Allez ma grande, c’est une entrevue importante, tu peux le faire, crois en toi.

C’est ce qu’elle pense, habiller aussi bien que possible, une robe dans les tons pastel qui font bien ressortir sa peau il parait. Elle s'est apprêtée ce matin pour ce rendez-vous, amis elle n’avait que l’impression de voir une pâle figure face à la glace en se regardant dans le miroir avant de partir de l’auberge où elle est. L’apparence est si illusoire dans cette histoire.

Instinctivement, quand on lui a dit qu’elle aurait un rendez-vous d’affaire avec une personne travaillant avec les têtes pensantes du trône d’Amphitrite, elle avait eu la tête qui tourne sur toutes les questions à pouvoir penser en plus que de jouer l’investissement de l’homme dans sa future entreprise. Ce simple repas dans une terrasse de café pouvait tellement changer pour elle.

Pitié que cela une personne dans ma tranche d’âge qui n’aura pas l’air arrogant.

C’était sa première pensée qu’elle avait eue pour son futur interlocuteur. Donc, elle fut assez surprise, agréablement surprise, quand ce fut un homme, dans la trentaine, la peau ambrée, les yeux verts, les cheveux brun, à peine plus grand qu’elle et des cheveux noirs en bataille qui s’installèrent face à elle. Il était parfaitement comme elle espérait le voir. Un léger soupir de soulagement sortit de sa bouche et elle se mit à se présenter.

   — Bonjour, merci d’avoir pris de votre temps pour cet entretien. Je sais que ce n’est pas forcément un lieu pour un repas d’affaires ou même un vrai repas à vrai dire, mais je trouvais cela plus sympathique et neutre comme terrain d’approche. Enfin, si vous avez une préférence pour un autre lieu, je me doute que vous ou vos associés auraient proposé un endroit différent, mais j’avoue être un peu nerveuse aujourd’hui. Ne pas le dire serait assez mensonger et vu que la part que j’aimerais de votre compagnie est dans ce projet, l’honnêteté de mon côté se doit d’être la plus transparente possible.

C’est un serveur arrivant à la table qui stoppe son débit de parole un peu trop important.

   — Bonjour très chères clientes. Puis-je prendre votre commande ou est-ce que vous n’avez pas encore choisi ?
   — Nous n’avons pas eu la carte en fait.
   — On ne vous l’a pas fait passer à votre arrivée ?
   — Visiblement, non, enfin, sauf si c'est en papier invisible pour permettre de garder un style impeccable à la décoration des lieux. Ce qui serait assez révolutionnaire j’en conviens.
   — Nous n’avons pas de menu invisible, même si nous en avions, ce serait trop compliqué pour les distribuer et reprendre au client et.. Ce n’est pas le sujet. Je vous prie de m’excuser, j’étais persuadé que l’on vous a servi un menu.
   — Aucun problème monsieur.
   — Je suis tout confus et ne sais pas trop quoi faire…
   — Nous apporter un menu maintenant ? Même si c’est un peu tard visiblement, je suis sûr qu’on peut tout de même le consulter et voir ce qu’on prend ou non.
   — Oh ! Mais bien entendu, je vous fais tout de suite mesdames.

Mesdames ?

Elle fronce légèrement des sourcils et laisse couler, l’homme a l’air assez perdu pour ne pas en ajouter encore plus à sa confusion.

   — La journée du stress n’est pas que pour moi visiblement. Après je peux aussi comprendre, il paraît que ce café à changer de propriétaire a changé de gérant il y a peu. La réputation de l’établissement est très bonne, mais quand une transition dans ce genre se fait il faut toujours en faire toujours plus et parfois trop. C’est peut-être le souci de ce serveur ou alors son responsable en salle qui est visiblement en train de l’engueuler parce qu’on a des tenues qui sentent un peu trop les cristaux frais à leur goût. Pourtant il avait l’air de faire un sans faute pour la distribution des menues, c’est à la veille de la table d’à côté qu’il a donné un menu et qui attend à la base sa commande. C’est un peu amusant de voir ce genre de petit couac, lui l’indiquer à son prochain passage est peut-être la bonne solution, mais est-ce que c’est vraiment lui rendre service de ne pas voir quand est-ce que la mamie qui a levé maintenant cinq fois la main va réagir ? Enfin, j’aime bien observer mon environnement et le commenter, même si c’est souvent plus à l’écrit qu’à l’oral, si à un moment mon babillage vous gêne n'hésitez pas à me le dire.

Tout le plaisir est pour lui ?

