Voilà maintenant près d'une semaine qu'elle et Kell s'était séparés, le temps que celui-ci règle quelques-unes de ses affaires. Elle aurait pu l'accompagner. Cependant, la jeune femme y voyait là une occasion pour reprendre l'un de ses voyages solitaire qu'elle se complaisait à réaliser. De son point de vu, elle voyait la chose comme une période de repos dans leur profession d'aventurier. Un peu comme des vacances qu'ils auraient entrepris, chacun de leur côté. Aussi soudé soit leur binôme, se retrouver en solitaire avait également quelques avantages. Ainsi, elle se promenait ici, en pleine nature, livrée à elle-même, marchant rêveusement, se laissant caresser par les quelques feuilles des arbres sur son passage. Malgré cette fin de saison fraîche, la forêt se faisait toujours aussi dense, par la richesse de sa flore, sans en oublier sa faune. Néanmoins, l'atmosphère se faisait particulièrement sévère, le froid s'insinuait à ses dépens entre les tissus et le cuir, venant piquer son jeune épiderme. Le vent s'infiltrait entre les arbres de la forêt en une douce brise et venait caresser les parcelles de sa peau dénudée. A chaque expiration, le froid condensait la fine vapeur d'eau sortant de ses poumons. Les branches craquaient, se pliaient sous la brise. Les arbres grelottaient, les oiseaux chantonnaient. Un paysage que Leina se plaisait à contempler. Un silence, une aura douce et sereine... Elle rendit un souffle d'épanouissement. Elle se sentait si bien ici, dans cet environnement favori. D'autant que les rayons du soleil ne traversaient que partiellement la végétation. Une protection naturelle qui s'offrait à elle. Il ne manquait plus que les rayons lunaires pour parfaire le tableau.
Elle continua sa route, suivant le cheminement laissé par les nombreux passages des voyageurs et des animaux sauvages. Une route de fortune qui permettait à quiconque de retrouver facilement son chemin. Le trajet sinueux et terreux déboucha sur une jolie clairière chérie par le soleil. Les premiers rayons de soleil vinrent ainsi éclairer son pâle visage, si bien qu'à son approche, il fut difficile pour Leina de progresser face au soleil sans plisser les yeux. Le retour du soleil... Ce fut à ce même moment qu'une douce chaleur prit le pas sur la fraîcheur acerbe du matin. L'astre rouge de feu s'était levé haut dans les airs, ses rayons inondant de sa splendeur la clairière verdoyante et chatoyante. Si la jeune femme aux oreilles pointues supportait aisément les températures fraîches dont elle en disposait une nette préférence, ces rayons matinales sur sa peau froide l'effleuraient d'une chaleur affectueuse et cajoleuse, avec une satisfaction certaine. Elle n'eut donc, malgré tout, aucun regret de pénétrer dans cet espace pleinement ouvert au soleil.
Ici, le vent passait avec difficulté la densité végétale de la forêt, se faisant presque imperceptible, comme si l'endroit était coupé du reste du monde. La capuche toujours abaissée sur le haut de son crâne, la jeune demoiselle s'avança d'un pas nonchalant vers le centre de la clairière. Une famille de lièvre s'écarta de son chemin, dérangée par sa seule présence. Ils s'en allèrent à travers les fourrées, derrière lesquelles un sentier caché devait s'y trouver. Un instinct primaire qui leur permettait une survie certaine. Un grand arbre, certainement centenaire, d'où chantaient à l'unisson des oiseaux, se tenait au fond de cet espace clos. Son feuillage, resté intacte malgré la saison, couvrait une partie de la clairière, la préservant du soleil. Un endroit qui lui serait agréable de se poser. Elle s'approcha vers ses racines opulentes qui plongeait profondément dans la terre, alors qu'un bruissement se fit de nouveau entendre. La famille de lièvre, croisée un peu plus tôt, sortie par le même massif végétal duquel elle était entrée, passant à ses pieds, fuyant une nouvelle présence. Le froissement des branches ne s'arrêta pas pour autant. Quelqu'un ou quelque chose s'approchait, se faufilant entre les haies. Si la nature lui est particulièrement précieuse, Leina restait pour autant consciente du danger que celle-ci pouvait représenter. Sur ses gardes, le poids de ses lames se fit plus lourd à ses hanches. Néanmoins, elle n'en fit rien, restant solidement sur ses jambes, droit comme un piquet, immobile, observant l'ondulation des feuilles.
