Tu fus rapidement repus par cette magnifique boustifaille et c’est le cœur léger que tu avais continué ta petite promenade au cœur de cette petite ville. Malheureusement, un beau garçon, musclé, avait croisé ton chemin et évidemment attiré comme une abeille sur du miel, tu avais décidé de le suivre avant de finalement dessiner le damoiseau dans l’un de tes calepins. Tu semblais d’ailleurs particulièrement fière de ton œuvre, l’observant sous tous les angles avec un sourire radieux sur le visage, comme toujours en somme. Encore subjugué par ton talent , tu ne parvint pas tout de suite à remarquer le drame qui venait de se jouer alors que tu rangeais rapidement ton bloc dans ton sac . C’est à ce moment-là que les choses ont quelque peu mal tourné .
Pour faire court, tu as stupidement fait tomber ton calepin dans le large sac d’un facteur, ce dernier s’était arrêté quelques minutes pour se désaltérer et c’est en passant à côté que ta maladresse a pris le dessus. Tu n’as pas remarqué tout de suite ton erreur, ce n’est qu'après avoir fait quelques pas que tu as compris le souci et rapidement tu a finis par remarquer ton secret le plus inavouable posé sur le haut de cette pile de courriers. Voilà comme tu en es arrivé là, a te cacher derrière des arbres pour suivre ce messager dans l’espoir de récupérer ton bien. Hors de question de lui demander directement, la couverture de ton calepin est bien trop explicite -un homme prenant son bain, finement dessiné- pour oser te lancer. Non, il fallait faire preuve d’intelligence ou en tout cas de discrétion.
Ainsi tu as suivi cet homme, encore et encore jusqu’à un magasin perdu dans la montagne, épuisée et essoufflée , tu colles tes yeux à la fenêtre dans l’espoir de jauger le terrain. Parfait, il n’y a personne à l’intérieur et tu remarque tout de suite ton calepin sur le comptoir au sommet de lettres et autres parchemins. C’est le moment. Tu laisse le distributeur de courrier s’en aller et entre sans attendre à l’intérieur du magasin, te glissant derrière les meubles tel un chat. Tu te permets même une petite roulade pour arriver jusqu’à ta cible, on a la classe ou ne l’a pas . C’est gagné, tu as la main sur ton calepin, manque de chance, tu entends quelqu’un dans l’autre partie du magasin, tu panique et attrape tout le tas avant de courir vers un coffre qui semble ouvert non loin. Au passage, tu renverse une espèce d’armure entreposée dans un fracas assourdissant , ce qui t’arrache une grimace. " Désolé désolé ! " Oui, tu as raison, excuse toi auprès d'une armure vide, on sait jamais. Tu sautes finalement dans le coffre pour t’y cacher. Sur le coup, ça t’avais semblait être une bonne idée, mais maintenant que tu te trouvais dans le noir, avec ses papiers et ton bloc dans les mains, tu n’étais plus vraiment certaine de ton choix. Je crois que le plus étrange dans tout ça, c'est que ce n'est pas la première fois que tu te retrouve dans ce genre de situation...
Tu entendis alors la porte de ton magasin s’ouvrir, grâce à la petite clochette dessus… La personne s’annonça comme le facteur, tu lui crias à l’autre bout de déposer tout sur le comptoir. Et en moins de temps qu’il ne faut pas, il repartit. Tu te reconcentras sur ton œuvre d’art. Pour être précis, tu taillais avec attention sur la bague un serpent faisant tout le tour et se mordant la propre queue, un Ouroboros comme l’appelait ton père. Tu faisais aussi sur le rebord de nombreux symboles assez rustre et classique, mais avec une immense attention, tu faisais calmement chaque écaille sur le serpent, tous de la même taille et direction. Mais alors que tu te concentrais, tu entendis encore la porte s’ouvrir, mais… Rien. Le facteur avait l’habitude de t’appeler lorsqu’il entrait, mais là… Pas la moindre réponse.
Tranquillement, tu te relevas de ton établi et partis vers l’origine du son. Tu entendais un peu de bruit, comme si quelque chose se déplaçait dans ton magasin… Mais ne touchait pas aux lames. Ce n’était pas un voleur alors… Probablement un animal sauvage. Tu te dirigeas vers le magasin tranquillement, avant d’entendre le soi-disant animal détalé et faire renverser quelque chose. Tu te dépêchas alors d’entrer dans le magasin, inspectant l’endroit et tu vis juste en arrivant le coffre se fermer… Tu étais même certain d’avoir entendu une voix. Ça serait un gamin du village voisin ? Tu savais que tu attirais parfois les gosses en besoin d’aventure, tu les laissais même parfois entrer pour leur donner des biscuits secs à manger ou pour observer les armes… Mais de là à détaler comme ça…
Un voleur ? Tu n’étais pas certain, mais lorsque tu regardes ton comptoir, plus la moindre lettre… Rien à vrai dire… Quelqu’un t’aurait volé tes lettres. Tu frappas alors ton front. La chose la plus logique, c’est que ça serait un gosse qui a voulu te jouer une farce et t’entendant arriver, il a fui et à percuter l’armure avant de sauter dans le coffre pour se cacher. Tu secouas doucement la tête en souriant. Il fallait maintenant découvrir quel gosse ça allait être.
Tu prends donc le pas vers le coffre, passant au-dessus de l’armure tomber. « Bon, très bonne farce, mais mauvaise cachette, petit. Là, va falloir surtout que tu m’aides pour remettre l’armure en place. »Tu t’abaisses devant le coffre pour venir alors l’ouvrir, souriant encore, amuser de voir sur quel gosse tu allais tomber. « Aller, rend moi mes lettres, petit…. Petite ? »Tu regardas alors le gosse que tu n’avais jamais vu avant. De longs cheveux roses passant au vert avec deux grandes tresses, des traits plus adulte que ceux d’un enfant, mais encore jeune, des formes généreuses malgré la tenue… Oui, ce n’était très clairement pas un gosse, mais une jeune adulte, cachée dans ton coffre, et tenant encore en main tes lettres… Tu te figeas un moment dessus avant de te relever en tendant ta main pour l’aider. « Qui es-tu ? Qu’est-ce que tu fais là ? Et surtout, qu’est-ce que tu fiches avec mon courrier, pour le peu que j’en reçois, j’aimerais ne pas le perdre ou me le faire voler… Sauf si tu veux que je t’enferme dans le coffre, jeune femme, ton choix. »
Tu réfléchis, tu réfléchis, jusqu’à ce que le coffre s’ouvre. Par réflexe tu colle le tas de lettres et ton calepin contre ta poitrine, ce qui clairement ne suffit pas à la dissimuler mais ce n’est qu’un détail, et tu fixes l’homme qui te fait désormais face. C’est la fin. Non seulement il n’est pas vieux mais en plus il est beau, ce qui malheureusement ne présage rien de bon pour toi. La raison est simple, quand tu te retrouve devant un humain du sexe opposé doté d’un quelconque attrait physique, ton cerveau fait des bulles et tu deviens encore plus maladroite et inconsciente que tu ne l’es habituellement, autant dire que ça tourne vite à la catastrophe. Du coup tu le sais, tu vas encore dire des bêtises ou en faire, tu te connais assez pour anticiper ta propre maladresse , depuis le temps tu sais la prévenir mais pas l’empêcher. Du coup, tu ne dis rien , tu gardes simplement toutes ses lettres et ton bloc collés à ta poitrine en écoutant les paroles du jeune homme. Que faire ? Impossible de lui dire pourquoi tu es là … D’un côté, tu ne peux pas lui dire que tu es une vulgaire voleuse de lettres ça n’aurait aucun sens, pourquoi voler du courrier et finir par se cacher dans un coffre ? Gagne du temps c’est la meilleure chose à faire. “Je … Oui … Attendez je vais vous expliquer…”
Tu repousse sa main, parce que hors de question d’avoir un contact physique prolongé, tu es assez chamboulé comme ça, et tu tente de sortir du coffre…. Tu essaies… Mais tu n’y parviens pas… Tu es coincée…. Tu es coincée dans cette foutu malle !!!! Quand je dis que ta malchance est légendaire, c’est vraiment pas une plaisanterie. Tu continues malgré tout d’essayer de te tirer de ce mauvais pas, mais rien à faire, tu n'as pas assez de force pour ça. Pas le choix, la moue basse , le regard dans le vide tu tends la main pour finalement accepter l’aide du propriétaire de l’établissement, l’air un peu bougon. Une fois debout tu remarque la différence de taille entre vous deux, ce qui te blase encore plus , toutefois tu ne lâches pas le courrier ni ton calepin. “Alors … Merci … En fait c’est très simple … “ Invente quelque chose. Vite. “ Je suis le facteur…” Mais pas du tout, ça n’a aucun sens. “Je veux dire… J’ai suivi le facteur … " Oui , c’est ça, passe pour une psychopathe qui suit des inconnus . “ Enfin, on a pris la même route et… je l’ai vu entrer ici … “ Non c’est n’importe quoi là… “Bref… Ce coffre était joli … Mais j’ai pas fait exprés pour votre courrier …” Déjà il te tutoie , ça vaut peut-être le coup de faire de même non ? “Je suis désolé pour l’armure … Je vais … t’aider à ranger … et tiens ton courrier…”
C’est l’explication la plus nulle que tu n’as jamais inventée … Ça n'a aucun sens, même toi tu n’as pas compris ce que tu essaie de dire . Enfin, tu lui tends rapidement les lettres, trop rapidement et l’inévitable se produit, ton calepin tombe au sol, ouvert, laissant apparaître de magnifiques mais quelque peu dénudés dessins d’hommes divers et variés . C’est la fin. Tu fixes ton calepin, tu le fixe lui, tu fixes ton calepin, tu le fixe lui et tu deviens rouge écarlate, tu poses tes mains sur ton visage et tu tombes à genoux. Tu ne peux plus croiser son regard, tu es totalement accablé par la honte, gêné qu’il puisse apercevoir tes oeuvres. Il va te prendre pour une espèce de perverse complètement folle, c'est sure. “Je veux retourner dans le coffre... “ C’est pas franchement la bonne solution ….
