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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    La Belle, la Bête, et la Reine
    Iris DelancyMéduse Flambeuse
    Iris Delancy
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    La Belle, la Bête, et la Reine
    Mer 5 Mai 2021 - 20:04 #
    L’étrange demoiselle aux cheveux céruléens était postée devant la vitrine de l’atelier, abritée du soleil sous une ombrelle qu’elle s’amusait parfois à faire tourner comme une petite fille. Petite, elle ne l’était plus. Après tout, qui pouvait deviner que sous ses airs de poupée de porcelaine se cachait un être âgé de plus de deux siècles ? Derrière l’énigmatique personnage, on pouvait entendre les cris des maraîchers qui hurlaient pour attirer leur clientèle depuis une rue voisine, les rires des enfants courant avec des cerceaux et le roucoulement des pigeons dodelinant leurs plumes sur le trottoir. Les volatiles étaient à la recherche de miettes ou d’épluchures à picorer et il fallait dire qu’ils avaient de quoi trouver leur bonheur. De nombreux commerçants avaient installé des stands en rangées depuis lesquels ils préparaient des encas salés comme sucrés pour les promeneurs s’en allant vers l’Île Citadelle. On sentait d’ailleurs le petit fumet des saucisses aux herbes ou des pilons de dinde rôtis venir chatouiller les narines et donner l’eau à la bouche.

    Un banquet dans chaque rue, ce monde est décadent en plus de n’avoir aucun sens…

    Méphilia avait les yeux rivés sur la devanture de la boutique. Face à elle s’étalait plusieurs petites figurines de verre, tantôt opaque tantôt translucide, arrangées en petites scénettes sur plusieurs étagères ou piédestaux afin d’attirer le badaud qui flâne en quête de curiosités. Les couleurs des figurines étaient si variées qu’on aurait dit un étalage de petites pierres précieuses, merveilleuses constellations de gemmes brillant d’un éclat étrangement pur. La belle enchanteresse grimaça en voyant un couple monté sur une boîte à musique. La femme portait une belle robe poupre, bouffante aux plis tourbillonant ainsi qu’une tiare. Elle se tenait aux bras d’un homme en pourpoint noir piqueté de petites étoiles en feuille d’or, une épée argentée à la ceinture. Ils irradiaient de beauté et de bonheur, au milieu d’une cohorte d’animaux cristallins.

    Je vois qu’elle fait toujours dans la mièvrerie.

    - C’est beau hein ces petites choses ? Fit une voix aux côtés de Méphilia.

    L’intéressée fit volte-face pour constater qu’une vieille dame se tenait à ses côtés, appuyée contre une canne à pommeau de bronze. Le visage doux, elle souriait, deux petites fentes en guise d’yeux cachés derrière des lunettes à chaînes, à la monture en demi-lune. Parée d’un châle en laine et d’une robe assez sobre à col de dentelle fermement boutonnée, le ruban de son chapeau cloche en feutre ondulait à chaque fois qu’elle bougeait sa petite tête ronde. La grand-mère, toute guillerette, devait partir faire ses emplettes du jour, armée d’une grande sacoche pliée entre ses doigts. Les courses, grande occupation des personnes âgées, sans doute un moment de contemplation qui leur permettait de profiter d’un tant soit peu de recul sur leur vie déjà écoulée. Le regard de Méphilia n’exprimait rien face à la mamie, elle se contenta de hausser les épaules et de lui répondre :

    - C’est un style.

    - Je vais sûrement acheter cette boîte à musique pour ma petite fille, avec le prince et la princesse. Qu’est-ce qu’elle va adorer ! Enchaîna la vieillarde avec la ferme idée que tout ceci intéressait la magicienne.

    - Vous connaissez la sculptrice ? Demanda Méphilia d’un ton glacial.

    - Non. Répondit la grand-mère en ouvrant des yeux interrogateurs. Vous, si ?

    - Oh oui, et il n’y a qu’une chose qu’elle a su convenablement sculpter avec son verre : des pantoufles.

    Prompte, Méphilia replia son ombrelle sous le regard incrédule de la vieille femme avant d’ouvrir la porte et d’entrer dans la boutique, laissant son interlocutrice dehors avec un tas de questions. L’intérieur était tout aussi arrangé que la devanture, aucune sculpture ni figurine n’était placée au hasard. Une grande estrade, vide, était précédée par un long tapis rouge qui avait dû voir passer du monde. Les yeux de Méphilia brillèrent d’un éclat perçant en voyant la scène, si bien qu’elle fronça les sourcils comme si elle en était courroucée. En entrant dans cette modeste échoppe, elle espérait retrouver une ancienne connaissance avec qui elle n’était plus en bons termes. Dans son ancienne réalité, il n’y avait qu’une seule personne capable d’émerveiller autant les cœurs avec du verre et en faire des pantoufles : la Fée Marraine.

    - Inutile de se cacher, fit-elle en haussant le ton dans la boutique déserte, je sais que vous êtes là. Vous risquez d’avoir une petite surprise, ma chère, mais la Reine est de retour.

    Tournant les yeux, Méphilia tomba nez-à-nez avec une splendide sculpture de rose sous une cloche de verre, lui faisant lever les yeux au ciel. Elle eut l’envie subite de la balayer de son ombrelle, s’impatientant de la venue de sa vieille ennemie. Était-elle encore en train de changer des haillons en robe de bal ? La demoiselle n’avait jamais été patiente, encore moins depuis qu’elle se considérait souveraine…

    - Montrez-vous, on ne fait pas attendre la Reine des Fables.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
    Informations
    Re: La Belle, la Bête, et la Reine
    Mer 12 Mai 2021 - 23:26 #

    La Belle, la Bête

    et la Reine

    Inaros


    Il ratifia la phrase qu’il venait d’écrire, indécis quant à la formule qu’il voulait utiliser pour contacter son ami, associé et mercenaire, Sandro Deketzione. Ce dernier, grand ami de son père adoptif décédé, était l’un des archontes de la Compagnie sur laquelle il veillait dans l’ombre. Quelques jours auparavant, un célonaute avait rapporté des informations qui pouvaient permettre de mettre la main sur un artefact ancien sur l’une des îles de l’Archipel, territoire de ce fameux associé. Inaros fronça les sourcils, essayant de s’appliquer sur son écriture. Ivara, celle dont il habitait le corps depuis des lunes, avait une graphie soignée et élégante, bien loin de celle d’Inaros qui était bien plus « pattes de mouche ». S’il s’appliquait, les mouvements de son poignet réussissaient à former les mêmes boucles sur ses lettres que celles d’Ivara. Ainsi, en se concentrant suffisamment, il était même capable de copier parfaitement l’écriture de la tisseuse de verre. C’était un talent qu’il s’était bien caché de lui révéler. S’il le voulait, il pouvait tout à fait falsifier ses comptes et ses missives.

    Il redressa la tête après quelques minutes, persuadé d’avoir entendu du bruit devant la porte de la boutique. Lui-même était dans la réserve, paré à consacrer cette journée à de la paperasse en tout genre. Il fronça les sourcils en se demandant s’il avait bien verrouillé l’accès à la boutique. Plus tôt ce matin-là, il était sorti acheter quelques victuailles chez un commerçant à quelques pas de là. Il reposa sa plume et tâta ses poches, soulagé en sentant que la clé de L’Atelier était bien dans sa poche. Il était désormais persuadé d’avoir fermé derrière lui. De toute façon, il ne pouvait pas assurer le commerce d’Ivara lorsqu’il était aux commandes. Il était bien trop occupé avec son propre métier et, surtout, n’avait pas envie de vendre ces maudites sculptures. Oh, elles étaient belles mais ce n’était pas sa tasse de thé.

