— Donc, vous pouvez me répéter pourquoi vous êtes là ?
Oui, je serais définitivement loin de ce bureau de la garde à faire une déposition. Surtout que c’est la troisième fois cette semaine que je viens pour la même raison.
— Comme la dernière fois, j’ai trouvé la piste de braconnier et voleur de familier et j’aurais besoin de la garde pour régler cela de manière officielle.
— Attendez, vous êtes l’aventurier qui a dragué la femme de Pastis ?
— Je ne sais pas qui est Pastis, mais oui, j’ai dragué une femme la première fois que je suis venue pour cette plainte et depuis on ne veut plus entendre parler de moi, mais…
— Non, mais votre plainte est nulle.
— Quoi ?
— Bah, Pastis nous a clairement expliquer que vous faisiez cela que pour sauter des soldats dans les bosquets.
— Mais n’importe quoi !
— Même qu’il monte un dossier sur cela parce que vous faites des plaintes abusives.
— Je veux régler cette histoire de braconnage légalement, si je veux coucher avec des gardes je vais draguer en taverne, pas besoin de faire une expédition avec.
— Non, mais il nous a dit vos ruses pour nous avoir, ça ne marchera pas avec moi.
Je soupire et l’agacement se fait de plus en plus grand. Pour une fois que j’ai besoin d’aide pour boucler une affaire de braconnage parce qu’il y a trop d’ennemies pour un homme seul et surtout que pour transporter tous les familiers il faudra de l’aide. En plus, la femme de ce type n’avais pas paru gêner que je lui demande de faire la bête à deux dos avec moi, mais passons, ça semble trop compliqué pour de le comprendre.
— Est-ce que, même si je ne viens pas, je peux donner mes informations pour qu’une escouade aille voir ? Pourvoir parler au capitaine ou a n’importe qui avec une poste important ?
— Pastis est important.
— Genre, ce type est lieutenant ?
— Non, mais il pourrait bien !
Génial, je suis tombé en plus de cela sur un supporteur du con qui pense que je ne fais cela que pour sa femme. Je soupire et soudain vois une silhouette que je reconnais que trop bien pour avoir explorer son corps et celui de ces doubles avec cette deuxième femme des plus sexy. J’abandonne mon couillon d’interlocuteur pour la siffler sans aucune délicatesse.
— Hey beauté ! Ça fait plaisir de te revoir ! Dis, tu ne voudrais pas m’accompagner pour aller arrêter des connards qui s’en prenne à des familiers et des gens ?
— Mais ne parlez pas ainsi au lieutenant Anggun !
— Ah ! Tu es lieutenant ! Chapeau ! J’ai mis en colère un de tes gars pour une histoire de meuf un peu chaude du slip.
— La femme de Pastis n’est pas chaude du slip !
— Mais oui gamin, bref, il veut plus prendre mes dépots de plainte pour braconnage.
— Parce que c’est des mensonges.
— Mais ferme ta gueule bordel, je ne te parle pas la pleurnicheuse, vas succès ton Pastis si tu ne sais pas quoi faire.
— Lieutenant, il faut enfermer ce type.
— J’aimerais surtout avoir une personne pour arrêter et ramener les familiers avant qu’ils changent encore une fois de planque…
— C’est un criminel !
Je soupire et fixe Java avec un air de profond dépit alors que Soly à mes côtés remue la queue tout heureuse de l’animation qui se passe autour d’elle.
Alors qu'elle trace vers la sortie, une voix qui lui rappelle quelque chose l'interpelle, et elle tourne la tête vers le type pour le fusiller du regard. Oh, pas besoin, c'est l'ami Fauve ! Le brave type avec le p'tit chien, qui sait bien s'amuser à l'horizontale, mais que c'était nul de le rencontrer dans un cimetière plein de brouillard magique. Elle regarde tour à tour l'aventurier, et le garde qui lui fait la leçon, jusqu'à ce qu'il y ait un petit silence entre les deux.
▬ On va laisser les Ouranbos faire leur taf, et je vais m'occuper personnellement de vérifier les dires de ce petit filou. S'il a tort, j'te laisserai faire la paperasse pour son procès. Et s'il a raison, eh bah... Prépare-toi à devoir justifier tout le bruit que t'as fait juste pour pas l'aider.
Elle interrompt ce qui commence comme une protestation en posant son index sur les lèvres de, ce qui est techniquement, son subordonné, et secoue la tête. Le message passe immédiatement, et elle passe un bras autour de la taille de Fauve pour l'emmener avec elle en dehors de la caserne.
▬ J'suis bien contente de te recroiser sur un terrain plus praticable. Fais gaffe quand tu parles de Pastis là-bas, c'est un sujet... euh... j'sais pas, honnêtement. Les gens l'aiment bien, et ils le détestent en même temps. 'Sont bizarres.
Une fois dehors, elle glisse son bras pour mettre ses mains dans ses poches, et l'invite à marcher avec elle d'un coup de tête.
▬ On a souvent des braconniers dans le coin, mais ça part un peu dans tous les sens, du coup ceux qui gèrent la paperasse ont tendance à vite se braquer. Heureusement pour toi, ça tombe aussi dans les trucs que j'dois surveiller, donc c'est une bonne chose qu'on se soit croisés !
Il faut dire aussi que Fauve est loin d'être une vision désagréable. Surtout quand on a exploré toutes ses cicatrices... Mais Java étant Java, bien sûr, le travail passe avant. Elle semble à peine penser à la nuit qu'ils ont partagé avec la belle Onyx, bien qu'elle le fixe avec attention.
