alors qu’elle mimait un visage outrée. Je peux arrêter de parler quand je veux d’abord ! Promis, regarde tu n’as pas besoin de me laisser ici !”
    Avec un grand sourire elle mima une serrure imaginaire sur ses lèvres qu’elle fermait à clé avant de jeter cette dernière.
    “Mes lèvres sont scellées ! affirma-t-elle alors avant d’écarquiller les yeux, se rendant compte que son vœu de silence n’avait finalement que peu duré. Aie j’ai parlé ! Ah non encore ! Et encore ! Et encore ! A l’aide Ivara !”
    Elle plaqua ses deux mains contre sa bouche pour se forcer à se taire.
    “Mhmhmhmffmfmfmf !”
    Elle hocha finalement la tête avec un regard pleinement sérieux pour finalement recommencer à rire joyeusement. Mais bien vite, elle se retrouva à froncer les sourcils de nouveau.
    “Si je ne peux pas parler, alors je vais chanter !”

    “Comment ça je dois pas boire trop de sucre ? chanta-t-elle d’une petite voix fluette à son amie qui hier pourtant lui avait laissé boire de nombreux gobelets sucrés. Ivara Ivara ! Le sucre c’est mon énergie secrète. Sans lui je deviens toute molle et j’ai plus du tout d’énergie ! J’ai euh… une maladie très très très rare ! Si je n’ai pas ma consommation de sucre quotidienne, je perds toutes mes forces !”
    Elle s’arrêta de chanter en rougissant légèrement en remarquant que cela fit sortir la tête d’une vieille femme de sa fenêtre pour comprendre d’ou venait ce boucan et qui lui lança un regard plein d’animosité.
    C’était là bien évidemment un mensonge à peine dissimulé et donné plus sur le ton de la blague que du sérieux. Même si une partie d’elle n’arrivait pas à comprendre l’étrange changement au sein du comportement de sa meilleure amie. Elle lui avait même proposé de grimper sur les toits au plus grand bonheur de l’enfant. Même si Chloé était plus que partante pour une aventure de haute voltige sur les hauteurs de la capitale, elle se souvint de la Ivara qui lui avait bien fait promettre de ne plus trop en faire pour quelques jours. Ivara était certes surprotectrice en temps normal, mais cela ne gênait pas fondamentalement l’enfant car l’enfant savait jouer des mots et du ton correct pour se faire écouter par la petite.
    Alors qu’aujourd’hui… elle lui semblait vraiment une toute autre personne. Peut-être avait-elle passé une mauvaise nuit ? se demanda la petite en se pinçant les lèvres, désolée pour son amie. Elle se tapota les joues en se promettant de lui demander si tout allait bien et si elle pouvait faire quelque chose pour cette dernière une fois qu’elles seraient sur les toits.

    Oubliant sa promesse de ne pas se mettre en danger, ou plutôt se disant qu’elle en avait le droit étant donné qu’Ivara lui même le lui avait proposé, la fillette vérifia que son gros sac d’aventure fût bien accroché sur son dos avant de tapoter son casque pour bien l’enfoncer sur son crâne.
    “Tu vas pouvoir me voir en action Ivara ! s’exclama-t-elle en restant ébahie un moment devant la tisseuse se retrouvant sur le toit du bâtiment avec une aisance insoupçonnée. Whouaou… Ivara ! Tu m’avais caché ça ! T’es vraiment trop douée partout en fait ! Apprends moi à grimper aussi vite ! Tu ferais presque une meilleure exploratrice que moi ! C’est pas bon du tout ! J’ai intérêt à travailler bien plus !”
    Paniquée de se faire chiper son rôle et particulièrement intéressée de prouver à son amie qu’elle était également capable, la petite commença son ascension.

    Ce coup-ci, elle se décida à ne pas toucher de près ou de loin à la gouttière et s’aida uniquement des fenêtres. Sa petite taille handicapante la confronta à quelques difficultés qu’elle peina à traverser. S’y prenant assez mal par manque de réelle pratique, elle se retrouva dans une fâcheuse posture. Trop haute pour redescendre et mieux s’y prendre, mais pas assez grande pour attraper le toit. Elle tenta de pousser un peu sur la pointe des pieds sans grand résultat. Ivara la regardait en ce moment même et il était catégoriquement hors de question qu’elle se mette à pleurer même si la peur de se retrouver coincée ici commençait à l’angoisser. Sa première chute qui aurait pu être mortelle avait finalement laissé quelques séquelles de bon sens dans le crâne de la petite presque sans peur.
    Elle ferma les yeux un long moment pour expirer longuement et retrouver son calme. Se remémorant sa promesse faite à son amie. Le visage confiant d’Ivara qui l’avait soutenu dans la réalisation de celle-ci. Parfois, il fallait prendre des risques. Quand bien même ces derniers étaient dangereux.
    Décevoir Ivara était totalement hors de propos. Il fallait qu’elle lui montre, qu’elle lui prouve qu’elle n’était pas simplement une petite bavarde. Les mots que l’on emploie ont un sens qu’il faut respecter, pensa-t-elle sérieusement, cherchant tout le courage dont elle était capable. Et elle était allée trop loin pour reculer.
    C’est avec un sourire confiant qu’elle ouvrit de nouveau ses paupières. Elle lâcha de ses deux mains les appuis qu’elle maintenait tout en fléchissant sur ses deux jambes. Elle n’aurait pas le droit à une seconde chance, si elle se ratait, ce serait une nouvelle chute jusqu’au sol peut-être bien plus grave que la première. Mais pourtant, elle n’avait en elle pas l’once d’une peur. Pour la première fois, quelqu’un croyait en elle, en son rêve. Et cela lui donnait les ailes les plus puissantes de tout Aryon.

    Tout se déroula en un instant. L’enfant bondit vers le haut en tendant la main gauche et ainsi tenter d’attraper le toit. Elle avait mis tant de dévotion et de courage dans son mouvement qu’elle se retrouva sans mots en remarquant qu’il lui manquait toujours quelques centimètres pour atteindre son but. Une larme coula silencieusement de son œil alors qu’elle termina son ascension pour se sentir retomber. C’était tellement injuste. Elle y avait mis tellement de bonne volonté. Pourquoi échouait-elle !? C’était injuste ! Injuste ! Elle eut envie d’hurler de frustration et de peur, mais aucun mot ne sortit de sa bouche silencieuse.
    Heureusement, Ivara lui attrapa la main avant qu’elle ne retombe trop loin. Chloé écarquilla les yeux. Voilà que son amie la tirait sur le toit.

    Lui offrant un sourire montrant tous les remerciements qu’elle lui offrait, Chloé tenta de se relever sur le toit en gardant l’équilibre et l’écouta donner ses directives. Encore trop sous le choc de la frayeur pour parvenir à s’exprimer correctement. La petite se contenta d’hocher la tête doucement et de suivre sa meilleure amie. Ce ne fût qu’après quelques minutes de marche sur les toits, où l’enfant pu se rendre compte que l’exercice était bien plus ardu qu’il n’y paraissait, qu’elle retrouva l’usage de ses mots et que ses jambes arrêtèrent de trembler.

    “Merci Ivara, dit-elle d’une toute petite voix en prenant la main de son amie en regardant ses pieds. Je suis désolée. Je voulais vraiment réussir, je te le promets. Je pensais que j’y parviendrais, mais j’ai failli faire rater entièrement notre super journée. Je… je veux vraiment devenir une exploratrice. Ça n'a pas changé et ça ne changera jamais. Mais… est-ce que tu penses que j’ai ce qu’il faut physiquement pour le faire ? Grand frère était super fort, lui. Il arrivait à grimper partout, il courait vraiment vite et en plus il était super fort en casse-tête. Des fois, je me dis que je suis un peu insignifiante à côté de ceux qui m’entourent. Par exemple toi, tu as réussi à faire ton propre commerce, il marche sacrément bien et tu fais des créations tout simplement sublimes. Et en plus tu grimpes vraiment trop bien aux toits !”
    Elle fixa ses deux mains un long moment.
    “Ivara, ajouta-t-elle en la fixant sérieusement dans les yeux. En tant que ta meilleure amie, j’ai besoin que tu sois sincère avec moi. Est-ce que tu penses que j’ai ce qu’il faut pour y parvenir ? J’ai toute la bonne volonté du monde, mais j’ai l’impression que cela ne suffit pas. S’il te plait. J’ai besoin de tes conseils avisés.”

    Pour une fois, la petite noble était totalement sérieuse. Laissant de côté pour une fois ses mimiques enfantines, elle attendait qu’Ivara lui prodigue sa sagesse une nouvelle fois.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: De l'autre côté du prisme [Inaros]
    Lun 14 Déc 2020 - 19:22 #

    Inaros


    Chloé…”, commença-t-il à dire, très prudent sur les mots qu’il allait employer par la suite. “Avant d’répondre à toutes c’questions, va falloir que j’te dise que’que chose. Bon. J’suis pas Ivara. Prend pas c’te mine effrayée, j’vais pas t’manger. T’crois que j’t’aurais rattrapé du haut du toit sinon ? J’t’aurais laissé tomber. C’tait bien tenté, d’ailleurs. Il t’manquait un peu d’allonge et d’détente, mais ça s’travaille. C’pas le souci. Moi, à ton âge, j’galérais d’jà aussi un peu. Rien d’bien compliqué à changer avec d’l’entraînement. Même si l’entraînement, pour moi, c’tait tous les jours… Enfin, oui. J’divague, là. Faut qu’j’t’explique qui j’suis. S’soeur jumelle. C’tout. Rien d’plus, rien d’moins. Elle t’a pas parlé d’moi ? Faudra qu’j’lui en touche deux mots. Comment elle peut bien oublier d’me mentionner à s’nouvelle meilleure amie, hein ?

    Il avait décidé de jouer franc jeu et de parler. Enfin, franc jeu, pas vraiment. Mais il fallait bien qu’il explique à la jeune Chloé qu’elle n’avait pas Ivara en face d’elle. La lueur d’espoir, d’attente, de candeur et de sérieux qui se lisaient dans son regard avait contraint Inaros d’agir ainsi. Il ne pouvait pas laisser cette gamine se faire de faux espoirs et se permettre de mal répondre à la place de la sculptrice.

    C’ta vraie amie ? J’me d’mande quand même comment ça s’fait. Y’a quoi… Quinze ans d’écart, non ? Finalement c’t’un peu comme ta grande soeur. Enfin, v’là Chloé. J’suis pas Ivara, moi c’est Niko. Pas qu’Ivara veuille pas t’voir, j’jamais j’ai dis ça. C’juste qu’elle est pas là aujourd’hui et c’moi qui dois gérer l’boutique, mais j’avais pas envie. J’ai d’autres choses à faire, alors j’ai fermé l’commerce pour l’journée. Puis t’as toqué, j’m’y attendais pas. J’aurais dû t’dire dès l’début qu’j’étais pas Ivara mais, eh, j’ai bien rigolé d’voir ta tête s’décomposer en pensant qu’Ivara s’mettrait à faire l’bandit. T’es une sacrée gamine, toi. T’dois en faire voir d’toutes l’couleurs à t’famille, j’pense. Puis tu m’fais parler. Beaucoup parler. D’habitude j’parle pas. Mais là, tu m’donnes envie d’parler. Parce que j’sens bien que t’es très attachée à Ivara. J’te d’vais bien au moins ces explications. Bref. V’là la vue qu’j’voulais t’montrer.

    Il se tut pendant un instant, le regard perdu vers l’horizon. Un petit sourire sur le coin des lèvres, Inaros - Niko - tourna son faciès vers celui de l’enfant pour lui montrer qu’il n’était pas malveillant. Pas envers elle. Putain de sixième sens qui l’empêchait d’être maître de ses émotions. C’était une vrai plaie quand il s’agissait de gens auxquels Ivara tenait particulièrement mais, surtout, c’était bien la première fois que ça arrivait. Il ne s’était jamais retrouvé en présence d’autres personnes qu’Ivara appréciait autant auparavant.

    Crois pas qu’j’t’aime bien. J’te connais pas. Mais Ivara a l’air d’t’apprécier, alors bon. Tu m’fais goûter ton gâteau ? J’suis sûr que même brûlé il doit être bon. Puis j’ai un peu faim et j’trouve l’attention très gentille.” Ça, il le ressentait uniquement à cause d’Ivara. Et peut-être aussi un peu parce que son enfance avait été suffisamment chaotique pour qu’il entende les complaintes de Chloé. “Pas mal, c’gâteau ! Il a bon goût. T’vois. J’te l’avais dis. Bon, j’en étais où ? Ah oui. T’voulais qu’je parle, c’gagné. Encore plus pipelette qu’toi tout à l’heure. J’voulais t’parler d’tes peurs. Ivara ou pas, j’peux aussi être d’bons conseils, crois pas. Alors. Y s’ront peut-être même encore plus avisés, parce que moi, j’grandis dans les rues. Une longue histoire, mais j’pas grandis avec Ivara, non non. C’là qu’j’ai appris à escalader, à m’battre, à m’cacher. Et à découvrir la Capitale. J’la connais comme ma poche. T’veux d’venir exploratrice ? Ça m’fait penser que… Non. Oublie, j’parle trop. Faut dire qu’ça fait longtemps que j’pas pu autant parler à quelqu’un. C’ta faute, à t’comporter aussi intelligemment. T’poses les bonnes questions, alors j’réponds. Et ma réponse à t’question, Chloé, c’est qu’tu dois t’entraîner. Tous les jours, tout le temps ! T’peux pas d’venir une grande exploratrice sans entraînement. Comme j’t’ai dis, moi, j’apprenais à grimper tous les jours. Pluie, vent, neige, soleil. Tout le temps ! Mais suffit pas non plus d’être fort et d’savoir tout escalader. Faut aussi en avoir là d’dans. Ah, j’t’ai fais mal ? T’es blessé à la tête ? Pardon. J’savais pas. Tout ça pour dire qu’tu m’parais suffisamment intelligente et d’en avoir dans la caboche pour bien réussir. T’as plus qu’à combiner l’deux et t’feras sans doute d’miracles. Mais bon. Avec tes huit ans, t’peux pas aller très loin encore.

    Un soupir. Il ramena ses genoux contre sa poitrine et posa ses bras dessus. Le regard perdu, de nouveau, dans le vide, il se tut aussi soudainement qu’il s’était mis à beaucoup parler. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas pu s’exprimer ainsi avec quelqu’un. Ce sentiment étrange et nouveau le laissait pantois. Il ne savait plus comment réagir et cela devait se voir sur son visage.
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    Re: De l'autre côté du prisme [Inaros]
    Mar 15 Déc 2020 - 18:13 #

    De l'autre côté du prisme

    Avec Ivara Streÿk


    Ivara interpella la petite. Le ton grave et sérieux qu’elle employa fit asseoir la petite pour lui accorder une pleine attention et heureusement pour cette dernière car bien vite, l’adulte lui annonça qu’elle n’était pas sa meilleure amie ce qui aurait fait tomber à la renverse la plus jeune. Elle voulut répliquer en panique, lui dire que ce n’était pas possible ! Elles étaient beaucoup trop semblables ! Et puis Chloé en était sûre car, lui étant rentré dedans elle avait pu reconnaître le même ventre contre lequel elle s’était tant cachée hier. Et alors qu’elle allait enfin répliquer, la fille masquée avoua qu’elle était en réalité la sœur jumelle de son amie. Chloé, abasourdie, resta un long moment à la fixer dans les yeux. Essayant de jauger s'il s’agissait d’une mauvaise farce ou non. Elle pencha lentement la tête sur le côté. Prise d’une longue réflexion qui s’écourta bien vite devant le regard sérieux de la femme qui lui faisait face. L’enfant qui accordait sa confiance relativement facilement, décida de croire les dires de cette dernière même si quelque chose la gênait. Elle n’arrivait cependant pas à mettre le doigt dessus.

    “Non elle ne m’a pas parlé de vous madame, répondit-t-elle plus poliment. Mais je vous crois ! Vous n’êtes pas Ivara, en même temps Ivara parle vraiment super bien avec sa voix mélodieuse alors que vous passez plus pour une sorte de pirate ! M-mais je ne dis pas ça méchamment hein ! C’est cool les pirates ! Surtout avec des jambes en bois et des cache-oeils. En plus ils enterrent des trésors. Alors disons que vous êtes une gentille pirate !”
    Elle continua d’un léger rire gêné. Décidément, elle parlait toujours avant d’avoir tourné sa langue plusieurs fois dans sa bouche et bien qu’elle avait essayé de se rattraper aux branches, elle avait peur d’avoir agacé la sœur de sa meilleure amie.
    “Enfin bref ! continua-t-elle. Vous avez raison ! C’est super bizarre qu’elle n’ai pas parlé de vous ! Surtout qu’on a beaucoup parlé de la famille… enfin, peut-être qu’elle avait beaucoup à penser hier. Je m’en veux un petit peu, mais je l’ai pas mal embêté avec tous mes soucis.”
    Elle conclut ses dires par un petit rire sincère.