    Il trempa la pointe de sa plume dans l’encre, lorsqu’une voix crissante le fit bondir sur place. Il n’avait pas fermé et quelqu’un venait de rentrer. Furieux de cette étourderie de sa part, de plus en plus nombreuses ces derniers temps, il se leva pour expliquer à l’arrivante que L’Atelier était fermé pour la journée. Depuis qu’il était revenu de ce Désert Volant, il se sentait plus fatigué et d’une humeur plus morose. Il était pressé de pouvoir trouver un moyen de retrouver un corps bien à lui et cela passait par ces recherches d’objets anciens. Il allait s’occuper de cette personne, en aurait pour deux minutes, et retournerait à ses préoccupations.

    - Reine des fables ou pas, c’est fermé, rétorqua-t-il en sortant de la réserve. J’suis désolé mais...

    Il s’était interrompu lorsque son interlocutrice était rentrée dans son champ de vision. Il n’y avait pas plus détonnant que la tenue de cette femme et il resta interdit pendant quelques secondes. Il faisait pâle figure, quant à lui, avec sa combinaison habituelle, bleue nuit,  qui lui collait au corps en le laissant libre de ses mouvements. Pour l’occasion, il avait utilisé le peigne magique pour raccourcir ses cheveux blonds et le coiffer d’une coupe à la garçonne. Ses traits restaient typiquement féminins, mais il veillait toujours à dissimuler ses formes sous divers bandages. Ses interlocuteurs le genraient ainsi selon leur convenance.

    - ...nous sommes fermés, m’dame, acheva-t-il d’une voix monocorde.

    Si jamais cette personne descendait d’une noble lignée, alors il ne pouvait pas se permettre de perdre quelques cristaux. Dans un élan de courage, il lança avant qu’elle ne puisse répliquer quoique ce soit.

    - Tout’fois, si une de mes sculptures vous plaît, j’suis prêt à vous les vendre. Suffit d’me dire.

    C’était bien comme ça qu’elle faisait, la tisseuse de verre, non ? Accueillir les clients, les convaincre d’acheter ce qu’elle produisait, les arnaquer en leur offrant des boissons et des encas à des prix exorbitants… Peut-être bien qu’il serait aussi capable de le faire.

    Mais ça ne semblait pas aux goûts de la femme aux cheveux bleus. Elle le regardait avec un mélange de mépris et de méfiance. Il ignorait ce qu’elle lui voulait, mais son expression laissait trahir que ce n’était pas pour acheter une sculpture. Elle était ici pour autre chose et il n’avait pas envie de le découvrir sur le tard. Ivara s’était-elle mise dans une position délicate sans le prévenir ? Il se promettait de lui en parler ce soir et de lui passer un savon si tel était le cas. Des semaines qu’ils ne se parlaient plus et qu’ils étaient en mauvais terme, mais il détestait ce genre de surprises.
    Iris DelancyMéduse Flambeuse
    Iris Delancy
    Informations
    Re: La Belle, la Bête, et la Reine
    Jeu 13 Mai 2021 - 19:46 #
    - Des sculptures ?! Rugit Méphilia, la main sur la garde de sa rapière, attachée à son ceinturon. Ai-je l’air d’avoir envie de stupides sculptures de verre ?

    D’un geste prompt mais gracile, l’enchanteresse dégaina son arme pour briser les attaches à froufrous retenant les rideaux de la devanture. Sitôt la cordelette coupée, les rideaux de velours tombèrent devant la farandole de figurines, empêchant de quelconques passants curieux d’admirer les œuvres cristallines ou de les déranger. Méphilia n’avait rien brisé, ni même effleuré le moindre petit morceau de verre malgré son ample mouvement de lame. La demoiselle s’avança un peu plus à l’intérieur de la modeste boutique, marchant sur le tapis rouge menant vers l’estrade. Son épée toujours fièrement brandie, elle fixait l’être androgyne qui se dressait face à elle. Fagoté d’une seconde peau de tissu bleu marine, il avait de longues oreilles pointues légèrement décollées et une tignasse aussi dorée que de la paille.

    Qui que fut cet inconnu au ton bourru et agressif, il ne ressemblait en rien à la Fée Marraine qu’elle avait connu. Était-il seulement un homme ? Méphilia n’était pas du genre à juger sur les apparences. Sous ces airs de garçon des rues se cachait peut-être une autre femme. Si oui, alors peut-être qu’il s’agissait bien de son ancienne rivale, se dissimulant sous une nouvelle persona. Oui, cela ne pouvait pas être un hasard. Autrement, que faisait cette personne seule dans l’arrière-boutique d’une galerie de sculptures ? Elle devait sans doute manigancer n’importe quoi pour envoyer une nouvelle greluche dans un noble bal avec promesse d’amour éternel, ou une autre mièvrerie du genre. Cela avait le don d’exaspérer Méphilia. Mais, dans l’immédiat, elle voulait surtout des réponses.

    - Si la boutique était fermée, alors il aurait été judicieux de ne pas laisser la porte grande ouverte. Mais peut-être aviez vous réalisé qu’il était inutile de fuir?

    La Reine des fables marqua une pause, agitant légèrement son épée, causant quelques entailles à peine visibles dans le tapis duveteux. Elle continuait de s’avancer, ne quittant pas des yeux son interlocuteur toujours sur ses gardes.

    - Ivara Streÿk. Combien de noms d'emprunts avez-vous exactement ? Vous avez de l’audace de vous pavaner avec votre propre commerce. Je suis certaine que ces imbéciles doivent adorer vos pantoufles de verre et vos belles tirades sur les fins heureuses. Vous savez qui vous avez oublié ? Moi !

    Les yeux plein de fureur, la demoiselle donna un coup rageur avec sa rapière, cette fois-ci lacérant net le tapis, laissant une ouverture béante sur le plancher, légèrement raillé. L’inconnue, taciturne, avait l’air prête à en découdre et sa tenue laissait penser qu’elle était suffisamment agile pour se battre. Méphilia n’en attendait pas moins de la Fée Marraine, quelque soit la vulgaire forme qu’elle avait choisi d’adopter.

    - J’ai votre baguette d’ailleurs, pauvre Marraine. Malheureusement pour vous, elle a perdu toute sa magie. Je me demande si c’est votre cas aussi ? Ça expliquerait donc pourquoi vous vous cachez dans une boutique pouilleuse, dans un quartier de pouilleux. Même vous, vous avez l’air pouilleuse

    Nonchalamment, Méphilia éclata d’un rire si sardonique qu’il résonna dans toute la pièce, un rire mêlé d’orgueil mais aussi d’une grande satisfaction. La magicienne avait réellement l’impression d’être tombée sur une ancienne ennemie, de l’avoir acculé comme une biche blessée au bord d’un gouffre.

    - Combien de héros minables avez-vous réunis pour me fuir ? Qui a osé prendre part à cet odieux rituel qui a altéré notre monde ? Les quatre héros de la Lumière devaient être là, je présume, de même que le Prince Charmant. Et comment pourrais-je oublier Ovide, cette vermine… Lui aussi a dû avoir un rôle à jouer dans cette affaire.

    La colère ne faisant que monter, Méphilia décida de monter encore d’un cran. Laissant la rage l’envahir, elle invoqua sa magie pour se laisser revêtir d’une merveilleuse armure, un exosquelette pailleté aussi dur qu’une armure d’acier. De magnifiques ailes irisées de papillon vinrent se déployer dans son dos, comme pour impressionner son adversaire et lui montrer qu’il n’avait pas d’espoir de fuite. Elle pointa sa rapière vers la personne qu’elle prenait pour sa rivale, plus déterminée que jamais :

    - Dommage pour vous, je vous ai suivi dans ce nouveau monde aux histoires inachevées. Votre stratagème n’a servi à rien, je sais que vous êtes tous là, quelque part dehors ! Maintenant ma vieille, quelque chose à dire avant que je brise définitivement vos pantoufles ?
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
    Informations
    Re: La Belle, la Bête, et la Reine
    Ven 6 Aoû 2021 - 17:14 #

    La Belle, la Bête

    et la Reine

    Inaros


    Inaros n’avait pas l’occasion d’en placer une face à l’étrange femme. Elle ne cessait de surenchérir et de dire des choses qui n’avaient aucun sens. Lui qui, quelques minutes encore avant, avait été paisiblement installé dans l’arrière-boutique, ne comprenait pas ce qui lui tombait sur la tête. Il pencha sa tête sur le côté puis plissa les yeux et désigna la pancarte retournée contre la porte. Il s’apprêtait à lui dire qu’il était pourtant bien indiqué « fermé », dessus, quand elle se mit à parler de nom d’emprunt.

