Bien évidemment, la nouvelle de l’arrivée de cette étrange construction au niveau du Grand Port n’avait pas laissé Violette indifférente. Les missions d’exploration ne lui étaient, certes, pas inconnues du tout. Mais voilà qu’une opportunité unique s’était présentée à elle et au Royaume entier, encore plus unique et inédite que ce fameux voyage par delà les frontières glacées du nord… Un événement qui avait le potentiel de marquer l’histoire de la péninsule!

Aussi à peine informée que Violette était partie en direction du Grand Port, non sans réaliser un petit détour avant par le domicile d’une personne qu’elle connaissait bien. Elle s’était présentée un peu comme une fleur, en totale improvisation, aux Milles et une Bêtes. Un endroit qu’elle connaissait mais qui avait eu le mérite d’un peu changé après ces mois d’hiver, ses travaux qu’elle avait commencé avec l’hybride ayant bien progressé. Cela faisait quelque temps qu’elle ne l’avait pas vu d’ailleurs - mais c’était prévisible pour quelqu’un comme Violette.

Inconsciente des dangers qui pourraient bien se trouver là-haut, elle avait décidé d’épargner un tel voyage à Lumi. La petite Laiüm, bien que curieuse, n’était pas prête pour ce genre de voyages. Et Violette ne voyait pas de meilleurs endroits pour que Lumi se sente bien que chez Niraen et sa famille. Elle savait qu’elle y serait bien traité et qu’elle pourrait se concentrer entièrement sur sa mission. Même s’ils ne faisaient pas vraiment de garde d’animaux à la base, elle espérait quand même que cela soit possible, contre quelques cristaux au moins histoire de couvrir les frais. Elle avait de quoi sur elle, pour une fois. Même si faire comprendre à la petite Laïum pourquoi elle faisait cela et qu’elle reviendrait dès que possible avait une tâche bien plus difficile que prévu...

Néanmoins son récit semblait avoir également motivé Niraen. Même si l’exploration de ruines dangereuses étaient peut-être moins dans ses cordes que celle de la surface, Violette n’insista pas particulièrement. L’hybride était, après tout, assez grand pour faire ses propres choix. Le sien était déjà fait et même si l’exploration d’un désert était tentante, de mystérieuses ruines semblaient bien plus alléchantes au niveau de l’aventure et des choses qu’on pourrait y trouver. Et puis, si quelqu’un était capable d’y mettre les pieds puis d’en sortir avec son ombre, c’était bien elle.

Elle s’était donc approchée de tout cet attroupement, ignorant à moitié le discours du roi, le regard tantôt fixé sur les autres gens ayant décidé de se lancer dans une telle expédition, tantôt sur les ballons qui allaient les mener jusqu’en haut. Son regard ne tarda d’ailleurs pas à croiser la silhouette d’Aslander, pas loin de celle de Jaina, d’ailleurs.

Heureusement pour chacun d’entre eux, le roi ne s’épancha pas dans un discours d’une heure trente, et elle put rapidement se faufiler jusqu’à eux, leur faisant un petit signe de la main.

« Hey hey, je suppose qu’après la mer, on s’intéresse à aller dompter les cieux? » déclara-t-elle alors, tant la mer avait directement ou indirectement, un rapport avec ces deux personnages pour Violette. Et puis, elle était toujours du genre à bavarder, et elle ne s’en était pas privée sur la route. Au final, elle avait presque envie d'aller discuter de tout et de rien avec tout le monde, savoir pourquoi ils étaient tous là. Des aventuriers, des gardes, des civils, peut-être quelques nobles... Beaucoup d'histoires qu'elle n'aurait certainement pas le temps de connaître, puisque l'aventure et la découverte l'appelait.