    La jumelle d’Ivara continua alors. Questionnant l’amitié de cette dernière avec l’enfant qui ne put laisser passer cela. Chloé s’emporta bien vite en gonflant les joues comme un gros ballon avant d’agiter vivement les bras.
    “Ivara c’est mon amie ! cria-t-elle en colère. Non, ce n'est pas seulement mon amie. C’est ma meilleure amie ! Personne n'a le droit de remettre en question ce fait ! Elle a vraiment tout fait pour moi et m’a aidé à y voir plus clair sur beaucoup de choses ! Je ferais tout pour elle ! Vous m’entendez ? Tout ! Même si c’est dangereux ! Elle… elle a été la première à me montrer de la sympathie. Même plus, elle a donné de sa personne pour me sortir d’une situation bien épineuse alors qu’on ne se connaissait même pas. C’est vraiment une personne formidable et j’aimerais beaucoup être aussi courageuse, sage et fantastique qu’elle une fois plus grande.”
    Elle se calma finalement rapidement en ajoutant.
    “Mais vous avez raison. J’aurais vraiment aimé qu’elle soit ma grande sœur. Et même si nous n’avons aucun lien du sang, Ivara m’a appris que les amis que nous choisissons sont tout aussi importants voir plus que la famille. Alors moi j’ai décidé de la choisir comme meilleure amie-famille.”
    Elle marqua une courte pause avant de reprendre.
    “Vous savez madame Niko, ajouta-t-elle d’une petite voix. Je sais que c’est mal, mais en un sens, je suis un peu jalouse de vous. Vous avez la chance d’avoir une super sœur jumelle attentionnée que vous pouvez garder avec vous. Elle vous fait même confiance pour tenir la boutique ! D’ailleurs en parlant de ça ! Si vous ne gardez pas la boutique et qu’Ivara n’est pas là ! Ça ne risque pas de lui causer des problèmes par la suite ? Enfin…”
    Elle croisa les bras, se rendant bien compte qu’un ton réprobateur ne lui seyait guère au vu du nombre important de bêtises que pouvait faire la petite à la seconde. Elle se tut finalement avec un rire enfantin.
    “Vous avez raison madame Niko, c’est vrai qu’avec ma famille… tout n’est pas tout rose et je leur sors souvent par les yeux. Alors j’irais pas raconter à Ivara que vous avez abandonné votre poste. Moi aussi j’ai jamais envie de suivre les cours de mon précepteur. A choisir je préférerais grimper aux toits toute la journée ! Alors je vous comprends un peu.”

    Elle tourna ensuite la tête pour contempler la vue que voulait lui offrir la jumelle d’Ivara. La petite se pencha légèrement pour regarder plus bas, les passants fourmillaient, ne se doutant pas un seul instant de la présence des deux filles au-dessus de leurs têtes. Chloé s’amusa à les observer pendant un moment. Se demandant pourquoi cette femme qui courait en poussant les autres était si pressée, pourquoi ce jeune garçon entrait dans ce magasin de sapins. Peut-être préparait-il les fêtes de Noël ? Auquel cas il s’y prenait un peu tard. Pendant un instant, elle se sentit au-dessus de tout. Se rendant compte qu’elle n’était pas seule au monde. Il y avait des tas d’habitants avec des rêves, des espoirs, des envies. Et bien qu’il lui était impossible de tous les connaître, cela lui fit relativiser quelque peu sa manière de se comporter avec sa famille.
    Malheureusement, elle n’eut pas plus de temps pour se laisser bercer par quelques réflexions car Niko recommença à parler. Chloé se tourna de nouveau pour lui offrir toute son attention.

    L'adulte commença durement en avouant qu’elle n’appréciait pas spécialement l’enfant, du fait qu’elles ne se connaissaient pas. Chloé grimaça en avalant avec difficulté sa salive, essayant de ne pas se mettre à parler tout de suite pour la laisser terminer. Et puis le ton sérieux de madame Niko poussait à une certaine retenue que l’enfant s’empressa de suivre. Elle hésita toutefois un instant quant au sujet du gâteau.
    “Eh bien… dit-elle profitant de la courte pause de l’adulte. Il s’agissait du gâteau pour Ivara. Mais… je pense que ce n'est pas grave madame Niko. Même si vous ne m'aimez pas, moi je vous aime bien. Alors vous pouvez manger de toute votre envie ! J’en ferais un autre pour votre sœur. Peut-être même qu’on pourra le manger toutes les trois la prochaine fois ! Ce serait chouette !”
    Laissant ainsi la femme apprécier ce cadeau et lorsqu’elle lui avoua que ce dernier était loin d’être mauvais, cela enchanta l’enfant au plus haut point. Elle était fière d’avoir réussi un gâteau et se promettait que le prochain qu’elle ferait n’en serait que bien meilleur.

    L’adulte continua sur le sujet premier. Celui sur lequel l’enfant lui avait posé une question terriblement importante pour elle suite à son échec d’escalade. Elle nota dans un coin de sa tête que Niko avait grandi dans la rue. Loin de sa sœur. Chloé se pinça légèrement la lèvre de tristesse mais essaya de se rassurer en se disant que désormais elles devaient se voir bien plus souvent si Ivara faisait assez confiance à sa sœur pour tenir la boutique.
    Niko lui dévoila ses talents cachés pour l’escalade, la furtivité et le combat. Ce qui fit écarquiller au possible les yeux de l’enfant. Plus elle l’écoutait, plus elle se rendait compte qu’en effet cette dernière n’avait rien à voir avec Ivara. Pourtant, la petite ne pu s’empêcher de la trouver “cool” à sa façon. Elle continua en lui avouant qu’il n’y avait pas réellement de secret, si Chloé voulait arracher son rêve des griffes du destin, il n’en revenait qu’à elle et elle seule de se donner toutes les cartes en main pour y parvenir.

    Chloé baissa la tête longuement. Essayant de remettre de l’ordre dans tout ce qu’elle avait entendu jusqu’à maintenant. Pouvait-elle devenir assez forte physiquement pour partir explorer de vieilles ruines ? Faire face à mille et un dangers ? Selon madame Niko, elle possédait déjà le mental pour. Il ne lui manquait plus que l’entraînement. Et au ton grave qu’avait employé l’adulte, la petite pressenti qu’un tel entraînement serait loin d’être de tout repos. Spécialement si elle voulait des résultats probants et rapides. L’enfant reporta son attention sur Niko qui s’était repliée sur elle-même, semblant totalement perdue. La fillette afficha une légère moue, peut-être madame Niko avait-elle eu une enfance compliquée ? Ivara semblait avoir tout pour la ravir de son enfance. Un rêve approuvé par sa famille, un grand père adorable. Mais Niko ? Chloé ne savait pas réellement dire pourquoi, mais elle avait l’impression que cette dernière, derrière ses airs affirmés, semblait bien seule. La petite était certaine d’avoir déjà cette expression sur son propre visage, bien trop souvent avant qu’Ivara ne lui montre de nouveau le soleil.

    Un sourire empreint d’une gentillesse rare sur le visage, l’enfant se leva pour se rapprocher de la femme. Elle lui caressa alors la tête avec bienveillance.
    “Soyons amies alors, déclara-t-elle doucement. Je t’apporterais de nouveaux supers gâteaux et en échange tu m’apprends à grimper partout comme une véritable araignée. Parce que tu sais quoi ? Moi je te trouve cool. J’aime bien les gens qui disent la vérité. Alors tu peux être certaine que je vais travailler comme pas permis pour réussir. J’ai pas peur du vent, de la neige ou de me faire mal. Devenir exploratrice c’est vraiment trop important pour moi. Plus que tout au monde…”
    Elle ôta son casque pour montrer sa blessure.
    “Je me suis fait mal en grimpant hier. J’ai vraiment eu peur parce que j’ai pensé mourir sur le coup. Heureusement qu’Ivara était là pour moi. Je ne sais pas dans quel état je serais rentré chez moi sinon. Mais une chose est certaine, si je suis incapable de rassurer mes proches, ils ne me feront jamais confiance. J’aurais beau répéter encore et encore que je serais la plus grande exploratrice du monde, si je n’ai rien pour appuyer mes mots alors personne ne croira en moi à part les gens comme Ivara qui ont vraiment le cœur sur la main. Le monde est bien plus dur que je ne l’imaginais… personne n’a cru en mon frère qui était pourtant le meilleur. Alors… pour accomplir son rêve. Mon rêve. Je dois devenir meilleure que lui. Meilleure que tous les autres explorateurs ! Je crois que je commence à comprendre un autre pan de ce chemin que je poursuis grâce à toi madame Niko. Ce n’est pas juste en pensant très fort à mon rêve que celui-ci se réalisera. C’est une compétition de tous les instants ! Et si jamais ! Si jamais je venais à rencontrer quelqu’un qui a le même rêve que moi ? Il… il ne peut y avoir qu’un seul numéro un, non ? Je… je serais alors obligée de détruire son rêve pour accéder au mien.”

    Cette réalisation lui glaça le sang. Sans s’en rendre compte, des larmes commencèrent à perler le visage cristallin de la petite qui finit par renifler pour essuyer ces dernières d’un revers de la manche. Fixant alors l’adulte d’un regard flamboyant d’une détermination rare. Elle avait promis à Ivara. Promis à son frère. Si elle devait se mettre en danger, si elle n’avait d’autre choix que de briser les rêves d’un autre pour accéder au sien. Alors elle le ferait. Même si elle appréhendait dangereusement le moment où cette situation arriverait.
    “Madame Niko ! continua-t-elle en lui prenant la main fermement. Entraînez-moi ! Je vous jure que vous n’aurez jamais d’élève plus doué que moi ! Je suis prête à ne pas manger ni dormir pour être aussi douée que vous ! S’il vous plaît ! Je ferais ce que vous voulez en échange !”

    Elle continua de la fixer avec une détermination certaine. Elle était prête à faire ce qu’il fallait pour réussir. Elle prouverait à Ivara et plus particulièrement à sa famille qu’elle était capable de porter sur ses frêles épaules ce rêve particulièrement fou.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: De l'autre côté du prisme [Inaros]
    Mer 23 Déc 2020 - 23:39 #

    Inaros


    Il avait parlé beaucoup plus qu’à son habitude. Il espérait avoir été suffisamment clair dans ses explications, il n’était pas doué pour la parlotte. Quand il avait été encore plus jeune que Chloé, il avait reçu une éducation pour le former dans son futur rôle : chef de famille des Lehnsherr. En fuyant le foyer familial et en se retrouvant à la rue, il avait vite presque tout perdu et s’était beaucoup replié sur lui-même. Devenant de moins en moins loquace au fil des années, davantage lorsque son père adoptif avait trouvé la mort et inutile de mentionner son état mental lorsqu’il s’était retrouvé à partager le corps d’une parfaite inconnue. Cette inconnue avec qui il partageait bien plus qu’un simple corps, au vu de ses réactions qu’il ne savait plus contrôler.

    Le regard perdu dans le vide, il lui fallut de longues secondes pour que les réponses de la gamine montent jusqu’à son cerveau. Sa répartie fit naître un sourire, presque imperceptible, sur son faciès. Il ne répliqua pas, se contentant de poser son regard sur la petite. Chloé lui faisait se rendre compte qu’Ivara et lui étaient diamétralement opposés. Difficile de se faire passer l’un pour l’autre, encore plus quand ils n’avaient jamais eu la possibilité de se voir tous les deux en action. Ils n’avaient que des mots pour essayer de se comprendre et, déjà rien qu’à l’écrit, Inaros n’était pas du genre à rédiger des tonnes de lignes sur lui. Il était concis, allant toujours à l’essentiel.

    Lorsqu’elle se mit à agiter ses petits bras en soutenant qu’Ivara était son amie, Inaros put comprendre davantage le lien qui unissait les deux filles.

    J’pense qu’t’as fais un bon choix d’meilleure amie-famille. Ce s’ra toujours mieux qu’moi, rétorqua-t-il avec une pointe de nostalgie dans la voix. Après tout, il avait laissé tomber sa sœur de sang. T’as pas à être jalouse. J’sens bien qu’Ivara t’apprécie tout autant. D’la même façon. C’tait juste pas l’bon jour pour r’venir la voir. T’as pas d’autres frères et sœurs toi ?

    Le surnom de Madame Niko le fit un peu tiquer. “Appelle moi juste Niko, si tu veux. Pas d’madame avec moi”, précisa-t-il.

    Ce que disait Chloé lui rappelait un peu son enfance. Lui aussi, en se plongeant dans ses histoires de cape et d’épée, avait rêvé de partir à l’aventure et de grimper sur les toits de la Capitale. C’est bien ce qu’il faisait aujourd’hui, mais à quel prix ? S’il pouvait éviter cela pour quelqu’un d’autre, il le ferait certainement. Car au fond, si il avait pu continuer de suivre les cours ennuyants de son précepteur il l’aurait fait. La vie qu’il menait, n’importe qui était capable de l’avoir, ce n’était pas une question de choix mais de survie. Ce que Chloé avait par contre, était une chance. Malgré sa haine envers eux il enviait leur quotidien, à l’abri du danger, au chaud, souvent en famille… Il ne se l’avouait pas, mais le petit Nikolaos Lehnsherr aurait préféré rester dans son manoir avec sa famille et grandir avec sa sœur. Il n’était pas forcément fier de ce qu’il était devenu mais n’avait plus le choix, il était trop tard pour se cultiver, tisser des liens avec d’autres nobles pour se faire accepter et vivre dans ce monde. Il l’avait quitté et ce ne sont pas des portes qui ouvrent aux déserteurs.
    La proposition de Chloé le tira de ses rêveries, amis ? Eux ? Elle lui proposait car elle ignorait qui il était. C’est comme ça, on n’apprécie pas les gens comme Inaros. On s’en sert ou on les fuit. Aussi gentille soit-elle, elle demeurait ignorante et c’était mieux ainsi. En écoutant la proposition, Inaros ne put retenir un léger non de la tête en soupirant, simple résultante de sa vision de la situation.

    Par la suite, Chloé ne tarit pas d’éloges pour Ivara. Elle devait être sacrément bienveillante quand même. D’un autre côté, la petite catalysait beaucoup d’émotions positives par sa simple présence, en témoignait la longue tirade qu'elle avait arraché de l'habituelle routine du mercenaire. Impressionné par le raisonnement qu’elle tenait pour son âge, l’homme n’était néanmoins pas d’accord avec un point qu’il avait pu observer depuis qu’il vivait ainsi. Mais, avant même de pouvoir commenter, la petite pipelette avait déjà enchaîné sur la conclusion de toute sa réflexion.
    Lui, être le mentor de la petite ? Il ne pouvait pas. Si elle voulait devenir aventurière, qu’elle demande a un vrai aventurier car Nikolaos n’en était pas un. Inaros n’était qu’un outil et Nikolaos un pauvre homme louant cet outil pour gagner sa vie, cela n’avait rien d’enviable ou de “cool”.

