2e lune de la saison chaude de l'an 1001
À ses côtés se tenait son familier. Il avait presque quatre mois maintenant. Il ne cessait de grandir; il pesait six kilos et mesurait plus d’un pied. D’ici deux à trois mois, il aurait sa taille adulte. Il était encore très jeune, mais la chasseuse avait déjà, depuis quelques semaines même, commencé son apprentissage.
Aussitôt arrivée à la Forteresse, Westwood dirigea ses pas vers le kiosque de la guilde et discuta avec la gentille dame qui y travaillait; cette dernière ne détenait aucune information alarmante concernant les lamias – pour l’instant, impossible de dire si c’était une bonne ou une mauvaise nouvelle. Evelyn prit congé de la dame, puis Liory se manifesta et Evelyn le salua de ses mots : - Bonjour partenaire. En forme? Snorev salua en s’approchant et déposant une patte sur l’une des bottes de l’homme. Evelyn laissa à l’homme le temps de répondre, puis continua : - En t’attendant, j’me suis renseignée au comptoir de la guilde; rien à propos de lamia. Alors j’sais pas c’que t’en pense, mais j’crois que le plus simple serait de se renseigner dans les villages sur notre route.
Le temps des préparatifs étaient révolus. Et depuis sa dernière rencontre avec Evelyn, l'argenté avait pu se procurer une bonne partie du matériel qui jusque là lui avait manqué, notamment de quoi faire un peu d'escalade, et surtout de quoi résister et détecter un lamia, n'ayant nullement envie de retenter sa chance une nouvelle fois avec leurs pouvoirs.
Ses pas le menèrent à la forteresse qui semblait toujours aussi imposante malgré l'habitude. Conçu pour une guerre que personne ne viendrait jamais mener. Mais elle était là et fournissait un excellent point de départ pour toute quête dans la région.
Resserrant sa tunique autour du cou, se félicitant d'avoir une doublure anti-climat à l'intérieur, il prit la direction du comptoir de la guilde, croisant par la même quelques aventuriers locaux.
Tous regardèrent avec circonspection son arc, ce dernier attirant bien plus les regard que son propriétaire.
Au bout de quelques minutes de marches, il finit par retrouver son amie, levant la main en signe de salut.
-Et bien le bonjour partenaire ! Plutôt en forme oui et toi ? Prête à affronter une nouvelle fois la montagne ?
Visiblement, c'était le cas, le crasmo lui aussi avait l'air prêt à en découdre, ce dernier recevant une caresse du noble en guise de salut, Liory se baissant à sa hauteur avant de flatter son encolure avec un petit rire
-Et bien tu as bien grandit toi !
Jusque là, il n'avait pas remarqué qu'il était aussi grand, et bientôt Evelyn disposerait d'un compagnon d'aventure parfait, rendant presque inutile le chasseur.
Et lorsqu'elle annonça que rien ne parlait de Lamia dans les environs, le noble haussa les épaules, guerre étonné par cette zone d'ombre.
-Rien d'étonnant je pense, ce sont des créatures discrète, et qui ne laissent pas de témoins... Le mieux serait d'aller voir directement dans les villages s'il n'y aurait pas eu une disparition inexpliquée.
Je pense que ce serait le meilleur moyen de trouver une piste.
De préférence un village reculé
Ce serait encore là ou il y avait le plus de risques. Un village proche des montagnes et d'un réseau de caverne.
Ajustant son arc dans son dos, il remarqua l'absence d'arme de sa camarade, l'observant avec une certaine curiosité
-Tu n'as plus d'arc ? Tu tente une nouvelle arme ?
2e lune de la saison chaude de l'an 1001
- Oui, un village reculé, répéta la chasseuse en hochant la tête, tout à fait d’accord avec son coéquipier. L’homme s’intéressa ensuite sur son manque d’arc et Evelyn sourit doucement, contente de son nouvel achat. – J’ai fait l’achat d’un petit objet magique, lui répondit-elle énigmatique en levant la main gauche pour qu’il puisse voir une bague à son index. Et elle emboita le pas pour quitter les lieux.
