Pour une raison X ou Y (laissée à votre libre arbitre), vous vous trouvez dans un ancien manoir. Dans le domaine, cet endroit est connu pour être un “marché” spécialisé dans les ressources interdites. L’endroit n’est pas reluisant et pourrait facilement laisser penser être à l’abandon. Mais il n’en est rien, bien à l’abri de regards indiscrets, le manoir fourmille d’une vie plus ou moins légale. On y vend de tout : de l'œil de gloot au foie humain…
D’un coup, la foule qui vous entoure se met en mouvement pris d’une panique effrayante. Vous ne comprenez pas ce qu’il se passe jusqu’à ce que vous entendiez des gens parler de “la garde”. La Garde fait-elle une descente dans ce lieu peu ragoutant ? Il ne serai assurément pas de bon ton qu’ils y attrapent une consultante et une contremaître de la Guilde Marchande...
Participants : Hera Kayster Amaryllis Tylwaen
Challenge RP : Vous ferez un minimum de 6 achats (répartie entre-vous deux) à raison d’un achat max par post.
L’endroit était clairement à la hauteur de sa réputation, d’ailleurs, et de nombreux recels et trafics pouvaient avoir lieu dans l’enceinte du manoir. Amaryllis avait prise quelques précautions, coupant ses cornes et les gardant bien rangées pour potentiellement les revendre à bon prix, vêtue de vêtements assez amples et encapuchonnée, elle était louche, mais clairement méconnaissable à moins d’un examen précis. Mais vu tous les gens qui venaient traîner là et leur tenue, elle n’était pas si suspecte et même plutôt passe partout. Certains arboraient des vêtements assez gracieux qui ne laissaient qu’assez peu de doute vis à vis de leur statut, elle n’avait pas trop de mal à passer relativement inaperçue avec une tenue assez standard. Pas de superflu.
Tout en parcourant les étals en attendant son rendez-vous, elle observait un peu comment l’endroit fonctionnait. Son oeil fut alors attiré par une petite préparation à base de Lurgubus Hurlant, une sacré saloperie, mais dont elle connaissait un acheteur prêt à en racheter pour un prix deux fois plus élevé. Une bonne affaire, même si la dose disponible était petite, elle ne serait pas contre se faire quelques cristaux en plus.
L’heure de sa rencontre approchait d’ailleurs avant que la foule ne se mette ensuite à s’agiter. Et qu’un bruit se mit à courir dans un murmure. La garde? Que foutrait la garde ici? Avaient-ils décidés de se remuer le derrière pour une fois? Le moment était assez mal choisi. Peut-être aurait-elle dû prendre le temps de mieux vérifier une éventuelle opération prévue. Elle resta calme, le regard froid, s’éloignant un peu de la foule pour jeter un petit coup d’oeil à une fenêtre sur le côté du manoir. Rien, ni personne dehors de ce côté. Juste un étage à sauter, puis un jardin mal entretenu, une clôture en ruine, et la forêt après quelques mètres. Une possible voie pour s’échapper. A moins que des compartiments ou passages secrets n’existent dans le manoir. Mais elle ne pouvait pas le deviner, et, si elle en voulait potentiellement prendre le plus de précautions possibles, il fallait encore se trouver un allié. Qui avait l’air de savoir ce qu’il faisait et qui ne courrait pas partout. Elle alla donc alpaguer la première personne proche qui n’était pas en train de paniquer.
« Quel merdier… Mais, doit bien exister des dispositifs dans cet endroit pour ce genre de situations, non? »
Clairement, pour les petits acheteurs, non, mais pour les dirigeants de l’endroit, ils devraient sûrement avoir un plan. Le fait est que même les marchands semblaient assez décontenancés… Ou bien peut-être pourrait-elle profiter de la panique. A voir ce que l’autre personne savait.
Un manoir à l'abandon, du commerce illégal, le cadre et le contexte sont loin d'être inédits pour la lionne. prendre le commandement d'opérations d'approvisionnement, un peu plus rare cependant. Mais aussi loin de sa tanière, c'est une première. Mais comme le disent certains, la faim justifie les moyens, et l'appétit d'Hera ne fait que croître à mesure qu'elle se nourrit.