    Il s’arrêta de respirer, la pression montant d’un cran. Était-elle un assassin, envoyée pour le tuer ? Avait-elle une dent contre lui ? Inaros avait plusieurs ennemis. Même dissimulé sous les traits de la sculptrice, il était toujours possible de remonter sur sa piste. Il avait déjà eu le coup avec sa demi-soeur, Violette, qui l’avait retrouvée après des semaines d’enquête. Mais qui d’autre pouvait enquêter sur lui ? Il réfléchissait à toute vitesse, essayant de retrouver le nom de ses anciens antagonistes. Il y avait bien eu Abigaëlle l’immatérielle, Wolnner l’expert ou encore Grégory poudre-d’or mais toutes ces querelles s’étaient terminées au moment de sa mort… Il voyait mal ces trois fripouilles déterrer des cadavres pour ressasser d’anciennes rivalités.

    Et si c’était Violette ? Si c’était elle qui l’avait trahi ? C’était inimaginable. Ils s’étaient quittés sur des bases saines et solides… À peu près. Il détailla l’individu qui lui faisait face et qui semblait très sûre d’elle. Pour avoir autant d’audace et de cran, c’est qu’elle devait être puissante. Quel pouvait bien être son pouvoir ? Ce n’était pas une caractéristique physique visible et Inaros espérait que ce n’était pas du contrôle mental… Il n’avait même pas son talisman d’indépendance sur lui pour espérer y jeter un coup d'œil.

    Alors, oui, certains de ces propos n’avaient pas de sens mais, dans tout ce charabia, un mot interpella le mercenaire. La baguette. Fallait-il mentionner que, de tous les artefacts et reliques actuellement recherchés par son ordre, la baguette de la destinée en faisait partie ? Objet magique, mystérieux, introuvable et mentionné ici et là dans quelques vieilles légendes qu’Oscar avait déniché quelques semaines auparavant. Si elle existait réellement, nul doute que l’Ordre comptait remettre la main dessus. Mais le plus long du travail restait encore à faire… C’est pour ça que, lorsqu’elle mentionna la baguette, il réussit à en placer une. Magie perdue ou pas, l’occasion était trop belle.

    - De quelle baguette tu…?

    Mais impossible de terminer sa question. Elle se mit à parler de héros de Lumière et de prince charmant. Le seul prince qu’Inaros connaissait résidait dans le Palais, bien au chaud et il n’en avait vu que des portraits et des carricatures. La seule conclusion plausible à tout ce charabia ne pouvait qu’être évidente…

    - T’es complètement tarée.

    Et il fallut qu’elle balance un nom sorti d’outre-tombe. Ovide. Un nom qui lui était familier pour avoir été ressassé dans plusieurs légendes, une en particulier qui mentionnait un pendentif. Soit elle était vraiment complètement folle, soit elle connaissait des choses et se faisait passer pour une dégénérée. Ce qui n’expliquait toujours pas qui elle était et ce qu’elle lui voulait. Elle l’avait quand même appelé Ivara Streÿk, il était donc très méfiant depuis ce moment-là. Que savait réellement cette femme aux cheveux bleus ?

    Il eut enfin le loisir de voir de quoi elle était capable. Après avoir proféré d’ultimes menaces, elle se revêtit d’une armure complète et le menaça avec sa rapière. Or, s’il y avait bien un objet qu’il avait toujours sur lui, c'était son plan B. Une arme technologique dissimulée dans un petit gantelet et qui lui permettait de sortir une petite lame de verre de sa confection en un clin d'œil. Un petit mouvement du pouce et du poignet lui permettait d’allonger cette lame et d’en faire une petite épée. Profitant de la surprise provoquée par l’apparition de son arme et du coup qu’il porta pour dégager la rapière de la demoiselle, il courut vers l’arrière-boutique.

    Une fois à l’intérieur, il prit rapidement du sable et le jeta sur la femme en armure. Dans son mouvement, le sable se transforma en verre en fusion, liquide et extrêmement chaud, qui vint se solidifier sur la cible du mercenaire. À l’impact, c’était un verre tranchant, mais pas assez tranchant pour entailler la protection magique.

    De toute façon, il ne voulait pas la blesser. Elle avait levé la main en premier contre lui, il allait lui montrer de quel bois il était capable de se chauffer.

    Allongeant sa lame et prenant fermement la garde en main, il pointa à son tour son arme sur la citoyenne.

    - Tu m’veux quoi et qui t’es ? J’ai assez perdu d’temps comme ça avec tes conn’ries. Et m’en raconte pas plus. Tes héros d’lumière et ta marraine, j’vais t’les faire sortir par les yeux s’tu continues.
    Iris DelancyMéduse Flambeuse
    Iris Delancy
    Informations
    Re: La Belle, la Bête, et la Reine
    Sam 7 Aoû 2021 - 21:06 #
    - Qui je suis… QUI… JE… SUIS… ?!

    Les étincelles dans le regard de Méphilia se transformèrent en brasier. Serrant les dents, elle baissa sa rapière et la planta dans le parquet ciré pour s’appuyer dessus comme un noble se pavanerait avec sa canne. Agitant ses ailes nerveusement dans son dos, l’enchanteresse faisait onduler les rideaux de la devanture et tinter les figurines de verre exposées devant. Encore une fois, elle n’était pas comprise. Et ce rustre se permettait de la menacer en plus de lui jeter de petits projectiles comme un enfant qui jetterait du gravier sur un pigeon pour l’effrayer. Tous les habitants de ce monde ne cessaient de la contredire et la prendre pour une folle, cette personne ne faisait pas exception. Néanmoins, quelque chose la turlupinait, était-ce ses traits androgynes ou ses manières de rustre ? Quelque chose n’allait pas rond, le nom de la Fée Marraine ne lui évoquait rien, l’inconnu ne réagissait même pas en l’entendant, pensant à des sornettes.

    - Vous autres maudits vous n’avez que cette question aux lèvres. Posez la à vous même avant de m’interpeller, imbécile. Je suis Méphilia, la Reine des Fables. Et tout comme vous, pauvres âmes en perdition, j’ai été maudite et transportée dans cet univers abject par les héros de Lumière et la Fée Marraine. Ironie du sortilège, je suis la seule à avoir conservé ma mémoire.

    Faisant fi des menaces de l’individu lui faisant face, elle fit quelques pas en avant, continuant de marteler le sol du bout de sa lame, piquetant les lames de bois de trous fins épousant la forme du métal. Elle ne pouvait pas croire que la Fée Marraine avait transporté tout un monde vers un autre espace-temps sans prendre le soin de conserver sa propre mémoire. Personne n’aurait fait une chose pareille, il y avait anguille sous roche et Méphilia n’aimait pas ça. Manifestement, l’inconnu n’était pas celle que cherchait l’enchanteresse, et elle venait à se demander pourquoi il, ou elle, vivait parmi toutes ces sculptures de verre.

    - Et quelle mémoire ! Plus de deux siècles passés à combattre contre ces héros, à perfectionner mes talents pour devenir une escrimeuse inégalée, à explorer les arcanes d’enchantement les plus ésotériques… J’ai fait basculé des royaumes, altéré bon nombre de destins, forcé mes plus grands ennemis à maudire un monde tout entier juste pour m’échapper. Et toi, petite âme, tu penses pouvoir me faire du tort ? Je passais mes rivaux au fil du rasoir alors que tu n’existais même pas encore !