    C’très bien comment tu réfléchis p’tite. Mais… faut que tu voies les choses dans leur ensemble. T’as beaucoup d’chance d’être là où t’es et beaucoup aimeraient être à ta place tu vois… J’suis pas le meilleur pour te conseiller ou t’apprendre quoi que ce soit. Mais si j’sais une chose c’est que peu importe combien tu deviens forte, tu seras toujours moins r’connue qu’un noble. C’que j’veux dire c’est que, devenir aventurière tu peux essayer quand tu veux alors qu’être dans la noblesse t’as qu’une chance et elle est maint’nant, si tu la prends pas t’en auras plus jamais et faudra vivre parmi les gens normaux comme m…

    Il aurait aimé conclure par comme moi mais… L’homme n’était pas vraiment un modèle de normalité. Et au final, il ne donnait que sa vision de la noblesse, tronquée par ses années de services aux pires d’entre eux. Mais un mensonge répété mille fois a des allures de vérité alors il reste persuadé de ce qu’il pense et continue :

    Si toutes les bonnes personnes comme toi quittent le navire, tu m’étonnes que ça soit que des salauds ! Enfin, j’dis ça mais c’est juste plus rentable de continuer comme ça pour l’instant, puis d’essayer l’aventure plus tard

    Rentable n’était pas le mot le plus approprié pour parler des rêves d’une petite fille mais ce concept était étranger au mercenaire. Il s’était contenté de donner un avis froid et cartésien sur la situation en ignorant les envies personnelles de Chloé. Privé de ses rêves d’enfants lorsqu’il avait quitté le manoir des Lehnsherr, il grandit en ne pensant qu’aux cristaux et à la stabilité. Et c’était dans ce genre de situations que ce défaut se voyait le plus. Il avait beaucoup de mal à comprendre comment Chloé pouvait vouloir sacrifier autant pour… pour quoi ? Il était là le problème, il avait encore beaucoup de mal à avoir une idée de ce que pesait l’autre partie de la balance, celle des aspirations et des ambitions. Malgré le retour de ses sentiments personnels dans ses réflexions suite à son étrange rêve il y a quelques semaines, il y avait certaines choses qui mettaient beaucoup de temps à s’apprendre.
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    Re: De l'autre côté du prisme [Inaros]
    Jeu 24 Déc 2020 - 14:48 #

    De l'autre côté du prisme

    Avec Ivara Streÿk


    Chloé qui ne s’attendait pas à voir refuser une main tendue pleine d’amitié fut prise de court. Elle ouvrit la bouche pour répliquer en fronçant les sourcils mais aucun mot ne parvint à sortir de sa gorge. Baissant l’index qu’elle avait levée, son entrain se transforma peu à peu en petite mine attristée. Pourquoi la soeur d’Ivara ne voulait-elle pas être amie avec elle ? Était-elle trop petite ? Trop bruyante ? Pas assez sage ?
    Suite à ces pensées, l’enfant se sentit bien misérable alors qu’une vive colère lui montait peu à peu. Elle croisa les bras légèrement mécontente.
    “C’est parce que vous pensez que je ferais pas une bonne amie c’est ça !? Que je grimpe pas bien aux toits et que je parle trop !? Ou alors c’est peut-être parce que vous avez peur de vous ennuyer avec moi ? Je suis capable de faire des activités de grands aussi ! Je suis sacrément douée pour m’asseoir sur un banc et rouspéter en disant que le monde était mieux avant si y’a que ça !”

    Elle tourna légèrement la tête pour perdre son regard dans la rue en contrebas, ne voulant affronter le regard de la jumelle d’Ivara.
    “Vous avez pourtant accepté mon gâteau, ajouta-t-elle l’air de rien. Et vous l’avez trouvé assez bon. Faut savoir que moi, j’aime beaucoup faire des gâteaux pour mes amis. Vous auriez pu en avoir des tas ! Une montagne de gâteaux !”
    Un sourire légèrement amusé pu naître sur les lèvres de la fillette qui avait l’impression d’essayer d’acheter l’adulte à grands renforts de pâtisserie. Si cela ne marchait pas, elle avait toujours une stratégie de secours. Une carte maîtresse qu’elle ne sortait qu’en dernier recours. Les larmes de crocodiles. Une arme de destruction massive qu’elle ne pouvait se permettre d’utiliser à la légère.
    Cette pensée fit éclater d’un petit rire l’enfant qui releva la tête pour confronter son regard à celui de la jeune femme.

    “Heureusement pour vous, j’ai trop d’estime pour vous pour vous faire du chantage de bas étage comme ça. Ivara doit vraiment vous porter dans son cœur pour vous laisser la garde du magasin qui est tout à ses yeux. C’est un peu comme la cristallisation de son rêve de toujours. C’est le genre de chose que l’on ne remet pas entre les mains de n’importe qui.”
    Elle soupira légèrement en affichant un air désolé avant de reprendre.
    “Je peux pas me permettre de vous acheter comme ça. Et puis c’est pas comme ça que marche les vraies amitiés. C’est pas un bête contrat qui me lie à Ivara, j’apprécie beaucoup passer du temps avec elle, alors c’est mon amie ! Si on pouvait s’acheter de vrais amis avec quelques parts de gâteaux, le monde serait certes plus simple, mais on porterait quand même moins d’importance au sens de l’amitié non ? Moi je sais que si Ivara a besoin de quoi que ce soit, je ferais tout pour l’aider ! Et je sais que c’est réciproque, même si je vais quand même essayer de ne pas l’embarasser en l’appelant à l’aide tous les jours.”
    Elle hocha doucement la tête trouvant son cheminement de pensée convenable.
    “Tout ça pour dire madam-” Elle se coupa pour reprendre. “Tout ça pour dire Niko, que j’accepte votre choix. Même si c’est quand même sacrément dommage ! Je suis sûre que quand vous aurez vu à quel point je suis géniale vous accepterez cette amitié ! Et puis comme ça on pourra faire des jeux trop marrants avec votre soeur ! Je suis sûre que vous êtes du genre à ne pas trop parler aux réunions de famille, alors qu’Ivara a l’air bien plus extravertie ! Toutefois ! C’est pas grave si vous êtes timide ou que vous aimez bien bouder dans votre coin et que vous préférez être seule. Les amis sont pas forcément obligés de se donner la main tout le temps et de se coller. On a tous besoin d’un peu de temps pour nous, certains plus que d’autres.”

    Elle se leva alors, posant les mains sur ses hanches pour la regarder de haut avec un grand sourire sur le visage. Néanmoins, son ton était un peu plus direct.
    “Pourquoi avoir Ivara comme meilleure amie serait toujours un meilleur choix que vous ? Le monde est pas si sombre que vous le pensez hein ! Et je continue de penser que vous êtes cool ! Vous voulez vraiment pas d’amis en fait ? Vous préférez rester toute seule ?”
    Elle leva la tête pour contempler le ciel, essayant de trouver les mots à poser sur ce qu’elle pensait.
    “Vous savez Niko, continua-t-elle après un long silence, d’un ton un peu plus incertain. Vous devriez pas vous rabaisser comme ça. Je pense que tout le monde mérite de pouvoir recevoir une main amicale. Premièrement ça fait toujours chaud au coeur mais surtout…”
    Elle se tut un instant pour prendre une profonde inspiration. Le visage ferme, elle continua dans un murmure. N’appréciant guère le sujet.
    “Rien n’est éternel. Vous, moi, les joyeux passant en contrebas. Un jour viendra où nous cesserons d’être. Parfois, ça arrive même avant que l’on ne le pense.”
    Elle sentit son cœur se serrer et les larmes monter lentement jusqu’à ses iris. Le sujet lui était sensible et sans la tragédie qu’avait touché son frère, il était plus que probable que jamais elle n’aurait pu avoir une telle réflexion.
    “Quand ce jour viendra Niko, continua-t-elle dans un murmure en fermant les yeux. Qu’est ce qui vous restera ? Vous voulez vraiment partir en laissant derrière vous un spectre ? Je ne parle pas forcément de laisser sa marque sur le monde, mais de laisser un souvenir de vous à vos proches. Que vous puissiez être fière de qui vous êtes. Fière des gens qui vous ont soutenus tout au long de votre vie.”

    Elle ôta son casque pour le garder contre elle, dans ses bras. Comme un réconfort. Elle étendit alors le sujet en cours.
    "Grâce à votre sœur jumelle, j’ai pu énormément relativiser et réfléchir à ce que je voulais faire de ma vie. Ce que je voulais laisser derrière moi. Vous voyez, mon frère qui était tout pour moi a perdu la vie. C’est déjà très triste en soi et je doute pouvoir un jour faire totalement le deuil. Mais le plus triste, c’est qu’il nous a quitté sans rien accomplir de son rêve. Il a dû se dire que sa vie était gâchée, qu’il ne valait rien. Et je trouve cela vraiment excessivement injuste. Il avait vraiment tout fait pour réussir, pouvoir écrire l’histoire dont il rêvait. Sa propre histoire. Mais… le destin en a décidé autrement.”

    Un sourire confiant apparut alors sur le visage de la petite qui reposa son casque sur son crâne avant de le tapoter pour s’assurer qu’il était bien enfilé.
    “Personne ne devrait avoir à partir avec un sentiment de vide. Pas même vous Niko ! C’est bien trop atroce. C’est comme si l’on mourait une seconde fois. Et c’est justement pour ça, que je deviendrais exploratrice.”
    Elle plongea son regard de jade dans celui de l’adulte.
    “Oui je suis une noble, oui mon père a vraiment des montagnes de cristaux, oui la vie pourrait y être facile si je ne faisais pas bêtise sur bêtise. Mais en définitive, qu’est-ce que j’aurais gagné à part le remord de ne pas avoir agi quand je le pouvais ? J’ai attrapé le rêve le plus cher de mon frère pour en faire miens. C’est comme s’il vivait à travers moi comme ça. Et un jour, j'explorerais ce qu’il y a au-delà des territoires d’Aryon. Ce jour-là, il pourra enfin reposer en paix. Je sais, vous devez sans doute vous dire que je suis bête, immature et inconsidérée. Moi même je ne crois pas en une vie après la mort, je sais que mon frère est parti et que quoi que je fasse, cela ne changera rien pour lui. Mais je m’en fiche. Sa mémoire, le souvenir qu’il m’a laissé de lui. C’est pour eux que je fais tout ça. Mon rêve et le sien ne font désormais qu’un. Je deviendrais la plus grande exploratrice qu’ait porté ce monde. Une véritable légende vivante ! Et le jour où mon aventure s’arrêtera, je pourrais quitter ce monde avec sérénité. Je serais heureuse. Heureuse de la vie que j’aurais menée. Heureuse d’avoir pu la partager avec des gens aussi formidables qu’Ivara. Heureuse de pouvoir dire fièrement : Je suis Chloé Di Horion et fière de ce que j’ai été. Je refuse de vivre et de m’éteindre avec des remords.”

    Ses paupières se fermèrent alors qu’elle récupérait toutes ses forces pour continuer le plus clairement possible. Mûe par une volonté indestructible.
    “C’est aussi pour cela Niko. Que sauf tout le respect que j’ai pour vous, la soeur d’Ivara. Je n’ai pas le temps de jouer à faire la noble jusqu’à ma majorité pour ensuite commencer à apprendre. Même si vous refusez de m’entraîner, je trouverais un moyen autrement. Ce n’est pas une simple question de savoir si je peux ou non réussir. Il y a des choses qui doivent être faites, c’est tout. Je refuse de détourner mon regard de qui je suis, de qui je veux être. La vie est trop précieuse pour douter pendant des années et des années. Et s’il y a bien quelque chose sur laquelle je suis intransigeante, c’est les promesses. J’ai promis à feu mon frère d’accomplir son rêve. J’ai promis à Ivara de réussir. Il est hors de question de faire demi-tour maintenant. Je ne réfléchis pas en termes de ce qui est rentable ou non, Niko. Vous allez encore vous dire que je suis stupide, mais je compte bien vivre la vie que je veux. Je prouverais à ma famille et au monde que j’en suis capable.”

    Elle conclut en affichant un petit sourire.
    “Et qui ne vous dit pas que les gens normaux sont encore plus extraordinaires que les anormaux ? le questionna-t-elle malicieusement. Ivara n’est pas une noble, pourtant elle vit sa vie au maximum ! Combien de nobles peuvent en dire autant ?! Si être autant comblée moralement qu’Ivara c’est être une personne normale, alors c’est avec le plus grand des plaisirs que je me considérerais comme normale ! C’est bien beau la sécurité, les cristaux. Mais à la fin du voyage, ce ne sont pas vers les cristaux que vont nos dernières pensées ! Elles vont vers ceux qui nous sont chers ! Ça ne sert à rien d’être le plus riche du cimetière ! Et ça… père veut pas le comprendre…”

    Elle secoua finalement la tête doucement.
    “En tout cas Niko, c’est pour toutes ces raisons que vous ne devriez pas dire du mal de vous. Peut-être que vous avez des regrets ou des remords, mais vous êtes encore là ! Vous avez encore le temps de vous réveiller et de devenir la personne que vous rêvez d’être ! Bien sûr, il faut faire attention à ne pas rêver sa vie au lieu de vivre ses rêves. Mais vous savez quoi ? Moi, j’ai confiance en vous.”
    Elle lui offrit un sourire sincère.
    “Et pas juste parce que vous êtes la soeur jumelle d’Ivara, expliqua-t-elle calmement. Je vous fais confiance parce que je vous trouve vraiment cool. Je sais que sous votre carapace qui refuse ma super amitié et vos airs méchants, vous avez largement ce qu’il faut comme force morale pour être heureuse. Alors, je vais laisser ma proposition d’amitié. Vous n’aurez qu’à la saisir au moment où vous vous le sentirez. D’ici là, je serais patiente !”

    Un vent violent se leva alors que la petite écarta les bras pour ressentir ce dernier. Un cri se fit entendre dans la ruelle en contrebas suite au vent violent qui avait débuté. Un homme était à genoux au sol et essayait de réunir différentes décorations pour les fêtes d’hiver qu’il venait d’acheter et qui s’envolaient au gré du vent. Un anneau de gui s’envola et passa juste au-dessus des deux filles sur le toit.
    Ses cheveux volant derrière sa tête, une idée farfelue naquit dans le creux de son esprit. Peut-être pourrait-elle commencer à fissurer cette vilaine carapace refusant l’amitié tout en s’entraînant ?

    “Niko ! s’écria Chloé d’un coup avec empressement. J’ai un secret super secret à vous dire ! Faudra pas le répéter hein !”
    [Elle se pencha pour faire mine de lui chuchoter un secret d’une importance capitale avant de lui faire un petit bisou sur la joue alors que le gui passait juste au-dessus d’elles.]
    “C’est toi le chat !” annonça-t-elle amusée avant de déguerpir à vive allure en courant sur les toits, les bras écartés pour ne pas perdre l’équilibre en espérant que cela agace au moins la jeune femme pour qu’elle se lance à sa poursuite. Espérant ainsi que cette dernière puisse s’ouvrir un peu.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: De l'autre côté du prisme [Inaros]
    Mar 19 Jan 2021 - 14:47 #

    Inaros


    Combien d’années s’étaient écoulées sans qu’il ne reçoive une quelconque marque de tendresse ? En avait-il déjà reçu ? Avec autant de sincérité, il n’en était pas certain. Le geste était si surprenant qu’il resta interdit de longues secondes, incapable de savoir comment il devait, ou pouvait, réagir. Le regard longuement fixé sur le visage enfantin qui affichait un air espiègle, il n’eut que le temps d’ouvrir et de fermer la bouche avant que la petite silhouette féminine s’éloigne en courant sur les toits.

    Inaros se releva, incertain et soupira en la voyant s’éloigner. Tout ce qu’avait dit Chloé l’avait conduit à réfléchir. Certes, il avait déjà réfléchi à ces questions et était déjà capable d’y répondre, mais cela ne lui faisait pas de mal de s’y confronter à nouveau. Surtout qu’il y avait ce petit paramètre qui s’était sournoisement glissé dans ses réponses : l’agacement. À chaque fois que la petite avait mentionné Ivara, il tiquait. Il ne savait pas comment se l’expliquer. Il savait qu’Ivara était une personne bien mieux que lui, sur bien des aspects et il n’aimait pas que cela lui soit sans cesse rappelé. Déjà qu’il n’avait plus son propre corps physique…
    Et puis Chloé était pleine de cette insouciance sur le monde qui lui confirmait qu’il faisait bien de ne pas accepter d’être son mentor. Il ne représentait pas ce que Chloé cherchait, et il le savait. Elle ne pourrait pas trouver en lui quelqu’un en mesure de la guider. Il valait mieux qu’elle ne sacrifie pas sa noblesse et il savait de quoi il parlait. Si elle souhaitait devenir aventurière, alors ce n’était décidément pas du tout ce qu’Inaros pouvait lui apporter. Lui-même en choisissant cette vie-là avait longuement pesé les pour et les contre et son but ultime avait toujours été d’échapper à sa mère et ce bien avant la crise d’adolescence.

    Chloé s’était éloignée sur plusieurs mètres mais il ne la regardait plus. Plus bas, un panneau avait attiré son attention. Il s’agissait de la taverne que fréquentait régulièrement le joueur endetté auquel il devait réclamer de l’argent pour son client.
    La fillette disparut de son esprit, remplacée par son contrat et les nombreux cristaux qu’il comptait bien se faire.

    Sans un bruit, il descendit de son perchoir et rejoignit silencieusement les passants. Capuche sur la tête, il prit position à quelques mètres de la porte d’entrée de la taverne. Sa cible ne tarderait pas à sortir, il le savait.
    Chloé pouvait bien être partie, ou bien en train de vagabonder sur les toits, ou bien occupée à le chercher : il ne s’en préoccupait plus. Il avait du travail et il comptait bien se concentrer là-dessus.

    Un homme d’une trentaine d’années, roux et aux yeux vitreux : son client avait ainsi décrit le joueur endetté. Il paraissait même qu’il dégageait toujours une affreuse odeur de tabac. Inaros fixait avec intensité les allées et venues. Soudain, une tignasse orange fit son apparition, sortant de la taverne. Il était seul.
    La conversation avec Chloé avait presque failli lui faire prendre un retard considérable. Encore plus et il l’aurait loupé.

