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Alors que tes paupières s'ouvrent, une puissante lumière claire assaillit tes yeux de sang. Un léger vent frais éveille tes muscles, tandis que tu t'assis pour regarder où tu es. tu semblais endormie sur une grande étendue blanche, éblouissante. Une couche de neige éclatante reflétant le ciel lumineux et dégagé. Plus loin, la terre se courbe légèrement, et à l'horizon, des grandes forêts de sapin enneigés ne renvoient rien de plus qu'un sentiment de liberté. Perdue dans une immensité sauvage et calme. Le soleil est bas, pourtant, il est à son zénith. En bougeant, tu comprends que la surface sur laquelle tu étais assoupie est une énorme plaque de glace, couvrant toute la surface d'un grand lac. Une vague de nostalgie t'envahis. Cet endroit te rappelle chez toi, et pourtant, c'est si différent... Et si lointain. De ta main gantée, tu écartes un rond de neige pour voir ton reflet scintillant dans la glace. Mais quelque chose attire ton regard de l'autre côté du miroir... Deux lumières rouges, faibles et distantes, semblant enfouies dans les abysses du lac. Il fait si sombre là-dessous. Les lumières semblent grandir, se rapprocher à une vitesse ahurissante. Un frisson parcourt ton échine, mais tu ne peux défaire ton regard de ces lumières hypnotisantes. Les traits d'un crâne reptilien gigantesque commencent à se dessiner autour des deux feux follets au fur et à mesure qu'ils se rapprochent de la surface, accueillis par l'éclaircie céleste que tu as laissé passer à travers la neige. La bête des profondeurs fonce vers toi, prête à briser la glace sans le moindre effort pour t'engloutir dans ses entrailles de titan, mais ton corps ne répond pas. Plus que quelques mètres avant l'impact. Ta magie pourrait encore te sauver, mais elle aussi semble absente. Une dernière seconde s'écoule, qui te paraît en durer un millier. Tu sens qu'enfin, le monde est plus fort que toi, et tu t'abandonnes à l'inévitable.
Arya se réveilla en sueur, haletante. Elle prit plusieurs secondes à comprendre où elle était et à se calmer. S'asseillant sur son lit, elle jeta un regard par l'étroite fenêtre de sa chambre, distinguant les bâtiments aux toits enneigés d'une rue de la capitale, sous les rayons lunaires. Elle se leva pour aller prendre un verre d'eau et regarda un moment son reflet dans un petit miroir suspendu au mur, craignant de voir encore apparaître les deux lumières. Heureusement, rien. Elle expira et laissa son regard se promener sur le reflet de son corps nu. Elle s'attarda sur la cicatrice à sa clavicule gauche et sur ses tatouages. Comme pour se rassurer que ses pouvoirs étaient toujours là, elle couvra son corps de sa robe d'écailles mauves.
C'était le premier rêve qu'elle aie fait depuis des années. Étrangement, elle se souvenait des moindres détails. Des détails si fins qu'elle se demandait s'il s'agissait réellement d'un rêve. Elle entendait encore cette voix féminine, d'un calme imperturbable, résonnant dans sa tête comme une conscience divine. Son esprit rationnel lui disait que c'était normal, que cela reflétait simplement ses peurs vis-à-vis des projets incroyables et dangereux qu'elle entreprenait. Jamais une minute ne s'écoulait sans qu'elle ne pense à ses expéditions dans le nord, et plus les choses avançaient, plus cela l'obsédait.
L'aube n'allait pas se lever avant encore quelques temps. Mais Arya ne comptait pas se rendormir. Il n'y arriverait probablement pas, de toute façon. Elle S'étira, s'habilla, mangea puis se prépara pour sortir. Aujourd'hui, elle avait du boulot. Elle s'était renseignée à la guilde pour trouver des aventuriers prometteurs qui pourraient éventuellement se montrer intéressés par ses projets. On lui avait donné l'adresse d'un chasseur de primes. Ça ne tombait pas vraiment dans la même case que des expéditions dans le nord, mais elle devait essayer. N'importe qui peut avoir envie de se diversifier un peu, et une proposition aussi folle attirait forcément les plus téméraires. C'est précisément ce dont elle avait besoin.
Elle sortit de l'auberge, chaudement habillée et cachée sous une veste à capuche qui ne laissaient pas distinguer grand chose de son corps. Seul le bas de son visage et ses iris écarlates pouvaient être notés. Azel dormait en boule dans la neige, à l'entrée de la bâtisse. Elle se fit discrète pour ne pas le réveiller, mais ne pu échapper à sa fine ouïe. Elle sourit et mit un doigt devant ses lèvres en regardant le reptile, pour lui dire qu'il pouvait se rendormir. D'habitude, il l'aurait quand même suivie, mais cette fois il semblait préférer dormir encore un peu. L'aventurière marcha jusqu'à l'adresse obtenue, prenant son temps et faisant quelques détours. Bien que le soleil se lève tard durant la saison froide, elle devait au moins attendre les premières lueurs pour que les gens se réveillent.
En arrivant à destination, elle patienta simplement en lisant les primes sur le panneau d'affichage pour passer le temps. Quand l'aube se leva finalement, elle frappa à la porte et entra. Comme elle s'y attendait, il y avait une salle d'attente où elle alla s'asseoir et une porte donnant sans doute sur le bureau du chasseur de primes. L'aventurière avait prévu un petit canular dans le but de pouvoir observer les capacités du bonhomme. Rien de trop méchant si on ne lui avait pas menti quant à la puissance du fameux chasseur. Cela dit, elle ignorait encore que le pauvre type ne pourrait pas profiter de sa pleine puissance dans ces conditions hivernales.
Jin HidoruLe Châtieur Ardent
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- Un thé, Jin ?
- Ouais m'man, merci.
Dans le salon de l'arrière boutique, les lumières du soleil peinent à pointer le bout de leur nez, tamisant la pièce d'une chaude couleur orangée, rythmé par le crépitement de la cheminée. J'ai pas trop réussi à roupiller cette nuit à cause de mon nouvel objet de pouvoir. Sur la table du salon, j'calibre encore son cadran pour que l'aiguille du thermomètre respecte bien ma température corporelle. Le thé arrive à point nommé, m'man pousse un soupir.
- Encore quelque chose qui va risquer ta peau ?
- Nan, plutôt la renforcer. Mais bon, faudrait que mon corps chauffe pour ça.
Elle se retient d'un commentaire, j'le sais, alors j'hausse un sourcil perplexe.
- Oublies Haru dans ta vanne, m'man.
- J'ai rien dis, j'ai rien dis...
- Hm.
Elle me laisse pour voguer à ses occupations, à savoir larver devant son journal, voyant un peu ce qui se trame dans l'Aryon d'en Haut pour comprendre ce que l'Aryon d'en Bas va devenir. L'horloge tourne, la tasse vide, et j'vais devoir ouvrir la boutique. Le brassard finit dans mon sac sans fond et j'chope quelques dossiers pas encore classés qui trainaient sur la table pour donner un semblant d'ordre dans tout ce merdier. Remontant le couloir j'arrive directement à la salle d'attente, pour l'instant personne, puis je pénètre dans le bureau afin de classer tout ça. Depuis que Xylia m'apprend à lire, il est devenu beaucoup plus facile de classifier les documents, même si j'utilisais les couleurs à l'époque. Un complément supplémentaire qui perfectionne le rangement, finalement.
