Normalement, Nemue n’était pas du genre à écouter les rumeurs, encore moins à les répandre ou à chercher à en connaître plus, mais pour cette fois-ci, elle avait fait une exception. L’un de ses employés était revenu d’une simple balade en forêt et disait avoir vu une créature ombreuse et terrifiante qui lui aurait fait faire demi-tour aussitôt. Cela dit, la supposée créature aurait été aperçue non loin de sa demeure et si cette dernière effrayait son personnel, elle ne pouvait pas prendre la chance que la créature empiète un terrain qui lui était refusé et s’en prenne à ses chevaux voir même aux habitants de sa résidence. Pire encore, elle ne désirait pas que l’un de ses patients se fasse agresser.

Ne sachant pas de quoi il s’agissait, elle devait avant tout enquêter sur cette dernière, essayer de découvrir de ce qu’il s’agissait et surtout retrouver sa trace. Si ça se trouve, la bête n’est déjà plus dans les parages, mais dans le cas contraire elle ne devait pas prendre de risque. C’est d’ailleurs, accompagné de deux de ses plus vigoureux employés et surtout volontaire, ainsi que celui qui disait avoir vu la créature, qu’ils s’étaient tous les quatre dirigée vers la forêt tentant de retrouver le chemin que leur camarade avait emprunté. Bien évidemment, les traces laissées ne ressemblaient à rien de ce qu’elle connaissait. En même temps, elle était douée en matière de plante, mais la faune ne faisait pas réellement partie de son domaine de prédilection.

Dans tous les cas, ils rebroussèrent chemin ne désirant pas se faire surprendre. Maintenant qu’elle savait par où chercher, elle pourrait donc faire appel à un professionnel. Bien évidemment, un nom lui vint rapidement à l’esprit, mais est-ce qu’il aurait le temps de venir gérer ce genre de problème pour elle? Aslander était un homme occupé après tout et elle ne voulait pas le déranger pour des futilités. Heureusement, elle réussit à rentrer en contact avec ce dernier en lui adressant une lettre qu’elle avait fait envoyer à l’annexe de la guilde des aventuriers se trouvant à Grand-Port. Bien évidemment, elle avait tenté d’expliquer son problème le plus clairement en parlant des traces étranges qu’ils avaient trouvées sans oublier d’omettre ce que l’employé aurait vu par la même occasion. Elle espérait que sa réponse soit positive et heureusement ce dernier avait accepté de venir jusqu’à sa demeure pour régler le petit problème de créature. Ce qu’il ne savait pas, par contre, c’est que Nemue s’était mis dans l’idée de l’accompagner.

C’est donc vêtu d’un pantalon de cuir sombre ainsi que d’une tenue plus convenable pour ce genre d’activité qu’elle accueilli son ami chez elle. Bien évidemment, surpris qu’elle l’accompagne, la demoiselle n’aurait accepté aucun commentaire de sa part et il dut s’en rendre compte rapidement.

- La créature n’a pas attaqué, elle a plutôt fui, mais elle semble toujours rôder et se rapprocher de ma demeure. Nous avons trouvé quelques traces non loin d’ici, mais jamais la bête en elle-même. Personne n’a pu réellement la voir pour en faire sa description. Mais bon, ne tardons pas!

Sa jument sellée, Nemue grimpa dessus alors que tous deux prirent aussitôt la direction de la forêt jusqu’aux premières traces qu’ils avaient découvertes. Certaines traces possédaient deux doigts alors que d’autres trois. Celle de trois semblait bien plus large alors que celle de deux était fine, mais la présence de griffes n’était pas à enlever.

- C’est ici que Julien a aperçu la créature, dit-elle en débarquant de sa monture. Et en parlant de créature, elle fut impressionnée par le familier qui accompagnait Aslander et le regarda avec un petit sourire. – Une belle bête que vous avez là, majestueuse et forte tout comme son maître, dit-elle dans un petit rire avant de reprendre son sérieux. – Vous avez déjà vu de telles traces?

C’est donc à dos de monture que tous les deux s’étaient dirigés vers le bois qui se trouvait non loin de sa demeure. Nemue s’était équipé de sa bague tsépi dans laquelle elle avait caché sa dague ainsi que son teïzeur qu’elle amenait partout avec elle. C’était plutôt discret et personne ne pouvait voir les armes qu’elle possédait. Elle avait aussi prévu quelques vivres sans savoir combien de temps ils seraient tous les deux parties. La demoiselle avait bien l’intention de retrouver ladite créature qui semblait hanter son personnel alors qu’elle ne s’était jamais réellement montrée. Son désir d’accompagner Aslander n’avait rien à voir avec ce dernier, mais elle était plutôt curieuse. S’il s’agissait d’un spécimen qu’elle ne connaissait pas encore,  elle espérait pouvoir remédier à cela. Puis s’il y avait une façon de la chasser sans la blesser cela serait mieux, n’est-ce pas? Elle savait son ami parfaitement capable de le faire sans elle et ne douterait pas de sa parole s’il lui avait promis de ne pas lui faire de mal, mais voilà. Curieuse comme elle était, elle ne craignait pas cette petite expédition qu’elle voyait cela tout simplement comme une petite aventure dont elle n’avait pas réellement la chance de vivre habituellement.

Une fois arrivé sur les lieux, des empreinte étaient toujours présente et heureusement. Elles auraient pu être effacées, mais il semblerait que l’animal semble emprunter cet endroit occasionnellement. Aslander lui transmet une réponse négative ce qui ne semble pas décevoir Nemue pour autant. Elle voit simplement cela comme une petite enquête où elle pourra découvrir une créature mystérieuse!