À l’extérieur des murs de la Grande Forteresse, une bourrasque de vent frais vint balayer la longue chevelure brune de la chasseuse. Ses cheveux lui bloquèrent la vue et chatouillèrent son visage. D’une main, elle les replaça. Ils quittèrent l’ombre des remparts pour entrer dans la lumière du soleil de cette journée qui s’annonçait fraîche mais belle. Evelyn remarqua une rangée d’arbres à plus d’une centaine de mètres à l’est de leur position. Elle tourna la tête vers l’homme marchant à ses côtés et lui proposa alors une petite démonstration, ce qu’il accepta. La chasseuse s’immobilisa donc; son familier s’arrêta à ses pieds. Evelyn leva le bras gauche et, à sa seule volonté, son arc de lumière se dessina presqu’instantanément. Elle effectua le mouvement qu’un archer effectue lorsqu’il désire encocher et décocher une flèche. Une corde et une flèche de lumière se dessinèrent. La chasseuse libéra la flèche, laquelle fendit l’air sans être affecté par le vent ou la gravité, et atteignit sa cible, soit le tronc d’un arbre, s’y enfonçant profondément pour ensuite disparaître.
- Maintenant, j’ai un arc qui peut rivaliser avec le tien, lui dit-elle avec le sourire. Son arc disparut comme il était apparu. - Mais moins encombrant, dit-elle pour taquiner, en jetant un regard à l’arc de son coéquipier; arc qui attirait immanquablement le regard par sa grosseur; et elle se rappelait leur première rencontre, lorsqu’elle lui avait dit que ce ne n’était pas la taille qui comptait - elle avait eu un peu tort, cependant, car face au crapaureau, la taille avait compté.
Le noble resta un moment bouche bée devant le spectacle, un tel objet avait du couter cher, très cher, et n'avais effectivement rien à envier au prototype qu'il avait sur le dos.
Bien au contraire il le dépassait largement en capacité, donnant des idées à Liory sur une façon de l'améliorer
-Impressionnant... Idéal pour toi qui cherche de la praticité !
Dit il en souriant, dépliant sa propre arme pour lui montrer également la nouveauté qu'il avait ajouté à son cher tueur de dragon.
Le clicker flambant neuf ne payait pas de mine, mais le noble venait d'avoir la preuve que la taille ne donnait pas tout.
-J'ai moi même un peu investit, de quoi donner un peu plus de mordant à mes tirs, même s'ils ont l'air moins efficace que les tiens.
Encochant un des épieux, il banda son arme, laissant le clicker imprégner le projectile d'une pensée. Et alors que la flèche affichait une légère teinte, l'argenté laissa le trait partir.
Comme d'habitude, l'immense flèche fendit les air en sifflant, percutant lourdement le tronc, comme d'habitude...
Sauf que cette fois, une explosion vint pulvériser l'arbre, la détonation arrachant la moitié du végétal de son support en expédiant des échardes en tout sens.
Le bruit continua à se répercuter aux alentours, et Liory put même sentir l'onde de choc le traverser.
-Une petite amélioration, même si cela peut fonctionner avec n'importe quel type d'enchantement, disons que j'échange un peu de te discrétion pour plus de léthalité.
Chasser à la flèche explosive garantissait une mort impressionnante, mais gâchait totalement la récolte du moindre composant.
Et après avoir expérimenté, le noble préférait les flèches électriques pour faire griller les synapses de ses proies.
Une manière bien plus propre d'en finir avec une créature.
Rangeant son arme, le noble se mit à rire en constatant l'évolution qu'il y avait eu depuis leurs premières chasses. De petits chasseurs bien trop peu équipés, ils commençaient à devenir de vrai ranger qui auraient bientôt quelques créatures impressionnantes à leur tableau de chasse.
-Mais bon, les armes sont une choses, réussir à trouver les cibles en est une autre...
Que dirait tu de commencer à se mettre en route ? Nous aurons tout le temps de peaufiner nos méthodes de traques en marchant.
L'argenté commença alors à prendre la route. Cette fois, il n'y avais pas de points définit, simplement une recherche à l'aveugle de quelque créatures mystérieuses dont personne ne connaissait rien.
Mais comparé à bien des gens, ils avaient une piste.