    Il le prit en filature, attendant qu’ils rejoignent tous les deux un endroit un peu plus calme pour le prendre à parti. Il avait déjà préparé une lame en verre qu’il tenait fermement dans sa main droite, en partie dissimulée dans sa manche. Il attrapa l’homme par les poignets, plaquant son torse contre le mur en le menaçant directement avec son arme.

    - Parle et j’t’étripe, dit-il à voix basse tout en enfonçant suffisamment la lame entre les côtes.
    - Je… Je… Qui êtes-vous ?
    - C’lui qu’on envoie lorsque les vermines comme toi vous payez pas vos putain d’dettes. J’suis certain qu’tu sais très bien d’quoi j’parle, Egbert.
    - Je… Je… Non… Vous faites erreur, je vais appeler la garde !
    - Fais ça et j’te r’trouv’rai plus loin. Tu dois bien savoir que Monsieur Raffetteria l’aime pas attendre.
    - Je n’ai rien à vous donner ! Laissez-moi !, s’exclama le dénommé Egbert en commençant à gigoter dans tous les sens. Il gigota tellement que la lame s’enfonça dans les tissus et qu’il poussa un cri de douleur et de surprise.
    - T’pensais qu’c’était là pour faire j’li ou quoi ?, bougonna Inaros en commençant à perdre patience.

    Pour le calmer, il serra le poing et frappa Egbert à la tempe. Heureusement qu’ils étaient dans un lieu à l’abri des regards. Le cri de sa cible aurait peut-être pu alerter s’il s’était égosillé davantage, mais le coup porté par Inaros le dissuada de poursuivre.

    - J’ai suffis’ment perdu d’temps avec toi. Donne moi c’que t’dois maint’nant ou j’continue.
    - Arrêtez… Arrêtez... , commença à dire Egbert en essayant de se protéger des coups de poings d’Inaros. Le mercenaire avait beau avoir le corps d’Ivara, il s’était suffisamment musclé et entraîné pour que les coups aient leur effet et soient assez convaincants pour que le joueur rembourse sa dette. De toute façon, c’était le seul moyen pour faire payer ce voleur. Il n’avait pas été suffisamment intimidé par les menaces de celui à qui il devait cet argent. Décidément, ils ne pouvaient tous pas s’empêcher de se penser invincibles. Mais bon, Inaros n’allait pas cracher sur ce comportement, c’était bien grâce à eux qu’il avait du boulot.

    Il attendait qu’Egbert se décide enfin à donner ce qu’il devait, sans cesser les coups.
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    Re: De l'autre côté du prisme [Inaros]
    Lun 22 Fév 2021 - 23:25 #

    De l’autre côté du prisme

    Avec Inaros


    Ses cheveux d’or flottants derrière elle, l’enfant continuait sa course folle par delà tuiles et chaumières. Pour avoir vu avec quelle fluidité mademoiselle Niko avait conquis les toits, elle savait bien que cette dernière n’aurait aucun mal à la rattraper. Néanmoins, il était tout à fait hors de question que de se rendre sans combattre. Chloé sauta par-dessus l'interstice qui séparait deux bâtisses en mettant de côté ses peurs pour ne pas penser le moindre instant à la chute qui accompagnerait le moindre de ses faux pas. Elle se réceptionna lourdement de l’autre côté avec bien peu de grâce et roula le long du toit avant de s’arrêter in extremis avant de rencontrer une mauvaise chute. Elle se releva en sentant son cœur battre à tout rompre, la peur faisant rapidement place à un grand sourire sur son visage.

    “Eh bien alors Niko ! cria-t-elle de bonne humeur en se tournant. On arrive pas à tenir la caden-”
    L’enfant se coupa au milieu de sa phrase en écarquillant grandement les yeux et regagnant peu à peu le sommet du toit.
    “Niko ? demanda t-elle incertaine en la cherchant du regard un moment. Madame Niko ?! Vous êtes là ?”
    Elle s’empressa tout d’abord de rejoindre l'interstice qu’elle avait dépassé avec son incroyable saut pour s’y pencher et inspecter la ruelle sinueuse en contrebas.
    “Tu es tombée Niko ? Niko !?”
    L'inquiétude passagère qui l’habitait se volatilisa lorsque la petite pu s’apercevoir qu’il n’y avait pas le moindre chat au sein de la ruelle. Elle releva la tête avant de s’asseoir au bord du toit. Laissant mollement ses jambes tomber dans le vide, elle commença à les agiter d’avant en arrière en croisant les bras.

    Dans un sens c’était plutôt logique, Niko ne serait pas tombée bêtement en la suivant. Elle était bien trop douée pour l’escalade et Chloé refusait de l’imaginer chuter comme une malpropre. Toutefois, cela laissait peu à peu apparaître une évidence au sein de l’esprit de la jeune fille qui baissa lentement la tête tandis que son visage prenait une expression maussade. Niko avait certainement refusé de la suivre. Sans doute la trouvait-elle pénible voir même insupportable ? Cette pensée lui arracha un soupir alors que ses yeux s’embuèrent. Elle rapprocha ses genoux de son cœur pour y cacher sa tête. Elle avait certainement tout raté en essayant à tout prix de devenir l’amie de Niko. Elle avait tenté de la sortir de sa mine renfrognée pour la faire sourire et ainsi prouver qu’elle serait une excellente amie sur laquelle elle pouvait compter mais ce fût malheureusement un échec total. Maintenant, elle était certaine que Niko ne voudrait même plus lui adresser la parole ! Et si jamais Ivara commençait à repousser leur amitié suite à ce que lui raconterait sa jumelle ?

    Cette pensée horrifia la petite qui, parcourue d’un tremblement, se releva en un éclair. Il fallait qu’elle présente ses excuses à Niko. Au moins, elle ne partirait pas comme une voleuse et pourrait expliquer à Niko à quel point elle était désolée de l’avoir embêté. Après tout, les gens n’étaient pas forcément faits pour s’entendre à la perfection. Et même si elles ne pouvaient pas réussir à s’entendre, alors il ne fallait pas forcer à tout prix son amitié à l’autre.
    Chloé frappa dans le creux de sa main comme si cette pensée coulait de sens. Elle rebroussa chemin en commençant à s’imaginer les potentiels excuses qu’elle pourrait donner à la jumelle d’Ivara. Evidemment, elle lui reprocherait aussi de l’avoir laissé courir sans la prévenir qu’elle ne voulait pas continuer à se voir. Mais les excuses viendront avant le reste.

    Elle marcha le long des toits à une vitesse bien plus modérée qu’à son premier passage. Après tout, il était inutile de se mettre en danger inutilement. Retournant à son point de départ, elle commença à tourner la tête dans tous les sens pour essayer de retrouver cette petite maligne qui avait pris la fuite.
    ”Et dire que c’était elle qui devait jouer le rôle de chat ! râla légèrement Chloé en gonflant les joues. Et c’est moi qui me retrouve à la chercher. C’est fou ça ! Les règles du chat sont pourtant super super simples ! Je suis sûre que même mon idiote de soeur les comprendrait…”
    Suite à cette pique gratuite qu’elle n’aurait pas osé dire devant la principale intéressée, elle commença à s’asseoir ne trouvant pas la jumelle d’Ivara pourtant si recherchée. Elle entama un profond soupir avant d’entendre une voix en contrebas. Une voix implorante et remplie de peur.

    La petite se releva pour passer lentement la tête pour observer ce qui se passait. Rapidement, elle put reconnaître Niko qui semblait retenir un pauvre homme implorant une forme de pitié à une Niko qui le maltraitait de coups. Chloé fronça les sourcils et voulut commencer à se relever pour faire une entrée en scène des plus spectaculaires.
    ”Enfin je te retrouve vile Niko ! s’écria t-elle en prenant appui sur ses jambes. Tu pensais pouvoir me fausser compagnie si facilement n’est-ce pas ? Je vais t'apprendre à partir sans prévenir ! Ça ne se fait pas du tout ! Maintenant je suis toute en colère, j’espère que tu es fière de toi ?!”
    Elle commença à fléchir sur ses appuis, mais la tuile qui se trouvait sous ses pieds décida qu’il s’agissait du bon moment pour fuir du toit. Chloé tomba sur ses fesses avant de basculer en avant et de s’écraser sur le sol à quelques mètres des deux personnes. Heureusement pour l’enfant, le toit n’était pas réellement haut. Il n’y avait qu’un rez-de-chaussée à la maison et sa chute n’avait pas été si violente. Elle ferma hâtivement les yeux et ne put se rendre compte du ralentissement inexplicable de sa chute et par conséquent son choc au sol. Elle se releva avec une légère goutte de sang qui filait depuis son nez qu’elle effaça d’un revers de la manche avant de réajuster son petit casque. Elle toussa pour s'éclaircir la voix avant de se lancer dans une tirade.

    “Vous n’avez rien vu ! C’était simplement le moyen le plus rapide de descendre ! Maintenant toi ! Oui toi ! La vilaine qui m’a faussé compagnie sans prévenir ! Tu sais qu’il y a des codes de condui-”
    L’homme qui était retenu par Niko la coupa.
    “S-s’il vous plait jeune fille ! Allez prévenir la gard-”
    Chloé le coupa à son tour bien remontée en agitant son index devant elle.
    “Tut tut tut ! On ne me coupe pas pendant mon arrivée héroïque ! Surtout pas alors que je sermonne de vilaines personnes.” Elle campa ses poings sur ses hanches en secouant la tête devant le regard abasourdi de l’homme. Chloé continua. Réellement en colère d’avoir été abandonné de la sorte.
    “Je crois que j’ai compris en fait. Tu te la joues un peu mystérieuse et tout et t’a pas l’air d’aimer discuter. Enfin pas avec moi en tout cas. Mais tu sais quoi ? C’est pas grave ! Voir même pas du tout en fait ! Si c’est ton délire de froncer les sourcils et de passer une main pour te couvrir le visage, j’ai aucun problème avec ça ! Tu veux pas être mon amie ? Eh bien… bon d’accord même si ça fait un peu mal au cœur et à l’égo de comprendre ça. Mais il faut faire avec. Mon but n’est pas vraiment de te tourmenter si tu ne veux pas me voir en peinture. Enfin j’imagine, sinon tu ne serais pas partie sans prévenir ! Bien joué au passage, car je me suis aperçue de rien. Mais tu as vraiment pensé pouvoir échapper trop longtemps à mon regard affuté ? Tu as devant toi la plus grande exploratrice d’Aryon ! Celle qui n’aura aucun mal à rafler tous les plus grands trésors des plus dangereuses ruines ! Celle qui explorera au-delà des limites de notre nation ! Celle pour qui les gens se bousculeront pour avoir un autographe ! Tu pensais sincèrement pouvoir échapper à ma vigilance ?”

    Elle soupira finalement en laissant choir ses bras avec un léger sourire sur le visage.
    “Enfin… ce que je veux dire c’est que je suis très fâchée d’avoir été abandonnée sans même un au revoir. Peut-être que je n’aurais pas du t’embêter au point de te faire un bisou. Mais je pensais vraiment que ça allait te faire sourire. Tu semble… triste ? Enfin… pas réellement triste mais… je saurais pas comment l’expliquer. Moi j’ai l’habitude de voir le verre totalement plein et Ivara aussi est relativement joyeuse. C’est comme si tu avais envie de dire plein de trucs mais qu’elles ne sortaient pas. C’est difficile à expliquer. Mais une chose est sûre ! Tu n’es pas heureuse ! Je suis sûre que tu as des soucis et probablement bien pire que les miens comme tu fais la tête tout le temps. Je voulais juste te dire que… même si tu ne veux pas m’apprendre à grimper aux toits, même si tu refuses obstinément d’être mon amie, même si tu ne veux plus jamais me voir… sache que je serais là si tu as besoin de parler. Ou même de manger des bons gâteaux. Des moins brûlés hein ! Je ferais des efforts en cuisine. Surtout si je pars dans la nature, il faudra que je sache me faire à manger toute seule.”
    Elle ne put s'empêcher de rire, sa bonne humeur était réellement à toute épreuve.
    “Donc voilà Niko. Quand tu voudras bien, je serai là.”

    Elle ferma les yeux un instant avant de commencer à s’en aller avant de rapidement se retourner suite aux plaintes de l’homme qui tenta de l’appeler de nouveau.
    “Ah oui ! s’écria t-elle en frappant dans son poing. J’ai failli t’oublier toi !”
    Elle reporta son regard sur Niko, puis de nouveau sur l’homme et enfin sur Niko.
    “Je ne pense pas qu’il s’agisse de ton amoureux secret au vu de son état. C’est un méchant ? Il t’a dit des choses méchantes ? C’est un peu disproportionné non ?... enfin moi je me suis déjà battue avec d’autres enfants qui m’avaient dit des choses méchantes alors bon…”
    L’homme commença à crier, essayant de se débattre mollement.
    “C’est une voleuse ! Va prévenir la garde petite sotte ! Je t’en conjure !”
    Chloé se figea un moment avant de froncer légèrement les sourcils.
    “Voyons, Niko n’est pas une voleuse, commenta-t-elle presque silencieusement. Je suis sûre qu’elle a une explication valable. Pas vrai ?”

    Elle lança un regard à la jumelle d’Ivara. Ce dernier était presque implorant. Elle ne voulait pas apprendre que cette dernière s’était jetée sans la moindre raison sur un honnête homme. Elle savait qu’elle pourrait également commencer à courir pour appeler la garde. La rue principale n’était pas très loin et Chloé était confiante en sa voix criarde pour être entendue. Néanmoins, elle avait confiance envers Niko. Elle refusait de croire que cette dernière s’était jetée sur quelqu’un d’un coup de tête. Elle attendit donc d’entendre sa version de l’histoire.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: De l'autre côté du prisme [Inaros]
    Jeu 25 Fév 2021 - 14:38 #

    Inaros


    Inaros avait déjà eu affaire à ce genre de comportement. La personne niait, protestait puis faisait la victime en s’indignant et en assurant qu’elle ne savait pas de quoi il en retournait et ce que voulait le mercenaire. Or, ce dernier savait très bien qu’il ne se trompait pas de cible. Celui qui payait ses services avait été suffisamment clair sur la description physique d’Egbert Plummer. Sa tignasse de la couleur du feu mise de côté, les narines de l’homme dans le corps d’une femme ne le trompaient pas. Il sentait le tabac et l’alcool. Cet individu avait la mauvaise réputation de s’endetter sans jamais rembourser qui que ce soit. Le genre de profil à s’attirer des ennuis. Ce jour-là, l’ennui prit la forme d’une silhouette masquée et légèrement plus grande que le rouquin, mais son dos arqué ne l’aidait pas. Tout voûté qu’il était, il levait les bras en gémissant et suppliant le mercenaire de ne plus lui faire de mal. Les coups répétés avaient abîmé l’arcade sourcilière du joueur endetté.
    Un spectacle pathétique dont se serait bien passé Inaros.

    Il s’apprêtait à donner un coup plus violent que les précédents, pour qu’il se décide enfin à lâcher sa bourse, lorsqu’une petite voix fluette parvint aux oreilles du mercenaire. Son corps se raidit et il arrêta son poing à quelques centimètres de la mâchoire du malheureux. Quatre paires d’yeux la fixaient, un peu abasourdies par ce qu’ils avaient sous les yeux. Un être miniature qui faisait des grands gestes en s’exprimant. Inaros retint un râle de colère, fustigeant Egbert du regard pour l’empêcher d’en dire davantage. Il le tenait toujours fermement plaqué contre le mur et il gesticulait bien trop mollement pour pouvoir s’échapper.

    - Espèce de…, marmonna-t-il en sentant sa propre mâchoire se crisper sous l’énervement. Ses dents du fond crissèrent les unes contre les autres et il dut faire appel à tout son sang-froid pour ne pas interrompre Chloé.

    Cependant, il devait bien se rendre à l’évidence : elle parlait trop. En l'occurrence, elle avait déjà beaucoup trop parlé. Particulièrement en prononçant le prénom de la sculptrice et le pseudonyme du mercenaire devant Egbert, qui n’attendait qu’une occasion pour s’échapper ou convaincre la petite d’appeler la Garde pour lui.
    Inaros avait conscience que Chloé avait un grand sens de la justice et de l’héroïsme, comme le prouvait son arrivée triomphale suivie de son monologue. Il ne pouvait donc pas la convaincre que ce qu’il faisait était bien puisque ça ne l’était pas. Il réglait les affaires des autres par la violence tout en étant payé et ce n’était là que la partie visible de l’iceberg. Mais là, l’homme devait se rendre à l’évidence : Chloé en savait déjà beaucoup trop et il n’était pas à l’abri d’autres bourdes de sa part à l’avenir. Il voyait - et ressentait - que ce n’était pas voulu par l’enfant. C’était son caractère et sa bonne humeur débordante qui prenaient le pas et l’empêchaient de garder sa langue dans sa poche. Aujourd’hui, c’était Egbert. Mais qui cela pourrait-il être demain ? Elle pouvait, sans le vouloir, divulguer des informations à ses parents ou à d’autres. Il imaginait très bien Ivara et la petite discuter dans L’Atelier, cette dernière lâchant des informations sur lui devant des clients qui pouvaient très bien se révéler être des ennemis pour lui.