- Orisha donc… c’est un très joli non qu’il a la, dit-elle en regardant le rarwük avec un sourire. Heureusement qu’il est tombé entre bonnes mains. Cela aurait été malheureux si ces bandits avaient réussi à vous filer entre les mains. Je n’ose même pas imaginer ce que les acheteurs auraient pu faire de ce dernier… Bien que forte et majestueuse, elle semblait aussi dangereuse et avec de malveillantes intentions, ils n’étaient pas rares de retrouver de pauvre bête de ce genre dans des endroits clos où des combats douteux se font entre bestiaux. Nemue hésite à lever la main pour caresser la bête, après tout, il ne la connait pas et malgré le chemin qu’ils avaient fait ensemble, cela ne faisait pas d’elle son amie. Hésitante, elle regarda son ami qui le caressait sans aucune peur. Il suffisait d’une seule morsure pour qu’il en perde sa main. Enfin, la créature avait fini par relever la tête reniflant l’air et sembla avoir détecté quelque chose et Aslander lui fit part non sans émettre des avertissements diriger vers la sorcière qui poussa un léger soupir. Il est vrai qu’elle n’avait pas de compétence pour se battre, son pouvoir ne lui était d’aucune utilité pour se défendre et il était plutôt justifié de la traiter en demoiselle en détresse quand on connaissait ses deux points, mais elle n’était pas non plus sans espoir!

- Oui papa, c’est clair comme de l’eau de roche, dit-elle en agitant la main sur le côté pour faire comprendre qu’elle avait bien compris et que cela l’embêtant légèrement d’être traité ainsi. – Bon, qu’est-ce que nous attendons? Dit-elle sur un ton légèrement plus agacé qu’elle n’aurait souhaité le laisser paraître. Ce n’était pas la faute de son ami, après tout il ne souhaitait que sa sécurité et qu’il ne lui arrive rien. – Pardon, ajouta-t-elle en reconnaissant bien son tort. Vous ne souhaitez que m’aider et veiller sur moi et je n'aurais pas dû réagir ainsi. C’est juste agaçant qu’on me prenne toujours pour une demoiselle que l’on doit sauver… Alors que vous mettrez en danger votre vie pour moi. En vrai, je pense que c'est ce détail qui me préoccupe et qui me rend ainsi.

C’était la même chose avec Fauve. En cas de problème, elle devait fuir ou se réfugier dans un arbre.  

- Peut-être devrais-je envisager d'engager quelqu’un pour apprendre à me défendre? Cela pourrait régler bien des problèmes, enfin, j’imagine. Finit-elle par dire dans un léger soupir. - Je vous suis. La longe de sa jument toujours en main elle n'attendait que le signal de départ pour suivre son compagnon.

La réaction de Nemue ne manque pas de faire réagir son ami et bien évidemment ce dernier ne se montre absolument pas vexé par cette dernière. Loin de là! Il semble plutôt surpris dans un premier temps, après tout ce n’est pas un comportement dont elle a l’habitude de démontrer à qui que ce soit. Elle soigne toujours son image, garde toujours le sourire et jamais au grand jamais elle n’oserait faire de caprice devant un publique, mais avec Aslander c’était différent. Elle ne se sentait pas dans l’obligation de soigner son image et ne ressentait pas le besoin de lui prouver quoi que ce soit. Après le sourcil arqué, il finit par sourire certainement amusé par ce petit côté qu’il ne lui connaissait pas. Il ne manqua pas de se moquer d’elle par la même occasion reprenant ces paroles tout en lui mentionnant qu’elle devait tout de même écouter les consignes. Soupirant, légèrement, Nemue regrettait d’avoir usé de cette expression et ne l’aurait certainement pas fait si elle avait su qu’il l’userait ainsi. Plissant les yeux, elle fit une légèrement moue avant de répondre avec un sourire : - Je vous suis donc mon prince et tâcher de me garder en vie.

Nemue suit donc de près l’aventurier en tentant de se faire discrète. Elle regarde où elle met les pieds et s’assure de ne pas faire trop de bruit pour ne pas alerter la faune de leur présence. Elle s’était déjà fait surprendre une fois par un Dafresk, elle n’avait pas envie que cela ne recommence. Contrairement à Fauve qui avait su calmer la bête grâce à son pouvoir, Aslander avait un pouvoir bien plus mortel et un compagnon aux crocs bien plus acérés. Elle ne désirait pas voir l’une de ses pauvres bêtes mourir de la main de son ami. - Sinon, mon cher, vous avez obtenu ce que vous vouliez? Demanda-t-elle concernant le titre de noble qu’il cherchait à avoir tout en désirant faire un peu la conversation durant le trajet. Bien évidemment, elle ne cherchait pas à entamer une grande discussion seulement à se renseigner un peu sur ce dernier. Même si cela faisait quelques semaines qu’ils ne s’étaient pas revus. N’était-ce pas la base d’une amitié de se renseigner sur comment se portait ce dernier ainsi que sur l’avancement de ses projets.

Leurs pas les menèrent bientôt vers l’entrée d’une grotte où ils ne pénétrèrent pas de suite. Après tout il y avait de la préparation à faire et il faut dire que malgré le fait qu’elle fasse maintenant affaire avec la compagnie Murmevent, Nemue n’avait pas pris le temps de s’équiper pour ce genre d’aventure. La question de son amie la gêna un peu et elle se trouva légèrement bête de ne pas avoir pensé à ce genre de chose. – Et bien…j’ai une pierre de feu? Dit-elle incertaine. – Ainsi qu’une corde enchantée, ajouta-t-elle. – Mais je n’ai pas de lunette ni de lampe magique… J’imagine que nous pourrions faire une torche?