Car s'ils avaient réussit à en croiser lors de leur dernière quête, il y avait fort à parier que les villages aux alentours connaissaient quelques déboires.
-Avec un peu de chance, on trouvera des indices proches des cavernes qu'on à visitées plus tôt. Par contre...
J'espère qu'on ne verra pas de tissenuit !
2e lune de la saison chaude de l'an 1001
Evelyn et Liory prirent la direction de l’Étincelante. Ils discutèrent longuement sur la route de gravier, marchant dans la vallée, entourés par une chaîne de montagne sur leur droite et une forêt en contrebas sur leur gauche. La chasseuse informa d’abord son coéquipier de ce qu’elle avait apporté pour l’expédition : des vivres non périssables, un sceau magique, du matériel de camping et d’autres commodités de la vie. Elle ne l’informa pas de son récent tatouage; il ne fallait pas que cela mette l’homme trop en confiance, car ce genre de sentiment pouvait facilement tuer. Puis ils parlèrent d’un sujet d’intérêt commun : la chasse.
Westwood était contente d’avoir des vêtements en tissu anti-climatique pour couper le vent. La marche n’en était que plus agréable. Elle indiqua à Liory : - On a une longue marche devant nous. Si on s’dépêche, on pourra arriver au premier village avant la tombée de la nuit. L’idée d’acquérir un familier monture traversa l’esprit d’Evelyn; l’effort physique ne l’effrayait nullement, mais cela lui permettrait d’atteindre sa destination plus rapidement tout en conservant son énergie. – Demain, on pourra p’t’être chasser dans la forêt. Tu pourrais alors me montrer ce que t’as retenu de mes p’tites leçons.
Devant les commentaires d'Evelyn, Liory laissa perdurer un certains silence avant de se mettre à rire doucement, rangeant son arc, il épousseta sa tenue avant d'ajouter.
-La précision n'est elle pas simplement une affaire d'application de force en un point précis ? Si tel est le cas, avec une force suffisante, on peut se passer de précision.
Compenser son manque d'expérience par une utilisation massive de flèche explosives était une option. Mais qu'il se refusait, précisant à la belle la réelle utilité de ce clicker si spécial.
-Maintenant que j'ai terminé de prouver ma virilité...
Dit il avec un air ironique, se moquant de lui même sans une once de gêne avec la chasseresse. Son regard se fit plus sérieux alors qu'il comptais ses projectiles.
-C'est un recours de la dernière chance, l'objet à des utilisations bien moins spectaculaires, mais tout aussi utiles. Je pense qu'une flèche tranquillisante fera plus d'effet contre une proie qu'un millier d'explosions. Surtout si on veut pouvoir récolter quelque chose d'autre que des petits morceaux.
Après tout, c'était elle qui lui avait appris la chasse, faisant de lui un apprenti bien plus prompt à suivre le chemin de son mentor : celui de la discrétion plutôt que de la démesure.
Grimaçant au souvenir des araignées, l'argenté secoua la tête à la négative, ne pouvant s'empêcher de revoir les crocs de ces monstres.
-Certains armes sont faites pour rester inutilisées, et j'aimerai éviter de créer une explosion dans une cavernes dont on ne connait que très peu la solidité !
Je n'ai pas la chance de pouvoir survivre à plusieurs tonnes de pierres
Répliqua t'il en souriant à son amie. Trop conscient que cette dernière pouvait se permettre une erreur. Même si elle n'en faisait quasiment jamais.
Et alors qu'ils marchaient en direction des montagnes, une discussion plaisante s'engagea, occupant les esprits et faisant oublier les rigueurs du terrain.
Et lorsque l'équipement vint sur le terrain, ils furent quitte pour un inventaire complet qui s'avera étonnamment complet. A eux deux, ils pouvaient facilement tenir plusieurs semaines en terrain hostile, voir plus en sacrifiant un peu de confort.
Mais visiblement, la belle avait décidée de tenter de rejoindre le village le plus proche, et le noble ne put qu'abonder dans son sens, préférant de loin un lit aussi peu confortable soit il qu'une nuit passée dans un demi sommeil pour éviter qu'une quelconque créature ne viennent s'en prendre à eux.