    Elle soupira, lassée par la situation, et frustrée de ne pas avoir trouvée la vieille ennemie qu’elle traquait sans relâche. L’enchanteresse était tombée sur un enquiquineur brutal et vulgaire qui mâchait ses mots comme s’il déchiquetait de la viande grasse. Malgré la déception de ne pas avoir trouvé la Fée Marraine, Méphilia était toujours gênée par quelque chose. La présence de cette personne au milieu de cette boutique n’avait aucun sens. Il était brutal, grossier et mufle, aucun attribut qui ne va de pair avec une sculptrice de verre, taillant savamment ses figurines. L’inconnu n’avait pas réagi ni en parlant de la Marraine, ni de la dénommée Ivara, alors qui était-ce donc ?

    - À vous de me répondre à présent. Que faites-vous là ? Où est la propriétaire de cet endroit ? Vous n’avez rien d’une délicate tailleuse, vous n’êtes pas une artiste. Je ne suis manifestement pas la seule à n’avoir rien à faire dans cette échoppe poussiéreuse, alors bas les masques vous aussi.

    Elle releva à nouveau sa rapière sans se démonter face au regard perçant de son interlocuteur. Toutefois, au lieu de le menacer avec son arme, elle fit quelques moulinets à gauche et à droite, esquivant adroitement les plus grosses sculptures, scrutant l’inconnu pour voir s’il allait finir par réagir. L’enchanteresse voulait qu’il se révèle, et peut-être qu’il lui confie des informations utiles. De plus, elle sentait que les sculptures autour d’elles étaient chargées d’une passion quasi palpable, on pouvait ressentir tout l’amour de l’artiste dans chaque petite figurine, dans chaque mobile accrochés, dans chaque statue fièrement exposées.

    - Ivara Streÿk, où est-elle donc ? Je serais… ravie de m’entretenir avec elle au sujet de ces sculptures. Elle vous a placé ici comme chien de garde, elle doit vous avoir en estime. Répondez donc. Après tout, il n’y a rien à craindre de mes « conneries », n’est-ce pas ?

    Et Méphilia se mit à esquisser un sourire inquiétant.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: La Belle, la Bête, et la Reine
    Dim 8 Aoû 2021 - 15:38 #

    La Belle, la Bête

    et la Reine

    Inaros


    Inaros était prêt à se battre si la demoiselle aux ailes de fée ripostait. La sculptrice ne serait probablement pas ravie de la casse que cette rixe pouvait engendrer. Ils étaient plus proches des éléphants dans le magasin de porcelaine que des danseurs étoiles sur scène. Pourtant, ils avaient tous les deux développé, à leur façon, des talents d’agilité et d'équilibriste. Du moins, c’est ce qu’Inaros imaginait en observant la posture de combat de la femme aux cheveux bleus. Elle ne se battait pas comme une rustre, ni comme une garde. L’esthétique de son arme, sa finesse et sa flexibilité en témoignaient aussi. C’était un vent de fraîcheur que le mercenaire ne refusait pas, toujours en quête de perfectionnement dans ce corps qu’il entraînait depuis des lunes.

    Pourtant, la situation prit une autre tournure et il décida de baisser sa garde à son tour pour ne pas continuer de la menacer. Elle préférait faire des manières avec la garde de sa rapière, s’appuyant dessus comme si elle était issue de la noblesse et qu’ils étaient plongés dans une conversation raffinée. Une seule action dérangea l’homme sans corps : les coups répétés de la pointe de l’épée sur le précieux parquet. Ne pouvait-elle donc pas viser le tapis, afin de ne pas abîmer son lieu de vie ? Son regard se durcit et, avec sa propre lame, il rencontra celle de l’enquiquineuse pour l’empêcher de poursuivre ses méfaits.

    - Reine des Fables qui n’connait pas les règles de politesse élémentaires. Laisse c’parquet et garde pour toi tes insultes.

    Le sourire qu’elle affichait ne plaisait pas non plus à Inaros. Soit elle était folle, soit elle jouait la folle à la perfection. Il ignorait quelle option lui plaisait le plus. La première indiquait, qu’au moins, elle n’en avait pas après lui et qu’elle ne connaissait pas son plus grand secret. La seconde l'obligeait à redoubler de prudence pour ne pas se faire avoir. Ses arguments étaient corrects. Il n’était pas l’artiste qui avait rendu cet endroit d’une telle beauté, mais il refusait d’être le balourd qu’elle dépeignait avec un tel mépris.

    Son histoire de malédiction et d’âge avancé étaient aussi bien ancrés dans un coin de sa tête, mais il préférait ne pas rebondir dessus tout de suite. Nul ne pouvait prévoir la réaction qu’une riposte sur ces points susciterait chez elle. Dans un espace aussi restreint, il était en danger. Il préféra donc opter pour un peu plus de sûreté.

    - Hors d’question d’continuer d’te parler ici.

    Ainsi, il rengaina sa lame dans son gantelet et indiqua d’un signe de tête à la Reine des Fables de le suivre derrière le comptoir. Là se trouvait une porte qui menait dans la petite cour extérieure. Ils y seraient à l’abri des regards et il serait totalement libre de ses mouvements. Elle semblait curieuse de la réponse qu’il apporterait à sa question, pensant peut-être qu’il la conduirait jusqu’à la fameuse Ivara Streÿk. Elle semblait désirer la rencontrer, et cette envie provoquait l’arrivée d’encore plus de questions.

    Une fois dehors, il ressortit sa lame et la fit parcourir l’espace entre lui et son interlocutrice. L’air frais balaya ses mèches de cheveux courtes sur sa nuque. Sans hésitation, il mentit.

    - J’suis aussi l’proprio, alors si t’as que’que chose à dire à Ivara, ça passera par moi. Qu’est c’que tu lui veux ? Tes moulinets n’m’impressionnent pas. S’tu veux t’battre, viens donc l’faire ici et t’auras tout l’luxe d’te pavaner avec tes ailes.

    Le regard un peu plus mauvais, il avança d’un pas vers Méphilia.

    - S’tu voulais vraiment lui parler d’sculptures, tu s’rais pas rentrer ici avec tes menaces et tes histoires d’royaumes.

    Et si… Et si c’était vrai ? S’ils étaient vraiment victimes d’un maléfice de ce genre ?

    - Sauf si… Prouve-moi qu’c’est vrai en m’disant comment était Ovide.

    Une réponse qu’elle ne pourrait normalement pas lui donner. Nul n’avait connu ce personnage de légende, Oscar lui-même n’avait pas encore été capable de trouver les informations dont ils avaient besoin pour creuser davantage ce folklore. Il pouvait bien tenter sa chance. Après tout, lui-même vivait quelque chose que les autres auraient de la peine à croire. Il attendait donc, n’esquissant pas l’ombre d’un sourire. Dans d’autres circonstances, il aurait utilisé son globe de vérité, mais la position dans laquelle il se trouvait l’en empêchait. Il se fierait à ses mimiques pour démêler le vrai du faux.
    Iris DelancyMéduse Flambeuse
    Iris Delancy
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    Re: La Belle, la Bête, et la Reine
    Lun 9 Aoû 2021 - 15:42 #
    - Ovide ?! Ha ha ha… !

    Méphilia éclata d’un rire nerveux, ses éclats de voix raisonnant sur les murs tout autour d’elle. Son interlocuteur essayait manifestement de la coincer en mentionnant Ovide et lui exigeant une description du personnage. Douter de l’enchanteresse sur ce terrain était pure folie, il essayait de lui prouver quelque chose, mais n’obtiendrait malheureusement pas gain de cause. Elle repointa son épée vers le sol, ses ailes frétillant dans son dos à chaque écho de rire, les rayons du soleil reflétant des lueurs irisées sur son exosquelette à chacun de ses mouvements. Chaque fois que ses ailes bougeaient, une fine couche de poussière d’or flottait doucement dans les airs, s-cintillant doucement avant de disparaître. La pluie de paillettes faisait irradier la Reine d’une aura des plus ésotériques, se mêlant parfois à ses cheveux d’azur.

