Les cahots du chariots n'étaient pas de tout repos, surtout pour la cheville blessée du noble, ce dernier tressautant à chaque bosse du terrain. Mais c'était tout de même mieux que marcher.
Et alors que la caravane progressait, cette fois dans le calme, lui prit le temps de se reposer. Cela dit au vu de l'état du sol, il y renonça au bout d'une dizaine de minutes, préférant imiter sa camarade et entretenir son équipement
Le tueur de dragon était intact, mais l'argenté préféra s'en assurer, saisissant l'arme pour en examiner la structure interne.
Maitriser le métal permettait entre autre d'en ressentir les faiblesses, mais cette fois, le noble n'en trouva aucunes et pu souffler.
Contrairement à Sia, il n'avait pas grand chose à entretenir, le peu qui pouvait s'abimer étant facilement rattrapable. Au lieu de quoi il préféra s'approcher de l'arrière pour profiter de la vue.
Dans la dernière voiture, il eut tout le loisir d'admirer le paysage qui défilait lentement. Après une bonne heure, le noble se sentit assez en forme pour proposer son aide, s'approchant de la demoiselle en observant sa lame.
-Elle a bien souffert... tu veux un peu d'aide pour la réparer ? Je pense être assez en forme pour utiliser ma magie. Je ne te garanti par un état initial, mais au moins sera t'elle redressée et sans plus aucunes criques
Et après un regard circonspect il se mit à l'œuvre, complétant le travail de la demoiselle du mieux qu'il put. Le noble ne créa pas une merveille, se contentant de redonner la forme d'origine de l'arme tout en supprimant les tensions dans le métal. Cela ne fut pas bien compliqué, et le noble se surprit à en sortir moins fatigué qu'il ne l'avait cru.
-Voilà qui pourra au moins te servir pour le reste de l'aventure. Comme le monstre qui nous posait problème est mort, je doute qu'elle ne soit trop sollicitée.
Nul doute qu'avec des outils adapté tu saura lui rendre son efficacité d'origine, mais pour rentrer ça devrait aller
Il faudrait peut être un jour qu'il s'informe sur les techniques de forgerons. Pour éviter justement de rendre des armes à peine réparées.
Avec un peu de connaissances, il était sur que ses compagnons d'armes seraient ravis.
Passant son doigt sur le fil de la lame, il l'affina au mieux, recouvrant ce dernier d'une petite couche d'acier dense, suffisamment pour renforcer le tranchant déjà bien abimé.
-Tu pense que tu pourrais m'apprendre deux ou trois choses sur la forge ?
Demanda t-il en rendant l'arme à sa propriétaire, se reculant pour remettre un peu de distance entre eux
-Pouvoir manier le métal est quelque peu compliqué quand on ne connais pas ces matériaux, et ce serait l'occasion d'explorer un peu ce pouvoir
Qui mieux qu'un forgeron pour cela ?
Quand il me rend mon arme, je prends le temps de l'inspecter d'un air sérieux. Je l'écoute d'une oreille, mais reste silencieuse le temps de mon inspection. Le travail est loin d'être mauvais pour un néophyte, il semble connaître à minima les matériaux, certainement par instinct et suite à des expériences personnelles. Même si la lame semble avoir retrouvé un état proche de son état d'origine, je repère rapidement les différences. Ce n'est plus ma lame. C'est autre chose. Elle est toutefois utilisable et adaptée pour le combat. Je termine le travail par un léger nettoyage et polissage. Il est temps que je brise le silence et apporte ses réponses à l'argenté. Il me fait vaguement pensé à Eulalie qui avait posé des questions similaires à Lyle. À l'époque, je m'étais emportée face à cette curiosité et cette volonté maladroite d'apprendre la forge comme si c'était facile. Aujourd'hui je me trouve dans la position de mon maître et j'ai légèrement gagné en maturité, je ne vais donc pas traiter Liory comme je l'ai fait avec la prêtresse.
« Apprendre des trucs sur la forge... Ce n’est pas vraiment des trucs qu'on peut enseigner "comme ça". Je ne me sens pas vraiment légitime de t'enseigner des choses alors que je suis moi-même en apprentissage... J'imagine d'ailleurs la tronche de mon maître s'il voyait son apprentie commencer à enseigner des choses quand elle-même fait encore tant d'erreurs... Surtout pour de la magie. »
Clairement, le rouquin n'approuverait pas une telle chose. Il a horreur de la magie, alors l'idée d'enseigner la forge à une personne pouvant former des armes de sa simple volonté alors que lui cherche à obtenir un résultat venant de la sueur de son front...