-C'est faisable, si rien ne viens ne nous barrer la route. Mais je ne pense pas que les routes soient trop dangereuses, nous somme encore proche de la forteresse.
La garde doit veiller
Et il ne croyait pas se tromper autant. La région émaillée de réseau souterrain étant justement plus propice aux bandits qu'on ne voulait bien le croire.
Et si pendant un moment, l'aventurier se sentit observé, rien ne lui indiqua autre chose qu'une certaine paranoïa.
Il repoussa d'ailleurs bien rapidement cette idée, persuadé de n'avoir pas encore prit le plis de l'aventure.
-Ce serait avec plaisir ! Grapiller quelques conseils ne serait pas de refus. Surtout que j'ai l'impression de stagner ces derniers temps.
Sa progression avait été tellement fulgurante, passant d'un noble oisif à un archer confirmé n'ayant pris au mieux que quelques lunes.
Si bien que la voix du perfectionnement lui semblait atrocement lente.
Finalement, ils parvinrent à atteindre ledit village, ou les fumées des cheminées les accueillirent joyeusement. Tout comme les villageois qui reconnurent les aventuriers leur ayant ramené sangliers et harpie
-Oh ! Vla nos amis de la dernière fois !
S'écria un bucheron en reconnaissant d'avantage l'arc de Liory et le crasmo d'Eve que leurs silhouettes.
Ce fut plus que suffisant pour qu'ils se virent offrir un repas dans une des maisons, les habitants étant visiblement friand d'entendre les récits de leurs exploits.
2e lune de la saison chaude de l'an 1001
Evelyn découvrit qu’à eux deux, ils pourraient pratiquement vivre dans les montagnes. Ce n’était pas le désir de la chasseuse; elle recherchait l’excitation de l’aventure, de la traque et de la chasse, puis elle désirait revenir auprès de sa merveilleuse et envoutante compagne. Malgré leurs paquetages respectifs, Evelyn opta pour rejoindre un village; autant en profiter pendant qu’ils le pouvaient encore, car ils n’en auraient pas toujours l’occasion. – Restons tout de même sur nos gardes, lui répondit la chasseuse, lorsque son partenaire de route lui indiqua que les routes devaient être surveillées par la garde. Aussi efficace pouvaient être ces derniers, ils ne pouvaient pas être partout. Puis, elle proposa une chasse au matin suivant, qui fut bien accueilli par l’archer : - Ce serait avec plaisir ! Grapiller quelques conseils ne serait pas de refus. Surtout que j'ai l'impression de stagner ces derniers temps.
- Voilà ce qui arrive quand un maître abandonne son apprenti avant la fin de son éducation!, dit-elle sans sérieux, Liory n’étant pas officiellement son apprenti.
Finalement, ils atteignirent le village, alors que le soleil glissait derrière les pics escarpés. Le duo devait avoir fait bonne impression, puisque les villageois les reconnurent. L’un deux s’exclama en les voyant : -Oh ! Vla nos amis de la dernière fois ! Un autre ajouta : - Z’apportez un autre sanglier? Ce à quoi Evelyn répondit : - Non, juste des histoires ! Il n’y eut aucun banquet ce soir-là, cependant les villageois se montrèrent accueillants et intéressés par leurs anecdotes. Et si la chambre qu’on prêta à Evelyn était minuscule et encombrée, et que le bois de son lit craquait dangereusement sous son poids, la chasseuse passa une bonne nuit.
Le village se réveilla aux premières lueurs du soleil, ainsi que les deux aventuriers. Et lorsqu’ils furent à l’extérieur, après qu’Evelyn ait décliné l’offre d’un repas qui aurait retardé leur départ, et après avoir chaleureusement remercié leurs hôtes, la chasseuse dit à Liory : - Moi j’pourrais dormir sur du gravier, c’était une affirmation exagérée, mais c’était pour souligner que, bien que son lit ait été peu confortable, cela ne l’avait pas empêché de se reposer. Elle continua: - Toi j’espère que t’as bien dormit, parc’que j’m’attends à c’que tu chasses notre repas aujourd’hui. Elle termina sa phrase dans un sourire.
L'installation était sommaire, sommaire mais efficace, et si le noble se fit violence pour ne pas utiliser sa clé dimensionnelle, ce fut à grande peine.