Elle est donc arrivée dans la matinée accompagnée de cinq acolytes transportant tout un tas de marchandises illicites importées des stocks du grand port. Elle aurait bien emmené Serrena avec elle pour s'occuper, mais il fallait bien quelqu'un pour garder un œil sur la tanière durant cette absence prolongée. Les hommes de mains de Wymark, le propriétaire bien évidement officiel des lieux, avaient fait entrer la petite troupe et leur cargaison par les sous-sols à l'arrière de la bâtisse.
Après une vérification de routine, et un paiement en règle la lionne offrit un quartier libre à ses hommes pour faire un tour dans les allées avant de repartir. Après toute cette route parcourue, l'ont peut bien s'offrir un peu de bon temps se dit Hera. Elle en profita elle aussi, pour voir si les étales par delà la capitale avaient des choses à envier à celles du grand port.
Dans les allées, qui étaient plus des couloirs ou des pièces un peu plus spacieuses du manoir, l'ont trouve tout type de clients. Du noble qui essaye de dissimuler son identité de manière très grossière, au criminel notoire à la robe encore tachée de sang, en passant par les gros poissons du milieu, ne cherchant en rien à dissimuler leur identité ayant déjà dans leur poche toute personne susceptible de les incriminer. Hera faisait partie de cette dernière catégorie, mais pas pour la même raison, la jeune femme sait que son statut peut lui suffire à justifier sa présence, et que quelques cristaux glissés par derrière feront taire les reliquats de soupçons.
Ce qui intéresse en premier lieu Hera, ce sont les mets ou plutôt les viandes rares, celles qui ne parviennent pas au grand port par manque de conservation. Car qui dit illégal, dit transport par voie terrestre et donc délais conséquents. Elle finit par poser ses yeux sur un stand. "Appendices et organes rares", un titre accrocheur. L'un des produits attise la curiosité de la lionne, un crochet de basilic, selon les récits personne n'avait réussit à terrasser un spécimen de l'espèce. Interrogée par la véracité elle interroge son vendeur qui affirme qu'aucun basilic n'a été vaincu mais que le croc à été retrouvé dans un marécage. Après une courte démonstration du puissant poison, probante sur un glooby captif, Hera se laisse alors tenter par l'objet couteux.
La transaction à peine terminée, un brouhaha s'échappe d'un couloir, bien supérieur au bruit de fond ordinaire en ce genre de lieu. Un mot s'échappe, il n'en fallu pas plus pour que la plupart des vendeurs remballent leurs produits avec hâte. Un mot qui fait peur en ces lieux, la garde. Hera resta plantée au milieu de la foule qui commence à s'agiter, essayant de repérer ses hommes. Sa taille l'aidait clairement, surplombant la masse.
Une petite tape sur l'épaule par derrière, sûrement l'un des gars se dit-elle. Pas du tout, une jeune femme à la capuche sur le point de glisser sur ses épaules, tant le vêtement semble surdimensionné. Derrière le tissu et des mèches flamboyantes, se trouve un visage calme. En accord avec ses paroles, cherchant une solution réfléchie à l'éventuel problème, plutôt que de se ruer vers une sortie sûrement surveillée par la garde si elle est vraiment ici. La lionne dégage d'une petite pichenette la capuche de son interlocutrice.
« Je connais pas tout les recoins de cette baraque, mais je connais au moins un chemin, qui mène au sous-sol pour ressortir à l'arrière du manoir »
Hera n'est pas une samaritaine, prête à aider n'importe qui, mais elle n'est pas non plus cruelle. Se serrer les coudes entre camarades du monde criminel, face à ceux qui veulent nuire à leur profit, c'est une chose acceptable. Ainsi elle s'apprête donc à ouvrir le pas, pour rejoindre le chemin qu'elle a emprunté pour venir, mais elle reconnait une tête au milieu la foule. Elle saisit l'homme par le col et le tire vers elle.
« Bon en vla un, plus que quatre. Madame rouge va nous suivre, on essaye de retrouver les gars en chemin et on rejoint les sous-sols compris ? »
« Kainch et Tamme étaient en train d'acheter des nageoires de raie abyssale au fond, je m'occupe de les ramener »
« On fait ça »
Hera se tourne alors vers la jeune femme.