▬ T'as une piste ? Passe devant, et je te suis. Tu connais déjà mes forces, donc je devrais pas avoir besoin de t'expliquer pourquoi on s'en sortira très bien à deux, hm ? Et j'te fais confiance. T'aurais pas amené un chien si t'étais pas sûr de toi. Il s'appelle comment, lui, d'ailleurs ?
– Définitivement bizarre. Déjà que de bases comme alcool je ne trouve pas ça ouf, mais avoir ça comme nom ou surnom, c’est encore pire. Bon, après, je suis mal placé pour parler de ça, mais je pus pas le Fauve au moins. C’est déjà cela. Il ne prend aucune douche pour sentir aussi fort ? Personne à penser à lui offrir un médaillé'ond'air ?
Parce que cela a dérangé Soly la dernière fois que je suis venu, c’est aussi pour cela que je l’ai laissé m’attendre au niveau de l’entrée de la caserne des Belluaires. Il y a aussi que certains, ceux de la sécurité des lieux, ont commencé à me prendre la tête avec ça.
— Sinon, oui, j’ai une piste, enfin, Soly a une piste. C’est ma chienne avec qui j’ai… hum, je ne sais pas trop… un truc qui ressemble a un lien de familier avec ? C’est étrange depuis le solstice, mais pas important. Elle est de plus en plus certaine de la direction à devoir suivre pour trouver les braconniers, c’est pour ça que je venais de plus en plus souvent, enfin, content d’être tombé sur toi. Les bureaucrates ce n’est pas mon truc.
Je fais une grimace de dégout alors qu’un arrive vers l’entrée du bâtiment et que Soly arrive vers moi, la queue battant l’air avec un certain enthousiasme de me revoir venir et ne pas la laisser sans occupation dehors avec des inconnus. Elle frotte plusieurs fois sa tête contre mes jambes pour avoir des caresses avant de prendre le temps de sentir Java et geindre pour savoir qui c’était.
— Soly, je te présente Java, une amie qui va nous aidez à trouver les connards qui enferment et volent des familiers, elle peut devenir plusieurs elle alors tu ne paniques pas si ça arrive. Java, voici donc Soly, notre futur guide dans cette mission.
Ma chienne aboya joyeusement comme saluer notre nouvelle compagne de route, mais ne fit aucun geste vers elle, assez prudente avec les nouvelles personnes. La fois elle avait fait qu’une femme se pisse dessus pour avoir simplement voulu lui dire bonjour lui avait suffi. Ce n’était pas une odeur agréable pour son odorat, pas plus que les cris de cette bonne femme. Bref, ce n’est pas le moment de penser à cela.
— Pour ce qui est des braconniers, on pense que le campement de base qu’ils ont est à une bonne heure de marche du village perché en allant en direction de l’arbre sacré. Le tout dans une zone un peu marécageuse pour être tranquille des visiteurs imprévus, mais pouvant facilement aller sur cet axe de passage pour soit voler des familiers supplémentaires, soit trouver de potentiels acheteurs. En tout cas, c’est là que des disparitions de familier ont eu lieu dernièrement. Je ne suis pas de la garde, mais quand un animal disparait, comme je tiens un refuge, certains viennent vers moi pour savoir si je n’ai pas trouvé leur petit trésor lors d’une de mes balades.
Puis, en plus, certain n’avais pas forcément confiance en la garde ou bien, n’avais pas spécialement en vie de faire face à la garde parce que rechercher ou bien simplement avec un mauvais passif avec. Pourtant, j’en suis conscient, ce n’est pas quelque chose que je dois géré, c’est même pour ça que j’étais venu plus ou moins refiler la patate chaude à la garde, pas de la bonne façon visiblement.
— Le souci, c’est que certains propriétaires ont possiblement été éliminés. En tout cas, j’ai eu deux personnes qui se sont inquiétées que leurs proches n’étaient jamais revenus, donc on n’est pas sur un groupe de braconniers pacifiques. Soly, commence à montrer le chemin s’il te plait.
Autant que je lui donne le plus d’information que je dispose pour cette mission. Plus on en sait tous les deux, plus on a nos chances de survie qui augmentent. On a passé une bonne soirée ensemble et avoir la confiance d’une personne haut placée dans la garde qui ne connaît pas mon passé n’est pas plus mal. Surtout quand c’est le régiment qui s’occupe du secteur vers chez moi. Soly pendant ce temps-là commence à nous montrer la route à suivre pour ne faire aucune mauvaise rencontre et aller vers notre but le plus rapidement possible.
— D’après moi, à nous deux, enfin nous neuf en tout, ça se gère sans souci. À deux, c’était un peu plus compliqué et, en plus, vu la situation, c’est, je pense, mieux de se la jouer officiel. Une plainte pour coup et blessure après les avoir attaqués pour braconnage n’est pas ce que je souhaite avoir.
Ça m’est déjà arrivé et aucune n’envie que ça recommence.
Elle fait un petit coucou de la main à la fameuse Soly qui guiderait leur chemin. Apparemment, son ami était autant lié à elle qu'à un familier ? Bizarre. Bah, le plus important, c'était de choper les méchants et de nettoyer un peu la forêt. Elle visualise de mieux en mieux ce qui les attend au fur et à mesure que Fauve lui fournit ses informations, et serre les dents en imaginant les civils et les bestiaux innocents qui sont tombés sur ces braconniers de misère.
Pendant qu'ils avancent dans la forêt, Java sort de son sac sans fond une petite pochette en lin, dont elle extrait une acquisition qu'elle n'avait pas encore testée sur le terrain. Enchanté pour réagir à son pouvoir, ce collier lui permettrait de créer une liaison par la pensée avec ses clones. Elle s'arrête pour l'attacher soigneusement autour de son cou, puis reprend la marche en expliquant son geste.