Mais Evelyn avait été formelle sur ce point : on ne s'endurcissait pas en choisissant la facilité à chaque fois. Et ce fut donc sur un lit des plus bancal que Liory s'endomit, se réveillant aux premières lueurs de l'aube et au chant du coq.
Baillant bruyamment il s'extirpa avec peine de son lit, se frottant quelques moments les yeux avant de passer sous une douche sommaire, bricolée dans une aventure déjà lointaine avec la belle.
Et si l'eau parvint à lui procurer une sensation de vigueur plus que bienvenue, ce fut bel et bien d'enfiler sa tenue qui termina de le réveiller.
Poussant une porte branlante, il retrouva la chasseresse qui semblait avoir passée la meilleure nuit de sa vie.
Après quelques salutations de rigueur, il secoua la tête pour répondre à son affirmation.
-Tu avouera que les lits chez moi valent mieux que le gravier
Mais l'argenté assura son amie qu'il était parfaitement reposé pour se lancer dans une petite traque. Répondant à son sourire par une expression perplexe, Liory promit de faire de son mieux.
Une fois le village et ses habitants quittés, ils se lancèrent sur la route, s'éloignant des terres exploitées ou le gibier était bien trop rare.
L'argenté les faisant s'enfoncer plus loin encore dans les terres sauvages, jusqu'à ce que le village ne soit plus qu'un petit point au loin.
-Je pense que nous somme assez loin à partir d'ici. Le gibier devrait être plus intéressant !
C'était justement dans cet endroit qu'il avait trouvé le sanglier.
Ajustant sa capuche sur son visage, le chasseur tira son arc, confiant dans son amie pour le suivre sans discuter d'avantage.
Sa technique n'était pas au niveau d'Evelyn, mais plus que suffisante pour apercevoir une piste.
Sous la forme de très légères marques dans le sol, qui serpentaient le long d'une pistes au travers des broussailles.
Des traces semblables à celle d'un cheval, en bien plus large.
Indiquant à sa partenaire le tracé de la piste, Liory le suivit avec précaution, tachant de jauger son ancienneté.
Le traces étaient relativement fraiches, et visiblement de la part d'un animal blessé à en jauger par l'écart irrégulier qu'il apercevait au sol.
Depuis le crapeaurau, le noble avait bien changé, son équipement étant passé de bien trop cher à purement pratique.
Et s'il affichait toujours un certains raffinement, une certaine usure était visible sur chaque pièce qu'il portait.
Ses bottes désormais bien marquées et huilés glissaient sur le sol, évitant les branches sèches ou les feuilles mortes pour empêcher tout bruit qui révèleraient leur position.
Le plus dérangeant fut sans doute sa tenue qui adopta la même couleur que les alentours, faisant passer le chasseur d'une silhouette humaine à quelque chose de plus flou.
Et au bout d'une dizaine de minutes à remonter la piste, ils arrivèrent au niveau d'une clairière dégagée ou broutait un talbuk une marque profonde de griffe sur le flanc qui avait déjà commencée à cicatriser.
S'aplatissant à l'orée du bois, le noble passa en langue des signes pour communiquer avec sa partenaire
*Tu pense que cela te suffira ?*
Signa t'il, son sourire camouflé par le tissu caméléon qui recouvrait sa bouche, ne laissant à son amie que ses deux yeux azur pour deviner ses sourires.
*A toi l'honneur ?*
2e lune de la saison chaude de l'an 1001
Malgré le manque de confort, Liory était tout de même reposé et prêt à chasser. Il promit de faire de son mieux, ce à quoi l’archère répondit : - Faire de son mieux est tout ce qui compte, mais sache que l’avenir de mon estomac dépend de toi! Elle accompagna ses paroles d’une tape amicale sur l’épaule de l’homme. Et elle exagérait clairement, car, comme l’homme le savait déjà, Westwood avait apporté des rations non-périssables avec elle.