'' Botte les fort, Ryf ! Pour nous tous ! ''

Un sourire, un signe de main, et il était parti pour le Grand Port. Ou plutôt, les environs du Grand Port. Il connaissait presque toute la garde, ici. Et ceux là, qu'il venait de croiser à la porte de la capitale, n'avaient vraiment pas envie d'aller laisser des plumes dans un désert. Oui, depuis que cette masse terrestre bizarre était apparue, au Sud-Ouest du royaume, elle était devenu la star de la capitale, possiblement du pays. Tout le monde en parlait, entre curiosité, peur et mauvais présage. De base, le grand ne souhaitait pas plus que ça s'y rendre, sa soif d'aventure étant particulièrement sèche, ce n'est pas principalement ce qui le fait rêver, ou ce pour quoi il est entré dans la garde en premier lieu.

Il avait bien tout ce qu'il lui fallait pour le voyage. Quelle surprise, quand même, que son capitaine lui même lui propose de venir. Pas forcé, ni ordonné, juste proposé. Mais n'est-ce pas indécent de refuser une telle proposition de son supérieur, non, DU supérieur ? Il avait répondu par la positive, mais passa les nuits suivantes à regretter amèrement. C'est pas une simple balade de santé dans le désert, qui les attendait. C'est pour cela qu'au jour J, il se réveilla bien tôt, se rendit vers le Grand Port comme il aurait déjà dû le faire depuis des années, mais avec un équipement digne du meilleur des gardes royaux. Il avait emprunté un cheval, le plus robuste, mais toujours moins que celui qu'il avait utilisé pour chasser de la Moloch. Même si les chevaux de la famille de Lyriss était vivaces, ils n'étaient pas volontaires pour porter le garde. Lance sur le dos, épée à la taille, casque attaché au harnais du cheval, le trajet n'allait pas être des plus courts. Si seulement il avait eu le temps d'investir dans un grand sac sans fond, pour rendre le trajet du canasson plus agréable, a ne pas supporter l'armure. Ou même un l'accès aux portails des différentes villes.

C'est avec le cœur un peu lourd qu'il passe le Grand Port, pour se rendre au rassemblement, un peu plus au Sud. Le temps qu'il aurait perdu à y faire un crochet aurait valu le coup, il n'est pas vraiment sur de revenir de cette expédition. Tant pis, on l'attendait pas vraiment, au Grand Port. A la limite, sa ''nouvelle famille'', la garde normale et la royale, c'est à eux qu'il manquerait le plus. Il avait laissé son cheval à la garde du Grand Port, et fit le reste du trajet en volant de ses propres ailes.

Sur les lieux du rendez vous, déjà pas mal de monde. Il n'en connaissait pas une bonne partie. Il reconnaissant quelques gardes. Quelques gens. Pas plus. Seuls les plus courageux, ou les plus fous, sont là. Des nouveaux venaient par vagues, qui finiraient par s'écraser, s'entasser dans les ballons impressionnants qui ombrageaient le sol sur plusieurs mètres, et en haut, il ne l'a jamais vue d'aussi près, la fameuse île. Comment un truc comme ça a pu apparaître du jour au lendemain, sans prévenir ? Quelle malpolie, cette île.

A sa droite, un signe de main attira son attention. Il aurait reconnu cette personne et cette voix entre mille, pour l'avoir tant entendue cette dernière année. La même voix qui lui a permis de rejoindre la Garde Royale, celle de son capitaine, Arthorias. Prêt pour l'aventure, hein ? Pas vraiment. A part le dessous du futur décor, la chaleur et le sable qui en émanent, impossible d'être prêt pour quelque chose de si inconnu. Mais il fallait faire façade. Il sourit en saluant son chef.