« Je peux bien te partager quelques connaissances assez basiques que n'importe quel forgeron peut te donner. Des choses simples que l'on doit trouver même dans les livres. Pour le reste, je dirais que ça vient de l'expérience, il faut ressentir les choses et les vivre. Ton pouvoir a certainement un énorme potentiel et je n'ai aucun doute sur le fait que tu peux être capable de faire des choses extraordinaires avec. »
Je regarde l'aventurier avec un air très sérieux, presque froid. La forge est toujours un sujet que j'aborde avec le plus grand des sérieux et sur lequel je ne plaisante jamais. Un sérieux que l'on me reproche un peu parfois, j'ai besoin d'apprendre à m'adoucir et pouvoir sortir de ma bulle pour gagner en maturité. Je prends une grande inspiration et cherche à me détendre un peu. Je prends ma lame en main et la montre à mon compagnon de voyage. Le plus simple, c'est de commencer par lui montrer les points intéressants de son travail, mais aussi les défauts que je repère.
« Tout va dépendre de ce que tu veux faire avec ton pouvoir. Il y a presque autant de types de forgerons que de choses que l'on peut forger, il n'y a pas qu'une façon de forger. Il y a quand même quelques règles communes que chacun adapte en fonction de ce qu'il veut faire. Je pense qu'à force d'utiliser ton pouvoir, tu as certainement compris que les métaux ont l'étrange propriété d'être à la fois durs et souple ou résistants et brisables. Pour qu'un forgeron puisse travailler un métal à sa volonté, il va jouer sur les différences de températures, mais aussi sur les pressions à exercer pour former l'objet convoité. Toutefois, il faut être prudent avec ces techniques puisque l'on peut facilement changer une de ces propriétés avec une toute petite erreur. »
Je viens alors passer mon doigt sur la lame, mon regard suivant le mouvement. Je le relève ensuite vers le regard bleuté de l'argenté.
« Tu sembles avoir délié la plupart des tensions du métal en le réparant. Ce n'est pas une mauvaise chose, ainsi la lame perd certains points de fragilité et c'est un résultat difficile à obtenir en forgeant. C'est presque un peu rageant que tu puisses le faire avec une telle facilité... »
Je ravale un peu la boule qui se met en travers de ma gorge. On ne choisit pas le pouvoir que l'on obtient à la naissance, mais cette saleté de destinée semble tout de même vouloir parfois vous narguer en vous montrant celui des autres.
« Bref, tu as rendu la lame moins fragile en théorie. Le problème, c'est que tu la rends aussi plus souple. Tu as altéré la dureté que j'ai voulu lui donner et ce n'est plus la même lame. Tu as aussi renforcé le tranchant. Ce n'est pas une mauvaise idée. C'est une partie que l'on durcit souvent parce qu'elle ne doit pas briser trop facilement à l'aiguisage et qu'elle va être une partie très sollicitée que l'on va avoir besoin d'entretenir. Là encore, il faut faire attention à ne pas non plus trop renforcer le tranchant au détriment du dos de la lame. Certes, le fil va être mis à rude épreuve pour trancher et découper, mais c'est le dos qui va recevoir la force que la lame reçoit. »
Je me redresse en regardant le noble. Je ne suis pas certaine d'être vraiment claire dans mes explications. Je ne suis pas vraiment la personne la plus pédagogue qu'il existe. Je me gratte un peu la joue en prenant une expression plus douce et moins sérieuse.
« Peut être que le plus simple, c’est que tu me dises ce que tu aimerais faire et que tu me montres des exemples. Je te donne mon avis et mes conseils. Si tu veux apprendre plus par contre, le plus simple restera de trouver un forgeron acceptant de te montrer sa méthode pour que tu puisses la visualiser quand tu utilises ton pouvoir. »
Indéniablement, il était difficile de parler de son métier, encore plus quand ce dernier était en majorité composé de techniques propres à chaque artisan. Cela dit, ce que tout ces gens avaient appris via des maitres ou des livres, Liory l'avait découvert part lui même, ressentant le métal bien mieux que n'aurait pu le faire une infinité d'instrument.