    Il n’avait pas d’autres choix que de la garder à l'œil. Et même sous un très bon œil. Il poussa un soupir, sa dextre libre intimant l’ordre à la blondinette de ne pas approcher.

    - Toi, t’gardes le silence ou j’t’étripe sous ses yeux, ronchonna-t-il dans le creux de l’oreille du roux avant de tourner la tête vers Chloé. Chloé, reprit-il en hésitant quelques secondes, ne sachant pas comment lui annoncer ce qu’il avait en tête. C’ta première leçon. Elle commence maintenant et elle s’appelle se taire. T’sais pourquoi ? Il attendit sa réponse, un hochement négatif de la tête pour poursuivre. Parce que le monsieur qu’tu vois ici, il a entendu mon nom et celui d’Iva. T’penses vraiment qu’j’serais aller l’voler sans mauvaise raison ? Parce que c’que c’charlatan t’dit pas… Il enfonça le bout de sa lame en verre entre les côtes de l’homme pour qu’il ne dise pas le moindre mot pendant sa propre tirade. C’est qu’il doit un sacré paquet d’cristaux à quelqu’un qu’il a lui-même volé. Hein, Egbert ? Et c’quelqu’un m’a d’mandé d’lui récupérer les cristaux. C’que j’comptais faire. Mais maintenant, il va falloir qu’j’le tue pour être sûr qu’il aille pas balancer j’sais pas quoi à ses p’tits amis.

    Le regard vitreux d’Egbert s’illumina, il tenta de gesticuler une nouvelle fois mais c’était peine perdue. Inaros le maintenait trop solidement pour ça. Le regard du mercenaire, quant à lui, était dur et froid. Il n’aimait pas prendre la vie des autres, mais il n’avait pas d’autre choix en cet instant précis.

    - J’fais ça pour elle, ajouta-t-il en fixant Chloé dans le blanc des yeux.

    Il analysait ses réactions et son comportement. Il espérait qu’elle n’irait pas courir prévenir la Garde. Ce serait une véritable catastrophe. Si elle balançait que c’était Niko, la jumelle d’Ivara la sculptrice qui venait d’assassiner cet homme de sang-froid, alors tout serait terminé. Ivara et lui seraient obligés de se réfugier ailleurs dans le Royaume pour se faire oublier. Ils ne pourraient pas revenir à la Capitale et le commerce de la tisseuse de verre tomberait à l’eau. Une fin tragique pour une erreur haute comme trois pommes.
    Cet événement confortait Inaros sur un point crucial : il ne fallait pas s’attacher aux autres et encore moins se confier. Le moindre coup dans le dos pouvait être fatal. En cet instant, il ne pouvait pourtant que compter sur cet attachement de l’enfant envers sa meilleure amie pour lui faire comprendre son cheminement de pensées. Il la pensait suffisamment intelligente pour qu’elle comprenne une grande partie des tenants et aboutissants de l’affaire sans avoir besoin de lui en révéler davantage.

    - C’donc la première leçon. Se taire. Si t’acceptes de poursuivre les l’çons, j’te demanderai d’m’attendre dans la rue des talismans. J’veux pas qu’t’assistes à ça. Mon boulot est pas sympa mais on est bien content qu’j’le fasse.

    Les flammes dans son regard étaient là pour dissuader Chloé de contester ou d’ajouter autre chose. Il avait la désagréable impression qu’on venait de lui forcer la main. Voilà qu’il allait peut-être se retrouver avec la petite sous son aile. Qu’est-ce qu’il avait fait pour mériter ça ?
    Il enfonça un peu plus profondément la lame dans la peau d’Egbert qui tourna de l'œil en s’évanouissant contre la brique. Au moins, il ne crierait pas trop fort. Mais le temps jouait en sa défaveur. Il ne tuerait pas de sang-froid devant Chloé, elle devait déguerpir et alors il passerait à l’acte.
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    Re: De l'autre côté du prisme [Inaros]
    Ven 26 Fév 2021 - 2:23 #

    De l’autre côté du prisme

    Avec Inaros


    Chloé inspecta un instant le regard visiblement furieux de la sœur jumelle d’Ivara. Elle n’avait jamais pu la voir avec un sourire rempli de joie pour le moment, mais ce regard terrifiant dépassait le cadre de sa simple mine renfrognée habituelle. L’enfant qui fut tout de suite intimidée baissa la tête sans réellement le vouloir. La relevant de temps à autre pour lancer un coup d'œil furtif à Niko. Bien qu’elle avait un peu peur que cette dernière ne se mette à la sermoner en lui criant dessus, elle se concentrait pour chercher tout le courage nécessaire pour rester face à cette dernière attendant les explications.
    C’est ainsi que la fillette fut réellement estomaquée en entendant parler l’adulte de leçon. La première leçon. Chloé releva donc la tête en un éclair avec un sourire éclatant sur le visage. Finalement, Niko ne semblait pas si en colère que ça et la voilà même qui proposait une première leçon. Elle comportait certes sur la capacité à se taire, capacité dont l’enfant peinait grandement dans la réalisation ou la compréhension de cette dernière, mais une leçon tout de même. La petite exploratrice secoua alors la tête avec conviction.

    “Non pourquoi ?” demanda-t-elle d’un ton réellement innocent et impliqué.
    Niko commença alors à lui expliquer que ce dernier avait entendu son nom ainsi que celui de sa jumelle. Chloé qui ne comprenait pas encore où cette dernière voulait en venir, souleva un sourcil et se fit violence pour ne pas l’interrompre. Elle allait sûrement expliquer son cheminement de pensée que l’enfant la presse ou non. Chloé ne savait pas réellement pourquoi mais elle commençait à sentir l’anguille qui se glissait doucement sous la roche. Trop naïve pour comprendre par elle-même, elle pouvait néanmoins comprendre au ton de Niko qu’elle lui reprochait explicitement d’avoir parlé sans réfléchir. Elle tira doucement sur le col de sa veste pour tenter d’inspirer une grande bouffée d’air frais. Tétanisée, elle sentait que la suite serait loin de lui être appréciable.

    Niko continua en expliquant que l’homme était un voleur. Un voleur de cristaux pour être exact et qu’il était de son devoir de récupérer les cristaux volés pour les ramener à leur propriétaire légitime. Chloé, qui ne voyait pas réellement de mal avec le concept de faire sa propre justice tant que les intentions étaient nobles, hocha doucement la tête. S’il avait volé des cristaux, il était normal de les lui reprendre. Jusque là il n’y avait aucun problème n’est-ce pas ? Surtout si le sujet était pressé et qu’ils n’avaient pas le temps de demander à la garde de s’en charger. Au contraire, Chloé trouvait le travail de Niko assez chouette. C’était un peu une justicière de l’ombre comme dans les livres ! Jusqu’à…

    Jusqu’à ce que l’adulte ne conclut sa phrase en expliquant qu’elle allait devoir tuer le voleur.

    “Q-quoi !? laissa échapper l’enfant dans un cri inaudible en commençant à se sentir prise de vertiges. C-c’est pour rire pas vrai ? Je veux dire. T-tu vas pas vraiment le t-t-...”
    Elle ne parvint pas à dire le mot et le remplaça par un autre.
    “L’effacer ? N-non t-tu peux pas hein ? S-si tu fais ça… il…”
    Elle secoua la tête alors que les larmes lui montaient aux yeux. Complètement perdue elle essaya de trouver une certaine cohésion avec les tas de mots qui circulaient dans son esprit.
    “C’est certainement un vilain bonhomme. Je te fais confiance sur le sujet. Mais… il a sans doute des amis ou de la famille comme tu dis. Si tu le fais disparaître, alors tu vas laisser des gens derrière qui vont le pleurer. I-il a peut-être des enfants, o-ou même une soeur plus jeune ! Tu peux pas…”

    Terrorisée par la mort d’autrui, Chloé commença à trembler de tout son corps. Cela lui rappelait de bien trop mauvaises pensées et elle n’était pas encore assez forte ou courageuse pour y faire face.
    Niko acheva de planter le dernier clou de son raisonnement en expliquant qu’il devait le faire pour Ivara.

    Instantanément, Chloé baissa la tête pour fixer ses pieds d’un regard vitreux. Semblable à un poisson mort, elle cessa de réagir pendant quelques secondes qui lui parurent une éternité. Le voleur possédait des amis capables de le venger. Capables de s’en prendre à Ivara et Niko. Elle pensa tout d’abord à la prison, les gens mauvais devaient y aller et ainsi ils n’auraient pas eu besoin de lui faire du mal pour le faire taire mais… cet homme aurait quand même pu parvenir à demander vengeance. Finalement, ils ne pouvaient recourir qu’à sa parole pour laisser Niko et Ivara tranquilles. Mais après une telle agression et ce qu’avait dépeint Niko du voleur, il était plutôt du genre à tricher et mentir. La pensée d’appeler la garde pour arrêter Niko traversa un moment l’esprit de l’enfant qui s’en voulu terriblement de l’avoir pensé aussi peu de temps fusse-t-il. Même si Niko était empêchée dans son geste, rien ne disait que l’homme l’accompagnerait en prison. Et il pourrait toujours décider de s’en prendre à Ivara pour blesser Niko.

    Peu importe combien de fois Chloé retournait le problème dans son esprit, elle tombait inévitablement face à un mur infranchissable.
    “Le monde des adultes est si cruel, susurra-t-elle à demi-mots. Toujours à chercher des cristaux à la moindre occasion. A vouloir écraser les autres pour exister. Si tu le laisse partir, il va se venger. Et c’est de ma faute… tout est de ma faute.”
    Elle releva la tête pour fixer l’homme un moment avant de lâcher un faible “désolée, mais je ne peux pas briser le rêve de ma meilleure amie”. Elle posa doucement ses mains sur son casque pour le rabaisser vers l’avant. Cachant ainsi ses yeux qui se couvraient d’une myriades de larmes.
    “Je vais attendre dans la rue des talismans, continua-t-elle d’une voix rauque. Mais… je ne sais pas qui est ce “on” qui est bien heureux que tu fasses ton travail. Mais si je le connaissais je lui mettrais un coup de poing au visage.”

    Elle se retourna avant de commencer à partir d’un pas désordonné. Ses jambes, lourdes comme du plomb, n'arrivaient pas à bouger convenablement. Comme si ces dernières lui criaient de rester. Mais Chloé avait fait son choix, pour sa meilleure amie, elle était prête à endurer la chose. Quand bien même ce qui venait de se passer était bien trop dur pour son esprit encore perdu dans les méandres de l’enfance.
    Quittant le champ de vision de Niko, elle s’écroula dans la première ruelle déserte avant de commencer à pleurer sans se retenir. Je tenant son casque sur le côté de colère et se tenant la tête en se recroquevillant sur le sol. Elle se mordit la main suffisamment fort pour ne pas crier et laisser une belle marque par-dessus ses gants de cuir.
    “S-si je n’avais pas parlé… si je m’étais tue… Rien de tout ça ne serait arrivé. Finalement, ce n’est pas Niko qui met à mort cet homme. Mais moi… elle ne fait que prolonger l’acte que j’ai entamé.”
    Elle fixa ses mains par-dessus ses lunettes embuées par les larmes. Le sang qu’elle avait sur les mains serait indélébile et le cauchemar n’aurait de cesse de la suivre pour le restant de ses jours. Se sentant plus que minable, elle roula contre un mur en respirant fortement. Perdant peu à peu pied avec la réalité, elle commença à avoir de plus en plus de mal à respirer. Elle commençait à entendre des voix inaudibles lui crier qu’elle n’était qu’une meurtrière. Et finalement, elle recracha son déjeuner sur le sol.

    Après quelques minutes supplémentaires, elle se releva avec peine pour faire deux pas avant de se retenir au bâtiment sur sa gauche. Elle se sentit de nouveau chuter mais se rattrapa avant d’atteindre le sol. Elle frappa ce dernier plusieurs fois quand bien même sa main commença à souffrir.
    “Je peux pas me laisser aller maintenant… souffla-t-elle en se relevant complètement. J’ai plusieurs promesses à tenir.”
    Elle se rassura en se disant que si elle avait laissé Niko supprimer le voleur, c’était pour pouvoir tenir sa promesse faite à Ivara. Et pour revoir cette amie à laquelle elle était vraiment attachée. Elle souffrait certes. Souffrait à n’en plus avoir la capacité de marcher ou de trouver le goût, mais elle en souffrait moins que s’il était arrivé quelque chose à Ivara de sa faute. Elle se sentait horrible d’avoir fait tuer cet homme, mais entre la mort d’un inconnu ou celle d’Ivara. Le choix n’en était même pas un. Elle recommencerait cent fois si cela permettait de garder son amie loin des problèmes.

    Finalement, elle commença à rire comme une démente pour essayer de reprendre contenance.
    “Je suis vraiment stupide… si seulement je m’étais occupé de mes affaires. Si seulement je n’avais pas décidé de tout faire pour faire de Niko mon amie malgré ses refus…”
    Elle récupéra en silence son casque qu’elle déposa sur sa tête blonde avant d’enlever la buée de ses lunettes pour fixer droit devant elle d’un regard vide.
    “Ivara et mon rêve de devenir exploratrice passent avant le reste. Si je dois faire des choses horribles pour la protéger ou parvenir à mon rêve… alors je le ferais. Je dois le faire. Je n’ai plus le droit de faire demi-tour. Pas après ce que je viens de faire. Sinon je serais autant hypocrite que le reste de ma famille.”
    Elle se tapota les joues en fermant les yeux pour se calmer. La blessure resterait longtemps ouverte, elle en était certaine. Mais il était inutile de la fixer sans agir. A présent, elle avait un but. Une destination.

    Elle se rendit donc dans la rue des talismans. Gardant un regard dénué de joie sur le visage. Une expression qui lui était encore inconnue. Une certaine sévérité.
    Elle se campa dans la rue avant de commencer à attendre comme un piquet sans montrer une quelconque émotion. Se contentant de laisser son regard voguer au fil des passants qui traversaient la rue.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: De l'autre côté du prisme [Inaros]
    Ven 26 Fév 2021 - 19:57 #

    Inaros


    Le regard froid et inexpressif du mercenaire suivit la silhouette enfantine qui disparut bien vite à l’angle de la ruelle. Elle était partie et cela lui soulageait la conscience qu’elle n’ait pas à assister à cet événement. Il n’y avait rien de plus cruel que de prendre la vie, peu importait à qui elle appartenait. Il ne le faisait pas de gaieté de cœur, mais il n’y avait pas d’autres alternatives.

    Tandis qu’il effectuait sa sombre besogne et qu’il récupérait la bourse pleine sur le corps encore chaud, un souvenir ressurgit dans sa mémoire.
    Il était jeune, à peine une dizaine d’années. Devant lui, un homme grand, très grand, et dont les cheveux blonds courts laissaient apercevoir un petit regard acéré et déterminé. Il venait de trancher la carotide d’un homme pour effectuer un de ses contrats. La victime, c’était pourtant lui-même qui l’avait attiré ici. Il était responsable de ce meurtre. Petit Inaros s’était senti tout drôle. Il avait un peu vacillé sur ses jambes et tout son estomac s’était retourné pour se vider à ses pieds. C’était la première fois qu’il assistait au meurtre de quelqu’un. L’homme responsable, qu’il connaissait bien puisqu’il était celui qu’il considérait être comme un père, se tourna vers lui pour évaluer la réaction de l’enfant. Pitoyable, parurent clamer ses yeux, mais il l’aida à se remettre debout sur ses jambes et l’emmena plus loin. S’il voulait être formé au métier de mercenaire, il fallait qu’il apprenne dès à présent à avoir le cœur solide.
    Sa mémoire lui rappela d’autres éléments. Il était aussi persuadé qu’il avait aussi ressenti d’autres émotions et qu’il n’avait pas seulement dégobillé à la vue du spectacle macabre. Mais qu’en était-il pour Chloé ? La part - stupide - de l’esprit d’Ivara lui faisait ressentir beaucoup de compassion envers la demoiselle qui s’était enfuie sans demander son reste. Pendant un bref instant, il se demanda si elle n’avait pas été prévenir la garde. Elle avait un peu de sang sur sa manche. Si elle s’était blessée, elle n’irait peut-être pas bien loin ni bien vite. Ses courtes jambes ne la transportaient pas non plus à vive allure. Essuyant sa lame avec un chiffon sorti de son sac, il laissa sa victime gisante sur le caniveau, espérant que la nature aurait le temps de faire son travail avant qu’on ne le découvre. Il avait beau l’avoir recouvert de divers détritus, il ne pouvait pas être à l’abri d’une mauvaise surprise. Il ne lui restait plus qu’à se rendre dans la rue des talismans, à cinq minutes en course à pied d’ici.