Prenant son petit sac sans fond, Nemue chercha un moment sa pierre de feu, mais se piqua plutôt le doigt sur quelque chose et ressortit aussitôt sa main rapidement en lâchant un petit « Aïe! » tout en portant son doigt à sa bouche par simple réflexe. Heureusement, ce dernier ne saignait pas après examinassions. Replongeant sa main elle sortit finalement l’objet qui l’avait surtout surpris.

- Enfin! Il était temps! Garder la tête à l’envers n’est pas ce qu’il a de plus plaisant!
- Zadicus? Vous n’êtes pas à la boutique?
- Si, si j’y suis…pausa-t-il avant de reprendre de son éternel ton hautain. Bien sûr que je n’y suis pas. Vous ne vouliez pas me laisser seul à la boutique pendant vos journées d’absence alors vous m’avez fourrée dans votre sac y m’y avez laissé comme un vulgaire porte-chandelle!

Nemua jeta un regard en direction de son ami un moment puis sur l’objet qu’elle tenait en main.

- Et bien, vous êtes un porte-bougie, Zadicus et en parlant de bougie, vous allez me servir de lumière. Nous sommes en mission et je vous intime de rester silencieux et le plus discret possible.
- Pardon?! Vous voulez me faire taire! Déjà que vous m’enfermer dans votre sac pendant plusieurs jours!
- Je peux vous y remettre. Ça ne me dérange pas moi.

Si elle avait su que son âme artificielle serait aussi… capricieuse, elle aurait peut-être réfléchi plus longuement avant de s’en procurer une. L’âme grommela avant de se taire et cela permit donc à Nemue de sortir sa pierre de feu ainsi que la bougie qu’il tenait normalement entre ses bras qui était tombée dans le sac et l’a remis en place.

- Pardon, dit-elle en direction d’Aslander. Voici Zadicus, une âme artificielle. Il m’aide souvent lors de ma préparation de remède. J’espère que sa présence ne nous causera pas de soucis…

Bon heureusement les affaires d’Aslander semblèrent aller dans la direction qu’il le souhaitait, mais ce ne fut pas réellement le sujet de conversation qui resta le plus longtemps. Après tout, parler de la reine n’était pas nécessairement un sujet des plus passionnant surtout que la seule chose qu’elle pouvait dire, c’est qu’elles avaient toutes deux vécu l’enfer ensemble. Puis de toute façon, le silence était surtout préférable dans ce genre de situation alors les questions étaient plus courtes tout comme les réponses; question de rester discret. Leur groupe était composé de deux individus ainsi que deux créatures; le familier de Aslander ainsi que la jument de Nemue qu’elle n’allait pas laisser seule à l’orée de la forêt. D’ailleurs, cette dernière avait toujours rêvé de pouvoir parler avec sa jument et qu’elle la comprenne en retour, alors lorsqu’elle avait appris que l’on pouvait se procurer une bague spéciale qui permettait de communiquer avec un type d’animal, Nemue avait vite sorti ses cristaux pour en prendre une. L’animal en question ne fut pas bien compliqué à choisir; les chevaux. Il était donc possible pour son ami d’entendre la demoiselle murmurer des choses à sa jument qui semblait lui répondre par des bruits et des sons qu’il ne pouvait pas comprendre.

Une fois arrivé devant l’entrée de la grotte, l’aventurier voulait s’assurer que la noble puisse y voir quelque chose. N’étant pas une aventurière elle-même, elle n’avait pas senti l’utilité de s’équiper, mais au vu de la situation peut-être qu’elle devrait y penser? Après tout, si elle désirait se rendre sur le terrain plus souvent, elle devrait commencer à penser à ce genre de chose. Elle n’était peut-être pas douée pour combattre, mais au moins elle savait soigner et sans l’aide d’un quelconque pouvoir! Du coup, la seule chose que la demoiselle avait en sa possession pour s’éclairer était son porte-bougie dotée d’une âme artificielle et qui s’avérait plutôt mécontente de s’être retrouvée coincée dans un sac. Nemue s’était empressé de s’excuser auprès de son guide après avoir prononcé quelques menaces envers Zadicus. S’il ne se taisait pas, il aurait bien des problèmes.

- Je ferai tout pour qu’il ne nous dérange pas.
- Dites donc que je suis de trop tant qu’à y être. Sachez que sans moi, vous ne seriez éclairé que d’une vulgaire pierre de feu.
- Au moins, elle sera silencieuse, ELLE…

Il ne rajouta rien et se tût ce qui permit à Nemue d’allumer la bougie qu’elle avait déposée entre ses bras froids. Elle se retourna bien évidemment avant de suivre l’aventurier dans la grotte vers sa monture qu’elle avisa de ne pas rester loin. Après tout, en cas de besoin elle pourrait toujours être utile si elle devait fuir rapidement. Tournant les talons, elle laissa sa silhouette se faire engloutir par la noirceur n’ayant que pour simple éclairage la faible lumière de sa bougie. Aslander s’était tout de même équipée de ses lunettes, mais au moins elle pouvait voir le dos de ce dernier et le suivait d’une distance raisonnable. Assez près pour ne pas le perdre de vue, mais assez loin pour qu’il puisse bouger à son aise. À ses côtés se tenait alors Orisha qui semblait l’accompagner elle plus que son maître. Ignorant tout des échanges mentaux entre les deux, elle se doutait que l’ordre de la protéger devait avoir été donné.

Pour Nemue, il n’y avait que le son de leur déplacement qui venait jusqu’à ses oreilles. Il n’y avait pas réellement d’entrée d’eau, il y faisait froid, mais ce n’était pas humide. Alors la présence de ruissèlement n’était donc pas possible. La seule chose c’est que malgré la discrétion qu’ils tentaient de faire preuve, les bruits semblèrent faire écho sur les parois rocheuses. Elle se doutait qu’ils avaient déjà été repérer, mais à moins d’avoir une sortie plus loin derrière, la créature serait certainement prise entre eux et la sortie, mais aucun bruit ne semblait leur parvenir, pas même le mouvement d’une bête apeuré.