« Bon en route nous deux, avec un peu de chance c'est qu'une fausse alerte, mais je veux pas prendre de risque »
La lionne, elle semblait ne pas être venue seule, et semblait avoir une petite idée d’une voie de sortie. Par le sous-sol, certes, mais à quel point la sortie était-elle bien dissimulée? C’était bien là toute la question. Amaryllis garda tout à fait son calme, suivant le plan énoncé, les laissant s’organiser, alors que ses yeux passèrent rapidement sur un étal que le marchand rangeait un peu précipitement. Les yeux de la rouge tombèrent sur un fumigène militaire, non magique, mais utilisé à l’époque par la garde. Mais ses propriétés irritantes pour les voies respiratoires avait provoqué la fin de son utilisation. L’objet restait militaire, et illégal à un usage civil. Le trouver ici n’était pas tant une surprise. Le temps de poser quelques cristaux pour l’achat, et de s’en emparer pour un achat express, qu’elle était déjà partie sous les molles protestations du marchand n’ayant pas pu négocier son prix. Mais il avait mieux à faire que ça, et avec toute l’agitation, elle n’aurait peut-être même pas eu besoin de le payer. Mais ce n’était pas le moment de s’attirer des problèmes.
« Et, donc ton sous-sol mène tout simplement à l’arrière du manoir? Où il y a un tunnel et une entrée dissimulée plus loin dans les bois? C’est une information assez importante. »
Une information en effet assez importante, parce-qu’Amaryllis aurait très bien pu se retrouver de l’autre côté du mur à analyser l’opération, voire tester de nouvelles méthodes. Heureusement pour tous ceux présents à l’intérieur, ce n’était pas le cas, et l’intervenation de la garde sera donc certainement plutôt standard.
« Normalement, ils entourent la zone en formant un périmètre, pour attraper les premiers fuyards et préparer un siège si la résistance est trop farouche. C’est pour ça que je m’étonne de ne pas avoir vu de gardes par la fenêtre avant, à travers les planches. Mais ils profitent peut-être du couvert des arbres pour se préparer à tomber sur le premier fuyard venu. »
Après tout, profiter de la panique chez son ennemi était courant, et certains hésitaient déjà entre la fuite et le combat dans le brouhaha qu’elle pouvait entendre. Et s’ils étaient effectivement entourés, la fuite massive semblait le meilleur plan. Si ces crétins étaient des soldats disciplinés, Amaryllis pourrait parfaitement faire quelque chose d’efficace pour tirer la majorité des gens de cet endroit. Seulement voilà, le monde criminel n’était pas connu pour sa discipline. Du moins, clairement, ce n’était pas le cas ici. Un peu à l’écart de toute l’agitation, la consultante riva son regard améthyste dans les yeux de la lionne.
« Si on part en petit nombre seuls et qu'ils nous attendent, ils nous tomberont dessus. Et ça risque alors de mal finir. Vos hommes ont de l'équipement? Ils savant se battre? Dans tous les cas, il serait peut-être plus sage d'attendre un éventuel assaut de la garde pour s'échapper par ton passage - ils seront moins pour tenir les lignes à l'extérieur. »
Bien que la solution de s’échapper maintenant et tout de suite pouvait être la meilleure, l’élément de surprise d’une opération rapide n’était pas en leur faveur. Et pour le moment, c’était eux qui disposaient de la position la plus facilement défendable. S’il fallait s’en extraire, elle n’aurait aucun mal à sacrifier ces petites frappes. Et si la lionne était prête à l’aider, elle était évidemment prête à en faire de même. Un petit sourire en coin, et un nouveau conseil.
« Je pense que le mieux serait de se préparer ici, et d'avoir l'assurance d'un échappatoire efficace si la situation dégénère. Dans la confusion, ce sera notre meilleure chance. »
Là encore, si la présence de la garde était avérée. C’était ça que d’être une bande chaotique pareille - on ne pouvait pas se fier aux informations. Pas d’éclaireurs, pas d’organisation, aucune hiérarchie, juste des individualités égoïstes. Non pas qu’elle leur jetait la pierre, elle-même n’était pas bien mieux. Mais la rouge n’était pas tout à fait dans son élément.
En voilà une question se dit la lionne. Son petit groupe était rentré par une dépendance à environ cinquante mètres du manoir, puis avait rejoint les sous-sols par un tunnel, effectivement. Mais si la garde encercle tout le bâtiment, ils en auront fait de même pour le cabanon, encore fait-il qu'ils trouvent l'entrée. Non, en vérité, ce n'était pas pour fuir par cette sortie qu'Hera voulait rejoindre les sous-sols, mais bien parce que le gros des hommes de Wymark s'y trouvait. Si il y a en effet un assaut, ils connaîtront le plan d'action prévu par le propriétaire. Les deux jeunes femmes y trouverons peut-être même le principal intéressé.