Sifflant machinalement devant ma besogne, ça toque du côté de l'entrée puis la porte s'ouvre. Hm à l'oreille j'dirais, pas légers, court, une femme ou un jeune garçon, pas très lourd mais ferme, solide, quelqu'un qui a l'habitude de marcher longtemps. Elle rejoint directement une place si on s'arrête sur le grincement de la chaise venu beaucoup trop vite.
Quelqu'un qui sait ce qu'il veut. A cette heure-ci, c'est qu'on vient certainement me demander de faire de la route.
Finalement ça m'intrigue, alors j'arrête tout ça pour sortir et découvrir un peu mon premier client de la journée. On dirait une coupe-jarret caché sous sa capuche, le genre qui se donne un côté mystérieux m'voyez. Difficile de la détailler davantage.
- 'jour, matinale ? Qu'est-ce que j'peux faire po-
Ca toque de nouveau.
- Excusez-moi.
En ouvrant, je me frotte l'arrête du nez par pure lassitude, trois connards qui viennent régulièrement ces derniers temps pour venir demander de bosser avec moi. Finalement, se construire une réputation c'est pas tout le temps la joie. Ils ont une caisse remplit de conneries et étire tout les trois un sourire euh... Ouais, voilà, niais.
- Jin, regarde, on a apporté des t-
- Nan mais j'm'en fou en faite.
- Mais s'il te plaît regardes, pour prouver notre bonne -
- Cassez-vous ! Cassez-vous ! Cassez-vous ! Décarrez d’chez moi, bande de clampins ! Taillez-vous vite fait ! Et j’vous conseille de vous mettre au turbin pour vous trouver un boulot, vous m’entendez ? Et le prochain qui se pointe avec un prototype, un vase à fleurs ou le pot de chambre de sa mamie, j’l’envoie garder les moutons à Forteresse, pigé ?! Et tenez, reprenez vos merdes ! J'suis pas vide-grenier !
J'balance leur caisse dans leurs sales tronches avant de claquer la porte bruyamment. Soupir agacé, puis une moue presque désolé à ma nouvelle cliente.
- Navré pour le boucan, venez dans mon bureau.
A présent installé, un bureau flambant neuf depuis la rénovation, j'prends un malin plaisir à m'affaler dans le creux de mon fauteuil en cuir, les bras croisés.
- Qu'est-ce que j'peux faire pour vous ?
Allez, un p'tit boulot de merde parce qu'il caille dehors. Non ? Si ? Allez, s'il te plait.
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Arya prit un moment pour détailler le bonhomme qui vint s'occuper d'elle, la jaugeant sans discrétion. Lorsque quelqu'un d'autre frappa à la porte, elle observa la scène silencieusement, laissant un sourire fendre ses lèvres en constatant le caractère fort de son hôte. Elle ne fit aucun commentaire, et se contenta de le suivre dans le fameux bureau. Elle ne prit pas la peine de s'asseoir, puisqu'elle comptait faire ça rapidement. Sortant de sa veste une carte des alentours de la capitale qu'elle étala sur le bureau, elle pointa du doigt un endroit dans la forêt, qui était déjà marqué d'une petite croix d'encre.
- Il y a un vieux camp de bandits ici. Il a été réhabilité récemment par quelques racailles. Ils sont quatre ou cinq, armés, et gardent un gosse prisonnier pour une rançon. Ils menacent de le tuer si des gardes se ramènent. Je cherche quelqu'un qui puisse s'en occuper rapidement. C'est dans vos cordes?
Comme pour convaincre le chasseur, elle ajouta sur la table une bourse qui laissa échapper le succulent tintement caractéristique des cristaux. Le campement de bandits était situé à deux heures de marche de la capitale, le boulot pouvait facilement être fait le jour même. Dès qu'elle reçu une réponse positive, elle tourna les talons et sortit de la boutique en laissant là ce qu'elle avait déposé, jugeant que le chasseur de primes avait assez d'informations.
Les forêts bordant la capitale étaient couvertes d'un voile de neige. Cela ne durerait probablement pas longtemps vu le comportement capricieux du climat d'Aryon. Au milieu des bois, une petite clairière à laquelle aucun chemin ne conduisait, où traînaient les débris d'un vieux campement. L'endroit était plutôt difficile à dénicher, c'était donc un bon repaire pour les malfrats. Mais, contrairement à ce que la saphir avait raconté au chasseur de primes, il n'y avait plus personne ici depuis quelques années.
Arya avait trouvé l'endroit par hasard, et avait une petite idée de la raison pour laquelle il était abandonné: une dryade occupait les lieux. Des feux follets lui servaient d'espions, errant tout autour de la zone. C'était une créature assez dangereuse qu'il valait mieux ne pas venir déranger, et qui représentait plus de défi qu'une petite bande de racailles, contrôlant la nature environnante comme une extension de son propre corps. Bref, seul un aventurier relativement expérimenté en combat de monstres pouvait s'y attaquer seul. La Satyre considérait cela comme une bonne manière de voir si le chasseur de primes était à la hauteur. Dans le cas où ça se passerait mal, elle se tiendrait prête à intervenir, préférant ne pas se rendre responsable de sa mort.
Après avoir donné les informations nécessaires au chasseur, Arya se mit directement en route du camp. Elle réveilla mentalement son familier pour lui signaler de la rejoindre à la sortie de la ville, car elle allait avoir besoin de lui. Le duo marcha jusqu'à la petite clairière, faisant un détour intentionnel pour ne pas laisser de traces suspectes. Pour ne pas prendre le risque d'être vue par la dryade ou le chasseur, l'aventurière resta à une certaine distance du vieux campement, et se servit d'Azel comme espion. Le griffroid pouvait s'approcher discrètement de l'endroit et utiliser son partage de sens pour permettre à sa maîtresse d'observer la scène. Plus qu'à attendre que le bonhomme se ramène.
Jin HidoruLe Châtieur Ardent
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Pas du genre a lambiner la donzelle. Pas de bonjour ou mes bourses sur un rocher, elle pose les mains dans le plat. J'aime bien. Le poing sous le menton, j'me penche vers ladite carte en écoutant la situation actuelle dans ce vieux camp. À l'extérieur de la capitale donc, évidemment, l'endroit rêvé pour embusquer n'importe qui. Mais malheureusement ça ne les aide pas tant que ça puisque c'est typiquement le genre d'endroit que la garde surveille pour éviter les mêmes modes opératoires.
En tout cas, le travail me plaît bien, mais j'vais devoir faire ça dans le feutré comme mes pouvoirs hibernent sous ce froid ignoble. La question se pose, même là j'ai envie de dire non, mais ce gosse doit vivre une sacrée misère. Et une bourse ramène sa trogne comme les belles fesses d'une serveuse après la fin de son service. Hm... J'opine doucement du chef, me projetant déjà sur l'idée d'une tactique pour y parvenir à défaut de pouvoir rien exploser.
Avant que le pognon s'enfuit, je l'attrape aussitôt pour le dissimuler dans le tiroir.
- Je m'occupe de ce mioche.
***
- Temps de chiotte.
Sur le dos de Gromyr, j'reste blotti dans ma cape-anti climat qui fait bien le boulot, couplé par la chaleur de la fourrure de ma monture qui enfonce ses pattes dans la petite épaisseur de neige qui nous conduits sur le supposé endroit que j'toise de temps en temps avec la carte pour pas nous pommer. Encapuchonné, j'ai dû défaire mes cheveux sinon mon kilo de cheveux en chignon et pas prêt d'être coiffé de quoi que ce soit.