'' Plus que prêt, capitaine. Vraiment hâte de voir ce qui nous attend ! Même si... ''

La vision de la grande warg blanche d'Arthorias lui coupa un peu la chique. Impressionnante. Alors qu'il manqua de reprendre la parole, il fut coupé par le discours du Roi. Grimvor Renmyrth. Les Renmyrth, la seule famille noble qui peut se targuer de l'être, en avoir à la fois les qualités et les défauts. Le travail de base de la garde royale est de les protéger, lui, sa femme et sa descendance. Dans les faits. Dans la pratique, ils surveillent le palais. Un travail effectué qu'indirectement, donc. Mais ça ne lui pose pas de soucis. Son capitaine le laisse, lui et d'autres gardes d'ailleurs, relativement libres dans leurs portées d'actions et de décisions. Le discours lui remuait tout de même les tripes, c'était donc ça, l'inspiration naturelle et magique du Roi ? Une sensation des plus agréables, il se laissait volontiers galvaniser. Toute motivation est bonne à prendre.

Sur la fin du discours du roi, une petite femme vint les déranger, titillant Arthorias. Il aurait presque eut envie de grogner, mais cela trahirait le fait qu'il est encore moins dressé, et surtout d'encore plus mauvais poil qu'un Warg. Il se retint donc d'un quelconque commentaire, n'importe quelle réaction. Elle se présenta à lui comme Solveig Prêt. Près ? Prêth. Un nom qui résonnait loin pour lui, l'impression de connaître, de vieux souvenirs pleins de jeunesses, embruns et eau de mer. Une Valkyrie, donc, qui semble connaître son capitaine, pour le meilleur, ou le pire. Il ne fit pas particulièrement attention aux noms prononcés par Solveig, il était encore en train de réfléchir à quand avait-il bien pu entendre ce nom singulier. N'en oublions pas la politesse protocolaire.

'' Hryfin Danvil. Garde royal. Enchanté, madam- Solveig ? ''

Entre interrogation et l'hésitation, ce n'est pas car elle est garde et familière avec son capitaine qu'il peut lui même se permettre de l'être avec elle. Le discours du Roi s'arrêta presque net. Il n'avait pas eu l'occasion de tout entendre, tout comprendre et tout assimiler. Mais ça devrait aller. Ils ne partaient clairement pas seul, et avec Arthorias, il sait que tout ce groupe, se dirigeant vers une destination des plus dangereuses, seraient en sécurité. Impatiente, Solveig proposa d'y aller. Appuyée par Arthorias, le garde imita son capitaine en enfilant également son casque, qui pendait toujours depuis tout ce temps à sa ceinture. Lance à la main, besace en bandoulière, air déterminé, le groupe de trois se dirigea d'un pas leste et sur vers le plus grand des ballons, celui qui accueillerait les potentiels inconscients se rendant aux ruines des corbeaux.

Pour la troisième fois déjà en à peine deux ans, le royaume d’Aryon se retrouvait secoué par une nouvelle découverte et un appel aux volontaires pour son exploration. Après la tour en ruine et la cité enfouie c’était maintenant une ile volante qui avait fait irruption dans l’espace aérien du royaume. Comme les deux fois précédentes, le peuple était mis à contribution. Lilith ne pouvait tout bonnement pas manquer cette expédition. La perspective de toute nouvelles découvertes lui plaisait terriblement, et celles de créatures totalement inconnues qu’elle ne recroiserai peut-être jamais après lui plaisait encore plus. C’était là pour elle l’occasion rêvée de s’octroyer de nouveaux pouvoirs. Elle avait donc toutes les raisons de participer à l’expédition.

Le jour du départ Lilith était venue au point de rendez-vous directement vêtue de son armure et de sa tunique de sous armure. Le reste de son équipement siégeait dans sons sac sans fond duquel seul le manche de son arme dépassait. N'ayant que faire du discours de la royauté elle préférait jauger les personnes sur place venue prendre part à l’aventure et les fameux ballons volant inventés pour permettre le transport des curieux vers l’ile puisqu’après tout, tout le monde n’était pas doté d’ailes comme la brune. Rapidement la masse de gens se sépara en deux groupes distincts, d’un côté le groupe le plus nombreux des moins téméraires et de l’autre les vrais aventuriers souhaitant découvrir les mystères des ruines dont l’hybride faisait évidement partie.