« Y a bien ça en effet, mais y a surtout tout les gars du proprio en bas, ils en sauront sûrement plus que tout ces pauvres paniqués qui se jettent droit dans la gueule du loup .. »
La rousse rétorqua. Surprenant. Celle-ci semble connaître la manière d'agir de la garde, la lionne à donc en face d'elle, certainement une multirécidiviste. Si tel est le cas, elle pourrait s'avérer une aide précieuse, devant avoir l'habitude de passer entre les mailles du filet. Quand la lionne elle s'obstine généralement à forcer sur le filet jusqu'à ce qu'il ne rompe.
« Aucune idée, je n'ai rien vu non plus »
Alors qu'Hera somme la mise en marche, la décapuchonnée l'interrompt. Le temps d'écouter ses propos, les deux derniers hommes manquant à l'appel les avaient rejoint, un peu en retrait. Avant de répondre quoi que ce soit, la lionne leur fit face. Elle écarte ses bras pour saisir les épaules des deux hommes et les bousculer l'un contre l'autre. Ceux-ci restent silencieux sur le moment.
« Regarde moi ça, pas même un gémissement, c'est des bons gars. L'équipement on en a pas trop, c'est pas vraiment discret sur les routes. Alors qu'on bon poing, et une bonne boxe, ça fait largement l'affaire »
Elle fait à nouveau face à son interlocutrice.
« T'es pas bête toi, t'es plus vive que tout les idiots affolés en tout cas »
La lionne fait d'ailleurs un constat, la pièce s'est vidée, tous ses occupants se dirigeant vers les sorties. L'un des étals n'est pas complètement débarrassé. Hera ria intérieurement, s'emparant de deux ou trois fioles abandonnées par son vendeur. Elle ne prit même pas le temps de lire leur contenu, le moment n'est pas venu.
« Oh je me prépare, ne t'en fait pas, par contre, nous devrions nous rapprocher de la sortie tout de même, sinon les trois qui me manque vont pas nous retrouver. À toi de voir maintenant si tu veux qu'on descende tout de suite, ou si j'envoie simplement un de mes gars en bas aux nouvelles ? »
Elle regarde alors par l'ouverture qui mène sur le couloir.
« C'est qu'à deux couloirs d'ici, ça ne mène pas ailleurs qu'aux sous-sols, on devrait pas croiser toute la populace »
« Pas un mauvais point, les proprios ont souvent des plans pour ce genre de situations. »
Et vu l’ampleur de l’endroit, certainement que c’était le cas. En tout cas, peut-être avait-il d’autres hommes que ceux que lui exposait la blonde. Enfin, ils ne semblaient pas mauvais ni frêles, mais semblaient un minimum loyaux et assez musclés pour réussir à s’en sortir. Pour l’équipement, elle n’allait pas dire le contraire - elle-même était venue désarmée.
« Plus vive que ça, c’est pas vraiment un compliment. »
Son regard avait dévié sur un type plutôt paniqué en train de manquer de peu de tomber d’un escalier avant d’essayer d’approcher de la porte dehors avec ses autres compères. Enfin, ce n’était pas une insulte non plus. C’était surtout pas bien compliqué. Après tout, c’était un domaine où il fallait être un minimum malin, savoir brouiller les pistes et rester vigilant, car la garde ne manquait pas de moyens non plus. Et il ne fallait pas les sous-estimer non plus. Enfin, ça dépendait des domaines.
« Allons en bas, c’est certainement le dernier endroit qu’ils trouveront s’ils ont bien géré leur sortie et qu’elle est pas trop évidente. Histoire de voir s’ils savent quoi faire. »
C’était vrai que les gardes aussi avaient pour habitude les passages dérobés, mais s’ils étaient bien dissimulés dans la végétation et n’avaient pas un chemin bien défini qui y menait, ils étaient difficiles à trouver. Pour peu que ces idiots n’aient pas piétiné toute la végétation aux alentours. Ce qui la dérangeait un peu c’était qu’elle n’avait pas pu établir de contact visuel avec le moindre garde pour confirmer que c’était bien un potentiel assaut qui allait débuter… Alors ça pouvait bien être une fausse rumeur et un effet de foule. Néanmoins, mieux valait être prudent, elle n’était pas venue ici pour se faire attraper d’une façon aussi conne.