On peut noter quand même une certaine poésie à voir ce paysage, d'un blanc immaculé, un silence hivernal où on peut entendre que nos respirations respectives, jouer avec la buée qui sortent de la bouche à un rythme d'horloge. Bref, on est tranquille quand même. Les gens sortent moins, donc moins de connards à croiser. Et ça, c'est vraiment une bonne nouvelle.
La capitale s'éloigne, et je m'approche enfin de la lisière d'une forêt. Peut-être risqué d'embarquer Gromyr. C'est pas une monture de combat et il peut vite se retrouver blessé avec une flèche perdu. J'descend donc.
- J'serai pas long.
*Dégager et faire vite. Moi, ennuyé.*
- Epargnes-moi ton comportement de gros lourdaud.
Il grogne et commence à creuser la neige pour se faire un nid douillé, sans doute pour roupiller durant une éternité, j'vais être content quand il va falloir le réveiller. La main sur Portecendres, j'tends le Gantelet devant moi et essaie de libérer une flamme. Une simple chaleur va s'émaner par de pathétiques vagues dans l'air. Traduction ? Ouais, un putain d'échec. Un soupir agacé, je m'arme de courage en espérant que les gus soient vraiment des bouses au combat à l'épée. J'aurai l'air con si ce sont des mercenaires qui ont fait leur classe avant de déserter.
Une grande majorité des arbres ont le feuillage persistant, dénotant sur le chaos de la Saison froide, et augmente ainsi mes chances de rester camouflé. Même la faune est silencieuse, c'est presque flippant. Mais un phénomène assez singulier se manifeste, une scène féerique alors que je détaille d'un regard presque enfantin ces petits feu-follets flotter dans l'air, en stationnaire, regardant quelque chose certainement. Moi ? Peut-être. M'enfin, l'heure était pas de zyeuter les magies qui sommeillent dans la forêt, mais de casser du gus pour un gosse qui a vécu des journées de trop en leur compagnie.
Un sentier naturel a l'air de mener quelque part. Ce qui m'inquiète c'est les traces. Il y en a pas ou très peu. Comme si la nature avait reprit ses droits. Dans ce temps, il est certain que normalement les gens sortent pour ramener la bouffe et de quoi se réchauffer. Pas d'odeurs de fumée pour l'instant, calme plat, pas de sentinelles. J'vois une trace de sabot, c'est pas un canasson, une patte fendu de gloutovor, peut-être cinq jours qu'il est passé par là.
J'le sens pas.
- Où est-ce que t'as foutu les pieds, Jin...
Un grognement d'agacement me trahit et je marche alors d'un pas prédateur vers la supposée destination qui est censé m'amener au camp. Plus j'avance, plus les feu-follets sont nombreux, mouvant en nuée autour de moi dans une cacophonie inquiétante. Je m'arrête, ils s'arrêtent, puis se barrent plus loin. Longeant la route. Comme court circuité, j'reste coi pendant quelques secondes, avant que quelque chose m'entoure la jambe, un serpent ?
- Bordel de...
Une liane m'attrape la guibole et me traine dans la direction de la nuée avant d'être catapulté dans une clairière. Enorme chute qui finit en roulé-boulé. Ouh, j'crois que j'me suis déplacé un truc. Un campement, vide, mais pas complètement.
Enfin, s'il y avait pas cette créature qui fait charger ses insectes droit sur moi. La donzelle m'a douillée ?! Mais pourquoi l'argent alors ?! Pas le temps d'y réfléchir, l'attroupement de feux-follets me fouette comme une bourrasque pour me projeter de nouveau contre la charpente d'un vieux chapiteau qui s'effondre dans un nuage de neige.
J'vais mettre quelques secondes à sortir de ce bousier et essayer de pas perdre connaissance pour mieux détailler le machin. On dirait un genre de femme... Avec des plantes partout sur elle ?
- Euh... Vous êtes pas un bandit, hein ?
Une liane va encore resurgir de nulle part, mais tranché par Portecendres aussitôt.
- D'accord, on danse.
Un rugissement pour me donner du courage alors que je charge à toute berzingue sur dame des forêts.
On dirait un nom ridicule de conte pour enfant en y repensant, hé. Comment j'fais pour faire des vannes alors que j'vais peut-être crever...
Va falloir causer avec la p'tite quand j'aurai fini. Enfin, si j'y arrive...
Plusieurs lianes foncent droit sur moi. J'en tranche une, deux, trois, la quatrième serpente ma jambe avant de me décoller vers le haut. Une nuée de feux-follets tente un nouvel assaut, me restant qu'à me protéger de mon poing maillé au niveau du visage.
Nouvelle chute. Le bruit est sourd, j'rebondis au sol dans un fracas qui fait résonner mon squelette durant de longues secondes.
- Argh...Ca pique...
Pas le temps de se relever doucement ou jouer les héros de guerre en posant comme un combattant légendaire. On me fouette férocement, traversant une autre palissade, ma course sera arrêté par un chêne puissant et j'retrouve le sol une nouvelle fois. J'pousse une quinte de toux, j'entends bourdonner au-delà de mes acouphènes, alors j'me balance sur le côté et écouter le coup de fouet de la nuée s'abattre dans une volée d'écorce.
Mon palpitant qui tambourine dans le torse et les tempes, j'réfléchis. Hm... D'accord pas le choix.
- Eh ! Le morceau de salade *kof* *kof* ramène ta fraise, que j'te butine comme une...
Pas le temps de terminer ma phrase une nouvelle fois, un arbre utilise ses branches comme des bras humains pour me catapulter de nouveau dans les airs, j'en profite pour vriller sur moi-même et me mettre en position pour lancer l'épée droit devant moi, tirant au jugé, un bruit va me faire sourire alors que ma chute se termine sur une roulade à quelques mètres de ma cible.
Essuyant le sang sur mon front et mes lèvres, j'tape le sprint de ma vie vers la lame enfoncée dans le torse de la créature qui hurle à la mort et envoie d'autres lianes, mais sa blessure lui empêche d'être précis.
Esquive à droite, gauche, j'glisse au sol, j'bondis dans une roulade avant, j'finis les mains sur le manche de mon épée et l'ouvre en deux en tirant l'épée vers le haut. Enorme giclée de sève alors que la tête fendue tombe au sol avec son corps aussi scindé en deux. J'tousse, tombe à genoux, le souffle haletant, la main sur le bas du dos, un dos en miette.
- BORDEL DE MERDE, C'ETAIT QUOI CA ?! ET ILS SONT OU CES CLAMPINS ?!
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Arya s'était installée sur la branche d'un arbre, dos au tronc, de la manière la plus confortable possible. Même en regardant dans sa direction, difficile de la remarquer: sa cape semblait la camoufler, copiant le paysage derrière elle. Une petite merveille confectionnée avec du tissu caméléon et anti-climat. Elle s'assura d'être dans une position stable avant d'abandonner ses sens au profit de ceux d'Azel.
Le griffroid attendait sagement dans la neige, observant avec curiosité les feux follets, attentif au moindre bruit. Le chasseur avait fait vite, car les premiers échos de son escarmouche avec la dryade ne tardèrent pas à retentir. Azel se releva rapidement et couru vers la clairière, utilisant sa magie d'invisibilité pour ne pas attirer l'attention et risquer de perturber le combat. Il s'arrêta une fois en bonne position pour permettre à sa maîtresse d'observer les moindres détails de l'affrontement.