▬ J'te rassure tout de suite, je sors pas la bijouterie pour mettre en valeur mon meilleur profil, hein. Sans rentrer dans les détails, ça devrait me permettre de mieux coordonner mes clones.
Elle sonde l'horizon du regard, et commence à donner son avis sur la stratégie qu'ils devraient employer.
▬ Quand on sera à une distance raisonnable, je vais commencer par disperser trois clones autour du périmètre, histoire de faire barrage aux fuyards et de sécuriser le terrain. Selon leur force de frappe, je verrai ensuite si on a besoin des trois autres, et comment je pourrai les placer. Ca te va ?
Bien sûr, elle était celle qui connaissait le mieux son pouvoir – mais pour une fois, elle n'allait pas se battre seule. Et Fauve, à l'esprit et au corps marqué par l'expérience, aurait probablement quelque chose d'intéressant à rajouter. D'ailleurs, avant d'oublier ses questions, elle en profite pour les poser maintenant.
▬ J'espère qu'ils ont pas déjà commencé à récupérer des familiers pour eux-mêmes. Après, ça nous empêchera pas de leur foutre une bonne raclée, mais... Tu te sens capable de réussir à garder tout le monde vivant ? Si jamais y a une organisation derrière leurs sales affaires, ce sera plus facile de choper des informations en ayant plus de tronches à faire parler. Enfin, tant qu'on démantèle au moins cette branche-là, on aura déjà fait du bon boulot. Tu comptes te battre avec Soly, ou tu préfères qu'elle reste en retrait ?
Quand on parle du loup (enfin, plutôt de la chienne), la voilà qui semble ralentir le pas. Ils sont tout proches. Ils n'ont déclenché aucun piège pour l'instant, ni d'alarme quelconque, donc ils ont encore l'avantage de la surprise, et le luxe du temps pour peaufiner leur plan d'attaque.
▬ Au fait, rappelle-moi ton pouvoir ? J'sais plus si tu me l'avais dit. Si je peux faire un truc pour t'aider à le caler efficacement dans la bagarre, vaut mieux que je le sache maintenant.
Après, n’avoir une unité entière de personne sous mes ordres est-ce que ça me dérangerait vraiment ? Totalement oui, trop d’humains à géré, sûrement du social à devoir faire, des conflits en interne, pas mal de jugement pour mes actes… Oui, non, j’ai deux employer qui me casse suffisamment les couilles ainsi, pas besoin de plus, puis, j’ai mes chiens qui sont bien plus fiables qu’une unité sous mes ordres.
— Tu portes ce que tu souhaites, c’est toi qui sais ce dont tu as besoin pour une opération. Certes, si tu mets des talons pour courir en forêt je vais te regarder étrangement, mais je ne suis pas ta mère pour te dire ce qui est le mieux pour toi ou non.
Puis, en plus, j’ai pu voir certaines nobles avoir une dextérité assez folle sur des talons aiguille dans des terrains tout sauf propice. Ne jamais ce fier à ce qu’on peut voir, tout peut être utile en situation extrême. En tout cas ça se sens qu’elle a l’habitude de coordonné des groupes et c’est plus que plaisant pour le coup.
— Ça me va parfaitement. C’est bien plus que ce que je pouvais espérer à la base. Bien entendu que je me sens de garder tout le monde vivant, je suis venue voir la garde pour s’en occuper, si jamais voulu tuer tous ces connards, excuse-moi de te prévenir abdos de rêve, mais je serais passé par d’autres moyens que le légal. De plus tes gratte-papiers n’ont pas besoin d’avoir de raison supplémentaire pour me faire avoir un séjour dans une cellule.
J’ai été garde, je sais ce qu’on est supposer faire ou non. Même quand c’est frustrant et qu’on a affaire aux pires enflures de la terre. Soly ralentit et finalement reviens à moi, légèrement tapi dans ces mouvements et visiblement beaucoup plus à l’affut. Visiblement, elle est en mode chasse, je ne vais pas la faire sortir de cela, cela lui fera un entraînement en plus. Autant voir cela ainsi.
— Elle se battra avec moi, on est l’entraînement à la morsure aux zones fragiles sans entrainer la mort en ce moment. Pour mon pouvoir, c’est ultra simple, on n’avait pas eu l’occasion d’en discuter, mais on s’en branle là. Je peux donner des ordres à des animaux, deux à la fois, cinq minutes de battement entre deux ordres sur le même animal. Ne marche pas sur des créatures trop dangereuses pour le moment. Petit bonus, je calme les animaux plus je parle, mais c’est à faible dose. Ça ne marche pas à tous les coups avec les familiers, mais on pourrait arriver à retourner des animaux qu’ils ont capturés grâce à ça si besoin.
Puits même, de base, si des créatures ici sont perdues il sera possible de les aider à se calmer pour nous suivre plus facilement, déjà que la présence de Soly facilitera, logiquement, la tache. Avoir un animal en confiance et heureux aide à détendre d’autres animaux. Soly, comme Solveig, avait vraiment cette joie de vivre naturelle qui donnait envie de la suivre quoiqu’il arrive. On approche doucement du campement, à l’inverse du sens du vent pour cacher notre odeur, pour le coup c’est moi qui guide sur cela, c’est fou ce qu’on apprend à faire comme les animaux pour chasser une proie à force de chasser avec eux.