Naviguant dans les couloirs encore peu connus, elle alla alors dans le sous-sol en suivant la petite troupe de la lionne. Elle semblait être assez une habituée de l’endroit pour avoir des bonnes relations avec les propriétaires, donc Amaryllis avait toujours de quoi se glisser dans la troupe et profiter de l’occasion.
Visiblement, Hera géra plutôt bien cet aspect là, même si les types semblaient encore assez peu certains eux-mêmes et débattaient sur le bien fondé d’une fuite ou non. Visiblement, la désorganisation affectait même les hautes sphères de l’endroit. Amaryllis, elle, resta assez silencieuse au début, négociant rapidement un petit achat d’une lame au cas où la situation dégénérait, même avec une petite reduc pour peu qu’elle aide si la situation dégénérait. Pas un mauvais deal, elle ne comptait pas se laisser faire de tout de façon, même si elle ne comptait pas porter de coup mortel à un garde, le mettre hors combat serait suffisant.
Alors que le débat s’éternisait, un homme de main déboula d’ailleurs dans la pièce, annonçant que c’était la panique là haut, et qu’une attaque était en cours. Sûrement de la garde, donc, même si ça pouvait très bien être une mafia rivale, Amaryllis n’était pas encore trop au fait de ce genre de politique. Mais loin de trancher le débat et les actions à effectuer, ça sembla repartir de plus belle. Fallait-il défendre l’endroit ou fuir? Brûler l’endroit?
« Défendre ne servirait à rien, même en se retrouvant vainqueurs, la garde reviendra plus nombreuse et mieux armée. Et si l’assaut à commencé, pas de temps à perdre, on ferait mieux de bouger! »
Bouger pendant que la majorité des forces de la garde sont occupés à arrêter les malfrats se trouvant au-dessus, les éventuels fuyards et autres forcenés qui résisteraient sûrement. Pour faire ça bien, ça prendra du temps, ce n’était pas juste un massacre. Mais bien une justice qui nécessitait des arrestations en règle. Même ainsi, traîner ici c’était la certitude qu’une escouade des assaillants arrivera bientôt avec comme objectif de sécuriser complètement les lieux.
Néanmoins la rouge n’avait sûrement pas assez de poids dans la discussion, même si elle était étonnée du processus fort démocratique. Un peu comme si c’était un club de malfaiteurs. Disons que pas y voir de Grand Chef défini, ou le voir si indécis, était assez original.
« Bon, on y va, nous? » souffla-t-elle à la lionne, un peu blasée.
La décision est prise, la petite troupe descend. Aux sous-sols. Hera était d'accord avec la rousse, autant s'y rendre directement et ne pas perdre de temps. Descendant les escaliers pour traverser les couloirs de pierre, la lionne constata que les hommes de Wymark étaient eux aussi agités, moins désordonnés que les manants de l'étage mais …
Enfin ils rencontrèrent ce qui semblait être les lieutenants du propriétaire. En plein débat sur la façon d'agir, rien de bien productif au début. On pouvait voir aisément qu'ils avaient plutôt l'habitude de faire appliquer les ordres que de prendre des initiatives d'eux-mêmes. Une question brûle les lèvres de la lionne, "mais où est encore fourré ce sacré Wymark ?!". Elle se dit alors qu'il se serait bien du genre à être le premier à prendre la poudre d'escampette en entendant parler de la garde. Mais la seule chose sûre, c'est que lorsqu'elle demanda aux lieutenants, ils n'en savaient rien.
Hera jette un coup d'œil à son accompagnatrice en pleine négociation, elle commence à taper du pied nerveusement, un peu agacée que tout cela ne mène à rien. Alors que les deux s'approchent enfin d'un terrain d'entente, il fallut qu'un troisième débarque et ne vienne tout remettre en cause avec des informations encore plus floues.
Enfin une quatrième voix s'éleva, plus décisive. Si la rousse n'avait pas intervenue, le sol serait certainement en train de céder sous les impulsions du pied de la lionne. Les trois hommes de Wymark l'ignorèrent, aucun d'eux ne souhaite être à l'origine de l'abandon du manoir, et encore moins d'en assumer les conséquences.
Hera n'était pas là pour prendre des décisions, elle voulait simplement recueillir des informations pour adapter son plan d'action. Mais les informations, commencent à tourner en boucle. Il n'y a plus rien à en tirer, et elle n'est pas la seule à l'avoir remarqué.