L'homme semblait s'être fait surprendre par les capacités sournoises de la dryade. Il se fit un peu malmener avant de pouvoir répliquer proprement. Il ne se débrouillait pas mal physiquement, Arya le nota rapidement. Combattre dans la neige et les débris n'était pas aisé, mais le gars savait se défendre. En revanche, il ne semblait pas utiliser une once de magie. Le combat progressait, se corsait, et pourtant, la Satyre ne décelait aucun pouvoir. Pourquoi s'en priver? Il risquait gros en tentant de venir à bout de la créature uniquement par les armes...
Le test se termina sur ce qu'Arya estima être un beau coup de chance de la part du chasseur. Si son lancer d'arme n'avait pas si bien fait mouche, il aurait certainement été blessé, voire pire. L'aventurière était perplexe. Son cobaye s'en était finalement sorti, mais un chasseur de prime ne va pas loin sans magie. Quelque chose devait le retenir de l'utiliser.
La jeune femme descendit de son arbre d'un mouvement de tentacule habile après avoir retrouvé ses sens et se mit à marcher vers la clairière. Le gaillard aurait le temps de se remettre de ses maux de dos avant d'entendre des pas dans la neige. L'invisibilité d'Azel prit fin lorsque la saphir arriva au vieux campement, débarrassant sa capuche pour être plus facilement remarquée par le chasseur. En continuant de s'approcher, elle glissa une main derrière son cou puis libéra une longue chevelure sombre cachée sous sa cape, d'un ample mouvement du bras. Elle alla finalement chercher son fidèle couvre-chef dans le sac sans fond qui pendait à sa ceinture et l'assit sur son crâne d'un geste si précis naturel que rien qu'à le voir, on devinait qu'elle l'avait répété toute sa vie. Cela marqua son arrêt, à seulement quelques mètres du bonhomme, juste à côté du griffroid assis docilement. La silhouette de l'aventurière était maintenant bien plus reconnaissable, et l'emblème Tolevira qui trônait sur sa casquette ne laissait aucune confusion sur son identité pour quiconque ayant quelques connaissances de la noblesse. En tant qu'aventurier, le chasseur de prime avait probablement eu vent de cette étoile montante de la guilde et l'avait peut-être même déjà aperçue. Comme pour chasser le moindre doute, la Satyre prit quelque chose sous sa cape, au niveau de sa poitrine, qu'elle jeta aux pieds du jeune homme: le badge de saphir.
- T'as eu de la chance de t'en sortir sans blessure grave. Pourquoi t'as pas utilisé de pouvoir?
Comme il avait déjà pu le remarquer, Arya était du genre directe. Son regard écarlate était las, mais plein d'assurance. Elle attendait une réponse. Satisfaire sa curiosité semblait plus urgent que de se présenter. Elle savait bien qu'elle allait avoir droit à une flopée de questions, autant poser la sienne en première.
Jin HidoruLe Châtieur Ardent
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Oh, la vache.
Merde.
Ouais, bah attends une seconde. J'dois craquer un truc...Là, ouais là.
- AAAAAAAARGH ! Merde !
D'accord, ça va mieux. Des bruits de pas résonnent ensuite dans la clairière, le craquement des flocons broyés sous une démarche que j'ai déjà entendu, même poids, même vitesse. Ouais, j'suis pas une flèche, sauf lorsqu'il s'agit de détecter, pister, traquer, examiner et analyser une personne. Plein de verbes, z'avez vu ? J'me retourne sans surprise, enfin, d'abord. Le regard assez contrarié sur cette mascarade, visiblement, qu'on m'a fait subir pour les beaux yeux de la donzelle. Ce que j'comprends pas, c'est qu'elle a casqué pour ça.
Ensuite, son identité se dévoile. Pas besoin de faire les présentations, je l'ai lu, entendu sous toutes ses formes, en chansons, histoires, bon nombre de pisseuses qui aimeraient lui ressembler, bon nombre de type qui aimeraient mettre le crochet dessus, bon nombre de tarés qui aimeraient se mesurer à elle. Même moi j'sais pas si j'peux en avoir la prétention, sachant que la légende raconte qu'elle ne craint pas le feu. Pas l'air de craindre grand-chose comme toutes les légendes laissent paraître. Faut dire que du coup, j'comprends pourquoi le coup de la capuche pour rester discrète, j'pourrais la reconnaître en pleine kermesse de la Guilde. Je n’ai jamais eu encore l'occasion de la croiser. J'pensais plutôt dans d'autres circonstances. Autour d'un verre à la guilde en revenant de mission, pas en allant à la cogne en frôlant la mort plusieurs fois sous un temps de chien.
Mais pas de doute. C'est elle. La casquette, la longue crinière flottant comme une fumée ténébreuse, les rubis à la place des yeux, menue et pourtant qui cache un potentiel hors du commun. En plus, c'est ma cadette, et j'ai pourtant l'impression que c'est moi le p'tit mioche dans l'histoire.
Mes yeux vont finir de s'écarter en grand avec la badge Saphir à mes pieds. Alors, c'est ça, l'Ultime Distinction. J'regarde l'objet avec envie, hypnotisé par la pierre qui scintille dans les mirettes avec la projection future que... Moi aussi, ça viendra.
J'y crois.
- Ary...
Pas le temps d'en placer une, elle rejoue la carte du "on défonce la porte avant de causer". J'hausse un sourcil perplexe. Elle veut quoi bordel ? J'suis partagé entre l'honneur de tailler la bavette avec elle et l'envie de me casser à cause de tout ce cirque. J'grogne. "Chance..." ?
- On s'en cogne, l'alignement des astres, la chance, l'extraordinaire coïncidence, si mamie a lustré une boule de cristal un soir de pleine lune ou si j'y pisser du bon côté du temple... Elle est morte. Merci pour le cadeau, fallait pas. Que j'conclus en me dépoussiérant les vêtements.
Donc elle m'a reluqué pendant toute la castagne. Visiblement, elle s'est pas trop renseigné sur moi. Remarque, j'suis pas aussi connu. C'est à peine si j'arrive à sortir de ma réputation de caïd endurci.
- Le froid atrophie mes pouvoirs. Si tu veux les voir à l'œuvre va falloir attendre encore un peu qu'il fasse meilleur.
Que j'termine, le regard dur en roulant l'épaule pour terminer de remettre le squelette en place. Les gens s'imaginent vite que j'suis vulnérable, fragile, une petite adolescente avec une allumette qui doit chialer à chaque saison froide. Désolé les gars, mais nan. Ca va. Je gère. Quoi qu'il arrive.
- Alors, La Satyre, tu m'expliques ? C'est quoi ? Un genre de pique-nique en amoureux ?
Sans déconner, ça m'intrigue. Parce qu'elle reste une confrère, et je la vois mal se mettre à cette tendance d'envoyer des collègues à la mort juste pour passer le temps.
Ca colle pas.
Un regard sur le familier. A chaque aventurier sa bestiole, moi la mienne préfère roncher en me laissant crever. Ouais, bah, hein, merde. J'dois parfaire son éducation.
- Lut', toi.
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Arya sourit à la première réponse du cobbaye, chassant la lassitude dans son regard. Il n'était pas de genre à se laisser rouler dessus, c'était clair. Ça en disait déjà long sur son caractère, et la Satyre s'en réjouissait.
- Si tu ne crois pas en la chance, tu ne connais pas le danger. Cela dit, tu t'en sors très bien sans magie, je dois bien te l'accorder.