Car oui, elle fit de son mieux pour se justifier, mais son stress et la gêne l’empêchait de parler correctement. Elle disait d’abord être le facteur, un gros mensonge, qu’elle rectifia pour dire qu’elle le suivait… Louche. Mais elle continua en disant qu’elle prenait la même route… Pour arriver à un endroit paumé comme cela là ? Un gros mensonge, très clairement. Et elle l’a juste vu rentrer ici… Donc elle c'est juste permit d’entrer. Tu voyais bien à son regard et sa façon de parler qu’elle était innocente. Il y avait un truc qui la gênait fortement. Elle complimenta le coffre, et te disait qu’elle n’avait pas fait exprès pour le courrier… Oui, voilà une bonne question, pourquoi elle avait ton courrier entre les mains…
Ça ne te regardait probablement pas, mais pas simple logique, elle devait avoir suivi le facteur, car elle voulait une lettre ou une lettre qu’elle avait envoyé aller tomber à la mauvaise adresse. Elle s’excusa pour l’armure et te rendit ton courrier. Mais dans cet élan de générosité, un calepin vole de ses mains pour tomber par terre. Les pages visibles étaient recouvertes d’homme un peu dénudé. Tu la fixes elle, puis le calepin, puis elle, te demandant quand elle allait le reprendre. Mais à la place, elle devint rouge et tomba sur ses genoux. Disant qu’elle voulait retourner dans ton coffre. Tu la fixas un petit moment avant et pencher pour prendre le calepin.
Tu le prends et commences à le feuilleté, observant chaque dessin en silence. Tu ne dis strictement rien, observant de manière assez attentive tous les dessins d’hommes. Et après un petit moment à observer. Tu plies le genou pour lui tendre le carnet. « Éviter d’essayer de venir vivre dans mon coffre s’il vous plaît et reprend ton carnet. Tu ne devras pas avoir aussi honte de vos dessins, tu es très doué dans le sens de l’art. Et je dois avouer, je pensais que vous dessineriez les corps avec plus de précision vu qu’ils sont un peu dénudés, mais les visages sont très bien fait. Très expressif et vivant. Tu as un don pour l’art… Peut-être essayer de dessiner autre chose que des hommes ? Pour un peu ouvrir tes horizons. Enfin, je ne décide pas pour toi, désolé. »
Et oui, malgré le contenu du carnet, tu étais assez compatissant vers la demoiselle. Car elle était adorable ? Aucunement, car c’était une artiste et qu’elle avait un clair manque de confiance. La complimenter un peu ne devrait pas faire de mal. De plus, elle n’avait pas l’air d’avoir de mauvaises intentions, juste pas de chance. Et par-dessus tout ça, tu avais aussi compris que c’était ça le truc qu’elle était venue chercher, pas une lettre… La pauvre devait avoir pas mal stresser. « Tu seras te relever ? »
Les mains sur le visage, genoux à terre, tu as honte, tu es rouge comme une pivoine et tu ne veux qu’une chose : Retourner t'enfermer dans ce coffre qui semblait être ta seule planche de salut à cet instant. Le propriétaire des lieux est quant à lui plutôt silencieux, trop à ton goût , ce qui ne fait qu’accentuer ton anxiété. Il devait sûrement être choqué par tes dessins ou en train de se retenir de rire… Curieuse , tu laisses ton regard glisser entre tes doigts pour observer ses faits et gestes. Il a ton bloc entre ses mains, détaillant quelques-uns de tes chef d'œuvres. Tu es prête à encaisser ses boutades mais il fait une chose que tu n’avais pas du tout anticipé. Un genou plié, il te rend ton calepin tout en complimentant ton travail, il t’offre même de précieux conseils , comme s' il avait un réel intérêt pour ce que tu fais. Sous le choc, tu attrapes lentement le livre en le fixant du regard , interloqué.
Personne n’a jamais été aussi gentil avec toi, pas en ce qui concerne ta passion en tout cas. La plupart des gens s’en moquent et te rabaissent s'ils viennent à comprendre ton envie de dessiner la vie et le quotidien des autres. Ou alors est-ce toi qui voit le monde ainsi ? A force de brimades dans ton enfance tu as fini par imaginer que tout le monde était ainsi…. Ce qui explique ce visage à la fois choqué et gêné que tu affiches , d’ailleurs tes lèvres tremblent , tu as presque envie de pleurer. On peut aisément voir à la brillance de tes yeux verts que tu te retiens de verser une ou deux voir une dizaine de petites larmes de joie . Embarrassée, tu réussi à te relever. “... Merci…” D’un geste maladroit, tu essuies tes quelques larmes que tu n’as pas réussi à contenir, tu remets tes trois grosses tresses comme il faut avant d’afficher un large sourire en t'inclinant respectueusement. “Encore désolé du souci que je t’ai posé … “ Tu souris en te relevant. “Je m’appelle Eulalie Ferenszy, enchantée!”
Tu ranges ton calepin dans ta poche avant de tourner ton regard vers l’armure que tu as faite tomber en essayant de te cacher. C’est vrai que tu as mis pas mal de pagaille, ce qui , une nouvelle fois, teinte tes joues d’un joli rouge. “Je vais t’aider à ramasser tout ça !” Tu ne perds pas une seconde et attrape plusieurs morceaux de cette large armure, un bras de métal, un plastron, une jambe et d'autres encore , tout ça en main, tu ne sais pas trop quoi faire… Est-ce qu’il faut reconstruire le modèle ? Tu n’y connais rien en armure , tu es une fille maligne, pas une combattante…. Les bras chargés, à un tel point qu’on ne voit presque plus ton visage , tu laisse échapper quelques mots. “Heu… Dit tu travailles ici ? Tu crois que le patron va être en colère ? Tu vas pas avoir d'ennuie j’espère ??” Oui, ça te vient comme une fulgurance tout un coup et encore oui, tu gardes tout ça dans les mains en faisant comme si tu savais exactement ce que tu dois en faire, alors qu’en réalité tu n’as aucune idée d'où poser tous ses trucs de métal. Mais bon tu essaie de faire bonne figure...