« Ouais … y a plus rien à tirer de ces trois paumés .. encore faudrait-il qu'il y ai eu quelque chose tout court »
Elle se tourne alors vers un des lieutenants.
« Vous transmettrez à Wymark qu'il aura des comptes à me rendre »
« Attend t'as dit quoi là ?! »
La lionne agite alors sa chevelure vers l'arrière, puis fais un pas en direction de l'homme, avant d'abattre son crâne en plein sur son visage.
Il cria, le nez en sang, il manqua même de tomber.
« Des comptes à me rendre ! C'est plus clair maintenant ? »
Les autres étaient stupéfait, regardant leur collègue au nez brisé. Le message semble être passé.
Hera rabat sa tignasse en arrière puis essuie son front tant bien que mal. Elle s'arrête alors soudainement lorsqu'elle voit un de ses hommes en train d'extirper une épée d'une caisse pour la dissimuler l'air de rien.
« Nan nan nan, nan mais tu fou quoi là oh ?! C'est pas déjà assez là merde comme ça ? »
Il tente alors de reposer l'épée l'air de rien tel un gosse prit en flagrant délit.
« Mais naaan .. tu la garde bon sang, ce sera retenu sur ta paye .. »
Elle se prend alors la tête à pleine main par dépit. Puis elle dégaine sa bourse en lançant quelques cristaux vers les deux lieutenants encore présent.
« Allez, à la revoyure »
Hera engage donc la marche, vers le tunnel qu'elle a reconnu comme étant celui par lequel ils étaient entrés. L'air de rien. Elle se met alors à niveau de sa suivante pour l'aborder.
« Aaaah j'ai cru que ça n'en finirai jamais, sans compter sur mes gosses .. À croire qu'on ne peut faire confiance qu'a soi-même n'est-ce pas ? Bon sinon tu viens d'où ? Une chose est sûre, je t'ai jamais vue dans l'milieu, avec une chevelure comme ça, on marque les esprits »
La lionne se gratte alors la nuque, se disant qu'une géante comme elle avec des oreilles féline, ça ne doit pas être non plus dur à manquer.
« Moi c'est Hera … aah le verdict approche »
Dit-elle alors que quelques fins rayons lumineux traversent une sorte de planché en bois.
« Si l'on doit en decoudre, ce sera maintenant »
Elle est prête, elle est toujours prête à ce genre de situation, la lionne serait presque même déçue si il n'y avait personne à la sortie.
Amaryllis, elle, restait un peu dépitée par le manque de commandement de l’endroit et la stupidité de certains. A quoi bon rester dans un endroit qui avait été de tout de façon compromis? Non, clairement, elle n’allait pas attendre ici de se faire cueillir, alors elle allait laisser les crétins se débrouiller entre eux. Visiblement, la lionne, elle, était encore plus énervée. Enfin, peut-être pas plus énervée qu’Amaryllis, mais elle le montrait en tout cas beaucoup plus que la rousse qui avait toujours ce côté un peu froid et maîtrisé avec elle.
Tant pis pour Wymark de son côté, Amaryllis le retrouvera bien, d’un côté ou de l’autre. Après tout, elle pouvait tout aussi bien tenter d’enquêter pour le mettre derrière des barreaux puis lui soutirer les informations différemment. Le fait qu’il ne l’ait pas vue lui laissait parfaitement cette opportunité. Néanmoins, il va bien falloir que la rousse investisse pour se faire plus discrète lors de ces entrevues.
Hera, elle, semblait dans son milieu pour faire passer les messages avec un certain impact. Pas très subtil, mais efficace, mais en tout cas le signal du départ était donné, et Amaryllis s’engagea dans le tunnel, jaugeant à nouveau la lame pendant le trajet. Elle ferait l’affaire, même si l’autre grouillot qui en avait aussi prit une l’inquiétait un peu plus.
« Rien de nouveau, on est rarement mieux servi que par soi-même. »
La rousse haussa les épaules. La lionne semblait assez curieuse, et c’était plutôt normal. Mais aussi plutôt bien intégré au monde criminel et ses usages. Peut-être un peu plus qu’Amaryllis qui était plus du genre à tenter des approches subtiles. Pas forcément le genre d’approches dont les gens étaient très réceptifs dans le milieu. Enfin, pas pour tout le monde. Cela dépendait pas mal d’à qui on s’adressait.