Il y a un rougissement qui ne peut s’empêcher de se faire sur les joues de la demoiselle. Ce n’est pas des plus flagrant, mais ce genre de petit commentaire fait toujours chaud au cœur quand c’est ne dit pas une personne qu’on trouve attirante. Même quand ce n’est que de la politesse comme ça.

   — Sincèrement, comment ne pas être stressé à la base pour ce genre d’entretien ? Même en voyant ça de manière informelle, c’est tout de même un entretien important, pour un article que je ne souhaite pas rater. Pas qu’il est des articles que je souhaite rater, mais, notre entretien a quelque chose d’unique. Comme tous les entretiens si on regarde bien. Même en remettant les mêmes bases, il ne sera plus jamais comme ce premier-là. Alors, savoir en plus que mon entreprise en cours de création attise aussi votre intérêt me remplit d’adrénaline. Même si vous avez parfaitement raison, surtout aux vus de la possible nature de ma ligne éditoriale, ça sera une aventure risquée, même au niveau humain, mais est-ce que ce n’est pas le risque qui donne tout le sel de la vie ? Sans risque ont vie une vie simple et ennuyeuse dans une maison trop bien rangée ou son âme se perd à ne rien trouver pour la faire palpiter.

Tout le souci de ta vie dans les Archipels quand elle y n’étais pas en vadrouille ou déjà à la recherche d’information de base là-bas aussi. Le genre de vie qui n’était pas fait pour elle. Pour d’autre peut-être, mais le sang de la liberté et du chaos est trop présent dans ses veines pour que cela soit pour elle. D’après sa famille en tout cas.

  — Je me laisserais tenter par un upside-down raspberry cheesecake, je ne sais pas du tout ce que cela est, mais ça a une consonance de dessert et qui n’aime pas les déserts ? Pas moi en tout cas.

Elle dit cela comme si c’était une confidence, avec toujours un petit brin d’humour dans sa voix, un enthousiasme qu’on lui a mainte fois dit qu’un jour cela lui jouerait des tours. Aux vus du regard un peu moqueur du serveur à son commentaire, on peut dire que c’est un peu le cas aujourd’hui. Une fois sa commande passée, elle reprend un peu de sérieux, un peu, pas trop tout de même et répond toujours avec cette passion qui semble enflammer son corps quand elle parle.

   — Et bien, j’avais penser à la base faire ainsi, poser des questions préparées, vous y répondez et je fais mon article plus tard, en me basant sur mes notes, une fois que j’aurais mis un peu de sous de côté j’aurais même une magnifique plume qui écrira pour moi ou encore un mignon dumctopus qui retiendront les conversations, mais ce n’est pas le sujet. Seulement, ça me parait un peu fade, en fait, pour commencer, j’aimerais que vous me parliez, autant que vous vous sentiez à l’aise sur le sujet sur de pourquoi le trône est important pour vous et ce qui vous pousse à le faire vivre. Qu’est-ce qui a conduit vos pas à lui ou qui est qui l’a conduit à vous ? Commençons par une approche personnelle de l’entreprise avant de voir tout la partie logistique ou historique. On sait tout, on ne va pas se mentir, que les gens aiment avoir des ragots, connaître des anecdotes croustillantes sur des sujets inutiles plus que sur la base même d’un projet. Quand une rumeur touche la famille royale, tout le monde l’oublie si cela parle de politique, alors que si ça parle de coucherie on en parlera encore des années plus tard. Je ne souhaite pas que votre article soit oubliable, je voudrais, si cela ne vous dérange pas, allier rumeur contrôler et histoire de votre entreprise. Donner une genèse, sans mentir, qui donne l’impression d’être plus proche de vous. De l’ensemble de votre entreprise surtout.

Elle ne sait même pas si elle est capable de cela, pourtant, c’est avec ce genre de démarche qu’elle veut faire ses articles. En rendant autant humain que possible ce qu’elle écrit. Cela manquera certainement d’objectivité, il y aura des parties qui seront réécrites pour plaire à la personne pour qui c’était créé à la base, mais il y a un quelque chose de palpitant à faire cela.

   — Bien entendu, l’article sera relu par vous avant la publication et corrigé autant de fois que nécessaire pour en avoir la version finale qui vous convient le mieux. Alors, est-ce que cela vous tente de raconter les choses de cet angle-là ?

Un petit rire la prend en l'entendant dire qu’elle restituera le plus fidèlement ce qu’elle aura en information. Ce n’est pas tout à fait exact. Elle retranscrit au mieux ce que la personne qui sera sujette de son article voudra. Libre à elle de mettre que certain point a été modifié ou insinuer avec tout sauf subtilité qu’on a souhaité faire taire son véritable travail de base. Tout dépendra de comment on lui demande les changements après tout.