Un simple bonjour, une chose classique que tu appréciais beaucoup. C’était non seulement une simple et facile forme de respect, mais une chose capitale pour toi. Une personne qui ne savait pas se présenter ou dire bonjour ne méritait même pas ton attention. Et malgré son stress et ton état, la demoiselle se présenta directement. « Je suis Lyle Obsid, un plaisir de te rencontrer Eulalie. »
Tu te frottes légèrement les épaules, et voyant qu’elle commence à ramasser toutes les pièces, tu vas relever le mannequin, commençant à remettre les pièces ensemble. Rien d’abîmer, juste une petite chute de rien du tout. Tu savais bien qu'une de tes armures n’allait pas tomber en mille morceaux d’une simple chute. Te tournant vers Eulalie, elle semble porter entre ses bras les morceaux d’armure, mais ne savait pas quoi en faire. Tu ne te gênes pas pour prendre des morceaux entre ses bras pour les remettre sur l’armure. Pendant que tu travaillais et laisser la demoiselle garder les morceaux d’armure, elle te posa une simple question sur le patron… Tu roulas des yeux quand tu étais dos à elle, commençant en à avoir marre de pas être prit comme le patron de ta propre forge.
- « Le patron ? Tant fait pas, à vrai dire, il est déjà ici. Mais il ne s'est pas énervé sur tes bêtises. Il fait attention à son magasin et est sérieux avec les clients, mais il ne ferait pas de mal à une personne venant ici pour récupérer son bien. S'il était en colère par contre, tu l’aurais bien entendu. Mais c’est difficile de le mettre véritablement en colère. On peut l’agacer facilement, mais il n’a jamais véritable perdu la raison face à la colère… Disons plutôt qu’il a l’habitude d’élever la voix pour se faire entendre quand la personne face à lui est têtu. Après, je ne serais pas dire s'il est sympa. Il vit seul ici depuis un moment et a pris un apprenti récemment, il n'était pas vraiment prêt, mais il fait de son mieux. Ennuyer… Oui, il l’est. En colère, pas vraiment. De plus, tu es une artiste comme lui il est forgeron, donc bien sûr qu’il s’entendrait bien avec toi. »
Tu n'aimais pas vraiment parler à la troisième personne, mais si tu pouvais un peu ennuyer cette demoiselle la perturbant un peu plus... Tu n'allais pas te gêner. Elle finirait peut-être même pas croire que le forgeron était un être omnipotent. Tu finis de monter l'armure en faisant attention, tu te retournas vers la demoiselle, croisant les bras.« Tu n’auras pas de mal pour revenir chez toi ? On est assez loin dans les montagnes pour être honnête, mais il est encore assez tôt, donc si tu pars maintenant, tu devrais rentrer avec le soleil au-dessus de ta tête. »
Tu grimaces légèrement en écoutant parler du propriétaire d’une manière bien étrange. Comment ça il est déjà ici? Les bras chargés, tu observe la pièce, sans voir personne … Est-ce une personne encore plus petite que toi ? Impossible. Tu plisse les yeux en regardant Lyle continuait de remonter son armure avec une facilité déconcertante, alors que de ton côté tu essaie de comprendre ses paroles, de lire entre les lignes … Attendez une minute…. L’éclair de génie te parvient d’un coup sans crier gare, tu en lâches même le dernier morceau de métal qu’il te restait dans la main et tu pointes Lyle du doigt d’un air accusateur . “C’est toi le propriétaire !!! “ Oui tu es surprise, il a l’air jeune pour être le patron et tu ne l’imaginais pas vraiment forgeron … De plus, ça veut dire que tout ce qui se trouve dans cette boutique a été fabriqué par lui-même , ce qui t’impressionne encore plus. “Désolé ! Mais tu as l’air plutôt jeune du coup… J’avais imaginé un vieux monsieur s’occuper de l’endroit ... “ Tu ris un peu nerveusement, décidément, tu passes ton temps à te tromper à son sujet, ça en devient agaçant.
Ton sourire se transforme rapidement en moue déçu, il faut dire que tu n’as pas franchement envie de partir, pour une fois que tu rencontres quelqu’un de gentil et intéressant avec qui tu arrives à parler sans t’évanouir… Mais tu te doute que Lyle a sans doute beaucoup de choses à faire contrairement à toi. “Ha oui oui je veux pas te déranger davantage, je peux rentrer toute seule … Par la forêt… Par la forêt…” Tu répètes cette phrase deux fois comme pour te remémorer quelque chose… Les forêts ce n’est pas ton truc, même en tant qu’ancienne aventurière tu t’étais toujours débrouillé pour être entouré des bonnes personnes, toi ton talent c’était ton intelligence, pas forcément ton courage et encore moins ta force. Alors oui, il fait jour , mais ça n’empêche pas qu’il peut y avoir un million de choses cachés dans cette masse d’arbre. Des ours, des loups, des lapins enragés, des assassins avide de faire couler le sang d’une pure et magnifique petite nonne …
“Dit … est-ce que je peux te regarder faire tes trucs de forgeron? J’ai toujours voulu voir comment vous travailler ! Et promis je te dérangerais pas et surtout je ne casserais rien ! “ Cette promesse aurait sans doute eu davantage d’impacte si tu n’avais pas fait tomber un bouclier au sol en bougeant trop sauvagement tes bras. “Désolé désolé !” Tu ramasses l’objet, un peu n’importe comment d’ailleurs , pour le remettre à sa place avant de cacher maladroitement tes mains dans tes poches, seul moyen que tu as trouvé pour ne plus casser quoi que ce soit. "Je pourrais même t'aider... un peu.... pour me faire pardonner te t'avoir embêté ... S'il te plaiit..." Tu fais des yeux ronds tel un petit chat abandonnée réclamant un peu d'attention.
Il était clair que cette petite demoiselle était vivante et bien agitée, mais trop agitée. Elle n’arrivait pas à utiliser de la logique pure et cherchait trop loin trop souvent. Tu lui dis qu’elle pouvait partir vu qu’il faisait encore soleil et qu’elle aurait facile, mais elle sembla hésiter soudainement puis le simple fait de parler de la forêt l’effrayait… Elle était venue ici en suivant le facteur, elle pouvait bien faire le chemin retour sans problème. Mais elle ne semblait pas du tout partir, à vrai dire, elle te demanda directement si elle pouvait rester pour t’observer faire de … « trucs » de forgeron.
Voilà qui était surprenant de voir une personne demander cela comme ça. C’était une occasion, certes, mais ça sortait étrangement de nulle part comme demande. De manière la plus logique, tu dirais que la demoiselle ne voulait pas partir d’ici par peur et la voilà donc bloquée chez toi. Tu pourrais la jeter de là, mais pour le coup, tu avais l’impression de la jeter à la gueule du loup… Mais lorsqu’elle fit tomber un bouclier en agitant ses bras dans tous les sens, tu sentais parfaitement que tu ne pouvais pas l’amener dans la forge sans qu’elle se blesse… Elle finit de dire qu’elle pouvait t’aider pour s’excuser de t’avoir embêté. Tu te grattas l’arrière du crâne, la voyant remettre le bouclier en place. « Il vaut mieux pas que tu restes enfermer ici comme cela… Mais je pense que je peux te garder au moins jusqu'à demain, lorsque le soleil serait bien haut. Mais hors de question de t’emmener à ma forge, même si tu feras attention, je n’ai pas envie que tu te blesses par ma faute… Et comment est-ce que tu pourrais m’aider ? Car je te vois mal m’aider manuellement à la forge, ça demande de la pratique, donc comment tu pourrais faire ? Et qu’est-ce que tu pourrais faire ? Je dois encore faire de l’orfèvrerie, je sais pas si ça t’intéressera, c’est loin du boulot de forgeron pour être honnête. »
Maintenant que ton esprit n’est plus obnubilé par l’idée de récupérer ton bloc à dessin, tu te rends compte que traverser une forêt n’est pas franchement la chose que tu apprécies le plus sur terre, même en pleine journée. Toutefois tu ne veux pas passer pour une idiote devant Lyle, pas davantage en tout cas, alors tu décides de ne rien dire et de toute façon une idée te vient à l’esprit, tu veux le voir travailler. Apprendre des autres est une de tes passions , tu aime découvrir de nouvelles choses et observer le talent de tes interlocuteurs. Alors oui, tu décides de t’incruster quelque peu dans son domaine, ce qui aurait pu marcher correctement si tu n’avais pas fait encore une fois une bêtise en heurtant un bouclier en gigotant un peu trop. Bon, il n’y a pas mort d’hommes, mais tu comprends que Lyle refuse de t'emmener dans sa forge. Faire tomber un objet et foutre le feu par inadvertance sont quand même deux choses différentes. “ C’est vrai ? Jusqu’à demain ? Au moins je pourrais mieux découvrir ton univers ! Et puis je pourrais même te faire un repas pour me faire pardonner de toutes mes bêtises, je cuisine vraiment bien! “ Tu n’as pas beaucoup de talents, mais il est vrai que la cuisine en fait partie.