« Je suis pas particulièrement du genre à traîner dans ce genre d’endroits, à vrai dire. Pas si étonnant qu’on ne se soit jamais vues avant. C’était juste le seul et unique moyen de voir Wymark, et on peut pas dire que ça ait très bien tourné. Enfin bon, on peut pas dire que tu passes inaperçue non plus. »
Et encore, Amaryllis s’était débarrassée de ses cornes même si elles avaient déjà commencé à repousser. Sa chevelure couvrait encore la base noire sans difficultés. Et même si sa couleur n’était pas vraiment si passe-partout, elle n’était pas unique non plus. Hera, c’était apparemment son prénom, même si elle ne savait pas vraiment s’il ne s’agissait pas d’un pseudonyme.
« Moi c’est Amaryllis. Une fois là dehors, par contre, on essaye de se faire discrets et de s’éloigner, sans dérapages si possible. »
Surtout que quand un garde mourrait, ça faisait mauvaise impression pour tout le monde, et en général les enquêtes étaient un peu plus musclées que face à un simple délit de fuite qui n’irait certainement nulle part. Amaryllis attacha rapidement ses cheveux, avant de remettre en place solidement sa capuche. Si le regard de la lionne et de ses acolytes n’était pas bien gênant, celui d’un garde pourrait l’être beaucoup plus dans le futur. Alors elle n’était jamais trop prudente.
La sortie ne se passa pas trop mal d’ailleurs, le temps de laisser un peu ses yeux s’habituer au soleil. Rien, ni personne, ne semblait se trouver autour de leur échappatoire. Cela dit, mieux valait ne pas trop traîner. Alors qu’ils étaient en train de progresser depuis une petite minute loin du chemin, une voix retentit d’ailleurs, sèche.
« Eh, vous, là bas, arrêtez-vous! »
Un petit soupir, ça ressemblait fortement à un garde, alors Amaryllis tenta la fuite en entraînant potentiellement ses acolytes de la journée avec elle. Quoi qu’il en était, elle était poursuivie, et elle slalomait entre les arbres en espérant le semer mais ce fichu garde était particulièrement tenace. Mais visiblement aussi seul. Même si des renforts avaient sûrement été appelés. Elle avait peut-être une idée…
« Partez devant, je m’en charge. »
Amaryllis, après avoir passé une haie, se coula derrière un tronc en attendant l’arrivée du garde hors de vue. Le temps pour Hera et ses sous-fifres de prendre de l’avance. Amaryllis, elle, bondit directement de sa cachette pour offrir un coup de genoux dans le ventre du garde par surprise, utilisant sa lame pour dévier la sienne et l’empêcher de se défendre de son attaque au contact. Le plan était initialement de le blesser au niveau du pied ou de la jambe et de faire croire à une lame empoisonnée pour qu’il empêche ses collègues de les poursuivre. Seulement voilà, son piteux déguisement avait décidé de lâcher et de l’abandonner, et en plus, c’était effectivement bien un garde à qui elle avait déjà parlé. Et, ça se voyait à son visage qu’il venait de la reconnaître.
Pas de chance. Surtout pour lui.
Profitant de la surprise, un coup de boule au garde le fit chanceler en arrière, la maîtrise de sa lame n’ayant jamais quitté ses réflexes savamment sculptés par des années d’entrainements et de combats. Un art de tuer qu’elle connaissait depuis son plus jeune âge et qu’un garde ne s’attendait pas forcément à trouver chez son adversaire, ce qui lui permit de frapper vite et juste en se remettant plus rapidement de cet échec. Sa lame perça d’un coup d’estoc sa poitrine au niveau de son cœur, avant de la retirer rapidement et de trancher la gorge du pauvre garde pour définitivement le faire taire. Vérifiant qu’il était bien mort, un petit mouvement sec pour nettoyer sa lame, une remise en place de sa capuche et un petit coup d'œil aux alentours pour vérifier qu’elle n’avait pas été aperçue, et elle reprit sa course à la suite d’Hera. Au loin, d’autres cris. Peut-être d’autres gardes se lançant à leur poursuite suite à l’alerte du premier?
Dommage, de sa mémoire, ce n’était pas un mauvais bougre. Mais, clairement, ce n’était pas Amaryllis qui allait s’apitoyer sur son sort. Elle avait été froide et méthodique tout du long. Maintenant, restait à s’éloigner le plus possible de la scène du meurtre, puis à faire disparaître les preuves - sûrement enterrer la lame dans un recoin perdu de la forêt, avec son manteau miteux qui avait été souillé par un éclat écarlate.