Il n’y a pas un campement si important que cela. Enfin, ils sont moins d’une dizaine de personnes à vue de nez, mais n’ont pas mal de cage et matériel. Un petit groupe, mais bien organiser. Bien, c’est aussi ce qu’on est mine de rien. Reculant un peu et la laissant envoyer ces clones pour faire du repérage pendant qu’on peaufine le plan ne sera pas un mal.
— On a plusieurs solutions. Soit on fait la technique de l’appât pour avoir leur attention et attaquer une fois qu’ils pensent maîtriser la situation avec un gars venu s’occuper de la chose seule. Si on fait cela, il vaut mieux que cela soit moi qui sers d’appas. Tu es une figure publique et ton pouvoir est loin d’être inconnue pour les malfrats du coin merveille de mes nuits.
Une solution simple, mais qui fait perdre beaucoup de l’effet de surprise.
— Sinon on a la solution d’attendre la nuit pour attaquer à ce moment-là. Ils ont l’air de penser que la nuit les protégera visiblement, puis souvent c’est à ce moment-là qu’un campement comme ça se relâche. J’ai des lunettes de jour pour que cela ne me dérange pas de mon côté. On peut aussi prendre le temps de placer des pièges, si le cœur t’en dit.
Plus long, plus chiant, mais, logiquement, avec moins de risque. Parce que, mine de rien, en plus d’attraper les gars il allait falloir ramener les familiers présents sur place.
— L’autre solution que je te propose c’est qu’on fonce dans le tas et on assomme tout le monde avec l’effet de surprise.
Mon plan favori pour le coup parce que beaucoup plus de corps à corps se joue dans cette histoire. Après, je sais que ce n’est pas le plan le plus sécurisant et sans défauts, loin de là.
— Si tu as mieux, je suis tout à ton écoute. On est une équipe après tout.
Je ne voudrais pas qu’elle pense que je puisse vouloir lui prendre le commandement. Même si on c’est connu intiment je ne connais pas tout d’elle et un titre, pour certain, ça monte à la tête.
▬ Au pire, j'aurais dit que j'ai fait une bavure. Ce serait pas la première, ni la dernière.
Qu'elle ment ou qu'elle tue ? Peut-être les deux, aussi contraires à ses principes que ce soit. C'est aussi ça, d'être garde. Elle écoute attentivement la description du pouvoir de Fauve et réfléchit aux utilités possibles en embuscade... Rien ne lui venait en tête sans amener plus de questions que nécessaires – et plutôt que de perdre son temps à les poser, elle préférait le laisser gérer ça tout seul. Il avait son propre talent pour prendre l'initiative, après tout.
Elle pose la main sur la terre froide et humide, et inspire un bon coup. Elle était déjà certaine du but et de la position qu'elle comptait leur donner, alors elle reporta son attention sur Fauve pendant la minute d'attente essentielle. Entre les petits noms et les réflexions, il proposait d'abord- (Je suis en position.) … Hm. C'est donc comme ça qu'allait marcher son collier. Java sent sa mâchoire se contracter en imaginant les dérives potentielles de cet enchantement. (En place.) Non. Il ne fallait pas qu'elle pense au pire – c'était derrière elle, tout ça ! Elle est lieutenant maintenant. Lieutenant des Belluaires et elle aide une conquête à sauver des animaux dans la forêt. Qu'est-ce qu'il avait dit sur les appâts ? (C'est bon pour moi.) Il voulait s'en occuper, ou quelque chose comme ça.
Ses sourcils se froncent immédiatement alors qu'elle comprend qu'il préfère attirer le danger sur lui : d'accord, les cicatrices, ça lui allait vraiment bien, mais elle n'avait pas vraiment envie de le laisser s'en faire de nouvelles sous ses yeux. Son deuxième plan semble beaucoup plus raisonnable, peut-être même un peu trop. Attendre la nuit leur permettrait de jouer sur la furtivité, mais bon... Est-ce que c'était vraiment nécessaire ? Et puis, s'ils bouclaient l'affaire avant la nuit, ils auraient plus de liberté pour la passer ensemble, justement. Ne serait-ce que pour trinquer à une belle victoire, ou échanger de belles histoires. Elle sourit en entendant ses dernières phrases, et déloge son sabre-bâton de son dos. Aujourd'hui, ce serait un bâton.
▬ On fonce. Ca ira vite, je les encercle déjà. J'taperai au-dessus des ceintures pour laisser à Soly de quoi se faire les dents... Bon, et aussi pour éviter de lui donner un coup sans le vouloir. J'ai l'habitude de beaucoup de choses au corps-à-corps, mais pas des animaux... sauf si tu comptes comme un vrai fauve !
Java sort son sourire caractéristique et lui donne un coup de coude dans les côtes. Allez, elle était bonne, celle-là, non ? Elle se place ensuite en position de départ, tendant son arme comme une extension de son corps, et son visage reprend tout son sérieux.
(Tout le monde attaque. Boxe du tigre et attaques vers le haut, on fait gaffe au chien. On évite les gorges et les mâchoires.)
(Bonne idée !)
(Je ferai vraiment gaffe, je l'aime bien, ce chien.)
(Entendu.)
Au moins, avec son collier, elle est sûre que tout le monde est d'accord. Elle fléchit la jambe et se donne une impulsion pour prendre de l'élan, et lancer la charge. En même temps qu'elle, les trois autres Java font la même chose. Vu la tête des brigands, ils savent déjà qu'ils vont passer un mauvais moment.
Bien fait.
— Au pire, je finis en exil, ça sera que mon dernier voyage.
Je relâche tout et me remets normalement. Comme pour lui indiquer que le numéro est terminé. Les prestations de Fauve Nalim sont uniques voyons.