“De l'orfèvrerie ? Mais ça à l’air génial ! Je veux voir ça ! “ Tu gardes tes mains dans tes poches et tu suis Lyle jusqu’à son petit lieu de travail. Tu ne savais pas que les forgerons pouvaient aussi faire des bijoux, ce qui pique grandement ta curiosité … Et te rappelle des souvenirs, l’époque où tu dessinais mille et un objets fantaisistes, dont beaucoup de bijoux que tu rêvais de posséder. Et si tu lui montrait tes croquis ? Peut-être que ça l’intéresserait ? Tu pourrais même lui en donner un gratuitement, en gage de remerciement ? Non tu ne vas faire que le déranger dans sa concentration… D’un côté, ce serait tellement incroyable de voir l’un de tes bijoux prendre vie … Tu sors ton plus vieux calepin de ta poche, on peut voir qu’il a été utilisé de nombreuses fois, il est écorné , voir déchiré par endroit, la couverture est d'une couleur qui trahit son âge. A l’intérieur on y trouve tous les dessins que tu faisais étant plus jeunes, comme des croquis d’objets invraisemblables dont personne ne voit l’utilité à part toi, des scènes de la vie quotidienne assez innocentes , beaucoup de fleurs et d’animaux, mais aussi des bijoux, tout un tas de bijoux parfois spectaculaire, d’autres fois plus terre-à-terre .
Tu observes Lyle faire son travail en silence, les yeux pleins de paillettes, impressionnée par la minutie que demande son oeuvre. Tu garde ton bloc entre les mains, hésitante, puis finalement tu le cache derrière ton dos. “C’est vraiment magnifique… C’est toi qui dessine les bijoux que tu fais ? … “ Peut-être que lui aussi est un artiste, c’est même sûr, il faut l’être un peu pour fabriquer d’aussi belles choses.
Tu lui dis que tu n’allais pas te rendre dans ta forge pour sa propre sécurité, et à la place, que tu ferais de l’orfèvrerie. Tu lui demandas alors très clairement ce qu’elle pouvait faire pour toi. Elle a dit qu’elle voulait rembourser ta gentillesse, mais tu n’avais aucune de ce qu’elle pourrait faire. Elle proposa donc juste qu’elle cuisine ce soir… Tu allais devoir le dire à Sia… « On verra ça plus tard. »
Alors que la demoiselle face à toi semblait très tentée de te voir faire de l’orfèvrerie, tu sentis une étrange goutte de sueur couler. Tu venais de te rendre compte que tu allais devoir la présenter et l’annoncer à Sia… Et vu l’état de votre relation depuis votre balade à la forteresse, un léger froid… Une toundra, pour être honnête, c’était installer entre vous deux, et tu ne savais pas comment elle allait réagir en voyant Eulalie ici… Oh ! Et puis tu faisais ce que tu voulais, que Sia soit là ou non, tu aurais aidé Eulalie, tu n’avais pas à t’inquiéter de son avis… Sa réaction, cependant, serait différente. Tu lâchas un léger soupir avant de guider la demoiselle vers l’arrière-boutique, donc ta maison, puis vers ton petit atelier. Tu avais dans cette petite pièce de nombreux outils, un petit feu encore bien brûlant, et sur la table, une pince tenant une bague en or qui était petit à petit recouvert de dessin et détail.
Tu t’installas tranquillement, et te remets à travailler. Tu n’avais pas besoin de te mettre dans ta bulle en travaillant sur une bague comme celle-ci, mais ça n’allait pas dire que tu n’allais pas te concentrer. Tu étais bon à la forge, mais dans un travail d’aussi grande précision, tu te devais de faire attention. Heureusement, après avoir autant forgé, tes mains étaient complètement sous tes ordres et trembler n’était même plus une option. Dans un calme naturel pour toi, tu continuais de détailler la bague, faisant chaque écaille du serpent, qui devenait de plus en plus réaliste… Tu ne pensais pas que tu finirais par tailler un serpent dans de l’or, mais ça pouvait faire des merveilles. Eulalie te pose alors une question, tu t’arrêtes en tournant la tête, répétant un mot qu’elle avait dit. « Dessiner ? »
Tu réfléchis deux secondes, puis te remets au boulot en faisant un léger signe de la tête que non. Tu viens alors pointer ta tempe avec ton pouce, tapotant légèrement dessus.« Tous mes dessins sont dans ma tête. Un forgeron doit pouvoir voir un objet dans son esprit avant même de le forger. Lorsque je fais une épée, avant de donner le premier coup, j’imagine l’objet que je veux, puis je le décompose pour voir comment il serait fait. Puis, je le refais dans ma tête, faisant chaque étape, fabriquant chaque morceau dans mon esprit. Et lorsque j’échoue, je recommence. J’apprends de mes échecs avant de les faire, et pour cela, il est capital que je puisse parfaitement voir l’objet dans mon esprit. On peut dire que mon croquis est dans mon esprit, un croquis que je recommence en boucle, en faisant en même temps l’œuvre final avec mes mains. » Tu hausses les épaules avant de reprendre ton travail. « Je sais que ça parait étrange, mais comme pour un peintre, le moindre coup de travers, et l’œuvre est raté. Que ça soit un coup de marteau ou de pinceau. Donc j’échoue autant que possible dans ma tête avant d’agir. Et oui, je sais, c’est bizarre. »
Toi tu avais lancé ce compliment sans aucune arrière pensée, avec l’innocence d’une enfant de six ans qui essaie de rassurer sa petite copine, mais tu n’es pas assez stupide pour ne pas te rendre compte que ce genre de mots peuvent mettre mal à l’aise. Toi même tu deviens à nouveau rouge pivoine , ce qui commence à devenir une habitude depuis que tu as rencontré le petit forgeron. “Ce que je veux dire c’est que ton TRAVAIL est extraordinaire … “ D’un côté tu ne veux pas qu’il pense que lui, est totalement inintéressant … “Enfin toi aussi tu es sans doute extraordinaire bien sur, c’est pas ce que je veux dire ….” Vas y , embrouille toi encore un peu, histoire de continuer dans l’auto-humiliation. Désespérée par ta propre maladresse tu poses une main sur ton front , laissant échapper un soupir las. Tu as toujours eu du mal à parler avec les gens, encore plus avec les hommes, pourtant tu peux dire parfois des choses intéressantes, voire vraiment intelligentes, mais le reste du temps tu enchaines les impairs et finis toujours rouge comme une tomate .
Il faut que tu essaies de te montrer sous un meilleur jour. Peut-être en lui montrant que tu peux être utile ? Mais comment ? … Ha mais oui, voilà une chose dont l’utilité n’est plus à prouver . “Ho je viens d’y penser, mais j’ai le pouvoir de ranger des choses dans mon dé ! “ Ça ne veut rien dire, soit plus précis. Tu lui montre la paume de ta main, sur laquelle est dessiné un dé aux diverses couleurs. “En fait , je peux transporter plein de choses grâce à mon pouvoir … Donc peut-être que je pourrais t’aider à transporter des choses jusqu’à ta forge ou de ta forge jusqu’à ton magasin un jour ! Ce sera un moyen de te remercier de ta gentillesse !” Tu décides de lui montrer l’étendu de ton pouvoir, tu as rangé quelques friandises dans ton Dice-Bag , tu espère donc les voir apparaître devant toi. D’un mouvement de main un dé glisse hors de ta paume pour rouler par terre , c’est le numéro sept qui apparaît … Et c’est un parapluie qui se retrouve à la place du dé. Toi et ta chance légendaire . "Oh … J’aurais préféré faire apparaître mes beignets ... “ Tu ramasses ton petit parapluie, un sourire gêné sur le visage. “Je ne peux pas trop contrôler quel objet je fais apparaître … Mais ça reste utile quand même ! “ Oui, embêtant, mais utile.