Quelques personnes en particulier semblaient attirer l’attention. L’une d’elle était la saphir Tolevira que Lilith avait déjà eu l’occasion de rencontrer et qu’elle s’attendait bien à retrouver ici. Avec ses envies d’exploration en dehors du royaume, une ile volante venue d’on ne sait où ne pouvait qu’attirer son attention. D’autres têtes connues étaient présentes sur le ballon, des aventuriers croisés dans les couloirs de la Guilde, la femme qui l’avait soignée lorsqu’elle était revenue de la chasse à l’Umbra ou même la petite Lehnsherr que Lilith cru apercevoir dans la foule. Que du beau monde que l’hybride n’avait malheureusement pas le temps d’aller saluer. Le ballon volant arrivait à destination et il allait être temps de former les escouades.

Lilith avait une petite idée d’avec qui elle comptait faire équipes pour explorer les ruines et tâcha de retrouver le poulpe de service en prenant un peu de hauteur de quelques battements d’ailes. Elle retrouva rapidement Arya en train de discuter avec une fille semblant bien jeune pour s’aventurer dans les ruines. L’hybride décida donc d’aller les rejoindre.

- Le poulpe de service est venu se promener dans les ruines on dirait. Tu recrutes pour ton escouade ou t’es juste venue draguer ? Lilith se tourna maintenant vers celle qui était de toute évidence la plus jeune des trois femmes. - Fais attention petite, les ruines sont dangereuses mais elle l’est encore plus. Tu préfères échapper aux tentacules crois moi.

 

Le discours de ce roi à nouveau sonnait dans ses oreilles, pourquoi était-il ici ? Peut-être parce qu'il savait en lui-même qu'il ne pouvait se détourner de sa vocation d'aventurier. C'était véritablement ce qui le libérait de certaines entraves. Il ne s'était pas posé de questions dès qu'il avait entendu parler de ce lieu nouveau : il s'était mis en route en ayant dans le coeur toujours cette tristesse persistante. Qu'importe comme Lula était de la partie, il serait présent. Il serait les poings Ne rien dire, ne rien laisser paraître.... Il allait tout bonnement se laisser emporter par cette atmosphère grisante. Il salua Lula et son copain tout en ayant un regard vers cette femme qu'il ne connaissait pas.. La jeune homme la regardait légèrement intrigué, était-elle une connaissance de Lulla ou Red ? Spontanément, il se plaça non loin d'elle tout en adressant une vive tape amicale aux deux personnes qu'il connaissait.

" Alors ... je ne sais pas vous... mais j'ignore si je suis prêt, mais comme on ne l'est jamais vraiment. Alors autant foncer."

C'était la phrase la plus pleine d'espoir qu'il avait pu trouver en ce moment même... La dernière fois, il fanfaronnait davantage... Cette mission lui rappelait un mauvais souvenir, mais il allait tout faire pour en profiter ... De toute façon, il n'y aurait pas de grotte étroite cette fois : juste une étendue de sable. Cela devrait être gérable même s'il n'avait jamais eu l'occasion de se rendre dans un milieu si désertique. Dans son sac, il avait du l'idée de toujours y mettre deux bouteilles de rhum : son indispensable, mais s'était aussi convaincu qu'une gourde d'eau serait aussi un bon choix... Même si sa phrase n'était pas beaucoup empreinte de lumière, elle avait eu le mérite de le faire sourire. Il se mit à reprendre un semblant de bonne humeur en taquinant Lula sur le fait qu'il ne fallait pas que comme d'habitude elle s'attire des ennuis, qu'il lui faudrait être prudente.

" Qu'on soit clair, soyez tous sages, je vous ai à l'oeil. "

Finalement son air joueur n'était pas bien juste sous quelques lourdes épaisseurs, pour le moment il quitterait ce qu'il connaissait pour l'inconnu, ce qui n'était pas un mauvais programme... Il allait voir ce que ce voyage lui réserverait.