    - Ha ha ha ! Oh Ovide, fol Ovide ! Il était, qu’est-ce qu’il était laid ! Si laid qu’il ne faisait que pleurer sur son sort ! Frêle comme une brindille, plus petit que les autres, l’air benêt et l’air constamment hagard ! Jamais je n’ai vu un être aussi pathétique qu’Ovide ! Il avait peur de tout, un vrai souffre-douleur. Et tout ce qu’il voulait… c’était le cœur d’une femme. Mais quelle femme voudrait de lui ? Il était si misérable. Tout à changé quand il a reçu son médaillon.

    La crise de rire passée, un éclair traversa l’esprit de Méphilia. Ce type ne connaissait pas la Fée Marraine mais avait connaissance du nom d’Ovide ? Ce n’était pas un nom anodin, certainement pas ! Comment sa mémoire avait pu être détraquée mais fonctionner en même temps ? La Malédiction ne fonctionnait-elle que par bribes ? Ou certaines personnes avaient des souvenirs encore intacts ?! Cet inconnu était peut-être un de ses enfants. Un bâtard d’Ovide, ça serait cocasse, mais triste. Ceci étant, il n’avait pas l’air d’être un laideron. Sans doute ne tenait-il pas de son père s’il était bien son descendant. Méphilia se méfiait néanmoins, elle était bien loin de porter Ovide dans son cœur.

    - Tout a changé quand il a reçu son stupide médaillon. Il a pu se transformer en ce qu’il n’était pas. Il avait acquis la beauté d’un prince, mais ni la noblesse de cœur ni d’esprit. Il a cocufié bon nombre d’époux, batifolé avec toutes les femmes qui l’avaient rejeté. Il était toujours misérable, une misère différente.

    Elle marqua une pause, scrutant les traits de celui qui lui faisait face, essayant de voir s’il était bien lié à celui dont il voulait des détails. Il était très loin d’être disgracieux malgré son regard agressif, il n’avait pas non plus une carrure ingrate ni de posture avachie. Ovide, tel que la Reine des Fables l’avait connu, était bien loin d’être aussi athlétique. Et quand bien même il était métamorphosé grâce à son artefact, il n’avait pas ni l’attitude ni le charisme d’un gentilhomme, juste la figure.

    - Ovide n’était rien d’autre qu’une parodie. Et on le traite comme un héros, cela me répugne. Il a eu sa fin heureuse quand il a perdu son médaillon. Il a rencontré une femme qui a bien voulu de lui sous sa véritable forme. Elle devait être tout aussi désespérée… Il a vécu comme un vaurien et a été récompensé, au final. Où est la justice là-dedans ? Je me le demande encore.

    C’était précisément la raison pour laquelle Méphilia haïssait Ovide. Il avait passé sa vie à mentir, à tricher et à être malhonnête et on lui avait donné une épouse qui l’aimait sincèrement ainsi que des enfants, une petite vie rangée. Il n’avait jamais rien mérité, que ce fut son médaillon, ses maîtresses, ou sa famille, mais les avait tout de même eu. On le citait en plaisant tant, on se targuait d’avoir sa malice. Mais tout cela était bien pathétique quand on savait comment il était, il n’y avait rien à envier. La question restait en suspens, que voulait donc son interlocuteur à l’interroger sur un vaurien pareil ?

    - Si vous connaissez Ovide, comment se fait-il que vous ne connaissiez pas la Fée Marraine ? Et que voulez-vous à ce déchet humain ? Répondez.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: La Belle, la Bête, et la Reine
    Mar 10 Aoû 2021 - 14:24 #

    La Belle, la Bête

    et la Reine

    Inaros


    Les lèvres closes, les yeux plissés, la main serrée sur la garde de sa lame qui menaçait toujours l’étrange personnage lui faisant face, rien dans son expression ne trahissait les pensées qui se bousculaient dans son esprit suite à ces révélations. Encore une fois, il se retrouvait partagé sur la véracité de cette histoire. Son excentricité, ses excès de rire et son attitude n’aidaient pas. Cette femme, haute en paillettes si l’on puit dire, était une énigme à elle seule. La question du mercenaire avait été suffisante pour qu’elle révèle un grand nombre de facétie, ou d’éléments bien-fondés. Elle l’avait fait avec assurance, sans la moindre once hésitation dans le regard, la voix ou le comportement. Il avait écouté avec attention, incapable de confirmer les détails sur l’apparence et la vie d’Ovide. Aucun portrait n’en subsistait, ni aucune biographie. Nul n’était même sûr que cet homme ait réellement existé et qu’il n’était pas, en réalité, le fruit des prouesses de plusieurs personnalités. La Reine des Fables, surnom qu’elle portait à merveilles si c’était là l’un de ses contes inventés de toutes pièces, touchait pourtant juste sur un point qu’il pouvait affirmer : les effets du dit-médaillon. Cet objet paraissait incroyable pour qui en entendait parler pour la première fois et était un tantinet intéressé par le sujet. Aux yeux d’Inaros, posséder un tel trésor résoudrait, presque, tous ses problèmes. Il s’imaginait déjà, pouvant revêtir l’apparence de l’homme qu’il avait été jadis été, sans devoir user de subterfuges telles les potions, vendues par ces alchimistes escrocs pour beaucoup trop de cristaux. Un rêve qu’il avait classé sans suite, irréalisable, impossible. Il venait de changer de catégorie depuis quelques minutes à peine. Les propos de Méphilia lui donnaient un ultime espoir.

    - Et son médaillon ? Il est arrivé quoi à son médaillon ?

    Ses mots avaient dépassé sa pensée. Il s’était laissé distraire par les trésors et les strasses lâchés par la fée. Il en était même venu à essayer d’imaginer qui elle était réellement. Un être immortel, était-ce là son véritable pouvoir ? N’était-ce pas son armure et les ailes qui flottaient derrière son dos ? Avait-elle véritablement côtoyé Ovide ? Inaros avait baissé sa garde. Il doutait d’une offensive et il se rendit compte qu’il avait plus besoin d’elle que ce qu’il avait pu imaginer de prime abord. La chance toquait-elle à sa porte ? Il devait en avoir le cœur net.

    - La fée marraine, elle aussi elle a existé ? Elle a des trésors comme c’médaillon ? C’est qui ?

    Et il avait une multitude d’autres questions qu’il luttait pour ne pas les jeter à la figure de la jeune femme.

    - Ovide, j’m’en fous. C’est c’médaillon qui m’intéresse. Qui nous intéresse, j’devrais dire. J’suis Nikolaos et j’suis célonaute. On cherche des tas d’objets d’ce genre. Des objets d’légende avec d’grands pouvoirs. Ou qui ont appartenus aux anciens puissants d’ce Royaume. Sauf que, c’médaillon, l’est vraiment pas tout jeune et c’que tu racontes… C’est vraiment zarb. Tous les objets qu’on cherche appartenait à des gens y’a des siècles d’ça. On galère à trouver des traces, même infimes. T’es aussi vieille qu’ça ? Tu m’fais complètement marcher ?

    Quel dommage qu’il soit seul, qu’aucun archonte ou aucun autre célonaute ne soit à ses côtés pour vivre cette étrange situation à ses côtés. Il voulait tant y croire et considérer que les cancans de cet importun étaient réels, suffisamment pour qu’il puisse y accorder sa patience et son temps. Oh, la découverte de l’existence de ces artefacts avaient changé sa vision du monde. Là où, la veille encore, il aurait découpé en deux Méphilia pour lui mentir de la sorte, il y voyait une porte de sortie pour enfin retrouver la vie dont il rêvait tant.

    - Attends…, ajouta-t-il soudain, l’air un peu plus suspicieux en se souvenant d’un élément. T’es entrée ici en cherchant c’te fée marraine. T’penses que c’est… ?

    Il n’osait pas dire le prénom d’Ivara. Comment pouvait-elle penser que la sculptrice avait quoique ce soit à voir avec ces artefacts ? Aurait-elle osé lui mentir ou lui cacher des choses ? La question était presque rhétorique, ils se haïssaient presque tous les deux. Néanmoins, il souhaitait quand même connaître les arguments de Méphilia. Peut-être avait-elle d’autres choses à révéler.
    Iris DelancyMéduse Flambeuse
    Iris Delancy
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    Re: La Belle, la Bête, et la Reine
    Mar 10 Aoû 2021 - 17:09 #
    - C’est vous qui m’avez demandé comment était Ovide, ce n’est pas de ma faute si vous ne posez pas les bonnes questions.