   — La fidélité de la réalité n’est propre que suivant le point de vue dans lequel on le regarde. Je ne sais pas si c’est à un honneur quelconque de laisser chacun choisir de comment ils voudront que cette réalité soit retransmise par moi. Parce qu’après tout, même si je m’en tiens à exactement les faits qui se passent sans enjoliver ou changer quelque passage, ça n’empêchera jamais certains de se dire que ce qu’on leur présente est un tissu de mensonges. Certains sont bien persuadés que des légendes urbaines sont une réalité et même avec tous les enchanteurs possibles qui leur explique qu’ils sont en tort ne voudront pas changer leur version de la réalité.

C’est dit avec douceur et beaucoup plus de calme qu’avant. Pariza est née dans un monde gris, une famille noble, certes, mais sans vraiment d’argent et que personne ne souhaitait en alliance politique, avec plus de pirates dans l’arbre généalogique que de garde et avec des repas familiaux qui ont pu finir en bain de sang pour un mot de travers sans que cela le soit plus dérangé que cela. La réalité du monde, même d’un événement à bien des angles et même les fantasmes d’une réalité tronquée de certains passages sont un point de vue qui peut être vu comme fidèle pour certain.

   — Oh et vous savez, je parlais de coucherie pour ce que les gens aiment entendre, pas ce qu’il faut pour une publicité qui fera mouche. Même si je suis plus que certaine que pas mal de lecteurs attentifs aimeront imaginer une romance impossible si on leur laisse de micro pistes de cela, mais bonne, ce n’est pas forcément ce qui fait fonctionner les affaires. Surtout entre deux hommes. Étrangement, si vous aviez été une trésorière avec des formes généreuses, d’un seul coup ce genre d’histoire aurait attiré des clients voulant aussi goûter à vos charmes ou tenter leur chance, sans même à savoir si cela est vrai ou non… J’ai ouï dire d’un pirate qui a recruté des gens dans son équipage avec ce genre de rumeur et qui faisait passer sa lame un peu trop près du service trois pièces de ceux pensant que cela serait un jeu d’enfant de l’avoir dans leur lit. Spoiler, sa compagne à toujours éliminer tout homme qui pourrait vouloir la toucher.

Une lointaine cousine par alliance de son oncle Mordeport qui faisait cela de son vivant, paix à son âme, emportée dans un naufrage.

   — Je ne dirais rien de plus sur vos secrétaires, il serait dommage qu'ils soient plus que deux dans ce fameux placard suite à cela.

Un peu d’humour qui ne ferait de mal à personne alors qu’elle goûtait sa boisson avec un certain plaisir non feint et la reprise de note rapide sur son carnet.

   — Cette histoire de trafic d’incandescence est assez amusante et des échos que j’ai pu en avoir, j’ai très hâte que nous puissions en discuter une autre fois. Même si cela date un peu, c'est le genre d'affaires qui rend toujours les gens curieux d’une nouvelle version de l’histoire en question. Et oui, je sais plus que bien de comment certains nobles peuvent être fermés pour bien des raisons.

Elle n’avait pas de contrat de mariage en partie à cause de cela. Il y a certains standards que la noblesse souhaite garder en haut de sa priorité et être en contact de personne qu’elle juge indigne pour des détails insignifiants aux yeux de la métisse était un standard plus que classique.

   — Il vous a offert une raison de vraiment en vivre quelque part. Enfin, c’est comme cela que cela ressort dans vos propos. Il me rappelle ceux de certaines connaissances qui ont pris des voix que certains jugent bien sombre, mais qui les rendent bien plus vivants que s’il s'était rangé bien confortablement dans un moule tout fait pour eux.

Il y a bien des raisons qui poussent à la piraterie, mais cette soif d’aventure et de vie est une des premières mine de rien.

   — Pour le coup, dit comme cela, ça ressemble à un coup de foudre avec votre âme sœur. Pas celle romantique du terme, celle qui permet de se sentir vivant et qu’il faut rencontrer pour ne pas sombrer dans un ennui mortel. En tout cas, je vois comment écrire ce passage-là. Plus ou moins. C’est un début qui fait chaud au cœur à entendre. Maintenant, passons un peu à la suite. Est-ce qu’il y a un sujet important que vous voudriez que je mette en avant sur les valeurs du trône ? Des projets qui sont en place ? Qu’est-ce qui fait que vous et pas une autre compagnie êtes à suivre en ce moment pour faire des affaires ?