Le quatuor, parce qu’il ne fallait pas oublier Zadicus, s’était finalement engagé dans une grande chambre aux parois rocheuses où de nombreux rochers semblaient s’élever créant ainsi des cachettes. La bête devait s’y terrer quelque part attendant le moment opportun pour frapper ou bien fuir. Mais tout ce que Nemue avait remarqué, c’était le silence pesant qui régnait tout autour d’eux.

Bougeant prudemment la bougie autour d’elle, Nemue cherchait à repérer les environs et se faire une idée. Elle imagine déjà son ami lui dire de ne pas bouger de l’entrée pendant qu’il partira examiner les environs.

- Vous voyez quelque chose? Chuchota-t-elle discrètement.

Bien évidemment, Nemue n’y voyait absolument rien hormis ce qui se trouvait près d’elle et de façon très rapprocher. Du coup, elle ne voyait pas jusqu’au fond de la grotte et ne put voir se déplacer la créature comme avait pu le constater Aslander. Du coup, elle ne comprit pas lorsqu’elle le vit ranger son trident. La créature était-elle là? Où s’étaient-ils fourvoyés. Après tout, l’odeur pouvait bien les mener jusqu’ici, mais peut-être y avait-il une sortie derrière l’un des rochers. Enfin, bien qu’elle supposait, elle n’en était pas très sûre. Il y aurait certainement la présence d’un courant d’air, mais là il n’y avait rien. Étrangement, rester dans ce silence et cette noirceur pesait légèrement sur la demoiselle qui ne savait pas quoi faire. Peut-être qu’elle n’aurait pas dû venir? Elle était bien inutile et si la créature s’avérait bien dangereuse, elle ne pourrait rien faire. Puis, difficile de communiquer avec son guide lorsqu’il fallait se faire discret.

Il se déplace lentement tentant de repérer la créature et comme elle ne désirait pas être distancée, la sorcière restait non loin de lui. Après tout, il ne suffirait que d’un instant pour que la bête ne saute et happe cette dernière qui n’avait aucune défense. Bien évidemment, elle était heureuse d’avoir Orisha à ses côtés, mais cette belle bête n’était pas à elle. Impuissante, voilà comment elle se sentait réellement. Ne rien pouvoir faire et devoir compter sur les autres pour réussir là où elle n’aurait pu le faire seule, c’était fâchant pour quelqu’un qui avait l’habitude de s’organiser seule et de compter que sur elle-même la plupart du temps. Pourquoi n’était-elle pas née avec un pouvoir utile? Plutôt que d’avoir celui qui avait pourri une partie de sa jeunesse et qui plutôt que de laisser les hommes à leur repos, les réveillait, voir même les dérangeait. C’est dans ces moments qu’il comprenait qu’il n’était plus. Certain réagissait bien alors que d’autre pas du tout. Heureusement, il n’avait aucune façon de s’en prendre à elle physiquement, mais psychologiquement c’était tout autre. Combien de fois s’était-elle retenue pour ne pas hurler, pour ne pas pleurer à chaque image que la personne rappeler avait décidé de lui montrer pour se venger de cela. Combien de personnes avait-elle pu voir mourir de la main d’autrui, de maladie ou dans la souffrance? Beaucoup trop et côtoyer la mort n’avait rien de plaisant. Bien qu’il lui aille causer du tort à de nombreuses reprises, Nemue avait continué à l’utiliser tentant de trouver du bon en ce dernier.

La créature avait été repérée par l’aventurier qui le fit savoir à la demoiselle d’une voix calme. Celle savait qu’ils étaient présents et si Aslander avait un visuel sur cette dernière, cela devait très certainement être réciproque. Bien évidemment, elle tenta de se faire discret en essayant d’éclairer au loin, mais elle n’y vit pas grand-chose, pas même le reflet lumineux que pourrait avoir une pair d’yeux. Toujours silencieuse, la créature ne bougeait pas, après tout elle ne pouvait pas savoir que l’homme pouvait la voir dans cette noirceur.

- Vous me dites qu’elle reste immobile?

Peut-être ne voulait-elle pas être dérangé, peut-être qu’elle n’appréciait pas spécialement les humains. Où était-ce la présence du grand fauve qui la rendait aussi craintive. Il faut dire que Nemue n’a jamais pu voir cette dernière, alors elle ne peut pas connaître sa taille, ni même son apparence et l’absence de réaction et de parole de son ami la laisse totalement dans le néant.

- Elle doit avoir peur de nous… Si elle a fui Julien alors qu’elle aurait pu le tailler en pièce, c’est qu’elle ne doit pas être naturellement agressive, non? Si ce n’était pas du fait qu’elle venait rôder près de ma demeure, je ne me serais pas souciée d’elle, mais c’est justement ça qui me titille. Qu’est-ce qu’elle recherche de si près d’un domicile alors que la forêt peut lui apporter bien plus?

Mettant sa main dans le sac qu’elle avait mis ses rations pour le voyage, Nemue eut bien du mal pour sortir de là le petit plat dans lequel elle y avait déposé quelques fruits et morceaux de viande séchée. Ce n’était sûrement pas de la nourriture qu’elle recherchait, à moins de ne pas savoir chasser, mais si elle avait survécu depuis les premiers contacts, c’est qu’elle était capable de se nourrir seule. Elle se mit donc aux côtés de son ami, la petite bougie levée en direction qu’il semblait regarder puis Nemue s’accroupit déposant le plat de nourriture devant elle. Si elle lui montrait qu’elle ne lui voulait pas de mal peut-être qu’elle accepterait d’être approcher. Enfin, elle n’était pas spécialiste des créatures, mais la nourriture avait toujours aidé à amadouer sa jument. Bon, ici on parlait d’un animal « sauvage », ce qui n’était pas pareil, mais certain se laissait approcher, il suffisait d’être patient et de les laisser venir à eux. Puis si quelque chose tournait mal, Aslander avait la possibilité de réagir rapidement et Orisha était là aussi. Elle n’était pas seule.