Eulalie se tait alors, tu ne regardes pas par-dessus ton épaule, même si tu aurais encore pu voir la demoiselle rougir fortement. À la place, tu te concentras sur ta cible et commença à détailler mes yeux du serpent. Tu n’avais plus qu’à rajouter du relief et cette bague simple et classique devrait être finie. La demoiselle se remit à parler. Disant que ton travail était extraordinaire… Ah ? Tu t’arrêtas pour hausser un sourcil. Elle parlait de ça de base non ? Ah, non. Elle voulait spécifier que ton travail était extraordinaire, mais que toi, tu étais extraordinaire d’une autre façon… Étrange, mais unique comme interaction. Elle était perdue dans ce qu’elle disait, mais une fois qu’elle lâcha son soupir, tu répondis juste.« Je sais que mon travail peut paraître extraordinaire, mais ce n’est que le résultat de nombreuses années de travail et de sacrifice. Si tu prenais ton temps à dessiner et peindre, tu pourrais dans quelques années faire des dessins qui seront considérés comme extraordinaire par d’autres. »
La petite finit alors de parler, mais il ne faut pas longtemps avant qu’elle se reprenne. Elle décida de parler de son pouvoir maintenant ? Tu continuas ton travail, mais te rendais bien compte qu’elle n’allait pas s’arrêter… Peut-être lui montrer la cuisine ? Elle voulait faire à manger, autant lui montrer où aller… Nan, ça serait te débarrasser méchamment d’elle. Celle-ci continua de parler de son pouvoir disant qu’elle pouvait y ranger des choses dedans. Et qu’elle pourrait t’aider en transportant des choses à ta forge ou ton magasin un jour… Ouais, ça allait trop loin, là. Tu déposas tes outils pour te tourner vers elle. Elle utilisa son pouvoir et le dé se transforma en un parapluie, elle dira alors qu’elle pouvait faire apparaître des beignets à la place, et qu’elle avait du mal à contrôler son pouvoir… Tu compatissais sur cela, mais il fallait que tu la calmes un peu. Tu voyais bien qu’elle voulait vraiment t’aider, mais elle allait bien trop loin.
Tu te tournas alors vers elle, joignant tes mains et te penchant en avant, tes coudes sur tes jambes. Tu avais fait la même leçon à Sia… Espérant qu’elle aussi allait pouvoir prendre la leçon sans devenir froide comme la toundra.« Ton pouvoir est admirable Eulalie, et toi encore plus. Mais je n’ai pas besoin que tu fasses la mule ou que ton utilises ton pouvoir de cette façon pour me remercier. Tu n’as pas besoin de remercier quelqu’un avec un cadeau quand cette personne t’offre quelque chose car… Car tu étais dans le besoin. C’est admirable que tu souhaites autant de donner pour m’aider, mais si tu fais juste à manger, ça sera suffisant. Je n’ai pas besoin que tu t’épuises et te tue à la tâche. Le mieux est l’ennemi du bien et ce que tu fais est bien assez… D’accord ? Je vais déjà t’emmener à la cuisine que tu puisses t’installer et préparer quelque chose de bon. Il faut aussi que je te montre ce qui se trouve dans la cuisine après tout. » Tu te relèves pour te frotter les mains puis juste lui demander. « On est d’accord ? Ou il faut que je prenne ma voix de vieillard et je te donne une leçon que trop remercier de l’altruisme est une mauvaise idée ? »
Par la suite tu tente de prouver ta valeur à ton camarade, de trouver un moyen de le remercier pour sa patience et sa gentillesse, car dans ta tête, il mérite clairement une récompense pour t’avoir accepté si facilement dans son magasin malgré tes bêtises. Tu lui montre alors ton pouvoir, sans avoir la chance de faire apparaître les bonbons ou les beignets que tu désire lui offrir. Ton parapluie toujours dans la main , tu écoutes donc à nouveau Lyle te faire comprendre que tout ce que tu fais n’est pas nécessaire et à nouveau tu te sens un peu gêné d’être aller trop loin pour lui prouver ta gratitude. Tu es comme ça, énergique et irréfléchi au quotidien, n’imaginant pas une seule seconde que tout ce que tu essaies de faire embête davantage le forgeron que ça ne lui fait plaisir. “Désolé … “ Tu baisse la tête, tel une enfant qui aurait fait une bêtise. “Non non pas de voix de vieillard ! J’ai compris j’ai compris ! “ Enfin pour l’instant, pas sur que tu ne retentes pas d’ici peu, tu as vraiment envie de lui faire plaisir , du coup, il y a peu de chance que tu lâches l’affaire aussi rapidement.
Pour l’instant tu suis Lyle jusqu’à sa cuisine, déterminé à utiliser ce lieu à bon escient. Si tu ne peux pas jouer la mule ou l’aider d’une autre manière, tu as au moins le pouvoir de lui faire un bon petit plat . Une fois sur place , tu ne perds pas une seule minute , tu enlèves ton gilet que tu poses sur une chaise avec ton petit sac et tu étires tes bras, comme si tu t’apprêtais à faire une séance de sport intensive. Tu observe alors les alentours. “Hum… Je pourrais faire un curry ! C’est plutôt simple et vraiment bon...“ Tu décides de poser tes mains sur les épaules de Lyle et de le pousser en dehors de la cuisine. “Toi va finir ta jolie bague , moi je m’occupe du repas , allez allez ! “ Oui, tu ne lui laisse pas le choix. Une fois partie tu fait de cette pièce temporairement la tienne. Heureusement dans ton sac de voyage tu as tout un tas d'épices, il faut dire que tu aimes cuisiner et que tu as besoin d’un minimum lorsque tu te retrouves dans les cuisines des couvents dans lesquels tu t’arrête.
Tu commences donc ta petite préparation, légumes, riz , viande, tu coupes, épluches, réchauffe, ébouillante, te salis au passage , mais tu t’en moque, trop concentré sur ce que tu fais. Des dizaines de minutes s’écoulent et pendant la cuisson tu décides de tenter à nouveau de faire apparaître tes beignets ou des bonbons, mais ton dé a décidé de ne pas être favorable aujourd’hui, résultat tu sors un dix, une case vide. Tu soupire, avant de retourner aux fourneaux, hors de question que tout brûle, tu veux que ce soit parfait vu que c’est le seul moyen qu’il te reste pour remercier Lyle. D’ailleurs il est temps d’utiliser un peu de farine, malheureusement ta maladresse naturelle reprend le dessus et alors que l’ouverture du paquet résistait jusqu'ici, elle finit par céder brutalement. Tu te retrouves recouverte de farine, toussant pour reprendre ton souffle… Par chance il n'y a que toi qui a été touché, la cuisine et la nourriture sont intactes. T’en a marre d’être aussi maladroite, vraiment.
Je mets donc un short et un débardeur dans lesquels je suis à l'aise et noue mes cheveux en queue de cheval. Je récupère ensuite mon carnet, un crayon et une gourde d'eau et me dirige vers la forêt. Je suis un petit sentier tracé par les animaux jusqu'aux environs de la rivière. J'ai repéré un endroit plutôt calme dernièrement où j'arrive à réfléchir plus facilement sur mes croquis. Je m'y installe donc et observe les alentours. Le bruit régulier de la rivière me détend, les petits oiseaux chantent tout autour de moi, j'entends même plusieurs insectes qui profitent de la chaleur de cette journée. Une biche vient boire à la rivière dans le plus grand des calmes. Elle sent mon odeur et me repère rapidement. Je la vois m'observer, méfiante. Un simple courant d'air dans mes cheveux suffit à la faire fuir.
J'ouvre alors mon carnet et observe plusieurs de mes croquis. J'ai eu beaucoup d'idée dernièrement, mais rien de concluant. Je regarde donc à nouveau mes vieux croquis pour voir si l'un d'entre eux m'inspire plus qu'un autre. Je retombe alors sur mon croquis pour l'armure de Sio. Les pages en question sont abimées suite à ma rencontre avec le couple Boudin durant mes vacances. J'ai réparé l'attache du carnet, mais ces pages sont très froissées, salies et plusieurs taches de sang ont abimées les croquis. Les retravailler me parait donc être la meilleure idée.