Ils quittèrent donc le charmant village, se promettant d’apporter un sanglier à leur prochaine visite, surtout si cela rendait possible la tenue d’un banquet; car les gens simples de ce village savait festoyer. Ils s’éloignèrent et rapidement le village disparut à l’horizon. Et si Evelyn ne possédait pas encore de vêtement de camouflage comme son partenaire de chasse, elle possédait néanmoins une qualité indispensable à tout chasseur : la discrétion. Elle progressait avec précaution, à pas de loup, le jeune Snorev suivant à ses côtés. Son ami avait fait du chemin, depuis la dernière fois. Aujourd’hui, c’était l’apprenti qui menait la chasse. C’était quelque peu étrange, car habituellement c’était Westwood qui pistait et traquait les animaux.
Liory remonta une piste fraîche jusqu’à une clairière où ils s’arrêtèrent. Un animal, mélange entre un cheval et une chèvre, broutait l’herbe. Il y avait devant leurs yeux suffisamment de viande pour faire un banquet si c’était leur souhait. Liory lui fit des signes auxquels Evelyn répondit par un signe d’approbation et remercia silencieusement pour le tir qu’il lui offrait.
La chasseuse s’était énormément pratiquée durant les deux dernières semaines, pour s’ajuster à son nouvel arc, pour s’adapter au fait que les flèches n’étaient pas soumis ni au vent ni à la gravité. Elle contourna le tronc d’un arbre pour avoir un meilleur angle, puis jeta un coup d’œil aux alentours. L’herbivore vivait généralement en groupe; celui-là était seul, peut-être à cause de ce qui l’avait précédemment attaqué. L’animal leva la tête, percevant le danger, et ce fut la dernière chose qu’il perçut avant qu’une flèche ne le touche jusqu’au cœur, et il s’effondra alors comme une masse.
Evelyn fit disparaître son arc et quitta l’abri des arbres pour fouler la clairière et s’approcher de l’animal. - Ce sont de belles cornes, si tu ne les veux pas je vais les revendre, dit-elle à l’homme même si elle savait déjà ce qu’il lui répondrait : qu’il ne voulait pas de trophée au-dessus de sa cheminée. Elle s’accroupit à côté de l’animal et regarda les marques profondes sur son flanc, non récentes. Cet animal avait beaucoup de prédateur naturel et dans la montagne ce n’était pas les créatures dangereuses qui manquaient; s'ils ne faisaient pas attention, les deux aventuriers et le crasmo pourraient finir de cette façon.
De sa petite besace, Westwood sortit son couteau de dépeçage, qu’elle déplia. Elle le tendit à l’homme par le manche avec ses mots : - À toi l’honneur.
Sans surprise, Evelyn fit un tir parfait, mettant fin à la vie de l'animal en un seul trait précis. Pas de démonstration absurde de maitrise ou d'effet impressionnant.
Une simple flèche de lumière qui perfora le cœur de l'animal, outrepassant son cuir comme s'il n'avait été que du papier.
Il y eut un mouvement de surprise, une tête cornue relevée avant que l'animal ne meurt s'effondrant à l'endroit même ou il c'était tenu.
*Joli tir*
Signa t'il, oubliant par la même occasion que l'heure n'était plus à la discrétion. Il restèrent à l'affut un moment avant de s'approcher du cadavre.
Là, l'argenté eut tout le loisir d'observer la précision du nouvel arc de son amie, ses mains gantées se portant à la blessure, notant la netteté de cette dernière.
-Impressionnant
Son murmure était audible mais purement pour lui. A n'en pas douter, la chasseresse avait été très précise en demandant cette arme, sachant parfaitement ce qu'il lui fallait.
Son attention fut attiré par cette dernière, parlant des cornes de l'animal. Comme elle s'y attendait, le jeune homme secoua la tête.
-Pas de trophées, surtout quand ce n'est pas moi qui ai tué l'animal. Libre à toi de te servir dessus.
A moins qu'un casque à corne soit de rigueur dans mon nouvel équipement ?
Sous le tissu, un sourire naquit. Même s'il voulait a terme posséder une véritable tenue de chasseur de monstre, un simple talbuk ferait une bien piètre combinaison.
-Je suis sur qu'il n sera pas bien compliqué de trouver un acheteur, qui sait, le village d'où nous venons aura peut être une échoppe
Restait encore à les récupérer, et en cela, la belle lui laissa le plaisir d'entamer la découpe, lui tendant son propre couteau, qu'il saisit avec entrain.