Attrapant un morceau de viande séchée, Nemue la lança avec douceur sur le sol assez loin d’eux de façon à ne pas effrayer la créature. Elle ne pouvait pas savoir si cette dernière bougeait, mais elle espérait qu’elle se rapproche.

- Nous ne te voulons aucun mal. Tu n’as rien à craindre, mon petit.
- Je vous croyais plus intelligente, Nemue. Vous voulez notre mort c’est cela?
- Chut, Zadicus, vous allez l’effrayer et ne discuter pas mes méthodes! Chuchota-t-elle en rapprochant la bougie de sa bouche faisant ainsi vaciller la flamme de droite à gauche dans une danse saccadée. Et si ça se trouve, cette créature est totalement inoffensive!  

Soufflant un peu trop fort son dernier mot, la chandelle s’éteignit rependant une odeur de fumée quelque peu parfumée plongeant la demoiselle dans le noir total.

- Je suis trop jeune pour mourir! ajouta le porte-bougie à l'apparence spectrale d'une voix paniquée.

Plongée dans le noir total alors que Zadicus semble s’agiter verbalement, Nemue pousse un soupir face au comportement du porte-bougie. Elle commençait à regretter de ne pas l’avoir laissé plonger dans son sac pour le reste de leur petite expédition. Heureusement que le corps de ce dernier était rigide et qu’il ne pouvait pas se mouvoir. Que se serait-il passé dans ce cas? Il se serait mis à glisser partout ou aurait agité frénétiquement ses petites ailes. Il aurait fait peur à la bête. Heureusement, Aslander crut bon de lui faire part de ce qu’elle ne pouvait voir à nouveau alors qu’elle tentait de faire taire son âme artificielle. – C’est parfait! Dit-elle en tournant la tête vers la voix, alors qu’elle rapportait son attention sur l’objet qu’elle tenait en main.

– Mais tais-toi, Zadicus. Personne ne va mourir. D’ailleurs, tu ne ressens même pas la douleur. Dans le pire des cas, tu porteras compagnie à cette créature bien que je ne doute pas des compétences de notre cher ami ici présent. Puis, contrairement à nous, il peut la voir.
- Et bien moi, je ne lui fais pas confiance. Sa tête ne me revient pas!
- Tu vas me donner mal à la tête et surtout me faire perdre patience, Zadicus. Tu es ridicule.

Plongeant sa main dans son sac pour retrouver à nouveau sa pierre de feu, elle n’abandonna pas le porte-bougie de son autre main. Mais ce qu’elle ne savait pas c’est que même si la créature avait dévoré le morceau de viande qu’elle lui avait donné, celle-ci semblait continuer à avancer prudemment jusqu’à la demoiselle qui se trouvait toujours accroupie au sol et dans la noirceur. Le son de ses reniflements se fit entendre alors que le son de ses pas ne fut pas aussi silencieux. Le cliquetis de ses griffes était bien présent. Après tout, elle se savait repérer, mais ce qui semblait l’intéresser, c’était la nourriture qui se trouvant juste devant Nemue et la pauvre semblait affamée.

Trouvant finalement sa pierre de feu, Nemue ralluma finalement la bougie qu’elle leva doucement devant elle, pour voir la tête de la créature qui se trouvait très près d’elle. Elle échappa malgré elle un cri de surprise qu’elle tenta aussitôt d’étouffer, mais la bête plaqua ses grandes oreilles contre son crâne et parties aussitôt retrouver une nouvelle cachette. Nemue eut du mal à la suivre, puisqu’elle disparut bien vite de son champ de vision, mais elle put apercevoir un peu de sa silhouette. Plutôt longue, avec des ailes rougeâtres, de grandes oreilles, une gueule avec des dents acérées visibles, mais ce qui l’avait plus frappé c’était l’absence d’yeux. Attrapant son plat de nourriture, elle se remit sur pieds en se tournant vers son ami.

- Vous pensez réellement qu’une bête agressive aurait pris la fuite face à ma surprise? Elle a peur, ça se voit bien sinon elle aurait certainement mal réagi et m’aurait peut-être attaquée. Guidez-moi jusqu’à elle. J’aimerais pouvoir l’observer de nouveau et de plus près si possible.

Elle savait que ce dernier ne serait pas réellement enjoué à l’idée de la laisser s’en approcher, mais bien qu’elle lui ait demandé de son aide et qu’elle le paierait pour ses services rendus, elle restait l’employeuse pour le moment et si son désir était d’entrer en contact avec la bête, elle espérait que ce dernier lui laisse cette opportunité.

- J'imagine que vous avez pu la voir mieux que moi?