L'explication qu'elle attendait arriva enfin. L'aventurière grimaça en l'entendant. C'est naturel de miser plus sur le physique avec une faiblesse pareille. Mais le physique ne suffira pas là où elle compte se rendre... Et il faudra compter sur le froid pour être au rendez-vous. Pendant qu'elle semblait réfléchir, un appendice écailleux apparut derrière la jeune femme et vint ramasser le badge jeté pour le déposer dans sa main gantée.
- C'est ennuyeux.
Elle referma la main sur le badge et releva les yeux vers son interlocuteur. Pas besoin de le faire languir plus longtemps.
- Jin, c'est ça? Je cherche des aventuriers coriaces pour mener des expéditions dans le grand nord. Je voulais voir si t'étais à la hauteur avant de te proposer de participer. Malheureusement, avec ce genre de faiblesse, ce serait du suicide.
Elle se tourna vers la carcasse de la dryade et vint s'agenouiller à côté. Retirant un gant, elle couvrit sa main des mêmes écailles ternes qui habillaient le tentacule et l'enfonça dans le torse fendu de la créature. Elle tâtonna un peu, comme pour trouver quelque chose.
- Mais tout n'est pas perdu. Tu pourrais par exemple trouver un moyen de contourner ta vulnérabilité au froid via des objets magiques... Enfin, si tout ça t'intéresse, je serais ravie de t'en parler plus en détails sur le chemin du retour.
Elle laissa échapper un "Aaah" de satisfaction en retirant finalement sa main de la carcasse, tirant comme pour en arracher quelque chose. La seconde d'après, elle regardait fièrement l'étrange organe prélevé, dégoulinant de sève.
- Il paraît qu'elles peuvent renaître si on plante leur coeur. On va dire que c'est pour ça que je t'ai payé...
Elle sortit un vieux tissu de son sac sans fond, qu'elle utilisa pour s'essuyer la main avant d'emballer son trésor dedans et de le ranger. Quelle idée tordue pouvait-elle encore avoir derrière la tête? Elle se releva et décrocha une boussole de sa ceinture à laquelle elle jeta un rapide coup d'oeil.
- Bon! Pas envie d'arriver en retard pour le déjeuner. Tu m'accompagnes?
Sur ces mots, elle se mit en chemin vers la route la plus proche, celle par laquelle le chasseur de prime était arrivé. Azel lui emboîta directement le pas, il ne manquait plus que Jin.
Jin HidoruLe Châtieur Ardent
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Moi connaître le danger ? Hm, si, juste que je lui souris au nez pour le plus grand malheur de mes proches. Mais ça fait quelques temps que la peur m'arrête sur mes actions. Ou alors me fait réfléchir. Une petite voix bien plus sage dans ma caboche qui me donne des conseils. Mais comme disait mon père, la peur est un moteur, pas un handicap. Savoir l'utiliser à bon escient, on peut se sortir d'un paquet de situations emmerdantes.
Sa grimace me fait étirer un sourcil perplexe, comme si j'venais de frôler l'énorme promotion qui allait me transformer en légende. J'tangue la tête d'un côté, et lui laisse le soin de s'expliquer. On ne peut pas convenir à tout le monde, je le sais que trop bien. Bras croisés et poing sous le menton, après avoir rangé Portcendres au fourreau, j'écoute sa proposition. Proposition obsolète finalement, si j'trouve pas une combine pour passer à travers le froid tout en cramant tout ce qui bouge.
Mais, chérie, tu viens de citer l'un des plus gros problèmes de mon existence. Et j'ai dû faire avec, j'crois que la Dryade a pigée le message d'ailleurs. J'fronce les sourcils, détaillant l'utilisation parfaite de son pouvoir, pour récupérer la caillasse la plus prestigieuse de la guilde. Non sans comprendre et être d'accord avec elle. Des fois, faut savoir accepter qu'on est pas fait pour s'envoyer dans des zones suicidaires si on est pas prêt ou si on est pas moulé pour ça. J'opine doucement du chef, un peu sceptique à l'idée de me dire qu'en me prenant la porte des chiottes demain matin il va me venir l'idée incroyable d'aller dire au froid qu'il n'atrophiera plus jamais mes pouvoirs.
A l'heure d'aujourd'hui, c'est juste un rêve. Un fantasme de puissance. Mais bon...
- Tailler la bavette avec l'une des Saphirs les plus connus d'Aryon ? Bien sûr.
La flatter ou la faire rougir ? Non, bien sûr que je m'en tape. C'était surtout pour lui faire comprendre que je suis de ceux qui restent avec les meilleurs pour se forger. Même si tout est perdu. Et pis, même si j'participe pas à l'expédition, je suis sûr que j'vais pouvoir apprendre quelques trucs avec elle. Après sa boucherie dégueulasse, j'évite d'imaginer ce qu'elle compte faire avec cet organe qui n'a rien demandé hormis de vivre dans le corps de quelqu'un. Pas mes oignons.
Par contre, la mention d'un éventuel déjeuner...
- T'as dis le mot magique, j'te suis. J'ai une monture pas loin, mais tu dois le savoir, hein.
On progresse dans le chemin retour. Le cadre est quand même vachement plus terne. Pas de feu-follet, ou de magie féerique qui fond avec la forêt. Juste le froid, la désolation, le calme. Une ambiance qui mêle le macabre et l'apaisement. Sinon, rien à signaler. L'occasion de poser mes questions.
- Alors, comment tu m'as trouvé ? Et, où on va ? J'espère que c'est pas encore un canular, hein.
Sourire taquin alors que j'passe entre les branches avant de reprendre mon sérieux.
- Et ces expéditions ? Le grand nord c'est ça ? Qu'est-ce qui te donne envie d'y aller ? Le pognon ? La découverte ? La gloire t'en as suffisamment, alors tu dois avoir une piste, j'imagine.
Ouais, je la bombarde de questions, mais c'est la moindre des choses. Non ?
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Canular
Arya haussa un sourcil, comme surprise par la remarque de Jin. Une des saphirs les plus connues d'Aryon? À bien y réfléchir, il n'y avait pas beaucoup de saphirs, et la plupart arrivaient à se faire plutôt discrets. Mais la Satyre s'étonnait sans cesse de la portée de cette notoriété qui lui était tombée dessus. Elle n'avait pas vraiment l'impression d'avoir mérité une glorification pareille, même si elle s'en jugeait digne. Enfin, on ne devient pas connu parce qu'on le mérite: on le devient par un concours de circonstances. On le mérite après.
Elle était contente de voir que le chasseur de primes se montrait intéressé. C'était probablement un bon choix de sa part. Il faut saisir toutes les opportunités qui se présentent à nous, ça a toujours été la philosophie de la Satyre. Elle cherchait justement à créer ces opportunités en allant à la rencontre des gens.
- Vu la vitesse à laquelle t'es arrivé ici, je me doutais que t'étais pas venu à patte...
La série de questions à laquelle elle s'attendait arriva finalement. Le ventre de l'aventurière commença à gargouiller, ce qui était mauvais signe pour les deux heures de marche qui s'annonçaient. Heureusement, elle avait toujours des réserves sur elle, pouvoir oblige. Elle sortit deux pommes et en lança une au chasseur.
- J'ai demandé à un mec de la guilde s'il connaissait des gars costauds pour m'accompagner, il m'a filé ton adresse.
Voilà qui rendait la flatterie.
- Je sais pas où on va. Quelque part où il y a de la bouffe. On pourrait certainement trouver une auberge sur la route, mais puisqu'on doit de toute façon rentrer à la capitale, pas besoin de faire d'escale.