De façon indescriptible, le noble pouvait localiser les nœuds, les rigidité, les fissures et fractures. Mais même avec la meilleur volonté du monde, l'argenté n'aurait pu décrire cela.
Cela revenait à apprendre à un sourd les différences subtiles des notes de musiques
-Je ressens les choses dont tu parle plus qu'autre chose, mais j'avoue m'émerveiller sur tout ce qu'on peut faire le métal
Comme pour prouver ses dires, il créa une petite dague, créant des fissures dans l'acier qu'il combla avec un autre métal, avant de retransformer le tout en masse informe s'émerveillant de pouvoir travailler ces matériaux à l'intérieur même de la matière.
A vrai dire s'il parvenait à comprendre les bases, sans doute son pouvoir pourrait devenir plus efficace en améliorant encore la qualité de ses créations
-En soit, mieux vaut chercher l'équilibre, sauf si l'on veut une lame vraiment très spéciale
Conclu t'il avant de se réappuyer contre le rebord du chariot, soupirant alors qu'un nouveau trou dans la route mettait sa cheville au supplice. Le noble finit d'ailleurs par remplacer l'attelle par une version métallique qui vint entourer sa cheville, remontant jusqu'à son genou pour former une cuirasse médicale improvisée.
-Oh tu sais, je n'ai pas de prétentions là dessus, j'essaye de créer diverses choses au mieux possible.
La demoiselle semblait un peu gêné de ne savoir en dire plus. Mais elle avait raison sur un point : il lui faudrait aller voir de nombreux forgerons pour apprendre plus. Cela tombait bien, sa compagnie en comprenant un nombre plus qu'important.
Mais cela devrait attendre la fin de la demande de Luz, ce serait cela dit un bon moyen de s'occuper pendant sa convalescence.
-Mais je serais plus que preneur de tes conseils, vois tu, ma seule arme vraiment utile au contact est cette dague.
Tirant de sa ceinture Midir, il la tendit à la demoiselle, l'arme présentant un profil plus que classique, sa lame noire semblant absorber la lumière. Et si l'on ne devinait pas grand chose au premier regard, l'arme avait été refaite plusieurs fois, le noble l'ayant utilisée pour affuter ses propres talents.
C'était pour le moment le pinacle de ce qu'il pouvait produire, le noble ayant tissé l'acier avec d'autres métaux qui lui avaient semblé adaptés.
Plus légère, elle était néanmoins légèrement déséquilibrée vers l'avant, favorisant son utilisation comme une hachette en cas de nécessité.
-Voici Midir, ma seule réalisation à but utilitaire. J'ai tenté bien des méthodes pour en fabriquer la lame, et si je n'ai pas croisé de lame similaire, je suis sur qu'un forgeron de talent saurait me dire comment améliorer cet équipement.
Malgré sa couleur, l'acier affichait de nombreux motifs moirés, qui auraient attirer bien des convoitises sans sa teinte.
-Critique donc cette arme comme tu veux, chaque détails me permettra de m'améliorer encore un petit peu.
Je pourrais bien sur te payer de la manière que tu voudra pour ces derniers, mon prix sera le tiens
Je relève les yeux vers le noble, un petit sourire sur les lèvres. J'ai déjà quelques remarques à faire sur son arme, mais il faut que je donne mon prix. Je réfléchis à ce détail un moment. Puisqu'il s'agit d'un aventurier, je pourrais lui faire payer mes conseils comme n'importe quel autre aventurier en utilisant le prix avantageux qui est réservé aux membres de la Guilde. Pourtant, je n'ai pas envie de faire débourser des cristaux à Liory, c'est un noble et il peut sûrement s'offrir ce qu'il veut contre quelques cristaux. S'il veut des conseils, il doit apprendre à les obtenir autrement qu'en payant de cette manière. Je pose la dague sur mes cuisses et croise les bras en le regard avec un petit sourire légèrement taquin.
« Tu ne me donneras aucun cristal contre mes remarques ou conseils. Déjà parce qu'aujourd'hui je ne suis pas ici en tant que forgeronne, mais je suis ta camarade aventurière. Ensuite, parce que si tu veux qu'un forgeron te conseille ou te montre sa technique, tu ne pourras pas toujours obtenir cela en payant. Les artisans ont aussi une fierté et transmettre son savoir est réservé aux apprentis voulant embrasser ce métier. Tu rencontreras forcément des personnes fières qui ne partageront pas cela ainsi. »
Je prends une légère pause et décroise mes bras. Je prends un air plus doux avant de continuer.
