Newt d’Arphéos

- Prends le ! Il s’agit de ton fils !

Au loin, le rugissement du dragon retentit, suivi d’un autre bien plus fort. Le gouverneur secoua la tête, refusant catégoriquement. Bien qu’il soit son seul fils, ce gamin n’était qu’un batard et en cette nuit d’Aout, peu après sa naissance, sa mère reprenait la mer. Défendre les mers d’Aryon, voila la tache de cette mage maitrisant l’Eau du Dragon. Abandonner l’enfant, dépasser l’adultère par l’insignifiance, voilà le but de M. d’Arphéos. Riche dirigeant de,la seconde plus puissante ville d’Aryon, il ne pouvait se permettre cet affront.

La jeune mère soupira et lui fourra l’enfant dans les bras. Elle siffla et un puissant dragon argent se posa près d’elle. Quand l’homme voulut lui rendre l’enfant, un dragon blanc, bien plus petit, s’interposa en grognant. Il était coincé. Il céda et rentra avec ce fils indésiré.

Dans la grande batisse dominant la ville, le médecin l’attendait. La femme du gouverneur venait de rendre l’âme d’une maladie la menaçant depuis fort longtemps. Avisant l’enfant, le vieux médecin fit une proposition :

- Déclarez votre femme décédée dans un accouchement, vous justifierez ainsi ce petit. Je sens en lui un grand potentiel, croyez moi.

***
Ainsi Newt grandit dans cette grande demeure, passant le plus clair de son temps avec Nivom, son plus proche compagnon. Son père l’éduquait mais gardait néanmoins une certaine distance ; l’enfant, pourtant, ne manquait de rien et partageait des moments de joies avec son père. Il ignorait tout de son sang impur. Jusqu’à ce jour de ses 17 ans.

Il était parti dégourdir les ailes de son dragon au dessus de la mer, rasant l’eau avant de s’élever haut dans les airs. L’air de la liberté, de la mer, le rendait ivre. Mais l’ivresse doit prendre fin et il rentrait au crépuscule dans la grande demeure devenue la sienne. Étrangement, son père l’attendait au salon, une lettre à la main.

- Fils, il faut qu’on parle. Lis ceci.

La lettre venait d’une soldate de la garde maritime d’Aryon, dévoilant ce secret sur sa naissance, s’excusant de ne pas avoir pu prendre soin de lui et lui léguant un maigre butin. Son père prit alors la parole, lui expliquant alors tout ce secret, ému aux larmes d’avoir ainsi trahit son fils. Newt, sourd à son pardon, sortit et retrouva Nivom. Les deux comparses s’envolèrent et errèrent dans les cieux. Newt fut conscient de son impurté et du mensonge qu’il était et ne pensa pas pardonner son père.

Les années passèrent et Newt était aujourd’hui un jeune homme fort, brillant. Il avait su faire la paix avec son père et avec lui-même. Le mensonge de sa naissance ne fut pas ébruité et aujourd’hui, son père lui enseigne comment prendre un jour sa relève.