L'assassinat de Sir Woodrue
Ft. Klarion Brando
Le messager t'a délivré une lettre dans laquelle Mme Woodrue souhaite t'engager pour enquêter sur la mort de son mari. Tu comprends que si la femme du défunt cherche de l'aide ailleurs alors que la garde se charge déjà de l'affaire, c'est qu'elle doit douter en ses capacités. Ce serait presque offensant, du moins si elle savait que tu étais toi-même un ancien membre de la Garde. L'affaire t'intrigue et tu réponds positivement à l'offre d'emploi. Le messager n'attend pas son reste pour aller délivrer la réponse à sa maîtresse.
Ce matin tu t'occupes de Nephelle avant qu'elle ne parte chez ses grand-parents maternels. Ils habitent à quelques lieues dans un village où il fait bon vivre. Il est plus petit que le village de Matagot où vous vivez et est gouverné par une autre famille de nobles, amis de la votre. C'est le village où la mère de Nephelle a grandit avant d'aller chercher du travail à la capitale. Elle était une femme indépendante et souhaitait partir à l'aventure et découvrir le monde. Tu aurais aimé l'emmener avec toi, mais la vie en a décidé autrement.
Tu passes ensuite le reste de la journée à te déplacer jusqu'à la capitale et à rencontrer Mme Woodrue dans son manoir. Tu passes la garde postée devant le portail en montrant ton insigne et la cheffe gouvernante vient à ta rencontre et t'annonce à l'intérieur. Toutes les têtes de statues sont couvertes de voiles noirs, le personnel est également vêtu de noir tout comme Mme la veuve qui t'attend, oisive, dans le grand salon. Tu lui présentes tes plus sincères condoléances et commences ton travail en l'écoutant parler de feu son époux. C'est ainsi que tu passes le reste de ton après-midi à interroger Mme et les membres du personnel du manoir, ainsi que les gardes, afin d'obtenir plus d'informations. Les circonstances de la mort de Sir Woodrue sont particulières. Il aurait été trouvé dans son étude, le corps étreint de plantes et plus particulièrement de deux sortes : de sumac vénéneux et de ronces. L'homme ne se serait pas débattu et n'aurait pas crié pour alerter ses gardes de ce qu'il était entrain de se passer. Ce simple fait est bien étrange et te fit immédiatement te poser beaucoup de questions. Tu passas la pièce au peigne fin et évidemment retraças le chemin inverse de l'assassin jusqu'à l'extérieur. Dans l'encadrure de l'une des fenêtres du salon au rez-de-chaussée, tu remarquas un bout de tissus semi-opaque de couleur marron. Tu te demandas ce qu'il faisait là et encore plus comment les personnes chargées de l'affaire avaient pu passer à coté. En soulevant la fenêtre en question et en regardant à l'extérieur, tu remarquas des traces de pas juste en-dessous. Tu te rendis donc à l'extérieur pour continuer ton investigation. Au terme de celle-ci, ou du moins lorsque tu fus certains que rien d'autre ne t'avais échappé, tu décidas de te retirer pour la journée. Tu ne manquas pas de remercier tes hôtes pour leur patience et leur courage dans cette épreuve et te rendis à la taverne la plus proche.
Tu devras sans doute te rendre à la morgue afin d'obtenir les résultats de l'autopsie du corps.
Pour le moment tu as noté que :
- Les gardes ont perdu connaissance, ils ne se souviennent de rien mis à part être venu en aide à une dame peu avant les faits.
- Une domestique a entendu des bruits de pas venant du chemin de gravier entourant le manoir à deux reprises cette nuit là, mais les a pris pour ceux des gardes.
- Les traces de pas dans la terre humide sous la fenêtre indiquent la présence de non pas une, mais deux personnes. Tu as pu déterminer que les premières appartiennent à un homme de grande taille et les deuxièmes à une femme du fait de leur pointure et de la finesse de celles-ci.
- Tu as récupéré deux pièces à conviction : le morceau de tissus coincé dans l'encadrure de la fenêtre par laquelle sont entrés les suspects et un morceau de ce qui s'apparente être un plan de construction brûlé dans le foyer de cheminée éteint de l'étude de la victime.
Tu es encore très loins du compte et aucune piste n'est à négliger. Pour le moment, tu t'assieds à l'une des tables inoccupées de la taverne et commandes un café pour réfléchir. Tu as d'ores et déjà prévenu tes beaux-parents que tu ne pourrais rentrer avant quelques jours puisque le devoir t'appelle à la capitale.
« Réveillez-vous mes toutes belles, j’ai une grande nouvelle pour vous…
Vous rappelez-vous de Sir Woodrue ? Je l’ai tué comme le misérable cancrelat qu’il était. Sa mort ne fut pas vaine, j’ai pu sauver bon nombre de nos consœurs végétales en détruisant l’acte de la propriété qu’il comptait construire en rasant des hectares sauvages. Quel monstre. Et dire que la populace l’aimait parce qu’il versait ses deniers à droite et à gauche pour se donner bonne figure. Je sais que ses funérailles furent solennelles mais beaucoup de personnes allèrent payer leurs respects. S’ils savaient... Le veuve Woodrue était dans tous ses états d’après ce que j’ai cru comprendre, on aurait pu remplir le lit de la Rivière Luisante deux fois après tout ce qu’elle a pu pleurer. Elle est aussi coupable que son mari, j’aurais dû me débarrasser d’elle quand j’en avais l’occasion. Peut-être que je pourrai en profiter pour frapper à nouveau en ce sens, maintenant que ma réputation est faite et que mon nom fait trembler la ville.
Oh oui mes jolies plantes, qui aurait pu penser que mon nom deviendrait celui d’un grand criminel qui terrorise la veuve et l’orphelin ? Enlever la reine était une bonne idée pour faire comprendre à tous ces nobliards et ces jean-foutres en armure qu’ils sont loin d’être intouchables. À présent, ils savent tous que quelqu’un peut arriver de nulle part et s’en prendre à leur plus précieuse idole. Ils n’auront d’autre choix que de m’écouter, frissonnant de peur à l’idée de finir six pieds sous terre. Ils ne savent pas encore ce que je leur prépare. Et quand ils auront compris ce que je réserve pour Aryon, alors peut-être changeront-ils de regard quant à nous…
Mais je digresse, je vous parlais d’une nouvelle mes charmantes. La veuve Woodrue avait placardé dans tous les journaux qu’elle voulait savoir qui était l’odieux assassin de son mari. Je sais qu’elle a retiré il y a peu son annonce. Cela ne veut dire qu’une seule chose : quelqu’un a choisi d’accomplir le travail et d’enquêter sur la mort de ce puant crevé ! Il faut que je mette absolument la main sur la personne qui a décidé de jouer les détectives de haut vol. Ne vous inquiétez pas, ce pauvre petit ne fera pas long feu. Que pourrait-il faire une fois qu’il m’aura découvert ? La Garde me connaît déjà, j’ai des planques à travers toute la ville… Je veux simplement converser avec lui. Et qui sait ? Peut-être sera-t-il amusant de malmener ce sac de chair pendant qu’il glane ça et là des indices.
Non, je dois à tout prix l’éloigner de Diane. Jamais il ne doit lui parler, ni la rattacher à notre escapade nocturne chez les Woodrue. Le retrouver ne sera pas difficile, j’ai toujours plein de contacts chez les malfrats de la Capitale. Quelqu’un aura sûrement des informations sur ce cher détective.
Ce pauvre découvrira ce qu’il en coûte de vouloir entraver la main de la nature...
J’arrive, mon cher, plus vite que vous ne l’imaginez. »
|
|