    Ce Nikolaos ne réfutait pas les dires de Méphilia mais avait l’air en pleine interrogation. Il faisait tout son possible pour démêler le vrai du faux, sans y parvenir. Il demeurait là, face à l’enchanteresse vieille de plusieurs siècles. Cette dernière remarquait bien son incrédulité mais, surtout, son intérêt piqué à vif à chaque fois que le médaillon métamorphoseur était évoqué. Alors, lui aussi, était chasseur d’artefacts… La Reine en avait déjà rencontré moult, de ces pauvres hères battant les sentiers à la recherche de ce maudit pendentif. Il n’avait pourtant rien de si exceptionnel, même s’il pouvait être pratique, elle le reconnaissait. Le chasseur s’était également qualifié de « célonaute », ce titre l’intriguait. S'attribuer un titre impliquait un certain statut au sein d’une quelconque communauté, il devait faire partie de quelque chose. Et Méphilia se doutait bien que ce quelque chose cherchait plus que de simples informations…

    - Le médaillon d’Ovide a été perdu à cause de la femme qu’il a épousé, la seule qui ait réussi à voir à travers ses fausses apparences. Elle a jeté le médaillon au fond d’un étang, et n’a jamais été retrouvé. Mais, ça ne m’étonnerait pas que ce lâche ait plongé au fond pour retrouver son précieux collier… Il aimait sa femme, et ses enfants, mais moi je sais qu’il aimait bien plus le pouvoir que lui conférait son médaillon., je l’ai bien vu ! Dans tous les cas, vous pouvez continuer de le chercher, autant trouver une aiguille dans une botte de foin.

    Le médaillon d’Ovide ne l’intéressait pas pour deux sous. Mais cet homme pouvait se rendre utile si son réseau était suffisamment important. Méphilia pourrait, ainsi, s’en servir pour retrouver les personnes qu’elle traquait et mettre la main plus rapidement et facilement sur les matériaux dont elle avait besoin pour finaliser ses propres desseins. Ces « célonautes » pouvaient être de bons appuis s’ils étaient suffisamment nombreux et organisés, mais l’enchanteresse préférait en apprendre plus à ce sujet.

    - Je l’ai vu, j’ai tout vu. Mais je dois tout réexpliquer à chaque fois, et me justifier… Pendant deux cent ans j’ai dû affronter les héros que vous adulez tant. Leurs artefacts, je les ai vus maintes fois. Mais, à quoi bon gaspiller ma salive, vous ne semblez pas me croire

    Méphilia rengaina son arme, lassée, et fit disparaître sa transformation en un tourbillon de paillettes. Retrouvant son aspect initial, elle épousseta sa robe de petits revers de ses mains gantées.

    - Quant à la Fée Marraine, c’est l’une de mes plus grandes ennemies. Elle ne fait qu’aider ces héros, sans arrêt, constamment ! S’écria Méphilia, un éclair rageur luisant dans ses yeux. Je suis sûre que c’est elle qui a lancé cette Malédiction, et qu’elle se terre quelque part. J’ai cru que c’était cette Ivara Streÿk, mais je me suis trompé. La Marraine adore le verre, notamment en pantoufles. J’ai cru qu’elle se cachait ici, mais l’absence de protection magique est en soi un indice suffisant pour me faire comprendre qu’elle n’est pas là

    Elle soupira, à la fois courroucée et agacée de voir que sa rivale lui avait, une fois de plus, échappé. Mais il ne fallait pas qu’elle désespère, elle était déterminée à obtenir sa fin heureuse, coûte que coûte. L’enchanteresse releva les yeux vers son interlocuteur avant de reprendre :

    - Et il y en a beaucoup de ces… célonautes ? Je gage que, une personne de mon calibre, qui a vu de ses yeux les artefacts qu’ils traquent, leur plairait beaucoup. Mais, je ne suis pas intéressée par les belles paroles. Allez-y, je vous écoute.
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: La Belle, la Bête, et la Reine
    Jeu 12 Aoû 2021 - 13:41 #

    La Belle, la Bête

    et la Reine

    Inaros


    Abandonnant ses artifices pour retrouver, malgré tout, une apparence toujours aussi peu commune, Méphilia lui apporta plus de réponses qu’il n’aurait espéré. Il était même plutôt impressionné par tous ces détails. Si ces mensonges lui venaient naturellement, Inaros acceptait de bonne guerre de se laisser berner de la sorte. Rares étaient les gens qui s’intéressaient aux artefacts et reliques anciennes, mais ceux qui pouvaient se vanter d’en avoir vus ou trouvés n’étaient qu’une poignée. Alors ceux qui pouvaient justifier avoir côtoyé leur créateur… Le mercenaire ne connaissait que cette étrange femme. Dans leur monde où la magie était omniprésente, il pouvait bien croire qu’elle puisse vivre tant d’années sans que les signes de la vieillesse ne flétrissent son épiderme. Personne ne pouvait deviner ce que dissimulait ce visage aux traits lisses et parfaits.

    - T’as raison. J’aurais dû commencer par t’demander c’quoi ton pouvoir, répliqua-t-il avec un sourire à moitié amusé par la situation. Celui-ci disparut pourtant bien vite, comme s’il n’avait jamais existé. T’es immortelle ? C’ton secret ? L’armure qu’tu portes, c’est aussi un artefact qu’t’as trouvé…?

    Des questions, encore des questions. Mais comment aurait-il pu en être autrement ? Il avait l’envie irrépressible d’en savoir plus à son sujet. Et, s’il réussissait à la convaincre de se joindre à son groupe, alors la cérémonie mettrait un point d’honneur à confirmer - ou infirmer - ses dires. Il avait, bien évidemment, aussi rengainé sa lame. La confrontation physique avait été évitée, pour le plus grand plaisir d’Ivara - bien qu’elle ne le sache pas encore. Pour Inaros, avoir la confirmation que la sculptrice ne dissimulait pas une baguette magique depuis des années était un soulagement. Il essaya de se débarrasser de son accent, laissant place à Sirius.

    - Nous sommes dispersés aux quatre coins du Royaume et nous pouvons nous compter par centaine, presqu’un millier. Tu nous plairais beaucoup, ‘ffectivement. Si tant est que tout c’que tu dis est vrai assurément.

    Il lui expliqua que les célonautes étaient ceux faisant partie de l’Ordre des Célantia et que cette organisation, loin d’être illégale et aussi loin d’utiliser uniquement des moyens licites, avaient pour objectif d’étudier, de découvrir et de dénicher les trésors d’Aryon. Sur terre, au fond des océans, sur les plus hauts sommets, rien n’était capable de réfréner leur motivation et leur ardeur. Inaros lui révéla qu’ils pouvaient tout aussi bien choisir de se faire connaître que de rester dans l’ombre, lui indiquant qu’ils respectaient tous une série de douze préceptes. Ces grandes lignes étaient connues du grand public. Inaros garda secret bon nombre d’autres informations. Il ne voulait pas trop en révéler alors même qu’elle pouvait très bien choisir de ne pas adhérer à leur cause.

    - Avoir un atout tel que toi s’rait une opportunité, conclut-il après son bref exposé. S’tu veux, j’suis même prêt à t’en montrer un peu plus… Avant d’te proposer à eux si t’es partante. P’t’être bien qu’tu pourras trouver ta marraine avec c’qu’on a d’jà mis en place. En gage d’assurance, j’pourrais même t’garantir qu’si t’en fais la d’mande, plusieurs d’entre nous t’aideront à la chercher.

    Son regard ancré dans celui de la Reine des Fables, il attendait son verdict.

    - Est-ce que s’ta marraine qui est aussi détentrice d’la baguette d’la destinée ? Ou est-ce que t’as même d’jà entendu parler d’ce bâton ? J’ai bien quelques schémas à t’montrer, s’tu veux.