Tout autour d'elle, des visages et des noms inconnus, certains le resterons, d'autres seront tout simplement oublié à jamais. Des visages qui ne reviendront pas. Difficile de quantifier le nombre de pertes potentielles. Mais une chose était certaine, il était acté qu'un nombre certains de « pionniers » resteront aux cieux, laissant à la terre leurs proches et leurs familles. Sûrement n'auront-ils pas le temps d'avoir des remords, d'autres n'en auront tout simplement pas. Tout dépendait de ce qui attendait patiemment la venue de ce conglomérat hétéroclite d'explorateurs. Des mystères et dangers, aller savoir... Mais peut-être qu'elle se trompait sur toute la ligne, que cette expédition vers l'inconnu allait s’avérer être une vraie promenade de santé, comme une simple balade au travers des plaines et des forêts aux milles et une couleur printanière. Mais elle en doutait, grandement, comme un pincement au cœur qui la mettait en garde, un sentiment caché mais pourtant si maladif, comme une angoisse palpable. Elle blottit sa main contre son cœur avant de refermer le poing, comme pour taire, ou rassurer, ce sifflement plaintif. Mais malgré cela, malgré ce sentiment dérangeant, d'où venait donc cette forme d'excitation qui parcourait l’entièreté de son corps ? Comme un flux électrique qui transcendait son ossature jusqu'à la chair, scintillant à la surface de son épiderme. Un frisson d'excitation. L'avouer à Kell serait alors lui donner raison. Or, il avait tort. Assurément. Le contraire ne pouvait être vrai. Cette expédition était bien trop dangereuse pour leur expérience dans la profession d'aventurier. C'était d'une irresponsabilité du plus haut degré de se proposer à la participation d'un tel voyage au travers des ombres de ce monde. Elle avait beau refuser à maintes reprises, Kell avait insisté. Trop insisté. Si bien qu'elle avait finalement accepté. Quelle belle sotte, je fais...

Ils se tenaient donc là, côte à côte, au milieu de cet amas d’explorateurs et de ce brouillard mortifère. Les aventuriers présents étaient pour la plupart chevronnés. Quelques gardes et citoyens qui s'étaient improvisés colon répondaient également à l'appel. Emmitouflée dans sa tenue habituelle, Leina pouvait néanmoins profiter de la faiblesse du soleil et de cette légère humidité matinale. Leur binôme inchangé était exceptionnellement accompagné de leur nouveau compagnon, rencontré un peu plus tôt au Grand Port, qui ne tarda guère à les quitter d'ailleurs, prétendant prendre de l'avance. Il se plaignait d'un bruit trop omniprésent, se détachant de l'intérêt que l'on pouvait porter au discours d'un roi. C'était comment, son nom ? Quelle importance. Leina ne détacha nullement son attention du roi, avec son aire de nonchalance et de désintérêt favoris. Pourtant, elle écoutait mot pour mot son discours, restant attentive sur les directives à prendre. Des risques inconsidérés ? Rien que le fait de participer à cette entreprise était un risque inconsidéré. N'est-ce pas, Kell ?... Elle tourna lentement son regard vers le jeune homme, un regard presque accusateur. Il semblait tout autant accaparé par le discours du roi, un air si sérieux sculptant son visage à la crinière pistache.
Elle détourna les yeux avant de soupirer d'agacement, sûrement plus contre elle-même pour avoir accepté cette folie.

- « N'oublie pas qu'il te sera bien difficile d'explorer le monde une fois mort... Alors... Fais moi plaisir, ne va pas prendre de risques inconsidérés. »

Grand fou, finit-elle par dire au fond de sa boîte crânienne. A croire que sa curiosité en devenait presque maladive... Même si elle comprenait très bien ce qu'il pouvait ressentir. Après tout, ils n'étaient pas si différents l'un de l'autre sur ce point. Bien qu'il soit pire, oui, bien pire. Elle aurait également pu ajouter qu'il pouvait compter sur elle en toute situation, même là-haut, dans les cieux, ou partout ailleurs, peu importe sur quelle problématique ils allaient tomber. Mais elle n'en prit pas la peine, ne voulant s'embourber dans des discours sentimentaux. Et puis, de ça, il le savait déjà.