Cependant je savais bien qu'on adoptait pas un animal comme ça, un lien doit se faire, une confiance doit naître et il doit y avoir partage, protection et bienveillance. Enfin, tel était le lien que je m'imaginais. En un sens, je ne savais pas comment trop cela pouvait arrivé, c'est pourquoi je ne pouvais rien y faire. Cela arrivera quand sa arriver ! La seule chose, c'était de se mettre en condition, position, lieu propice à cette rencontre.
Bref, je venais profiter de mon temps de repos pour aller dans la grande forêt. C'était un lieu qui me rappelai chez moi, qui était bien plus tranquille que la capitale et j'avais toujours une pensée pour mon père absent. Le temps était superbe, le soleil réchauffait doucement notre peau, tant que nous ne restions pas cuir dessous à bronzer !
J'avais un petit pique-nique avec moi, dans une tenue décontracté, mais armé au cas où une bête sauvage ou des bandits des grands chemins se montreraient ! Ainsi, je faisais aussi mon travail, si cela arrivait.
Je me dirigeais vers une clairière que je connaissais bien, des lapins venaient de fuir ma présence et je sortis d'un buisson, rencontrant la première âme (humaine) qui vive à une centaine de mètre à la ronde. Je me para de mon sourire de bienveillance et de douceur.
- Bonjour, pardon, je ne vous dérange pas en pleine chasse j'espère ?
La jeune et belle femme, n'avait pas franchement l'air d'une chasseuse, plus d'une aventurière, mais qui était-je pour jugé ?
Je regardais autours de nous, j'étais sur que je devais être proche mais... on ne sait jamais.
- Excusez moi, je cherche une plaine dégagé, elle ne devrait pas être très loin, mais j'ai un doute sur la direction, vous sauriez ?
Une question simple qui avait le don de lancer la discussion, si du moins miss était curieuse.
Une première question fut posée. Elle se demanda si elle ressemblait vraiment à une chasseuse, jetant un rapide coup d’œil à ses habits avant de porter son regard là où la famille lapine avait fuit. Une remarque qui n'était finalement pas si aberrante quand elle se mit à réfléchir depuis quand elle ne s'était pas sustentée. Elle avait repris sa marche avant le levé du jour et n'avait rien avalé depuis la veille. La jeune femme négligeait souvent ses besoins, elle le savait, mais n'en avait que faire. Les lapins, qui avaient disparu entre deux arbres, lui semblaient à présent si affriolants, bien qu'elle se serait refusé de briser une famille après les avoir vu gambader ensemble dans la clairière. Elle posa de nouveau son regard sur l'inconnu mais elle n'eut pas le temps d'apporter une réponse, celui-ci renchérissant par une nouvelle question. Qu'aurait-elle répondu de toute façon ? Les oiseaux continuaient de chanter allégrement lorsqu'elle prit enfin la parole dans un haussement d'épaule.
- « Aucune idée, tout ce que je peux dire, c'est que je n'ai croisé aucune plaine en venant jusqu'ici. »
Elle indiqua d'un mouvement de tête flegmatique le petit sentier dans son dos par lequel elle était passée.
- « Du moins, pas depuis plusieurs kilomètres... » Finit-elle par ajouter à voix basse, plus pour elle-même, sachant l'information parfaitement inutile pour le jeune homme au large sourire. Au vu de son accoutrement et de son équipement, il paraissait évident que la plaine qu'il recherchait ne devait pas se trouver bien loin. Une petite pique de curiosité qui la frappa, lorsque son regard se posa sur son sac de victuailles.
- « Mais pourquoi recherchez-vous cette plaine, si ce n'est pas indiscret ? »
Le regard toujours fixé sur ce sac, son estomac se fit alors capricieux. Un grincement de mécontentement qu'elle fit mine d'ignorer tout en espérant qu'elle fut la seule à l'avoir remarquée.
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