— On ne va pas faire de bavure. Que cela soit ta première ou ta centième. J’ai beau pas être un de tes clones, je crois, te je sais t’imiter parfaitement pour prendre la faute sur mon dos si on foire. On va leur casser la gueule, les faire rendre visite à Lucy pour quelque heure et ramener les bestioles.
Je n’ai aucune envie d’avoir leur sang qui entache son parcours à elle. Aucune envie d’avoir un risque qu’elle finisse dans le froid de Forteresse, derrière la frontière. Il y a déjà bien trop de garde qui meurent bêtement pour le royaume là-bas, pas besoin d’en ajouter pour une erreur qui n’est pas la leur. Au pire, si on tombe, on tombe à deux. C’est tout.
— C’est comme les orgasmes, soient on en profite tous les deux, soit c’est de la merde si seulement un prend son pied. Donc on va faire connaitre le septième ciel à nous huit !
La détermination est présente et les parallèles sexuels aussi. Traitre de plaisanterie, j’écoute le plan et fais mine de mimer un chat quand elle fait la remarque sur le fait que je suis possiblement un vrai Fauve.
— Je suis ta bête sauvage quand tu veux, même si je trouve cela un peu compliquer de le faire en combattant, mais tout se tente.
C’est faux, tout ne se tente pas et on risque plus de se faire mal que d’y prendre du plaisir. Il faut savoir voir les choses en face. Soly aboie assez contente de ce que je lui explique du plan de Java. Elle pépite à l’idée de mordre cheville après cheville, même si elle parle aussi de saucisse au fromage et champignon. On encercle le groupe, ça se finit rapidement pour les braconniers pour le coup. Deux pleure sur le fait de ne plus jamais pouvoir avec d’enfant et un autre c’est pisser dessus avant qu’il ne lui arrive la même chose. Ça semble amuser grandement Soly.
— Ah ! Bha… À plusieurs c’est du rapide en fait…
Oui, quand on prend par surprise un camp qui pense être parfaitement défendu c’est tout de suite plus simple. Je commence à aider à leur mettre les liens. Il y a une certaine habitude pour les attaches de malfrat qui reste.
— Du coup, comme tous tes clones sont encore là, en laisser certain ramener nos amis des animaux chez tes amis les gratte-papiers ça pourrait être une solution pour leur marchandise.
Enfin, marchandise, c’est vite dit. Il semblerait qu’il y est assez peu de cage qui reste. Une livraison a dû être faite plutôt dans la journée, mais avoir une partie du réseau aidera à trouver le reste, mais c’est à la garde de s’en charger plus tard.
— Tu as aimé les coups de dents de Soly ? Je lui apprends à viser juste pour ne jamais rien arracher. On a trop rapidement des plaintes sinon et tous les gratte-papiers de la garde ont un souci avec moi… Bref, je commence par la tente de gauche pour faire le point. Histoire aussi de voir si on n’oublie pas un rat dans l’histoire.
Parce que ça a été vachement simple tout de même. Bon, OK, on était déséquilibré en effectif, mais tout de même… Clairement, dans une partie à la loyale on aurait été accusé de triche, mais ce n’est pas le sujet du jour. Voyons ces familiers à sortir de là.
Elle n'a même pas le temps de démêler ses pensées que le combat est fini. Même les braconniers semblent être encore en train de comprendre ce qui leur est arrivé. Java les regarde un instant, le temps de retenir leurs descriptions physiques, puis elle se concentre sur la suite du plan.
(On fait comme Fauve il a dit ?)
(Oui. Je vais vérifier les cages d'abord, et l'une d'entre vous restera pour surveiller les abrutis.)
(Laquelle ?)
(… Jouez à pierre-feuilles-ciseaux.)
Laissant ainsi ses copies se répartir les tâches de la manière la plus juste possible, Java s'en va vérifier les cages. Certaines sont vides, d'autres non. La garde se surprend à échanger un regard triste avec un de ces anciens familiers maintenant dépourvu de maître... Elle avait longtemps rejeté l'idée d'avoir son propre familier, mais sa situation avait bien changé depuis. Presque par automatisme, elle ouvre une cage et tend la main vers un Laïum, méfiant et pourtant curieux.
▬ Je vais pas te faire de mal, promis.
Le ton maternel dans sa voix la surprend elle-même, mais il semble apaiser le dragon, qui s'approche doucement et souffle sur sa main. Elle rit en sentant le vent froid lui chatouiller les doigts.
▬ Ooh, on fait des manières, c'est ça ? Allez, viens. Tout va bien maintenant. Regarde, on a tapé les sales types qui t'ont capturé. Et on va te libérer, toi et tous les autres. On a une bonne vétérinaire au Village Perché, elle est jolie et gentille.
Elle s'éloigne un peu, et le Laïum sort de la cage en planant doucement jusqu'au sol. Il s'enroule autour de ses jambes, et Java le regarde, un peu perplexe. Un nouvel ami ?
(Un nouvel ami !)
(On va l'adopter, hein, dis ?)
(Occupez-vous de ramener les autres à la caserne. Je gère celui-là.)
Oui, enfin, gérer, c'est vite dit... Le petit dragon semble avoir décidé de se cacher sous sa veste, et elle doit tenir son pantalon avec ses deux mains pour que ses griffes ne le tirent pas vers le bas. Peut-être que ce serait le moment de s'adresser à un expert ? Un des braconniers glousse devant le spectacle, mais la clone qui les garde lui rappelle vite qu'il n'est pas en bonne position pour s'amuser. C'est vraiment des amateurs, ou juste le menu fretin, ces types ?