Découper le corps était peut être aussi important que de l'abattre, et le noble prit tout son temps pour séparer la peau des muscles, découpant successivement différents quartiers de viande qu'il déposa dans des emballages prévus à cet effet.
Les deux cornes furent bien entendu extraites et remise à la demoiselle. Et si le plus gros du travail était plutôt facile à abattre, Liory dut vite demander un peu d'aide à son amie, de peur de passer la journée à nettoyer la carcasse entièrement.
-Ce n'est pas ce qu'on cherche qui à fait ça... Les lamias n'ont pas de griffes, du moins pas aussi longues...
Passant la main sur le cuir abimé, il put facilement voir l'écartement des traces. Et l'argenté ne fut pas pour autant rassuré.
Elles étaient grandes... A se demander comme le talbuk avait survécu jusque là.
-En tout cas on n'est pas les seuls chasseurs dans le coin, même si nous somme surement les seuls bipèdes de l'endroit
Ce qui en disait long sur la dangerosité de la région.
Relevant la tête, il fixa les pics enneigés au dessus d'eux. La frontière n'était pas si loin, et la présence de monstres de légendes pas si éloignés
Désignant l'endroit d'un coup de menton, il finit par dire
-Tu n'as jamais été curieuse de ce qu'il y avait de l'autre côté ?
2e lune de la saison chaude de l'an 1001
Elle laissa son couteau à l’homme et se déplaça pour lui laisser la place. Elle concentra son attention sur les alentours; à quelques reprises, elle offrit à l’homme ses conseils pour le dépeçage, et Snorev apporta son soutien à Liory tout en espérant visiblement récolter un morceau de viande. Les deux cornes furent rangées, la viande mise dans des sacs à cet effet fut séparée en deux, la part d’Evelyn termina dans son sac sans fond. En sentant le vent froid mordre son visage, Evelyn se dit heureuse de porter des vêtements en tissu anti-climatique.
La chasseuse confirma les paroles de son partenaire de chasse, ce n’était pas les lamias qui avaient blessés le talbuk. Et si ledit animal avait survécu, ce n’était peut-être pas non plus un très grand prédateur qui l’avait attaqué. Quoi qu’il en soit, oui les lieux grouillaient de danger; c’était sans surprise. Parlant de danger, Liory pointa du menton en direction de pics enneigés, attirant l’attention d’Evelyn au sujet de la frontière et du gouffre s’étendant non loin.
-Tu n'as jamais été curieuse de ce qu'il y avait de l'autre côté ?
- Un peu, lui avoua-t-elle. En réalité, surtout depuis qu’elle avait ouvert ses horizons en devenant aventurière et depuis qu’elle avait trouvé du plaisir à étendre son territoire de chasse. – Mais j’ai surtout l’impression que ce serait un aller simple.
Le duo ne s’attarda pas auprès des restes de la carcasse de l’animal et, après avoir tout empaqueter, ils quittèrent cet endroit à pas rapide, avant que l’odeur de la mort n’attire des créatures indésirables. Les bottes de la chasseuse s’enfonçaient dans une mince couche de neige. - Si c'était pas un aller simple, alors ce pourrait être intéressant d’aller jeter un coup d’œil, dit-elle, continuant sur le sujet de la frontière, et de ce qui se trouvait au-delà. La clairière laissa la place à la forêt. – Mais disons que pour l'instant les secrets de la montagne me suffisent.
Un aller simple... L'idée n'était pas des plus plaisantes, mais avec l'expérience de la demoiselle, l'argenté doutait que tout cela puisse se transformer en chemin sans retour. Et alors que l'aventurier lorgnait sur les sommets enneigés, il se dit brièvement qu'avec Evelyn, l'expérience, même si elle était la dernière pouvait valoir le coup.
-Tu n'imagine pas te tenir au devant du gouffre qui nous sépare des landes désolées du nord ? Savoir que tu es la seule humaine à des lieux à la ronde ?
Une région entière à découvrir, sans nul secours, juste toi, ton équipement et tes compétences ?