    Lorsqu’il y arriva, il vit la petite blonde et enfantine qui l’attendait de pied ferme. Il n’y avait plus la bonne humeur habituelle qui habitait son faciès. Elle semblait plus calme, terne et résignée. En arrivant à sa hauteur, Inaros lui tendit simplement la main pour qu’elle l’attrape et, sans un mot, il la fit marcher un peu plus rapidement pour rejoindre la foule à laquelle ils se mêlèrent.
    Aucun d’eux ne disaient mot et le silence était tout aussi lugubre que ce qui s’était passé et de ce qui se produisait. Chloé sortait de l’enfance. En une seule rencontre, il avait réussi à foutre sa vie en l’air. C’était pour toutes ses raisons qu’il avait opposé un premier refus à la petite. Désormais, il n’avait pas d’autres choix que de discuter avec elle de la suite. Il était au moins soulagé d’une chose, elle n’avait pas prévenu les autorités.

    Ils marchèrent une bonne quinzaine de minutes dans ce calme funèbre. L’homme s’arrêtant une seule fois pour acheter quelque chose dans une boutique. Il n’était pas en deuil, il préparait ce qu’il allait dire à Chloé. Un temps, il se fit la réflexion qu’elle avait retenu la première leçon, mais l’heure n’était pas aux réjouissances.
    Ils arrivèrent enfin à l’endroit escompté. Ils étaient dans le Sud de la Capitale et s’étaient rapprochés de la Rivière luisante. Il lâcha sa main, puis lui de venir s’asseoir près de lui. Il y avait là une espèce de promontoire qui permettait de plonger. Ce n’était pas très haut. Le mercenaire fixa le mouvement de l’eau, prenant une grande inspiration avant de sortir de son emballage ce qu’il avait acheté un peu plus tôt. Une sucrerie au chocolat.

    - Pour toi. Mange. Ça te fera du bien.

    Il avait retiré sa capuche et le masque qui recouvrait le bas de son visage. Il connaissait très bien cet endroit. Ici, ils seraient tranquilles. Il adressa un sourire timide à la blondinette. En réalité, il reproduisait les mêmes gestes d’affection que son père de substitution lui avait prodigué lorsqu’il avait assisté à son premier meurtre. Une étape douloureuse mais, quand il y réfléchissait, ces instants passés avec Stentor avaient été les plus tendres, sincères et aimants. Pour lui, le réconfort ne passait pas par des mots doux et des câlins mais par du chocolat et ce qu’il s’apprêtait à dire à Chloé.

    - C’est bon ? Moi j’avais bien aimé. Il faisait là référence à son passé. Ce “on”, ça pourrait être n’importe qui. Même tes parents. J’suis l’intermédiaire, l’outil si tu préfères, qu’on emploie pour faire de mauvaises choses. Les gens ont tous de bonnes raisons de faire de mauvaises choses mais n’peuvent pas le faire eux-mêmes, donc ils d’mandent à des personnes comme moi. C’est l’travail du mercenaire. Une ombre voila son regard quelques instants. Bien dommage c’qui lui est arrivé. Mais c’était rapide. Sans douleur. Tu veux devenir aventurière ? L’aventure c’est un peu la même chose. Tu sais qu’tu peux finir sous les crocs d’un monstre. Dans mon milieu, tu sais que tu peux finir sous la lame de quelqu’un comme moi. Tous ceux qui rentrent dedans le savent. Et s’ils laissent des gens derrière eux, c’est de leur faute. Il signifiait par là que l’homme en avait parfaitement conscience de ce qu’il risquait en dupant les autres aux jeux d’argent. Mais ça ne fait pas de nous des monstres. Pour un aventurier, je serais juste son épée. L’aventurier choisit la façon dont il s’en sert, il pourrait très bien sauver des gens, tuer des monstres ou… Tuer d’autres gens. J’m’en fiche.
    Pour en r’venir à toi, tu seras obligée de passer par des trucs comme ça. Mais commence pas à t’en vouloir pour chaque détail. C’qui compte, c’est qu’ça t’permette d’accomplir ton objectif.
    Si tu dois faire de mauvaises choses, sois juste sûre de les faire pour de bonnes raisons.


    Il s’arrêta, reprenant son souffle une nouvelle fois. Son regard s’était longuement perdu sur le clapotis de l’eau pendant qu’il parlait.

    - J’veux bien t’montrer comment t’endurcir mais faut qu’tu me montres que t’es prête et que ce sont pas juste des rêves de p’tite fille. J’compte pas te rendre comme moi, toi ton objectif c’est la Guilde. En attendant, il va nous falloir notre lieu secret. Si tu t’sens prête, plonge.

    En avait-il trop fait ? Il n’en avait pas l’impression. Il avait répété, point par point ce que Stentor lui avait confié il y a des années. Ces mots avaient toujours été son point de repère.

    Il se releva, attendant de savoir ce qu’allait répliquer ou faire Chloé. Il se préparait déjà à l’entendre dire plusieurs choses. Cependant, il notait son courage et sa détermination. Il avait remarqué ce qu’elle avait laissé avant de rejoindre la rue des talismans et il imaginait bien par quel état elle était passée. Dans sa tête, ce qu’il avait dit était suffisamment explicite. Il ne comptait pas la former aux rouages de ce métier-là, ce n’était pas leur volonté à tous les deux, mais il était prêt à l’endurcir et à l’aider à faire face au danger. Mais que déciderait-elle de son côté ? Elle pouvait toujours refuser, bien que son visage se soit légèrement illuminé lorsqu’il avait parlé de première leçon un peu plus tôt, mais lui ne pouvait pas, elle en savait trop. Elle pouvait également l’avoir piégé et l’avoir déjà dénoncé, ce qui ferait de cet échange le tout dernier qu’ils auraient. Un peu dramatique pour cet homme qui en avait bavé sa vie durant pour finir piéger dans le corps d’une illustre inconnue. Mais qu’est ce qu’il pouvait bien y faire, de toute façon ? Il ne contrôlait pas grand-chose et il adviendrait ce qu’il devrait advenir.
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    Re: De l'autre côté du prisme [Inaros]
    Mer 10 Mar 2021 - 0:48 #

    De l’autre côté du prisme

    Avec Inaros


    Chloé continuait de fixer le sol de pierre. Parfois, elle apercevait les pieds d’un passant qui ne se doutait probablement de rien, insouciant du meurtre qui venait de se produire à seulement quelques rues d’ici. Ce ne fût que lorsque des bottes s’arrêtèrent devant elle un moment qu’elle daigna relever la tête sans expression sur le visage. Elle se sentit légèrement rassurée en voyant apparaître Niko. Elle semblait aller bien, n’était pas blessée et n’avait pas de menottes autour des poignets. De quoi arracher une larme de soulagement à l’enfant qui attrapa sans hésitation et avec fermeté la main que lui tendait l’adulte. Niko se mit alors en route en tirant derrière elle Chloé qui fut rapidement obligée de trottiner pour tenir la cadence de la marche rapide de l’adulte. La fillette écarquilla les yeux et dut se concentrer pour ne pas tomber. Obligée de regarder devant elle et n’ayant plus le luxe de traîner des pieds, elle en oublia ce qui venait de se passer. Ou du moins, elle pouvait le mettre de côté.

    L’envie de poser plusieurs questions à Niko passa rapidement au sein de l’esprit de la petite mais les gestes ne suivirent pas les envies. Elle tenta de lui demander comment c’était passé ce qu’elle avait du à faire, mais les mots s’étranglèrent dans le fond de sa gorge en résultant un râle incompréhensible. Elle grimaça en comprenant qu’elle n’était pas encore en état de parler. Même armée de sa bonne volonté et de son enthousiasme habituelle, son corps n’aurait pas suivi l’ordre donné par son mental. Elle se contenta de regarder Niko pour la suivre. Se concentrant uniquement sur sa marche pour tenter de se sentir un peu mieux.

    Les deux filles continuèrent leur marche avant de croiser un garde en patrouille. Niko ne montra aucun signe de réaction et continua simplement sa marche ce qui impressionna grandement la fillette qui avait presque sursauté de peur. Elle n’avait réussi à ne pas fondre en larmes que grâce à la main de Niko enserrée dans la sienne. Savoir que Niko était avec elle et qu’elles étaient dans le même bateau avait quelque chose de rassurant même s’il était un peu cruel de se rassurer ainsi. Chloé serra un peu plus la main de la mercenaire pour la suivre en la regardant. C’était un sentiment réellement perturbant mais à la fois appréciable. La main de Niko était semblable à celle d’Ivara en tous points mais sa façon de tenir était loin d’être celle de sa jumelle. Et pourtant elle avait une présence tout autant rassurante que celle d’Ivara.

    Elles stoppèrent leur marche proche de la rivière au sud de la ville. Chloé pouvait l’entendre ruisseler en contrebas mais ne s’y attarda pas spécialement pour concentrer ses sens sur Niko. Elle vint s’asseoir proche de cette dernière dans le silence le plus total. La fixant dans les yeux et attendant la suite des évènements. Chloé était bien incapable de prendre la parole la première de toute façon.
    Après quelques secondes, Niko tendit à la petite une sucrerie enrobée de chocolat en lui intimant de la récupérer. Chloé n’avait réellement pas faim. Elle avait encore un goût affreux dans la gorge et se sentait bien trop faible pour ne serait-ce qu’apprécier la sucrerie. Elle récupéra néanmoins cette dernière par automatisme et la posa sur sa langue en fixant vaguement Niko dans les yeux. Le goût sucré lui réchauffa légèrement le cœur et elle commença à pleurer de tout son crû. Sans le moindre mot. Des pleurs silencieux dénués de tout reniflement. Comme deux fontaines miniatures dont les vannes avaient était ouvertes au maximum. Elle ne voyait déjà plus rien derrière ses lunettes qui s’étaient embuées et se concentra sur sa sucrerie. Retrouvant peu à peu ses forces.

    Niko commença alors à lui parler. Il était rare qu’elle parle autant mais la petite était loin de vouloir s’en plaindre. Même si sa voix était un peu plus rauque, elle ressemblait terriblement à celle d’Ivara et cette mélodie avait le pouvoir de calmer l’enfant qui commença à se frotter les yeux. Appréciant la voix de l’adulte et écoutant avec attention les explications de cette dernière. Lorsqu’elle eut terminé, Chloé qui venait de retrouver un rythme cardiaque décent inspira profondément avant de faire un effort considérable pour élever la voix de nouveau. Elle plongea son regard dans celui de l’adulte.

    “C’est comme ça que tu fais pour que les remords ne viennent pas te hanter ? lui demanda-t-elle sincèrement. Tu te considères comme un simple outil pratique dont on dispose moyennant de l’argent ? C’est… un peu triste.”
    Elle lui offrit un sourire triste teinté d’une once de pitié avant de reprendre.
    “C’est de ma faute s’il lui est arrivé ce qui lui est arrivé aujourd’hui. J’ai agi sans réfléchir. Sans connaître le monde. Je pensais naïvement qu’il allait payer et qu’il ne chercherait pas à se venger. Je sais que tu me trouves stupide. Mais je n’avais pas pensé plus loin que le bout de mon nez. Tout à l’heure j’ai dû faire un choix. Je…”
    Elle termina sa sucrerie pour planter son regard dans celui de la mercenaire avec plus d’insistance. Cherchant dans son courage le plus enfoui pour dire ce qu’elle avait sur le cœur.
    “Je continue de penser que ce n’est pas bien d’ôter une vie. Frapper un méchant et lui mettre une raclée, je comprends parfaitement. Mais la mort me fait vraiment du mal. Toutefois, le bonheur d’Ivara passe avant mes considérations. Elle est comme une grande sœur pour moi. Voir… peut-être un peu aussi une maman…”
    Elle baissa la tête avant de la secouer pour continuer et ne pas changer de sujet.
    “Ce que je veux dire par là. C’est que si pour la protéger je dois faire des choses atroces qui me rendront malades, alors je le ferai. Sans la moindre hésitation. Et…”
    Elle inspira profondément.
    “Il en va de même pour mon rêve. Si la seule solution pour moi de l’atteindre est de faire des choses pas chouettes, alors je le ferai. Quitte à tuer ou être tuée. Je… je…”
    Elle serra les poings en sentant son cœur se serrer douloureusement.
    “Je ferais ce qu’il faut pour survivre. Je veux devenir forte. Je veux être capable de tenir tête à des monstres dangereux ou même à des gens comme toi Niko !”
    Elle fronça les sourcils.
    “Si ton métier est de servir d’outil et que tu venais à être pointée contre moi. Alors je veux être capable de ne pas me laisser faire ! Je me rends compte que je n’irai pas bien loin si je reste la petite fille rêveuse que je suis. Je dois accompagner mes paroles d’actions concrètes.”

    Elle s’avança avant de grimper sur le promontoire en attachant fermement son casque et rangeant ses lunettes dans sa poche.
    ”Je n’ai pas peur de me mouiller. Je te promets d’être sérieuse. Et de devenir pleinement capable.”
    Elle se tourna vers l’eau pour fixer cette dernière un instant avant d’ajouter.

    “Une dernière chose. Je ne désire pas être aventurière ou même rejoindre la guilde. Accomplir des quêtes, chasser des monstres, protéger des gens, ce n’est pas mon but premier même si c’est vrai que c’est une vie qui a l’air très marrante. Je veux devenir exploratrice. Trouver des trésors d’un ancien temps, déterrer des ossements vieux de plusieurs millénaires, découvrir des lieux que personne n’a foulé avant moi. Mais plus que tout, je veux explorer et cartographier ce qu’il y a hors du royaume. Je serais la première à le faire.”
    Elle se laissa finalement tomber la tête la première dans la rivière en fermant les yeux et se pinçant le nez fermement.

    L’eau fraîche l’enveloppa rapidement et elle peina à ouvrir les yeux. Heureusement, elle pu sentir rapidement la main de Niko qui lui attrapa le poignet pour la tirer sous l’eau. Les deux nagèrent un court moment avant de pouvoir retrouver les joies de la terre ferme. Un lieu relativement sombre. Un lieu propice aux secrets et au silence.
    Chloé garda sa langue dans sa poche en laissant Niko la traîner pour arriver dans une sorte de salle de pierre. Une salle bien singulière qui avait la particularité de ressembler à un long couloir. Il était excessivement difficile pour Chloé de dépasser Niko malgré sa petite taille à cause de l'étroitesse des murs.
    La lumière su soleil parvenait à se faufiler à travers un trou dans la roche et l’eau de la rivière raisonnait avec les murs étroits ce qui donnait un véritable sentiment de cachette secrète.

    La petite écarquilla les yeux en regardant autour d’elle.
    "Où sommes-nous ? lui demanda-t-elle d’une voix silencieuse pour que cette dernière ne se répercute pas en écho. C’est ta cachette secrète de mercenaire ?”
    Chloé se laissa transporter par la singularité du lieu. Se laissant bercer par les bruits aquatiques qui avaient une répétition rassurante.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: De l'autre côté du prisme [Inaros]
    Jeu 25 Mar 2021 - 11:51 #

    Inaros


    Si ton métier est de servir d’outil et que tu venais à être pointée contre moi. Alors je veux être capable de ne pas me laisser faire ! Ces mots résonnèrent un court instant dans l’esprit d’Inaros et il la fixa avec attention. À cause des sentiments d’Ivara qui prenaient parfois le pas sur les siens, il doutait être capable de pouvoir tuer une personne chère aux yeux de la sculptrice. Un problème qu’il essaierait de résoudre plus tard.

    Elle plongea, pour le plus grand soulagement du mercenaire qui la suivit aussitôt. L’eau était fraîche, le coup de fouet nécessaire pour se mettre en mouvement. Il attrapa la main de la petite et la guida dans les méandres de la rivière Luisante. Quelques mètres plus loin, il la fit ressortir et, si rien ne se voyait au premier coup d'œil, il y avait en réalité une petite cavité, suffisamment grande pour qu’Inaros puisse y rentrer. Ce qui était du gâteau pour la jeune fille. Sans un mot, il l’emmena le long du tunnel étroit dont les parois rocheuses étaient encore naturelles.

    - C’est ici. Grimpe, ordonna-t-il tout en ouvrant une petite trappe au plafond.