« Pour me payer, tu reviendras me voir plus tard pour me montrer les progrès que tu as fait. Que ça soit sur cette arme ou sur autre chose. Tu me montreras si ce que je t'ai dit t'auras été utile ou non, cela me satisfera déjà grandement. Et si tu tiens à réellement me payer, tu n'auras qu'à trouver la forge Obsid dans les montagnes et on règlera cela à ce moment-là. »
Je reprends la dague et la lève entre nous deux.
« Pour ce qui est de ton arme... C'est un ouvrage vraiment intéressant. Déjà cette couleur est plutôt unique. Concrètement elle n'est pas impossible à reproduire, mais sans magie, c’est une tâche plus compliquée qu'il n'y parait. Elle est étonnamment légère et déséquilibrée, j'en déduis que tu ne l'utilises pas comme couteau de lancer, mais plutôt comme arme de poing ou de façon plus utilitaire. Le travail sur la lame est vraiment intéressant et je pense que tu as plutôt bien perçu les principes nécessaires à une arme servant d'outil. Mais tu as négligé une part importante de ce compagnon : son manche. Ta dague ne se compose pas que de sa lame, tu dois aussi prendre en compte sa garde, son manche ou même son pommeau. Si tu veux en faire une arme utilitaire jusqu'au bout, pense aussi à ces détails. Adapte la garde pour qu'elle puisse s'accrocher ou retenir ta main selon la manière dont tu l'utilises, adapte le manche pour que ta prise en main soit la plus naturelle possible, adapte le pommeau pour lui ajouter une fonction ou changer son équilibre, ajoute lui un cordon pour que tu ne la lâches pas quand tu l'utilises... Plein de choses peuvent être conseillées sur ces parties qui ne demandent même pas que tu touches à ta lame. Cette arme qui est ton précieux compagnon doit devenir le prolongement de ton bras ou de ta main, chéris la et continue de l'adapter jusqu'à ce que tu ne vois plus rien à modifier pour qu'elle te soit adaptée. »
Je tends alors la dague à son propriétaire, la tenant par la lame et le laissant la récupérer par son manche. Je lui adresse un nouveau petit sourire et me redresse pour regarder l'extérieur. La journée touche à sa fin et nous avons perdu pas mal de temps avec notre combat et le dépeçage de la créature, mais il semblerait que nous arriverons à destination sous peu. Je m'étire un peu puis me tourne à nouveau vers mon partenaire d'aventure.
« Finalement, on dirait que l'on pourra finir cette escorte de façon calme. »
Ce fut avec une grande attention que le noble écouta son amie lui donner ses conseils, buvant ses paroles tout en observant la dague qui lui était tendu.
Cela fut comme une évidence depuis trop longtemps sous son nez, et il eut un petit hoquet de surprise en découvrant un fait simple...
A trop travailler la lame, il en avait oublié une partie tout aussi importante.
Récupérant l'arme, il l'a rangea sur son plastron, hochant la tête avec reconnaissance, souriant alors que la caravane continuait son chemin
-C'est une promesse alors Sia, je reviendrais une fois que Midir aura été refaite selon tes conseils ! Je suis sur de pouvoir parvenir à quelque chose d'acceptable une fois l'arme déposée et retravaillée.
Sa main effleura le manche trop simple et mal équilibré, réalisant soudainement que le métal seul ne suffirait pas à corriger tout les problèmes qu'il y avait.
Le travail n'allait pas être très compliqué, mais il serait éprouvant, car il faudrait un long moment de travail
-J'espère simplement qu'une fois que tout cela sera fait, tu m'accordera l'opportunité de faire une nouvelle quête avec toi
Malgré la douleur il prit un air enjoué, observant le paysage qui défilait, le convoi arrivant finalement à bon port.
Le binôme n'était pas vraiment en état d'infirmer ou de confirmer la théorie de Luz, mais le contrat avait été remplis, le vaaki ayant cessé d'exister.
-Dans tout les cas, ça à été un plaisir Sia, je n'imaginais pas pouvoir en apprendre autant.
Son attelle en acier fabriquée, il boitilla pour descendre du chariot dont on commençait déjà à vider les fournitures, les apportant dans quelques entrepôts.