▬ Fauve ? Je crois que je me suis fait un nouvel ami, mais... Viens voir, il essaie de se cacher et j'galère à garder mon fute !!
— J’arrive, j’arrive, j’ai un nouveau coiffeur de mon côté.
Je sens les mouvements du petit oiseau se calmer peu à peu avant de simplement s’enfuir au loin dans le ciel. Un animal sauvage pour le coup ou avec un propriétaire mort qui a décidé de refaire sa vie. Enfin, refaire sa vie ou le rejoindre. Il est préférable de ne pas trop penser à cela. C’est alors que j’entreprends un mouvement pour rejoindre la garde quand je sens tenu par quelque chose derrière moi. Tout mon corps se tend et je vais pour sortir ma lame pour trancher quand la voix de Soly me coupe dans mon élan.
— Frouska ! Pas ennemi !
Oh ! Parfois c’est tellement plus simple d’avoir les explications des familiers. Même si certain pensent qu’ils ont le cerveau d’un gamin de trois ans, juste, visiblement, on pas les mêmes termes et pas les mêmes logiques. C’est aussi pour cela qu’Ardent avait du mal au début avec ma bague de communication, certains termes lui semblent être en trop ou simplement pas avec les mêmes importances. Des espèces différentes, deux façons de faire.
C’est un nouveau mouvement sur mon haut qui me stop et doucement je tourne la tête vers la source de ce tirage et c’est un jeune Frouska, a vu de nez cinq ou sept lunes tout au plus, assez grand pour servir de monture, mais pas assez pour être complètement autonome. Enfin, c’est un peu, les Frouska se sont compliqués, dès que cela marche c’est livré à eux-mêmes jusqu’à la saison des amours.
— Copain ?
— Heu… On doit voir s’il a un propriétaire de base et…
— Copain ?
— Tu m’écoutes quand je te parle ?
— Copain ?
— Soly, ce n’est pas amusant de faire cela. Je sais que tu me comprends et…
— Copain ?
— Ce n’est pas moi qui décide et…
Cette fois ce n’est pas l’intervention du Frouska. Enfin, l’intervention s’est rapidement dit, c’est plus le fait de voir tout son corps qui se détend qui a retenu mon attention.
— Attends, petit malin, tu me retiens simplement pour que je parle en boucle parce que tu aimes m’entendre dans tout ce bordel ?
Il me tient toujours, mais son regard croise le mien et ne bouge pas dans cette position-là. C’est vraiment étrange comme échange. Il y a comme une compréhension dans son regard, mais il est parfaitement possible que cela ne soit rien du tout. Soly me fixe aussi et un regard vers la Java original me fait dire qu’un peu d’aide ne lui ferait pas de mal aussi. Bon, autant utiliser une vieille méthode qui a su faire ses preuves en son temps. Doucement je me mets à chantonner des chants populaires et je vois les animaux du coin perdre peu à peu leur stress, tout doucement. Assez pour que le Frouska me lâche le haut sur le moment. Je m’arrête de chantonner pour parler à Java et directement le familier se raccroche à moi par la suite.
— Toi aussi tu es sur un particulièrement collant ?
(Je dépose les pièces à convictions chez les Ouranbos, et j'emmène les gloots chez la véto mignonne.)
Y a une Java qui guide une loutre géante vers un raccourci direct jusqu'à la clinique du Docteur K, en maintenant deux marmousets ombreux contre sa poitrine. Aucun des animaux impliqués ne semble très consentants à cette histoire, mais elle y est presque.
(Mordue. Fichus Macaques. Presque arrivée.)
Y a la Java qui surveille les braconniers, et qui les toise d'un regard mauvais. Ils n'ont pas l'air de bien s'inquiéter, et elle n'aime pas ça. Parce que ça veut dire qu'il faudra leur tordre les tétons pour les faire parler, faire les gros yeux pour les impressionner, et toute la comédie habituelle.
(Si je leur mets un coup pour leur faire peur, on est obligées de le mettre dans le rapport ?)
(Si tu ne le fais pas, ça n'ira pas dans le rapport.)
(Ouais, mais ils me saoulent, avec leurs sales têtes.)
(Bon, oui, d'accord, je corrige. Ne le fais pas s'il te plait. Ca ne les fera pas parler plus.)
Silence radio à l'autre bout. L'originale tourne la tête vers son clone, oubliant un instant le laïum câlin, et perd son pantalon dans le processus. Bien qu'elle sente la brise de la saison douce caresser son pagne, elle adresse un signe de tête interrogatif à son clone.
(Je t'ai vexée ? Pourquoi tu dis rien ?)
Son clone éclate de rire.
(Parce que j'étais d'accord, donc j'avais rien à rajouter. Rhabille-toi.)
Java sourit, et se penche pour récupérer son sarouel, heureusement intact. Le laïum en profite pour s'accrocher à son crâne, et la décoiffe complètement. Elle râle un peu, et le dragon se braque immédiatement et bondit sur le sol. Ca va être compliqué, cette affaire.
▬ Ouais, collant, c'est le mot. Et un sacré comédien, avec ça.
Elle rattrape son ruban, et l'enfonce dans sa poche. Plutôt que de laisser le dragon l'escalader n'importe comment, autant s'abaisser à son niveau pour lui montrer qu'elle n'est pas une menace, non ? Au pire, elle se prendra un coup de froid dans la tronche. Le lieutenant s'accroupit, et tend la main doucement vers la bête.
▬ Je suis pas fâchée pour de vrai. Tiens, regarde ! Il me reste une poire dans mon sac. On la partage ?