Le calme oppressant, le froid, les bois sombres... Est-ce à ça que ressemblait le grand nord? C'est comme ça qu'elle se l'imaginait, en tout cas. Avec des montagnes et des grandes plaines enneigées. Comme dans son rêve...
- Cette idée qu'il y a des terres fertiles au-delà de notre horizon... Une faune et une flore inconnues, d'autres civilisations... Ça me fascine. Je n'ai jamais compris pourquoi le royaume ne s'y intéressait pas plus. Voyager loin est dangereux, mais Aryon abrite des personnages très puissants. Je suis certaine qu'en y mettant assez d'effort et d'ambition, on pourrait aller aussi loin qu'on veut...
Cette curiosité expliquait sans doute ce qui l'avait poussée à s'enfermer six mois sous terre avec pour seule compagnie des bêtes affamées et des statues destructrices. Ça, ainsi que son besoin vital de sensations fortes qui devenait sans cesse plus grand et plus fou. Il n'y a qu'en risquant sa vie qu'elle se sentait réellement en vie. Même le sexe et l'alcool dont elle avait déjà tant abusé lui faisaient de moins en moins d'effet. Mais ça, elle ne comptait pas le partager, surtout avec un inconnu.
- Et je sais que je ne suis pas la seule. Alors je cherche ceux qui partagent mes rêves et qui ont la prétention de vouloir les réaliser. Si tu es l'un d'entre eux, je te souhaites la bienvenue dans le Projet Horizon.
Jin HidoruLe Châtieur Ardent
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La pomme arrive avec plaisir. Croquée à pleine dent.
J'me demande qui a pu me citer, ca serait mentir de dire que j'ai pas entendu des choses sur mon compte ses derniers temps depuis mes dernières expéditions, chasses et quêtes que j'ai pu faire. J'pouvais voir, l'évolution grandissante de ma condition, de simple chasseur, à aventurier jusqu'au Châtieur Ardent. Ce surnom s'est surtout construit sur ce que j'fais subir à mes primes, maintenant il est utilisable aux ennemis et créature que j'ai pu affronter. Avec des gardes ou pas.
J'suis pas La Satyre, mais j'espère pouvoir être quelqu'un, un jour. Pour ma famille, mon nom. Le graver dans les livres à tout jamais.
En entendant, ravi de voir qu'elle nous joue pas la carte des donzelles mystérieuses. J'aime les gens qui vont droit au but, et j'ai remarqué ça chez elle dès l'instant où elle a ouvert le bec dans mon bureau. Transparent, clair, concis. J'aimerais que Luciole soit comme ça de temps en temps, comme l'impression qu'elle me cache des trucs. J'ai failli mourir il y a quelques lunes à cause de quelqu'un, je le sais, je le sens, même si j'suis pas foutu de remettre un nom et un visage sur ce connard. Mais y'a un truc avec Zahria. Ma main à brûler. Non, mais, au sens figuré.
Va falloir qu'on cause elle et moi.
Notre progression nous mène à la lisière de le forêt, et j'imagine alors ce que ça donnerait le genre d'expérience qu'Arya me décrit. Ce rêve. Ouais, c'est clair que ça fait rêver. Je voyage depuis tout p'tit, à pourfendre Aryon de part en part en compagnie de mon vieux. Terre, mer, maintenant que j'sais voler, y'a quelques endroits que j'ai pu découvrir par la voie des airs. Au-delà de l'océan sur l'île du Songe, plus loin encore dans l'île de cristal. C'est toujours jouissif à chaque fois. Il vrai qu'il est difficile de comprendre le manque de curiosité de notre gouvernement à ne pas repousser les limites de nos frontières.
J'aime penser que notre Saphir ait raison. Si on veut, si on est déterminé, on peut.
Et le prestige dans tout ça, c'est d'être les premiers habitants d'Aryon à se risquer d'un tel périple. C'était excitant. Mes traits se déforment dans une euphorie presque enfantine, puis j'me rappelle des promesses que j'ai faites à Haru. Mais, j'peux pas m'empêcher de vivre, non ? Ce n'est qu'un voyage ? Bon, d'accord, sans certitude de venir, j'le concède. J'pousse un soupir et me mords les lèvres en réfléchissant longuement après sa proposition. Déjà, ça veut dire que malgré mes couacs de pouvoir j'reste un profil intéressant, et que sans doute que cette occasion ne se présentera pas deux fois dans une vie.
- J'peux bien prétendre tout ce que tu veux, rien ne m'arrête. Par contre mes pouvoirs font pas ce qu'ils veulent. J'trouverai une solution. Que j'annonce la bouche pleine.
Va falloir bucher cette affaire. J'balance le trognon de pomme dans un buisson et commence à faire une boule de neige que j'balance dans la truffe de Gromyr qui roupille. Il se réveille, agacé, grogne vers moi avant de dévisager les deux nouveaux arrivants. Surtout le Griffroid
*Qu'est-ce ?*
- Des nouveaux copains, Gromyr.
Il s'approche, renifle brièvement à une distance raisonnable, les oreilles dressées et la pupille dilatée au maximum vers l'autre familier. J'occulte ce spectacle en préparant la scelle et reculer mon paquetage pour faire une place à la collègue.
- Allez grimpe, comme tu dis, ça sera plus rapide.
***
Pas de vent, et de toute façon avec nos capes anti-climat on ne craint rien de bien particulier. Ma monture marche à une vitesse croisière et le calme hivernal s'étend sur toute la plaine. Au loin, comme la bien deviné la donzelle une Auberge se précise. Fumée de cheminée apparente, les canassons qui blindent les écuries et le bruit de fond d'une petite comité à l'intérieur nous indiquent que c'est bien occupé. La longe attelé à l'écurie, je laisse ce gros chat s'abreuver alors qu'on pénètre l'enceinte de l'établissement.
L'odeur de l'hydromel, la charcut', le fromton, la volaille rôti, j'en salive déjà. Je laisse le soin à ma comparse de trouver une table alors que je m'approche d'une cheminée la plus proche. Presque à plonger mes mains dans les flammes un serveur viendra essayer de m'arrêter mais constatera que rien ne se passe et devine facilement que j'fais parti des rares élémentaires qui circulent dans le coin. L'humidité condensé par le froid qui mouille mes cheveux et mes pores s'échappent dans une vapeur opaque alors que le brasier diminue de volume.
- Eh ! Mon feu !
- Ca va, j'vous le rends.
D'un geste rapide de la main vers le haut, le pic de flamme monte dangereusement et illumine la pièce le temps d'un instant, avant de laisser un regard interrogateur sur la satisfaction de monsieur et retrouver Arya à sa tablée. Bonne nouvelle, j'pète le feu maintenant. Une fois assis, le même serveur vient prendre commande.
- Qu'est-ce que j'vous sers ?
- Pain, fromage, charcuterie, lait de chèvre chaud et votre plat du jour.
- On part là-dessus, et la p'tite dame ?
Je la laisse faire son office pour regarder ma perle de météo et essayer de voir si on ramasse de la flotte plus tard, mais à priori, non. Ca aussi, c'est une bonne nouvelle. La ripaille arrive assez vite et on s'fait pas prier. Une cacophonie de mastications bruyantes entrecoupé par des gorgées qui réchauffent le torse et l'estomac.