    Pas bien haut, il put porter Chloé pour qu’elle s’agrippe à une prise et se hisse à l’intérieur. Y entrant à son tour, il referma soigneusement l’entrée derrière lui et laissa l’enfant observer le lieu. C’était son antre, son repaire secret. L’endroit où il avait grandi avec Stentor. La pièce était plutôt exigüe et toute en longueur. Une commode grossière, deux paillasses devant une cheminée, une petite table et deux chaises. Quelques affaires traînaient, ici et là. Elles appartenaient au mercenaire qui, seulement depuis quelques temps, revenait régulièrement dans cette pièce. Il s’approcha de l’âtre et alluma rapidement un feu.

    - Viens te réchauffer ici… Je n’ai pas de ces trucs magiques pour te sécher tout seul…

    Il avait bien testé la serviette magique de la cousine d’Ivara, diablement pratique, mais il n’avait pas la chance d’en avoir une. Il lui désigna également la commode.

    - S’tu veux, tu pourras peut-être trouver quelques affaires là-d’dans, si ça met trop longtemps à sécher. Il ajouta dans un grognement. Ivara m’tuerait si tu choppais la crève.

    Après s’être assuré que les flammes étaient suffisamment hautes, il laissa Chloé être libre de faire ce qu’elle veut et se tourna naturellement dans la direction opposée ; au cas où elle déciderait d’étendre ses affaires trempées et d’enfiler un des vêtements, trop grand pour elle. Il se posa sur une des chaises, laissant ses doigts pianoter sur sa cuisse tout en prenant la parole pour combler le silence.

    - C’tait là qu’je venais quand ça n’allait pas. Ivara connait pas c’t’endroit, alors j’compte sur toi pour garder l’secret et n’rien dire. Promis ?

    Il attendit que la demoiselle se présente face à lui pour tourner son regard vers elle et attendre sa réponse. Elle était positive, mais c’était plus pour la forme qu’autre chose. C’était maintenant le moment pour lui de rebondir sur une idée qu’il avait depuis peu de temps. Une entreprise un peu folle, qu’il n’avait pas encore vraiment eu le temps de mettre sur pied et dont il n’avait encore que très peu parlé. C’était l’idée de monter une équipe de chasseurs d’artefacts, dans l’espoir de trouver un item qui lui permettrait de retrouver son propre corps.

    - Tu veux pas faire partie d’la Guilde alors mais plutôt trouver des trésors ? Qu’est ce qui t’plaît l’plus dans l’idée d’trouver des objets anciens ?

    Chloé était jeune. Très jeune. Trop jeune. Mais que son objectif concorde autant avec le sien, pour des raisons différentes, était un atout non négligeable. Il commençait à entrevoir les possibilités données, s’il se décidait à l’aider à s’endurcir et à se battre. Et, puisqu’il savait qu’elle se lancerait sans doute dans plusieurs monologues, car c’était là la nature profonde de l’enfant, il ajouta.

    - Raconte moi aussi tout c’que t’as pu apprendre en rapport avec l’idée d’se battre et d’l’exploration. Ton frère, il t’a montré des trucs ?

    Et, puisqu’il fallait bien qu’il constate par lui-même ce qu’elle maîtrisait déjà ou non, il extirpa une petite dague de sa ceinture. L’attrapant par la lame, il tendit la poignée à Chloé.

    - Tiens, prends ça et montre moi comment tu pourrais t’battre.

    Il se leva pour aller extirper d’un coin sombre un mannequin de paille. Il s’était entraîné de nombreuses fois contre celui-ci, les coups étant encore bien visibles. Il le plaça au centre de la pièce et retourna s’adosser contre le mur. Il était prêt à observer, et plutôt curieux de savoir quel talent la petite pourrait déjà posséder. Au besoin, il était prêt à intervenir pour modifier la position de son buste, ses pieds ou encore ses bras. J’espère qu’tu m’regardes de là-haut, Stentor, pensa-t-il avant de donner toute son attention à son élève.
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    Re: De l'autre côté du prisme [Inaros]
    Lun 29 Mar 2021 - 13:02 #

    De l’autre côté du prisme

    Avec Inaros


    Chloé frissonna en se frottant les bras. Elle ne commençait que maintenant à ressentir le froid dû à ses vêtements trempés et son regard fut tout naturellement attiré vers le feu réconfortant que venait d’allumer la mercenaire. Attirée comme une luciole vers une lampe, la petite commença à s’approcher de ce dernier. Il manquait clairement de soleil ici et l’endroit retenait facilement l’humidité, la petite noble se questionna silencieusement sur le nombre de maladies qui pouvaient bien se terrer dans la poussière et elle se tourna finalement vers la mercenaire. Maintenant qu’elles étaient toutes les deux loin des oreilles indiscrètes, elle pouvait recommencer à parler n’est-ce pas ?

    “C’est bien dommage de devoir passer par l’eau à chaque fois, expliqua la petite en se rapprochant le plus possible de la source de chaleur. Je dois avouer que c’est carrément chouette comme passage. C’est parfait pour une base secrète mais en même temps… Imagine si j’avais un sac contenant des papiers. Ils seraient tous bons à jeter. Heureusement que je n’ai pas mon sac avec mon carnet d’exploration non plus.”
    Sa voix tomba dans un silence quelques secondes alors qu’elle venait de réaliser quelque chose.
    “Mais en un sens, tu viens de me faire réaliser quelque chose Niko, continua l’enfant calmement. Il faut que je trouve un moyen de rendre mon sac amphibie. De sorte à ce que l’eau ne puisse pas entrer à l’intérieur. Sinon je vais vraiment abîmer mes affaires à chaque fois que je voudrais venir te faire coucou dans ta tanière. On pourrait voir pour installer quelques objets magiques qui sèchent directement ? Quoi que ce ne doit pas être simple d’installer des choses ici.”
    Elle croisa les bras, perdue dans ses pensées avant de relever le regard vers Niko.
    “Le chemin que nous avons emprunté est bien trop étroit et compliqué d’usage pour prendre avec nous des objets volumineux. Donc comme j’imagine que la table et les chaises ne sont pas apparues par magie, il doit y avoir une autre entrée plus pratique. J’ai bon ?”

    Son regard se porta vers la commode et après une brève hésitation, elle s’avança vers cette dernière pour entreprendre de se changer. La fillette n’étant pas particulièrement pudique dû à son jeune âge et encore moins devant une autre fille (encore plus si cette dernière était une amie), elle commença à se changer sans réelle gêne. Enlevant ses affaires qu’elle accrocha proche du feu sur ce qu’elle trouva avant de fouiller soigneusement le meuble désigné par la jumelle d’Ivara. Elle y trouva une chemise blanche bien trop grande pour elle qu’elle enfila et porta comme une robe.
    Chloé leva les bras pour se regarder avant de tourner un peu sur elle-même. La chemise était légère et confortable. Elle ferait amplement l’affaire le temps que ses affaires sèchent. Mais Chloé remarqua quelque chose qui piqua sa curiosité. La chemise tombant un peu sur son épaule, la fillette remarqua qu’elle était vraiment grande. Même un peu trop grande pour une personne aussi fine que Niko. Elle était certaine que cette dernière nagerait également dedans, peut-être pas au point de pouvoir en faire une longue robe mais quand même.

    “Niko ? demanda Chloé en s’approchant de la femme. Il y a des vêtements vraiment super grands dedans. Je savais que je ne trouverai pas des jolies robes comme celles que portent ta sœur, tu préfères les vêtements pratiques comme moi, même si un jour j’aimerai bien porter les robes aussi bien qu’Ivara, malheureusement, elles ne me vont pas trop. Et puis de toute manière, elles ne sont pas adaptées pour courir partout et grimper sur les toits.”
    Elle se coupa pour faire un petit rire éreinté par les événements traumatisants de plus tôt.
    “Mais je ne m’attendais pas à trouver des vêtements aussi grands. Ils appartiennent à ton amoureux ?”
    Elle savait pertinemment que les chances que ce soit réellement le cas étaient aussi fines qu’une légère couche de glace mais elle essayait de retrouver des couleurs et son mental en discutant plus légèrement. Les mains dans son dos, elle offrit un sourire innocent à Niko.

    “Donc, reprit-elle. C’est vraiment une cachette secrète. Même ta sœur jumelle ne connaît rien de l’endroit et tu veux bien me partager ce secret ?”
    Elle se coupa dans son élan. Écarquillant les yeux et réalisant ce que signifiait une telle action. Elle afficha un léger sourire ému alors que ses yeux s’embuèrent un peu. Profitant de l’excuse de nettoyer ses lunettes, l’enfant en profita pour se frotter un peu les yeux et cacher de potentielles larmes. Même si elle devait bien avouer préférer verser ce type de larmes plutôt que celles versées plus tôt.
    Reprenant de façon bien plus calme, elle reposa ses lunettes sur ses yeux. S’exprimant avec une réelle douceur dans la voix, contenant les remerciements sincères qu’elle cachait dans le ton de sa voix.
    “Je te promets que je ne toucherai mot de cet endroit à quiconque, à moins que tu ne m’en donne l’autorisation. Peu importe la raison. Je comprends que cet endroit semble beaucoup compter pour toi si c’est ici que tu vas te ressourcer lorsque les choses ne vont pas au mieux. Alors mes lèvres resteront scellées quant à l’emplacement de cet endroit.”

    Elle lui fit finalement un petit pouce approbateur pour finir de la rassurer. Ne voulant pas l’embêter trop longtemps alors qu’elle savait que Niko avait du mal sur tous les sentiments touchants, Chloé rebondit sur la question qu’elle avait posée plus tôt.
    “Ce que je préfère dans la recherche de trésor ? se questionna-t-elle à voix haute avant de finalement trouver une ébauche de réponse. Il y a des tas de choses qui sont vraiment chouettes dans la recherche de trésor. Je veux la gloire, la reconnaissance ! Je veux pouvoir découvrir ce que nos ancêtres ont laissé avant notre passage et pouvoir marquer l’histoire à mon tour comme celle qui a découvert de tous nouveaux horizons. Trouver des trésors ou même de vieux ossements de créatures disparues, comprendre notre présent en étudiant notre passé. Et tracer une route vers notre futur en découvrant et explorant de nouvelles terres. C’est l’idée que je me fais de l’exploratrice que je veux devenir.”
    Elle marqua une courte pause avant de baisser légèrement la tête.
    “Toutes ces choses m'intéressent, c’est vrai. Mais je dois être totalement honnête avec toi. Il y a une raison encore plus importante qui me pousse à faire ça. Il s’agissait principalement du rêve de mon grand frère. Il a vraiment tout fait pour réussir. Il a travaillé d’arrache pied comme jamais. Mon père ne voulant pas le soutenir dans une entreprise si risqué, il a dû quitter le domicile familiale pour essayer de se faire un peu de cristaux tout seul. Et… il a été tué alors qu’il travaillait pour la garde… Des bandits selon ce qu’on dit les gens qui sont venus à la maison nous annoncer sa mort. Je sais que je dédie ma vie au rêve d’un autre, mais je ne peux pas faire autrement. Peu importe ce que je dois endurer, peu importe si les gens essayent de me faire changer d’avis. Je dois réussir à devenir la plus grande exploratrice de ce monde. Pour mon frère. Qui a toujours été le meilleur grand frère pour moi.”
    Elle laissa échapper un petit rire en se rendant compte d’à quel point son raisonnement était simple. Elle avait beaucoup perdu ce jour-là et une partie d’elle s’accrochait à ce qui restait de son frère. A savoir son rêve.
    “Après, je suis quand même chanceuse. Plus je me penche sur tout ça, plus je me rends compte d’à quel point c’est intéressant. Enfin, c’est la vie. Voilà pourquoi je dois devenir exploratrice. Quel qu’en soit le prix. Et en plus, je ne reviens jamais sur mes promesses. Je suis bien trop tête de mule pour ça.”

    Elle offrit un sourire à Niko avant de se stopper relativement vite en voyant la dague que lui tendait la mercenaire. Une dague qu’elle venait de dégainer du fourreau à sa ceinture. La question de savoir si cette dernière était celle qui avait permis à Niko d’ôter la vie de l’homme plus tôt brûlait les lèvres de l’enfant qui retrouva sa perte d’équilibre et ses peurs profondes. Niko voulait savoir si la fillette connaissait déjà deux trois choses sur le combat mais Chloé comprenait qu’indirectement, ce que Niko cherchait à savoir, c’était si elle était capable d’accompagner les mots de gestes concrets.
    Après une courte hésitation, Chloé empoigna la poignée de la dague fermement de ses deux mains. Elle était si légère, si délicate et pourtant dangereusement mortelle. L’idée qu’un tel outil existait dans le but de verser le sang rebuta la noble qui puisa dans ses forces pour ne pas la laisser tomber.

    En l’espace d’un instant qui lui sembla une éternité, la mercenaire récupéra un mannequin de paille qu’elle déposa non loin de la petite. Lui déclarant qu’à présent c’était à elle de jouer.
    Chloé avala difficilement sa salive avant de s’approcher d'un mannequin en parcourant ses nombreuses éraflures du bout de ses doigts. Il était évident que ce mannequin d’un autre âge avait réellement souffert. Et ce, à de nombreuses reprises. La petite commença à s’imaginer à quel point Niko avait dû fournir un effort de tous les instants pour marquer autant son futur adversaire de paille.
    Prenant une profonde inspiration, Chloé serra un peu plus fermement la poignée de l’arme qu’elle tenait entre ses mains avant de s’avancer d’un pas désordonné pour planter la dague dans la paille. C’était bien plus simple qu’elle n’y avait pensé. Elle retira la dague avant de la planter à nouveau dans le torse. Elle ne connaissait pas du tout les points vitaux et continua de la planter aléatoirement. Alors qu’autant sa posture que ses frappes étaient pleines de failles. Heureusement pour elle, Niko était là pour l’aider. A prendre de meilleurs appuis, une meilleure posture qui ne la ferait pas tomber au moindre déséquilibre et qui lui permettait de frapper plus rapidement. Mais clairement, il y avait du travail à faire pour la rendre capable de se battre réellement. Chloé était énergique, s’était déjà battue avec d’autres enfants à coups de pieds et poings. Et bien qu’elle ne gagnait pas toujours, sa forte tête la poussait bien trop souvent à se relever devant plus fort qu’elle. Elle avait donc au fil des années appris à tirer partie de son endurance prodigieuse. Mais clairement, la technique manquait. Surtout avec une arme qui demandait autant de précision et de finesse. Chloé était plus une cogneuse qui avait besoin de faire de grands gestes plutôt que de petits gestes calculés. Et c’est pour ça que les directives données par Niko l’aidèrent grandement à appréhender les bases d’un véritable combat. Un combat ou au moindre faux pas, le moindre mauvais coup, pouvait se terminer par sa fin. Un simple coup de dague au mauvais endroit pouvait suffire à abattre le plus entraîné des soldats. L’enfant frissonna devant cette idée.

    Chloé qui commençait à réaliser à quel point il était facile de prendre une vie se remémora le visage de l’homme sur le pantin de paille et sursauta avant de tomber en arrière. Se recroquevillant sur elle-même et lâchant l’arme. Continuant de trembler comme une feuille, elle attrapa sa tête pour se boucher les oreilles avant de fermer les yeux.
    Elle aurait pu retomber comme dans la ruelle. Se remettre à pleurer et crier. Mais le visage de Niko ou d’Ivara, elle ne saurait dire lequel car elles avaient sensiblement le même, apparut dans son esprit. Elle avait promis de faire ce qu’il fallait pour le bien de sa meilleure amie. Quitte à se salir les mains. Et elle n’avait certainement pas envie de décevoir Niko qui lui avait partagé avec elle ce lieu si cher à son cœur.

    Trouvant une détermination nouvelle, Chloé se releva en passant une manche sur le coin de ses lèvres avant de fixer le mannequin sérieusement. Elle se savait complètement inutile avec ce coupe papier qu’elle tenait entre les mains. Et voulant impressionner Niko, elle commença à prendre de l’élan.
    “Je ne sais pas vraiment où frapper pour faire mal. Mais je suis au moins sûre pour un endroit.”
    Elle se rua vers le mannequin avant de le percuter de son épaule. Tombant avec ce dernier pour se retrouver à genoux sur son torse. Elle leva bien haut la dague de ses deux mains avant de l’abattre avec violence en plein sur la tête du pantin de paille. Restant un moment sur place. Les mains comme fixées sur le manche de la dague plantée dans la paille.