C’est maintenant qu’elle commençait vraiment à gratter ce que le trône pouvait offrir, maintenant qu’elle avait la base solide de cet interview après avoir de comment l’introduire de manière aguicheuse pour les lecteurs. Enfin, aguicheuse une fois qu’elle aurait la bonne formulation.

Ses mots touchent l’estime de Pariza qui se gonfle du compliment. Ajouter quelque chose serait ternir cela alors il y a juste un merci, avec un sourire des plus éclatant, qui est répondu avant de prendre une gorgée de son cocktail en face d’elle.

   — Des serrures cela se crochète bien trop facilement si vous souhaitez mon avis, même des serrures magiques. Il y aura toujours un petit malin pour en avoir la clef au mauvais moment, surtout pour faire des choses qu’on ne désire point qui sont faites en ce lieu.

C’est dit avec beaucoup d’humour. Même si elle le pense tout de même un peu. Il y a toujours des gens qui voudraient toucher à l’interdit parce que c’est interdit de le faire. Prenant quelques notes en plus, elle hoche la tête de compréhension.

   — Donc avoir un public d'aventuriers voulant travailler pour vous ou encore de client pour des matières premières magiques pour du commerce en direct serait la cible phrase de cet article. Hum, effectivement, raison de plus de ne pas mettre d’histoire de coucherie pour attirer leurs yeux… Non, vous avez besoin de quelque chose de plus sérieux avec une touche un peu familiale tout de même, parce que les gens aiment quand on est proche d’eux…

Elle marmonnait plus pour elle-même qu’autre chose et s'était mis à écrire la version finale de sa feuille de chou. Il fallait qu’elle offre une première version à son collaborateur avant la fin de cet entretien. Tout en écrivant, elle lui répondit tranquillement en même temps.

   — Je vous propose, pour l’interview de certains de vos employés, de le faire directement sur le terrain, pour en plus faire un petit résumé de mission possible chez vous en prime, enfin, si cela vous va de m’avoir dans les jambes de vos employés pour ce genre de cas, bien entendu. Je ne voudrais pas me mettre en travers de votre activité après tout. Les gens apprécient en général les séries à suite, même quand c’est jugé un peu fade. Pas que votre activité soit fade, c’est plus une généralité qu’autre chose.

Mettant un peu les formes dans son écrit, il y a une certaine détente sur ce qu’elle dit. Une nouvelle gorge de sa boisson fut prise et un petit rire sortit de sa bouche.

   — Pour ma part, j’aime ma famille, mais je ne suis pas très travaux de la terre, m’occuper de la paperasse commerciale n’a jamais été passionnant pour moi, je n’ai pas la fougue de la navigation comme certaine de ma famille comme vous semblez appeler cela, puis, j’ai toujours été trop curieuse pour ne pas vouloir fouiner par moi-même. Pendant longtemps j’ai espéré un mariage qui me permettrait de faire cette activité, en profitant plus ou moins de l’influence de mon conjoint pour exercer sans trop me soucier du côté financier de la chose, mais, visiblement, un mariage avec une famille noble des archipels qui fait pousser des plantes et sans un capital profond ça n’attire pas de masse. En tout cas, je suis tout de même curieuse que le côté navigation ne vous est pas posé souci pour cet entretien. Souvent on juge beaucoup ma famille sur cela, sans chercher à comprendre tout ce que cela implique.

Elle n’aurait pas pensé de base que l’on nommerait ainsi l’activité de piraterie de certains membres de sa famille après tout. La personne en face d’elle avait un bon réseau d’information en tout cas, ce qui était bon à savoir.

   — Bref, pour en revenir au journal, j’ai toujours beaucoup aimé écouter les rumeurs. Avoir toutes sortes d’avis qui s'entre croise. Puis, quand on vit sur les Archipels, il y a beaucoup de nouvelles qui mettent du temps à arriver ou partir. Des informations qui se perdent ou qui sont stoppées et je voulais moi-même proposer une alternative à cela. Quelque chose qui permet de contrôler ce qui peut être appris et surtout pouvoir le diffuser au plus de monde possible. Que si on vient de la forteresse et qu’on souhaite en apprendre plus sur la fête du melon de chance d’une petite île ou même avoir la chance d’y aller et bien avoir simplement la possibilité de savoir que cela existe. Ne pas être dans le flou qu’avec les rumeurs qui passent d’un bout à l’autre du royaume. Avoir aussi un moyen de faire s’évader certaines personnes qui ne peuvent pas forcément voyager par eux-mêmes. Je vais vous lire mon premier jet, si cela vous convient pour cette première partie, nous le publierons ainsi, si vous avez des réserves ou des modifications à apporter n’hésitez pas à le dire.

Après une rapide relecture mentale, elle se mit à la lecture de son article.