- Le "Projet Horizon", pas mal, le blase. Et tu comptes établir une base pour tes nouveaux élites de la Guilde ? Tu commences tout juste ton recrutement ou tu as déjà des gens avec toi ? Si c'est des collègues, j'pourrai les reconnaître.
Bah, un truc aussi balèze mérite un point de chute, enfin j'crois.
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Jin semblait motivé par les projets de la Satyre. C'est tout ce qu'il lui fallait pour être contente de sa nouvelle recrue: la volonté de s'améliorer. Ce n'est pas un peu de froid qui l'empêchera de poursuivre ses rêves. Maintenant, plus qu'à mettre en pratique!
- Parfait. Il faudra qu'on se revoie quand t'auras réglé ça, je tiens à voir le résultat. T'as un cristal de communication?
Ils lièrent leurs cristaux et arrivèrent finalement sur la route, pas loin d'où se trouvait le catosaurus en pleine sieste. Arya avait déjà vu plusieurs fois ce genre de monture, mais c'était la première fois qu'elle avait l'occasion de grimper dessus. Il faut dire qu'elle n'était pas particulièrement intéressée par les montures en général. Elle ne savait que vaguement monter un cheval, préférant se déplacer à pieds la plupart du temps. Elle avait accès aux portails de téléportation si nécessaire, autrement, elle ne voulait pas s'encombrer de ce genre de bête. Elle appréciait d'avoir la compagnie d'Azel, mais il était suffisamment indépendant pour qu'elle n'aie pas peur de le laisser n'importe où, contrairement à une bestiole du gabarit de... Gromyr?
La Satyre envoya un sourire moqueur à son familier alors qu'elle montait sur le félin. Il allait devoir suivre le rythme par ses propres moyens. La route mena jusqu'à une auberge où le petit groupe décida finalement de s'arrêter, cédant à la faim. La chaleur et les odeurs qui s'échappaient de la baraque appuyaient en faveur de l'escale. Après tout, ils n'étaient pas pressés de rentrer à la capitale. En entrant dans le bâtiment, Arya retira sa cape, exhibant des vêtements à la qualité digne d'une noble de son rang. Une veste sombre aux liserés rouges et aux boutons cuivrés, dont le col ouvert laissait entrevoir un tatouage entourant le cou de la demoiselle. Le premier d'une collection de huit qui constituait la source d'une bonne partie de sa puissance.
En allant réquisitionner une table, la Satyre observa le chasseur faire la démonstration de son pouvoir. C'était une question en moins à lui poser. Un pouvoir de contrôle du feu, semble-t-il... C'était cohérent avec la faiblesse au froid. Et si cette faiblesse était contournée, aucun doute sur le potentiel du truc. Les dons les plus basiques sont souvent les meilleurs. Un atout utile pour se réchauffer sous les vents froids du grand nord! Elle ne faisait pas vraiment exprès, mais son esprit se tortillait dans tous les sens pour imaginer toutes les manières de tirer profit de ces capacités, malgré qu'elle n'en aie vu que la surface. lorsque Jin la rejoignit à sa table, une remarque échappa entre ses lèvres.
- Tu seras un bon élément...
Un serveur s'occupa de prendre leur commande, et Arya se contenta de demander la même chose que son compagnon. Elle n'était pas bien difficile pour la nourriture. C'est important lorsqu'on a besoin d'autant de ressources qu'elle. Le maître du feu allait découvrir cet aspect de la Satyre dans peu de temps.
- J'ai déjà quelques intéressés. Je ne pense pas que j'aie besoin d'un groupe très grand, du moins pour la première expédition... On ne pourra pas se permettre d'attirer tous les monstres du coin, de toute façon. Une dizaine sera largement suffisant. Si on trouve des choses intéressantes de l'autre côté de la frontière, j'envisagerai de recruter plus de personnel pour créer des routes et monter des campements. Le but sera de faciliter l'accès aux nouvelles ressources s'ils y en a. Cartographier les terres, découvrir comment se défendre efficacement contre la faune...
Le repas arriva plus rapidement qu'ils ne l'espéraient. L'ogresse se dévoila sous les traits de la mince jeune femme. Le débit d'ingurgitation de la Satyre n'était pas humain, c'était à se demander dans quelle dimension pouvaient bien aller tous ces aliments. Elle n'avait même pas beaucoup usé de son pouvoir, mais ce genre d'appétit était devenu une habitude. Si il lui restait trop d'énergie en fin de journée et qu'elle n'avait aucune soirée prévue, elle s'entraînait pour vider la batterie puis dormait comme une masse, et recommençait le lendemain. Entre deux bouchées, elle répondit à la question laissée en attente.
- J'ai pas encore décidé d'un endroit pour le QG, mais je trouverai bien un coin sympa pas loin de la guilde.
Jin HidoruLe Châtieur Ardent
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Sourire flatté. J'sais de quoi j'suis capable, sans faire partie des meilleurs comme La Satyre, mais je sais qu'un jour, ça sera le cas. Et de voir qu'elle le remarque, ça ne me donne qu'envie de faire mieux. Plus fort, chaque jour.
J'reste interdit, sur la manière dont elle se goinfre. Moi qui pensais que Marie Madeleine était une championne dans le genre, j'ai trouvé la concurrence directe. Ça détonne avec sa tenue et ses mouvements graciles qu'elle présente. Donc, elle est classe, puissante, j'pourrais même penser que c'est une noblarde quand on la détaille un peu plus. Mais elle bouffe comme un gloutovor. D'ailleurs mes yeux vont se faire happé au vol par un tatouage à la nuque qui descend dangereusement, avec l'imagination tordue qui suit. Amélioration de pouvoir ? J'en suis presque certain.
Allez, mollo, le Jin.
J'demeure donc silencieux et écoute un p'tit peu le contenu de son projet. C'est pas petit. Nope, c'est quelque chose à l'échelle du pays et j'ose même pas imaginer ce que ça pourrait apporter pour Aryon si Arya a raison. Des nouvelles terres, des nouvelles ressources, l'expansion du pays pour le rendre encore plus riche. J'pourrai même peut-être devenir noble en occupant une parcelle de terre.
"Le Seigneur Jin Hidoru". Ca l'fait, hein ? Non ? Ouais, j'suis d'accord.
En tout cas, si rassemblement il y aura, ca sera pas loin de la guilde. Au moins pas besoin de s'équiper pour un voyage de trois lunes si c'est à la rue d'en face.
- D'accord, j'comprends mieux. C'est un grand dessein. Maintenant y'a plus qu'à.
Mes traits affichent la détermination, mais dans ma tête j'commençais à douter. Et si j'trouve pas un moyen de contourner le froid ? Je risque de passer à côté d'un énorme truc. Et rien que d'imaginer, j'en suis déjà mort de jalousie. Je trouverais un moyen, coute que coute. Nous reprenons silencieusement la bectance, les rêves plein la tête. Des regards s'arrêtent sur nous, enfin, surtout sur Arya. J'devine que c'est peut-être le genre d'effet qu'elle fait lorsqu'elle entre dans un coin public. Ca a l'air sympa à vivre au premier abord, puis j'me dis que c'est quand même compliqué si on veut être peinard cinq minutes.
Le prix a payer d'être connu, sans doute.
Maintenant la question. Est-ce qu'elle est du genre à faire copain-copain avec ses collègues, ou préfère-t-elle la solitude ? Parce que, elle m'a pas trop parlé d'elle. Après, j'en connais suffisamment grâce à ce qu'on raconte à la guilde ou dans les tavernes. Peut-être que l'émergence d'une relation amicale verra le jour quand on ira à la castagne aux bestioles pour découvrir les horizons. En attendant, j'préfère ne pas trop me faire d'espoirs.