Je commence à dessiner l'apparence de ma sœur et note à nouveau ses mensurations que j'ai conservées. Je dessine sa corpulence de mémoire. J'ai remarqué qu'elle a pris beaucoup de muscles depuis notre dernière rencontre, mais cela ne changera pas l'idée de base. Je n'aurais qu'à faire des ajustements plus tard. Je dessine ensuite ses attributs draconiques si atypiques. Je dessine ensuite une corpulence humaine "normale" à côté pour la comparaison. Je redessine mes idées de base sur la silhouette humaine pour voir ce qui me parait bien ou non pour en faire une bonne armure. Je transpose ensuite ce croquis sur la silhouette de ma sœur et réfléchit aux parties qui vont poser soucis avec son corps si particulier.
La journée avance rapidement et je ne vois pas le temps passer. Quand la pénombre commence à s'installer, j'ai déjà bien rattrapé ce que j'ai perdu de mes idées. Il me restera à réfléchir comment adapter mes idées au pouvoir de Sio. Je m'étire un peu avant de me relever. Mes muscles se sont un peu endormis à force de rester presque immobile tout l'après-midi. Je prends le chemin du retour tout en voyant qu'il est déjà plus tard que je ne le pensais. Je me dépêche un peu. De mémoire, c'était mon tour de préparer le repas du soir. Si je ne rentre pas assez tôt, Lyle risque de se mettre à cuisiner avant que je rentre. Je suis plutôt attachée au fait que l'on alterne les tâches ménagères comme la cuisine.
Quand je vois enfin la forge, je me mets à trottiner pour rentrer rapidement. Je passe le pas de la porte et entends du bruit venant de la cuisine. J'en étais sûre ! Lyle a oublié que c'est mon tour de cuisiner et en ne me voyant pas rentrer il a commencé à préparer le repas de ce soir. Je me dirige donc vers la cuisine avec un large sourire sur le visage.
« Lyle ! Je suis rentrée ! Je t'avais dit que c'était mon tour de cuis... »
Je ne finis pas ma phrase en voyant le spectacle devant mes yeux. Ce n'est pas Lyle qui cuisine. Ou alors, il a beaucoup changé. La personne devant moi est une jeune femme aux cheveux roses. Elle semble avoir préparé un repas et elle est actuellement couverte de farine. Qui est-ce ? Les étrangers s'invitent maintenant chez les gens pour cuisiner pendant leur absence. Je me mets sur la défensive, un regard glacial et une voix menaçante.
« Qui êtes-vous ? Et que faites-vous ici !? »
Ma voix est bien plus agressive que prévu et j'ai l'impression que je viens de prendre une voleuse la main dans le sac.
Tu fus donc ramené à ton atelier de travail… Et tu allais enfin pouvoir boulotter sur ta bague. Tu t’assis sur ton bureau, recommençant à tranquillement travailler la bague, commençant à faire du relief sur celle-ci, le serpent commençait doucement à ressortir de la bague et devenir de plus en plus réaliste… Aussi réaliste était un serpent tenant seulement sur un doigt. Toutes les cinq minutes, tu passes la tête vers la cuisine, mais rien n’est cassé. Eulalie semble incroyablement concentrée sur son travail et elle semblait aussi un peu trop salir la cuisine, mais rien d’irréparable… Et voyant à quel point elle souhaite aider, elle lavera certainement la cuisine après avoir fini de cuisiner ou après manger. Tu pourras lui passer un coup de main à ce moment.
Malheureusement, ce qui devait arriver arriva. Tu travaillais tranquillement sur le bijou quand tu entendis un bruit de déchirement suivi d’un pouf… Mais pas de cri après… Tu pouvais déjà prédire qu’elle avait dû déchirer un sac. Soit un sac vide, soit un sac de farine… Pitié que ça soit la première option. Le calme s’installe jusqu’à ce qu’une voix apparaît. L’origine de ta sueur froide de tantôt, Sia était là. Tu soupiras et pris le temps de te relever, rangeant tes affaires. Tu repars vers la cuisine aussitôt, entendant Sia prendre une voix plus menaçante. Tu commenças à te dépêcher un peu plus, n’ayant pas envie que l’aventurière au fond de Sia éjecte la pauvre fille dehors.
Et en arrivant dans la cuisine, tu voyais déjà Sia comme un chat défendant son territoire, et Eulalie comme un chiot perdu et apeuré. Tu t’avanças au milieu de la discussion pour prendre de quoi nettoyer le visage d'Eulalie et commencer à retirer la farine de son visage. « Ne t’en fais pas Sia, ce n’est pas un fantôme ou un voleur. » Tu finis de nettoyer le visage d’Eulalie avant de soupirer, regardant la pagaille qu’était devenue la cuisine. Toi qui étais un accro de la propreté, ça allait être ennuyeux. Tu te tournas alors vers Sia, présentant Eulalie d’une main. « Cette jeune fille s’appelle Eulalie, c’est une artiste qui… Avait tant la tête dans les nuages qu’elle est tombée sur notre magasin et a peur de partir avant demain. J’ai donc décidé de la laisser dormir ici jusqu’à demain avant qu’elle ne reparte. Pour nous remercier, elle a décidé de nous faire à manger. Ce qui explique l’état de la cuisine. »Tu te retournes en allant vers Sia, posant une main sur son épaule pour la garder calme… Ou plutôt pour la réchauffer. Tu ne voulais qu’elle installe une toundra dans cette maison. « Eulalie, cette demoiselle s’appelle Sia. Elle est mon apprentie et vie ici avec moi pour apprendre l’art de la forge. C’est aussi une aventurière. Comme pour toi et ton sens artistique, j’ai vu qu’elle avait un gros potentiel dans l’art de la forge. J’ai donc accepté de devenir son maître et l’entraîner. »
Tu relâches alors Sia pour admirer la cuisine… « Faites connaissance ou pas, je vais commencer à nettoyer la cuisine, si la farine prend feu, on va juste avoir une flamme éclair à travers la cuisine et j’aimerais éviter qu’on gâche le repas de ce soir. » Tu vas alors couper le feu et puis tu commences à nettoyer la cuisine de la farine avec ce que tu pouvais. Tu ouvris même les fenêtres pour évacuer la farine volant dans l’air.
Tu n’as heureusement pas le temps de patauger dans la semoule, car on le sait bien si tu avais ouvert la bouche tu n’aurais fait qu’empirer les choses, par chance Lyle arrive à point nommé pour te sauver de la colère de cet étrange individu. Avec une gentillesse qui te fait un peu rougir, le forgeron commence à nettoyer ton visage rempli de farine tout en expliquant la situation à la dame en colère. Apparemment c’est son apprenti … Ce qui te surprend un peu il faut l’admettre mais tu ne dis rien pour l’instant, tu te contente de laisser ton camarade finir de nettoyer ton visage tout en te mettant un petit tacle à la gorge. Évidemment c’est une métaphore, il ne t’a pas vraiment attaqué, mais ses mots te font l’effet d’une tape derrière la tête lorsqu’il précise que tu reste ici parce que tu es trop peureuse pour te promener en forêt toute seule . Tu aurais aimé qu’il garde ça pour lui, parce que soyons honnêtes, cette Sia a l’air du genre aventurière sans peur et sans reproche, avec un gros caractère bien embêtant et qui casse du dragon au petit déjeuner, alors lui avouer de but en blanc que son invitée n’est qu’une pathétique petite peureuse ne fait pas du bien à ta fierté déjà bien fragile.