- « Bon, je crois qu'on en a fini ici... Allons rejoindre notre embarcation. »

Et par embarcation, elle incluait également leurs nouveaux compagnons de mission. De parfaits inconnus pour Leina, un compère aventurier dont elle avait pour le moment bien du mal à apprécier et un simple citoyen qu'elle n'avait pas encore vu. Sûrement auront-ils le temps de faire un minimum connaissance durant le trajet et de s'organiser pour cette exploration. Elle se dirigea de bon train vers les hautes sphères rouges qui surplombaient le mouvement de la foule. Les Ballons Voyageurs de Javic, un voyage sans un retour garantie.

V’là les grandes nouveautés qui s’annoncent. Höls a dit que la glorieuse division des espions devait également contribuer, et que nos talents pourraient s’avérer cruciaux dans l’exploration de l’île volante et désertique. Du coup, mon maillot de bain et ma super-combinaison vont probablement pas s’avérer extrêmement critique dans l’exploration, si le cadre de l’exploration se révèle être une plage géante, mais j’les emporterai quand même : on sait jamais.

Evidemment, j’sais pas quels sont les espions qui ont été envoyés. Par exemple, m’étonnerait beaucoup que Feuille soit dans le lot. Après, pour les autres… On verra si jamais on se croise au détour d’un couloir.

De toute façon, en l’absence de Zahria, toujours disparue, fallait bien envoyer des gens pour canner dans les ruines, comme ils ont fait pour la Cité Enfouie. Paraît que des aventuriers y sont retournés, et en sont même revenus. Comme quoi, hein, les saphirs, ça fait le boulot. Enfin, j’suppose. Donc, comme pour la Cité Enfouie, y’a eu un gigantesque appel à candidatures, et la moitié du Royaume s’est pointé pour rapporter tout ce qui en vaudra la peine histoire de savoir à quoi nous attendre.

Après tout, ça s’trouve, une armée attend tapie dans le creux du rocher pour nous tomber sur la margoulette. A priori, c’est pas le cas, mais vaut mieux prévenir que guérir.

Comme la dernière fois, un ponte vient nous jouer du crincrin, l’espoir du Royaume, une nouvelle ère, tout le rantanplan pour envoyer des pauvres types à la mort. J’ai beau pas y croire une seconde, faut bien admettre qu’il parle bien, le Roi, et qu’il présente plus que correctement : j’manque même de me dire que tout ce qu’il raconte, c’est vrai, et pas juste qu’on va probablement mourir dans des ruines occultes ou dans la chaleur impossible du désert.

J’suis davantage intéressé par les trucs qui volent, faut dire. Comme tout le monde, j’pense, j’ai déjà eu l’occasion de flotter, ne serait-ce qu’avec une potion anti-gravité –dans des circonstances douloureuses au demeurant- mais y’a aussi des genres d’attraction avec des forains qui peuvent te faire voler quelques minutes moyennant finances sonnantes et trébuchantes. Ça restera complètement différent de l’appareillage qui nous est fourni, m’est avis.

Et j’ai toujours une potion anti-gravité des fois que y’ait une couille.

Comme d’hab’, c’est des escouades. J’me sentais pas de partir avec les espions. J’peux pas dire qu’aucun d’entre eux soit mon pote, et si y’en a un qui a le mauvais esprit de clamser, j’sens que ça va me retomber sur le coin de la gueule. Mieux vaut mettre toutes les chances de mon côté différemment. J’avise Weiss dans la foule. J’pense qu’elle se rappellera de moi, la dernière fois était plutôt récente, après tout… un genre d’occasion mondaine ou quoi.

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