    Après de longues secondes, elle se releva lentement pour rejoindre Niko. Attendant le verdict de cette dernière et croisant les doigts pour être un peu félicitée.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: De l'autre côté du prisme [Inaros]
    Mar 30 Mar 2021 - 16:27 #

    Inaros


    C’était son jardin secret, son dernier lien avec sa vie passée. Lorsqu’il y était, il avait presque l’impression que Stentor se trouvait à ses côtés et l’observait. Il se souvenait d’une figure autoritaire, exigeante où il avait trouvé un guide et un père. Chaque centimètre carré de cette pièce contenait un souvenir qu’il avait bien failli perdre à tout jamais en se confondant et en s’oubliant dans l’esprit d’Ivara. Une lutte plus saine actuellement, mais qui serait bien plus chaotique par la suite. Mais ça, ni lui ni elle ne pouvaient le prévoir. La chaleur dégagée par les flammes se diffusa rapidement dans l’antre du mercenaire, pour le plus grand bonheur d’Inaros qui ne s’était pas changé. Ses vêtements humides ne le gênaient pas, il avait été habitué à bien pire, même si un peu de confort n’était jamais négligeable. Un petit quelque chose le poussait à ne pas retirer sa combinaison. Peut-être n’avait-il pas encore envie d’expliquer la raison des bandages autour de sa poitrine, ou bien peut-être était-il trop concentré par ce qu’il allait faire réaliser à Chloé ou bien les réflexions de l’enfant l’avaient trop perturbé pour qu’il y pense.

    - T’as raison. Y’a un autre passage, mais j’évite d’le prendre pour entrer. Il est trop visible, commença-t-il à expliquer, ravi qu’elle soit aussi perspicace. Pour c’qui est d’l’étanchéité… J’avoue qu’c’est bien pratique et j’crois bien qu’c’est monnaie courante ce genre d’enchantement pour tes affaires. Avant, j’avais une cape pour v’nir ici. Il m’suffisait d’la mettre pour r’ssortir totalement sec. Mais j’l’ai perdue…

    Quelqu’un l’avait volé sur le cadavre de son paternel, nuance. Mais il n’allait pas l’expliquer à Chloé. En réalité, il avait presque espéré ne pas avoir à parler de Stentor tout court. Quand elle fit la réflexion sur un potentiel compagnon pour celui qu’elle considérait être une femme, il ne put s’empêcher de lâcher un bref rire. Ironique et un peu amer. Il y avait bien longtemps qu’il n’avait pas pu goûter à la chaleur des bras d’une femme. Il n’avait jamais réellement aimé, mais il s’était longtemps perdu dans diverses chairs. Un moyen comme un autre de combler sa solitude. Il remarquait bien que la fillette dialoguait ainsi pour retrouver un peu de couleur et de contenance. Elle était bien plus forte qu’elle n’en avait l’air au premier regard. Inaros ne regrettait pas sa décision.

    - Ils appartenaient à mon père, finit-il par avouer presque à demi-voix. Enfin, pas mon vrai père mais quelqu’un qui à mes yeux représentait cette figure. Ivara ne le connaît pas et il est mort. Et puis, pas que mon vrai père ne soit pas gentil mais je n’ai jamais eu d’affinités avec lui. C’était autre chose, avec Iva.

    Un semi-mensonge pour ne pas donner une mauvaise réputation au père de la sculptrice de verre. Son véritable géniteur, il ne l’avait jamais connu et était parti bien avant sa naissance. Il n’avait encore jamais essayé d’élucider ce mystère. S’il l’avait abandonné, alors il n’avait aucune attention à avoir de sa part. Bien qu’il comprenait que cet homme ne soit pas resté très longtemps auprès de sa mère, une véritable pourriture. Un peu plongé dans ses souvenirs du passé, il hocha cependant la tête avec conviction et vint même donner une petite tape amicale sur le sommet du crâne de la petite blonde. Il lui assura qu’il se doutait qu’elle ne trahirait pas son secret. Autrement, ils seraient obligés d’arrêter tout ce qu’ils faisaient. Plus d’entraînement, plus de chasses aux trésors accessibles et une vie de nobliarde insipide pour la petite. Sans compter la panade dans laquelle plongerait Ivara et Inaros. Enfin, elle avait compris que l’homme n’aimait pas vraiment les élans sentimentaux et elle enchaîna rapidement sur une explication quant à ses motivations. Il l’écouta et fit alors le rapprochement avec autre chose… Il en parlerait plus tard.

    Pour l’heure, son élève tenait sa première dague entre ses mains. Ce n’était pas celle qui avait tué le malheureux, puisqu’il avait pour cela usé d’une de ses lames de verre, mais bien l’arme qu’il utilisait depuis qu’il avait appris les rouages du métier de mercenaire. Il corrigea ses postures avec patience, la laissant surtout prendre en main l’arme et l’action de frapper le mannequin de paille. En cet instant, c’était un objet inanimé mais il était bien placé pour savoir que frapper un être vivant était encore bien différent. Prendre la vie était un acte qu’il avait trop banalisé et qu’il répétait trop machinalement depuis des années. Il n’espérait pas la même chose pour Chloé, au contraire, mais qu’elle soit au moins capable de se défendre et de blesser, mortellement ou non, un bandit. Ou un autre mercenaire. Lorsqu’elle se jeta sur le sol, Inaros ne comprit pas immédiatement ce qui se passait. L’espace d’un instant, il fut même tiraillé entre l’attitude que Stentor avait avec lui - stoïque et strict -, celle qu’Ivara aurait adopté - la compassion et le réconfort - et ce que lui-même voulait faire… Qu’est-ce qu’il voulait vraiment faire ? Plus le temps passait et moins il avait la sensation de se comprendre lui-même, que ce soit ce qu’il ressentait envers l’enfant ou le comportement qu’il voulait avoir avec elle.

    Elle se releva d’elle-même, et il eût fallu être aveugle pour ne pas voir toute la détermination dont elle faisait preuve. Impressionné, Inaros la laissa faire et s’approcha après qu’elle eut sauté sur le mannequin et planté la lame dans ce qui représentait le front de la cible.

    - Pas mal… On t’trouvera une technique et une arme qui t’convient au fil du temps. Tout dépend d’ce que tu voudras faire. Moi, j’préfère les dagues et les petites lames de verre pour pouvoir frapper en toute discrétion. Tu trouveras toi aussi.

    Il s’interrompit un instant, avant de faire signe à Chloé d’approcher pour lui montrer comment maintenir encore plus fermement la poignée de l’arme pour asséner un coup encore plus mortel. Il était patient et à l’écoute de sa nouvelle protégée, lui montrant pendant une bonne heure comment se positionner et la faisant répéter, inlassablement, les mêmes gestes. Alliant des coups puissants et mortels, à des entailles rapides et ciblées sur les mollets ou les cuisses - ce qui semblait plus convenir à Chloé qui préférait ne pas tuer. Puis, en voyant que la petite commençait à fatiguer, même si elle luttait et qu’elle mettait toute l’énergie du monde à prouver que tout allait bien et qu’elle ne comptait pas s’endormir, le mercenaire lui signifia qu’ils allaient arrêter là. Les vêtements de Chloé étaient secs, tout comme les siens, et il la laissa se rhabiller, fouillant dans un tiroir pour récupérer un gâteau dans une petite boîte.

    - Tu l’as bien mérité. Mais va falloir qu’on so’rganise maint’nant. Hmm… , son menton coincé entre son pouce et son index, il réfléchissait à la meilleure alternative. Tu pourrais v’nir quand tu veux, sonner chez Iva et si tu veux qu’on s’entraîne un peu, tu d’mandes si j’suis dispo. J’risque souvent d’être en mission alors, j’s’rais pas là tous les jours. Tiens, autr’ chose : interdit d’venir ici toute seule. Déjà parce que y’a une clé que t’as pas pour ouvrir la trappe, mais c’est surtout qu’l’passage dans l’eau est trop dangereux pour l’instant. J’peux compter sur toi ?

    Inaros savait très bien qu’il n’avait plus besoin de lui poser cette question. À partir du moment où Chloé l’avait suivi sans rechigner… Il la regarda manger pendant quelques instants, retrouvant peut-être un peu de sa petite sœur Violette dans les deux grands yeux de Chloé. Les deux avaient la même envie inébranlable d’explorer le continent. Il se redressa soudain en pensant à quelque chose.

    - Tiens, tu m’fais penser… Tu parlais de chasser des trésors. Trouver des vieux trucs. J’ai entendu parler d’une organisation qui d’vrait bientôt s’créer. J’en sais pas plus pour l’instant, mais ils voudraient chercher des objets anciens. Enfin, ça c’est dans les grandes lignes. On pourra toujours voir ensemble un peu plus tard si y’a moyen qu’j’te fasse rentrer d’dans. J’pense que tu vas vite progresser avec c’qu’on fait là.

    L’organisation n’était nulle autre que le futur Ordre des Célantia qui, pour l’instant, n’en était qu’à ses balbutiements et n’avaient même pas encore les fonds nécessaires pour être mis sur pied. Il imaginait que cela pourrait plaire à Chloé. Elle avait montré qu’elle en avait dans la tête. Il ne restait plus qu’à peaufiner sa technique pour en faire une redoutable traqueuse de trésors.

    - On en r’parlera l’moment v’nu. Allez, habille-toi, on va rentrer.

    Deux ombres se frayèrent un chemin sur les toits de la Capitale. L’autre voie pour sortir du repaire, et uniquement en sortir, ne nécessitait pas de passer par la Rivière Luisante. La plus grande des ombres guida la petite jusqu’à son lieu de vie, s’assurant qu’elle rentrait bien chez elle et qu’elle était en sûreté. Inaros lui ébouriffa les cheveux, souriant presque avec tendresse derrière son masque.

    - Oh, j’oubliais… Tiens. Tu peux la prendre, s’tu veux. Tu t’entraîneras avec ça avant d’rev’nir m’voir.

    C’était sa dague qu’il lui proposait, celle-ci étant devenue plus anecdotique qu’autre chose maintenant qu’il pouvait fabriquer ses propres armes avec du sable. Chloé était libre d’accepter ou de refuser et, lorsque son choix fut fait, il attendit qu’elle regagne le confort de sa chambre avant de s’éclipser à son tour. Il avait des comptes à rendre à son client, et seulement une paire d’heures restantes avant de devoir laisser sa place à Ivara. La journée avait été riche en émotions. Il ignorait où cette relation de professeur et d’élève allait les mener, mais il avait l’impression de marcher dans les pas de son paternel en faisant ça. Et ça lui faisait plus de bien qu’il n’aurait jamais pu imaginer.
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    Re: De l'autre côté du prisme [Inaros]
    Jeu 15 Avr 2021 - 22:12 #

    De l’autre côté du prisme

    Avec Inaros


    L’entraînement terminé, Chloé s’effondra sur une pile de linge dans un coin. Suant à grosses gouttes, la petite épongea son front tant bien que mal à l’aide de son avant-bras. Elle prenait de grande bouffée d’air pour tenter de relancer son corps qui peinait à se relever. L’enfant était certes endurante, mais c’était bien là la première fois qu’elle dépensait autant d’énergie avec autant d’application pour autre chose qu’un simple jeu enfantin. Son corps était endolori, fatigué et pourtant elle n’avait jamais été autant fière d'elle-même. Pour ne rien arranger à son égo qui reprenait du poil de la bête, Niko ne semblait pas spécialement mécontente des résultats de l’enfant au grand plaisir de Chloé qui lui offrit son sourire gratifiant le plus sincère.

    “Je ne suis pas du tout fatiguée, mentit l’enfant qui de toute évidence avait du mal à respirer suite à l’effort constant. J’aurai pu continuer la nuit toute entière ! Voir même la semaine !”
    Elle éclata d’un rire enfantin.
    “Bon d’accord, peut-être pas toute la semaine.”

    Niko se tourna pour récupérer quelque chose dans un tiroir avant de se tourner vers l’enfant qui reconnut immédiatement un gâteau. En même temps, elle commençait à être une experte des pâtisseries. Ou du moins une experte pour les engloutir. Récupérant le don de la mercenaire, Chloé écouta attentivement les mises en garde de cette dernière concernant le lieu.
    “Professeur Niko, commença Chloé entre deux bouchées de gâteau avec un sourire. Je comprends ce que tu veux dire par là. C’est un peu chez toi ici, jamais je n’aurai l’idée d’entrer chez Ivara toute seule si elle n’est pas là. Je sais que je fais des bêtises, mais je connais quand même les bases du savoir vivre. Tu peux compter sur moi, je ne viendrai pas ici sans que tu ne m’en donne préalablement la permission. Et puis ce que tu m’as dit plus tôt tiens toujours. Motus et bouche cousue concernant l’endroit. Je n’en dirai mot à personne. Même pas à Ivara.”
    Elle lui fit un petit clin d'œil, le complétant d’un pouce approbateur.
    “En plus, continua l’exploratrice en herbes. Ça va être vraiment chouette. Parce que maintenant quand j’irai frapper chez vous, je pourrai au choix tomber sur Ivara ou sur toi ! Peut-être même les deux ! Ce serait trop bien une sortie toutes ensemble un jour.”

    Elle se frotta un peu le bout du nez amusée alors que Niko évoqua un sujet qui lui attira toute l’attention de la petite. Une sorte d’organisation de chasseurs de trésors. Ou du moins d’objets anciens. Chloé s’apprêta à tirer la main de Niko pour la presser d’en dire plus. Malheureusement, cette dernière lui expliqua qu’elles en reparleraient le moment venu. Laissant ainsi le temps à l’idée de germer dans l’esprit de l’enfant. Étonnamment, Niko avait réussi à s’attirer l’écoute attentive de l’enfant qui lui obéissait au doigt et à l'œil, là où elle se montrait beaucoup plus réticente avec les autres adultes. Elle voyait en Niko un professeur plus que compétent, pas simplement le sosie de sa meilleure amie. Niko était un professeur douée et Chloé souhaitait lui montrer qu’elle ne perdrait pas son temps en devenant sa digne disciple.
    “D’accord Niko, conclut Chloé en se levant pour remettre ses habits secs. C’est vrai qu’avec tout ce que tu m’as appris aujourd’hui, je me sens déjà un peu plus confiante. Ivara va être super impressionnée quand elle me verra affronter les monstres sauvages qui voudront m’empêcher d’explorer ! Et ça c’est grace à toi. Alors euh… Je tenais à te dire. Que j’étais vraiment reconnaissante de ce que tu fais. Je ne te ferai pas honte, je t’en donne ma parole. Et je ne reviens jamais sur ce que je dis.”

    Elle posa son casque sur sa tête comme signe d’une détermination bien ancrée et put par la suite voir la sortie arrière qui ne nécessitait pas de se mouiller. Une sortie bien plus pratique mais beaucoup moins secrète et chouette.
    Le chemin du retour se fît plus gaiement. Chloé se laissant aller à raconter quelques blagues d’enfant à Niko pour la distraire sous le soleil qui commençait à se coucher derrière l’horizon.
    Arrivées devant le domicile de l’enfant, Niko se montra plus chaleureuse ce qui étonna la petite qui lui offrit un sourire en retour. Elle savait que Niko était loin d’être une simple arme froide sans émotion de façade. Elle était certaine que profondément en elle, se cachait une Niko chaleureuse qui avait été probablement mise à mal par les aléas de la vie. Peut-être se protégeait-elle ainsi en se donnant des airs de dure à cuire ? Dans tous les cas, ce n’était pas Chloé qui allait se plaindre de cet élan affectif. Récupérant la dague que lui offrait son professeur avec la plus grande des intentions, comme s’il s’agissait là d’un trésor inestimable, Chloé l’accrocha à sa ceinture.

    “Merci Niko, déclara-t-elle émue par le geste alors que ses yeux s’embuaient légèrement. Tu peux être certaine que j’en prendrai soin. Cette dague marque la promesse que je t’ai faite. Je ne parlerai à personne de ta cachette, ni de ton travail secret. Et je serai assidue dans tes enseignements. J’ai hâte qu’on se revoie d’ailleurs ! Je sais ! La prochaine fois que je passerai, si je tombe sur Ivara, je lui donnerai une lettre qu’elle te transmettra. On pourra se parler par messages secrets, comme des espionnes. Jusqu’à ce qu’on puisse se donner un rendez-vous pour continuer l’entraînement.”
    Elle commença à rentrer chez elle avant de revenir vers Niko pour la serrer dans ses bras. Le geste fut bref comme elle savait que la mercenaire n’était pas trop versée dans l’art des câlins réconfortants comme sa jumelle et que Chloé ne voulait pas l'embarasser plus que nécessaire.

    “Merci beaucoup Niko, finit par dire l’enfant en la regardant avec admiration. Merci beaucoup pour aujourd’hui. Pour ce que tu m’as appris, pour ce que tu m’as expliqué. Pour m’avoir aidé à me relever alors que je me sentais vraiment mal. Tu me reparleras de cette histoire de chasseurs de trésors, mais ça me botte bien ! Je vais pouvoir devenir une célèbre exploratrice et ramener tout pleins de trésors ! A moi la gloire ! A la prochaine Niko !”
    Elle offrit un rire amusé avant de marcher à reculons vers son domicile. Faisant coucou à Niko de la main, espérant la revoir très prochainement.

    Malheureusement, les aléas de la vie allaient en faire bien autrement…
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