    Alors, pour satisfaire sa curiosité, il l’emmena une nouvelle fois à l’intérieur. Cette fois, ils entrèrent dans la réserve, l’endroit même où était posté Inaros lorsqu’elle avait fait irruption dans la boutique. Il chercha pendant quelques minutes dans les nombreux papiers posés sur l’unique table de la pièce, avant de lui en montrer un. C’était une photocopie, du moins quelqu’un avait recopié la page d’un livre sur une feuille vierge. L’objet était orné de motifs délicats mais inconnus et, à son extrémité, était fixé une étoile à dix branches. Il jeta un coup d'œil à Méphilia, curieux de constater si la vue de ce dessin ravivait quelque chose.

    - Elle existe p’t’être même pas, mais c’est ça notre boulot. Et là, on est qu’au début, lui apprit-il.
    Iris DelancyMéduse Flambeuse
    Iris Delancy
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    Re: La Belle, la Bête, et la Reine
    Jeu 12 Aoû 2021 - 17:08 #
    - Je n’ai pas besoin de consulter vos schémas. Vos objets, je les ai déjà vus, je suis la plus à même de les identifier.

    Méphilia disait vrai, à force de côtoyer ces personnages de légende et de vivre à leurs côtés, elle avait fini par acquérir monceaux de connaissances sur les artefacts de puissance ou d’enchantements qu’ils utilisaient. Elle était parfaitement capable de discerner un original d’une contrefaçon ou une imitation, on ne pouvait pas la berner sur ce terrain là. Le mercenaire avait enchaîné avec quelque chose d’effectivement intéressant. Les célonautes se comptaient visiblement par plusieurs centaines, atteignant presque le millier. Ce n’était pas titanesque, mais ça pouvait avoir son impact si tous ces chasseurs étaient des prodiges d’excellence dans leur domaine. Outre leur traque des objets magiques, ils lui permettraient sans aucun doute de glaner des informations sur l’ensemble du royaume afin qu’elle puisse retrouver ses anciennes connaissances, ainsi que ses rivaux. Elle ne pouvait pas passer à côté, jamais !

    - Votre réseau a l’air intéressant, je suppose que je peux m’y attarder. Vous verrez, je serai capable de vous décrire tout ce que vous cherchez. Que vous me croyez ou non, cela n’a aucune importance, j’ai vécu des choses qui dépassent votre entendement.

    Elle lâcha un bâillement las avant de s’éventer tout doucement avec le revers de sa main. L’enchanteresse avait accepté d’en savoir plus sur le mystérieux ordre du mercenaire. Il se méfiait d’elle, mais elle attendait également de voir s’il était dans le vrai aussi. On peut inventer beaucoup de choses pour obtenir ce que l’on veut, et ce Nikolaos pouvait lui aussi s’adonner à de belles paroles afin d’utiliser un peu de sa connaissance. Elle avait le temps. La Reine attendrait de voir si ce mercenaire rustre savait tenir parole. Un détail restait cependant en suspens, quelque chose qu’il n’avait toujours pas parlé malgré les nombreuses évocations de Méphilia…

    - Et Ivara Streÿk ? Où est-elle ? Qui est-elle ? Pourquoi gardes-tu sa boutique, toi, un chasseur d’artefacts anciens ? Tu dois avoir beaucoup à faire avec ta société secrète, et je doute que quoi que ce soit ne soit dissimulé entre ces petits santons de verre.  Allons, satisfais donc ma curiosité

    Battant des cils, la Reine des Fables regardait Nikolaos avec des yeux aussi malicieux que ceux d’un chat. Elle le dardait de ses pupilles aux différentes nuances. Elle était venue au départ dans l’optique de rencontrer son ancienne rivale qu’elle pensait cachée sous les traits de cette sculptrice de verre. Mais depuis qu’elle était arrivée dans cette boutique, il n’y avait aucune trace de cette mystérieuse Ivara, si ce n’était ses créations exposées. Et si ce mercenaire était véritablement un traqueur de reliques à la tête d’un ordre réunissant un millier d’autres chasseurs, pourquoi se terrait-il dans un endroit pareil ?

    Et si Ivara était toujours la Marraine ? Et, si non, quel était ce petit secret qui subsistait toujours, juste sous son nez… ?
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: La Belle, la Bête, et la Reine
    Dim 15 Aoû 2021 - 16:25 #

    La Belle, la Bête

    et la Reine

    Inaros


    Inaros reposa le schéma sur la table et observa Méphilia se pavaner dans la pièce, avec une attitude un brin insolente. Son bâillement et ses manières rappelaient à Inaros celles des nobles de ce monde. Si tant est que son titre de Reine fut véritable, dans cette malédiction qu’elle mentionnait sans cesse, ce n’était pas surprenant. Inaros n’avait jamais rencontré la Reine Renmyrth, en personne entendons-nous puisque des portraits et des caricatures il en avait vu des tas, mais il imaginait sans mal qu’elle se comportait comme les gens de sa cour. À commencer par cette énigmatique couturière royale, qui n’avait pas hésité à s’associer avec lui.

    Elle pouvait se rendre utile. Sous ses traits angéliques, elle dissimulait un vécu et un véritable talent d’escrimeuse. Le mercenaire était ravi de cette opportunité et préféra se focaliser là-dessus, évitant ainsi de faire une remarque désagréable à cette Reine. Si l’Ordre n’avait pas existé, qui sait comment cette rencontre aurait pu se poursuivre ? Ils n’auraient eu de cesse de renchérir l’un sur les paroles de l’autre. Le mercenaire traversait une passe bien plus que désagréable mais il essayait toujours de faire la part des choses. Il y avait une priorité et, que cette fille mente ou pas, l’occasion était trop belle. Il pourrait peut-être même lui parler, un jour, du parchemin de fusion qui avait déplacé son âme dans ce corps. Peut-être connaissait-elle un moyen de le faire retourner dans son corps d’origine, ou un corps de sa création. Il ne voulait pas trop y réfléchir, la pensée étant trop macabre, mais son corps avait été retrouvé dans la même pièce que celui de sa défunte mère. Il était sans doute inutilisable, après toutes ces lunes passées sous terre. Il ne pouvait même pas en être certain : il ignorait ce que la Garde avait décidé de faire avec ce tas de chair.

    - En déplacement. Pour affaires. Elle livre ses s’culptures ‘ssi.

    Il avait commencé son explication en balayant l’air de la main, d’un air négligé. Le blond n’appréciait pas vraiment qu’elle vienne mettre son nez dans ses affaires. Ce n’était pas lui qui clamait partout qu’il avait côtoyé Ovide et les Héros de lumière. Il ne voulait pas non plus mêler Ivara à tout ça. Il n’avait pas, plus, confiance en elle et était persuadé qu’elle pourrait tout faire capoter, par pur plaisir. Il en avait déjà fait l’amère expérience.

    - J’suis son jumeau, c’t’elle qu’a fait tout c’qu’est ici. Moi, ça m’a jamais intéressé, d’sculpter. J’préfère bouger et partir loin d’ici quand j’peux. Ma vie est pas aussi trépidente qu’ce à quoi t’peux t’attendre. À part ces artefacts, j’n’ai pas grand-chose.

    Un demi-mensonge. Mais tout bon mensonge contenait une partie de vérité. Non, il n’était pas son jumeau mais oui, tout ce qui était ici avait été réalisé par Ivara. Il rêvait d’aventure et de bouger, mais il avait embrassé une toute autre carrière que celle d’aventurier. Cette chasse d’artefacts était devenue toute sa vie, mais il avait aussi d’autres activités. Le mercenaire était un homme qui aimait avoir plusieurs atouts dans sa manche.

    - J’espère qu’ta curiosité est satisfaite et qu’t’es pas trop déçu. Comme dit, j’suis Nikolaos. Niko, s’tu préfères, ajouta-t-il. J’peux les contacter aujourd’hui et ils t’enverront un rat voyageur, s’ils sont intéressés. M’demande pas comment i font, i’s arrivent toujours à bonne destination.