Tu grimaces donc un peu en te débarrassant de quelques points de farine qui te restent au niveau du cou, puis tu observes Lyle commencer à nettoyer , une chose que tu comptais faire mais du coup tu vas devoir parler à la demoiselle glaciale. Comment aborder la chose... Reste toi-même et évite de dire des bêtises , ce qui va être compliquée te connaissant. Commence simplement. “... Enchantée de vous rencontrer …. Désolé de vous avoir surprise... ” Voilà c’est bien. “ … Je reste pas parce que j’ai peur hein… C’est juste que … “ Que quoi ??? “... Ce que fait Lyle a l’air intéressant alors… Voilà…. “ Personne n’y croit, même pas toi. C'est pas difficile de voir que tu n'es pas du genre à jouer les héros tout les vendredi soir après ton coeur de défense contre les forces du mal, non, toi tu es le personnage secondaire de l'histoire, celui qui se fait attaquer par un monstre et qui finit par être sauver par le héros. Cette vérité saute aux yeux quand on te voit et davantage quand on commence à te connaitre . “Alors vous êtes forgeronne ET aventurière… c’est impressionnant… moi aussi je l’étais … aventurière je veux dire … Mais je suis finalement devenue… Nonne … “ Trop d’informations compromettantes dans la même phrase. Et puis vu ce que tu dégage, il y a de grande chance pour que la dame énervée ne croit pas à ton histoire d’ancienne aventurière, alors que c’est vrai, c’est juste que tu utilisais davantage ton cerveau qu’une épée. Enfin, tu jette un coup d’oeil à ton plat qui continue de mijoter et tu commences toi aussi à nettoyer un peu tout en écoutant ce qui se dit, hors de question de laisser Lyle tout faire tout seul. Cela dit tu n'es pas très à l'aise, tu sens comme une tension écrasante venant de Sia, ou alors c'est juste toi qui t'impose de te sentir mal à l'aise face à une femme bien plus extraordinaire que toi, c'est fort possible.
Ensuite, il prend le temps de me la présenter. Le petit bout de femme s'appelle donc Eulalie et c'est une artiste ? Mouais, en tout cas ce n'est pas une personne adroite, cela est certain. Il en profite d'ailleurs pour dire qu'elle a trop peur de rentrer. Cela me fait légèrement sourire. C'est vrai qu'une gamine comme elle n'a pas l'air de savoir se débrouiller seule en pleine forêt, encore moins dormir à la belle étoile. Je suis si concentrée sur l'étrangère que je ne relève même pas que Lyle vient de dire « notre magasin » et non pas « mon magasin ». Non, à la place, je me contente de retenir les informations essentielles : ce petit parasite va passer la nuit ici, elle fait à manger et repart demain. Parfait. L'odeur de son plat semble d'ailleurs plutôt alléchante. Au moins je n'ai pas besoin de cuisiner ce soir et ce qu'elle prépare devrait être bon si elle ne fait pas tout brûler.
Lyle vient ensuite poser sa main sur mon épaule. Je ne repousse pas son contact, je m'y suis habituée malgré le fait que cela me donne toujours un frisson. En plus de cela, nous ne sommes pas vraiment en bon terme en ce moment. J'avoue ne pas vraiment apprécier qu'il ramène une femme ainsi alors qu'il m'a clairement repoussé la dernière fois à la Forteresse. Cela m'a forcé à devenir plus froide dernièrement et à installer une certaine tension quand nous sommes hors de la forge. Maintenant qu'un élément perturbateur est là en plus, je sens que je risque d'exploser à la moindre étincelle. Il me présente gentiment comme son apprentie et nous laisse faire connaissance pendant qu'il va nettoyer la cuisine.
J'inspecte un peu la femme devant moi. Au début elle me semblait plus jeune que moi, mais ses formes prouvent que nous avons des âges similaires. Elle semble un peu plus petite que moi, en revanche ses formes féminines sont plutôt généreuses et mises en avant. Cela me fait penser à Sofia qui avait pris le temps de comparer nos poitrines en pleine mission. Alors c'est cela qu'on ressent de se comparer à une autre ? En attendant, je ne peux m'empêcher que c'est ce critère qui a incité mon maître à recueillir cet animal errant. Et moi qui pensais qu'il n'aimait que sa forge... Je suis presque un peu déçue, mais après tout il n'est qu'un homme. Et les hommes sont tous les mêmes.
La catastrophe ambulante balbutie maintenant un truc pour se présenter et comme quoi elle n'a pas peur. Elle pense convaincre qui comme ça ? Pas moi en tout cas. Cela se voit qu'elle risque de tomber dans les pommes si je tente de lui faire un peu peur. Elle dit ensuite qu'elle était aventurière et qu'elle est maintenant... nonne ? C'est une mauvaise blague ? Comment une fille n'osant pas rentrer de nuit puisse avoir été aventurière ? A-t-elle seulement déjà passé une nuit à la belle étoile sans se faire dessus ? Et puis nonne avec cette tenue ? Elle veut faire croire cela à qui ? Si elle m'avait dit qu'elle était danseuse du ventre dans une taverne je l'aurais bien plus cru. Toutefois, je ne dis rien et me contente d'aller aider le nettoyage de la cuisine sans un mot. Une ambiance plutôt glaciale semble planer alors que nous nettoyons la maladresse de notre invité tous les trois. Nous finissons plutôt rapidement même si Lyle semble vouloir insister à certains endroits. Puisque nous avons presque terminé, je me tourne vers Eulalie.
« Fini de cuisiner ton plat. Je m'occupe de la table. Après manger je te montre où prendre un bain. Je te prêterai aussi des vêtements pour dormir. »
Je suis certaine que Lyle n'a rien pas vraiment pensé à ce détail. Je dois bien avoir un short et un haut à la taille de notre invité. Quoique... je ne suis pas certaine que sa large poitrine rentrera dans mes vêtements. Tant pis, nous verrons cela après manger. Je lance un regard glacial à mon maître puis me tourne pour récupérer assiettes et couverts. Je vais mettre la table sans un mot de plus et sans un regard pour l'un ou l'autre. Quand tout semble bon, je m'installe à table de façon silencieuse. J'attends patiemment que le repas soit prêt en regardant mes croquis du jour. Je continue de réfléchir au problème du pouvoir de ma sœur et tente de me concentrer sur cela en griffonnant sur mon carnet.
Mais ça ne semblait pas être un mensonge… Nan, plutôt qu'Eula ne semblait pas du genre à mentir pour se rendre intéressante, surtout en face d’une véritable aventurière. Tu ne laissas pas le doute s’installer et… Aucune réponse de Sia, celle-ci ne répondit pas à Eula et repartit directement te rejoindre à la cuisine pour nettoyer. C’est donc à trois que vous vous répartissez les tâches ménagères pour retirer la farine et nettoyer le bazar de la nouvelle ici.
Pourquoi est-ce que c’était si compliquer ?! Tu voulais juste aider Eulalie, la pauvre semblait à tes yeux être une jeune fille loin de chez elle et ayant peur de rentrer après avoir vécu une longue journée, mais Sia semble véritablement en colère de la voir ici. Et pourquoi elle était en colère ?! Tu ne traitas pas Eulalie différemment d’elle ! Tu lui avais même ressorti la même réflexion qu’à la forteresse. Il n’y avait pas de différence dans leur manière de vivre ici avec toi, alors pourquoi Sia semblait tant détester Eulalie.
Une fois que la cuisine fut nettoyée, tu restas un peu plus longtemps que les filles pour tous mettre en place et tout correctement ranger. Ça prenait du temps, mais tu voulais être sûr que tout soit correctement ranger, et tu voulais gagner du temps pour réfléchir. Est-ce que tu devais laisser ce froid entre toi et Sia rester, laisser le temps soigné la blessure et puis reprendre… Où directement aller lui parler… Peu importe comment tu retournais cela dans ta tête, tu n’avais qu’une seule idée qui te venait à l’esprit.