Les caisses circulants rapidement main en main ou l'argenté put voir le logo de sa propre compagnie avec une pointe d'amusement.
-Allez, il est temps de retourner à la capitale pour informer Luz de notre réussite, heureusement que le retour sera plus calme
Sans le vaaki de nacre, cela serait indéniablement tranquille, même s'il resterait sans doute à étudier un peu cet animal, les variant de ce genre ayant toujours été une curiosité pour les spécialistes du genre
Luz était plongée dans une éminente pile de paperasse lorsque sa secrétaire lui signala l’arrivée de deux Aventuriers sur son palier. Surprise, replaçant néanmoins immédiatement l’information dans son contexte, la praticienne bondit pratiquement sur ses jambes pour débouler dans l’entrée administrative de l’Astre de l’Aube, une interrogation conséquente gravée sur le visage. Elle laissa filer un soupir de soulagement lorsqu’elle reconnut leurs silhouettes, très vite suivi d’une grimace en découvrant l’attelle de Liory. Désireuse pour autant de ne pas les materner de manière trop inconvenante – ils étaient aventuriers que diable et foutrement capables de survivre sans qu’elle les attende à la manière d’une mère écervelée-, elle fit un effort pour ralentir son pas et se positionner en face d’eux.
Ses prunelles remontaient de toute façon déjà sur le reste du corps de Liory avec une évidente étincelle de méfiance, cherchant à s’assurer que son interlocuteur ne disposait d’aucune autre blessure indésirable. Notant quelques égratignures, elle ne put résister à l’envie de faire de même avec sa compagne d’aventure, tournant de trois quart le visage dans sa direction, une inquiétude éloquente au bord des lèvres.
La dénommée Sia Zmeï semblait avoir vécu un combat similaire à celui de Liory. Ignorant que son aptitude personnelle lui permettait d’opérer des miracles sur son propre corps, Luz avait déjà tourné les talons pour appeler une infirmière en renfort. Ah, voilà donc tout ce que coûtait sa détermination… Elle flanchait à la première blessure ! Et cette attelle qui lui agressait le champ de vision, véritable ennemie lui jetant au visage que son tendre ami Liory souffrait… Et qu'en était-il des blessures de Sia qu'elle ne pouvait pas même voir ?!
Elle les avait entrainés dans son bureau, prête à prodiguer la magie de Vol vie à celui ou celle qui le souhaiterait, agrémentant leur réunion improvisée d’une coupelle de biscuits et de tasses de thé. Ils étaient du moins en vie et passablement en forme pour une mission aussi délicate, si ce n’était en parfaite possession de leurs moyens. Son pressentiment fut d’ailleurs rapidement confirmé lorsqu’ils lui racontèrent le dérouler de l’expédition… Celle-ci s’était prodigieusement bien passée. Aucune victime à déplorer, ni perte de marchandises. Luz se doutait qu’un courrier lui parviendrait très prochainement attestant de ce fait, outre les remerciements allègres des gens qu’ils avaient protégés. Qui plus est, le vaaki responsable de cette débâcle avait été abattu. Oh, elle n’en ressentait aucune joie sauvage, cette malheureuse bête avait probablement une « famille » quelque part et méritait tout autant qu’un autre être vivant d’obtenir sa pitance. Seulement… Cette pitance ne pouvait décemment pas être ses employés. Et encore moins Sia ou Liory.
Pour sa part, elle glissa vers eux une bourse généreusement remplie de cristaux, n’appréciant guère de passer par le secrétariat de la Guilde pour ces affaires-là. Sia et Liory avaient risqué leur vie pour ce salaire et elle considérait qu’il était important de leur laisser le choix de sélectionner au préalable les cristaux qu’ils ne désiraient pas déclarer à la Guilde. Elle ne commenta bien évidemment pas ce geste implicite, un sourire désormais pleinement rassuré sur les lèvres.
Liory le savait d’ores et déjà, mais cette précision était importante à formuler pour Sia.
Elle n’était pas certaine de leur être très utile puisqu’elle n’avait que sa voix à leur proposer. Appuyer leur profil auprès de la Guilde, faire connaitre sa satisfaction à leur égard afin de leur octroyer une once de publicité… Elle ne doutait pas toutefois que leurs capacités se révéleraient bientôt reconnues. Heh, ce n’était pas tous les jours que l’on débusquait un vaaki rarissime dans une immense forêt… ?
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