Java attrape le fruit et en croque la moitié, avant de le tendre vers le laïum, puis de le poser devant lui.
▬ Tu vois ? C'est bon les poires.
Après l'avoir regardée avec de grands yeux, le laïum souffle avec puissance sur la poire, puis il l'engloutit. Il semble satisfait et vient tout de suite se blottir contre Java, qui s'assied doucement pour accueillir ce gros câlin.
▬ Fauve !!! Il m'aime bien !! Il a mangé ma poire et maintenant il m'aime bien !
S'exclame-t-elle toute heureuse, en pointant du doigt son nouvel ami. C'était plutôt cool mine de rien, les familiers !
(Si tu l'adoptes, va falloir lui donner un nom.)
Bien sûr, il ne fallait pas oublier les rituels de bonne mesure...
— Oui, c’est un miracle qu’il accepte ta poire sans t’avoir vu y manger dedans avant vu ce qu’il a subi, il faudra les rendre à leur propriétaire par contre.
Parce que, mine de rien, c’est une réalité, ils appartiennent à quelqu’un, ce n’est pas des chatons abandonnés sous la pluie, mais bien des familiers voler. Le rire étouffé d’un des trafiquants est tout sauf agréable à l’oreille et je tourne la tête vers eux. Vraiment, ils ont l’air beaucoup trop détendus pour le bien de tous.
— Un souci les couilles molles ?
— Aucun, pourquoi on aurait un souci alors qu’on va récupérer nos familiers à la fin de cette histoire. À moins ces deux-là.
Je fronce les sourcils et les regarde sans comprendre tout de suite. Puis, cela commence à faire sens. Ils pensent de base avoir établi un lien de familier avec la laïum et frouska par la force ou une merde dans ce genre et qu’ils vont obéir pour les faire sortir ou encore que même avec une peine de prison ou autre ils pourront les ravoir à la sortie de toute cette histoire.
— Vous êtes pas bien, vous n’avez pas de lien de familier avec.
— On leur a donné un nom à chacun et leurs anciens proprios sont morts, donc c’est les nôtres.
— Même que c’est Truc et Bidule !
— Pire nom du monde… écoute les pas Java, le laïum réagirais pas ainsi avec toi si ce qu’ils disaient était vrai, comme le frouska. C’est des cons qui croient que tu deviens propre d’un animal juste parce que tu lui donnes un nom, genre, ça ne fonctionne pas comme cela. N’est-ce pas mon grand, même si je décide que ton nom c’est Farouk tu ne vas pas être mon familier d’un coup ?
Tout en disant cela, je caresse le cou du frouska et une étrange sensation de déjà vu parcourt mon corps en même temps que je dis ces paroles. Ce n’est pas exactement la même sensation qu’avec Soly, mais il y a un bot de similaire, c’est fugace, mais bien là. Le frouska se met à donner des coups de tête doucement dans mon coup et semble vouloir plus ou moins marqué son odeur.
— Attends, attends, mon grand, j’ai dit que cela ne se passe pas comme cela. Recule.
L’ordre est donné dans ma voix, mais il ne semble en avoir que faire et se met à faire une petite danse face à moi. Bon, bah visiblement je viens effectivement d’adopter un familier qui a un truc avec ma voix en simplement lui donnant un nom. Heureusement que cela n’avait pas fonctionné avec les contrebandiers qui semble peu à peu se mettre à faire la gueule.
— Tu lui as donné un nom aussi pour qu’il soit collant du coup ? Où tu vas le donner pour lui trouver une autre famille ?
À mes paroles la laïum sembla grogner un peu puis se reprocher à nouveau de Java. Lui, il n’a pas l’air de vouloir une autre famille en tout cas, mais c’est à la garde de choisir, pas à lui.
Leurs expressions se figent en assistant au dialogue entre Fauve et les bandits. Il y a la copie, qui se retient de les frapper avec tout ce qu'elle a dans le ventre. Et il y a Java, qui se rend compte que son ami laïum a perdu sa famille. Accessoirement, Fauve semble avoir nommé son frouska sans le vouloir. Sans perdre de temps, la garde attrape la tête du dragon et la tient en face de son visage.
▬ J'lui ai pas donné de nom, mais si je lui en donne un, ce sera Kalenji !! Tu m'entends p'tit père ? Tu vaux mieux que Truc ou Bidule, et moi je laisserai personne te mettre en cage !
Pour toute réponse, elle se fait souffler dans les yeux et le laïum part se blottir dans sa veste. Ca a marché du coup, ou pas ? Bon, de toute façon, même si ça avait marché, elle allait devoir voir ça avec le capitaine.
▬ Me vole pas mon-
▬ LA FERME ! Il vient d'se passer un truc beau, putain !
L'autre Java essuie une petite larme d'émotion devant la scène, puis l'originelle se tourne vers elle pour reprendre la parole. Pas besoin de passer par la pensée. Fauve comprendra.
▬ Je vais voir avec le régiment si je peux le garder, et je demanderai son avis à la jolie fille de la clinique pour bestiaux aussi. Comme tu dis, un nom, c'est pas suffisant. Mais c'est déjà un bon début, non ? Au pire, ça l'aidera p'tet à avoir moins peur des gens.
▬ Ouais ! On est pas des barbares, nous.
Java se relève, et se concentre. Avant même qu'elle ait le temps d'envoyer une interrogation télépathique aux deux autres, elle reçoit un nouveau message.
(J'ai croisé des gars d'Alvar, ils vont venir pour s'occuper du camp et des deux gougnafiers.)
(Merci.)
(Il reste combien de familiers à ramener ?)