Elle termine avant moi et il faudra quelques minutes pour moi encore afin d'encaisser tout ça. Nous posons une chiée de cristaux sur la table, puis mademoiselle ira chercher sa cape pour disparaître derrière elle.
- T'es quand même plus agréable à regarder quand t'es pas caché là-dessous. Sans déconner, tu fiches la frousse aux gens.
J'étire un sourire taquin alors que nous nous approchons des écuries, Gromyr toujours la tête d'un syndicaliste révolté se laissera quand même faire. Parce que j'pense que tout comme moi, il aimerai rentrer à la maison.
***
La saison douce me manque. Oui, je sais. J'me répète.
Sur la route commerciale menant à la capitale, j'détaille un p'tit peu son... Azel. Il suit le rythme sans sourciller et La Satyre a l'air suffisamment en confiance pour ne s'attarder sur sa condition. Ou peut-être qu'elle s'en bat les reins, c'est aussi possible. J'ai pris soin de garder ma capuche et mes cheveux détachés, pour éviter qu'elle se prenne ma tignasse hirsute dans la trogne, plus agréable quand on a de la route comme ça. Pire quand il y a un vent glacial de face. La Capitale se précise au loin, l'occasion de jeter un œil à ma nouvelle partenaire. Ma première collègue Saphir.
- Il faut t'amener quelque part en particulier ? Promis, j'suis pas curieux. Un élan galanterie.
C'est pas tout les jours, ça. Enfin, sauf pour une Ministre, mais c'est une autre histoire.
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Le repas prit fin et le duo s'apprêta à reprendre la route. Jin fit une remarque à la Satyre lorsqu'elle enfila sa cape, qui lui fit arquer un sourcil. De la drague? C'était une bonne chose qu'il se sente déjà à l'aise avec elle. Elle n'était pas du genre à se montrer distinguée avec les inconnus. Elle se contenta d'un sourire mielleux en guise de réponse.
Les deux aventuriers remontèrent sur le félin en direction de la capitale. Arya connaissait déjà bien la route mais appréciait toujours le paysage. C'est sans doute ce qui lui permettait de préférer voyager à pied. Elle aussi avait hâte du retour de la saison chaude. La vue des arbres enneigés lui plaisait, mais rien ne valait les bains de soleil sur les plages de l'archipel et les demoiselles en habits légers. Hélas, cette année, elle ne profiterait pas de tout ça: la saison chaude était le meilleur moment pour partir dans le nord.
Les portes de la capitale se dressèrent devant eux. C'est un endroit que la Satyre avait eu tendance à éviter par le passé, préférant la nature sauvage et les petits bourgs, mais dernièrement, elle s'est surprise à apprécier la vie de citadine. Traîner dans les ruelles tard la nuit, pouvoir boire et dormir n'importe où, se promener dans les quartiers animés... Tout ça changeait des habitudes. Sa présence en ville avait sans doute pas mal aidé à faire grimper sa popularité.
En pénétrant dans la ville, le chasseur de prime proposa à Arya de la ramener chez elle. Elle réfléchit quelques secondes à la route à prendre avant de répondre.
- Mon auberge est pas vraiment sur ton chemin. Puis, j'ai pas l'habitude de monter, ton matou commence à me torpiller le derrière. À moins que tu ne veuilles faire un petit détour dans ma chambre pour faire de même et me regarder un peu plus sans ma cape, je pense qu'on peut se quitter ici...
Venant d'Arya, difficile de savoir si l'invitation était sérieuse. Elle en avait bien conscience, et elle en jouait même. Immobile, elle attendait une réponse, fixant Jin de son regard vicieux. Leur proximité accentuait la dimension intime de la situation, et un sourire de femme fatale apparaissait lentement sur le visage de celle qui méritait amplement son titre de Satyre.
Jin HidoruLe Châtieur Ardent
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Fin du voyage. Quoi qu'il arrive.
Ca va être marrant quand j'vais rentrer, la tête de m'man quand j'vais dire que j'me suis farci une Dryade en tête à tête. Peut-être qu'elle va d'abord rire, avant de me demander si j'suis sérieux pour terminer avec son rouleau à pâtisserie dans la tronche. Une chose est sûre, j'fais plus rien de dangereux d'ici là. Sauf si le climat me le permet. Mais la neige est maître partout dans la région. Sans doute aussi à Grand Port. Donc, garder les miches au chaud et faire des papelards. Peut-être faire des missions de la guildes de rang inférieur pour ramasser du blé. Hé, on fait comme on peut, hein.
J'ai pas de réponse de suite. Au début, j'pensais peut-être l'avoir gêné au début. Puis j'me suis rappelé que j'parlais à la Satyre. J'me raidis, Gromyr le sens, puis plante les freins. Me raclant la gorge, j'me retourne pour contempler les traits presque espiègles de la brune. Encore une fois, elle défonce la porte avant d'entrer. Le genre de nana très dangereux pour un homme pas averti.
Souriant doucement, profitant de notre proximité, je me retourne délicatement, et descends de ma monture non sans glisser une main mutine sur sa jambe et retrouver le sol. D'une autre main, je l'invite à descendre, en bloquant son passage d'aller plus loin, avec un regard qui était partagé entre la tentation et... Haru. J'pouvais sentir la chaleur de sa respiration, ses cheveux, il suffirait d'un mouvement pour répondre à cette question par l'affirmatif, physiquement.
- J'suis sûr que le spectacle doit être aussi alléchant que délicieux, mais j'vais rester sage pour ce premier entretien d'embauche.
Mon regard glisse de haut en bas, concupiscent, mais frustré de laisser un bout de femme aussi appétissant. Lui laissant le chemin, j'récupère la longe de Gromyr avant de faire un dernier signe de tête et prendre le chemin de la maison. J'pense pas qu'Haru apprécierait de savoir que j'cherche à me farcir d'autres donzelles. Parce que, j'suppose qu'elle est fidèle, aussi ? Oui ? Oui. Aucun doute, même. Après, depuis que j'sais que...
Eh merde, ça y est, je doute.
- J'te tiens au courant quand j'aurai trouvé une solution pour... ca. Que j'termine en pointant la neige autour nous.
Et me voilà seul.
Aucun visage familier sur ma route, peu de monde à vrai dire. Une fin de journée, mais le ciel est couvert, impossible de savoir l'heure qu'il est. J'crois que c'est le plus triste dans cette histoire. L'impression que cette neige est éternelle, les journées interminables. Mais mon corps, lui, a envie d'un bon bain et d'un gros dodo. Les courbatures commencent à piquer depuis la baston avec cette engeance des forêts. J'ai presque envie d'y retourner dans quelques lunes et tout cramer pour être sûr que ça ne reviendra jamais.
Gromyr retrouve son enclot, et j'peux enfin retrouver l'arrière boutique pour mieux m'affaler sur le canapé du salon. M'man sort de la salle de bain dans son peignoir, une serviette sur la tête. Elle me regarde, hausse un sourcil, puis pousse un soupir.
- Toi, tu en as bavé.
- Ouais.
- Tu as pu remplir ta mission, si tu es là...
- Euh, ouais. J'ai rencontré quelqu'un. Important.
- Ah... Et que s'est-il passé ?
J'sors mon cristal de communication, pensant à Arya, avant d'étirer un sourire qui en disait long.
- Un grotesque canular. Mais ça valait le coup.
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