Évidemment, Aslander ne semblait pas du tout en accord avec la demande de Nemue. La guider jusqu’à la créature sans connaître cette dernière était très risqué surtout quand le spécimen semblait être méconnu des deux individus qui l’avaient pris en « chasse ». Elle l’écoute, puisqu’il s’agit de la moindre des choses et attend patiemment que ce dernier termine de lui faire part de ses craintes. C’est normal! Elle l’avait fait venir avec elle dans le but qu’il la protège et l’accompagne, alors se jeter dans la gueule de la bête comme elle souhaitait le faire c’était peut-être angoissant pour ce dernier, mais un simple regard accompagné d’un sourire confiant lui fit comprendre bien rapidement qu’elle était décidée. Un lourd soupir s’échappa de ce dernier et cela amusa la demoiselle malgré tout. Acceptant à contrecœur, Nemue déposa sa main contre son bras afin qu’il la guide. – Merci de veiller sur moi, Aslander et pardonnez-moi d’agir aussi témérairement, mais parfois il le faut pour faire de nouvelle découverte non? Et comme nous ne connaissons pas le spécimen, autant l’étudier. Puis, je ne pourrais pas confier ma vie à de meilleures personnes, car j’ai une confiance aveugle en vous. Elle lui offrit un sourire honnête sans savoir s’il regarderait en sa direction, mais elle revint rapidement vers son objectif premier; la créature.

La guidant, il répondit à la question de la demoiselle sur l’apparence de la bête en décrivant ce qu’il avait pu voir. Une créature en partie reptilienne et chauve-souris dotée d’une fourrure et d’écaille à la fois. Comme elle l’avait pensé et cru voir, Aslander confirma ce qu’elle avait vu. La bête ne semblait pas avoir d’yeux, mais comment expliquer qu’elle se déplace aussi agilement entre ses nombreux rochers et surtout avec rapidité? Après tout, elle fuir dans la forêt sans avoir de vision pourrait être problématique, mais bon. Si elle était née sans yeux, d’autres sens se sont très certainement plus développés.

Aslander s’arrêta et Nemue aussi ce qui lui fit comprendre que la bête n’était pas bien loin, puis cette dernière semblait émettre une certaine plainte sonore à leur arriver. Était-ce dû à la présence d’Orisha qui s’était mis entre elle et les deux humains? Peut-être qu’elle n’était pas très à l’aise en présence du fauve et Nemue se doutait bien que l’approche serait compliquée si le familier de son ami restait au travers de son chemin. Déposant une main sur l’encolure du bestiau, Nemue fit quelques pas pour s’approcher de sa grosse tête.

- Il va falloir me laisser passer, Orsiha. Je sais qu’Aslander t’a très certainement demandé de protéger, mais cette créature ne nous connait pas et je suis sûre que tu lui fais très peur. Il va falloir que tu restes ici et que tu ne bouges pas à moins que cela soit vraiment nécessaire.

Il n’avait certainement pas compris tout ce qu’elle venait de lui dire, mais un regard en direction d’Aslander fut envoyé afin que ce dernier puisse lui faire comprendre. Elle ne pourrait jamais approcher la créature si le rarwük, puissant et imposant, se trouvait là. – Je serai prudente promis, dit-elle avant de s’approcher avec calme et confiance en direction du vaaki. Bloquant la boîte comportant les fruits et la viande séchée sous son bras qui tenait la bougie. Elle prit, de son autre main, quelques morceaux de fruits qu’elle laissa à plat dans sa paume et malgré les plaintes de la créature, Nemue continuait son avancé tout en s’abaissant doucement pour ne pas lui donner une impression de hauteur.

- N’ais pas peur, je ne te veux aucun mal, dit-elle avant de finalement s’arrêter et de ne plus se mouvoir tout en gardant un bras tendu. C’est pour toi, viens.

Les reniflements se firent entendre de nouveau et la bête, curieuse, mais prudente, s’avançant de nouveau. Nemue ne pouvait être surprise de nouveau puisqu’elle avait sa lumière et bien que la description que lui avait faite Aslander lui semble étrange, elle avait toujours pensé que la beauté était bien plus subjective et personnelle à chacun qu’universelle. D’ailleurs, lorsque la créature entra finalement dans son rayon de lumière, ce n’est pas quelque chose de hideux qu’elle vit, mais bien une adorable créature craintive malgré sa taille.

- Bonjour toi… dit-elle avec une douce voix. Tu es bien mignonne comme créature.

Voyant qu’elle continuait d’avancer, elle continua de l’encourager toujours en gardant un calme que bien des gens n’auraient pas dans ce genre de situation. Le museau de la bête se trouvait à proximité de sa main et il ne suffirait que d’une bouchée pour engloutir cette dernière, mais c’est plutôt une langue effilée qui vint toucher sa peau attrapant ainsi la nourriture qui se trouvait. Terminant bien vite cette fugace collation, Nemue réitéra l’expérience et la bête vint de nouveau se servir.

- Tu avais faim, c’est cela? Demanda-t-elle sans avoir de réponse tout en déposant finalement la boîte au sol juste devant la créature. C’était peut-être stupide ce qu’elle allait faire, mais elle profita du fait que cette dernière plongea aussitôt la tête vers le bas, pour s’en rapprocher et glisser doucement sa main dans sa fourrure plutôt douce. Un roucoulement s’échappa de sa cage thoracique comme s’il démontrait son contentement et Nemue poursuivit doucement en l’observant un peu plus près bien que sa main heurta un objet étrange dans son cou qui semblait cacher dans sa fourrure.

- Un collier? Qu’est-ce que tu fais avec cela? En plus, il me semble trop petit!

Était-ce un familier? S’était-il sauvé ou bien égaré? Pire, l’avait-on abandonné? La taille du collier semblait lui faire comprendre qu’il avait certainement grandit avec et en touchant un peu plus, elle arracha un petit soubresaut à la pauvre créature qui semblait vivre un certain inconfort. Dans tous les cas, sa peau semblait irritée voir blessée par le collier.

- Aslander, venez m’aider à lui retirer ce collier. Je n’y vois pas assez bien et je ne peux pas déposer Zadicus au sol.
- Heureusement, je ne mérite pas cela!
- Rooh, tais-toi, toi.