    Ce qu’il se gardait bien de cacher, c’est qu’une fois qu’il aurait contacté Warren - en charge de tout ce qui se passait à la Capitale - il savait déjà que ce message arriverait le soir même. Puis, il s’approcha de Méphilia et tourna autour d’elle, comme s’il cherchait quelque chose.

    - Tu sais t’battre ? Que dirais-tu d’un véritable petit duel, dans la cour, pour qu’je teste ça ?
    Iris DelancyMéduse Flambeuse
    Iris Delancy
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    Re: La Belle, la Bête, et la Reine
    Dim 15 Aoû 2021 - 18:45 #
    - Un duel pour me tester ? Tu ne serais pas un peu simplet des fois ?

    Méphilia toisait son interlocuteur en arquant un sourcil. Cela relevait sans doute de la manie pour lui de vouloir absolument en découdre, si bien que la Reine songea à des réminiscences de son travail de mercenaire, devant sûrement déteindre sur lui même quand il ne travaillait pas. Toutefois, elle ne croyait pas vraiment à son histoire. Un chasseur d’artefacts à la tête d’une organisation, caché au milieu du commerce d’une sculpture en déplacement ? C’était peut-être un peu gros. Cependant, l’enchanteresse ne le relança pas sur son mensonge, son intérêt pour cette absente Ivara diminuant de seconde en seconde. Il mentait également en prétendant que sa vie n’était pas palpitante, elle en avait la certitude. Un homme qui passe son temps à traquer de vieux objets du passé, explorant quotidiennement les arcanes anciennes de la magie, ne pouvait pas avoir une vie morne et plate. Il cachait encore des choses, et ne voulait pas en parler. Là encore, la demoiselle ne releva pas, elle se fichait éperdument des aléas de son existence et préférait de loin continuer à deviser au sujet de ces…  célonautes. Mais s’il tenait absolument à avoir une démonstration de puissance… Elle attrapa un petit caillou non loin de ses pieds et le jeta en l’air. Prestement, elle fit virevolter sa rapière au-dessus de sa tête pour réduire la pierre en charpie, tout en continuant de fixer le jeune homme avec un sourire énigmatique. Tendant la main, elle réceptionna les morceaux de poussière dans sa paume, sans sourciller une seule fois.

    - Deux cent ans d’expérience. Je ne suis pas celle dont les prouesses martiales doivent être testées, mon cher.

    Elle rengaina sa lame pour couper aussi court à la discussion qu’elle l’avait fait avec la pierre. Nikolaos avait parlé d’un autre point piquant sa curiosité. Des rats servant à communiquer entre les différents membres de l’ordre… Elle n’avait connu qu’une seule personne se servant de rats de la même façon. C’était une jeune fille contrainte de servir sous son propre toit, capable de converser avec les nuisibles, et s’étant frayé un chemin jusque dans un palais grâce à la Fée Marraine et ses précieuses pantoufles de verre. Alors cette pauvrette avait échoué dans l’ordre des célonautes elle aussi ? Non, tout ceci n’était pas qu’une coïncidence. Si ce mercenaire vulgaire savait qui elle était et usait de son pouvoir, il mentait aussi sur la Fée Marraine. Ou alors, était aussi aveugles que les autres. Mais dans ce cas, pourquoi connaîtrait-il Ovide ? Le mystère s’épaississait, un mystère qu’elle comptait bien résoudre, coûte que coûte.

    - Très bien, je vais attendre ce… rat… Mais, entendons nous bien. Si je découvre que vous m’avez floué avec la Fée Marraine, votre argot et vos muscles ne vous seront plus d’aucune aide. On ne triche pas avec la Reine des Fables

    Un éclair glacial traversa le regard de Méphilia. L’espace d’un instant, elle foudroya l’intéressé du regard, agrippant fermement sa lame rengainée. Quelques secondes plus tard, elle étira à nouveau son long sourire, creusant des fossettes dans ses belles joues blanches. Tournant les talons, elle sautillait gaiement pour retourner vers la boutique, jetant des coups d’œil mauvais aux sculptures de verre qu’elle croisait sur son passage...
    Ivara Streÿk& Inaros
    Ivara Streÿk
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    Re: La Belle, la Bête, et la Reine
    Jeu 26 Aoû 2021 - 15:50 #

    La Belle, la Bête

    et la Reine

    Inaros


    Il aurait bien aimé se mesurer à elle, pour parfaire sa propre technique. Elle qui ne cessait de déblatérer mille et une histoires pour enfants - enfin, résultat de sa malédiction à l’en croire - et le seul moment où il voulait un peu s’amuser, elle devenait sérieuse. Peu lui importait ses années d’expérience, elles ne voulaient rien dire si elle ne s’entretenait pas. Au fond de lui, il espérait aussi qu’il aurait pu la battre et qu’il aurait pu s’en vanter et faire gonfler son ego qui était au plus bas depuis des lunes. Un soupir de frustration s’échappa de ses lèvres entrouvertes et il désigna la porte de verre avec l’index de sa senestre.

    - Ouais, ouais. J’cache pas d’fée marraine chez moi, répliqua-t-il sur un ton volontairement ironique.

    En la regardant s’éloigner, il se demanda comment cet étrange personnage avait vu le jour dans le Royaume. Des personnalités atypiques, il en avait croisé quelques-unes, mais rien qui ne ressemblait à celle-ci. La Reine des Fables était cependant un élément de choix dans sa quête d’un artefact pour retrouver son propre corps. Il s’empressa donc de rédiger différentes missives pour informer l’archonte responsable du secteur de la Capitale de la potentielle nouvelle recrue, ainsi qu’aux autres archontes pour distiller les quelques précieuses informations qu’il avait pu obtenir suite à cette étonnante entrevue.

    Les préparatifs se firent vite. Ce n’était pas la première fois que cet événement se produisait au cours des derniers jours. La Capitale, cette fourmilière grouillante de vie, était l’un des meilleurs endroits pour trouver de la main d'œuvre - des gens tout aussi avides de connaissances, d’histoire, d’archéologie ou simplement de puissance. Adressant une dernière caresse du bout des doigts au gros rongeur qui lui faisait face, il lui souhaita bon courage pour trouver la Fée bleue.

    Le soir venu, Méphilia fut emmenée, sans contrainte mais avec les yeux bandés, dans un lieu tenu secret. La pièce était sombre, mais ne paraissait pas exigüe. Il n’y avait pas le moindre bruit aux alentours, rien qui permette de déterminer où ils se trouvaient réellement. Les plus perspicaces pouvaient sans doute deviner qu’ils étaient sous terre, mais les célonautes qui avaient conduits la Reine de Fables jusqu’ici avaient pris soin de faire de nombreux tours et détours.

    Warren Richter, archonte de la Capitale, était présent. C’était sous sa direction que chaque recrutement au sein de la Capitale avait lieu - sauf exception. Il n’était accompagné que de deux autres personnes. L’un d’eux était Inaros, l’autre un célonaute chargé de les aider si les choses dérapaient. Ils étaient tous masqués. Inaros ne prit pas la parole, pour ne rien trahir à Méphilia. Cette dernière, qui avait eu le droit au retour de sa vision, pouvait voir étinceler devant elle un globe de vérité. Warren lui expliqua ce qu’elle faisait ici, s’assurant de sa bonne volonté et de la loyauté qu’elle était prête à jurer à l’Ordre. Elle fut soumise aux douze préceptes, sans que rien ne fut à signaler. Le mercenaire pouvait bien le voir, il était aux premières loges. Elle ne s’était pas départie de ses répliques cinglantes, auxquelles il avait eu le droit tout l’après-midi, et le franc-parler de Warren se mit aussitôt en œuvre. La cérémonie se termina et chacun put retourner chez soi. Méphilia put retourner chez elle, en sortant elle-même de ce mystérieux endroit. La cérémonie ne se déroulait jamais deux fois au même endroit et elle était désormais célonaute. Nul besoin de lui en cacher davantage.
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    Re: La Belle, la Bête, et la Reine
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