Tu entendis alors Sia enfin répondre à Eulalie, disant qu’elle devait finir son plat et qu’elle allait s’occuper de la table. Puis qu’elle lui montrerait où prendre son bain, et même lui donner des vêtements pour dormir. Bien, elle commençait à se calmer et faire ami… Mais tu sentis alors un vent froid dans ton dos, tu te tournas vers les filles, mais Sia semblait occupé à mettre la table et Eulalie ne serait pas du genre à te faire un froid pareil dans le dos. Tu te sers un verre d’eau puis part vers Eulalie pour lui dire que la cuisine est prête. « C’est bon, tu peux reprendre ta recette… Évite juste de mettre encore le bazar. » Tu te penches alors vers elle pour lui dire doucement. « Si Sia est de si mauvaises humeurs, c’est par ma faute, pas la tienne. J’imagine que j’ai encore beaucoup à apprendre en tant que maître. Désolé. Et remercie-là bien pour tout ce qu’elle fait. »
Tu te rediriges vers la table pour prendre place, mais en passant derrière Sia, qui semblait occupé de griffonner des plans sur son carnet, tu trempas le bout de tes doigts dans l’eau de ton verre et en jetas un peu dans la nuque en bougeant un peu ses cheveux. Ça allait l’énerver, mais ça devrait un peu la faire revenir à elle. Tu te penchas jusqu’à son oreille pour directement lui dire tout bas. « Je sais que tu n’aimes pas qu’on ait un invité surprise ici, et tu peux m’en vouloir directement. Mais ne t’en prend pas à elle, elle ne va rester qu’un seul jour ici et je ne te demande pas de faire ami avec elle. Essaye juste de supporter les mauvaises décisions de ton maître s’il te plaît. Merci et désolé. »
Tu te remis à ta place. T’installant bien dans ta chaise et buvant doucement ton verre… La soirée allait être longue, mais si tu avais bien joué tes cartes, les deux demoiselles devraient t’en vouloir plus qu’à toi qu’entre elle… Pour rallier des nations, il faut pas les forcer à être ami, mais leur donné un ennemi commun. Tu n'aimais pas vraiment te forcer à faire cela, mais si tu pouvais donner un point d'entente aux deux demoiselles, la toundra devrait disparaitre.
Autant être honnête tu es un peu morte à l’intérieure là tout de suite, tu n’as pas l’habitude de ce genre de situation, où plutôt ça te rappelle beaucoup trop ses moments passés ou tu étais la fille qu’on rejette et dont personne ne remarque réellement l’absence . A cet instant c’était ça, tu étais là , tu avais fait l’erreur de t’incruster et tu sentais bien que personne n’avait réellement envie que tu reste. Cette troublante vérité brise un peu plus ton cœur et amplifie encore davantage ta gêne . Tu n’aurais pas dû t'intéresser au travail de Lyle , ni à lui d’ailleurs, c’est la pensée qui te traverse l’esprit alors que ce dernier te parle. “ D’accord … Désolé … De toute façon elle est presque terminé…” Tu te met à remuer ton plat, qui effectivement ne demande qu’à être dégusté à présent, tu as essayé de sourire mais franchement, tu as un peu de mal. Il finit par se pencher vers toi pour te prévenir qu’il est l’unique responsable de la réaction de Sia , tu hoche la tête pour acquiescer mais ça ne t’apaise pas vraiment. Tu veux trouver un moyen de briser la glace, pour une fois que tu rencontre des gens intéressants tu n'as aucune envie qu'ils te détestent.
Alors que tu termines de t’occuper de ton plat, tu observe d’un œil attentif tes hôtes , tu aperçois Lyle tremper ses doigts dans son verre, ce qui te surprend, avant de jeter quelques gouttes sur Sia, ce qui clairement ne lui fait pas plaisir. Tu ne comprends pas trop ce qu’essaie de faire le forgeron, tout ce que tu sais c’est que la jeune femme de glace n’a pas l’air d’apprécier ses gestes. Tu décides d’apporter le plat sur la table, espérant détendre un peu l’atmosphère. “Quand j’étais aventurière on s’est retrouvé nez à nez avec un marchebrume un jour , une créature vraiment horrible… hé ben la tension était toujours moindre qu’ici et maintenant entre vous deux haha… haha…” C’est en racontant ta petite blague que tu te rends compte que tu aurais peut-être dû te taire . Plan B , mettre les pieds dans le plats, c’est un excellent moyen d’aider les gens à se rabibocher . “En tout cas merci et ...vous formez un très joli couple …” Allez hop, tu peux mourir en paix, ce qui risque d’arriver beaucoup plus tôt que prévu d’ailleurs, tu le sens d'ailleurs puisque tu attrape ton verre et fait semblant de boire , encore et encore, sans t'arrêter juste pour ne pas avoir à croiser leurs regards.
Je n'ai pas le temps de faire autre chose, que le plat est servi et qu'Eulalie commence à raconter une anecdote. Enfin, ce qui ressemble être une anecdote devient plutôt une pique. Je sers les dents. Je ne suis vraiment pas de bonne compagnie ici, et je sais que l'ambiance glaciale vient de moi. Je suis certaine que sans moi mon maître et son invitée auraient passé un très bon moment. Je baisse la tête et cache mon visage avec mes cheveux. Je fixe ma main où une petite goutte de sang a commencé à se former au niveau de la plus grosse écharde. Évidemment, la nonne ne s'arrête pas là. Elle semble nous remercier et nous fait une sorte de compliment. Malheureusement, je ne prends pas ce compliment très bien. Nous ne sommes pas un couple, et nous en sommes très loin. Déjà la Forteresse l'autre jour, nous avions eu cette remarque. Lyle ne me voit que comme son apprentie et rien de plus. Il m'a clairement mit un gros stop quand j'ai essayé de devenir plus amicale et proche de lui. Il ne me voit même pas comme une potentielle amie, alors comme une femme... Oui, à ses yeux je ne dois être qu'une gamine à qui il peut enseigner son art, et rien de plus. Le jour où je partirais de mes propres ailes, il m'oubliera et reprendra son quotidien d'ermite.
Je me lève soudainement en gardant le regard baissé. J'essaye de prendre une voix moins froide et plus sincère, même si cela est difficile. Je sens que ma gorge est un peu nouée et les mots ont du mal à sortir. J'ai horreur de cette sensation et je veux juste m'isoler. Loin des regards.
« Désolée... Je n'ai plus faim. J'ai besoin de prendre l'air... »
Je récupère mon carnet et me dirige en vitesse vers la sortie. Avant de sortir de la cuisine, je m'adresse à la nonne sans me retourner.
« Désolée de t'avoir fait peur et merci du repas. Ça avait l'air très bon... Tu n'auras qu'à venir me chercher dehors quand tu voudras prendre un bain. »
Je file à l'extérieur sans un mot de plus. Je marche rapidement comme si j'étais poursuivie alors que je sais très bien qu'on ne me suivra pas. Je m'arrête d'un coup et m'assoit sur l'herbe. Je fixe ma main dans la pénombre. Le soleil est presque complètement couché, mais j'ai encore assez de luminosité pour distinguer les échardes. Je les retire doucement en serrant les dents et en essayant de ne pas me blesser plus. Malheureusement, la luminosité n'est plus suffisante pour utiliser mon pouvoir, je vais donc devoir laisser la guérison naturelle de mon corps faire. La blessure n'est pas grave du tout, je sens juste de légers picotements. Une fois que tout semble bon, je vérifie que je n'ai pas d'épines plus fines enfoncées dans la peau et serre puis desserre ma main pour vérifier que tout va bien. Je n'aurais qu'à la laver un peu plus tard et tout ira bien. Demain, avec un peu de soleil, cette blessure disparaitra presque complètement. Je ne saigne même plus, ma paume est maintenant juste légèrement rougie.
Je viens m'étendre sur l'herbe, le regard vers le ciel où les étoiles commencent à apparaître. Je reste ainsi à fixer le ciel se draper de noir progressivement. Je ne pense à rien, pourtant je sens une larme couler depuis mon œil valide. Je ne sais même pas pourquoi je pleure, je sens juste que j'en ai besoin. Peut-être que je garde trop de choses depuis un moment. Peut-être que je suis plus affectée que je ne le pense. Peut-être que je me sens réellement seule. Je n'en sais rien, tout est bien trop compliqué. Je sais juste qu'à cet instant, j'ai juste besoin de laisser les larmes coulées de façon silencieuse. Je viens mettre un bras sur mon visage pour cacher mes yeux et je reste ainsi jusqu'à ce que les larmes arrêtent de couler. Je me sens juste vide et fatiguée. J'ai juste envie que cette journée se termine et de passer à la suivante pour tout oublier dans ma routine quotidienne.
Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là. J'ai l'impression d'être là depuis quelques minutes, mais en même temps ces minutes me paraissent des heures. J'entends quelqu'un s'approcher de moi. Je me retourne pour que l'on ne voit pas mon visage. Je ne sais pas qui c'est, j'espère simplement que ce n'est pas Lyle. Je ne veux pas qu'il me voit comme ça. J'espère que c'est simplement Eulalie qui vient pour que je lui montre son bain.
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