À ces mots, la lionne était à la fois fatiguée mais aussi amusée. Après, les gosses dont elle parle, sont les siens. Pour ce qui est de compter sur soit, elle ne le sait que trop bien. Malgré cela, toujours sur ses gardes, elle a réussi à ouvrir son cœur à deux autres âmes toutes aussi égarées que la sienne à l'époque. Mais sa situation étant bien moins précaire, voilà que son palpitant se retrouve hors d'atteinte de qui le convoiterai.
« Rarement, en effet »
En effet, en effet, Wymark est plutôt volatile, bien difficile à attraper, mais toujours fourré un peu partout. Intéressant de retenir que la rousse semble assez importante pour avoir une entrevue en personne, tout en restant seule pour ne pas se faire trop remarquer.
« Il est difficile de l'être avec une notoriété publique ... et mon apparence peut aussi entrer dans la balance, certes. Mais certains ont apprit à leur dépends qu'il ne faut pas avoir un regard trop insistant. »
Une lumière presque naturelle faisant son apparition au loin décrocha un petit rire à Hera. Le dénouement approche.
« Les dérapages ça me connait, je commence à être rodée pour ce qui est de les éviter »
Trop calme, c'était trop calme par rapport à la pagaille du manoir, quelque chose sonne faux. Plus alerte que d'habitude, la lionne progresse avec son groupe et la nouvelle venue. Son instinct ne lui fit pas défaut, mais un peu trop tard. Un homme les observait un peu plus loin mais ils s'aperçurent l'un l'autre presque simultanément. La distance était telle que la course était la meilleure option. Le temps de fondre sur lui, d'autres pourrait être déjà là. Aucun ordre à donner, ses hommes savent que si combat il doit y avoir, Hera sera la première à s'y jeter. La lionne avait les capacités physiques de devancer son groupe mais ce n'était en aucun cas son attention. La rouge tient aussi très bien le rythme, même légèrement supérieur à ses gars. Ses vêtements devaient cacher une musculature très athlétique lui permettant de maintenir cette allure tout en zigzagant parmi les obstacles naturels. Enfin, alors qu'elle pense à cela, la rouge décroche soudainement du groupe.
Ils continuèrent d'avancer, de quoi la perdre de vue, avant qu'Hera ne donne le signal pour s'arrêter. Si elle faisait cela, ce n'était pas par inquiétude pour la jeune femme restée en solitaire, mais bien pour s'assurer qu'elle s'en revienne et qu'elle n'a pas été interceptée et aurait vendu leur peau par la même occasion.
Heureusement, arrachant d'ailleurs un petit soupir, la rouge ne mit pas longtemps à reparaître. Son habit avait lui aussi une petite teinture rouge, indicateur de l'issue de la rencontre. Une oreille de ses oreilles féline la titilla, les bois n'était plus si calmes, d'autres devaient approcher. Deux choses étaient sûre à présent. Il faut se remettre en route, et la seconde, cette Amaryllis viens d'acquérir partiellement la confiance de la lionne par le sang. Une vie n'est pas à prendre à la légère, même dans le milieu criminel, peu sont ceux prêt à ôter la vie des leurs pour tromper leur réel ennemi.
« Du monde en vue ? Quoi qu'il en soit, j'ai mon propre point de chute pas très loin derrière le bois, j'y ait quelques montures, tu devrais pouvoir t'en dégoter une, ou bien monter avec nous si tu veux aller à la prochaine ville »
La lionne attendra sa réponse une fois sur place, mieux vaut économiser son souffle, un petit bout de chemin est encore à parcourir.
Le groupe finit par arriver à une sorte d'auberge sur un bord de route peu fréquenté. En effet quelques montures était déjà scellées comme annoncé par Hera qui prend la parole à nouveau.
« Bon, eh bien je dirais qu'on les as semé, mais pour combien de temps ? À toi de voir maintenant, soit on continue les présentations qui ont été écourtées en montant avec moi, soit on fait un bout de chemin ensemble jusqu'au prochain coin tranquille ? »
Amaryllis répondu positivement à la seconde proposition, et monta derrière la lionne pour ce trajet, en espérant cette fois ne pas subir une nouvelle opération douteuse de la garde qui pourrait les mettre en difficulté, étant donné le contenu amassé au manoir et peu légal de leurs poches.
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