Étant à moitié plongé dans le noir et surtout bien trop occupé avec le vaaki qui se trouvait devant elle, Nemue ne pouvait voir les réactions de son compagnon. Jouant très probablement avec ses nerfs, elles savaient que son comportement allait très certainement lui valoir quelques réprimandes venant de sa part, mais elle n’était plus une enfant et s’il s’avérait que la créature n’est pas si gentille que cela, et bien c’était tant pis pour elle. Jamais elle ne remettrait la faute sur Aslander et elle était capable d’assumer ses actes et paroles. Elle comptait sur lui pour la tenir en vie, mais ça ne voulait pas dire qu’elle était tout de même à l’abri d’une blessure à cette distance.

Dans tous les cas, tout se passa bien pour le moment. La créature mangea à sa main et elle put s’en approcher afin de déposer sa main sur la fourrure qui se trouvait dans sa nuque. La bête sembla apprécier la nourriture que lui avait donnée Nemue alors que cette dernière avait fait la découverte d’un collier dans son cou. Très certainement trop petit pour la taille de ce dernier, mais au moins, Aslander s’était avancé, à sa demande, pour venir l’aider à lui retirer. Il prit son temps pour ne pas effrayer la créature et lui fit part de ses craintes de causer de la douleur à l’animal en lui retirant. Après tout, la bête était irritée et une bête qui souffre pouvait avoir bien des réactions imprévisibles. Bien évidemment, elle ne voit pas tout ce que son ami fait, bien qu’elle ressente le froid se dégager de ce dernier au niveau de ses mains. Peut-être que cela allait refroidir ses blessures, voir les engourdir et comme de fait, il réussit à retirer le collier qui tomba finalement au sol. La bête leva aussitôt la tête et la secoua comme si la sensation d’inconfort qu’elle ressentait avait en partie disparu. Bien évidemment il restait l’irritation de sa peau qui avait même perdu de son pelage.

Nemue poussa un léger soupir en voyant que l’opération délicate s’était bien déroulée, mais elle ne put s’empêcher de se pencher afin de récupérer la lanière de cuir qui était tombée au sol. – J’ai l’impression qu’on l’a abandonné ou qu’elle s’est perdue depuis un petit moment déjà… C’est plutôt triste, vous ne trouvez pas?

Son regard n’avait pas quitté le vaaki qui avait toujours la tête dans les airs. Elle paraissait déjà moins nerveuse et peut-être avait-elle réalisé que les deux humains ne lui voulaient aucun mal et qu’elle n’était pas en danger avec eux. Elle ne pouvait pas les voir, mais elle savait qu’il était deux accompagnés d’une créature à la forte odeur. Dans tous les cas, la voix féminine lui semblait fort agréable. Il huma doucement l’air à la recherche de cette dernière et tourna doucement la tête dans sa direction, collant le bout de son nez contre le nombril de cette dernière. À ce geste, Nemue ne put que sourire et déposer naturellement sa main sur le dessus de sa tête entre ses deux grandes oreilles.

- Vous allez très certainement me trouver stupide, mais j’ai très envie de ramener cette créature avec nous. L’étudier afin de connaître un peu mieux le spécimen puis vérifier au moins si son maître ne la recherche pas.

Elle ne voulait pas le dire, mais elle espérait que les recherches n’aboutissent à rien. Elle avait commencé à penser pour prendre un familier pour la protéger en cas de pépin et au vu de la description que lui avait faite Aslander, ce n’était certainement pas un simple familier de compagnie et encore moins une monture. Elle devait certainement pouvoir se battre, puis le fait qu’elle se soit mise à rôder près de chez elle était peut-être un signe. Cette créature était peut-être ce qu’elle attendait…

- Tu veux venir avec moi? Demanda-t-elle à la créature sans pour autant attendre de réponse. Après tout si celle-ci ne les accompagnait pas de son plein gré, cela serait plutôt difficile. Bien qu’elle ait une corde enchantée, elle ne voulait pas lui passer au cou au risque de la faire souffrir. – Je dois aussi avoir quelques crèmes dans mon sac pour ton cou et j’ai encore de la nourriture pour toi, mais ici je ne vois pas bien il faut aller dehors.

Levant les yeux ainsi que son porte-bougie pour mieux distinguer le visage d’Aslander, c’est avec une certaine brillance qu’elle regardait en sa direction. Son visage, bien qu’elle veuille rester le plus possible sérieuse, semblait rayonné malgré elle. Un petit sourire à la commissure de ses lèvres semblait être bien  présent malgré elle.

- Merci beaucoup Aslander, nous pouvons sortir maintenant et retrouver la lumière du jour, s’il est encore l’heure. Sinon, il faudra établir un petit campement à moins que voyager de nuit ne vous inquiète pas, mais il faudrait tout de même se reposer avant de reprendre la route.

Cela prend un moment avant que son ami ne lui adresse la parole. Malgré ses grands yeux émeraude qui le suppliaient presque d’accepter sa décision qu’elle semblait déjà avoir prise. Elle ramènerait le vaaki avec eux, mais elle devait tout de même s’assurer qu’Aslander soit à l’aise de se promener en compagnie de la créature et quand ce dernier accepta, elle eut presque envie de se jeter à son cou comme une enfant qui venait de recevoir le meilleur des cadeaux, amis elle garda tout de même son sang froid bien que son visage rayonnait et en disait bien long sur son état d’esprit actuel. Éventuellement, le consentement de la créature était aussi nécessaire puisqu’elle n’allait pas l’attacher et il faudrait qu’elle les suivre de son plein gré. Nemue ne pourrait rien faire si elle décidait de partir en vadrouille lors du chemin du retour, mais dans tous les cas, elle lui avait fait part de ses intentions. S’il s’agissait réellement d’un familier, celui-ci était peut-être plus intelligent que la normale et avait compris qu’elle souhaitait qu’elle les accompagne. Nemue ne pouvait qu’espérer à cette étape-ci.