Ironiquement, tout cela était à l'encontre de ce qu'avait été Liory jusque là. Un noble flegmatique craignant l'aventure comme une peste de la pire variété
Et si auparavant l'idée l'aurait terrifié, voilà qu'il la trouvait plaisante.
-Un jour, les montagnes n'auront plus de secret pour toi, pense à moi à ce moment là. Je suis sur que nous pourrions nous en sortir au delà de la frontière.
Et s'il était un peu optimiste pour le moment, l'argenté était persuadé que les choses finiraient par changer.
L'équipement viendrait, mais il manquait au rêveur l'expérience pour survivre la bas.
Finalement, haussant les épaules, il se mit à siffloter, s'arrêtant rapidement quand leurs pas les conduisirent à l'orée d'une forêt de montagne.
-Avec un peu de chance nous ne trouverons rien de vraiment trop dérangeant, mis à part quelques moblins, nous ne sommes pas assez haut pour rencontrer de trop gros prédateurs.
Du moins c'était la théorie, la chance des deux n'étant plus vraiment à prouver depuis le rencontre avec le tisse nuit alpha.
La simple idée de recroiser cette créature le mettait mal à l'aise. Fort heureusement ils étaient bien loin de la citadelle qui servait de refuge à l'animal, se dirigeant à un endroit différent de la dernière fois
-Ne devrions nous pas commencer à chercher un abris pour la nuit ? J'aimerai éviter un grognours mal réveillé dans une grotte, ou un Boum-Boum en vadrouille.
Les abris ne manquaient, et le noble préférait disposer d'une solide caverne en pierre plutôt que quelques tissus tendus entre les arbres.
Même s'il s'habituait à la vie sauvage, il n'en demeurait pas moins un humain habitué à dormir à l'intérieur, habitude qu'il ne perdrait pas de si tôt.
-Et puis... si cela permet d'éviter de monter la garde... Je ne suis pas contre, une petite douche et une bonne nuit de sommeil ne sera pas de refus.
C'était bien sur sous condition qu'il ne fassent pas une rencontre inattendue
L’ange dragon, à la sortie d’une forêt, lors de leur deuxième journée de marche, fut certainement la créature la plus mémorable de tout le périple. Evelyn s’arrêta alors, pour contempler la créature qu’elle contemplait pour la première fois de ses propres yeux. Aucune envie de trophée, aucune envie de se mesurer au dragon. Elle resta immobile, subjuguée, suivant la créature des yeux lorsque cette dernière ouvrit ses puissantes ailes et s’envola pour disparaître à l‘horizon. Ils trouvèrent un abri naturel, à la suite de cette rencontre; une grotte creusée au flan d’une montagne; une chance qu’ils n’eurent pas tous les autres soirs. Les jours qui suivirent, leurs pas les conduisirent plus loin, à la croisée de villages, rencontrant des gens aimables pour la plupart, écoutant des histoires au coin des feux, partageant nourriture et alcool.
Et s’ils ne trouvèrent aucun lamia à chasser, aucune trace de leur passage là où ils se rendirent, ils vécurent tout de même une belle expérience de chasse; accordant leurs arcs, se mesurant aux montagnes, profitant des compétences de chacun dans un milieu qui leur était hostile. La chasseuse profita également de cette occasion pour continuer l’apprentissage de son très jeune familier, lequel allait devenir un excellent partenaire de chasse une fois à l’âge adulte.
Et lorsqu’ils furent de retour à la Forteresse, après une longue absence, après avoir crapahutés dans les montagnes et risquer leur vie, Evelyn ressentit de la satisfaction face à l’expérience gagné, ainsi que le bonheur de retrouver le Village Perché et des températures plus chaudes. Ils se quittèrent au portail de téléportation et, malgré l’absence de trophée et l’absence de créature serpentine, ils furent d’accord pour dire que ce fut une sacrée belle aventure.
Les souvenirs sont souvent ce qui est le plus important à rapporter avec soi. Des souvenirs de tempêtes de neiges. Du froid mordant de l’hiver éternel. De la chaleur que l’on pouvait retrouver dans les petits villages de montagne. Des déboires et incidents de la route. D’une partie de chasse en bonne compagnie, d’expériences partagées… Les souvenirs sont, à la toute fin, tout ce qu’il nous reste.
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