(Euh, six, enfin... quatre. Y en a deux qu'on va gérer personnellement avec Fauve.)
Elle analyse la scène du regard, puis se tourne entièrement vers Fauve.
▬ On a du renfort qui arrive. Des collègues pour cataloguer et nettoyer le périmètre, et les deux Java qui emmèneront les quatre familiers qui restent. Je m'occupe d'expliquer dans mon rapport ce qu'on va faire avec nos deux machins... Tu veux faire un petit coucou à ton ami bureaucrate ? Ou on va se manger un bout avant ?
— C’est sympa le nom que tu lui as trouvé, il a l’air de l’avoir bien pris, beaucoup moins que Truc ou Bidule.
— Truc moche ! Bidule moche aussi. Peux mordre méchant humain ?
— Je ne serais pas contre Soly que tu fasses tes dents dessus.
— Bien, vais faire !
— Mais, tu ne peux pas.
— Pourquoi ?
— Parce que sinon le monsieur qui sent fort l’alcool chez les Belluaires vas nous mettre dans une cellule qui sent le moisi.
— A non ! Ne veux pas.
— Moi non plus je ne veux pas alors on ne va pas le faire. Tout simplement.
— Même pas petit bout ?
— Même pas un petit bout malheureusement.
Il y a un soupir presque commun qui sort de ma bouche et celle de Soly, j’ai même l’impression que Farouk a aussi imité ce moment avec une étrange similitude de timing. Ce n’est pas un mal pour le coup, mais c’est assez perturbant de le vivre tout de même, surtout avec un animal aussi grand qu’un Frouska. Je voulais une monture, c’est certain, mais je ne pensais pas en avoir une de cette manière là pour être franc. Un des clones de Java ricana clairement à l’échange avec mes familiers même s’il n’y avait qu’une seule partie compréhensible et cela me fit sourire aussi.
— C’est bien que les renforts s’occupent du reste. Même si je suis satisfait d’avoir récupéré ce grand pot de colle, j’aurais bien voulu que mon signalement soit pris au sérieux plus tôt… Enfin, je doute que cela ait changé quelque chose vu que c’est seulement l’histoire de quelque jour de différence, mais grogner contre l’administration est plus simple.
Je pèse le pour et le contre sur la suite de la situation. J’ai une forte envie d’aller narguer avec un plaisir non fin cet idiot de Pastis et son envie de me mettre en cellule pour un vrai souci, mais en même temps cela ne fera que renforcer ma rancune envers cet homme de si peu de foi en ce qu’on lui raconte si on a le malheur de draguer le bien trop mignon bout de femme qui a accepté de passer sa vie à ses côtés.
— Je serais plus d’humeur à manger un bout avant et faire comprendre à mon nouveau pote qu’il ne pourra pas me coller ainsi toute sa vie… Puis, je pense qu’une pomme ne va pas satisfaire l’estomac de ton futur chapardeur de repas. Tu savais que le laïum est un voleur de nourriture et un couard de nature, mais qu’il fait tout de même un bon combattant une fois entraîné ?
— Combat ? Contre dragon ?
— C’est un laïum, pas un dragon et non, tu ne vas pas le combattre.
— Oh… Pas amusant…
— Enfin, sauf si notre amie Java souhaite bien d’un combat amical à l’avenir une fois qu’elle aura entraîné son jeune ami.
— Pourquoi entraînement ?
— Sinon tu vas gagner trop facilement et cela ne sera pas amusant.
— Gagner toujours amusant.
— Même contre les chiots ?
— Oh ! Non, pas amusant. Attendre alors.
— Je me disais bien… Bref, pour résumer, Soly voudrait affronter Kalenji quand il sera d’attaque pour attraper lui aussi des criminels. Tu as une bonne adresse pour nous restaurer ?
Farouk posa sa tête sur mon épaule gauche et je caressai le haut de son crâne doucement. Je suis tombé sur un assez câlin et tactile visiblement et cela me fait grandement plaisir.
Pendant ce temps, Java a réussi à convaincre son « petit » Kalenji de rester par terre pour le moment, quitte à ce qu'il s'emmêle entre ses jambes. Elle écoute attentivement l'avis de Fauve en hochant vivement la tête, et se gratte le menton avant de répondre.
▬ Ouais, j'en avais entendu parler... J'ai quelques parchemins pour familiers qui traînent, ça devrait lui servir. Quand il sera bien entraîné, j'pense qu'on pourra faire de grandes choses, lui et moi !
Elle se penche un peu en avant pour s'adresser à Soly.
▬ Et je suis sûre qu'il sera content de s'entraîner avec une gentille fille comme toi !
Le temps qu'ils papotent, les renforts de la division d'Alvar sont arrivés. Méthodiques et efficaces, Java sait qu'elle peut leur confier l'affaire sans s'inquiéter qu'elle soit menée à bien. Après avoir récolté les souvenirs des clones disparus, elle fait signe à Fauve de la suivre, et pendant qu'ils marchent vers le Village Perché, elle énumère les bons coins qu'elle a repéré, et qui acceptent encore de la servir.
▬ Y a une auberge bien sympa qui fait des bons p'tits rôtis, et les chambres sont pas trop chères si tu veux crécher sur place. Sinon tu peux toujours squatter ma chambre gratos ! J'ai une patrouille de prévue cette nuit donc t'auras assez d'espace pour ronfler tranquille. J'f'rai de mon mieux pour pas te réveiller en rentrant.
Absolument détendue, souriante, Java jette un regard à son laïum. « Son » laïum ? Oui, allez. Le sien, rien qu'à elle, son dragon d'amour.
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