Ne manquant pas de remercier son ami, tous c’était alors mis en route pour retrouver la sortie de la grotte où ils purent constaté que le soleil était toujours présent, mais au vu de son inclinaison et de la pénombre qui commençait à se faire ressentir, celui-ci ne tarderait pas à se coucher pour laisser place à sa conjointe qui avait le don de refroidir les nuits surtout en cette saison déjà bien froide. Regardant à l’arrière, elle fut contente de voir la créature qui les suivait avec prudence. Bien qu’elle ait proposé à ce dernier de voyager de nuit, celui-ci préféra tout de même lever le camp ce qu’elle ne contredit pas. Après tout, il restait tout de même le guide de cette expédition et s’il jugeait cela trop dangereux et pas pratique elle ne pouvait qu’être d’accord avec ce dernier.

- Très bien, nous attendrons votre retour ici bien sagement.

Première chose qu’elle devait faire avant tout était de rappeler sa monture qui n’était pas restée bien loin et de faire les présentations. Après tout, elle ne voulait pas les surprendre tous les deux et bien que Nemue pouvait enfin comprendre et se faire comprendre de sa jument, elle pouvait lui parler du vaaki en lui expliquant la raison de sa présence. Bien évidemment, la jument eut un moment de recul dans un premier temps, mais au calme de sa maîtresse, celle-ci s’avança alors tout de même un peu nerveuse. Elle n’hésiterait pas à ruer et le frapper de ses sabots au besoin.

- Ne t’inquiète pas, elle n’est pas méchante, c’est un familier qui s’est peut-être perdu. Il n’a juste pas de maison où aller pour le moment, dit-elle en caressant son encolure avant d’y prendre les sacoches qu’elle portait. – Nous allons lever le camp ici, d’ailleurs alors prend tes aises, mais ne t’éloigne pas, Nymphe.

La jument hocha la tête de haut en bas fouettant sa croupe de sa queue avant d’entrer dans l’ouverture de la grotte. Après tout, il faisait froid dehors et elle ne dira pas non à la chaleur d’un bon feu. Maintenant que cela avait été fait, Nemue se tourna alors vers la créature inconnue et sortit une pommade de son sac qui servait à soigner les éraflures et tout autre problème cutané.  Elle profita alors de la lumière du jour pour mieux observer la créature ainsi que sa blessure pour l’aider à apaiser son mal. Cela n’avait rien de magique, alors il lui faudrait plusieurs traitements avant qu’elle ne puisse complètement guérir et retrouver de sa fourrure, mais en la voyant mieux ainsi, Nemue ne peut s’empêcher que la créature avec quelque chose de mignon. Malgré son apparence chimérique et sa cécité naturelle, la créature semblait bien adapter à sa condition.

Quand Aslander fut de retour, Nemue s’empressa d’aider ce dernier à transporter ce qu’il avait trouvé. Prenant dans un premier temps les poissons pour les préparer de son côté, elle laissa Aslander préparer le feu de camp pour les tenir au chaud durant la nuit. Aucunement rebuté par la tâche qu’elle s’était donnée, éviscérer des poissons n’avait rien de bien compliqué. Par la suite, elle utilisa la pierre de feu pour allumer le feu de camp qui allait leur permettre de griller leur nourriture ainsi qu’à ce tenir au chaud pour le reste de la nuit.

- Puisque nous ne dormirons pas dans une tente, j’avais pensé à amener quelques couvertures pour nous tenir au chaud si jamais nous devions rester sur place. Je sais que vous ne pensiez pas devoir camper et je suis désolée de ne pas vous avoir avertie plus tôt de ma présence. Nous nous serions peut-être mieux préparés pour cela. Enfin, dormir ainsi ne me dérange pas. Au moins la grotte nous protège du vent extérieur.

À ses mots elle s’enveloppa dans son drap devant le feu qui commençait à grandir léchant et consumant le bois qui le maintenait en vie. Ils mangèrent en discutant et comme elle l’avait pensé, Aslander lui fit part des observations l’accusant d’avoir manqué de prudence et qu’heureusement la créature ne s’était pas montrée dangereuse. Elle s’excusa à nouveau d’avoir fait montre de témérité et qu’elle aurait dû écouter ses conseils, mais voilà. Nemue restait Nemue et elle était plutôt indépendante. Tout ce qu’elle pourrait faire c’était de se montrer plus prudente et moins intrépide surtout lorsqu’elle n’y voyait pratiquement rien. D’ailleurs, le bougeoir s’en était retourné dans son sac sans fond se plaignant d’être maltraité, mais Nemue ne l’écouta pas.

Lorsqu’il fut temps de dormir, la demoiselle s’installa de façon à être confortable, bien que le terme confort était bien grand ici, mais encore une fois, elle ne faisait pas partie de ces petits nobles au derrière coincé qui avaient peur de se salir les mains et de vivre avec peu lorsque cela était nécessaire. Elle avait même été jusqu’à retirer la selle de sa monture pour l’utiliser comme oreiller. Le sommeil avait été long avant qu’il ne l’accueille, mais lorsqu’elle ouvrit les yeux le lendemain, Aslander était déjà réveillé ainsi qu’Orisha. Les premières lueurs du jour avaient déjà frappé l’entrée de la grotte ce qui signifiait qu’il leur faudrait se mettre en route. Le feu fut étouffé, Nemue remit l’équipement de sa monture en place et s’assura de traiter à nouveau la créature avant de prendre la route jusqu’à sa demeure.